Test Blu-ray / Eugénie Grandet, réalisé par Marc Dugain

EUGÉNIE GRANDET réalisé par Marc Dugain, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, César Domboy, François Marthouret, Nathalie Bécue, Bruno Raffaelli, Jean Chevalier…

Scénario : Marc Dugain, d’après le roman d’Honoré de Balzac

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jérémie Hababou

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille…

Paru pour la première fois en 1834, Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac prend place dans La Comédie humaine, plus précisément entre Ursule Mirouët et Pierrette. Cette histoire issue des Scènes de la vie de province inspirera le cinéma dès les années 1910 en France, sous la direction d’Émile Chautard, qui sera suivie d’une deuxième mouture en 1921 aux États-Unis (The Conquering Power avec Rudolph Valentino), puis d’une troisième, peut-être la plus célèbre, en 1946, en Italie avec Alida Valli dans le rôle-titre, réalisée par Mario Soldati. D’autres transpositions suivront pour la télévision, la dernière en date remontant à 1994, avec Jean Carmet en Félix Grandet, Alexandra London, Claude Jade et Pierre Vernier. Depuis, plus de nouvelles, aussi bien sur le grand écran que sur la petite lucarne. 2021, l’écrivain, scénariste et réalisateur Marc Dugain présente une libre adaptation d’Eugénie Grandet, qui s’inscrit intelligemment dans le courant féministe actuel, sans jamais « trahir » Honoré de Balzac, mais en conversant avec l’auteur du Père Goriot, La Peau de chagrin et du Colonel Chabert. La sève, l’esprit, le rythme sont respectés et se retrouvent dans Eugénie Grandet, interprétée par la divine Joséphine Japy, magnétique et dont on sent (comme nous) le metteur en scène fasciné par le visage gracieux, qu’il n’a de cesse de mettre en valeur, d’observer, de caresser de sa caméra. Face à elle, il fallait un ogre pour incarner Félix Grandet, rôle dont s’empare l’impressionnant Olivier Gourmet, qui campe un monstre humain rongé par l’avarice. Sorti peu de temps avant Illusions perdues, qui allait attirer près d’un million de spectateurs, remporter sept César et faire de l’ombre au troisième long-métrage de Marc Dugain, Eugénie Grandet aura tout de même fait plus de 200.000 entrées et connaîtra assurément une belle seconde vie.

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Test DVD / L’Homme de la cave, réalisé par Philippe Le Guay

L’HOMME DE LA CAVE réalisé par Philippe Le Guay, disponible en DVD le 15 février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : François Cluzet, Jérémie Renier, Bérénice Bejo, Jonathan Zaccaï, Victoria Eber, Denise Chalem, Patrick Descamps, Ambroise James Di Maggio…

Scénario : Philippe Le Guay, Gilles Taurand & Marc Weitzmann

Photographie : Guillaume Deffontaines

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

À Paris, Simon et Hélène décident de vendre une cave dans l’immeuble où ils habitent. Un homme, au passé trouble, l’achète et s’y installe sans prévenir. Peu à peu, sa présence va bouleverser la vie du couple.

Nous avions laissé François Cluzet dans le plus simple appareil à la fin de Normandie Nue de Philippe Le Guay. Trois ans plus tard, le comédien retrouve le réalisateur pour L’Homme de la cave, film diamétralement opposé au précédent, sur le fond comme sur la forme, puisqu’il s’agit ici d’un drame psychologique qui lorgne sur le thriller, le tout inspiré par une histoire vraie survenue à des amis du cinéaste il y a vingt ans. Troublant et glaçant, ce dixième long-métrage contraste avec les comédies qui ont fait le succès de Philippe Le Guay, Le Coût de la vie (2003), Les Femmes du 6e étage (2011) et Alceste à bicyclette (2013), mais se rapproche de la noirceur du formidable et « ken loachien » Trois Huit (2001), que le metteur en scène avait délaissé depuis. Le récit se focalise sur un couple marié – Hélène est catholique, Simon juif – et parents d’une adolescente, qui, ayant besoin d’argent pour financer quelques travaux, vendent leur cave dont ils n’ont plus l’utilité. C’est là que débarque un homme qui se précipite pour l’acquérir en payant rubis sur l’ongle. Un accord de vente est signé avec ce M. Fonzic. Comme Simon est du genre à faire confiance, il donne les clés à l’acquéreur avant la rédaction de l’acte notarial. Quand il réalise que non seulement l’homme habite dans la cave, mais que cet ex-professeur d’histoire a été radié de l’Éducation nationale pour propos négationnistes, il est trop tard : la bête immonde s’est installée dans sa vie et n’a pas l’intention d’être délogée…François Cluzet est réellement flippant dans la peau de ce monstre du quotidien, qui devient pour ainsi dire le croque-mitaine de la famille Sandberg, interprétée par Bérénice Bejo, Jérémie Rénier et Victoria Eber, belle révélation et vue dernièrement dans la série de science-fiction Parallèles sur Disney+. Sous tension du début à la fin, L’Homme de la cave instaure un malaise qui va crescendo, qui prend le spectateur aux tripes et se penche intelligemment sur le négationnisme, comme l’avait déjà fait avant lui Le Procès du siècle Denial de Mick Jackson, avec une petite touche de Fenêtre sur Pacifique Pacific Heights de John Schlesinger.

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Test DVD / Enquête sur un monde solitaire, réalisé par Maxime Kermagoret

ENQUÊTE SUR UN MONDE SOLITAIRE réalisé par Maxime Kermagoret, disponible en DVD aux Éditions L’Harmattan.

Intervenants : Marine Rosset, Jean-Yves Péron, Josette Bahuon, Sylvain Le Meur, Isabelle Cavil, Patricia Arhuro, Fabien Le Guernevé, Nadine Thouvenin, Christophe Hautot…

Montage : Maxime Kermagoret

Musique : Maxime Kermagoret

Durée : 3h21 + 3h16

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Enquête sur un monde solitaire prend la forme d’une immense fresque sociologique sur l’isolement, qui se décline ici à tous les cas possibles ou presque : numérique, géographique, scolaire, familial, sexuel, économique, médical, générationnel… Qu’il soit rural, urbain ou insulaire. Les rencontres se sont déroulées entre mai 2018 et février 2020, principalement dans le Morbihan et le Finistère, pour des heures de confessions sur les naufrages de l’existence, mais aussi sur l’abnégation et le courage des aidants. Cet héroïsme modeste qui permet à une société de ne pas craquer totalement…

Nous avions découvert le cinéaste lorientais Maxime Kermagoret avec L’Eau douce qui coule dans mes veines, son second long métrage, après Destruction Massive. Produit en toute indépendance, tourné principalement avec une équipe bénévole, mais animé par un vrai désir de cinéma, ce drame psychologique en N&B s’avérait un difficile et complexe portrait de femme interprété par Elodie Vagalumni, une oeuvre souvent percutante, qui démontrait la maturité de son auteur-metteur en scène. Dans ce film, Céline, le personnage principal s’enfonçait dans la solitude (thème déjà central), à la recherche d’un emploi, n’éprouvait plus rien et tentait même de se suicider. Après cet échec, elle se voyait proposer de faire la lecture à un homme en train de vivre ses derniers jours. À son chevet, lisant de la poésie, Céline commençait à renaître. Nous voici rendu à Enquête sur un monde solitaire, film-documentaire fleuve de plus de six heures, divisé en deux volumes, le premier d’une durée de 3h21, 3h16 pour le deuxième. Un titanesque travail d’investigation, de rencontres, d’échanges, de partages, enregistrées pendant près de trois années, durant lesquelles Maxime Kermagoret s’est entretenu avec près de 80 personnes, entre les « aidants », autrement dit les acteurs de diverses associations caritatives (indispensables, les besoins étant toujours plus grands), mais aussi celles et ceux rongés par un mal, la solitude donc, mais qu’est-ce que la solitude ? Car si celle-ci était une feuille, ses nervures représenteraient différentes formes. À l’origine, le réalisateur devait se rendre sur l’île de Groix, dans le Morbihan, pour traiter de l’isolement géographique de ses quelques 2000 habitants. Très vite, Maxime Kermagoret décide d’étendre son récit à d’autres « formes » d’isolement. On peut aussi parler d’abandon, d’éloignement, de confinement (le tournage a d’ailleurs pris fin juste avant la première paralysie française des suites du COVID-19), de délaissement, d’enfermement, d’exclusion, de quarantaine, de réclusion, de retranchement, de séparation…La dépression, la violence faite aux femmes (ou les hommes victimes de violences physiques), le mal-logement, les (toutes) petites retraites, l’environnement professionnel, la phobie scolaire, les travailleurs pauvres, les mères en situation monoparentale et bien d’autres sujets sont abordés au cours de ce film passionnant, parfois dur forcément, mais parcouru par une chaleur humaine particulièrement contagieuse, un humanisme jamais forcé, sans aucun pathos, frontal, mais primordial, qui interpelle, qui laissera divers stigmates chez certains spectateurs et s’inscrira durablement dans nos mémoires.

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Test Blu-ray / My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To, réalisé par Jonathan Cuartas

MY HEART CAN’T BEAT UNLESS YOU TELL IT TO réalisé par Jonathan Cuartas, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 24 mai 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Patrick Fugit, Ingrid Sophie Schram, Owen Campbell, Moises L. Tovar, Judah Bateman, Katie Preston, Anthony Pedone, Ivanna Picon…

Scénario : Jonathan Cuartas

Photographie : Michael Cuartas

Durée : 1h26

Année de sortie : 2020

LE FILM

Deux frères et soeurs se trouvent en désaccord quant aux soins à prodiguer à leur jeune frère malade, qui pourrait bien être un vampire…

À défaut de parler de réel coup de maître, My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To est assurément l’une des propositions de cinéma les plus originales présentées aux spectateurs depuis la Pandémie qui a ralenti le monde en 2020. On doit cette réussite très prometteuse à Jonathan Cuertas, dont il s’agit du premier long-métrage, réalisé en 2019, après quatre courts, The Pallor (2013), Twelve Traditions (2015), Kuru (2017) et The Horse and the Stag (2018). Tous ont comme particularité d’être des films d’horreurs psychologiques et d’être, à l’exception de Kuru, photographiés par le frère du réalisateur, Michael Cuartas. My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To découle d’ailleurs de Kuru, remarqué dans les festivals et primé à plusieurs reprises à Miami, ville de résidence des frères Cuartas. Tourné en l’espace de trois semaines, avec un budget modeste et une équipe vraisemblablement réduite, ce drame horrifique capturé en 1.33 interpelle non seulement par son dispositif, privilégiant l’économie, mais aussi par sa beauté plastique, sa langueur qui crée un malaise prenant aux tripes, sans oublier un casting composé de trois comédiens exceptionnels, Patrick Fugit, Owen Campbel et Ingrid Sophie Schram. Vous cherchiez une alternative aux produits industriels fabriqués à la chaîne par les gros studios ? Alors partez à la découverte de My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To !

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Test Blu-ray / La Part du feu, réalisé par Étienne Périer

LA PART DU FEU réalisé par Étienne Périer, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Michel Piccoli, Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Rufus, Roland Bertin, Gabriel Cattand, Véronique Silver, Liliane Gaudet…

Scénario : Étienne Périer & Dominique Fabre, d’après une histoire originale d’Alain Page

Photographie : Jean Charvein

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Catherine Hansen trompe son mari Robert, un homme d’affaires qui travaille dans l’immobilier, avec Jacques, un de ses collaborateurs. Mais, ayant besoin de Jacques pour une opération commerciale importante, Robert ferme les yeux sur cette liaison.

Fin 2018, nous découvrîmes le cinéma d’Étienne Périer (1931-2020), réalisateur belge, à l’occasion de la sortie du film Commando pour un homme seulWhen Eight Bells Toll en DVD-Blu-ray chez Rimini Editions, une délicieuse curiosité, réalisée pour surfer sur l’engouement des spectateurs pour les missions exotiques des agents secrets sur grand écran, avec Anthony Hopkins en ersatz quelque peu improbable de 007. On lui doit aussi en vrac un Samson le magnifique (1995) avec Charlotte Rampling et Roger Hanin, quelques épisodes de Maigret avec Bruno Cremer, Meurtre en 45 tours (1960), un thriller avec Danielle Darrieux, Michel Auclair et Jean Servais, ainsi que le scénario de Charmants garçons (1957) d’Henri Decoin. Rétrospectivement, on note une prédilection pour le polar dramatique à l’ambiance lourde chez Étienne Périer, dont la filmographie est assurément à redécouvrir, comme Dis-moi qui tuer (1964), Un meurtre est un meurtre (1972) et La Main à couper (1974). C’est le cas de La Part du feu, dont nous ignorions l’existence, avant sa disponibilité dans les bacs chez LCJ Editions & Productions. L’affiche est on ne peut plus alléchante avec rien de moins que Michel Piccoli, Claudia Cardinale (sublime) et Jacques Perrin (étonnant), étrange et troublant triangle « amoureux » (l’usage des guillemets reflète l’ambiguïté des sentiments des personnages) qui se régalent avec un dialogue virtuose coécrit avec Dominique Fabre, complice du cinéaste et scénariste du génial L’Animal (1977) de Claude Zidi. Foncièrement dérangeant, amoral et peu sympathique, La Part du feu ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil, mais l’arrivisme de ses protagonistes, l’ampleur du récit et la mécanique implacable de celui-ci demeurent imparables et rappellent quelque part certaines œuvres de la littérature hexagonale du XIXè siècle. Grande découverte.

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Test Blu-ray / Une âme perdue, réalisé par Lewis Allen

UNE ÂME PERDUE (So Evil My Love) réalisé Lewis Allen, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ray Milland, Ann Todd, Geraldine Fitzgerald, Leo G. Carroll, Raymond Huntley, Raymond Lovell, Martita Hunt, Moira Lister…

Scénario : Ronald Millar & Leonard Spigelgass, d’après le roman de Joseph Shearing

Photographie : Mutz Greenbaum

Musique : William Alwyn

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Londres, à la fin du XIXè siècle. Une jeune veuve naïve, Olivia Harwood, rencontre le charmant Mark Bellis, artiste de son état, qui ne tarde pas à louer une chambre dans la pension de famille que vient d’ouvrir la jeune femme. Très vite, ils deviennent amants. Mais Mark est un escroc qui pourrait l’entraîner sur la voie du chantage et du meurtre.

Est-ce que le nom de Lewis Allen (1905-2000) interpelle les cinéphiles ? Sans doute et ce en raison de La Falaise mystérieuse (1944), également connu sous son titre original The Uninvited, qui a marqué une étape importante dans le genre fantastique. Le metteur en scène du célèbre Je dois tuer Suddenly (1954) avec Frank Sinatra, signait alors des premiers longs métrages centrés sur une histoire de fantômes, en abordant les revenants avec «réalisme». Loin des comédies à la Scooby-Doo qui prenaient souvent comme cadre une maison hantée avec quelques comiques de l’époque qui s’enfuyaient en grimaçant et en levant les bras à chaque apparition d’un fantôme au drap blanc percé, The Uninvited plongeait les spectateurs dans un environnement concret, renforçant ainsi les effets d’épouvante. Sorti en 1948, Une âme perdue So Evil My Love est la troisième collaboration de Lewis Allen avec le comédien Ray Milland, après La Falaise mystérieuse, Suprême aveu The Imperfect Lady (1947) et juste avant Sealed Verdict. Tout va pour le mieux pour l’acteur britannique, tout juste auréolé de l’Oscar et du prix d’interprétation à Cannes pour Le Poison The Lost Weekend de Billy Wilder. Les réalisateurs de renom l’emploient à tour de rôle, de Fritz Lang (Espions sur la Tamise Ministry of Fear) à Frank Borzage (Voyage sans retour Till We Meet Again), en passant par John Farrow (Californie terre promise California). Inspiré par un fait divers, Une âme perdue est un étonnant mélange des genres, un drame victorien, un thriller psychologique, une romance contrariée, des ingrédients qui peuvent paraître hétérogènes, mais qui contre toute attente se mixent parfaitement, pour notre plus grand plaisir.

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Test Blu-ray / La Femme de ma vie, réalisé par Régis Wargnier

LA FEMME DE MA VIE réalisé par Régis Wargnier, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Jane Birkin, Christophe Malavoy, Jean-Louis Trintignant, Béatrice Agenin, Dominique Blanc, Elsa Lunghini, Andrzej Seweryn, Didier Sandre, Florent Pagny…

Scénario : Catherine Cohen, Alain Le Henry, Régis Wargnier & Alain Wermus, d’après une histoire originale de Régis Wargnier

Photographie : François Catonné

Musique : Romano Musumarra

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Simon, violoniste, sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Dans sa déchéance, il est soutenu par sa maîtresse, qui est également l’administratrice de l’orchestre dans lequel il joue. L’aide-t-elle réellement ? Ne le maintient-elle pas ainsi sous sa dépendance ? Un homme, qui a connu le même parcours que Simon, va tenter de l’aider.

Régis Wargnier (né en 1948) débute comme assistant de Michel Deville (La Femme en bleu), Claude Chabrol (Nada, Le Banc de désolation, De Grey), Valerio Zurlini (Le Désert des Tartares), Francis Girod (La Banquière, Le Grand Frère, Le Bon Plaisir), Volker Schlöndorff (Le Faussaire), Patrice Leconte (Viens chez moi, j’habite chez une copine), Alexandra Arcady (Le Grand Pardon)…un C.V. qu’il se constitue en l’espace d’une dizaine d’années. En 1986, il franchit le pas du premier long-métrage avec La Femme de ma vie, qu’il coécrit avec Catherine Cohen (Les Fauves, Indochine) et Alain Le Henry (Dernier été à Tanger, Subway, Diabolo menthe), et confie le premier rôle à Christophe Malavoy. Le comédien a alors le vent en poupe et vient tout juste d’être auréolé du César du meilleur espoir masculin pour Family Rock de José Pinheiro, ainsi que du Prix Jean-Gabin. Les tournages s’enchaînent, on le voit chez Michel Deville dans Le Dossier 51, Le Voyage en douce et bien sûr Péril en la demeure (vous voyez l’affiche ?), Patrice Leconte (Ma femme s’appelle reviens), Pierre Schoendoerffer (L’Honneur d’un capitaine) et Bob Swaim (La Balance). Sa haute silhouette élancée, ses faux airs de BHL aux sourcils plus épais, mais surtout sa puissance dramatique commencent à attirer les réalisateurs de tous bords et Régis Wargnier lui offre le rôle principal de son coup d’essai. Aujourd’hui, il semble que La Femme de ma vie soit plus connu pour la chanson qui a accompagné le film à sa sortie, T’en vas pas, immortalisée par Elsa Lunghini, alors âgée de 13 ans, qui interprète aussi à l’écran la fille de Jane Birkin, les deux reprenant d’ailleurs cet air dans le film. Elle allait devenir la plus jeune artiste à accéder à la première place du Top 50 et ce pendant deux mois, durant lesquels elle allait vendre près d’1,5 million d’exemplaires de son single. On se souvient donc moins du film lui-même, ce qui est bien dommage, car La Femme de ma vie demeure une œuvre intéressante, pas forcément réussie sur tous les points et qui a pris quelques rides, mais qui n’en reste pas moins forte dans les thèmes qu’elle aborde et grâce à l’excellence de son casting, sur lequel trône le monstre Jean-Louis Trintignant.

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Test Blu-ray / Cours privé, réalisé par Pierre Granier-Deferre

COURS PRIVÉ réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 19 janvier 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Elizabeth Bourgine, Michel Aumont, Xavier Deluc, Sylvia Zerbib, Emmanuelle Seigner, Lucienne Hamon, Pierre Vernier, Rosine Rochette, Guillaume de Tonquédec, Sandrine Kiberlain…

Scénario : Jean-Marc Roberts, Pierre Granier-Deferre & Christopher Frank

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Jeanne Kern est enseignante dans un cours privé mixte. Elle est jeune, jolie et le sait. Tout le monde est attiré par elle; des élèves aux professeurs jusqu’au directeur, Monsieur Ketti. Un jour, une lettre anonyme parvient sur le bureau de Ketti, mettant en cause Jeanne d’une manière on ne peut plus claire, par des allusions précises sur son anatomie intime et l’usage qu’elle en fait. Les lettres se succèdent et bientôt, ce sont des photos qui inondent l’établissement. Tout le monde en reçoit: le directeur, les professeurs, les parents. Elles représentent une « soirée spéciale » au cours de laquelle de très jeunes personnes font l’amour…

Si on l’a souvent vue à la télévision, notamment dans Meurtres au paradis depuis une dizaine d’années, la divine Élizabeth Bourgine, Prix Romy-Schneider en 1985, a su marquer moult spectateurs dans Vive la sociale ! (1983) de Gérard Mordillat (nommée pour le César du meilleur espoir féminin), mais surtout dans La Septième Cible (1984) de Claude Pinoteau (nommée de nouveau, mais au César de la meilleure actrice dans un second rôle), où elle incarnait la fille de Lino Ventura et sans doute encore plus dans Cours privé de Pierre Granier-Deferre. Sorti sur les écrans français en novembre 1986, ce dernier reste tout d’abord célèbre pour son affiche d’exploitation qui avait fait couler beaucoup d’encre, celle où la comédienne apparaît de trois-quarts dos, quasi-nue, seulement vêtue d’un serre-taille rouge. Un visuel sulfureux et excitant qui avait évidemment de quoi titiller la curiosité du public. Alors que Jean de Florette venait de cartonner, que Manon des sources se profilait, que Top Gun remplissait les salles et Cobra avec Stallone le tiroir-caisse de la Warner, Cours privé parvenait à attirer près de 600.000 curieux. Réalisateur d’immenses succès populaires tels que La Horse, Adieu poulet, La Veuve Couderc, Le Chat, Le Train, Une femme à sa fenêtre, Le Toubib, Pierre Granier-Deferre démarre les années 1980 en dirigeant encore et toujours les plus grands du cinéma hexagonal, de Michel Piccoli (Une étrange affaire) à Philippe Noiret (L’Étoile du Nord, L’Ami de Vincent) en passant par Jean-Louis Trintignant (L’Homme aux yeux d’argent). Dans Cours privé, le cinéaste donne pour ainsi dire le rôle de sa vie à son actrice principale, Élizabeth Bourgine, quasiment de toutes les scènes, de tous les plans, avec laquelle il collaborera encore deux fois par la suite, dans Noyade interdite (1987) et La Couleur du vent (1988). Hypnotique, troublant, Cours privé annonce, et ce bien avant l’avènement des réseaux sociaux, comment une personne peut devenir la cible de rumeurs et d’accusations, ici une jeune enseignante sexy, qui détonne dans son environnement professionnel. Quelques problèmes de rythme, mais le film demeure aussi efficace que mémorable.

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Test Blu-ray / La Mort de Belle, réalisé par Edouard Molinaro

LA MORT DE BELLE réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Desailly, Alexandra Stewart, Monique Mélinand, Yvette Etiévant, Jacques Monod, Marc Cassot, Jacques Pierre, Yves Robert…

Scénario : Jean Anouilh, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Jean-Louis Picavet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Dans son pavillon de la banlieue de Genève, Stéphane Blanchon, professeur de français au Collège international de Genève, passe sa soirée seul, d’abord en corrigeant ses copies, puis en bricolant autour d’un tour à bois. Sa femme Christine partie en ville pour un bridge entre amis, l’appelle pour le convaincre de venir la rejoindre, il refuse. La jeune Belle, une américaine, fille d’une amie de Christine, qui vit chez eux pendant ses études, est ramenée par un petit ami qui la laisse devant la maison. Elle vient souhaiter une bonne nuit à Stéphane qui ne l’entend pas à cause du moteur du tour. Le lendemain, il part à l’école comme d’habitude. A peine arrivé au collège, il est appelé par son épouse : Belle a été retrouvée morte, étranglée dans sa chambre.

Du cinéaste Edouardo Camille Molinaro alias Edouard Molinaro (1928-2013), nous connaissons surtout ses immenses succès populaires, Oscar (plus de six millions d’entrées), La Cage aux folles (5,4 millions), Hibernatus (3,4 millions), L’Emmerdeur (3,3 millions), La Cage aux folles 2 (3 millions), Mon oncle Benjamin (2,7 millions) ou bien encore Une ravissante idiote (2,2 millions). Au cours de sa longue carrière, le réalisateur aura attiré près de 50 millions de spectateurs dans les salles françaises. Pourtant, Edouard Molinaro n’a jamais caché que les films qui lui étaient le plus cher et le plus personnel étaient ceux tapis dans l’ombre. Dès ses débuts, celui-ci aura emporté l’adhésion des spectateurs avec ses films policiers, Le Dos au mur (1958), Des femmes disparaissent (1959) et Un témoin dans la ville (1959), y compris avec sa première comédie Une fille pour l’été (1960), qui ont tous dépassé la barre du million d’entrées. Après cette parenthèse humoristique, le metteur en scène revenait au polar avec La Mort de Belle, adapté du roman du même nom de Georges Simenon, publié en 1952. Trésor dissimulé dans la prolifique et éclectique filmographie d’Edouard Molinaro, ce thriller psychologique est avant tout le bouleversant portrait d’un homme « pur », magnifiquement interprété par Jean Desailly, qui devient le principal suspect dans une affaire de meurtre, dans laquelle une jeune américaine de 18 ans a été retrouvée étranglée dans la chambre qu’elle louait près de Genève. Fascinante et éprouvante dissection de la machine judiciaire, capable de broyer n’importe qui sur son passage, La Mort de Belle est un chef d’oeuvre insoupçonné qui fera le bonheur des cinéphiles.

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Test Blu-ray / L’Oeil du malin, réalisé par Claude Chabrol

L’OEIL DU MALIN réalisé par Claude Chabrol, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Jacques Charrier, Stéphane Audran, Walther Reyer, Daniel Boulanger, Erika Tweer, Michael Münzer, Claude Romet…

Scénario : Claude Chabrol, Paul Gégauff & Martial Matthieu

Photographie : Jean Rabier

Musique : Paul Jansen

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Envoyé en Bavière pour réaliser un reportage, le journaliste Albin Mercier s’ennuie ferme. Il fait la connaissance d’Andreas Hartmann, un écrivain, et d’Hélène, son épouse. L’apparente harmonie de ce couple fascine Albin, qui n’excelle guère que dans la médiocrité. Repoussé par Hélène, il commence à la suivre, dévoré par la jalousie et la rancoeur, alors qu’elle arpente Munich. C’est ainsi qu’il découvre qu’elle trompe son mari. Pour obtenir ses faveurs, Albin n’hésite pas à la faire chanter…

L’Oeil du malin est l’un des premiers longs-métrages de Claude Chabrol (1930-2010), plus exactement son sixième, si l’on ne tient pas compte du film à sketches Les Sept Pêchés capitaux, coréalisé entre autres avec Jean-Luc Godard, Philippe de Broca, Jacques Demy et Édouard Molinaro. La même année que ce dernier, Chacha commençait véritablement à prendre son envol avec L’Oeil du malin, en peaufinant encore et toujours son style et en approfondissant ses thèmes de prédilection. Impressionnant de froideur, cette (auto)analyse clinique d’un cas pathologique offre à Jacques Charrier, l’un de ses meilleurs rôles, peut-être le plus intéressant d’ailleurs, avec celui qu’il campait dans Les Tricheurs de Marcel Carné trois ans plus tôt. Chose amusante, par son dispositif L’Oeil du malin rappelle beaucoup Plein soleil (1960) de René Clément (et dont le scénariste Paul Gégauff est aussi celui de L’Oeil du malin) dans lequel Jacques Charrier devait jouer, mais qu’il avait finalement décliné en raison de la grossesse de sa compagne Brigitte Bardot. Même si l’opus de Claude Chabrol n’atteint pas la sécheresse, la virtuosité, ni la puissance du chef d’oeuvre de René Clément, L’Oeil du malin n’en demeure pas moins magistral, captivant à plus d’un titre, remarquablement mis en scène (parfois à la limite du documentaire au cours d’une filature se déroulant durant l’Oktoberfest de Munich) et interprété, où explose le charme dévastateur de Stéphane Audran.

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