Test Blu-ray / Un Américain bien tranquille, réalisé par Joseph L. Mankiewicz

UN AMÉRICAIN BIEN TRANQUILLE (The Quiet American) réalisé par Joseph L. Mankiewicz, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 avril 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Audie Murphy, Michael Redgrave, Claude Dauphin, Giorgia Moll, Bruce Cabot, Fred Sadoff, Kerima, Richard Loo…

Scénario : Joseph L. Mankiewicz, d’après le roman de Graham Greene

Photographie : Robert Krasker

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Saïgon, en pleine guerre d’Indochine, Pyle, un jeune Américain, fait la connaissance de Fowler, journaliste anglais, et tombe amoureux de sa jeune maîtresse vietnamienne. Fowler découvre peu à peu que Pyle travaille pour la CIA. Et lorsque l’Américain est retrouvé mort, l’inspecteur français chargé de l’affaire sollicite l’aide de Fowler.

Quand on évoque Joseph L. Mankiewicz (1909-1993), l’oeil du cinéphile s’illumine, de nombreux titres et tout autant d’images se bousculent dans les mémoires, L’Aventure de madame MuirThe Ghost and Mrs. Muir (1947), Chaînes conjugalesA Letter to Three Wives (1949), La Maison des étrangers House of Strangers (1949), ÈveAll about Eve (1950), La Comtesse aux pieds nusThe Barefoot Contessa (1954), Soudain l’été dernier Suddenly Last Summer (1959) et CléopâtreCleopatra (1963). Une filmographie conséquente, monumentale et pourtant non exhaustive. En effet, un autre long-métrage du réalisateur aura également fait couler beaucoup d’encre, Un Américain bien tranquille The Quiet American, qui sort sur les écrans en 1958, adapté d’un roman de Graham Greene (Le Troisième homme) jugé anti-américain. Néanmoins, Joseph L. Mankiewicz s’est toujours approprié les livres dont il s’inspirait, à tel point d’ailleurs que l’écrivain fera savoir publiquement qu’il condamne cette transposition. Que reste-t-il d’Un Américain bien tranquille 65 ans après sa sortie ? Un résultat en « demi-teinte », car si on ne peut s’empêcher d’admirer la performance des comédiens et la composition magistrale des plans (magnifique photo de Robert Krasker, La Chute de l’empire romain, Le Cid), la surabondance des dialogues peut rapidement fatiguer et ce dès le premier quart d’heure. C’est ce qui a toujours été difficile chez Mankiewicz, aller au-delà d’un « bavardage » copieux, ce qui demande un véritable investissement de la part des spectateurs, surtout quand le film, comme c’est le cas ici, dure 120 minutes. Deux heures durant lesquelles les échanges entre les personnages ne s’arrêtent pas une seule seconde, participant certes à créer une atmosphère étouffante, mais qui ne laissent aucune soupape pourtant indispensable à un public qui peut facilement décrocher si on ne lui laisse pas une petite chance de reprendre son souffle. On peut donc être fasciné par cette virtuosité de tous les instants, mais aussi resté sur le bas-côté et ne pas se laisser emporter par ce récit tortueux et alambiqué.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / Detective Knight : Independence, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : INDEPENDENCE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Jack Kilmer, Dina Meyer, Lochlyn Munro, Willow Shields, Jimmy Jean-Louis, Lorenzo Antonucci, Dax Campbell…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

L’affectation de dernière minute du policier James Knight à l’équipe de la fête de l’Indépendance se transforme en une course contre la montre pour arrêter un ambulancier déséquilibré qui se fait passer pour un policier.

Le voici, le voilà, le tout dernier, l’ultime long-métrage que Bruce Willis aura tourné avant de mettre fin à sa carrière. Si nous avons longtemps tiré sur l’ambulance, sans savoir à l’époque que l’acteur était atteint d’aphasie, en passant en revue une quinzaine de ses longs-métrages sortis directement dans les bacs ou en VOD, nous sommes aussi revenus sur les producteurs opportunistes qui l’ont fait participer à leurs films – souvent – de bas étage. Toujours est-il que Detective Knight : Independence est assurément le meilleur opus de cette « trilogie » constituée de Rogue et de Redemption, ainsi qu’une des Williseries, notre terme pour désigner ces séries B (voire Z) dans lesquelles s’est illustré l’ami Bruce, les plus sympathiques. Contrairement où les deux premiers épisodes se « suivaient » ou s’enchaînaient lâchement, ce troisième volet aurait pu tout aussi bien être présenté indépendamment, puisque quasiment rien ne le rattache aux précédents. Il n’empêche que cet Independence tient la route et ce grâce à un jeune comédien charismatique et plutôt impressionnant, Jack Kilmer (né en 1995), qui n’est autre que le fils de Val Kilmer et Joanne Whalley, déjà croisé dans l’excellent Palo Alto de Gia Coppola et Lord of Chaos de Jonas Åkerlund. Il vole la vedette ici à chaque apparition et s’avère même assez flippant. Bruce Willis apparaît plus que dans Rogue et Redemption, possède plus de dialogues (ce qui apparemment a été extrêmement difficile, pour ne pas dire douloureux pour lui et ses partenaires) et ce dès le début du film. Le dernier acte le place enfin au coeur de l’action, même si les doublures se voient nettement (on entend également parfois sa voix, sans le voir), mais l’ensemble est bien fichu et divertissant. Ciao Bruce, prends soin de toi, faire tout ce voyage avec toi depuis 35 ans a été très chouette et on ne t’oubliera jamais.

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Test Blu-ray / Le Bar du téléphone, réalisé par Claude Barrois

LE BAR DU TÉLÉPHONE réalisé par Claude Barrois, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniel Duval, François Périer, Raymond Pellegrin, Julien Guiomar, Georges Wilson, Valentine Monnier, Christophe Lambert, Richard Anconina…

Scénario : Claude Néron

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Marseille – À la suite d’un contentieux, Tony Véronèse, criminel notoire, fait sauter en guise de représailles les boîtes de nuit et hôtels de passe détenus par les frères Pérez. Ces attentats spectaculaires conduisent le commissaire Joinville à pactiser avec deux personnalités respectées dans le Milieu. Mais, alors que le policier espère un accord tacite entre les deux clans, les règlements de compte se poursuivent dans un bain de sang.

Si l’on excepte Le Voyage d’Amélie, qu’il a écrit, mis en scène et interprété en 1974, Daniel Duval accède pour la première fois en haut de l’affiche avec Le Bar du téléphone de Claude Barrois en 1980, après le triomphe de La Dérobade, qui vaudra à Miou-Miou le César de la meilleure actrice. Inspiré (de loin) par la tuerie dite du Bar du Téléphone (dix personnes sauvagement assassinées), survenue à Marseille en octobre 1978, ce film de très grande classe se situe sur le fil tendu entre un genre qui s’éteint, ou plutôt en pleine mutation, et le néo-polar, dans lequel deux générations s’affrontent pour prendre la place. Les codes changent, le respect mutuel représenté par les vieux de la vieille interprétés par Daniel Duval, François Périer, Julien Guiomar, Raymond Pellegrin (une tronche, une voix aussi bien sûr, qui fût celle légendaire de Fantômas) et Georges Wilson disparaît au profit des chiens fous incarnés ici entre autres par Christophe Lambert et Richard Anconina, qui ne jurent que par la violence gratuite, le sang, les armes automatiques et l’humiliation. Le personnage principal, Tony Véronèse, au mi-temps de sa vie, sait qu’il est temps de raccrocher, mais ne compte pas non plus céder à l’impatience de ceux qui voudraient devenir calife à la place du calife, ni se laisser marcher sur les pieds par ses aînés qui font tout pour ne pas lui régler la somme qu’ils lui doivent. Daniel Duval trône – avec une force tranquille et une sensibilité à fleur de peau – magistralement sur cette distribution quatre étoiles, crève l’écran en truand ambitieux qui déclenche une guerre des gangs parce qu’un deal n’a pas été respecté, événement qui va créer une faille dans laquelle vont s’engouffrer les jeunes loups affamés qui n’ont plus aucun code d’honneur, ni retenue. Avec son affiche qui rend un évident hommage au mythique Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, y compris dans son ultime séquence, Le Bar du téléphone, qui aura attiré un peu plus de 400.000 spectateurs dans les salles à sa sortie, alors que L’Empire Contre-attaque d’Irvin Kershner et La Banquière de Francis Girod faisaient le plein, demeure un thriller élégant, qui a de la gueule, intelligent et passionnant, que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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Test Blu-ray / Mitraillette Kelly, réalisé par Roger Corman

MITRAILLETTE KELLY (Machine-Gun Kelly) réalisé par Roger Corman, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Susan Cabot, Morey Amsterdam, Richard Devon, Jack Lambert, Frank DeKova, Connie Gilchrist, Wally Campo…

Scénario : R. Wright Campbell

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Gerald Fried

Durée : 1h23

Date de sortie initiale: 1958

LE FILM

Surnommé par sa maîtresse Mitraillette Kelly, le gangster George Kelly réussit un audacieux hold-up. Il en confie le butin à Fandango, un complice qui, en essayant de détourner une partie de l’argent à son profit, suscite sa colère. Plutôt que de se faire oublier, lui et son gang préparent un nouveau braquage. L’attaque des banques et transports de fonds présentant désormais des risques trop élevés, Kelly kidnappe la fille d’un riche industriel…

Si l’on considère souvent Mitraillette KellyMachine-Gun Kelly comme une « œuvre de jeunesse » de Charles Dennis Buchinsky aka Charles Bronson, ce dernier, déjà monstre de charisme, approche la quarantaine quand il collabore avec Roger Corman. Il a d’ailleurs derrière-lui Bronco Apache et Vera Cruz de Robert Aldrich, ainsi que L’Homme de nulle partJubal de Delmer Daves. En 1958, il accède en tête d’affiche, dans Syndicat du crimeGang War de Gene Fowler Jr, dans Confessions d’un tueurShowdown at Boothill de Gene Fowler Jr, dans L’Enfer des humainsWhen Hell Broke Loose de Kenneth G. Crane, mais l’histoire retiendra donc surtout ce Mitraillette Kelly, deux ans avant sa mise sur orbite définitive grâce aux 7 MercenairesThe Magnificent Seven de John Sturges. D’une part en raison de son légendaire réalisateur, qui en était alors qu’au début (autrement dit à son vingtième long-métrage) de sa prolifique (euphémisme) et éclectique carrière, d’autre part parce que Charles Bronson y incarne une véritable figure du crime américain, George Kelly Barnes alias George « Machine-Gun » Kelly alias George R. Kelly (1895-1954), célèbre bootlegger, kidnappeur et braqueur de banques qui a sévi durant la prohibition, qui fut ensuite incarcéré à vie à la prison d’Alcatraz. Tourné en une petite semaine avec un budget anémique, Machine-Gun Kelly peut compter sur le système D de génie du cinéaste, la mise en scène étant un vrai petit modèle du genre, couplée à un montage dynamique qui ne laisse pas un moment de répit aux spectateurs, ou tout simplement le temps d’apercevoir ce qui pourrait trahir une production fauchée ou des faux raccords inévitables. En l’état, Mitraillette Kelly est un excellent film de gangsters, une série B bourrée de charme et d’action, avec une touche d’humour et de psychologie.

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Test Blu-ray / Chasse à la mafia, réalisé par Jess Franco

CHASSE À LA MAFIA (Rififí en la ciudad) réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 mars 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Fernando Fernán Gómez, Jean Servais, Laura Granados, Antonio Prieto, Robert Manuel, Maria Vincent, Dina Loy, Agustín González…

Scénario : Jess Franco, Gonzalo Sebastián de Erice & Juan Cobos, d’après le roman de Charles Exbrayat

Photographie : Godofredo Pacheco

Musique : Daniel J. White

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

L’indicateur de l’Inspecteur Miguel Ruiz, Paco, barman au Stardust, a été assassiné avant d’avoir eu le temps de le renseigner sur un armateur puissant, qui est aussi un politicien influent, Leprince. De plus son chef n’est pas d’accord pour qu’il continue à enquêter sur Leprince, ayant peur des conséquences ! Peu après, un inconnu poignarde tous les participants à ce meurtre. Mais cela ne va pas arrêter Ruiz…

Quand il tourne Chasse à la mafia, Jesús Franco Manera, ou Jess Franco, en est encore au début de sa (très) longue et (très) prolifique carrière, ayant signé son premier long-métrage Tenemos 18 años (1959) que quatre ans années auparavant. Cinq autres opus se succéderont tout de suite après, révélant l’éclectisme et l’efficacité du bonhomme derrière la caméra. Le film noir se distingue bel et bien dans la première partie de l’oeuvre de Jess Franco avec Opération Lèvres RougesLabios rojos ou ce Chasse à la MafiaRififí en la ciudad qui nous intéresse aujourd’hui. I s’agit de l’adaptation du roman Vous souvenez-vous de Paco ? de Charles Exbrayat, publié en 1958, transposé dans un pays imaginaire d’Amérique Centrale, où l’on retrouve un casting franco-espagnol (coproduction oblige), sur lequel trône le suintant et impérial Jean Servais (L’Homme de Rio, Au service du diable, La Fièvre monte à El Pao, La Roue). Le titre original renvoie directement à Du rififi chez les hommes, chef d’oeuvre de Jules Dassin (1958), interprété par Jean Servais, qui avait manifestement marqué le cinéphile Jess Franco. Chasse à la mafia est un brillant exercice de style(s), où le réalisateur se fait plaisir en jouant avec les angles de prises de vue, qui rappellent bien sûr le travail d’Orson Welles, que ce dernier remarquera au point de contacter Jess Franco pour lui confier la direction de la seconde équipe de Chimes at midnight Falstaff. Mais pour l’heure, Rififí en la ciudad enchaîne les allers-retours dans un night-club où le jazz ne s’arrête jamais et où le champagne coule à flots, tandis que s’affrontent en coulisses des sbires à la mine patibulaire sur fond de disparition d’un indic séducteur et charismatique. Un « petit » Jess Franco, mais bourré de charme.

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Test Blu-ray / Detective Knight : Redemption, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : REDEMPTION réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 16 février 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Paul Johansson, Beau Mirchoff, Lochlyn Munro, Corey Large, Miranda Edwards, John Cassini…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Accusé du meurtre de deux suspects, l’inspecteur James Knight est emprisonné à New York, en attente de son procès. Alors que de dangereux fanatiques déguisés en Père Noël sèment le chaos en ville, la police lui propose un marché : son badge et son arme lui seront rendus s’il parvient à les neutraliser…

Et revoilà notre Detective (ou Inspecteur si vous préférez) Knight, ultime rôle interprété à l’écran par Bruce Willis, avant de se retirer du monde du cinéma pour cause de maladie, l’aphasie, entraînant des troubles du langage. C’est sous la « direction » d’Edward Drake, réalisateur de Gasoline Alley, American Siege, Apex et Cosmic Sin, que le comédien fait ce qu’il peut pour la dernière fois face à la caméra, dans une trilogie tournée en un peu plus de trois semaines. Après Rogue et avant Independence, Redemption démarre là où les événements du premier volet s’arrêtait…mais cette fois cela ne fonctionne plus. D’une part en raison de l’indigence de son scénario, pourtant toujours écrit par Edward Drake et son complice Corey Large (auteur ou producteur d’autres Willisseries comme Paradise City, White Elephant, Deadlock, Anti-Life…et aussi acteur occasionnel), mais aussi de la pauvreté d’ensemble, de son manque de rythme et d’intérêt. Alors qu’on pouvait lui pardonner les grosses ficelles pour masquer les difficultés de Bruce Willis à « incarner » le personnage écrit spécialement pour lui dans Rogue, cela grince sérieusement dans Redemption, où il est encore plus fantomatique, éteint quand il débarque enfin, avec ses rares dialogues qui se résument à des phrases courtes du style « Je suis comme je suis », « Je comprends », « C’est la vie  », le tout monté en champ-contrechamp avec son interlocuteur. La pire astuce apparaît quand Knight se retrouve face à son pote campé par Lochlyn Munro (The Predator), qui fait la conversation seul, autrement dit les questions et les réponses, tandis que Bruce Willis, l’air dépité, acquiesce en clignant des yeux. Tout cela sur fond de braquages de banques commis par une bande de Pères Noël, tout droit sortis du nullissime Taxi 3 (mais sans les rollers) menés par un fanatique. Bref, au secours.

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Test Blu-ray / Detective Knight : Rogue, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : ROGUE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Beau Mirchoff, Lochlyn Munro, Corey Large, Trevor Gretzky, Michael Eklund, Jimmy Jean-Louis, Johnny Messner…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

L’inspecteur James Knight est un vétéran des forces de police de Los Angeles. Alors que la ville se prépare à fêter Halloween, un braquage tourne mal et des policiers sont pris pour cible. Les braqueurs parviennent à s’enfuir à New York, mais Knight se lance à leur poursuite, hors de sa juridiction.

C’est sur la « trilogie » Detective Knight que Bruce Willis tire sa révérence, ayant depuis mis un terme à sa carrière pour cause de maladie, après avoir été diagnostiqué aphasique. Beaucoup garderont un goût amer d’avoir vu le comédien se perdre dans une multitude de productions indignes de son talent, dans lesquelles il ne faisait qu’apparaître la plupart du temps, histoire de vendre le bouzin en question sur son nom. Ces dernières années, moult Direct-To-Video auront ainsi garni ce qui reste des bacs dans les enseignes spécialisées. Parmi ces titres que l’auteur de ces mots aura passé en revue (ou juste vu, pour se tenir « au courant »), Gasoline Alley, American Siege, Cosmic Sin, Apex, Anti-Life, Paradise City (bientôt en DVD-Blu-ray en France), un nom revient systématiquement, celui d’Edward Drake, réalisateur (et auteur) des quatre premiers, seulement scénariste des deux autres, parfois aussi producteur. Bruce Willis et Edward Drake remettent une dernière fois le couvert, mais pour trois films d’affilée centrés sur le même personnage, un ancien flic hanté par son passé, qui n’aura demandé en tout et pour tout que trois jours de tournage pour la « tête d’affiche », un jour de prises de vues pour chaque épisode. Il est clair d’emblée, bien que tout soit fait pour nous faire croire le contraire, que Bruce Willis n’est pas le héros du film, rôle laissé à Beau Mirchoff (dans le rôle du Rogue éponyme), qui pour le coup s’en sort très bien. Ne vous attendez pas à un départ en fanfare pour l’inoubliable John McClane, mais plutôt à un au revoir discret, sur la pointe des pieds, en tant que figurant de prestige…

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Test Blu-ray / Le Temps des loups, réalisé par Sergio Gobbi

LE TEMPS DES LOUPS réalisé par Sergio Gobbi, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 22 juin 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Robert Hossein, Charles Aznavour, Virna Lisi, Albert Minski, Geneviève Thénier, Monique Morisi, Henri Crémieux, Roger Coggio…

Scénario : Sergio Gobbi, Georges Tabet & André Tabet

Photographie : Daniel Diot

Musique : Georges Garvarentz

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Amis d’enfance, le sanglant Robert, qui se fait appeler Dillinger en référence au truand américain des années 30 qu’il imite dans ses casses, et Kramer devenu chef de la brigade anti-gang s’affrontent. Après un dernier casse à Paris, Dillinger part se reposer sur la côte d’Azur avec son équipe et rencontre une femme qui lui sera fatale.

Sergio Gobbi. Pour beaucoup d’entre nous les cinéphiles, ce nom renvoie directement à L’Arbalète (1984) avec Daniel Auteuil, tandis que les amateurs de nanars se souviendront de La Nuit du risque (1986), chef d’oeuvre ultime du nawak que l’on pourrait se passer en boucle. Également scénariste, mais aussi producteur d’André Cayatte (La Raison d’État, L’Amour en question), de Marco Ferreri (Conte de la folie ordinaire), de Georges Lautner (Présumé dangereux), de Roman Polanski (La Jeune Fille et la Mort) et même de Dario Argento (Dracula 3D, le pauvre…), Sergio Gobbi (né en 1938) possède une vingtaine de mises en scène à son actif. L’un de ses opus les plus célèbres demeure sans nul doute Le Temps des loups, gros succès de l’année 1970 avec plus d’1,2 million de spectateurs, qui résistera au triomphe de La Nuit des morts vivants de George A. Romero. Le réalisateur coécrit ce formidable polar avec Georges et André Tabet (La Grande vadrouille, Le Vampire de Dusseldorf, Une ravissante idiote) et s’entoure d’un casting quatre étoiles mené par Charles Aznavour, Robert Hossein et Virna Lisi (co-production oblige, mais personne ne s’en plaindra), qui mélange étroitement une violence sèche et brutale, et une émotion inattendue puisque les deux ennemis du récit ont grandi ensemble et se connaissent par coeur. Le Temps des loups cumule certes plus de cinquante ans au compteur, mais sa fraîcheur et sa modernité ne cessent encore de laisser pantois.

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