Test Blu-ray / La Petite soeur du diable, réalisé par Giulio Berruti

LA PETITE SOEUR DU DIABLE (Suor Omicidi) réalisé par Giulio Berruti, disponible en Blu-ray + CD-audio bande originale du film le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anita Ekberg, Alida Valli, Massimo Serato, Daniele Dublino, Laura Nucci, Lou Castel, Paola Morra, Alice Gherardi, Ileana Fraia, Lee De Barriault…

Scénario : Giulio Berruti & Alberto Tarallo, d’après une histoire originale d’Enzo Gallo

Photographie : Antonio Maccoppi

Musique : Alessandro Alessandroni

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Dans la région de Lugano, Soeur Gertrude travaille au sein d’un hôpital prenant en charge des personnes âgées. Après une récente opération d’une tumeur au cerveau, la religieuse a développé une addiction à la morphine, ainsi qu’au sexe, la plongeant peu à peu dans la paranoïa. Et, pour couronner le tout, des patients sont bientôt assassinés dans l’établissement. Très vite, une partie du personnel suspecte Soeur Gertrude d’être la criminelle.

Vous n’aimez pas Le Jour du Seigneur sur France 2 le dimanche matin ? Si comme nous vous n’en savez rien, car qui a pu regarder une fois ce programme dans sa vie, et si vous désirez en savoir plus sur ce qui peut tournebouler une nonne, nous ne saurons que trop vous conseiller de jeter un œil sur La Petite sœur du diable, aka La Nonne qui tue, ou bien encore Suor Omicidi en version originale, et même The Killer Non en anglais ! Il s’agit du deuxième et dernier long-métrage de fiction réalisé par Giulio Berruti (né en 1937), qui aura essentiellement consacré sa vie professionnelle à monter les films des autres, à l’instar du Baba Yaga (1973) de Corrado Farina, ou à assister d’autres cinéastes, comme Mario Amendola sur Mes ennemis, je m’en garde! Dai nemici mi guardo io! (1968), Bruno Corbucci sur I 2 pompieri (1970), quand il ne participait pas lui-même à l’écriture (Croc Blanc et le chasseur solitaire Zanna Bianca e il cacciatore solitario d’Alfonso Brescia), avant de s’adonner au documentaire. La Petite sœur du diable est un film d’exploitation tardif, 1979, dans lequel Anita Ekberg, approchant la cinquantaine, devient une religieuse maquillée comme une voiture volée, qui serait quelque peu dépassée par certains problèmes psychologiques, au point d’être accusée de meurtres. Près de vingt ans après La Dolce vita, la comédienne suédoise alors en pleine traversée du désert, apparaît bien fatiguée et même fracassée dans La Petite sœur du diable, qui peine à maintenir l’intérêt du spectateur du début à la fin, en dépit de bonnes idées de scénario et de mise en scène éparpillées ici et là pendant 1h30. Une curiosité, pas mémorable, mais qui saura tout de même plaire aux aficionados de cinéma Bis.

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Test Blu-ray / L’Important c’est d’aimer, réalisé par Andrzej Żuławski

L’IMPORTANT C’EST D’AIMER réalisé par Andrzej Żuławski, disponible en Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko, Nicoletta Machiavelli, Klaus Kinski…

Scénario : Andrzej Żuławski & Christopher Frank, d’après le roman La Nuit Américaine de Christopher Frank

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un jeune photographe reporter Servais Mont rencontre sur un plateau de tournage Nadine Chevalier, une actrice ratée contrainte, pour survivre, de tourner dans des films pornographiques. Immédiatement séduit, Servais Mont se rend chez elle pour faire une série de photos. La jeune femme est mariée à Jacques, un être fragile, à la fois drôle et amer, qui fuit les réalités de la vie. Très attirés l’un vers l’autre, Nadine et Servais se revoient. Ce dernier décide d’aider Nadine à son insu. Il veut commanditer une pièce de théâtre dans laquelle elle aura enfin un rôle digne de son talent…

Quand on évoque L’Important c’est d’aimer, le troisième long-métrage d’Andrzej Żuławski (1940-2016), on pense tout d’abord à son célèbre thème musical composé par Georges Delerue, qui revient sans cesse, trop diront certains ils n’auraient pas tort, tout au long du film. Puis, un visage apparaît, celui de Romy Schneider (entre Le Trio infernal de Francis Girod et Le Vieux fusil de Robert Enrico), le teint blafard, les yeux trop maquillés, le rimmel se mêlant aux larmes, le regard tourné vers la caméra et donc vers les spectateurs. Une main tendue, suppliante, une voix étranglée par les sanglots qui demande, qui supplie, «Ne faites pas de photos, s’il vous plaît. Non, je suis une comédienne, vous savez. Je sais faire des trucs bien », tandis qu’une réalisatrice hystérique lui ordonne « Vas-y, sens-le ! Tu fais ce qu’on te demande de faire ! ». L’Important c’est d’aimer est autant un des films français les plus étranges des années 1970, qu’un quasi-documentaire sur l’une des plus grandes comédiennes de la deuxième partie du XXè siècle. Tout difficile d’accès qu’il soit, le film d’Andrzej Żuławski rencontrera un succès phénoménal, en attirant plus d’1,5 million de spectateurs dans les salles en février 1975. Un an plus tard, Romy Schneider se verra remettre le tout premier César de la meilleure actrice pour son rôle de Nadine Chevalier. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de la performance de son actrice principale, celle-ci est puissamment épaulée par ses deux partenaires, l’italien Fabio Testi (Le Jardin des Finzi-Contini, Le Tueur, La Poursuite implacable) et surtout Jacques Dutronc, qui faisait pour ainsi dire ses premières armes en tant que comédien dramatique. Adaptation libre (on parle de quelques pages seulement) du roman de Christopher Frank, La Nuit Américaine, qui a d’ailleurs lui-même travaillé sur cette transposition, L’Important c’est d’aimer est une étape décisive dans la carrière du cinéaste polonais, où ce dernier installe définitivement ses thèmes de prédilection, tout en s’adonnant à son art de façon jusqu’au-boutiste, viscérale, violente, organique et ultra-sensible.

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Test 4K UHD / Link, réalisé par Richard Franklin

LINK réalisé par Richard Franklin, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Elisabeth Shue, Terence Stamp, Steven Finch, Richard Garnett, David O’Hara, Kevin Lloyd, Joe Belcher…

Scénario : Everett De Roche, d’après une idée originale de Lee David Zlotoff & Tom Ackermann

Photographie : Mike Molloy

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

A Londres. Jeune étudiante en zoologie, Jane Chase fait la connaissance de l’étrange professeur Steven Philip, spécialiste de l’étude des chimpanzés. Il lui propose de devenir son assistante. Elle se rend donc bientôt dans sa grande demeure, sur la côte anglaise, où elle est accueillie par un chimpanzé en smoking, Link. Elle se lie très vite d’amitié avec l’animal, ainsi qu’avec les deux compagnons de celui-ci, Imp et Voodoo. Mais d’étranges événements se produisent bientôt. Un jour, le professeur disparaît sans laisser de trace…

Nous avons déjà très largement parlé de Richard Franklin (1948-2007), à l’occasion de la sortie dans les bacs d’un des films les plus célèbres de sa carrière, Patrick (1978). Vous savez ce qu’il faut faire pour tout savoir sur ce réalisateur atypique et ses œuvres qui ne le sont pas moins. Après ce grand succès, le cinéaste continue sur sa lancée et enchaîne avec le non-moins connu Déviation mortelle Roadgames, avec Stacy Keach et Jamie Lee Curtis, à l’époque le plus gros budget alloué à un film australien, avant de s’envoler pour Hollywood où il met en scène rien de moins que Psychose II, suite directe du chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, qui allait cartonner dans les salles durant l’été 1983. S’ensuit l’étonnant Jouer c’est tuer Cloak and Dagger, d’après un scénario de Tom Holland, juste avant Vampire, vous avez dit vampire ? et qui avait d’ailleurs écrit Psychose II, Nous arrivons alors à Link, un des opus les plus adulés de Richard Franklin. Insolite, quasi-inclassable, ou tout du moins naviguant entre plusieurs genres, Link déroute encore un quart de siècle après sa sortie, et c’est tant mieux. Thriller, comédie horrifique, drame, tout y passe, tandis que nous ne pouvons qu’admirer la beauté et la fraîcheur d’Elisabeth Shue, l’une des plus merveilleuses créatures du cinéma américain des années 1980-90.

Jane Chase une étudiante américaine en zoologie au collège des sciences de Londres se fait embaucher durant ses vacances d’été comme assistante du professeur Steven Phillip, célèbre anthropologue britannique, pour s’occuper de sa villa sur la côte, mais aussi et surtout pour le seconder dans ses recherches sur les chimpanzés et l’évolution des espèces. Arrivée sur place, elle rencontre les trois singes qui vivent avec Phillip : Imp (un jeune chimpanzé), Vaudou (une femelle non dressée et brutale) et Link, un singe de 45 ans, vêtu comme un maître d’hôtel, qui fut jadis la vedette d’un cirque. Ce dernier fait office de majordome et parait bien impressionnant. Mais peu après, le professeur disparaît mystérieusement. Jane ne s’inquiète guère, car la voiture n’est plus là non plus, mais isolée dans cette maison avec Link qui se fait de plus en plus menaçant et sans aucune possibilité de rejoindre la ville (puisque sans voiture et entourée de chiens errants), l’atmosphère se fait de plus en plus pesante. Une nuit, Jane est réveillée par les gémissements de Imp attachée à une cage. En le libérant, elle découvre le cadavre de Vaudou. Au petit matin, Bailey, à qui Phillip avait vendu Vaudou, vient récupérer cette dernière. Lorsque Jane lui apprend la nouvelle, il décide de supprimer Link (puisque prévu dans le contrat) mais menacé par ce dernier, Bailey prendra la fuite. Peu après, Link tente de tuer Imp dans un puits et Jane le met dehors. À partir de là et sans nouvelle du professeur, elle se retrouve cloîtrée dans la maison.

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Test 4K UHD / Le Rayon Bleu – Blue Sunshine, réalisé par Jeff Lieberman

LE RAYON BLEU (Blue Sunshine) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en Combo 2 Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard, Robert Walden, Charles Siebert, Ann Cooper, Ray Young, Stefan Gierasch…

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Don Knight

Musique : Charles Gross

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Jerry Zipkin, la trentaine, ancien diplômé de Stanford en 1968, participe à une fête avec d’anciens condisciples. Tout bascule quand Frannie, l’un d’entre eux, après avoir brusquement perdu ses cheveux, tue un à un les participants de la soirée. Jerry parvient à se défendre et tue Frannie avant de s’enfuir. Il est aussitôt soupçonné par la police d’être l’auteur des meurtres. Bien décidé à prouver son innocence, il fait appel à son ami David Blume, chirurgien, pour prouver son innocence. Après enquête, Jerry découvre que les participants de la soirée avaient tous autrefois pris du «rayon bleu», un psychotrope proche du LSD…

Avec son premier long-métrage La Nuit des vers géants Squirm, le réalisateur Jeff Lieberman (1976) se fait un nom et se trouve vite repéré autant par les amateurs de fantastique que d’épouvante. Il passe la vitesse supérieure avec Blue Sunshine, connu en France sous le titre Le Rayon Bleu, qu’il écrit et met en scène dès l’année suivante. Plus ambitieux que son précédent film, cet opus démontre le bagage technique de Jeff Lieberman, ainsi que son talent pour raconter des histoires étranges, à la frontière entre deux genres. Il s’inspire ici des études réalisées par les chercheurs à l’époque où le LSD faisait fureur. Dans Blue Sunshine, il imagine ce que les drogues expérimentales déclencheraient chez des individus dix ans après, en particulier un stupéfiant appelé Rayon Bleu, qu’auraient consommé d’anciens étudiants. Ceux-ci commencent chacun leur tour à percevoir des effets secondaires, perdant leurs cheveux, souffrant de migraine carabinée et entrant dans un état de transe psychotique voire dangereux. Le Rayon Bleu repose sur une mise en scène maîtrisée, sobre, qui contraste avec le (sur)jeu halluciné et le charisme aussi magnétique que singulier – entre Gaspard Proust, Sean Penn et Louis Garrel – de Zalman King (1942-2012), plus connu pour avoir écrit et produit 9 semaines 1/2 Nine 1/2 Weeks (1986) d’Adrian Lyne. Film culte pour de nombreux spectateurs, qui ont été longtemps traumatisés par ces assassins psychopathes avec leurs touffes de cheveux épars sur le crâne, Blue Sunshine a bien mérité son statut aujourd’hui et demeure une valeur sûre.

En cette année 1977, la Cité des Anges est confrontée à une vague de meurtres sauvages et inexplicables, guidés par la folie. La police porte rapidement ses soupçons sur un jeune homme : Jerry Zipkin. Afin de prouver son innocence, ce dernier, aidé par son amie Alicia Sweeney, mène alors son enquête et constate que les divers assassins présentent pour points communs d’être chauves et d’avoir fréquenté dix ans plus tôt l’Université de Stanford. À cette époque, ils ont absorbé une drogue expérimentale baptisée Blue Sunshine, dont les effets dévastateurs se déclenchent à retardement. Face à cette menace, Jerry pourra-t-il se disculper avant qu’il ne soit trop tard ?

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Test 4K UHD / Bayan ko, réalisé par Lino Brocka

BAYAN KO (Bayan ko: Kapit sa patalim) réalisé par Lino Brocka, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Phillip Salvador, Gina Alajar, Claudia Zobel, Carmi Martin, Raul Aragon…

Scénario : Jose F. Lacaba

Photographie : Conrado Baltazar

Musique : Jess Santiago

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

La femme de Tuning, ouvrier-imprimeur philippin, est enceinte et ils sont endettés. Dans cette situation, Tuning signe un engagement à ne participer à aucun mouvement social. Lorsque la grève éclate dans son entreprise, il ne s’engage pas aux côtés de ses compagnons. Aussi, le couple se retrouve seul et sans aide. C’est alors que Tuning participe à un cambriolage…

Il n’est jamais trop tard pour découvrir et réhabiliter un grand réalisateur. En France, on ne peut pas dire que Lino Brocka (1939-1991) soit le cinéaste philippin le plus populaire, même auprès des cinéphiles, contrairement à Brillante Mendoza (Serbis, Kinatay, Lola, Captive, John John), d’autant plus que seulement deux de ses films étaient sortis jusqu’à présent en DVD et Blu-ray, Manille (1975) et Insiang (1976). Pourtant, en vingt ans de carrière, Lino Brocka aura réalisé près de 70 longs-métrages et séries télévisées, tournant parfois six films en une seule année. Touchant pour ainsi dire à tous les genres, le metteur en scène n’hésitait pas à s’engouffrer dans le cinéma purement commercial, ce que la critique lui reprochait constamment, dans le but de pouvoir financer des projets beaucoup plus personnels et qui lui tenaient à coeur. C’est le cas de Bayan ko, en français « Ma patrie – Sur le fil du rasoir », réalisé en 1984, sorti en 1985 et écrit par Jose F. Lacaba, pamphlet virulent contre la dictature instaurée par Ferdinand Marcos, président des Philippines de 1965 à 1986 et Premier ministre de 1978 à 1981, qui avait déclaré la loi martiale en 1972. Personnalité publique, Lino Brocka s’est toujours placé en tant que farouche défenseur de la liberté individuelle, intervenant pour dénoncer le régime en place, allant même jusqu’à être emprisonné. On comprend mieux le feu qui anime Bayan ko, formidable drame psychologique teinté de thriller social, que l’on pourrait rapprocher de certains opus de Ken Loach. Si le film met un peu de temps à démarrer, sa dimension quasi-documentaire qui dévoile les conditions de travail des plus miséreux interpelle d’emblée, tandis que le récit prend petit à petit le spectateur à la gorge, pour ne plus le lâcher, jusqu’à l’explosion de violence finale et un regard caméra qui nous serre le bide encore longtemps après la projection.

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Test Blu-ray / Faut pas jouer avec les vierges – Zenabel, réalisé par Ruggero Deodato

FAUT PAS JOUER AVEC LES VIERGES (Zenabel) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucretia Love, John Ireland, Lionel Stander, Nicola Mauro Parenti, Fiorenzo Fiorentini, Elisa Mainardi, Luigi Leoni, Ignazio Leone…

Scénario : Gino Capone, Ruggero Deodato & Antonio Racioppi

Photographie : Roberto Reale

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Une jeune femme nommée Zenabel découvre que son père a été un riche Espagnol tué par l’impitoyable don Alonso qui lui a volé son titre de noblesse. Elle décide alors de réunir ses amis pour réclamer son titre et combattre l’imposteur.

Zenabel – Davanti a lei tremavano tutti gli uomini ou plus connu en France sous le titre Faut pas jouer avec les vierges, est le sixième long-métrage réalisé par Ruggero Deodato (né en 1939). Agé de 29 ans, le jeune homme affichait alors un palmarès impressionnant en tant qu’assistant-réalisateur auprès de Roberto Rossellini, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti, Riccardo Freda et Mauro Bolognini. Un C.V. spectaculaire qui a permis à Ruggero Deodato de passer lui-même derrière la caméra pour Gungala, la panthère nue Gungala la pantera nuda, en remplacement de Romano Ferrara. Utilisant à cette époque le pseudo de Roger Rockfeller, Ruggero Deodato fait preuve d’un réel savoir-faire derrière la caméra pour Zenabel, comme il le fera pour ses six longs-métrages mis en scène en l’espace d’à peine deux ans, dont Phénoménal et le trésor de Toutânkhamon Fenomenal e il tesoro di Tutankamen. Si l’on devait résumer Zenabel en un mot, ce serait bordélique. Mais n’y voyez rien de péjoratif, bien au contraire, car l’oeuvre de Ruggero Deodato transpire d’amour pour le cinéma et le divertissement populaire. Si « tous les hommes tremblaient devant elle » comme l’indique le sous-titre original, les spectateurs se laisseront volontiers embarquer aux côtés de cette héroïne aux cheveux flamboyants, interprétée par Lucretia Love (L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati, Les Amazones font l’amour et la guerre d’Alfonson Brescia), bad-ass, sexy et qui en fait voir de toutes les couleurs à la gent masculine.

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Test Blu-ray / Baba Yaga, réalisé par Corrado Farina

BABA YAGA réalisé par Corrado Farina, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carroll Baker, George Eastman, Isabelle De Funès, Ely Galleani, Daniela Balzaretti, Mario Mattia Giorgetti, Sergio Masieri, Angela Covello…

Scénario : Corrado Farina, d’après la bande dessinée de Guido Crepax

Photographie : Aiace Parolin

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Alors qu’elle rentre seule d’une soirée, la photographe de mode Valentina fait la connaissance d’une femme mystérieuse prénommée Baba Yaga. Peu de temps après, Valentina semble comme envoûtée par l’image de Baba Yaga et des évènements curieux se produisent autour d’elle. La jeune femme a des visions, la réalité semble irréelle…

Vous ne connaissiez pas le réalisateur Corrado Farina ? Sérieusement ?? Vraiment ??? Moi non plus. De son vrai nom Corrado Giovanni Giuseppe Maria Farina (1939-2016), ce réalisateur et scénariste aura signé essentiellement des documentaires, une poignée de courts-métrages et deux longs-métrages. Deux ans après Hanno cambiato faccia, interprété par le légendaire Adolfo Celi, Corrado Farina remet le couvert avec Baba Yaga, adaptation cinématographique de la bande dessinée Valentina et Baba Yaga, de Guido Crepax (1933-2003). Cette jeune et gracieuse photographe professionnelle indépendante (au physique inspiré par Louise Brooks) est interprétée par une certaine Isabelle de Funès (née en 1944), actrice, chanteuse et mannequin pour Vogue, qui n’est autre que la nièce de Louis de Funès. Peu connue, celle-ci n’est apparue au cinéma qu’à trois reprises, dans Ces messieurs de la gâchette (1970) de Raoul André, aux côtés de Francis Blanche, Jean Poiret et Michel Serrault, Raphaël ou le Débauché (1971) de Michel Deville, avec Françoise Fabian, Maurice Ronet et Brigitte Fossey, et enfin Baba Yaga, qui restera son rôle le plus célèbre. Agée d’à peine 30 ans, Isabelle de Funès est l’une des innombrables curiosités de cet opus qui flirte avec le genre fantastique et qui s’avère au final un kaléidoscope de couleurs, doublé d’un patchwork d’images souvent hallucinantes. On y retrouve un peu des Lèvres rouges de Harry Kumel, aussi bien dans le fond que dans la forme, tandis que Corrado Farina y met un peu tout ce qui l’anime à ce moment précis de sa vie, l’amour de la bande dessinée bien sûr, mais aussi du Godard et du Cartier-Bresson, qui sont d’ailleurs cités au détour d’une réplique. Il est certain que de nombreux spectateurs se sentiront quelque peu paumés au milieu de tout ce fourmillement d’images et d’idées, surtout que le rythme est sans doute un peu trop lent, mais celles et ceux qui se laisseront porter par ces partis-pris apprécieront ce voyage singulier et inattendu.

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Test Blu-ray / Holocaust 2000, réalisé par Alberto De Martino

HOLOCAUST 2000 réalisé par Alberto De Martino, disponible en combo Blu-ray + CD-audio bande originale du film chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Alexander Knox, Virginia McKenna, Spiros Focás, Ivo Garrani…

Scénario : Sergio Donati & Alberto De Martino

Photographie : Erico Menczer

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un riche homme d’affaires se rend sur un site où il décide de créer un réacteur nucléaire assez puissant pour alimenter en énergie électrique toute la planète. Sur le site, il découvre une grotte enfouie sous les sables, sur les murs de laquelle sont inscrits d’étranges dessins…

En 1977, tout va bien pour Alberto De Martino (1929-2015). Le metteur en scène des Sept Gladiateurs, de Persée l’invincible, du Triomphe d’Hercule, du Manoir de la terreur, du Conseiller et de Django tire le premier, vient récemment de signer L’Antéchrist, qui découlait tout naturellement de L’Exorciste de William Friedkin, triomphe international qui allait donner naissance à moult ersatz. Plus qu’une copie carbone transalpine de ce dernier, L’Anticristo, sorti à peine un an après, se permettait souvent d’égaler son modèle. L’intensité de la mise en scène, la beauté de la photographie signée Aristide Massacessi alias Joe d’Amato, l’excellence des comédiens (l’interprétation possédée de Carla Gravina, Anita Strindberg, Alida Valli), sauf Mel Ferrer qui n’avait jamais été concerné par ce qui se passait tout au long de sa carrière, la partition expérimentale et envoûtante d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai et la violence de ses trois séquences d’exorcisme, contribuaient à faire de L’Antéchrist un capolavoro du cinéma Bis. Rares sont finalement ceux qui auront pu rivaliser avec le jusqu’au-boutisme d’un des papes du cinéma populaire italien des années 1960-1970, les films de genre récents n’arrivant d’ailleurs pas à la cheville de ses œuvres. Après L’Antéchrist, Alberto de Martino renoue avec le poliziottesco et livre Spécial Magnum Una Magnum Special per Tony Saitta, dans lequel se croisent Stuart Whitman, John Saxon, Martin Landau et Carole Laure. Puis, le cinéaste dirige rien de moins que l’immense Kirk Douglas dans Holocaust 2000, fable de science-fiction saupoudrée cette fois de quelques touches de La Malédiction The Omen, le chef d’oeuvre de Richard Donner étant sorti quelques mois auparavant. S’il est évident que certains partis-pris pourront faire sourire une partie des spectateurs aujourd’hui, Holocaust 2000 n’en demeure pas moins une valeur sûre du film d’exploitation, dont le sujet est pris avec sérieux et qui vaut évidemment le coup d’oeil pour y découvrir la légende hollywoodienne à fossette, toujours autant investie et prête à tout pour montrer ses grandes capacités physiques, quitte pour cela à se mettre à poil devant la caméra. C’est carré, c’est propre, c’est chiadé, bien écrit, divertissant, impeccable donc.

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Test 4K UHD / Clash, réalisé par Raphaël Delpard

CLASH réalisé par Raphaël Delpard, disponible encombo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Catherine Alric, Pierre Clémenti, Bernard Fresson, Vjenceslav Kapural, Christian Forges, Jean-Claude Benhamou, Igor Galo, Iva Potocnik…

Scénario : Raphaël Delpard

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Angélique & Jean-Claude Nachon

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Martine accepte de passer la frontière avec l’argent d’un hold-up dont l’un de ses amis est l’organisateur. Alors qu’elle doit l’attendre dans une sinistre usine désaffectée, la jeune femme se laisse progressivement gagner par une angoisse de plus en plus vive, autant à cause de l’atmosphère de l’endroit que de confuses réminiscences de ses frayeurs enfantines. Surgit par ailleurs, après un ou deux jours, un mystérieux et inquiétant jeune homme, au mutisme infaillible et aux motivations incertaines. Se peut-il qu’il en veuille à la vie de Martine ou n’est-il que le fruit de son imagination torturée ?

Lors de notre chronique de La Nuit de la mort (1980)de Raphaël Delpard (né en 1942), nous n’avions pas été tendres, le taxant de film d’exploitation « franchouillard » qui retenait difficilement l’attention du spectateur et dans lequel rien ou presque ne fonctionnait. Après ce premier coup d’essai dans le genre, qui avait connu un petit succès à sa sortie doublé d’un triomphe en VHS après avoir été rebaptisé Les Griffes de la mort, le réalisateur signait deux comédies aux titres explicites, Les Bidasses aux grandes manœuvres, dans lequel il « dirigeait » Michel Galabru, Paul Préboist, Jacques Legras, Michel Modo et même Jean Reno dans une de ses premières apparitions au cinéma, puis Vive le fric dans lequel il se réservait un des rôles principaux aux côtés de Daniel Prévost et Evelyne Dress. Puis, grisé par l’engouement remporté par La Nuit de la mort, Raphaël Delpard décidait de revenir à l’épouvante avec Clash. Conspué par tous lors de sa présentation au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en janvier 1984, ce sera son dernier long-métrage. Cet accueil glacial (euphémisme) atteindra personnellement le metteur en scène, qui consacrera le reste de sa carrière au documentaire, à la télévision et à la littérature. Pourtant, rétrospectivement, Clash apparaît comme une étape fondamentale dans l’horreur hexagonale. Oeuvre réflective, difficile d’accès, insondable, sombre, violente, baroque, désespérée, on en ressort lessivés, convaincus d’avoir visionné un film à part dans le cinéma français, qui ne cesse de trotter dans la tête longtemps après et vers lequel nous reviendrons souvent pour tenter d’y résoudre tous les mystères.

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Test Blu-ray / Les Loulous, réalisé par Patrick Cabouat

LES LOULOUS réalisé par Patrick Cabouat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean-Louis Robert, Valérie Mairesse, Charlie Nelson, Françoise Pagès, Toufik Ouchene, Daniel Collombel, Dominique Breton, Bellali Larbi, Little Bob, Raoul Billerey, Philippe Brizard, Alain David , Hélène Surgère…

Scénario : Patrick Cabouat & Marc Casanova

Photographie : Lionel Legros

Musique : Horacio Vaggione & Élisabeth Wiener

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Dans une cité de banlieue, quelques jeunes gens et jeunes filles ont pris l’habitude de se réunir le soir dans un café pour échapper à la solitude et à l’ennui et parce qu’ailleurs tout est fermé et qu’aucune structure d’accueil n’a été prévue pour eux par les promoteurs de la ville. Le patron du « bistrot », Tramoneur, ne voit pas d’un bon œil l’intrusion de ces quelques adolescents dans son établissement, toutefois il les tolère et les supporte quand ils ne font pas trop de bruit.

«Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien on va vous en débarrasser ! ». On se rappelle tous de la visite d’un petit agité dans le quartier du Val d’argent à Argenteuil en 2005. Eh bien, retournons près de trente ans en arrière pour rencontrer ladite faune en question, celle qui déambulait sur l’esplanade de la Défense ou dans les terrains vagues de Créteil, campée sur des motocyclettes, et qui avait osé remplacer le Cacolac par une bière pression au bar-PMU crasseux du coin. Les Loulous est le premier et à ce jour l’unique long-métrage de fiction de Patrick Cabouat (né en 1950). Si l’on pouvait s’attendre à un portrait forcément rétro d’une jeunesse livrée à elle-même à la fin des années 1970, le film bifurque à mi-parcours vers l’inattendu, vers l’onirisme, la fable, avec comme référence évidente Orange mécanique A Clockwork Orange (1971) de Stanley Kubrick. S’il est évidemment loin d’atteindre la perfection formelle de ce dernier, il n’a d’ailleurs pas cette prétention, Les Loulous interpelle avec ce portrait dressé d’un jeune issu de la « meute », Ben, excellemment interprété par Jean-Louis Robert, dans l’unique rôle de sa vie, au charisme lisse, universel et passe-partout. A ses côtés, Valérie Mairesse, qui n’avait fait que deux apparitions au cinéma dans Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio et Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre (« Votez Lardatte ! »), trouve ici son premier vrai rôle au cinéma et nous gratifie en plus de sa jolie silhouette dénudée. Tout cela pour dire que Les Loulous déjoue constamment les attentes des spectateurs en les menant sur le terrain de la réflexion sociale et politique. La mise en scène a pris un coup de vieux, mais son propos demeure brûlant d’actualité et l’on découvre aujourd’hui ce film avec beaucoup d’intérêt.

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