UN CHÂTEAU EN ENFER (Castle Keep) réalisé par Sydney Pollack, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mai 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Scott Wilson, Bruce Dern…
Scénario : David Rayfiel, Daniel Taradash d’après le roman de William Eastlake
Photographie : Henri Decaë
Musique : Michel Legrand
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Décembre 1944. Durant la bataille des Ardennes, un groupe de soldats américains se réfugie au château de Malderais, où vivent le comte Henri Texier et sa jeune épouse. Pour les forces allemandes, la prise du château faciliterait leur progression vers Bastogne. Les G.I’s, en trop petit nombre, n’auront que deux options : abandonner le château ou résister le plus longtemps possible.
Sydney Pollack (1934-2008) commence sa carrière en tant qu’acteur. D’abord sur les planches, puis à la télévision, il apparaît dans plusieurs séries comme Playhouse 90, La Quatrième Dimension, ou encore Alfred Hitchcock présente. Ayant du mal à percer en tant que comédien, il décide en 1965 de passer derrière la caméra. Il réalise Trente minutes de sursis – The Slender Thread, inspiré d’une histoire vraie, celle d’une femme qui téléphone à un centre d’appels d’urgence, après avoir avalé des comprimés, afin de parler à quelqu’un avant de mourir. Son deuxième film est Propriété interdite – This Property Is Condemned (1966), qui se déroule durant la Grande Dépression, dans les années 1930. Puis, il réalise un western intitulé Les Chasseurs de scalps –The Scalphunters. En 1968, il remplace son confrère Frank Perry pour terminer le tournage du drame Le Plongeon – The Swimmer, qui propose une critique du rêve américain. L’année suivante, sort sur les écrans Un château en enfer – Castle Keep, où il aborde un autre genre : le film de guerre.
LES MUTINÉS DU TÉMÉRAIRE (H.M.S. Defiant) réalisé par Lewis Gilbert, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juin 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Alec Guinness, Dirk Bogarde, Maurice Denham, Nigel Stock, Richard Carpenter, Peter Gill, David Robinson, Robin Stewart…
Scénario : Nigel Kneale, Edmund H. North d’après le roman de Frank Tilsley
Photographie : Christopher Challis
Musique : Clifton Parker
Durée : 1h41
Année de sortie : 1962
LE FILM
En 1797, pendant les guerres napoléoniennes, l’équipage du Téméraire, un navire anglais voguant en Méditerranée, se révolte, indigné par la cruauté du second, le lieutenant Paget, et, malgré les tentatives d’apaisement, se rend hors-la-loi.
Quand on évoque le nom de Lewis Gilbert (1920-2018), les cinéphiles pensent immédiatement à ses opus de la saga James Bond, On ne vit que deux fois – You Only Live Twice (1967), L’Espion qui m’aimait – The Spy Who Loved Me (1977) et Moonraker (1979). En fait, avant d’en venir à l’agent 007, le réalisateur britannique avait déjà plus de vingt ans de carrière derrière lui et près de 25 longs métrages à son actif, ainsi que divers documentaires. Citons pêle-mêle Vainqueur du ciel – Reach for the Sky (BAFTA du meilleur film britannique en 1957), Visa pour Hong Kong – Ferry to Hong Kong (1959) avec Curd Jürgens et Orson Welles, ou bien le très célèbre Coulez le Bismarck ! – Sink the Bismarck ! (1960) avec Kenneth More. Avant On ne vit que deux fois, Lewis Gilbert avait aussi mis en scène le formidable H.M.S. Defiant, également connu sous le titre de Damn the Defiant !, soit Les Mutinés du Téméraire dans nos contrées. Adapté du roman Mutiny de Frank Tilsley, ce grand film d’aventures témoigne du solide bagage technique du réalisateur, ce qui l’a sûrement aidé plus tard pour qu’Harry Saltzman et Albert R. Broccoli décident de lui confier les trois budgets pharaoniques des épisodes de James Bond susmentionnés. Filmé comme un véritable huis clos tendu du début à la fin, Les Mutinés du Téméraire est aussi l’occasion d’admirer la confrontation de deux monstres sacrés du cinéma britannique, Alec Guinness et Dirk Bogarde, exceptionnels.
MIDWAY réalisé par Roland Emmerich, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 6 mars 2020 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Ed Skrein, Patrick Wilson, Luke Evans, Aaron Eckhart, Woody Harrelson, Nick Jonas, Mandy Moore, Dennis Quaid, Luke Kleintank, Keean Johnson…
Scénario : Wes Tooke
Photographie : Robby Baumgartner
Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker
Durée : 2h18
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Après la débâcle de Pearl Harbor qui a laissé la flotte américaine dévastée, la marine impériale japonaise prépare une nouvelle attaque qui devrait éliminer définitivement les forces aéronavales restantes de son adversaire. La campagne du Pacifique va se jouer dans un petit atoll isolé du Pacifique nord : Midway. L’amiral Nimitz, à la tête de la flotte américaine, voit cette bataille comme l’ultime chance de renverser la supériorité japonaise. Une course contre-la-montre s’engage alors pour Edwin Layton qui doit percer les codes secrets de la flotte japonaise et, grâce aux renseignements, permettre aux pilotes de l’aviation américaine de faire face à la plus grande offensive jamais menée pendant ce conflit.
Il est de retour ! Après le bide mondial (et justifié) d’Independence Day : Resurgence, le réalisateur, producteur et scénariste allemand Roland Emmerich (né en 1955) remet le couvert avec un nouveau blockbuster. Pas de fin du monde ou d’attaque alien cette fois, mais une invasion, celle des Japonais durant l’attaque de Pearl Harbor et la riposte américaine lors de la bataille de Midway. Cela faisait plus de vingt ans que le cinéaste voulait aborder cette histoire, qu’il avait d’ailleurs projetée de mettre en scène après Godzilla. Finalement, après le refus de Sony Pictures, Roland Emmerich s’était concentré sur un autre film de guerre, The Patriot avec Mel Gibson et Heath Ledger, avant de retourner aux récits apocalyptiques, Le Jour d’après – The Day after tomorrow (2004) et 2012 (2009). Depuis, le réalisateur a connu quelques sérieux revers de fortune avec Anonymous (2011) et Stonewall (2015), plus confidentiels certes, mais aussi avec White House Down (2013), coiffé au poteau par La Chute de la Maison-Blanche, et donc la suite tardive du hit Independence Day. Ayant dû essayer le refus des studios, Roland Emmerich produit Midway, le film qui lui tenait à coeur depuis de longues années. Alors oui, le bougre n’a rien perdu de son envie de livrer au public des grands spectacles bourrins et d’en mettre plein la vue aux spectateurs, mais Midway n’est rien d’autre qu’un best-of (ou un worst-of c’est selon) des films de guerre hollywoodiens des années 1990-2000, comme si Roland Emmerich s’était dit devant Pearl Harbor de Michael Bay « non, ce n’est pas comme ça que je l’aurais fait » et qu’il s’était décidé à donner sa version. Qui plus est, rien n’a changé dans sa mise en scène et l’on a souvent l’impression que le réalisateur a finalement échangé les vaisseaux aliens et les avions de chasse américains, contre des bombardiers. Toutefois, dire que l’on s’ennuie devant Midway serait mentir. Si les scènes de dialogues sont parfois longues, les séquences d’affrontements valent leur pesant de cacahuètes et de ce point de vue-là Roland Emmerich n’a pas perdu son efficacité.
CHE ! réalisé par Richard Fleischer, disponible en DVD et Blu-ray le 28 novembre 2019 chez BQHL Editions
Acteurs : Omar Sharif, Jack Palance, Cesare Danova, Robert Loggia, Woody Strode, Barbara Luna, Frank Silvera, Albert Paulsen…
Scénario : Sy Bartlett, David Karp, Michael Wilson
Photographie : Charles F. Wheeler
Musique : Lalo Schifrin
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
La vie d’Ernesto Guevara, dit le Che, révolutionnaire communiste qui fut un proche de Fidel Castro et qui voulut conduire la révolution en Amérique du Sud.
Ernesto Guevara, le Che, est mort depuis seulement deux ans quand débarque sur les écrans le film de Richard Fleischer consacré au révolutionnaire marxiste-léniniste et internationaliste, exécuté en octobre 1967 par l’armée bolivienne. Le cinéaste né en 1916 a déjà plus de 25 films derrière lui et se voit confier un budget confortable de près de dix millions de dollars par la Twentieth Century Fox. Durant les années 1960, Richard Fleischer sera passé du drame criminel (Drame dans un miroir) au film d’aventure (Le Grand risque), en passant par le péplum (Barabbas), la science-fiction (Le Voyage fantastique), la comédie-musicale (L’Extravagant docteur Dolittle) et le thriller (L’Etrangleur de Boston). Il clôt cette décennie avec ce film biographique, qui dresse un portrait ambigu du Che, à la fois idéaliste et humaniste, mais aussi redoutable guerrier. Che ! est à la fois un vrai drame intimiste centré sur un homme hors du commun, mais aussi un véritable film de guerre très violent, qui compte de nombreuses séquences d’assauts, de fusillades et d’affrontements, qui entraînent un nombre impressionnant de victimes. Des scènes sèches, brutales, sanglantes par moments. S’il est et demeure un Fleischer « mineur », d’ailleurs le film ne rentrera pas dans ses frais, Che ! démontre une fois de plus toute la virtuosité d’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma.
LE ROCHER DU DIABLE (Drums in the Deep South) réalisé par William Cameron Menzies, disponible en DVD le 3 décembre 2019 chez Artus Films
Acteurs : James Craig, Barbara Payton, Guy Madison, Barton MacLane, Robert Osterloh, Tom Fadden, Robert Easton, Louis Jean Heydt…
Scénario : Philip Yordan, Sidney Harmon, Hollister Noble
Photographie : Lionel Lindon
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 1951
LE FILM
Durant la Guerre de sécession, deux amis de promotion à West Point, les majors Clayburn et Denning, se retrouvent dans les camps opposés. Clayburn qui se bat pour le Sud prend possession d’un pic rocheux d’où ses hommes pourront stopper un train d’approvisionnement nordiste défendu par le major Denning. Jadis amoureuse des deux hommes, Kathie Summers va tenter d’éviter l’affrontement des deux ex-amis.
Voilà un petit western très intéressant. D’une part pour sa mise en scène élégante et inspirée, d’autre part pour son cadre étonnant, puisque l’action se déroule essentiellement au pied de la Devils Tower, monolithe naturel situé dans le Nord-Est du Wyoming aux Etats-Unis, rendu célèbre par Rencontres du troisième type de Steven Spielberg. Cette « tour du diable » de 386 mètres de haut est un personnage à part entière dans Le Rocher du diable – Drums in the Deep South, réalisé en 1951 par William Cameron Menzies (1896-1957). Une petite curiosité à laquelle les cinéphiles voudront bien accorder 80 minutes.
KHARTOUM réalisé par Basil Dearden, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD le 1er octobre 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Charlton Heston, Laurence Olivier, Richard Johnson, Ralph Richardson, Alexander Knox, Johnny Sekka, Michael Hordern, Zia Mohyeddin, Marne Maitland, Nigel Green, Hugh Williams…
Scénario : Robert Ardrey
Photographie : Edward Scaife
Musique : Frank Cordell
Durée : 2h10
Date de sortie initiale : 1966
LE FILM
En 1883, un régiment anglais de 10000 hommes est massacré dans le désert du Soudan par une armée de fanatiques conduite par un leader religieux, le Mahdi. A Londres, le Premier Ministre Gladstone décide d’envoyer au Soudan le général Gordon, un héros national. Celui-ci rejoint Khartoum où se trouvent encore 13000 militaires et civils anglais.
Si l’histoire du cinéma ne l’a pas retenu comme un chef d’oeuvre ou un indispensable du 7e art, Khartoum demeure pourtant un film très prisé par les cinéphiles et les amateurs de grandes fresques. D’ailleurs, il n’est pas exagéré de dire que le film réalisé par Basil Dearden (1911-1971) est peut-être l’un des plus impressionnants jamais projetés sur grand écran, et ce en raison de son tournage en 70mm Ultra Panavision, format exclusif et rare, jusque-là utilisé sur L’Arbre de vie d’Edward Dmytryk (1957), Ben-Hur de William Wyler (1959), Les Révoltés du Bounty de Lewis Milestone (1962), La Conquête de l’Ouest de John Ford, Henry Hathaway et George Marshall (1962), Un monde fou, fou, fou, fou de Stanley Kramer (1963), La Chute de l’empire romain d’Anthony Mann (1964), La Plus grande histoire jamais contée de George Stevens (1965), Sur la piste de la grande caravane de John Sturges (1965) et La Bataille des Ardennes de Ken Annakin (1965). Khartoum sera le dixième et le dernier film à bénéficier de ces prises de vues prestigieuses. Il faudra attendre Les Huit Salopards – The Hateful Eight de Quentin Tarantino (2015) pour qu’un réalisateur apprivoise de nouveau ce format gargantuesque. Si le 70mm Ultra Panavision convient évidemment à Khartoum pour ses scènes de batailles, le format isole également les personnages lors de leur confrontation, deux représentants, deux « icônes » semblables placées face à face, perdus dans l’immensité du désert, chacun porté par une mission, des idéaux. Si l’on excepte le grimage aujourd’hui plus amusant que déplacé de Laurence Olivier, Khartoum reste un immense divertissement, dépaysant, passionnant, excellemment écrit sur lequel trône l’impérial Charlton Heston.
GENGHIS KHAN réalisé par Henry Levin, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juillet 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Omar Sharif, Stephen Boyd, James Mason, Eli Wallach, Françoise Dorléac, Telly Savalas, Robert Morley, Michael Hordern, Yvonne Mitchell, Woody Strode…
Scénario : Clarke Reynolds, Beverley Cross
Photographie : Geoffrey Unsworth
Musique : Dusan Radic
Durée : 2h05
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Au XIII siècle en Mongolie, après l’exécution de son père par un chef de guerre rival, le jeune prince Temujin est réduit en esclavage. Il parvient à s’évader, bien décidé à se venger et à unir les tribus mongoles Sous le nom de Gengis Khan, il se lance dans la plus grande série de conquêtes de l’Histoire.
Genghis Khan, à ne pas confondre avec Dschinghis Khan, le groupe de musique pop allemand créé en 1979 pour participer au concours de l’Eurovision (Moskau Moskau…), est comme son titre l’indique une évocation cinématographique de la vie et des combats de Temujin, fondateur et premier empereur mongol sous le nom de Gengis Khan. Superproduction internationale produite par la Columbia, ce film d’aventures convoque un casting international mené par Omar Sharif qui sortait tout juste du tournage du Docteur Jivago de David Lean. Si les passionnés d’Histoire s’arracheront les cheveux quant aux libertés prises par les scénaristes, force est d’admettre que Genghis Khan demeure un très beau spectacle hollywoodien, rempli de couleurs, de costumes fabuleux, de décors grandioses et d’affrontements en tous genres.
DEUX SALOPARDS EN ENFER (Il Ditto nella piaga) réalisé par Tonino Ricci, disponible en DVD depuis le 2 juin 2015 chez Artus Films
Acteurs : Klaus Kinski, George Hilton, Ray Saunders, Betsy Bell, Lanfranco Cobianchi, Enrico Pagani…
Scénario : Tonino Ricci, Piero Regnoli
Photographie : Sandro Mancori
Musique : Riz Ortolani
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Italie. 1941. Condamnés à mort par la cour martiale, deux soldats américains, un blanc et un noir, sont miraculeusement sauvés grâce à l’irruption d’un commando de parachutistes allemands. Ayant également échappé au massacre, l’officier chargé de leur exécution doit s’unir à eux pour tenter de survivre. Les trois hommes trouvent refuge dans un village pittoresque. Ils vont alors organiser la défense des villageois face aux Nazis.
Dès la fin de la Deuxième
Guerre mondiale, le cinéma italien, à travers le néoréalisme,
exulte ses démons en produisant des films sur ce conflit. Une
quinzaine d’années plus tard, le cinéma Bis s’empare du genre
et exploite le filon, sous un angle de divertissement populaire. Tous
les artisans italiens se frottent au genre, relayant en cela le
western qui s’essouffle.
Et qu’est-ce que c’est bon ! Deux salopards en enfer – Il Dito nella piaga en version originale, est le premier long métrage réalisé par Tonino Ricci (1927-2014) dont les titres de films fleurent le bon le cinéma Bis : Storia di karatè, pugni e fagioli (1973), Robin, flèche et karaté (1976), Afghanistan Connection (1986).
LE TRAIN (The Train) réalisé par John Frankenheimer, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma et L’Atelier d’images
Acteurs : Burt Lancaster, Paul Scofield, Jeanne Moreau, Michel Simon, Suzanne Flon, Wolfgang Preiss, Albert Rémy, Jacques Marin…
Scénario : Franklin Coen, Frank Davis, Albert Husson d’après une histoire originale et le roman de Rose Valland « Le Front de l’art »
Photographie : Jean Tournier, Walter Wottitz
Musique : Maurice Jarre
Durée : 2h13
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
En 1944, le Colonel von Waldheim fait évacuer des tableaux de maîtres du Jeu de Paume pour les envoyer en Allemagne. Labiche, un cheminot résistant, est chargé de conduire le train transportant ces objets d’art.
« J’ai connu une fille qui avait posé pour Renoir…elle sentait encore la peinture… »
Le Train – The Train est la quatrième collaboration entre le cinéaste John Frankenheimer et le comédien Burt Lancaster. Sorti en 1964, ce film fait suite au Temps du châtiment – The Young Savages (1961), Le Prisonnier d’Alcatraz – Birdman of Alcatraz (1962) et Sept jours en mai – Seven Days in May (1964). Le Train est une superproduction au budget très confortable, intégralement tourné en France, avec un casting essentiellement européen et surtout hexagonal. Remarquable film de guerre, solidement mis en scène et porté par un casting éblouissant, Le Train aborde également un sujet fort, qui pose constamment la question « Une œuvre d’art vaut-elle le sacrifice d’une vie humaine ? ».
Août 1944, à quelques jours de la Libération de Paris. Les troupes alliées approchent de la capitale. Le colonel von Waldheim est chargé de faire main basse sur les tableaux exposés au musée du Jeu de Paume et de les acheminer vers l’Allemagne le plus rapidement possible. Mademoiselle Villard, la conservatrice du musée, contacte la Résistance et tente de persuader Paul Labiche, le responsable du réseau Est, d’arrêter le train transportant les toiles. Labiche ne cache pas ses réticences. Il n’a guère envie de risquer des vies pour quelques peintures, même célèbres. Finalement, après que le conducteur du train a été fusillé pour l’avoir saboté, la Résistance décide d’organiser rien moins que la disparition du convoi…
L’histoire du Train, qui a également inspiré celle du regrettable The Monuments Men de George Clooney, s’inspire d’un épisode réel de la Seconde Guerre mondiale, celui du déraillement du train d’Aulnay, survenu en août 1944, qui contenait des œuvres d’art de grande valeur. Suite au signalement de la célèbre Rose Valland (dont le livre Le Front de l’art : défense des collections françaises, 1939-1945 a servi de base), conservatrice au Musée de Jeu de Paume, cet acte de résistance avait interrompu le convoi de ce précieux train vers l’Allemagne. Plus de 60 000 œuvres d’art et objets divers spoliés par les nazis aux institutions publiques et aux familles juives pendant l’Occupation ont pu être récupérées et sauvées. Sur ce passionnant postulat de départ, le réalisateur John Frankenheimer, qui a remplacé au pied levé son confrère Arthur Penn suite à son renvoi par le producteur Burt Lancaster pour « divergences artistiques », signe un drame de guerre, qui concilie à la fois les scènes d’action ultra-spectaculaires avec quelques séquences de bombardements et de déraillements sensationnels, psychologie des personnages avec notamment celui campé par Burt Lancaster lui-même, parfait dans le rôle du français Labiche. Le britannique et shakespearien Paul Scofield campe un von Waldheim trouble et ambigu, un homme de goût, sans jamais tomber dans le cliché du soldats allemand machiavélique, qui parvient même à tromper ses supérieurs qui jugent le chargement du train peu essentiel en cette période de déroute.
Très attaché à ces œuvres, jugées dégénérées par le IIIe Reich, von Waldheim décide d’agir essentiellement pour lui et espère revenir au bercail avec les œuvres de Gauguin, Renoir, Picasso, Degas, Cézanne, Matisse, Braque, Utrillo, Manet, Miro…C’était sans compter sur le dénommé Labiche, qui, avec l’aide de ses camarades cheminots résistants, vont tenter de le stopper avant qu’il ne parvienne à la frontière.
A l’instar de Buster Keaton avec Le Mécano de la Générale, John Frankenheimer décide de jouer au petit train, mais grandeur nature, en sublimant les locomotives. Disposant de moyens considérables, certaines séquences sont filmées avec près de dix caméras, surtout sur celles de déraillements ou de raids aériens (celui du bombardement de la gare de triage de Vaires-sur-Marne n’a rien à envier à un film contemporain), Le Train souffre peut-être aujourd’hui d’un rythme assez lent, mais n’ennuie jamais. Le récit demeure excellemment conduit, on jubile de voir Burt Lancaster donner la réplique à Michel Simon (pour qui il avait une vraie fascination), Albert Rémy, Jacques Marin, Suzanne Flon, Jeanne Moreau, et la beauté plastique du film (photographie de Jean Tournier) subjugue à chaque plan.
Alors que le tournage devait s’étendre sur trois mois, John Frankenheimer restera finalement un an en France pour les prises de vue du Train. Cascades, aventures (toute la partie du train dérouté grâce au maquillage des plaques de gare est particulièrement jubilatoire), suspense (avec une économie de dialogues et de musique, pourtant composée par Maurice Jarre), émotions, action, tout y est et Le Train reste une valeur sûre, un divertissement haut de gamme, immersif, moderne et souvent virtuose, doublé d’un superbe hommage – comme un carton d’introduction l’indique – aux cheminots français d’hier et d’aujourd’hui.
LE DIGIBOOK
Le Train est le premier film américain édité par Coin de Mire Cinéma en partenariat avec L’Atelier d’images. Coffret Digibook prestige numéroté et limité à 3.000 exemplaires, au format 142 x 194 mm, comprenant un Blu-ray et un DVD, un livret 24 pages cousu au boîtier, reproduisant des archives sur le film (dont un extrait de la revue Historail), la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé au format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés. Sans oublier la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.
En cette 39e semaine de l’année 1964, voici notre bulletin d’informations (9’) : Une bombe datant de la dernière guerre, étonne les passants dans les rues de Varsovie, le comédien Guy Grosso participe au Prix de l’Arc de Triomphe, Françoise Giroud présente la nouvelle formule de L’Express, le général de Gaulle démarre son marathon présidentiel en Amérique du sud, le roi Constantin II de Grèce épouse la princesse Anne-Marie de Danemark en la cathédrale d’Athènes, tandis que l’on rend hommage à Pierre de Coubertin.
Caramels d’Isigny ! Nougats Coupo Santo ! Cigarettes « Française » ! Faites-vous plaisir avant la séance ! Les réclames de l’année 1964 (5’) s’enchaînent, comme également celle pour le nouveau frigo mural de chez Frigéco (125 litres) !
Attention, nous trouvons également un making of du film ! Ces images exceptionnelles réalisées par le service cinéma de la SNCF, montrent Michel Simon (dont les propos servent de fil conducteur au reportage) monter dans un train affrété pour la presse, afin de se rendre sur les lieux du tournage. Les images sont en couleur et dévoilent l’envers du décor avec Burt Lancaster sur le plateau, les techniciens qui préparent les collisions et surtout l’explosion de la gare de triage qui aura nécessité quatre mois pour installer deux tonnes de dynamite. Un document exceptionnel (10’).
Last but not least, le
commentaire audio (VOSTF) de John Frankenheimer est également au
programme, même s’il n’est pas indiqué sur la jaquette. Les
propos sont certes souvent espacés par de très longs silences, mais
les quelques anecdotes glanées ici et là valent le coup. Le
cinéaste explique d’ailleurs être tombé amoureux de la France,
il s’est d’ailleurs marié le premier jour du tournage, et cette
aventure qui aura duré une année lui aura finalement donné l’envie
de s’installer dans nos contrées où il restera sept ans. Il donne
également quelques éléments sur la photographie et ses intentions,
les partis pris (éclairer les tableaux comme des acteurs en début
de film, le choix du N&B), les comédiens (« le visage de
Michel Simon attirait ma caméra »), les conditions de tournage
(en plein hiver alors que le film est supposé se dérouler au mois
d’août) et sa quatrième collaboration avec Burt Lancaster dont il
n’a de cesse de louer le talent et son investissement dans les
scènes d’action.
L’interactivité se clôt
sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Le Train a bénéficié d’une restauration HD à partir du négatif original. Ce n’est pas parfait. Subsistent quelques pétouilles, points noirs et blancs, tâches et même des rayures verticales à l’instar de la séquence où Burt Lancaster s’enfuit par la fenêtre de sa chambre. La texture argentique est préservée, mais la gestion du grain est curieusement aléatoire, plus appuyé ici, lissé par là, parfois même sur un champ-contrechamp. Notons également de sensibles fourmillements et des scènes plus émaillées de scories. Hormis cela, les détails impressionnent sur les gros plans avec les visages en sueur et noirs de suie des comédiens (voire la tronche de Michel Simon), tandis que la composition de chaque cadre permet enfin d’apprécier les partis pris de John Frankenheimer et du chef opérateur Jean Tournier (futur directeur de la photographie de Moonraker, Chacal), qui ne pourra terminer le film et qui sera remplacé par Walter Wottitz, qui lui-même calquera son travail sur celui de prédécesseur. Les contrastes savent rester fermes, les noirs sont très beaux et la palette de gris suffisamment riche.
La version originale fait parler tous les protagonistes en langue anglaise, alors qu’en français, les allemands parlent entre eux dans la langue de Goethe. La première option délivre des dialogues plus pincés, mais prend le dessus sur son homologue au niveau des scènes d’action et des bombardements. Dans les deux cas, les pistes DTS-HD Master Audio Mono font ce qu’elles peuvent et parviennent à instaurer un certain confort acoustique, même si encore une fois, du point de vue homogénéité des effets (à l’instar des sifflets de train) et des voix, la piste anglaise prend l’avantage. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.