Test Blu-ray / Midway, réalisé par Roland Emmerich

MIDWAY réalisé par Roland Emmerich, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 6 mars 2020 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Ed Skrein, Patrick Wilson, Luke Evans, Aaron Eckhart, Woody Harrelson, Nick Jonas, Mandy Moore, Dennis Quaid, Luke Kleintank, Keean Johnson…

Scénario : Wes Tooke

Photographie : Robby Baumgartner

Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker

Durée : 2h18

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Après la débâcle de Pearl Harbor qui a laissé la flotte américaine dévastée, la marine impériale japonaise prépare une nouvelle attaque qui devrait éliminer définitivement les forces aéronavales restantes de son adversaire. La campagne du Pacifique va se jouer dans un petit atoll isolé du Pacifique nord : Midway. L’amiral Nimitz, à la tête de la flotte américaine, voit cette bataille comme l’ultime chance de renverser la supériorité japonaise. Une course contre-la-montre s’engage alors pour Edwin Layton qui doit percer les codes secrets de la flotte japonaise et, grâce aux renseignements, permettre aux pilotes de l’aviation américaine de faire face à la plus grande offensive jamais menée pendant ce conflit.

Il est de retour ! Après le bide mondial (et justifié) d’Independence Day : Resurgence, le réalisateur, producteur et scénariste allemand Roland Emmerich (né en 1955) remet le couvert avec un nouveau blockbuster. Pas de fin du monde ou d’attaque alien cette fois, mais une invasion, celle des Japonais durant l’attaque de Pearl Harbor et la riposte américaine lors de la bataille de Midway. Cela faisait plus de vingt ans que le cinéaste voulait aborder cette histoire, qu’il avait d’ailleurs projetée de mettre en scène après Godzilla. Finalement, après le refus de Sony Pictures, Roland Emmerich s’était concentré sur un autre film de guerre, The Patriot avec Mel Gibson et Heath Ledger, avant de retourner aux récits apocalyptiques, Le Jour d’aprèsThe Day after tomorrow (2004) et 2012 (2009). Depuis, le réalisateur a connu quelques sérieux revers de fortune avec Anonymous (2011) et Stonewall (2015), plus confidentiels certes, mais aussi avec White House Down (2013), coiffé au poteau par La Chute de la Maison-Blanche, et donc la suite tardive du hit Independence Day. Ayant dû essayer le refus des studios, Roland Emmerich produit Midway, le film qui lui tenait à coeur depuis de longues années. Alors oui, le bougre n’a rien perdu de son envie de livrer au public des grands spectacles bourrins et d’en mettre plein la vue aux spectateurs, mais Midway n’est rien d’autre qu’un best-of (ou un worst-of c’est selon) des films de guerre hollywoodiens des années 1990-2000, comme si Roland Emmerich s’était dit devant Pearl Harbor de Michael Bay « non, ce n’est pas comme ça que je l’aurais fait » et qu’il s’était décidé à donner sa version. Qui plus est, rien n’a changé dans sa mise en scène et l’on a souvent l’impression que le réalisateur a finalement échangé les vaisseaux aliens et les avions de chasse américains, contre des bombardiers. Toutefois, dire que l’on s’ennuie devant Midway serait mentir. Si les scènes de dialogues sont parfois longues, les séquences d’affrontements valent leur pesant de cacahuètes et de ce point de vue-là Roland Emmerich n’a pas perdu son efficacité.

Le film relate les six premiers mois de la guerre du Pacifique entre le Japon et les États-Unis. Il se focalise du côté Américain autour des pilotes du porte-avion USS Enterprise et de l’officier de renseignement Edwin T. Layton (Patrick Wilson). En prologue celui-ci, attaché naval à Tokyo, rencontre en 1937 l’amiral Yamamoto (Etsushi Toyokawa), qui lui demande de faire savoir à Washington qu’il existe un parti qui ne veut pas la guerre, ayant lui-même conscience de la supériorité à long terme des États-Unis. Mais il serait contraint à l’affrontement si les États-Unis ne permettaient plus au Japon de recevoir le pétrole dont il dépend. Le film montre l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le raid sur les îles Marshall du 1er février 1942, le raid de Doolittle sur le Japon le 18 avril 1942 et son arrivée en Chine, les lendemains de la bataille de la mer de Corail en mai 1942 et les préparatifs de la bataille de Midway. Le 4 juin 1942, la grande bataille aéronavale commence par un bombardement japonais des Îles Midway sous l’oeil de John Ford.

Un jeu vidéo à cent millions de dollars ! C’est ce à quoi fait penser Midway tout du long avec ses green screen apparents, ses images de synthèse omniprésentes et visibles comme le nez au milieu de la figure, ses décors approximatifs. On aurait pu ajouter aussi ses acteurs en carton-pâte. Cela n’a jamais été le fort de Roland Emmerich. Même si l’affiche est alléchante avec Woody Harrelson dans la peau de l’amiral Nimitz, Luke Evans, Patrick Wilson, Aaron Eckhart et Dennis Quaid, ceux-ci font la grimace tout du long – en même temps l’histoire prête peu à rire – et se contentent de réciter leurs dialogues, les yeux pincés, entre deux scènes de batailles. En fait, le rôle principal est confié à Ed Skrein, Daario Naharis de la saison 3 de Game of Trones, qui peine à s’élever au niveau du cabotinage de ses aînés, surtout que sa ressemblance avec Stromae n’arrange rien et amuse plutôt la galerie. Non, en fait la véritable star de Midway, c’est Roland Emmerich lui-même et son nouveau joujou numérique.

S’il ne fait pas des étincelles au niveau de sa direction d’acteurs, le réalisateur en fait avec ses objets volants pour une fois identifiés et ses porte-avions, à tel point qu’il en remplit l’image à plusieurs reprises. Dans les dix premières minutes, Roland Emmerich ne s’encombre pas d’une longue exposition et nous ressert une fois de plus la bataille de Pearl Harbor, avec moins de moyens et surtout moins de « virtuosité » que Michael Bay. Ça fonctionne grâce aux explosions généreuses, même si numériques. Puis, comme dans Pearl Harbor, le cinéaste nous refait le raid de Doolittle. Rien de nouveau, mais Roland Emmerich gagne quelques nombreuses minutes, au cas où son film n’aurait pas duré assez longtemps. Après avoir présenté rapidement les protagonistes de l’histoire et de l’Histoire, le maître de cérémonie peut enfin se lâcher dans la grande bataille qui donne son titre au film et qui avait déjà fait l’oeuvre d’un film documentaire mis en scène par John Ford, alors présent sur l’île, tournage par ailleurs reconstitué dans Midway. Le film d’une durée de dix-huit minutes avait reçu l’Oscar du meilleur film documentaire en 1943. En 1976, Jack Smight avait livré sa version sur cet épisode de la Seconde Guerre mondiale dans La Bataille de Midway, avec pour acteurs principaux Charlton Heston, Henry Fonda et James Coburn.

Roland Emmerich souhaite mettre ce récit au goût du jour, avec les moyens techniques illimités (ou presque) mis à sa disposition. Du point de vue réalisme, on repassera, même s’il s’agissait du souhait principal du cinéaste. Le tout numérique rend l’ensemble complètement artificiel, pour ne pas dire superficiel. Il est loin le temps où Richard Fleischer, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda s’unissaient derrière la caméra pour porter à l’écran l’attaque Japonaise sur Pearl Harbor, en montrant déjà dans Tora ! Tora ! Tora ! (1970) les deux côtés de la bataille, comme le fera plus tard Clint Eastwood dans son diptyque Mémoires de nos pères / Lettres d’Iwo Jima (Roland Emmerich n’innove en rien encore une fois), avec l’aide de maquettes et surtout le concours de l’armée et de la marine. Si Midway peut faire connaître cet épisode de la guerre du Pacifique aux plus jeunes tant mieux, pour les autres le divertissement est sans doute réussi, mais en ce qui concerne la subtilité, l’émotion et la réflexion…

Si le film a été assez bien accueilli en France, Midway s’est soldé par un échec au box-office en ne rapportant que 125 millions de dollars à travers le monde. Ce ne sera donc pas avec ce film que Roland Emmerich redorera son blason. En attendant son prochain mastodonte, Moonfall.

LE BLU-RAY

Distribué par Lionsgate, Midway arrive tout naturellement dans la besace de Metropolitan Vidéo en DVD, Blu-ray (y compris en Steelbook), 4K UHD et Édition Limitée SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray. Le menu principal est animé et musical.

Les plus anglophones d’entre vous, puisque non sous-titré, se délecteront du commentaire audio de Roland Emmerich, qui de son gros accent teuton, revient sur tous les aspects de son dernier long métrage.

On passe au making of promotionnel (14’), composé d’inévitables images de tournage et d’interviews de l’équipe, à savoir le réalisateur Roland Emmerich, le scénariste Wes Tooke, les producteurs et les comédiens. Chacun revient sur le désir de respecter les faits tels qu’ils se sont déroulés, avec réalisme. Gloups. On ne peut échapper au concours de louanges avec un tel est formidable, un tel sent bon, un tel est sublime, mais c’est plutôt sympa à regarder.

S’ensuit un gros plan sur le casting (12’30) avec les mêmes intervenants que dans le module précédent.

Puis, on passe à une nouvelle compilation de superlatifs et de compliments destinés à Roland Emmerich (5’) de la part de l’équipe du film. Le réalisateur revient une fois de plus sur les conditions de production et de tournage.

Les trois derniers bonus, L’Héritage de la bataille (15’), Décrypter les messages codés (6’) et Deux survivants se souviennent (9’30) se concentrent sur les épisodes historiques de la bataille de Midway reconstitués dans le film de Roland Emmerich. Certains experts et historiens, mais aussi les deux derniers vétérans, sont de sortie et abordent point par point les grandes heures de Pearl Harbor et de la riposte américaine.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle quasi-exemplaire. Le label « Qualité Metropolitan » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Midway. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes sont d’une densité rarement démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains panoramas (en CGI) sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette indispensable élévation en Haute définition. Les visages peuvent être analysés sous tous les angles (y compris la moumoute de Woody Harrelson), les ombres et les lumières s’accordent parfaitement, le tout ayant été entièrement repris au niveau de l’étalonnage. La clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ et le (faux) grain (ajouté en post-production), le piqué est affûté et les partis pris esthétiques spécifiques restitués avec des couleurs époustouflantes. En dépit de quelques fléchissements et des images numériques médiocres qui tendent à ressortir (très souvent même), ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Roland Emmerich.

Nous sommes ici en plein film d’auteur intimiste et…oh pardon…Attention les oreilles ! Midway va mettre à mal votre installation ainsi que vos murs, votre sol et vos rapports avec vos voisins. Dès que l’assaut des Japonais est lancé sur Pearl Harbor à la dixième minute, rien ne s’arrête plus, ou presque, jusqu’au générique de fin. Les explosions, déflagrations, crépitations, désintégrations et d’autres mots en « tions » sont ardemment réparties sur toutes les enceintes grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 7.1 anglais et français (pas de Dolby Atmos pour le coup), avec un net avantage pour la langue de Shakespeare. La musique patriotique vous arrachera bien quelques larmes (ça pique pas mal), l’ensemble est fracassant et le caisson de basses se déplace tout seul sur le parquet. L’éditeur joint également les sous-titres destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport/ Lionsgate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Une réflexion sur « Test Blu-ray / Midway, réalisé par Roland Emmerich »

  1. bravo , pour votre analyse technique de ce film
    car vous êtes le seul a souligner ce détail :
     » le (faux) grain (ajouté en post-production), le piqué est affûté et les partis pris esthétiques spécifiques restitués avec des couleurs époustouflantes. En dépit de quelques fléchissements et des images numériques médiocres qui tendent à ressortir (très souvent même)  »
    et ce rien de le dire , on ne voit que cela , si sur une télé cela se voit beaucoup moins , sur une toile de cinéma , c’est une catastrophe

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