Test Blu-ray / Le Roi de Paris, réalisé par Dominique Maillet

LE ROI DE PARIS réalisé par Dominique Maillet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Philippe Noiret, Veronika Varga, Jacques Roman, Manuel Blanc, Michel Aumont, Paulette Dubost, Corinne Cléry, Ronny Coutteure…

Scénario : Jacques Fieschi, Jérôme Tonnerre, Bernard Minoret & Dominique Maillet

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Quentin Damamme

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Le Roi de Paris, en cette saison théâtrale 1930, c’est Victor Derval, le grand acteur. Il vit avec sa cour : le directeur du théâtre de la Grande Comédie, sa fidèle habilleuse, un marquis déchu et son ancienne maîtresse et partenaire de scène.

Le 11 janvier 1995, alors que le Frankenstein de Kenneth Branagh, le génial Coups de feu sur Broadway de Woody Allen et Le Péril jeune de Cédric Klapisch se disputent le box-office, un film, sorti en catimini, sans annonce ni publicité, ramasse les miettes en fin de classement. Il s’agit du Roi de Paris, le premier long-métrage réalisé par le critique de cinéma Dominique Maillet, intervenant dans Cinématographe et La Revue du cinéma, interprété par l’exceptionnel, le géant, le monstre Philippe Noiret. Les deux hommes avaient précédemment collaboré pour un livre (Philippe Noiret, Henri Veyrier) consacré au comédien, à sa vie, à sa carrière, cinq années auparavant. Devenus amis et désirant se retrouver pour un projet commun, ils s’associent cette fois au cinéma. S’il avait signé quelques courts métrages, dont Victor (1981), avec Gérard Lanvin et Jean Bouise, et Femme fidèle (1986) avec Marie Trintignant et Jean-Pierre Kalfon, Dominique Maillet passe la vitesse supérieure avec Le Roi de Paris, qu’il coécrit avec l’imminent Jacques Fieschi (Police de Maurice Pialat, Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver de Claude Sautet, Les Nuits fauves de Cyril Collard, Le Fils préféré de Nicole Garcia), Bernard Minaret et Jérôme Tonnerre (Vive la vie, Partir, revenir, Un homme et une femme : Vingt ans déjà de Claude Lelouch, Chouans ! de Philippe de Broca, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d’Yves Robert). Vibrant hommage au talent, au charisme, à l’aura, à l’élégance, à la gouaille, à la personnalité de Philippe Noiret, pour qui le rôle a évidemment été taillé sur mesure, Le Roi de Paris se double également du témoignage d’un passionné de cinéma, en adoration certes devant son acteur, mais aussi plus généralement pour le septième art, pour le théâtre, pour ces hommes et ces femmes qui nous transportent dans un autre monde, dans lequel eux-mêmes ne savent plus très bien où s’arrête la fiction et où reprend la réalité. Une frontière poreuse, friable, représentée par un fil sensible sur lequel les comédiens semblent marcher comme des funambules, parfois pour le meilleur puisque cela nourrit constamment leur jeu, mais aussi souvent pour le pire quand cela nuit à leur vie personnelle. Alors qu’il amorçait l’automne de sa vie, Philippe Noiret, qui allait avoir 65 ans, livre ici une prestation dantesque, bouffant chaque scène comme un ogre, tout en laissant une place de choix à ses jeunes partenaires, notamment la lumineuse Veronika Varga, superbe révélation que l’échec commercial cuisant du film (alors considéré comme maudit) n’a malheureusement pas aidé pour faire décoller sa carrière par la suite. Elle y est pourtant somptueuse face à son imposant partenaire. Le Roi de Paris est une très belle découverte, très largement conseillée aux amoureux du cinéma.

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Test Blu-ray / Fatale, réalisé par Louis Malle

FATALE (Damage) réalisé par Louis Malle, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jeremy Irons, Juliette Binoche, Leslie Caron, Miranda Richardson, Rupert Graves, Ian Bannen, Peter Stormare, Julian Fellowes, David Thewlis…

Scénario : David Hare, d’après le roman de Josephine Hart

Photographie : Peter Biziou

Musique : Zbigniew Preisner

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, amie de son fils, au cours d’une réception à l’ambassade de France…

On a souvent tendance à penser que Fatale Damage, est le dernier long-métrage de Louis Malle (1932-1995), ce qui est faux. Il s’agit de l’avant-dernier film du réalisateur, qui devait terminer sa carrière deux ans plus tard avec Vanya, 42e Rue Vanya on 42nd Street, interprété par Julianne Moore, qui s’avérait en réalité une représentation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov, se déroulant dans un théâtre abandonné. Mais pour l’heure, Fatale est sans doute l’ultime grande œuvre du cinéaste, porté par un couple magnifique, Jeremy Irons et Juliette Binoche, investis corps et âme dans cette histoire que beaucoup jugeront immorale, mais qui ne laisse et ne laissera jamais les spectateurs indifférents. Au-delà de l’adultère dévastateur, Louis Malle se penche sur l’évidence entre deux êtres, sur la passion qui les consume, sans chercher à savoir ou même à comprendre ce qui l’anime. Sa caméra semble scruter l’indicible, s’attarde sur les regards, sur le temps qui s’étire (ou qui s’accélère, c’est selon le point de vue) quand deux êtres faits l’un pour l’autre se rencontrent, puis se percutent. Une certitude qu’eux-mêmes sont incapables d’expliquer et de concevoir, pour finalement se laisser porter par leurs sentiments. L’apparence tout d’abord quelque peu austère liée au personnage de Fleming, s’effrite dès le premier regard avec Anna, avant que le couple ne s’enflamme. Drame érotique, pulsionnel, encore plus que passionnel, Fatale est le vrai film-testament de Louis Malle.

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Test DVD / La Femme au gardénia, réalisé par Fritz Lang

LA FEMME AU GARDÉNIA (The Blue Gardenia), disponible depuis le 12 décembre 2006 en DVD chez Films sans Frontières.

Acteurs : Anne Baxter, Richard Conte, Ann Sothern, Raymond Burr, Nat « King » Cole, Jeff Donnell, Richard Erdman, George Reeves…

Scénario : Charles Hoffman, d’après une histoire originale de Vera Caspary

Photographie : Nicholas Musuraca

Musique : Raoul Kraushaar

Durée : 1h26

Année de sortie : 1953

LE FILM

Après un rendez-vous galant au cabaret le Gardénia Bleu, Norah Larkin suit son séducteur qui tente d’abuser d’elle. La jeune femme, pour se défendre, le frappe avec un tisonnier. Le lendemain, elle apprend dans la presse que son amant est mort. Casey Mayo, un célèbre chroniqueur, lui propose par voie de presse de l’aider à se défendre.

« C’est une vision particulièrement perfide de la vie américaine. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce fut mon premier film de l’après Mc Carthy et que j’ai dû le tourner en vingt jours. C’est sans doute ce qui m’a rendu si venimeux » Fritz Lang à propos de La Femme au gardénia. Pourtant, The Blue Gardenia démarre comme presque comme une comédie légère avec l’exposition des trois protagonistes principaux, Norah Larkin (Anne Baxter), Casey Mayo (Richard Conte) et Harry Prebble (Raymond Burr). Puis Fritz Lang se focalise plus précisément sur la jeune femme, que l’on découvre chez elle en compagnie de deux amies colocataires. Norah se prépare à dîner aux chandelles avec le portrait de son amoureux posé sur la table, qui ne peut être présent physiquement, car mobilisé en Corée. Résolue à l’attendre, elle vit ainsi au jour le jour, en espérant que l’homme qu’elle aime revienne au bercail le plus tôt possible. Mais une lettre lui informe qu’il ne reviendra pas vers elle, car il vient de rencontrer une infirmière, qu’il souhaite épouser. Folle de chagrin, elle décide de passer la soirée avec Prebble, un homme à femmes, avec lequel elle décide de se lâcher. La soirée est très alcoolisée et au moment où Norah se refuse finalement à lui, Prebble devient violent…Le cinéaste fait monter la tension, tout en dressant le portrait de cette standardiste anonyme, qui se retrouve dans une situation extraordinaire, où elle devient la première suspecte dans une affaire de meurtre. Si La Femme au gardénia est et restera un film mineur de Fritz Lang, ce long-métrage réalisé entre Le Démon s’éveille la nuit Clash by Night et Règlement de comptes The Big Heat, n’en demeure pas moins excellent, aussi bien sur la forme que sur le fond. Inspirée par une histoire de Vera Caspary (l’autrice de Laura, adapté en 1944 par Otto Preminger), voici une bonne et néanmoins méconnue leçon de mise en scène et de montage, doublée d’une très solide direction d’acteurs, par l’un des plus grands maîtres de l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Assa, réalisé par Sergueï Soloviov

ASSA (Acca) réalisé par Sergueï Soloviov, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 mai 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Stanislav Govoroukhine, Tatiana Droubitch, Sergueï Bougaïev, Dmitri Chouminov, Alexandre Bachirov, Anatoli Slivnikov, Kirill Kozakov, Aleksander Domogarov, Dmitri Dolinine, Viktor Tsoi…

Scénario : Sergueï Soloviov & Sergueï Livnev

Photographie : Pavel Lebechev

Musique : Boris Grebenchtchikov

Durée : 2h30

Année de sortie : 1987

LE FILM

L’infirmière Alika arrive en hiver à Yalta avec son amant, le mafieux Krymov, mais s’éprend du pauvre musicien Bananan, qui, de jour, travaille comme gardien et de nuit, comme chanteur dans un restaurant. Krymov, fou de jalousie, ordonne de poignarder Bananan.

Un an avant L’Aiguille Igla réalisé par Rachid Nougmanov, évènement et phénomène qui attirera trente millions de spectateurs en URSS à sa sortie en février 1989, sortait sur les écrans le tout aussi important Assa, ou Acca en version originale, film russe mis en scène par Sergueï Soloviov (né en 1944), qui allait accompagner et représenter la fin de l’ère soviétique. Comme L’Aiguille, Assa a été tourné en pleine perestroïka et a su immédiatement toucher le coeur des jeunes soviétiques, même si le film de Rachid Nougmanov bénéficiera de l’interprétation principale du rockeur Viktor Tsoi, de tous les plans, représentant d’une génération en pleine ébullition. Ce dernier apparaît bel et bien dans Assa, mais à la toute fin, créant ainsi une passerelle entre les deux œuvres indéniablement liées, en scandant « Du changement ! Nous attendons du changement ! ». A la limite de l’expérimental, imprégné d’un spleen contagieux et une violence sous-jacente que l’on sent prête à exploser à n’importe quel moment, Assa mérite d’être découvert dans nos contrées.

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Test DVD / La Reine des cartes, réalisé par Thorold Dickinson

LA REINE DES CARTES (The Queen of Spades) réalisé par Thorold Dickinson, disponible en DVD le 31 mai 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Anton Walbrook, Edith Evans, Yvonne Mitchell, Ronald Howard, Mary Jerrold, Anthony Dawson, Miles Malleson, Michael Medwin…

Scénario : Rodney Ackland & Arthur Boys, d’après la nouvelle d’Alexandre Pouchkine, La Dame de Pique

Photographie : Otto Heller

Musique : Georges Auric

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Au XIXème siècle, à Saint-Pétersbourg, une vieille comtesse vend son âme au diable en échange du pouvoir de gagner aux cartes. Un officier cupide et féru de jeu cherche à connaître son secret, quitte à courir de grands dangers.

Si le nom de Thorold Dickinson (1903-1984) vous est inconnu, sachez tout d’abord que nous sommes déçus, car nous vous en avions parlé il y a un an à l’occasion de la sortie en DVD de Secret People (1952), dans lequel Audrey Hepburn trouvait l’un de ses premiers rôles au cinéma, et que cela veut dire que vous êtes passés à côté de notre article. Deuxièmement, sachez que Martin Scorsese le considère comme étant « certainement un des metteurs en scène les plus ambitieux et les plus talentueux de son temps ». Nous avions déjà été dithyrambiques sur Secret People, nous le serons probablement encore plus avec La Reine des cartes The Queen of Spades, merveilleux drame teinté de fantastique, qui foudroie autant par sa beauté plastique, que par la richesse des thèmes que le film aborde. Sorti en 1949, La Reine des cartes est un chef d’oeuvre absolu sur le désir, la soif de sexe, d’argent et de pouvoir, qui prend pour protagoniste Herman, un homme d’âge mûr, à qui la vie n’a vraisemblablement pas fait de cadeau, un officier de la garde, seul, sans femme ni enfant, sans moyens financiers non plus, qui passe son temps dans quelques bars miteux où ses jeunes camarades tapent le carton, tout en se délectant des danses lascives des tziganes et en buvant vodka sur vodka. Souvent humilié, Herman reste toujours en retrait. Jusqu’au jour où il entend parler de la légende de Saint-Pétersbourg, une superstition liée à la Dame de pique, réputée maléfique et qui porte malheur au cours d’un jeu de cartes alors en vogue, le faro. Connaître le secret des cartes, pourrait bien changer l’existence d’Herman, prêt à tout, même à vendre son âme au diable, pour découvrir cette énigme. Passionnant, sublime, sans cesse étonnant, The Queen of Spades démontre une fois de plus toute l’étendue du talent de Thorold Dickinson, dont la carrière devrait connaître, on en est persuadé, un véritable regain d’intérêt auprès des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Resurrection, réalisé par Daniel Petrie

RESURRECTION réalisé par Daniel Petrie, disponible en Blu-ray depuis le 25 mai 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Ellen Burstyn, Sam Shepard, Pamela Payton-Wright, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David, Madeleine Sherwood, Eva Le Gallienne, etc.

Scénario : Lewis John Carlino

Photographie : Mario Tosi

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h43

Date de sortie initiale: 1980

LE FILM

Après un accident de voiture et la mort de son mari, Edna se découvre des pouvoirs paranormaux de guérison. De retour dans sa petite ville de naissance, elle met son don au service de la communauté, ce qui attire l’attention et la colère de l’église. Edna va tenter de faire entendre sa voix, entre la circonspection des psychologues et la pression des bigots, qui voient en elle une incarnation du diable.

Daniel Petrie (1920-2004) est un réalisateur qui a commencé sa carrière à la télévision à la fin des années 1940. Même s’il a principalement travaillé pour le petit écran, il a signé plusieurs films pour le cinéma, principalement des drames. Nous lui devons entre autres Un raisin au soleilA Raisin in the Sun, avec Sidney Poitier, Odyssée sous la merThe Neptune Factor, Le PolicemanFort Apache, The Bronx avec Paul Newman ou encore Rocket Gibraltar avec Burt Lancaster. En 1980, il réalise Resurrection, un film fantastique avec Ellen Burstyn et Sam Shepard, genre qu’il retrouvera huit ans plus tard avec Cocoon, le retour. Resurrection commence par un étrange générique avec une main en gros plan plongée dans le noir et avec des lumières colorées qui se reflètent dessus. Celui-ci représente bien le ton énigmatique du long-métrage. Nous suivons la vie sereine d’un couple, Edna et son mari. Ils passent tous les deux des vacances près de la mer, ils sont amoureux. Mais un jour, Edna décide d’offrir à son époux la voiture de ses rêves. Fou de joie, il emmène Edna sur les routes. Mais afin d’éviter de percuter un enfant sur son skate, la voiture tombe d’une falaise, un accident superbement filmé.

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Test Blu-ray / L’Empire du Grec, réalisé par J. Lee Thompson

L’EMPIRE DU GREC (The Greek Tycoon) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD, Blu-ray et combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Anthony Quinn, Jacqueline Bisset, James Franciscus, Edward Albert, Camilla Sparv, Marilu Tolo, Charles Durning, Luciana Paluzzi…

Scénario : Nico Mastorakis, Win Wells et Morton S. Fine

Photographie : Anthony Richmond

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1978

LE FILM

Theo Tomasis est un des hommes les plus riches et courtisés du monde. Au cours d’une réception organisée par sa femme Simi, il fait la connaissance du sénateur Cassidy mais surtout de son épouse Liz, qui a des envies d’ailleurs. Theo est sous le charme, mais entretient déjà une liaison avec une autre femme, Sophie…

Le réalisateur J. Lee Thompson (1914-2002) a une carrière cinématographique qui s’étend sur quatre décennies, des années 1950 aux années 1980. Il est connu du grand public pour le film de guerre Les Canons de NavaroneThe Guns of Navarone (1961) réunissant Gregory Peck, David Niven et Anthony Quinn, ainsi que pour le thriller Les Nerfs à vifCape Fear (1962) avec Gregory Peck et Robert Mitchum. Dans les années 1970, il développe une solide collaboration avec Charles Bronson avec lequel il tourne pas moins de neuf films, dont La Loi de Murphy et Le Justicier de minuit. En 1978, il réalise L’Empire du GrecThe Greek Tycoon, avec en vedettes Anthony Quinn et Jacqueline Bisset. Ce film s’inspire de l’histoire d’amour entre le célèbre armateur grec Aristote Onassis et la Première dame des États-Unis Jacqueline Kennedy. Les noms ont été modifiés par les scénaristes, mais ressemblent étrangement aux originaux, ici Theo Tomasis et Liz Cassidy. Le film ne cache pas son inspiration et cherche à mettre en images explicitement la véritable histoire. Le générique est solaire, montrant des paysages magnifiques de la Grèce, vus d’un hélicoptère. De retour chez lui après un moment d’absence, Theo Thomasis est accueilli par une gigantesque réception. Il habite dans une luxueuse villa avec une vue sur la mer. Grâce à son métier d’armateur et à son caractère intrépide en affaires, il est l’un des hommes les plus riches du monde.

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Test Blu-ray / Frances, réalisé par Graeme Clifford

FRANCES réalisé par Graeme Clifford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 28 avril 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jessica Lange, Sam Shepard, Kim Stanley, Bart Burns, Christopher Pennock, James Karen, Gerald S. O’Loughlin, Sarah Cunningham…

Scénario : Eric Bergren, Christopher De Vore & Nicholas Kazan

Photographie : László Kovács

Musique : John Barry

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

À 16 ans, lycéenne à Seattle, elle remportait tous les prix ; à 23 ans, étoile montante et troublante de la scène et de l’écran, on l’admirait pour sa beauté et son talent. A 27 ans, un enchaînement d’événements insignifiants entraîne son arrestation et son internement d’office définitif dans un établissement psychiatrique.

Moins connu des cinéphiles en tant que réalisateur que pour son rôle de monteur de Ne vous retournez pas Don’t look now, de Nicolas Roeg, Graeme Clifford fait le choix du biopic pour évoquer une partie de la vie de Frances Farmer (1913-1970), actrice hollywoodienne devenue icône rebelle des années 30.Si le film plonge dans l’environnement intime de la jeune femme, aussi bien son histoire familiale qu’affective, il s’agit d’emblée de montrer son approche érudite et anticonformiste, puisque dès ses seize ans, Frances Farmer, alors élève de la West Seattle High School, fait scandale dans l’Amérique catholique de 1931 via un essai/sermon, intitulé « God dies » dans lequel la lycéenne se réclame de Nietzsche et nie l’existence de dieu.

Un coup d’éclat controversé qui lui vaut de gagner le premier prix du concours d’écriture créative, tout en étant catalogué comme la blasphématrice de Seattle. Contre l’avis de son entourage, elle découvre bientôt le théâtre russe, ce qui lui vaudra d’être qualifiée de communiste par les services de surveillance. Elle entre au théâtre dramatique de Washington et désire devenir actrice, voyageant d’abord à New York puis à Los Angeles, des planches aux studios, de Broadway à Hollywood.

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Test Blu-ray / La Femme et le Pantin, réalisé par Julien Duvivier

LA FEMME ET LE PANTIN réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo DVD/Blu-ray le 16 juin 2021 chez Pathé.

Acteurs : Brigitte Bardot, Antonio Vilar, Lila Kedrova, Daniel Ivernel, Darío Moreno, Michel Roux, Jacques Mauclair, Jess Hahn…

Scénario : Julien Duvivier, Marcel Achard, Albert Valentin & Jean Aurenche, d’après le roman de Pierre Louÿs

Photographie : Roger Hubert

Musique : Jean Wiener & José Rocca

Durée : 1h42

Année de sortie : 1959

LE FILM

Eva est la fille de Stanislas Marchand, naguère célèbre écrivain germanophile, collabo français réfugié en Espagne. Lors de la traditionnelle feria de Séville où elle danse le fandango, la demoiselle est remarquée par Matteo Diaz, un riche et fier marchand de taureaux auquel aucune femme ne résiste. Le don Juan fait des avances à Eva qui, fine mouche, le repousse. Titillé dans son amour propre, il va tout mettre en oeuvre pour conquérir le coeur de la Belle.

En 1956, déboule sur les écrans du monde entier Et Dieu… créa la femme. Le phénomène Brigitte Bardot, BB, est né. La comédienne a alors 22 ans et déjà le monde à ses pieds. Elle enchaîne immédiatement avec Une parisienne de Michel Boisrond (3,5 millions d’entrées), Les Bijoutiers du clair de lune (2,1 millions d’entrées), et surtout En cas de malheur (3,1 millions d’entrées), sous la direction de Claude Autant-Lara,dans lequel elle donne la réplique à Jean Gabin. En 1959, Julien Duvivier (1896-1967) a plus de soixante ans, mais demeure l’un des metteurs en scène français dont chaque film est un succès, voire un triomphe au box-office. Bien installé à nouveau au sein du cinéma hexagonal depuis son retour d’Hollywood, surtout grâce au raz-de-marée du Petit Monde de Don Camillo (près de treize millions de tickets vendus rien qu’en France), le cinéaste aura enchaîné pas loin de dix longs-métrages durant les années 1950, dont La Fête à Henriette (1952), Le Retour de Don Camillo (1953), Voici le temps des assassins (1956), L’Homme à l’imperméable (1957) et Pot-Bouille (1957). Si le film est un temps envisagé par Luis Buñuel, qui souhaitait tourner le film avec Mylène Demongeot et Vittorio De Sica, La Femme et le Pantin sera finalement confié à Julien Duvivier, qui accepte non sans réticences, de « diriger » Brigitte Bardot, qu’il ne souhaitait pas plus faire tourner que Luis Buñuel. La productrice Christine Gouze-Rénal, déjà à l’oeuvre sur La Mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit, film sorti 2 jours avant Et Dieu…créa la femme, souhaite profiter de la popularité de BB et monte ce projet de toutes pièces. Une nouvelle adaptation du roman La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs lui apparaît comme étant le véhicule parfait pour la star. Julien Duvivier passera le reste de sa carrière à dire à quel point il détestait La Femme et le Pantin, qu’il considérait comme étant « totalement idiot et manqué ». Pourtant, s’il semble effectivement plus intéressé dans le film par les personnages satellites qui viennent tourner autour de l’astre Bardot, le réalisateur n’en signe pas moins un film plastiquement irréprochable, dans lequel il démontre une fois de plus sa virtuosité technique, surtout qu’il expérimentait ici la couleur pour la première fois de son étonnante, foisonnante et éclectique carrière. Trente ans après la superbe version de Jacques de Baroncelli avec Conchita Montenegro, quinze ans après celle de Joseph von Sternberg avec Marlene Dietrich, le livre de Pierre Louÿs inspire à nouveau le monde du cinéma. Si cette mouture n’est sans doute pas la plus passionnante et la plus inoubliable, elle n’en reste pas moins intéressante sur le plan stylistique et la prestation de Brigitte Bardot n’est pas aussi déshonorante que la critique de l’époque et d’aujourd’hui ne le laissaient supposer.

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Test Blu-ray / La Femme et le Pantin, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA FEMME ET LE PANTIN réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en combo DVD/Blu-ray le 16 juin 2021 chez Pathé.

Acteurs : Conchita Montenegro, Raymond Destac, Henri Lévêque, Jean Dalbe, Andrée Canti, Léo Joannon…

Scénario : Jacques de Baroncelli, d’après le roman de Pierre Louÿs

Photographie : Louis Chaix

Musique : Edmond Lavagne, Philippe Parès & Georges Van Parys

Durée : 1h55

Année de sortie : 1929

LE FILM

Don Mateo Diaz s’ennuie. Le train qui l’emmène vers Séville est en effet ralenti par de violentes chutes de neige. Pour se distraire, ce séducteur fortuné traverse les wagons et finit par arriver dans les troisièmes classes. Il intervient dans une bagarre de femmes et fait ainsi la connaissance de la troublante Conchita Perez. Plusieurs mois s’écoulent. Une nuit d’été, don Mateo donne une fête. Conchita, attirée par la musique, se glisse dans le jardin et se fait reconnaître. Don Mateo l’embrasse, mais la belle s’échappe en lui laissant son adresse…

Malgré ses nombreuses publications, l’écrivain Pierre Louÿs (1870-1925) restera surtout célèbre pour son roman La Femme et le Pantin (1898), inspiré des mémoires de Casanova et souvent considéré comme le chef d’oeuvre de l’écrivain. Pas étonnant que le cinéma se soit très tôt intéressé à cette histoire centrée sur les aspects dramatiques de la sensualité. La première mouture à l’écran est américaine et réalisée par Reginald Barker en 1920. Neuf ans plus tard, Jacques de Baroncelli (1881-1951) décide de s’attaquer à ce livre unanimement salué par la critique, en transposant l’intrigue à l’époque contemporaine et sur les lieux-mêmes de l’action du roman original, à Séville et à Cadix. Quelque peu oublié aujourd’hui, le cinéaste aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Indiscutablement, La Femme et le Pantin fait partie de ses chefs-d’oeuvre. Merveilleusement mis en scène, d’une folle modernité, mené sur un rythme trépident et porté par deux comédiens exceptionnels, le film de Jacques de Baroncelli a beau afficher plus de 90 bougies, celui-ci reste marqué par un souffle romanesque et s’avère une tornade de sentiments où l’on ressent constamment le désarroi du personnage de Don Mateo Diaz, amoureux transi d’une jeune femme qui ne cesse de lui échapper, qui le manipule, qui l’humilie, qui revient dans ses bras, qui se refuse à lui à nouveau, avant de s’enfuir à nouveau. Si cette histoire demeure plus connue des cinéphiles pour avoir été abordée en 1935 par Joseph von Sternberg, avec Marlene Dietrich, puis en 1959 par Julien Duvivier, avec Brigitte Bardot, et en 1977 par Luis Bunuel dans Cet obscur objet du désir, avec Carole Boquuet et Angela Molina, cette adaptation cinématographique de La Femme et le Pantin n’a assurément rien à envier à celles qui allaient lui précéder et mérite toute l’attention des spectateurs.

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