Test DVD / L’Enterrée vive, réalisé par Jack Smight

L’ENTERRÉE VIVE (The Screaming Woman) réalisé par Jack Smight, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Olivia de Havilland, Ed Nelson, Laraine Stephens, Joseph Cotten, Walter Pidgeon, Charles Knox Robinson, Alexandra Hay, Lonny Chapman…

Scénario : Merwin Gerard, d’après une histoire originale de Ray Bradbury

Photographie : Sam Leavitt

Musique : John Williams

Durée : 1h14

Date de sortie initiale: 1993

LE TÉLÉFILM

Laura Wynant sort d’un séjour en hôpital psychiatrique. Fragilisée, elle rentre cependant dans son grand domaine. Mais quand elle commence à entendre les cris d’une femme semblant enterrée vivante, ses proches voient l’opportunité parfaite de prouver qu’elle est folle et contrôler son argent…

Une fois n’est pas coutume, nous parlerons d’un téléfilm, L’Enterrée viveThe Screaming Woman de Jack Smight, production Universal qui a su marquer plusieurs générations de téléspectateurs. En effet, celui-ci possède divers atouts, et non des moindres, à commencer par la présence en haut de l’affiche (ou du programme TV c’est selon) d’une légende hollywoodienne, en la personne d’Olivia de Havilland. Au début des années 1970, la star a évidemment sa carrière derrière elle, ainsi que deux Oscars de la meilleure actrice (pour À chacun son destin et L’Héritière, plus le Golden Globe pour le second) et une Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour La Fosse aux serpents. Elle consacrera désormais essentiellement le reste de sa vie professionnelle à la petite lucarne (Racines 2, La Croisière s’amuse, Un meurtre est-il facile ?, The Royal Romance of Charles and Diana, Nord et Sud II) et ne reviendra que trois ou quatre fois au cinéma, y compris dans Les Naufragés du 747 Airport ‘77 de Jerry Jameson. Dans L’Enterrée vive, à 55 ans, la comédienne démontre qu’elle en avait encore sous le capot (d’ailleurs en y repensant, elle n’en était quasiment qu’à la moitié de son existence) et signe une remarquable prestation dans ce thriller paranoïaque fort sympathique, qui s’inspire d’une histoire de Ray Bradbury, à l’origine écrite pour la radio en 1948, puis publiée trois ans plus tard. 75 minutes qui passent en un éclair, durant lesquelles la tension est maintenue du début à la fin.

Laura Wynant, une femme riche, vient de sortir d’une maison de repos et revient dans sa propriété de campagne pour récupérer. Là-bas, elle découvre, en entendant de faibles appels à l’aide, qu’une femme a été enterrée vivante sur sa propriété. Elle essaie d’informer les autres, mais personne ne la croit et sa famille commence à soupçonner une rechute. Parce que ses mains sont presque paralysées par l’arthrite, elle n’est pas capable de déterrer la femme elle-même. Elle demande à un petit garçon de l’aider, en lui disant qu’elle cherche une boucle d’oreille perdue. Mais effrayé par les cris de la femme enterrée, elle est forcée de lui dire la vérité, ce qui entraîne la fuite du jeune homme. En faisant du porte-à-porte, elle rencontre le mari de la femme enterrée, qui s’était débarrassé d’elle, la croyant morte après l’avoir frappée à la tête avec une pelle. Laura est confinée chez elle sous les ordres d’un médecin. Une course contre-la-montre s’engage.

Cela fait parfois du bien de revoir des films ou des téléfilms qui savaient aller droit à l’essentiel en 80 ou 90 minutes, là où tout s’étend désormais et souvent sans raison sur 2h30 voire près de trois heures au cinéma. Trois ans auparavant, le metteur en scène Jack Smight avait déjà transposé The Illustrated Man de Ray Bradbury pour la télévision, sous le titre L’Homme tatoué, avec Rod Steiger, qui s’était soldé sur un échec cuisant de la part des spectateurs et de la critique. Bien qu’il n’ait été pas consulté, Ray Bradbury, qui avait exprimé son mécontentement et son avis négatif sur le résultat final, celui-ci est à nouveau adapté par Jack Smight en 1972, d’après un scénario de Merwin Gerard, travaillant exclusivement pour la télé (Gunsmoke, Le Fugitif, Le Virginien, L’Homme de fer, Mannix…).

A la barre, on retrouve donc Jack Smight (1925-2003), futur réalisateur de La Bataille de Midway avec Charlton Heston, Henry Fonda, James Coburn, Glenn Ford, Toshirô Mifune, Robert Mitchum, Robert Wagner et Cliff Robertson, du blockbuster cultissime 747 en péril Airport ‘75, qui aura autant oeuvré pour le grand que le petit écran en quarante ans de carrière. Juste avant le non moins célèbre Frankenstein – La véritable histoire Frankenstein: The True Story, mini-série dans laquelle il dirigera James Mason, Leonard Whiting, David McCallum et Jane Seymour, Jack Smight donne cette fois encore le meilleur de lui-même avec L’Enterrée vive. On comprend que celles et ceux qui entourent le personnage principal ne sont pas des plus chaleureux. Alors, quand Laura, n’ayant plus tout son esprit et qui vient de passer cinq mois dans un sanatorium, entend les cris d’une femme enterrée vivante dans l’ancienne cave du fumoir de sa demeure, ses proches (on reconnaît ici et là Joseph Cotten et Walter Pidgeon) voient en ses déclarations le parfait moyen de la faire interner, pour enfin mettre la main sur la fortune familiale. Le scénario révèle très rapidement que cette voix n’est pas le fruit de l’imagination de Laura, une femme vulnérable. Reste à savoir comment elle réussira à prouver (ou non d’ailleurs) qu’une femme est bel et bien enterrée vivante dans le jardin. Rejetée et moquée par sa famille, elle va essayer d’alerter ses voisins, tout en ignorant que celui qui a tenté de se débarrasser de son épouse se cache parmi eux.

L’Enterrée vive est considéré aujourd’hui comme un des meilleurs téléfilms des années 1970 et a très vite été auréolé d’un statut culte. Certes, sa mise en scène classique fait trèèès série à la Columbo ou autres, les décors intérieurs oranges et vert-pisseux sont guère ragoûtants, mais le rythme y est aussi tendu que soutenu, certaines répliques sont bien vachardes, la musique de John Williams est efficace, les comédiens sont formidables, tandis que les rebondissements et le suspense fonctionnent toujours.

LE BLU-RAY

L’Enterrée vive débarque en DVD, ainsi qu’en Combo Blu-ray + DVD chez Eléphant Films, qui proposait déjà d’autres œuvres de Jack Smight, La Bataille de Midway, 747 en péril, les séries Banacek et Madigan, le policier globe-trotter. Les deux disques reposent ici dans un boîtier classique transparent, disposant d’une jaquette réversible, le tout glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Ne manquez pas la présentation priceless de Jean-Pierre Dionnet (14’), qui revient longuement sur Olivia de Havilland, qui habitait ni plus ni moins l’appartement situé au-dessus du sien, en face de celui de Valery Giscard d’Estaing, tandis que Jean Poiret bronzait – même en hiver – sur la terrasse voisine. Ainsi, de délicieuses anecdotes s’enchaînent sur ce qui se déroulait dans cet immeuble pendant 5-6 ans. Les coups de balai « d’une violence extrême » d’Olivia de Havilland (« qui me terrorisait » dit-il) de jour comme de nuit qui résonnaient dans sa garçonnière, n’auront plus de secrets pour vous. Puis, Jean-Pierre Dionnet en vient plus précisément à L’Enterrée vive, dans lequel la comédienne « bouffe, dévore, fait le film autour d’elle ». Le thème principal, l’histoire du téléfilm, le réalisateur Jack Smight, le casting, Ray Bradbury (qu’il a rencontré, « qui se promenait avec un an de salaire dans ses poches, en petites coupures »), la musique de John Williams, l’autre adaptation (plus fidèle) de sa nouvelle dans l’anthologie The Ray Bradbury Theater, en 1986, avec Drew Barrymore, sont aussi évoqués au cours de cette formidable intervention.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Production TV, L’Enterrée vive dispose tout de même d’un nouveau master HD, vraisemblablement identique à celui édité aux Etats-Unis chez Kino Lorber fin 2021. Une restauration 2K épatante, qui permet de (re)découvrir le téléfilm de Jack Smight sous les meilleurs aspects, copie stable, contrastes soignés et élégants, propreté irréprochable, y compris la laideur de la décoration intérieure avec ses papiers peints invraisemblables et cette opposition de couleurs probablement réalisée par un daltonien. La texture argentique est présente, excellemment gérée, sans aucun fourmillement, le piqué est acéré, les détails très appréciables. Malgré une carnation un peu rosée (surtout Joseph Cotten en fait) et de sensibles pertes de la définition, ce Blu-ray – au format 1080p – s’avère une grande réussite.

Seule la version originale est disponible, alors que le téléfilm avait bel et bien été diffusé à la télévision française. La piste anglaise est dynamique et les effets très convaincants, sans oublier la douce et entêtante composition de John Williams qui berce allègrement les tympans. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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