Test Blu-ray / Twist à Bamako, réalisé par Robert Guédiguian

TWIST À BAMAKO réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mai 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Stéphane Bak, Alice Da Luz, Saabo Balde, Bakary Diombera, Ahmed Dramé, Diouc Koma, Miveck Packa, Issaka Sawadogo…

Scénario : Robert Guédiguian & Gilles Taurand

Photographie : Pierre Milon

Musique : Olivier Alary & Johannes Malfatti

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d’Amérique. Samba, le fils d’un riche commerçant, vit corps et âme l’idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C’est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s’éclaircira…

Quel plaisir ! Quel bonheur ! Quelle émotion ! Quelle force et quelle fraîcheur aussi ! Tourné en 2020 durant la pandémie de Covid 19, qui aura d’ailleurs entraîné une interruption pendant sept longs mois, Twist à Bamako, le 22è film de Robert Guédiguian (né en 1953), démontre toute l’éternelle jeunesse, l’engagement et la flamme qui animent encore et toujours le réalisateur. Agé de 66 ans au moment des prises de vue, le cinéaste mythique de Marius et Jeanette, Marie-Jo et ses deux amours, Mon père est ingénieur, Le Promeneur du Champ-de-Mars, Les Neiges du Kilimandjaro, Une histoire de fou, La Villa et plus proche de nous de Gloria Mundi, s’éloigne de sa terre natale, de son « beau pays », traverse la Méditerranée et pose ses valises en Afrique, au Sénégal pour le tournage, qui devient en fait le Mali dans son récit, pour nous raconter l’histoire du bel âge à Bamako, du temps des surprises-parties, de Salut les Copains et des diabolos menthe. Depuis 1960 et la proclamation de l’indépendance du Soudan français qui devient la république du Mali, avec Modibo Keïta comme président de la république, on danse le rock et le twist à Bamako, et le socialisme est un rêve porté par les plus jeunes, qui espèrent ainsi que leur pays deviendra un symbole d’espoir pour l’Afrique, mais aussi pour le reste du monde. Mais c’était sans compter l’attachement aux traditions ancestrales de certains, qui feront tout pour casser dans l’oeuf la révolution souhaitée par les plus idéalistes et les plus fougueux. Même si Twist à Bamako ne se déroule pas à Marseille ou dans ses environs, Robert Guédiguian reste fidèle à ses convictions et son dernier long-métrage en date s’intègre parfaitement et logiquement dans sa florissante filmographie. Merveilleusement interprété par des acteurs jusqu’alors inconnus, Twist à Bamako est un véritable bijou, un gros coup de coeur et assurément l’un des meilleurs opus à sortir au cinéma en cette année 2022.

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Test Blu-ray / 13 Minutes, réalisé par Lindsay Gossling

13 MINUTES réalisé par Lindsay Gossling, disponible en DVD et Blu-ray le 6 avril 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Amy Smart, Thora Birch, Sofia Vassilieva, Anne Heche, Paz Vega, Peter Facinelli, Laura Spencer, Trace Adkins…

Scénario : Lindsay Gossling, d’après une histoire de Travis Farncombe

Photographie : Steve Mason

Musique : Ariel Marx

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Alors qu’une nouvelle journée ordinaire commence pour les habitants de la petite ville américaine de Siren, la nature en a décidé autrement. Les habitants n’ont que 13 minutes pour trouver un abri avant que la plus grande tornade jamais enregistrée ne ravage la ville. Ils vont devoir se battre pour protéger leurs proches et lutter pour leur vie. Livrées à elles-mêmes pour faire face à la catastrophe, quatre familles doivent surmonter leurs différences et trouver en elles la force de survivre.

Le film de tornades appartient au genre catastrophe et a su livrer moult séries B et Z, qui ont contribué à fleurir les bacs de DVD chez Cash Express ou Easy Cash. Si l’opus le plus célèbre reste bien évidemment Twister de Jan de Bont, l’un des plus grands succès de l’année 1996, on ne compte plus les ersatz qui ont essayé depuis de reprendre les mêmes ingrédients, sans y parvenir, mais il faut bien l’avouer sans les mêmes moyens financiers non plus. L’un des derniers à avoir tenté de retrouver cette essence demeure Hurricane (2018) de Rob Cohen, une vraie série Z, laide à regarder, mais qui contre toute attente divertissait sans mal avec ses FX ratés, son interprétation neurasthénique et ses scènes d’action invraisemblables. 13 Minutes de Lindsay Gossling n’est pas du tout à ranger dans cette catégorie. Loin des Sharknado, de F6 Twister (Au coeur de la tornade et Christmas Twister pour les connaisseurs) dans lequel Casper Van Dien affrontait la nature en colère, ou bien encore de Stone Impact avec ses effets spéciaux rigolos réalisés avec un Amstrad 6128+ à cartouche, sans oublier les trucs du style Twister Apocalypse, Twister II : Extreme Tornado, Black Storm, Final Storm, voici enfin un film intelligent avec un cyclone en toile de fond, un premier long-métrage prometteur. Venue du documentaire, elle impose une réelle sensibilité à travers les portraits croisés de cette poignée de personnages, les habitants d’une petite bourgade, qui va être complètement rasée par une colossale tornade. Après avoir présenté ses protagonistes et les enjeux durant 55 minutes, les éléments naturels se déchaînent et les conséquences seront forcément cataclysmiques. Ce qui est loin d’être le cas de ce 13 Minutes, dont la mise en scène délicate, la réussite des effets visuels et l’excellence du casting emportent facilement l’adhésion.

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Test Blu-ray / L’Amour c’est mieux que la vie, réalisé par Claude Lelouch

L’AMOUR C’EST MIEUX QUE LA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Ary Abittan, Philippe Lellouche, Kev Adams, Elsa Zylberstein, Béatrice Dalle, Clémentine Célarié, Robert Hossein, Olivier Rabourdin…

Scénario : Claude Lelouch, Pierre Leroux, Grégoire Lacroix & Valérie Perrin

Photographie : Maxime Héraud

Musique : Laurent Couson

Durée : 1h55

Année de sortie : 2021

LE FILM

Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.

Nous pensions que La Vertu des impondérables était le cinquantième long-métrage de Claude Lelouch. Nous avions mal compté, ou alors le cinéaste s’était embrouillé dans ses comptes. Non, en réalité le 50ème film de l’ami Claude, le voici (la sobriété et la modestie de l’intéressé poussent le bouchon jusqu’à le mentionner dans les credits, sur l’affiche et dans la bande-annonce), L’Amour c’est mieux que la vie, qui recycle quelque peu le titre abandonné du second volet de sa trilogie avortée au début des années 2000, entamée avec Les Parisiens et qui devait donc s’intituler Le Bonheur, c’est mieux que la vie. On craignait que le réalisateur reprenne son ancien projet, qui avait été finalement bidouillé pour devenir Le Courage d’aimer, une de ses plus grosses arnaques qui présentait plus ou moins le même montage agrémenté d’une poignée scènes supplémentaires, histoire de, mais pour résumer il s’agissait bien de foutage de gueule. L’Amour c’est mieux que la vie n’a rien à voir. Bien qu’il ait longtemps annoncé que tel film était son dernier (on pense aux paroles de Daniel Balavoine pour Le Chanteur, « Je remonterai sur scène, Comme dans les années folles, Je ferai pleurer mes yeux, Je ferai mes adieux, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Je me prostituerai, Pour la postérité…), il s’agit ici du premier épisode d’une nouvelle trilogie teasée dans le générique de fin. A l’instar de James Bond, Claude Lelouch will return…et nous avons déjà le titre, La Folie des sentiments ou l’incroyable fertilité du chaos. En l’état, L’Amour c’est mieux que la vie peut apparaître comme un sempiternel film testament, dans lequel CL évoque la mort, ou plutôt la célébration de l’existence, se penche sur le temps qui passe (« Je n’ai plus de temps à perdre avec le temps »), tout en imaginant celles et ceux qui pleureront à son enterrement. Ce n’est pas un secret, Lelouch s’est toujours glorifié lui-même. A bientôt 85 ans, refusant de prendre une retraite bien méritée, il a cette fois recours à divers extraits de L’Aventure c’est l’aventure (1972), La Bonne année (1974), Les Uns et les Autres (1981), créant une passerelle avec le second à travers le personnage incarné par Sandrine Bonnaire. Cette introduction est bordélique, mais comme L’Amour c’est mieux que la vie en fait, qui passe du coq à l’âne, du rire (gênant) aux larmes (embarrassantes), avec un casting fade, sur un rythme neurasthénique et un montage aux pâquerettes. Pourtant, une fois de plus, on ne rejette pas ce film et nous répondrons encore présents au prochain opus.

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Test DVD / L’Enterrée vive, réalisé par Jack Smight

L’ENTERRÉE VIVE (The Screaming Woman) réalisé par Jack Smight, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Olivia de Havilland, Ed Nelson, Laraine Stephens, Joseph Cotten, Walter Pidgeon, Charles Knox Robinson, Alexandra Hay, Lonny Chapman…

Scénario : Merwin Gerard, d’après une histoire originale de Ray Bradbury

Photographie : Sam Leavitt

Musique : John Williams

Durée : 1h14

Date de sortie initiale: 1993

LE TÉLÉFILM

Laura Wynant sort d’un séjour en hôpital psychiatrique. Fragilisée, elle rentre cependant dans son grand domaine. Mais quand elle commence à entendre les cris d’une femme semblant enterrée vivante, ses proches voient l’opportunité parfaite de prouver qu’elle est folle et contrôler son argent…

Une fois n’est pas coutume, nous parlerons d’un téléfilm, L’Enterrée viveThe Screaming Woman de Jack Smight, production Universal qui a su marquer plusieurs générations de téléspectateurs. En effet, celui-ci possède divers atouts, et non des moindres, à commencer par la présence en haut de l’affiche (ou du programme TV c’est selon) d’une légende hollywoodienne, en la personne d’Olivia de Havilland. Au début des années 1970, la star a évidemment sa carrière derrière elle, ainsi que deux Oscars de la meilleure actrice (pour À chacun son destin et L’Héritière, plus le Golden Globe pour le second) et une Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour La Fosse aux serpents. Elle consacrera désormais essentiellement le reste de sa vie professionnelle à la petite lucarne (Racines 2, La Croisière s’amuse, Un meurtre est-il facile ?, The Royal Romance of Charles and Diana, Nord et Sud II) et ne reviendra que trois ou quatre fois au cinéma, y compris dans Les Naufragés du 747 Airport ‘77 de Jerry Jameson. Dans L’Enterrée vive, à 55 ans, la comédienne démontre qu’elle en avait encore sous le capot (d’ailleurs en y repensant, elle n’en était quasiment qu’à la moitié de son existence) et signe une remarquable prestation dans ce thriller paranoïaque fort sympathique, qui s’inspire d’une histoire de Ray Bradbury, à l’origine écrite pour la radio en 1948, puis publiée trois ans plus tard. 75 minutes qui passent en un éclair, durant lesquelles la tension est maintenue du début à la fin.

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Test Blu-ray / Chère Léa, réalisé par Jérôme Bonnell

CHÈRE LÉA réalisé par Jérôme Bonnell, disponible en DVD et Blu-ray le 19 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly, Yumi Narita…

Scénario : Jérôme Bonnell

Photographie : Pascal Lagriffoul

Musique : David Sztanke

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer…

Jérôme Bonnell (né en 1977) est l’un de nos cinéastes les plus précieux. Révélé par Le Chignon d’Olga en 2002, le réalisateur aura ensuite très vite imposé son immense sensibilité avec Les Yeux clairs en 2005 (lauréat du prix Jean-Vigo), J’attends quelqu’un en 2007, La Dame de trèfle, injustement passé inaperçu en 2010 et Le Temps de l’aventure, son plus beau film, délicate histoire d’amour entre Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos. Nous n’avions plus de nouvelle depuis À trois on y va, qui le plaçait définitivement en orbite, parmi les plus grands et indispensables auteurs du cinéma français. Il aura fallu attendre plus de six ans pour découvrir son septième long-métrage, Chère Léa, qui offre cette fois le premier rôle au génial Grégory Montel, vu dans Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer, L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, Les Parfums de Grégory Magne et la série Dix pour cent, qui intègre parfaitement l’univers de Jérôme Bonnell. Soyons honnêtes, nous attendions mieux de Chère Léa, que l’on peut voir comme un équivalent masculin au Temps de l’aventure, surtout après une aussi longue attente, mais renouer avec les personnages pudiques, émouvants, drôles, romanesques et même burlesques chers au metteur en scène n’est franchement pas déplaisant et l’ensemble est on ne peut plus attachant.

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Test Blu-ray / Panique année zéro, réalisé par Ray Milland

PANIQUE ANNÉE ZÉRO (Panic in Year Zero!) réalisé par Ray Milland, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 mai 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ray Milland, Jean Hagen, Frankie Avalon, Mary Mitchel, Joan Freeman, Richard Garland, Richard Bakalyan, Rex Holman…

Scénario : Jay Simms & John Morton

Photographie : Gilbert Warrenton

Musique : Les Baxter

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Tandis que la famille Baldwin est en route pour un week-end à la campagne, Los Angeles est victime d’une attaque nucléaire. Réalisant peu à peu l’ampleur de l’événement, ils vont devoir s’organiser pour se mettre à l’abri, survivre et faire face aux survivants, dont certains sont prêts à tout.

En 1962, un an après l’érection du mur de Berlin, quelques semaines après le débarquement de la baie des Cochons et trois mois avant la Crise des missiles de Cuba, le péril atomique fait trembler la planète. Une Troisième Guerre mondiale semble imminente. Le cinéma s’empare de cette paranoïa omniprésente et internationale. Plusieurs films vont alors traiter, à leur façon, de cette hystérie qui couve, The Creation of the Humanoids de Wesley Barry, La Jetée de Chris Marker, This Is Not a Test de Fredric Gadette et Panique année zéro – Panic in Year Zero! de Ray Milland. En effet, l’acteur d’Uniformes et jupon court, Le Poison (Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes et Oscar du meilleur acteur), Californie, terre promise, La Fille sur la balançoire, Espions sur la Tamise, Un pacte avec le diable et Le Crime était presque parfait était déjà passé derrière la caméra à plusieurs reprises et ce depuis 1955, année d’Un homme traqué A Man Alone. Si ses travaux en tant que réalisateur seront essentiellement destinés à la télévision, Ray Milland dirigera également quatre autres longs-métrages pour le cinéma, dont Panique année zéro, survival (il s’agissait d’ailleurs du titre original), film de science-fiction à tout petit budget, mais rempli d’imagination et qui repose sur un script malin signé Jay Simms (The Giant Gila Monster, Les Musaraignes tueuses et cette fois encore de The Creation of the Humanoids), d’après deux nouvelles de Ward Moore, L’Aube des nouveaux jours (Lot, 1953) et Les Nouveaux Jours (Lot’s Daughter, 1954), contes post-apocalyptiques d’inspiration biblique. En dépit d’un manque évident de moyens, Ray Milland se défend très bien à la mise en scène et livre un opus bourré de charme, pas si sympathique que ça, qui rend compte de la complexité et de la noirceur de l’âme humaine en cas de situation extrême. Panique année zéro est à la fois rétro dans sa forme, mais on ne peut plus d’actualité…

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Test Blu-ray / Sonny Boy, réalisé par Robert Martin Carroll

SONNY BOY réalisé par Robert Martin Carroll, disponible en Blu-ray le 23 mars 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : David Carradine, Paul L. Smith, Brad Dourif, Conrad Janis, Sydney Lassick, Savina Gersak, Alexandra Powers, Michael Boston…

Scénario : Graeme Whifler

Photographie : Roberto D’Ettorre Piazzoli

Musique : Carlo Maria Cordio

Durée : 1h43

Année de sortie : 1989

LE FILM

Weasel, l’homme de main de Slue, kidnappe par inadvertance un nourrisson qu’il remet à son boss. Rebaptisé Sonny Boy, l’enfant est éduqué dans la haine et subit des sévices physiques et psychologiques visant à en faire un parfait psychopathe. Un jour, sa cage reste ouverte…

Qui aurait pu penser que celui qui campait Kwai Chang Caine dans la série Kung Fu incarnerait un jour une femme, ou plutôt un travesti très maniéré, torse velu offert au vent balayant les plaines du Nouveau Mexique, la taille serrée dans une robe ajustée, les talons hauts s’enfonçant dans la terre sableuse ? Il s’agit de Sonny Boy, réalisé par un certain Robert Martin Carroll, qui signait ici son premier long-métrage en 1989. Qui est ce metteur en scène ? On ne sait pas trop, ou plutôt on ne sait rien. En l’état, Sonny Boy est un OFNI qui repose sur un scénario écrit par Graeme Whifler, auteur d’un Dr. Rictus en 1992 et du film d’horreur Neighborhood Watch en 2005. Ces deux natures indépendantes et pour le moins underground s’associent donc pour une œuvre singulière, qui parvient à rendre la fange poétique, la saloperie « attachante », le glauque en histoire d’amour « contrariée ». Évidemment, les actes du père de famille, magistralement interprété par l’impressionnant Paul L. Smith, sont ignobles, impardonnables, condamnables, pourtant les personnages ne sont jamais montrés du doigt ou jugés. Ces portraits dressés de dégénérés, qui ont appris à faire avec les moyens du bord et qui ont su instaurer un système d’échanges de bons procédés pour faire fonctionner la communauté, ne sont pas réalistes. Il est plus aisé pour les spectateurs de s’y intéresser, même si le film n’est pas exempt de défauts de rythme. Sonny Boy est une expérience cinématographique à part entière, dont il demeure moult images après la projection et à laquelle on repense encore bien longtemps après.

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Test Blu-ray / La Victime désignée, réalisé par Maurizio Lucidi

LA VICTIME DÉSIGNÉE (La Vittima designata) réalisé par Maurizio Lucidi, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Tomás Milián, Pierre Clémenti, Katia Christine, Luigi Casellato, Marisa Bartoli, Ottavio Alessi, Alessandra Cardini, Christina Müller, Enzo Tarascio, Carla Mancini, Bruno Boschetti…

Scénario : Augusto Caminito, Fulvio Gicca, Maurizio Lucidi, Fabio Carpi, Luigi Malerba, Aldo Lado & Antonio Troiso

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Luis Bacalov & New Trolls

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Publicitaire à la tête d’une entreprise lucrative, Stefano Argenti serait un homme heureux si sa femme, Louisa, dépressive et possessive, ne l’empêchait de réaliser une excellente opération en vendant sa société contre une forte somme d’argent. Cette dernière est en effet enregistrée au seul nom de Louisa. Stefano se console dans les bras de sa maîtresse, la modèle Fabienne. En escapade amoureuse à Venise, le couple d’amants rencontre un étrange dandy, le comte Matteo Tiepolo, qui devient rapidement un ami très proche et intime de Stefano. Un jour, Matteo lui propose un marché : il tue Luisa si celui-ci assassine son frère, une brute qui le tyrannise. Effrayé, Stefano refuse son offre. Mais Matteo révèle à Luisa que son mari la trompe mais qu’il détourne également l’argent de son entreprise. Après une dispute avec Stefano, Luisa est retrouvée morte. Matteo, qui l’a tuée, demande à Stefano de bien vouloir remplir sa part du marché, à savoir tuer son frère…

Voilà un giallo, ou plus précisément un thriller psychologique dont nous n’avions jamais entendu parler ! Nous devons cette résurrection à un nouvel éditeur vidéo indépendant, qui vient de s’installer sur la scène française, Frenezy. Pour l’une de ses deux premières sorties, l’éditeur a misé sur La Victime désignée La Vittima designata, réalisé par un certain Maurizio Lucidi durant l’hiver 1970-71. Et autant le dire immédiatement, c’est une belle baffe. Très largement inspiré par L’Inconnu du Nord-Express Strangers on a Train d’Alfred Hitchcock, sorti vingt ans auparavant, lui-même tiré en partie du premier roman policier de Patricia Highsmith, La Victime désignée compte pas moins de sept scénaristes, parmi lesquels se distinguent forcément le mythique Aldo Lado (Je suis vivant !, La Bête tue de sang froid), Augusto Caminito (Qui a tué le chat ? de Luigi Comencini, qui produira The King of New York d’Abel Ferrara), Antonio Troiso (Le Couteau de glace d’Umberto Lenzi, Les Sorcières du bord du lac de Tonino Cervi), ainsi que Fulvio Gicca Palli (Confession d’un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani). Cette impressionnante somme de talents débouche sur une histoire passionnante et anxiogène, qui tient en haleine du début à la fin et plonge les spectateurs dans une atmosphère poisseuse et pessimiste, renforcée par une magistrale utilisation des décors naturels, de Milan à Venise, en passant par le Lac de Côme. Et puis La Victime désignée réunit aussi deux immenses comédiens, qui venaient alors de se croiser l’année précédente sur Les Cannibales I Cannibali de Liliana Cavani, Tomás Quintín Rodríguez alias Tomás Milián (qui pousse également la chansonnette dans le générique de fin) et Pierre Clémenti, qui livrent deux prestations extrêmement troublantes, magnétiques et exceptionnelles. N’attendez plus et jetez-vous sur ce joyau « jaune ».

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Test Blu-ray / Zeros and Ones, réalisé par Abel Ferrara

ZEROS AND ONES réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Ethan Hawke, Valerio Mastandrea, Cristina Chiriac, Babak Karimi, Stephen Gurewitz, Salvatore Ruocco, Anna Ferrara, Phil Neilson…

Scénario : Abel Ferrara

Photographie : Sean Price Williams

Musique : Joe Delia

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Rome est devenue une ville assiégée par la guerre. C’est dans ce contexte qu’évolue J. J., un soldat américain. Mais lorsque le Vatican disparaît à la suite d’une déflagration d’une bombe, il part en quête d’un ennemi inconnu pour tenter de protéger le monde contre une menace grandissante.

Heureusement que divers résumés des films que l’on vient de visionner sont disponibles, car parfois, on pourrait encore se demander de quoi ceux-ci venaient de traiter…Zeros and Ones d’Abel Ferrara est une « expérience », dans le sens où l’on ne comprend quasiment rien à ce que souhaite nous raconter le réalisateur, qui doit bien en être à son vingtième long-métrage, sans doute un peu plus, sans compter ses clips vidéos, ses courts-métrages et ses documentaires, qu’on ne peut s’empêcher de trouver souvent fascinant par son dispositif (un tournage « guérilla »), sa liberté de ton, son refus d’entrer dans un moule préétabli et par l’interprétation habitée d’un Ethan Hawke comme sous substances, qui écarquille les yeux et éructe face caméra, traduisant l’urgence de l’entreprise. Du haut de ses 70 piges, le cinéaste profitait alors des rues désertées de Rome, pour y filmer (clandestinement ?) un nouveau film au bord du gouffre, en plongeant les spectateurs dans un monde crépusculaire, vraisemblablement sur le point d’exploser (d’ailleurs ça saute de temps en temps, avec des effets spéciaux du genre The Asylum), où s’imbriquent une fois de plus les thèmes de la culpabilité, la justice, la vengeance, la dope, les putes, le rapport à Dieu, les racines du Bien et du Mal dans un univers où ni l’expiation ni la rédemption ne sont possibles (quoique…), le fric (ici les billets sont nettoyés au spray hydroalcoolique), où la violence engendre la violence, sans fin, sans raison. Du moins, c’est plus ce que l’on ressent que ce qu’on saisit au fil de ces 80-85 minutes de Zeros and Ones, qui par ses motifs (très belle photographie Sean Price Williams, chef opérateur de Her Smell d’Alex Ross Perry et de Good Time des frères Safdie) rappellent les kaléidoscopes d’images de The Blackout (1997), Mary (2005), avec une touche de 4h44 Dernier jour sur Terre (2011). Réservé aux amateurs hardcores d’Abel Ferrara, il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, mais si vous attendiez un film d’action comme pourrait le suggérer l’affiche originale d’exploitation, passez votre chemin, car vous risquez d’être décontenancés. Euphémisme.

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Test Blu-ray / Au coeur de la nuit, réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden

AU COEUR DE LA NUIT (Dead of Night) réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Michael Redgrave, Googie Withers, Mervyn Johns, Basil Radford, Naunton Wayne, Sally Ann Howes, Rowland Culver, Frederick Valk…

Scénario : John Baines & Angus Mac Phail, d’après des histoires originales de H.G. Wells, E.F. Benson, John Baines & Angus Mac Phail

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Walter Craig se rend chez Eliott Foley, pour discuter des aménagements de son cottage. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là mêmes qui hantent ses nuits de façon récurrente…

Difficile de résumer Au coeur de la nuit Dead of Night…film à sketches ? Anthologie ? Assurément, mais aussi œuvre matricielle, fondatrice du cinéma horrifique, comédie noire, drame fantastique. Opus mythique des légendaires studios Ealing, habituellement axés sur les films humoristiques, on y dénombre pas moins de quatre réalisateurs à la barre, Alberto Cavalcanti (Je suis un fugitif), Charles Crichton (Un poisson nommé Wanda, De l’or en barres, Hue and Cry), Basil Dearden (Khartoum) et Robert Hamer (School for Scoundrels, Noblesse oblige), qui se sont unis pour livrer ce chef d’oeuvre absolu d’un genre encore rarement abordé, voire quasiment inédit dans le cinéma britannique, bien avant l’avènement de la Hammer et celui de l’Amicus. Le film se compose de cinq récits, reliés entre eux par des transitions. Le « sketch de liaison » (Linking Narrative) est réalisé par Basil Dearden, d’après une histoire de E. F. Benson. Le film commence par l’arrivée de l’architecte Walter Craig (Mervyn Johns) dans un cottage anglais sur l’invitation du propriétaire de celui-ci, Elliot Foley, qui souhaiterait faire des travaux d’aménagement. Plusieurs personnes se trouvent réunies dans la maison et Craig, en entrant, a l’étrange sensation de les avoir déjà vues ensemble dans un rêve récurrent mais dont il ne se souvient que de façon diffuse. Au grand étonnement des invités, il fait allusion à certains incidents avant même qu’ils ne surviennent dans la maison. Un psychanalyste, présent parmi les invités, reste sceptique. Quatre parmi les personnes présentes se mettent alors à tour de rôle à raconter une histoire étrange dont elles ont fait l’expérience ou dont on leur a parlé. Un cinquième récit sera raconté par le psychanalyste lui-même.

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