Test DVD / Vous n’aurez pas ma haine, réalisé par Kilian Riedhof

VOUS N’AUREZ PAS MA HAINE réalisé par Kilian Riedhof, disponible en DVD le 2 mai 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Pierre Deladonchamps, Zoé Iorio, Camélia Jordana, Thomas Mustin, Christelle Cornil, Anne Azoulay, Farida Rahouadj, Yannick Choirat…

Scénario : Marc Blöbaum, Jan Braren, Stéphanie Kalfon & Kilian Riedhof, d’après le livre autobiographique d’Antoine Leiris

Photographie : Manuel Dacosse

Musique : Peter Hinderthür

Durée : 1h38

Année de sortie : 2022

LE FILM

Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.

« Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »

Voilà la lettre ouverte écrite par le journaliste Antoine Leiris publiée en 2016, qui aura un écho retentissant sur les réseaux sociaux, avant d’être relayée dans le journal Le Monde. Vous n’aurez pas ma haine est tiré du livre éponyme de son auteur, qui avait donc perdu son épouse Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre 2015 lors de l’attentat du Bataclan à Paris. Après Revoir Paris d’Alice Winocour et Novembre de Cédric Jimenez, sans oublier le superbe Amanda de Mikhaël Hers (qui s’en inspirait), c’est au tour de Kilian Riedhof de se pencher sur ces événements tragiques qui ont touché la capitale. Le film se focalise sur la survie et le deuil d’un homme et de son petit garçon de 18 mois (interprété par l’incroyable Zoé Iorio). Alors que le monde l’admire pour ses mots pleins de courage, Antoine Leiris, fou de désespoir, manque de perdre totalement pied. C’est cette histoire vraie et intimiste qui a inspiré le réalisateur allemand, qui a principalement œuvré pour la télévision (Un cas pour deux, Tatort), qui rend compte de ce qui a rendu célèbre Antoine Leiris, mais qui révèle aussi ce qu’on sait forcément moins, à savoir comment ce dernier a dû se battre pour s’en sortir et donc en quelque sorte respecter ce qu’il avait déclaré dans sa lettre.

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Test Blu-ray / Le Plus grand cirque du monde, réalisé par Henry Hathaway

LE PLUS GRAND CIRQUE DU MONDE (Circus World) réalisé Henry Hathaway, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 24 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, Claudia Cardinale, Rita Hayworth, Lloyd Nolan, Richard Conte, John Smith, Katharyna, Katherine Kath, Wanda Rotha, Maggie Rennie, Miles Malleson, José María Caffarel, Kay Walsh, Francois Calepides, Robert Cunningham, Hans Dantes…

Scénario : Ben Hecht, Julian Zimet & James Edward Grant, d’après une histoire originale de Bernard Gordon & Nicholas Ray

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Matt Masters est le propriétaire d’un grand cirque américain, célèbre pour ses numéros spectaculaires. Il décide de partir en tournée en Europe, où il espère retrouver Lili Alfredo, une trapéziste dont il a été amoureux. À son arrivée à Barcelone, le cirque est victime d’un grave incendie, qui détruit la plupart des équipements.

C’est la fin d’une ère, ou plutôt celle d’un empire, celui du producteur Samuel Bronston (1908-1994), qui venait d’enchaîner coup sur coup (on peut même écrire coût sur coût) Le Roi des roisKing of Kings (1961), Le CidEl Cid (1961), Les 55 jours de Pékin55 Days at Peking (1963) et La Chute de l’empire romain (1964), soit trois superproductions parmi les plus chères de la décennie. Le Plus grand cirque du mondeCircus World n’a sans doute pas le prestige des trois précédents opus, mais s’avère un très bel hommage aux artistes d’hier qui savaient donner de la joie aux spectateurs à travers un grand spectacle. Joliment réalisé, le film de Henry Hathaway est plus court et ramassé, possède un charme certain, mélange (sans se forcer) action, humour, bons sentiments et bien sûr de très beaux numéros visuels. John Wayne, qui multipliait alors les tournages, ici entre La Taverne de l’Irlandais Donovan’s Reef de John Ford et Première VictoireIn Harm’s Way d’Otto Preminger, porte facilement Circus World sur ses larges épaules et donne beaucoup de profondeur à son personnage qui parvient à rester optimiste malgré les malheurs qui s’abattent sur son cirque et ses virtuoses. Rétrospectivement, Le Plus grand cirque du monde n’a jamais bénéficié de l’aura de Sous le plus grand chapiteau du monde The Greatest Show on Earth (1952) de Cecil B. DeMille, auquel on ne peut s’empêcher de le comparer, mais le contrat est rempli, on en prend plein les yeux, la distribution est exceptionnelle, les décors gigantesques et l’évasion garantie.

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Test Blu-ray / Le Souffle de la tempête, réalisé par Alan J. Pakula

LE SOUFFLE DE LA TEMPÊTE (Comes a Horseman) réalisé par Alan J. Pakula, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition limitée le 5 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Caan, Jane Fonda, Jason Robards, George Grizzard, Richard Farnsworth, Jim Davis, Mark Harmon ,Macon McCalman…

Scénario : Dennis Lynton Clark

Photographie : Gordon Willis

Musique : Michael Small

Durée : 1h53

Année de sortie : 1978

LE FILM

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans le Montana. Propriétaire d’un ranch dans l’Ouest, Ella Connors est harcelée par le riche J. W. Ewing, qui a des vues sur ses terres. Endettée, la jeune femme a dû vendre une parcelle à deux soldats démobilisés, dont l’un trouve bientôt la mort lors d’une échauffourée avec les hommes d’Ewing. L’autre, Frank Athearn, s’en tire avec une blessure et se réfugie chez Ella.

Klute, À cause d’un assassinatThe Parallax View, Les Hommes du présidentAll the President’s Men, Le Choix de SophieSophie’s Choice, Présumé Innocent Presumed Innocent, L’Affaire Pélican The Pelican Brief et Ennemis rapprochésDevil’s Own…ou les films les plus célèbres du réalisateur d’Alan J. Pakula (1928-1998). En regardant ses œuvres d’un peu plus près, on se rend compte que la moitié de ses opus demeurent étonnamment obscurs ou tout du moins peu renommés. Suite au triomphe international rencontré par Les Hommes du président, récompensé par quatre Oscars en 1977 (sur huit nominations), Alan J. Pakula a les mains libres pour choisir le sujet qui l’intéresse. Contre toute attente, il jette son dévolu sur un scénario de Dennis Lynton Clark, ancien directeur artistique d’Un homme nommé ChevalA Man Called Horse (1970) d’Elliot Silberstein, du Convoi sauvage Man in the Wilderness (1971) de Richard C. Sarafian et d’American Graffiti (1973) de George Lucas, un western, alors que le genre était quasiment mort à la fin des années 1970 après avoir viré au pastiche au milieu de la décennie. La postérité n’a pas retenu grand-chose du sixième long-métrage d’Alan J. Pakula, en dehors de son casting de luxe composé de James Caan, Jane Fonda et Jason Robards. Le Souffle de la tempête se place dans la continuité de Missouri Breaks d’Arthur Penn, même s’il n’en possède pas l’étrangeté et s’avère plus épuré, proche des romans de feu Cormac McCarthy. Lent, parfois contemplatif, volontairement anti-spectaculaire, Comes a Horseman vaut il est vrai et avant tout pour ses comédiens, que l’on admire, qui subjuguent, plutôt que pour son histoire il faut bien le dire qui manque d’enjeux et qui pourra en lasser certains par l’absence de rebondissements et surtout d’action. Mais Le Souffle de la tempête est une merveille visuelle incontestable et l’émotion emporte finalement et facilement l’adhésion.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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Test Blu-ray / Les Anges sauvages, réalisé par Roger Corman

LES ANGES SAUVAGES (The Wild Angels) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Master haute définition le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Fonda, Nancy Sinatra, Bruce Dern, Diane Ladd, Buck Taylor, Norman Alden, Michael J. Pollard, Lou Procopio…

Scénario : Charles B. Griffith & Peter Bogdanovich

Photographie : Richard Moore

Musique : Mike Curb

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

La bande de motards des Hells Angels part au Mexique pour récupérer la moto de l’un des leurs, volée par un gang rival. Une bagarre éclate entre les deux clans mais la police intervient. Dans la précipitation, Joey s’enfuit avec la moto d’un policier et finit dans le décor. Il est sorti de l’hôpital par ses camarades mais décède peu après. Ses compagnons décident d’organiser un enterrement digne de ce nom afin de lui rendre hommage…

Contrairement à ce que l’on peut souvent penser, Easy Rider n’est pas le premier long-métrage à s’intéresser aux bikers…Outre L’Équipée sauvage The Wild One (1953) de László Benedek, avec Marlon Brando en chef du gang de motards Black Rebels, celui que l’on retiendra est aussi Les Anges sauvages The Wild Angels, qui est pour ainsi dire le film d’où tout est parti. Tout y est dans cet opus mis en scène en 1966 par le légendaire Roger Corman, la même année que La Tombe de Ligeia et juste avant L’Affaire Al Capone The St. Valentine’s Day Massacre. Pour cette histoire qu’il a imaginée avec Charles B. Griffith (La Course à la mort de l’an 2000, La Petite Boutique des horreurs, The Undead, Les Monstres viennent de l’espace) et Peter Bogdanovich (La Dernière séance, Nickelodeon), le réalisateur obtient le concours de véritables Hells Angels du quartier de Venice à Los Angeles et propose une plongée dans le quotidien de ce club, après les avoir découverts dans le magazine Life, à l’occasion des funérailles d’un motard. À cette époque, la presse se délectait de faits divers croustillants qui s’y rapportaient, souvent liés au sexe et à la drogue. Mais Roger Corman et ses scénaristes présentent les Hells Angels avec une certaine mélancolie, comme s’il s’agissait de la fin d’une ère, que cette liberté qu’ils s’octroyaient ne pouvait perdurer. Le personnage incarné par Peter Fonda perd progressivement ses idéaux et se rend à l’évidence. En dépit de son discours proclamé lors de la veillée funèbre de celui qu’il considérait comme son frère, durant lequel il exprime son désir d’être libre de faire qu’il veut, de rouler, de s’amuser, de se défoncer, de faire la fête, on sent que Heavenly Blues n’y croit plus. Trois ans avant Easy Rider, que Roger Corman déclinera après la proposition de Peter Fonda, le cinéaste éclectique et prolifique signe un film passionnant, à la limite du documentaire, merveilleusement photographié par Richard Moore (Virages de James Goldstone, Les Chasseurs de scalps de Sydney Pollack, Le Clan des irréductibles de Paul Newman) et dont le caractère précurseur est à réhabiliter.

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Test Blu-ray / Fata Morgana, réalisé par Vicente Aranda

FATA MORGANA réalisé par Vicente Aranda, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Teresa Gimpera, Marianne Benet, Marcos Martí, Antonio Ferrandis, Alberto Dalbés, Antonio Casas, Glòria Roig, Francisco Álvarez…

Scénario : Vicente Aranda & Gonzalo Suárez

Photographie : Antonio G. Larraya

Musique : Antonio Pérez Olea

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Dans une ville évacuée de sa population pour d’obscures raisons, quelques personnes ont décidé de rester. La mannequin Gim n’a pas voulu quitter son compagnon, Alvaro, qui vit dans une somptueuse villa avec des personnalités excentriques. On apprend alors qu’un assassin récidiviste a décidé de frapper à nouveau, et qu’il choisit ses victimes parmi les plus belles femmes de la ville. Le Professeur, un expert en criminologie, est le seul capable d’aider Gim à échapper au meurtrier.

Il y a trois mois, nous vous parlions du réalisateur Vicente Aranda (1926-2015) à l’occasion de la sortie en Blu-ray de l’étonnant À coups de crosse, avec un Bruno Cremer monstrueux et une Fanny Cottençon bad-ass. L’opportunité avec ce thriller brutal de revenir sur le cinéaste et membre fondateur de La gauche divine, mouvement d’intellectuels, de professionnels et d’artistes de gauche qui s’est développé à Barcelone des années 1960 au début des années 1970. Juste après Brillante porvenir (1965), qu’il avait mis en scène avec Román Gubern, Vicente Aranda, l’un des chefs de file de l’école de Barcelone, signe son premier long-métrage en solo, Fata Morgana, qu’il coécrit avec Gonzalo Suárez et qui rend compte de la totale liberté créatrice de l’époque. Ouvertement et complètement inclassable, ce film que certains qualifieront très justement d’hermétique, ne s’adresse pas à tous les publics, mais plutôt aux cinéphiles pointus, qui sauront accueillir ce délire visuel, qui repose essentiellement sur la forme, au détriment de l’émotion. À mi-chemin entre le Nouveau Roman et les délires autocentrés de Jean-Luc Godard, Fata Morgana est assurément un OFNI, une curiosité, mais aussi le témoignage d’un temps révolu.

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Test DVD/ Les Cadors, réalisé par Julien Guetta

LES CADORS réalisé par Julien Guetta, disponible en DVD le 16 mai 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Grégoire Ludig, Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain, Aurore Broutin, Niels Hamel-Brochen, Roman Angel, Raul Fokoua…

Scénario : Lionel Dutemple, Julien Guetta & Jean-Paul Rouve

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Alex Beaupain

Durée : 1h20

Année de sortie : 2022

LE FILM

L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire. Christian qui n’a rien à perdre, va alors défendre au péril de sa vie cette famille qu’il a toujours rêvé d’avoir sans jamais avoir eu le courage de la fonder.

Après le surestimé (euphémisme) Roulez jeunesse, on attendait de voir ce que le réalisateur Julien Guetta allait quand même nous proposer en guise de second long-métrage. Débarrassé de son co-scénariste Dominique Baumard, co-metteur en scène et co-scénariste de l’infâme Les Méchants, il semble que Julien Guetta ait trouvé un deuxième souffle plus attrayant pour Les Cadors. Co-écrite cette fois avec Lionel Dutemple (ancien auteur des Guignols de l’info) et Jean-Paul Rouve, cette comédie est une petite bouffée d’air frais et s’avère mieux construite et plus mûre que Roulez jeunesse. Les Cadors n’a pas la prétention de révolutionner le genre, mais contrairement à son premier film qui essayait d’être dans l’air du temps, Julien Guetta s’adresse au plus grand nombre et la sobriété de sa mouture somme toute plus classique sied à ses ambitions. Un beau, complémentaire et émouvant tandem interprété par Jean-Paul Rouve et Grégoire Ludig.

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Test DVD / Burial, réalisé par Ben Parker

BURIAL réalisé par Ben Parker, disponible en DVD le 19 avril 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Tom Felton, Harriet Walter, Charlotte Vega, Barry Ward, Bill Milner, Dan Renton Skinner, Kristjan Üksküla, David Alexander…

Scénario : Ben Parker

Photographie : Rein Kotov

Musique : Alex Baranowski

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un petit groupe de soldats russes, dirigé par l’officier de renseignement Brana Vasilyeva, a pour mission de ramener les restes découverts d’Hitler à Staline, à Moscou.

Voilà un pitch bien concis, qui va droit à l’essentiel. Un DTV dont nous n’attendions rien, si ce n’est le plaisir de revoir l’excellent Tom Felton (Drago Malefoy dans la saga Harry Potter), qui à l’instar de son compatriote Daniel Radcliffe a su prendre un virage déroutant dans des productions modestes et indépendantes, mais souvent intéressantes. Burial est le second long-métrage du britannique Ben Parker (rien à voir avec l’oncle de Peter hein), auteur d’un court-métrage en 2011 (Shifter). Comme pour son premier long-métrage The Chamber, sorti en 2016, le réalisateur est aussi le seul scénariste de Burial, qui revisite l’Histoire et imagine ce qui serait arrivé si le corps d’Hitler avait secrètement été récupéré par un escadron de soldats soviétiques, dans le but de l’apporter à Staline, désireux de contempler son ennemi vaincu. C’est une petite surprise fort sympathique que ce film de guerre, qui n’est sans doute pas une réussite totale, mais qui s’avère bien mis en scène, tendu du début à la fin et surtout brillamment interprété.

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Test Blu-ray / Vivre, réalisé par Oliver Hermanus

VIVRE (Living) réalisé par Oliver Hermanus, disponible en DVD & Blu-ray le 25 mai 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Bill Nighy, Alex Sharp, Adrian Rawlins, Hubert Burton, Oliver Chris, Michael Cochrane, Anant Varman, Aimee Lou Wood…

Scénario : Kazuo Ishiguro, d’après le film Vivre d’Akira Kurosawa

Photographie : Jamie Ramsay

Musique : Emilie Levienaise-Farrouch

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.

Quand un réalisateur sud-africain signe le remake d’un grand classique japonais transposé dans l’Angleterre des années 1950 ! Kamoulox ? Il s’agit de Vivre, tiré du film du même nom d’Akira Kurosawa sorti en 1952, qui était déjà lui-même inspiré par le roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï. Remarqué avec Beauty (2011) et surtout Moffie (2019) sur le recrutement de jeunes recrues homosexuelles dans l’armée sud-africaine homophobe des années 1980, Oliver Hermanus s’empare du scénario écrit par l’illustre Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature en 2017, et livre un superbe long-métrage qui repose en grande partie sur les épaules du légendaire Bill Nighy. Le comédien né en 1949, qui aura marqué le cinéma britannique des années 2000-2010 dans Love Actually, Shaun of the Dead, The Constant Gardener, Hot Fuzz, Il était temps, Good Morning England et bien d’autres trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, pour lequel il a été très justement nommé pour le Golden Globe et pour l’Oscar du meilleur acteur. Mélodrame certes, mais jamais pathos, Vivre est comme son titre l’indique une leçon de vie, de mort, au message intemporel et universel, un film magnifiquement interprété, magistralement photographié et délicatement mis en scène, non dénué d’humour et toujours élégant.

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Test Blu-ray / La Ballade des sans-espoirs, réalisé par John Cassavetes

LA BALLADE DES SANS-ESPOIRS (Too Late Blues) réalisé par John Cassavetes, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers, Nick Dennis, Vince Edwards, Val Avery, Marilyn Clark, James Joyce…

Scénario : John Cassavetes & Richard Carr

Photographie : Lionel Lindon

Musique : David Raksin

Durée : 1h37

Année de sortie : 1961

LE FILM

Pianiste et compositeur « Ghost » Wakefield dirige un quintette de jazz, qui peine à rencontrer le succès malgré le talent des musiciens. Ceux-ci doivent souvent se contenter de jouer dans des squares déserts ou pour des galas de charité. Lors d’une fête, Ghost rencontre Jess Polanski, une chanteuse accompagnée par Benny, leur imprésario commun. Il décide de composer une chanson pour elle…

New York, 1956, John Cassavetes fonde un atelier théâtral, le Variety Arts Studio, où il fait travailler ses élèves sur des improvisations. Au cours de l’année 1958, il participe à une émission télévisée et lance un appel afin de récolter des fonds lui permettant de tourner un long métrage en 16 mm à partir d’improvisations faites en atelier. John Cassavetes part tourner avec sa troupe dans les rues de New York. Il demande au jazzman Charles Mingus d’improviser lui aussi la musique. Une première version du film ne le satisfait pas. John Cassavetes retourne dans la rue pour filmer certaines scènes, mais en supprime d’autres. Il dira que le seul but de Shadows était « de mieux connaître leur métier tout en effaçant les marquées destinées aux comédiens dans le but de les laisser vivre ». En rupture totale, dynamitant les codes du cinéma traditionnel avec l’aide de comédiens inconnus, un vent nouveau souffle sur le cinéma américain. Shadows marque les débuts de John Cassavetes. Rétrospectivement, on retrouve déjà quelques partis pris qui feront sa marque de fabrique, notamment avec les visages des comédiens que la caméra (à l’épaule) ne quitte jamais, tout en laissant une liberté d’action totale aux acteurs. Shadows porte sur des jeunes Noirs et Métis, confrontés à la discrimination raciale ainsi que sur leur quête d’identité, déambulant de nuit dans les rues humides de New York. Tourné dans l’anonymat le plus complet, ce premier film expérimental obtient un succès international, en particulier en Europe alors marquée par l’émergence de la Nouvelle Vague. Le cinéma spontané dit « vérité » est né. Forcément remarqué par Hollywood, John Cassavetes, qui doit nourrir sa famille, accepte de mettre en scène son premier film de studio, en l’occurrence la Paramount Pictures. Ce sera La Ballade des sans-espoirs ou Too Late Blues en version originale. Évidemment de facture plus classique que les œuvres les plus représentatives de son cinéma habituel, ce mélodrame s’avère une belle porte d’entrée pour les non-initiés dans l’univers de John Cassavetes, tandis qu’il reste une fabuleuse curiosité pour les cinéphiles.

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