LE MONOCLE RIT JAUNE réalisé par Georges Lautner, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 6 mars 2020 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Paul Meurisse, Marcel Dalio, Olivier Despax, Robert Dalban, Barbara Steele, Edwards Meeks, Rénée Saint-Cyr, Lino Ventura…
Scénario : Albert Kantof, Jacques Robert, Colonel Remy
Photographie : Maurice Fellous
Musique : Michel Magne
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
Le monde entier subit une vague de meurtres de savants atomistes et d’attentats contre des installations nucléaires. Lorsqu’un commando est surpris en plein acte, on charge le commandant Dromard, dit « Le Monocle » de mener l’enquête qui le conduit à Hong-Kong…
Troisième et dernier volet de la trilogie dite du Monocle, Le Monocle rit jaune (1964) est assurément le meilleur volet de la saga. A l’époque du Monocle noir (1961), le réalisateur Georges Lautner n’a que quatre longs métrages à son actif quand il découvre le roman éponyme, écrit par le Colonel Rémy et publié en 1960. Résolument sombre, cette série noire (Prix du Quai des Orfèvres en 1960) évoque même un avortement et un foetus jeté dans les flammes. Peu passionné par le livre, le réalisateur y voit néanmoins l’occasion de dynamiter les codes du polar au cinéma en y intégrant une dose massive de second degré et de fantaisie. Une comédie d’espionnage, ce qui était alors impensable. Rétrospectivement, Le Monocle noir est le film avec lequel le cinéaste des Tontons flingueurs, Les Barbouzes et Ne nous fâchons pas, créé sa marque de fabrique. Toutefois, même si la mise en scène demeure géniale avec ses cadres composés et son N&B élégant, Le Monocle noir souffre aujourd’hui d’une exposition poussive et interminable, d’un rythme en dents de scie, de loooongues scènes de dialogues, d’un intérêt très relatif et d’une intrigue à laquelle on ne comprend absolument rien et qui surtout ne passionne jamais. Tout repose sur la réalisation de Georges Lautner donc, mais aussi sur les dialogues concoctés par Pierre Laroche (également scénariste), l’interprétation explosive du grand Paul Meurisse, qui de son côté avait tout fait pour « saboter » une oeuvre « sérieuse » que lui imposait son contrat.
PARIS EST TOUJOURS PARIS (Parigi è sempre Parigi) réalisé par Luciano Emmer, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret chez Coin de mire Cinéma.
Acteurs : Aldo Fabrizi, Henri Guisol, Ave Ninchi, Jeannette Batt, Hélène Rémy, Henri Génès, Marcello Mastroianni, Lucia Bosè, Carlo Sposito …
Scénario : Sergio Amidei, Luciano Emmer, Jean Ferry, Ennio Flaiano, Giulio Macchi, Francesco Rosi, Jacques Rémy
Photographie : Henri Alekan
Musique : Roman Vlad
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 1951
LE FILM
A l’occasion d’un match de football de la Squadra Azzura, un groupe d’italiens débarque à Paris. Leurs chemins se séparent à la descente du train, et tous vont vivre des moments surprenants dans la capitale…
Ah, Paris ! La Tour Eiffel, les Champs-Elysées, la place de la Concorde, le Louvre…mais aussi les petites femmes de Pigalle ou celles qui arpentent le bitume détrempé de Montmartre, ses cabarets enfumés et tout et tout…Paris sera toujours Paris, mais pour l’heure, Paris est toujours Paris – Parigi è sempre Parigi est le second long métrage du méconnu Luciano Emmer (1918-2009), qui a essentiellement oeuvré comme documentariste de 1941 à 2008. Une très longue carrière, prolifique, dont les films consacrés à l’art (Goya, Leonardo da Vinci, Picasso) ont unanimement été salués par la critique. En 1996, le Centre Georges Pompidou lui a même consacré une rétrospective. Son travail dans le domaine de la fiction reste cependant confidentiel. Son premier long métrage, Dimanche d’août – Domenica d’agosto (1950), se focalisait sur des habitants de Rome, qui se rendaient en masse vers la plage d’Ostie, un dimanche de la fin août en 1949. La ville était alors désertée. Puis, le soir, tout un chacun retournait chez soi, prêt à reprendre ses occupations professionnelles le lendemain. Paris est toujours Paris est comme qui dirait une fausse suite, dans laquelle Luciano Emmer se tient encore une fois sur le fil tenu entre le documentaire (le film est un vrai témoignage du Paris de 1950) et la fiction (très belle photo d’Henri Alekan), en se moquant gentiment des circuits touristiques alors en pleine explosion.
CE SACRÉ GRAND-PÈRE réalisé par Jacques Poitrenaud, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Michel Simon, Marie Dubois, Yves Lefebvre, Serge Gainsbourg, Mary Marquet, Thalie Fruges, Jenny Helia…
Scénario : Albert Cossery, Maria Suire, Jacques Poitrenaud d’après le roman de Catherine Paysan Je m’appelle Jericho
Photographie : Jean-Marc Ripert
Musique : Serge Gainsbourg, Michel Colombier
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1968
LE FILM
Jacques a quitté Marie depuis quelques semaines, lorsqu’arrive une lettre de grand-père Jéricho. C’est sur le ton d’un ultimatum que cet homme âgé invite ses petits-enfants à venir passer les vacances d’été auprès de lui, en Provence. Par amour pour le vieil homme, Jacques et Marie acceptent et décident de lui donner la comédie d’un couple toujours uni…
C’est un petit film complètement oublié aujourd’hui, une histoire pourtant délicate, à fleur de peau et merveilleusement interprétée. Il s’agit de Ce sacré grand-père, réalisé par le méconnu Jacques Poitrenaud (1922-2005), ancien monteur, assistant de Michel Boisrond (Cette sacrée gamine, Une Parisienne, Faibles femmes) et de Roger Vadim (Sait-on jamais…, Les Liaisons dangereuses 1960, Et mourir de plaisir), metteur en scène d’une douzaine de longs métrages, dont le plus célèbre reste Un drôle de caïd (1964), connu aussi sous le titre Une souris chez les hommes, avec Louis de Funès en tête d’affiche. Ce sacré grand-père est l’adaptation du roman Je m’appelle Jéricho de Catherine Paysan, lauréate du prix des libraires et du Goncourt de la nouvelle. Cette comédie-dramatique mélancolique fait penser au cinéma d’Eric Rohmer et de Jacques Rozier (Jacques Poitrenaud produira d’ailleurs Les Naufragés de l’île de la Tortue), et agit comme une bouffée d’air frais dans le contexte pourtant bouleversé de l’année 1968 (quand la Nouvelle vague imposait de nouvelles règles au cinéma), comme une échappatoire bienvenue et chaleureuse, bourrée de charme et de beaux sentiments.
LE BATEAU D’EMILE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Lino Ventura, Annie Girardot, Michel Simon, Pierre Brasseur, Jacques Monod, Édith Scob, Roger Dutoit, Joëlle Bernard, Roger Pelletier, Etienne Bierry, André Certes, Jean Solar, Pierre Vielhescaze, Guy Humbert, Marcel Bernier, Yves Gabrielli, Jean-Louis Tristan…
Scénario : Denys de La Patellière, Albert Valentin, Michel Audiard d’après une nouvelle de Georges Simenon
Photographie : Robert Juillard
Musique : Jean Prodromidès
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1962
LE FILM
De retour à La Rochelle, le débauché Charles-Edmond Larmentiel se venge de sa famille d’armateurs en léguant sa fortune à son fils Emile Bouet. François Larmentiel, le frère de Charles-Edmond, furieux de voir le capital familial entre les mains de celui qu’il considère comme un étranger, propose un arrangement à Emile. Celui-ci ne tarde pas à deviner les réelles intentions de François.
La glace conserve, mais
les tropiques vous laissent le choix entre la cirrhose et la vérole
; je me suis offert les deux !
Auparavant assistant du réalisateur Maurice Labro, Denys de La Patellière (1921-2013) signe son premier long métrage Les Aristocrates en 1955, adapté du roman éponyme de Michel de Saint Pierre paru en 1954. Coup d’essai, coup de maître. Le réalisateur y racontait la fin d’une ère, d’un monde à part entière. Celle d’une aristocratie incarnée par un père de famille, veuf, qui a voulu transmettre à ses enfants les traditions qui lui ont été inculquées dès son plus jeune âge. Seulement voilà, la société a changé, le langage également. Comment cette famille peut-elle dans ce cas-là espérer communiquer alors qu’ils ne se comprennent plus ? La Seconde Guerre mondiale est encore présente dans la tête des enfants, quasiment tous adultes à présent, à l’exception de deux frères jumeaux turbulents, et chacun souhaite se libérer du carcan qui leur a été imposé. C’est ce que représente le personnage incarné par Michel Simon dans Le Bateau d’Emile, dixième film de Denys de La Patellière, réalisé en 1962. Dans cette adaptation d’une nouvelle de Georges Simenon publiée en 1945, le cinéaste s’en prend violemment à la grande bourgeoisie française, devenue une parodie, une caricature sans plus aucun fondement ni de raison d’être. Suite au triomphe du merveilleux Un taxi pour Tobrouk (près de cinq millions d’entrées), le réalisateur fait à nouveau appel à Lino Ventura et lui offre un rôle délicat, sensible et à fleur de peau, qui se démarque dans la filmographie du comédien. Il apparaît dans le récit comme le pion manipulé par « ceux de la haute », autrement dit les nantis qui règnent depuis trois générations sur le monde de la pêche, dont le PDG est incarné par l’immense Pierre Brasseur. Egalement interprété par Annie Girardot et Edith Scob, Le Bateau d’Emile est une fable cynique, douce-amère et virulente, méconnue, avec des dialogues très en verve et percutants de Michel Audiard.
LES BONNES CAUSES réalisé par Christian-Jaque, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Bourvil, Marina Vlady, Virna Lisi, Pierre Brasseur, Umberto Orsini, Jacques Monod, Mony Dalmes, Jacques Mauclair, Josés Luis De Vilallonga, Jean-Lou Philippe, Robert Vidalin…
Scénario : Paul Andréota, Christian-Jaque d’après le roman de Jean Labourde
Photographie : Armand Thirard
Musique : Georges Garvarentz
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 1963
LE FILM
Un riche industriel meurt à la suite d’une piqûre intraveineuse. Un produit toxique a été substitué à celui devant être injecté. Sa femme Catherine Dupré fait inculper la jeune et modeste infirmière qui a réalisé l’injection. Elle utilise, pour ce faire, Maître Cassidi, un avocat puissant et célèbre, capable de faire acquitter et condamner qui il veut, et dont elle va devenir la maîtresse…
« La justice n’a
pas d’ami. Sa pendule retarde quelquefois, mais son heure finit
toujours par sonner. »
De Christian-Jaque, ou de son vrai nom Christian Maudet (1904-1994), la presse et la critique retiennent très souvent de ce réalisateur prolifique ses œuvres populaires comme Les Disparus de Saint-Agil (1938), L’Assassinat du père Noël (1941), Fanfan la Tulipe (1952) et La Tulipe noire (1964). Pourtant, cette filmographie éclectique de près de 80 longs métrages, téléfilms et séries télévisées – réalisés en cinquante ans de carrière – dissimule encore et toujours des petits trésors cachés derrière ses grands succès, à l’instar de Si tous les gars du monde (1956), première apparition au cinéma de l’immense Jean-Louis Trintignant. C’est aussi le cas des Bonnes causes, sorti sur les écrans français en avril 1963. Drame policier, mais aussi intense réflexion sur le fonctionnement et les erreurs de la justice, Les Bonnes causes flirte avec le thriller psychologique et étonne encore aujourd’hui par sa rudesse, son ton désabusé, sa noirceur, en montrant le monde des juristes pourri de l’intérieur. Porté par un casting de luxe, le film de Christian-Jaque, adapté d’un roman éponyme de Jean Laborde (écrivain et chroniqueur judiciaire à France-Soir), est exceptionnel, un chef d’oeuvre à réhabiliter.
LE BARON DE L’ÉCLUSE réalisé par Jean Delannoy, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean Gabin, Micheline Presle, Jean Desailly, Blanchette Brunoy, Jacques Castelot, Jean Constantin, Aimée Mortimer, Robert Dalban…
Scénario : Maurice Druon d’après une nouvelle de Georges Simenon
Photographie : Louis Page
Musique : Jean Prodromidès
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1960
LE FILM
Antoine, dit le Baron, héros de la Première Guerre mondiale et fauché, vit à Deauville de ressources passagères et en jouant au casino. Quand il commence à remporter quelques belles sommes et un yacht en guise de paiement, le Baron part pour Monte-Carlo avec Perle, maîtresse du milliardaire Saddokkan qui est aussi son ancienne amante. Mais sa chance risque de très vite tourner…
« Avec toi, on prend
toujours des allers simples et des retours compliqués ».
L’une des collaborations les plus fructueuses et prolifiques de Jean Gabin reste celle entamée en 1952 avec le cinéaste Jean Delannoy (1908-2008). Six longs métrages en commun, six énormes succès populaires avec La Minute de vérité (1952), Chiens perdus sans collier (1955), Maigret tend un piège (1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959), Le Baron de l’écluse (1960) et Le Soleil des voyous (1967), qui auront attiré plus de 18 millions de français dans les salles ! Dans la filmographie du comédien, Le Baron de l’écluse se situe entre Archimède le clochard de Gilles Grangier, Rue des prairies de Denys de la Patellière et Les Vieux de la vieille de Gilles Grangier. A la fin des années 1950, Jean Gabin semble vouloir s’amuser après quelques drames, par ailleurs sublimes, comme Des gens sans importance de Henri Verneuil, Voici le temps des assassins de Julien Duvivier, Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois, Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier et Les Grandes familles de Denys de la Patellière. Après Archimède le clochard, triomphe au box-office de l’année 1959, Jean Gabin se glisse à nouveau dans la peau d’un personnage truculent, celui du baron Jérôme Napoléon Antoine. Merveilleux, explosif, roublard et d’une suprême élégance, le « Vieux » s’en donne à coeur joie, pour le plus grand bonheur des spectateurs et de ses admirateurs.
LE TUEUR réalisé par Denys de la Patellière, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean Gabin, Bernard Blier, Fabio Testi, Ushi Glas, Felix Marten, Jacques Richard, Gérard Depardieu, Ginette Garcin, Jacques Debary…
Scénario : Denys de La Patellière, Pascal Jardin
Photographie : Claude Renoir
Musique : Hubert Giraud
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Quand l’assassin Georges Gassot parvient à s’évader d’un asile, le commissaire Le Guen, responsable de son arrestation, se remet à sa poursuite. Toutefois, Le Guen doit, cette fois, s’adapter aux méthodes modernes de son supérieur François Le Tellier alors que Gassot tue de nombreuses personnes sur son passage.
Près de cent films tournés en cinquante ans, une carrière comme il n’y en aura probablement plus. Jean Gabin (1904-1976) restera l’un des comédiens français ayant attiré le plus de spectateurs dans les salles avec Fernandel, Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo et Bourvil. Si l’on regarde en arrière, il collaborera la plupart du temps avec les cinéastes en qui il avait entièrement confiance, comme Julien Duvivier, Jean Renoir, Jean-Paul le Chanois, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Jean Delannoy. L’une de ses associations les plus prolifiques de sa carrière reste celle démarrée à la fin des années 1950 avec le réalisateur Denis Dubois de La Patellière aka Denys de la Patellière (1921-2013). Six films réuniront le comédien et le metteur en scène : Les Grandes Familles (1958), Rue des prairies (1959), Le Tonnerre de Dieu (1965), Du Rififi à Paname (1966), Le Tatoué (1968) et Le Tueur (1972). Un tandem gagnant qui attirera près de 18 millions de français. Le dernier film qu’ils tourneront ensemble – et l’avant-dernier réalisé par Denys de la Patellière pour le cinéma – restera pourtant le vilain petit canard. Soyons honnêtes, Le Tueur est probablement l’un des plus mauvais films interprétés par Jean Gabin.
LA HORSE réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean Gabin, Danièle Ajoret, Michel Barbey, Christian Barbier, Pierre Dux, Armando Francioli, Julien Guiomar, Eléonore Hirt, Félix Marten, Orlane Paquin, Marc Porel, André Weber…
Scénario : Pierre Granier-Deferre, Pascal Jardin d’après le roman de Michel Lambesc
Photographie : Walter Wottitz
Musique : Serge Gainsbourg
Durée : 1h20
Date de sortie initiale : 1970
LE FILM
Auguste Maroilleur, propriétaire terrien en Normandie, règne en véritable patriarche sur sa ferme de 400 hectares. Il y vit avec ses deux filles, ses deux gendres, et leurs enfants. Il découvre un jour que son petit-fils Henri se sert d’une des cabanes du domaine pour y cacher la drogue de son trafic. Auguste décide alors de détruire la « horse ». Les représailles des truands avec lesquels traitaient Henri vont être terribles.
« D’une manière générale, c’est moi qui réponds pour tout le monde… »
Régnant sur le cinéma français depuis les années 1930, Jean Gabin entre de manière fracassante dans les années 1970 avec La Horse, thriller de Pierre Granier-Deferre (1927-2007), grâce auquel le comédien entame la toute dernière partie de sa carrière, avant de s’éteindre en 1976 à l’âge de 72 ans. Conspué par la critique, mais acclamé dans les salles par plus de deux millions de spectateurs, La Horse s’apparente à un vigilante en bottes à caoutchouc dans lequel « le vieux » trouve un rôle à sa (dé)mesure, qui n’hésite pas à prendre la pétoire pour défendre ses terres et surtout sa famille, face à des trafiquants de drogue. Œuvre resserrée et dépouillée qui n’excède pas 80 minutes, La Horse, adaptation du roman de Michel Lambesc, reste un formidable film dramatique d’action sur l’auto-justice, étonnamment moderne et violent (la séquence des vaches est toujours aussi pénible à regarder), pour lequel Serge Gainsbourg signe une mythique partition.
LA GROSSE CAISSE réalisé par Alex Joffé, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma et L’Atelier d’images
Acteurs : Bourvil, Paul Meurisse, Françoise Deldick, Daniel Ceccaldi, Bernard Fresson, Aimé de March, Tsilla Chelton, Roger Carel, Pierre Vernier, Jacques Legras, Dominique Zardi…
Scénario : Alex Joffé, Renée Asséo, Geno Gil, Luc Charpentier, Pierre Levy Cort
Photographie : Louis Page
Musique : Jean Marion
Durée : 1h46
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Louis Bourdin est employé à la RATP le jour, romancier la nuit, avec une forte prédilection pour le genre policier. Un jour, il rédige un polar situé dans l’univers de la RATP, boudé par les éditeurs. Le livre parvient alors aux yeux d’une bande de criminels…
« Je
fais des trous, des petits trous, encore des petits trous Des
petits trous, des petits trous, toujours des petits trous Des
trous de seconde classe Des trous de première classe… »
1965 est une grande année pour Bourvil qui aura enchaîné Le Corniaud de Gérard Oury, Guerre secrète de Christian-Jaque, Les Grandes Gueules de Robert Enrico et La Grosse Caisse d’Alex Joffé. Près de vingt millions d’entrées sur quatre films, dont plus de la moitié pour Le Corniaud. La Grosse Caisse n’est certes pas sa comédie la plus célèbre, mais n’en demeure pas moins intéressante et surtout drôle, pour plusieurs raisons. Premièrement, Alex Joffé trouve le parfait équilibre entre l’humour, décalé voire même parfois onirique (le cauchemar du procès), et l’intrigue policière. Deuxièmement, l’histoire nous permet de jeter un œil sur le Paris d’époque, et plus particulièrement sur son métro. Enfin, La Grosse Caisse est aussi et surtout l’occasion d’admirer le face à face entre deux monstres du cinéma français, Bourvil et Paul Meurisse.
Louis Bourdin est poinçonneur au métro parisien. Piqué de romans policiers (son petit appartement de célibataire croule d’ailleurs sous les livres de Ian Fleming et les séries noires) et secrètement amoureux d’Angélique, poinçonneuse du quai d’en face, l’idée lui vient de conquérir la gloire et la fortune en écrivant un roman dont la trame est simple, efficace et bourrée de détails : profitant du lundi, jour où la recette collectée par la rame à finances de la R.A.T.P. est considérable, des gangsters particulièrement audacieux s’empareront de cette » grosse caisse ». Mais hélas personne ne daigne publier sa prose, la jugeant « trop invraisemblable ». Il décide alors de prouver tout le contraire, d’autant plus qu’il subit de plus en plus les railleries de ses collègues. Il prend le pseudonyme de Lenormand, et intitule son roman « Rapt à la RATP ». Il décide d’en faire bénéficier, bien imprudemment, un malfaiteur notoire, Paul Filippi. Ce dernier, entouré de ses sbires, décide de suivre à la lettre l’écrit de Bourdin. Ce dernier n’imaginait pas qu’il serait aussi mis à contribution…
La carrière du réalisateur Alex Joffé tourne essentiellement autour de Bourvil, avec lequel il collaborera à six reprises : Les Hussards (1955), Fortunat (1960), Le Tracassin ou Les Plaisirs de la ville (1961), Les Culottes rouges (1962), La Grosse Caisse (1965) et Les Cracks (1968). Tous de grands succès populaires, tout comme d’ailleurs le reste de la filmographie du metteur en scène, à qui l’on doit également Les Fanatiques (1957) avec Pierre Fresnay et Du rififi chez les femmes (1959) avec Robert Hossein et Roger Hanin. Dans La Grosse Caisse, Bourvil prend visiblement beaucoup de plaisir à interpréter cet humble employé de la RATP, vantard, mais peureux, qui affronte son quotidien monotone à la station Quai de la Rapée, en pensant au roman policier qu’il est en train de terminer. Il y a tout d’abord l’humanité toujours débordante de Bourvil qui fait son effet. Même s’il se sent pousser des ailes, à tel point que ses pieds ne touchent plus le sol (au sens propre comme au figuré) en rêvant de son futur succès et de sa célébrité à venir, Louis Bourdin est un homme timide, mal dans sa peau, seul, gentil, honnête, qui se fait constamment engueuler par son chef de station (l’immense Roger Carel) et qui en pince pour la charmante Angélique (délicieuse Françoise Deldick) qui poinçonne les billets en face de son guichet en direction de la Place d’Italie.
Immense comédien, Bourvil parvient également à montrer également le feu qui anime son personnage, son désir de s’extraire de son quotidien morose et sans avenir. Le destin le rattrape finalement en le mettant face à un bandit. Tout droit sorti du Monocle rit jaune de Georges Lautner, Paul Meurisse apparaît avec son élégance coutumière et son rictus cynique, véritable aristocrate du crime. Comme son partenaire, son interprétation est constamment sur le fil entre le rire et la gravité, capable de passer d’un bon mot à un regard perçant et menaçant qui refroidit immédiatement son interlocuteur. Comme si le Michel Delassale des Diaboliques refaisait surface entre deux répliques à l’humour so british. La rencontre entre les deux acteurs fait des étincelles.
Ce petit bijou de scénario rappelle les merveilleux romans de Donald Westlake et notamment les aventures de Dortmunder. Si l’on pourra déplorer quelques longueurs, notamment durant le périple de Bourdin pour trouver le truand susceptible d’être intéressé par son affaire, La Grosse Caisse séduit à plus d’un titre. Outre le jeu phénoménal des comédiens, le décor reste original avec celui de la belle station de Quai de la Rapée (formidablement reconstituée dans les studios d’Epinay-sur-Seine) et de ses environs, dont la station Arsenal, fermée aux usagers, servant de vitrine publicitaire pour des voitures Simca (!), investie ici par les gangsters.
Témoignage d’une époque révolue et de métiers aujourd’hui disparus, le film d’Alex Joffé reste bourré de charme (très belle photo de Louis Page) et toute la séquence du fameux rapt est un grand moment d’humour et de suspense. Car même si l’on rit, on souhaite également que les bandits s’en sortent et réussissent leur larcin, tout en espérant que le livre de Bourdin soit reconnu. La Grosse Caisse est une comédie policière savoureuse, qui toutes proportions gardées, annonce Le Cerveau de Gérard Oury. D’ailleurs, le vol du train postal est même évoqué au détour d’une réplique. Etrange coïncidence…
LE
DIGIBOOK
Nous terminons cette deuxième vague Coin de Mire Cinéma, par La Grosse Caisse. Comme les précédents titres de la collection « La Séance », cette édition prend la forme d’un coffret Digibook prestige numéroté et limité à 3.000 exemplaires. L’objet mesure 142 x 194 mm et comprend le Blu-ray, le DVD, ainsi qu’un superbe livret de 24 pages cousu au boîtier, reproduisant des archives sur le film, mais aussi celles de la R.A.T.P. dans les années 1960, sans oublier la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés, ainsi que la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Rappelons que chaque titre est annoncé au tarif de 32€, disponible à la vente sur internet (sur le site de l’éditeur notamment) et dans certains magasins spécialisés à l’instar de Metaluna Store tenu par le fringuant Bruno Terrier, rue Dante à Paris. Merci à Laure et Thierry Blondeau pour leur confiance ! Le menu principal du Blu-ray est fixe et musical.
On attaque cette « dernière » séance, en attendant la troisième vague Coin de Mire Cinéma avec une grande impatience, par les actualités de la 27e semaine de l’année 1965 (9’). Au programme, des images impressionnantes d’un militant viet-cong fusillé devant des spectateurs, suivi d’un attentat dans les rues de Saïgon, un record de vitesse effectué à bord d’une 404 diesel rapide, une large place accordée au résumé d’un Grand Prix remporté par Jim Clark, ainsi qu’une nouvelle collection portée par des mannequins mis dans des situations quelque peu atypiques…
Place aux réclames publicitaires (8’30) avec cette fois les nougats Coupo Santo, les esquimaux Gervais, les caramels Isicrem (avec le comédien Paul Mercey), sans oublier la nouvelle gamme de chez Frigidaire, la brosse à dents Gibbs aux poils doux, Jean Nohain qui passe faire un coucou pour vanter les chauffages Arthur Martin, tandis que Régilait propose un granulé de lait soluble instantané.
L’interactivité
se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image
et le son
D’emblée, la copie nous apparaît étincelante, des noirs denses côtoient des blancs immaculés et la palette de gris est largement étendue. La restauration HD (à partir du négatif original) est exceptionnelle, aucune scorie n’a survécu au nettoyage numérique et le piqué est bluffant. Seules quelques séquences nocturnes témoignent d’une sensible perte de la définition, comme lors des fondus en noir où le N&B paraît alors étrangement bleuté avec un rendu plus lisse, mais ce serait vraiment chercher la petite bête. A 1h19, les limites de la restauration sont également notables à droite de l’écran. Vous pouvez donc remiser votre ancienne édition DVD LCJ.
L’éditeur est toujours aux petits soins avec ses films. La Grosse Caisse bénéficie d’une piste DTS HD Master Audio mono. Si quelques saturations demeurent inévitables surtout sur les quelques dialogues aigus, l’écoute se révèle fluide, limpide et surtout saisissante. Aucun craquement ou souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs, l’excellente musique de Jean Marion (La Cuisine au beurre, Le Capitan) est admirablement restituée et les échanges sont clairs. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.
LE TRAIN (The Train) réalisé par John Frankenheimer, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma et L’Atelier d’images
Acteurs : Burt Lancaster, Paul Scofield, Jeanne Moreau, Michel Simon, Suzanne Flon, Wolfgang Preiss, Albert Rémy, Jacques Marin…
Scénario : Franklin Coen, Frank Davis, Albert Husson d’après une histoire originale et le roman de Rose Valland « Le Front de l’art »
Photographie : Jean Tournier, Walter Wottitz
Musique : Maurice Jarre
Durée : 2h13
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
En 1944, le Colonel von Waldheim fait évacuer des tableaux de maîtres du Jeu de Paume pour les envoyer en Allemagne. Labiche, un cheminot résistant, est chargé de conduire le train transportant ces objets d’art.
« J’ai connu une fille qui avait posé pour Renoir…elle sentait encore la peinture… »
Le Train – The Train est la quatrième collaboration entre le cinéaste John Frankenheimer et le comédien Burt Lancaster. Sorti en 1964, ce film fait suite au Temps du châtiment – The Young Savages (1961), Le Prisonnier d’Alcatraz – Birdman of Alcatraz (1962) et Sept jours en mai – Seven Days in May (1964). Le Train est une superproduction au budget très confortable, intégralement tourné en France, avec un casting essentiellement européen et surtout hexagonal. Remarquable film de guerre, solidement mis en scène et porté par un casting éblouissant, Le Train aborde également un sujet fort, qui pose constamment la question « Une œuvre d’art vaut-elle le sacrifice d’une vie humaine ? ».
Août 1944, à quelques jours de la Libération de Paris. Les troupes alliées approchent de la capitale. Le colonel von Waldheim est chargé de faire main basse sur les tableaux exposés au musée du Jeu de Paume et de les acheminer vers l’Allemagne le plus rapidement possible. Mademoiselle Villard, la conservatrice du musée, contacte la Résistance et tente de persuader Paul Labiche, le responsable du réseau Est, d’arrêter le train transportant les toiles. Labiche ne cache pas ses réticences. Il n’a guère envie de risquer des vies pour quelques peintures, même célèbres. Finalement, après que le conducteur du train a été fusillé pour l’avoir saboté, la Résistance décide d’organiser rien moins que la disparition du convoi…
L’histoire du Train, qui a également inspiré celle du regrettable The Monuments Men de George Clooney, s’inspire d’un épisode réel de la Seconde Guerre mondiale, celui du déraillement du train d’Aulnay, survenu en août 1944, qui contenait des œuvres d’art de grande valeur. Suite au signalement de la célèbre Rose Valland (dont le livre Le Front de l’art : défense des collections françaises, 1939-1945 a servi de base), conservatrice au Musée de Jeu de Paume, cet acte de résistance avait interrompu le convoi de ce précieux train vers l’Allemagne. Plus de 60 000 œuvres d’art et objets divers spoliés par les nazis aux institutions publiques et aux familles juives pendant l’Occupation ont pu être récupérées et sauvées. Sur ce passionnant postulat de départ, le réalisateur John Frankenheimer, qui a remplacé au pied levé son confrère Arthur Penn suite à son renvoi par le producteur Burt Lancaster pour « divergences artistiques », signe un drame de guerre, qui concilie à la fois les scènes d’action ultra-spectaculaires avec quelques séquences de bombardements et de déraillements sensationnels, psychologie des personnages avec notamment celui campé par Burt Lancaster lui-même, parfait dans le rôle du français Labiche. Le britannique et shakespearien Paul Scofield campe un von Waldheim trouble et ambigu, un homme de goût, sans jamais tomber dans le cliché du soldats allemand machiavélique, qui parvient même à tromper ses supérieurs qui jugent le chargement du train peu essentiel en cette période de déroute.
Très attaché à ces œuvres, jugées dégénérées par le IIIe Reich, von Waldheim décide d’agir essentiellement pour lui et espère revenir au bercail avec les œuvres de Gauguin, Renoir, Picasso, Degas, Cézanne, Matisse, Braque, Utrillo, Manet, Miro…C’était sans compter sur le dénommé Labiche, qui, avec l’aide de ses camarades cheminots résistants, vont tenter de le stopper avant qu’il ne parvienne à la frontière.
A l’instar de Buster Keaton avec Le Mécano de la Générale, John Frankenheimer décide de jouer au petit train, mais grandeur nature, en sublimant les locomotives. Disposant de moyens considérables, certaines séquences sont filmées avec près de dix caméras, surtout sur celles de déraillements ou de raids aériens (celui du bombardement de la gare de triage de Vaires-sur-Marne n’a rien à envier à un film contemporain), Le Train souffre peut-être aujourd’hui d’un rythme assez lent, mais n’ennuie jamais. Le récit demeure excellemment conduit, on jubile de voir Burt Lancaster donner la réplique à Michel Simon (pour qui il avait une vraie fascination), Albert Rémy, Jacques Marin, Suzanne Flon, Jeanne Moreau, et la beauté plastique du film (photographie de Jean Tournier) subjugue à chaque plan.
Alors que le tournage devait s’étendre sur trois mois, John Frankenheimer restera finalement un an en France pour les prises de vue du Train. Cascades, aventures (toute la partie du train dérouté grâce au maquillage des plaques de gare est particulièrement jubilatoire), suspense (avec une économie de dialogues et de musique, pourtant composée par Maurice Jarre), émotions, action, tout y est et Le Train reste une valeur sûre, un divertissement haut de gamme, immersif, moderne et souvent virtuose, doublé d’un superbe hommage – comme un carton d’introduction l’indique – aux cheminots français d’hier et d’aujourd’hui.
LE DIGIBOOK
Le Train est le premier film américain édité par Coin de Mire Cinéma en partenariat avec L’Atelier d’images. Coffret Digibook prestige numéroté et limité à 3.000 exemplaires, au format 142 x 194 mm, comprenant un Blu-ray et un DVD, un livret 24 pages cousu au boîtier, reproduisant des archives sur le film (dont un extrait de la revue Historail), la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé au format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés. Sans oublier la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.
En cette 39e semaine de l’année 1964, voici notre bulletin d’informations (9’) : Une bombe datant de la dernière guerre, étonne les passants dans les rues de Varsovie, le comédien Guy Grosso participe au Prix de l’Arc de Triomphe, Françoise Giroud présente la nouvelle formule de L’Express, le général de Gaulle démarre son marathon présidentiel en Amérique du sud, le roi Constantin II de Grèce épouse la princesse Anne-Marie de Danemark en la cathédrale d’Athènes, tandis que l’on rend hommage à Pierre de Coubertin.
Caramels d’Isigny ! Nougats Coupo Santo ! Cigarettes « Française » ! Faites-vous plaisir avant la séance ! Les réclames de l’année 1964 (5’) s’enchaînent, comme également celle pour le nouveau frigo mural de chez Frigéco (125 litres) !
Attention, nous trouvons également un making of du film ! Ces images exceptionnelles réalisées par le service cinéma de la SNCF, montrent Michel Simon (dont les propos servent de fil conducteur au reportage) monter dans un train affrété pour la presse, afin de se rendre sur les lieux du tournage. Les images sont en couleur et dévoilent l’envers du décor avec Burt Lancaster sur le plateau, les techniciens qui préparent les collisions et surtout l’explosion de la gare de triage qui aura nécessité quatre mois pour installer deux tonnes de dynamite. Un document exceptionnel (10’).
Last but not least, le
commentaire audio (VOSTF) de John Frankenheimer est également au
programme, même s’il n’est pas indiqué sur la jaquette. Les
propos sont certes souvent espacés par de très longs silences, mais
les quelques anecdotes glanées ici et là valent le coup. Le
cinéaste explique d’ailleurs être tombé amoureux de la France,
il s’est d’ailleurs marié le premier jour du tournage, et cette
aventure qui aura duré une année lui aura finalement donné l’envie
de s’installer dans nos contrées où il restera sept ans. Il donne
également quelques éléments sur la photographie et ses intentions,
les partis pris (éclairer les tableaux comme des acteurs en début
de film, le choix du N&B), les comédiens (« le visage de
Michel Simon attirait ma caméra »), les conditions de tournage
(en plein hiver alors que le film est supposé se dérouler au mois
d’août) et sa quatrième collaboration avec Burt Lancaster dont il
n’a de cesse de louer le talent et son investissement dans les
scènes d’action.
L’interactivité se clôt
sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Le Train a bénéficié d’une restauration HD à partir du négatif original. Ce n’est pas parfait. Subsistent quelques pétouilles, points noirs et blancs, tâches et même des rayures verticales à l’instar de la séquence où Burt Lancaster s’enfuit par la fenêtre de sa chambre. La texture argentique est préservée, mais la gestion du grain est curieusement aléatoire, plus appuyé ici, lissé par là, parfois même sur un champ-contrechamp. Notons également de sensibles fourmillements et des scènes plus émaillées de scories. Hormis cela, les détails impressionnent sur les gros plans avec les visages en sueur et noirs de suie des comédiens (voire la tronche de Michel Simon), tandis que la composition de chaque cadre permet enfin d’apprécier les partis pris de John Frankenheimer et du chef opérateur Jean Tournier (futur directeur de la photographie de Moonraker, Chacal), qui ne pourra terminer le film et qui sera remplacé par Walter Wottitz, qui lui-même calquera son travail sur celui de prédécesseur. Les contrastes savent rester fermes, les noirs sont très beaux et la palette de gris suffisamment riche.
La version originale fait parler tous les protagonistes en langue anglaise, alors qu’en français, les allemands parlent entre eux dans la langue de Goethe. La première option délivre des dialogues plus pincés, mais prend le dessus sur son homologue au niveau des scènes d’action et des bombardements. Dans les deux cas, les pistes DTS-HD Master Audio Mono font ce qu’elles peuvent et parviennent à instaurer un certain confort acoustique, même si encore une fois, du point de vue homogénéité des effets (à l’instar des sifflets de train) et des voix, la piste anglaise prend l’avantage. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.