LA MURAILLE DE FEU (La Gerusalemme liberata) réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Francisco Rabal, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Philippe Hersent, Andrea Aureli, Alba Arnova, Nando Tamberlani…
Scénario : Sandro Continenza
Photographie : Rodolfo Lombardi
Musique : Roberto Nicolosi
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 1957
LE FILM
Lors de la première croisade aux pieds de la muraille de Jérusalem, les seigneurs chrétiens Tancrède, Renaud, Godefroy de Bouillon attendent de passer à l’attaque tandis que trois femmes musulmanes vont faire chavirer leur cœur et le tournant de la bataille.
Est-ce que le nom de Carlo Ludovico Bragaglia (1894-1998) vous dit quelque chose ? Pour tout vous avouer, moi non plus. Je n’avais jamais entendu parler de ce réalisateur italien, décédé à 103 ans, metteur en scène de plus de soixante longs-métrages sur une durée de trente années. Considéré comme l’un des cinéastes transalpins les plus prolifiques, Carlo Ludovico Bragaglia n’a cependant jamais connu de notoriété au-delà des frontières de son pays. Dans sa filmographie, on pourra évoquer six opus avec Totò (Animali Pazzi, 47 morto che parla, Figaro qua, Figaro là, Les Femmes de Barbe-Bleue, Totò cerca moglie et Totò le Moko), ainsi que diverses comédies musicales et même quelques péplums et films d’aventure dans les années 1950-60. De l’avis des spécialistes, La Muraille de feu – La Gerusalemme liberata est l’un de ses meilleurs films et force est de constater que cette évocation de la prise de Jérusalem par les guerriers de la première croisade (l’un des derniers films sur ce sujet) est élégamment réalisée et portée par un casting formidable sur lequel trône la sublime Sylva Koscina.
GENEVIÈVE DE BRABANT (Genoveffa di Brabante) réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.
Acteurs : María José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Beni Deus, Rosita Yarza, Andrea Bosic, Franco Balducci, Ángela Rhu…
Scénario : Riccardo Freda & José Luis Monter
Photographie : Julio Ortas & Stelvio Massi
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
Au XIIe siècle, le comte Siegfried s’éprend de Geneviève de Brabant et l’épouse. Lorsqu’il doit partir à la guerre au service de son roi, Geneviève se retrouve face à l’intendant félon Golo à la cruauté sans bornes.
Quand on lui parle de Riccardo Freda (1909-1999), l’amateur de cinéma d’exploitation italien a ses yeux qui s’illuminent. Si son premier métier était sculpteur, sa passion pour le septième art l’amène un peu par hasard à réaliser son premier film, le bien connu Don Cesera Di Bazan (1942). Après ce premier coup d’essai, le réalisateur se spécialise rapidement dans le film d’aventure et le genre cape et d’épée. Vaniteux, ne mâchant pas ses mots, il affirmera toute sa vie n’avoir fait du cinéma que pour l’argent, tout en critiquant ses « camarades » qu’il côtoyait à l’époque, y compris Roberto Rossellini. Même s’il est indéniable que le bonhomme était on ne peut plus aigri et imbu de sa personne, allant même jusqu’à déclarer qu’il était une « exception » en tant que cinéaste, on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir chômé ou d’être allé à la facilité tout au long de sa prolifique carrière qui comptera plus de quarante films. On peut ainsi citer en vrac son adaptation des Misérables, connue en France sous le titre de L’Évadé du bagne (1948), Le Fils de d’Artagnan – Il Figlio di d’Artagnan (1949), auquel Bertrand Tavernier rendra hommage en écrivant La Fille de d’Artagnan (1994) que Riccardo Freda devait d’ailleurs mettre en scène lui-même, un Spartacus en 1953, Le Château des amants maudits (1956), inspiré de l’histoire de Beatrice Cenci, Les Vampires – I Vampiri (1957), qui sera finalement repris en main et terminé par Mario Bava, le cultissime L’Effroyable Secret du docteur Hichcock – L’Orribile segreto del Dr. Hichcock (1962). Retracer la filmographie de Riccardo Freda, c’est suivre les grandes étapes du cinéma italien d’exploitation, puisque le réalisateur touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, au mélodrame, au film d’épouvante, allant même jusqu’à anticiper le poliziottesco dix ans avant son explosion avec Chasse à la drogue en 1961. Le film d’aventure tient aussi une belle place dans son œuvre. Outre Sept épées pour le roi – Le Sette spade del vendicatore (1962), qui n’est autre que le remake de Don Cesera di Bazan et L’Aigle de Florence – Il Magnifico avventuriero (1963), Riccardo Freda met les bouchées doubles en 1964 et met en scène sa version de Roméo et Juliette et celle des Deux orphelines. Parallèlement, il écrit le film Geneviève de Brabant, inspiré par la biographie de l’héroïne légendaire et populaire du Moyen Âge, Geneviève de Brabant donc, présente dans l’ouvrage La Légende dorée écrit par Jacques de Voragine, qui inspirera les écrivains, les peintres, les dramaturges, les compositeurs et les cinéastes puisqu’il s’agit ici du sixième film centré sur ce personnage. S’il est souvent indiqué que seul le réalisateur José Luis Monter est aux commandes, Riccardo Freda y a bel et bien participé en tant que metteur en scène. Et en voyant le film (inédit en France), force est de constater que l’on retrouve non seulement son style au niveau du scénario, mais aussi et surtout à l’écran avec des affrontements pleins de panache (le film démarre d’emblée par un fracas de lames croisées), une caractérisation spécifique et personnelle des personnages, ainsi que le souffle épique qui a souvent marqué les opus du cinéaste transalpin. Il en résulte un divertissement de haute volée, excellemment réalisé et interprété, qui vaut le coup d’oeil pour ses beaux décors, ses rebondissements multiples, ses dialogues très soignés et ses combats très bien chorégraphiés.
LE SANG DU VAMPIRE (Blood of the Vampire) réalisé par Henry Cass, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 6 avril 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Donald Wolfit, Barbara Shelley, Vincent Ball, Victor Maddern, William Devlin, Andrew Faulds…
Scénario : Jimmy Sangster
Photographie : Monty Berman
Musique : Stanley Black
Durée : 1h25
Année de sortie : 1958
LE FILM
Transylvanie, 1874. Des villageois exécutent sauvagement un homme accusé de vampirisme. Un scientifique parvient à le ressusciter grâce à une transplantation du cœur. Quelques années plus tard, on le retrouve à la tête d’un asile d’aliénés implanté dans une forteresse. Dénommé à présent Callistratus, il expérimente des transfusions sanguines sur ses patients.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser et à ce que beaucoup pensent d’ailleurs encore, Le Sang du vampire – Blood of the Vampire, réalisé en 1958 par Henry Cass, n’est pas un opus sorti de la merveilleuse usine de La Hammer. C’est un peu comme la zircone, qui a l’aspect du diamant, qui en a la couleur, mais qui n’en est pas. Cependant, il existe bel et bien un lien entre cette production indépendante Robert S. Baker/Monty Berman et la célèbre fabrique de films d’épouvante, en la personne de Jimmy Sangster (1927-2011), dont nous avons déjà parlé à moult reprises sur Homepopcorn, à travers nos chroniques desHorreurs de Frankenstein (qu’il a aussi mis en scène),The Maniac, The Anniversary, Hurler de peur, Paranoïaque ou bien encore Les Maîtresses de Dracula. Capable de passer d’un genre à l’autre en suivant la mode et surtout le goût des spectateurs, le scénariste de moult bijoux qui ont fait la renommée du studio fondé en 1934 par William Hinds et Enrique Carreras, finalement repris par leurs fils Anthony Hinds et Michael Carreras, Jimmy Sangster a également officié pour d’autres firmes spécialisées dans le film d’horreur. C’est donc le cas pour Le Sang du vampire, issu de la Tempean Productions, société fondée en 1948, qui avait pu constater l’engouement international pour Le Monstre – Quatermass Xperiment (1955) et La Marque – Quatermass 2 (1957) de Val Guest, mais aussi et surtout de Frankenstein s’est échappé – The Curse of Frankenstein (1957) de Terence Fisher. Robert S. Baker et Monty Berman décident de surfer sur cette mouvance et engagent Jimmy Sangster. Rétrospectivement, Le Sang du vampire sera tourné avant les deux autres monuments de la Hammer, La Revanche de Frankenstein – The Revenge of Frankenstein et Le Cauchemar de Dracula – Dracula, réalisés par Terence Fisher et écrits par Jimmy Sangster. Autant dire que Le Sang du vampire a de quoi tromper une audience friande du genre, mais même si ce film ne provient donc pas de la Hammer, il se révèle pourtant tout aussi réussi et important, à tel point que l’oeuvre de Henry Cass est aujourd’hui considérée, et à juste titre, comme étant l’un des grands classiques, sadique, drôle et intelligent – de l’Age d’or du British Gothic.
L’ANNÉE TCHÈQUE(Spalicek – Špalíček) réalisé par Jirí Trnka, disponible en DVD le 6 avril 2021 chez Artus Films
Scénario : Jirí Trnka
Photographie : Emanuel Franek & Vladimír Novotný
Musique : Václav Trojan
Durée : 1h17
Année de sortie : 1947
LE FILM
Au sein d’un petit village tchèque, nous découvrons les coutumes et les légendes populaires du pays à travers six séquences de marionnettes animées : Le carnaval, Printemps, La légende de Saint Procope, Le pèlerinage, La kermesse, et La crèche de Noël.
L’âme et le coeur de L’Année tchèque (1947) sont ceux de Jiří Trnka (1912-1969), pionnier de l’animation (tchèque, c’était évident), cinéaste d’exception, également sculpteur, peintre et illustrateur, mais aussi créateur de décors et de costumes, qui a fait sa renommée à travers ses films d’animation en volume, à l’instar de son mythique Les Vieilles légendes tchèques – Staré povesti ceské (1953). D’origine modeste, Jiří Trnka se nourrit très jeune du monde des artisans, sa mère étant couturière et son père ferblantier, ainsi que de celui des paysans. Le bois est omniprésent dans le quotidien des Trnka et le jeune Jiří s’amuse à sculpter des marionnettes, qu’il utilise ensuite pour créer des spectacles destinés à ses amis d’école. Cette passion ne le quittera plus et il parviendra à en faire son métier, après avoir fréquenté une école d’arts appliqués au début des années 1930. Également graveur, il démarre dans la vie professionnelle en réalisant les illustrations d’ouvrages tchèques et étrangers, pour son propre compte ou pour quelques maisons d’édition. Il signera celles des contes des frères Grimm et de Charles Perrault, Les Mille et une nuits, des pièces de Shakespeare ou des fables de La Fontaine. Ses créations accompagnent les enfants lors de leurs découvertes de ces grands classiques. Alors qu’il est appelé par le théâtre pour y élaborer des décors et des costumes, Jiří Trnka est de plus en plus attiré par le cinéma. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il fonde un studio d’animation, Bratři v triku, avec ses confrères et amis Eduard Hofman et Jiří Brdečka. Leurs premiers courts-métrages sont réalisés sur cellulose. Puis Jirí Trnka fonde sa propre société d’animation de marionnettes, Jirí Trnka Studio et décide de passer la vitesse supérieure avec L’Année tchèque, long-métrage composé à partir d’une série de courts-métrages à l’origine indépendants. Ainsi, à travers six séquences différentes, tournées au fil des années et réunies en un programme, Jiří Trnka et ses 26 collaborateurs, se penchent sur les légendes, les coutumes et les traditions qui rythment la vie d’un petit village tchèque au fil des jours qui passent et des saisons.
LE PRINCE DES CHATS (Kocicí princ) réalisé par Ota Koval, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Pavel Hachle, Zaneta Fuchsová, Winfried Glatzeder, Jana Andrsová-Vectomová, Vlastimil Hasek, Bohumil Vávra, Alena Kreuzmannová, Jana Andresíková…
Scénario : Ota Hofman & Ota Koval
Photographie : Andrej Barla
Musique : Lubos Sluka
Durée : 1h18
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
En Bohême, une famille doit emménager dans un vieux château, les parents devant y travailler. Les enfants Raduk et Teresa explorent les longs couloirs avec leur petit chat, en évitant le ténébreux Albert, le maître des lieux qui n’aime pas les chats. Ce dernier blessant leur chatte, les enfants trouvent un passage derrière un tableau, qui les conduira dans un pays merveilleux, duquel ils devront ramener l’élixir de vie, après avoir affronté maints dangers.
Le Prince des chats – Kocicí princ est un conte de fées tchécoslovaco-est-allemand, réalisé par Ota Koval, sorti sur les écrans en 1979. Ici, point d’adaptation d’un élément tiré des Mille et Une Nuits, des écrits des frères Grimm, d’Andersen ou de Charles Perrault, puisqu’il s’agit d’une histoire complètement originale coécrite par le cinéaste et l’écrivain Ota Hofman, tous les deux étant spécialisés dans les récits dédiés aux enfants et aux jeunes adultes. Tourné dans de magnifiques décors naturels (Tierpark Berlin, ou dans les environs de Dresde et de Prague) ou reconstitués dans les studios Barrandov de Prague, Le Prince des chats est une sorte d’Histoire dans fin – The NeverEnding Story avant l’heure, puisque l’intrigue transforme nos deux très jeunes protagonistes, en héros d’aventures qui devront mener une quête teintée de magie, pour pouvoir rentrer chez eux et sauver celle pour qui ils vont risquer leur existence, leur chatte. Film très court, ramassé sur 78 minutes, Le Prince des chats conserve un charme vintage indéniable, même si l’on ne peut s’empêcher de penser que certains animaux ont été malmené sur le plateau, à l’instar de ce chat tout simplement balancé dans les airs durant le générique, sur lequel les cartons se figent et le montrent effrayé. Évidemment, cela ne va sûrement pas aussi loin que le tournage cruel des Aventures de Chatran, film japonais, remanié aux Etats-Unis, où plusieurs dizaines de félins avaient semblent-ils été sacrifiés, mais il est évident que les chats vus dans le film ont été « forcés » dans quelques scènes. Heureusement, ces séquences sont plutôt limitées et le reste du temps, le spectacle est joliment assuré et bourré d’imagination.
L’HISTOIRE DU PETIT MUCK (Die Geschichte vom kleinen Muck)réalisé par Wolfgang Staudte, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Thomas Schmidt, Johannes Maus, Friedrich Richter, Trude Hesterberg, Alwin Lippisch, Silja Lesny, Heinz Kammer, Gerhard Hänsel…
Scénario : Peter Podehl & Wolfgang Staudte, d’après le conte de Wilhelm Hauff
Photographie : Robert Baberske
Musique : Ernst Roters
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1953
LE FILM
Pour faire cesser les moqueries d’enfants turbulents, le vieux potier bossu Muck leur raconte son histoire : orphelin très jeune, Muck partit dans le désert à la recherche du marchand de bonheur. Séquestré par une sorcière, il parvint à lui échapper, emportant au passage un bâton magique et une paire de babouches enchantées. Il s’en alla alors tenter sa chance à la cour du sultan.
Vous n’aviez jamais entendu parler de L’Histoire du Petit Muck ? Nous non plus. Pourtant, sachez que Die Geschichte vom kleinen Muck a fait autant d’entrées dans les salles de la République démocratique allemande que Le Petit Monde de don Camillo (1952) ou que La Grande illusion (1947) de Jean Renoir en France, soit près de 13 millions de spectateurs, pour une population qui en comptait 16 millions. Il restera le plus grand succès de l’histoire du cinéma de la RDA. C’est dire le succès colossal, le triomphe, le phénomène de ce Petit Muck complètement inconnu au bataillon dans nos contrées. Le film est l’adaptation du conte de fées éponyme de l’écrivain et poète Wilhelm Hauff, que l’on trouve dans un recueil intitulé Die Karawane – La caravane, publié en 1825, qui avait déjà fait l’objet de plusieurs transpositions au cinéma et ce dès 1921 (Der kleine Muk, par Wilhelm Prager), puis en 1938 à travers un court-métrage d’animation soviétique (Malenkiy Muk par Olga Khodatayeva), et enfin en 1944 avec Der kleine Muck de Franz Fiedler. Et l’on arrive au film qui nous intéresse aujourd’hui, un blockbuster de l’époque qui bénéficiait alors d’un budget conséquent (le plus gros jamais alloué à un film par le studio), où l’argent se voit à l’écran du début à la fin. Rempli de couleurs et d’effets spéciaux (par ailleurs très réussis et au charme fou), L’Histoire du Petit Muck est un vrai spectacle pour les petits et les autres.
JEANNE D’ARC (Das Mädchen Johanna) réalisé par Gustav Ucicky, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 2 février 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Angela Salloker, Gustaf Gründgens, Heinrich George, René Deltgen, Erich Ponto, Willy Birgel, Theodor Loos, Aribert Wäscher…
Scénario : Gerhard Menzel
Photographie : Günther Krampf
Musique : Peter Kreuder
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 1935
LE FILM
A la fin de la Guerre de Cent ans, la France va de défaites en défaites face aux Anglais. Seule la ville d’Orléans résiste, défendue par La Trémoille, Dunois, et d’Alençon. A Domrémy, en Lorraine, une jeune fille de 17 ans, Jeanne, entend la voix de l’archange Michel. Il lui dit d’aller retrouver le dauphin Charles pour le faire couronner à Reims. Après le sacre, lui seul pourra bouter les Anglais hors de France.
Ils sont nombreux les cinéastes à s’être confrontés au mythe Jeanne d’Arc ! On peut citer en vrac, parmi les plus connus bien sûr, Carl Theodor Dreyer avec La Passion de Jeanne d’Arc (1928), Victor Fleming avec Jeanne d’Arc – Joan of Arc (1948), Roberto Rossellini avec Jeanne au bûcher – Giovanna d’Arco al rogo (1954), Jean Delannoy avec son segment dans le film collectif Destinées (1954), Otto Preminger avec Sainte Jeanne – Saint Joan (1957), Robert Bresson dans Le Procès de Jeanne d’Arc (1962), Jacques Rivette avec Jeanne la Pucelle (1994), Luc Besson avec Jeanne d’Arc (1999) et bien d’autres. La Pucelle d’Orléans aura eu comme beaux visages au cinéma, celui de Renée Falconetti, d’Ingrid Bergman (à deux reprises d’ailleurs), de Michèle Morgan, de Jean Seberg, de Florence Delay, de Sandrine Bonnaire ou de Milla Jovovich. Jeanne d’Arc n’aura pas attendu longtemps pour faire sa première apparition au cinéma puisque le premier film recensé sur ce sujet remonte à 1898, un court-métrage muet réalisé par Georges Hatot. Suivront très vite les Frères Lumière (Domrémy, 1899) et Georges Méliès (Jeanne d’Arc, 1899), avant que l’Italie s’empare du personnage dans le premier long-métrage consacré au personnage, Giovanna d’Arco (1913) d’Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia. Le premier film à l’utiliser comme élément de propagande est le grand Cecil B. De Mille avec son Jeanne d’Arc – Joan the Woman (1916), destiné à encourager les troupes américaines auprès des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Mais il y a un autre film consacré à la Pucelle d’Orléans, qui vaut qu’on s’y attarde et ce pour deux raisons. Premièrement, il s’agit du premier film parlant sur Jeanne d’Arc, deuxièmement il s’agit aussi d’une œuvre de propagande, destinée ici faire le parallèle entre la venue providentielle de cette jeune fille d’origine paysanne et celle d’Adolf Hitler. Il s’agit de Jeanne d’Arc – Das Mädchen Johanna, véritable blockbuster de l’époque, mis en scène par Gustav Ucicky, avec Angela Salloker dans le rôle-titre.
DES FLEURS POUR UN ESPION (Le Spie amano i fiori) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas, Yôko Tani, Marino Masé, Sal Borgese, Fernando Cebrián, Pilar Clemens, Tullio Altamura…
Scénario : Umberto Lenzi
Photographie : Augusto Tiezzi
Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Armando Trovajoli
Durée : 1h30
Année de sortie : 1966
LE FILM
Une arme secrète capable de neutraliser tout courant électrique dans un large rayon, l’Electroscomètre, a été volé. Les Services Spéciaux britanniques mettent leur meilleur agent sur la piste : Martin Stevens. A Genève, il va rencontrer la belle journaliste Geneviève qui se propose de l’aider. Les deux s’envolent donc pour Athènes suite à un mystérieux message codé : « Les roses bleues sont arrivées ce matin. »
J’ai déjà longuement parlé du réalisateur Umberto Lenzi (1931-2017) à travers mes articles sur Le Cynique, l’Infâme et le Violent, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Le Couteau de glace etSpasmo. Alors pour en savoir plus sur ce réalisateur mythique, que j’affectionne tout particulièrement, vous savez ce qui vous reste à faire. C’est un plaisir de découvrir l’un de ses « premiers » films, l’usage des guillemets est indispensable dans le sens où Des fleurs pour un espion – Le Spie amano i fiori était déjà son seizième long-métrage, dans une carrière qui compte pas loin de 70 films et téléfilms, certains réalisés sous divers pseudonymes, Humphrey Humbert, Humphrey Longan, Hank Milestone, Humphrey Milestone, Harry Kirkpatrick et Bob Collins. Dans la première partie de sa filmographie, ce bon vieux Umberto se fait remarquer avec ses films d’aventures, Mary la rousse, femme pirate – Le Avventure di Mary Read (1961), Le Triomphe de Robin des Bois – Il Trionfo di Robin Hood (1962), L’Invincible Cavalier noir – L’Invincibile cavaliere mascherato (1963), Sandokan, le tigre de Borneo – Sandokan, la tigre di Mompracem (1964), Le Temple de l’éléphant blanc – Sandok, il Maciste della giungla (1964), Les Pirates de Malaisie – I Pirati della Malesia (1964), sans oublier quelques péplums comme Hercule contre les mercenaires – L’Ultimo Gladiatore (1964), quand ce n’est pas un mélange des deux (Maciste contre Zorro – Zorro contro Maciste, 1963). Le début des années 1960 marque l’envolée directe du réalisateur, qui comme ses confrères regarde ce qui fonctionne au cinéma à l’étranger et le genre qui a le vent en poupe. En 1962, le triomphe inattendu de James Bond 007 contre Dr No – Dr. No, rapidement suivi de celui de Bons baisers de Russie – From Russia with Love, jusqu’au phénomène mondial de Goldfinger (1963), entraînent une James Bond Mania qui donne quelques idées aux producteurs peu scrupuleux, autrement dit surfer sur cette déferlante et proposer aux spectateurs des ersatz de l’agent 007. L’Italie est bien sûr au coeur de ce qu’on appellera désormais le genre de l’Euro Spy. Umberto Lenzi prend le train en marche, on peut même dire qu’il en est l’un des principaux cheminots et livre son premier Euro Spy, Suspense au Caire pour A008 – A 008, operazione Sterminio (1965), rapidement suivi la même année de Super 7 appelle le Sphinx – Superseven chiama Cairo. Et comme le cinéaste a de la suite dans les idées, il décide d’enchaîner avec Des fleurs pour un espion, dans lequel le comédien américain Roger Browne reprend son rôle de Martin Stevens, aka Super 7, super agent au service de sa Majesté, lancé une fois de plus dans une mission périlleuse. Et le résultat est à la hauteur de l’attente, Le Spie amano i fiori est un opus ultra-divertissant et un digne représentant de l’Euro Spy !
OPÉRATION RE MIDA – LUCKY L’INTRÉPIDE (Lucky, el intrépido) réalisé par Jess Franco, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Ray Danton, Barbara Bold, Dante Posani, Dieter Eppler, María Luisa Ponte, Rosalba Neri, Beba Loncar, Teresa Gimpera…
Scénario : José Luis Martínez Mollá, Julio Buchs, Remigio Del Grosso & Jess Franco
Photographie : Fulvio Testi
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h26
Année de sortie : 1967
LE FILM
Une organisation criminelle dirigée par Goldglasses inonde le monde de faux billets. Alors qu’il se trouve à une soirée costumée, l’agent Lucky Mulligan est contacté par la société secrète Archange qui lui demande de mener l’enquête. Epaulé par la plantureuse Michèle, Lucky va remonter la piste et se rendre en Albanie pour neutraliser le réseau.
En visionnant cette incroyable série B qu’est Opération Re Mida (Lucky l’intrépide) – Lucky, el intrépido, on se rend compte à quel point Mike Myers n’a rien inventé pour sa trilogie Austin Powers et surtout que la parodie d’espionnage existait déjà dans les années 1960. S’il s’inspire ouvertement de la saga James Bond, dont le succès international battait son plein depuis cinq ans, Opération Re Mida (Lucky l’intrépide), sorti la même année qu’On ne vit que deux fois – You Only Live Twice, cinquième opus de la franchise 007 interprété par Sean Connery, ne peut évidemment pas rivaliser avec l’agent secret le plus célèbre au service de sa Majesté, et d’ailleurs ne prétend pas pouvoir lui arriver à la cheville, mais s’avère un divertissement tout aussi réussi. Quand il entame Lucky, el intrépido, l’ancien assistant d’Orson Welles sur Falstaff, Jesús Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013) en est déjà à près d’une quinzaine de films réalisés en un peu plus de dix ans, passant sans complexe de la comédie (Tenemos 18 años, Certains l’aiment noire) au film d’horreur (L’Horrible docteur Orloff, son premier succès, Le Sadique Baron Von Klaus, Le Diabolique docteur Z, Les Maîtresses du Docteur Jekyll, Dans les griffes du maniaque), sans oublier le western (Le Jaguar). Toujours à l’affût des nouvelles modes et des goûts des spectateurs, ce bon vieux Jess décide de prendre le train en marche du courant cinématographique connu sous le nom de l’Euro Spy, où lers ersatz du personnage créé par Ian Fleming fleurissaient un peu partout à travers des coproductions entremêlant diverses nationalités, permettant ainsi aux personnages d’agents secrets venus des quatre coins du monde de se rendre dans plusieurs pays au fil de leurs enquêtes respectives. Ainsi, Jess Franco, qui avait déjà tâté du polar avec Agent 077, opération Jamaïque – La Muerte silba un blues (1964), entrait de plain-pied dans cette branche du cinéma Bis avec deux opus interprétés par Eddie Constantine, Cartes du table – Cartas boca arriba (coécrit avec Jean-Claude Carrière) et Ça barde chez les mignonnes – Residencia para espia, tous deux réalisés en 1966. Ou comment allier espionnage et humour, tout en jouant sur le côté carte postale et celui décontracté de son personnage principal. Après trois films mis en scène en 1966, Jess Franco enchaîne directement avec le film qui nous intéresse aujourd’hui, Opération Re Mida, immense spectacle, hilarant, mais aussi génialement mis en scène, mené sur un rythme effréné, sans aucun temps mort, bourré d’imagination et de rebondissements.
LA VENGEANCE DE SIEGFRIED (Die Nibelungen) réalisé par Harald Reinl, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 janvier 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Uwe Beyer, Karin Dor, Rolf Henniger, Siegfried Wischnewski, Maria Marlow, Hans von Borsody, Terence Hill, Herbert Lom, Fred Williams, Dieter Eppler…
Scénario : Harald G. Petersson, Harald Reinl & Ladislas Fodor
Photographie : Ernst W. Kalinke
Musique : Rolf A. Wilhelm
Durée : 2h42
Année de sortie : 1966
LE FILM
Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l’invincibilité. Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable. Il se rend ensuite à la cour des Nibelungen, chez le roi Gunther, où il va tomber amoureux de la belle Krimhilde, la sœur du roi. Ce dernier devant repousser une attaque des Saxons, Siegfried va lui prêter main forte. Ses exploits l’amèneront au statut immortel de héros.
Certains cinéphiles pointus connaissent le diptyque de Fritz Lang réalisé en 1924, La Mort de Siegfried, suivi de La Vengeance de Kriemhilde, inspiré par le mythe allemand des Nibelungen. Une fresque de six heures qui demeure la grande référence sur le sujet. Néanmoins, dans les années 1960, le cinéma allemand décide de revenir à cette légende, la légendaire Chanson des Nibelungen, épopée médiévale composée au XIIIe siècle, narrant entre autres la construction de l’Allemagne. Sur une durée de près de trois heures, pensé en deux actes bien distincts, La Vengeance de Siegfried – Die Nibelungen est pour ainsi dire un véritable blockbuster, magistralement réalisé par Harald Reinl (1908-1986), réalisateur mythique, prolifique et éclectique (tous les genres et sous-genres sont représentés dans sa filmographie), passé à la postérité avec Le Retour du docteur Mabuse – Im Stahlnetz des Dr. Mabuse (1961) et L’Invisible docteur Mabuse – Die unsichtbaren Krallen des Dr. Mabuse (1962), ainsi que la célèbre série des Winnetou avec Pierre Brice dont il réalisera cinq épisodes, y compris les trois premiers qui populariseront la franchise qui sera constituée au final de douze longs-métrages, une série et un téléfilm. Également l’un des fondateurs du Krimi, autrement dit du polar allemand qui commençait à fleurir dans les salles, Harald Reinl se voit confier cette énorme coproduction germano-yougo-hispano-islandaise, La Vengeance de Siegfried, Première partie : La Mort de Siegfried – Die Nibelungen, Teil 1: Siegfried et La Vengeance de Siegfried, Deuxième partie : La Vengeance de Kriemhild – Die Nibelungen, Teil 2: Kriemhilds Rache. Immense spectacle, bourré de magie, de combats, d’émotions, de conspirations, La Vengeance de Siegfried n’a pas pris de rides et reste toujours aussi efficace et très beau à regarder.