Test Blu-ray / Les Horreurs de Frankenstein, réalisé par Jimmy Sangster

LES HORREURS DE FRANKENSTEIN (The Horror of Frankenstein) réalisé par Jimmy Sangster, uniquement disponible dans le coffret Hammer – Tome 2 – 1970-1976 Sex & Blood – Édition Limitée Numérotée – Blu-ray + DVD, depuis le 30 novembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Ralph Bates, Kate O’Mara, Veronica Carlson, Dennis Price, Jon Finch, Bernard Archard, Graham James, David Prowse…

Scénario : Jeremy Burnham & Jimmy Sangster, d’après les personnages de Mary Shelley

Photographie : Moray Grant

Musique : Malcolm Williamson

Durée : 1h35

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Après avoir sciemment provoqué la mort de son père, Victor Frankenstein, jeune homme manipulateur et séducteur, reprend le flambeau et se livre à son tour à quelques expériences macabres. Il engage un pilleur de tombes pour lui fournir les matériaux nécessaires à son travail…

En 1957, les productions Hammer Film sortent sur grand écran Frankenstein s’est échappé – The Curse of Frankenstein, premier opus d’une saga cinématographique à succès réalisé par Terence Fischer. Peter Cushing interprète le Baron Victor Frankenstein face à Christopher Lee dans le rôle du monstre. En 1970, un nouveau film intitulé Les Horreurs de Frankenstein – The Horrors of Frankenstein voit le jour après quatre autres suites. Ce film se démarque de la saga. Cette fois-ci, le baron Frankenstein n’est plus joué par l’éternel Peter Cushing et Terence Fischer n’est pas derrière la caméra.

Jimmy Sangster, l’un des piliers de la Hammer Films, est aux commandes. Il a débuté sa carrière en tant que scénariste, participant aux premiers films mettant en scène Dracula et Frankenstein produits par la Hammer et sur plusieurs longs-métrages d’horreur et d’épouvante. Avec Les Horreurs de Frankenstein, il passe pour la première fois à la réalisation, tout en étant également le scénariste ainsi que le producteur du film.

The Horrors of Frankenstein commence sur un générique original et efficace. Il annonce le ton gothique et le sujet avec un gros plan sur une main qui trace au crayon des traits découpant les membres sur le portait d’une femme nue, comme en chirurgie esthétique aujourd’hui. Il s’agit du jeune Baron Victor Frankenstein, peu intéressé par le cours de son professeur et qui préfère étudier l’anatomie.

Suite à la mort de son père et grâce à son héritage, il peut enfin réaliser son rêve et prendre des cours d’anatomie à la faculté. Avec la complicité d’un camarade, il commence des travaux extrêmement étranges… Par exemple, il vole au laboratoire un bras et grâce à l’électricité, parvient à le faire bouger. Même si le trucage a sans doute vieilli en raison de sa fabrication peu difficile à cerner, la scène est tout de même réussie. Il y a aussi cette tête placée dans un bocal dont l’effet de frisson est garanti.

L’un des atouts du film est sans doute la présence de Ralph Bates dans le rôle du Baron Frankenstein. Ce personnage était auparavant interprété magistralement par Peter Cushing et le comédien reprend merveilleusement le flambeau. Il y apporte sa jeunesse, sa présence et son charisme. Il arrive à rendre ce personnage attachant malgré les monstruosités qu’il commet, capable d’être charmant en société et de devenir un être diabolique dans son laboratoire. Le Baron Frankenstein est un sociopathe prêt à tout pour aller jusqu’au bout de son expérience scientifique. Ralph Bates campe l’année suivante un rôle similaire dans Dr Jekyll and Sister Hyde. Il est accompagné par deux actrices, Kate O’Mara et Veronica Carlson, dont la présence apporte une dose d’érotisme au film. Mais ces personnages féminins ne sont pas de simples faire-valoir et ont un rôle important dans le récit. Notons également la présence de David Prowse qui joue le fameux monstre et qui sera immortalisé au cinéma quelques années plus tard en incarnant Dark Vador dans la saga Star Wars.

Les Horreurs de Frankenstein a un problème de rythme évident. Il met du temps à démarrer et à entrer dans le vif de l’action. Alors que l’affiche montre une créature monstrueuse, celle-ci n’apparaît à l’écran qu’au bout… d’1h10 ! Les spectateurs doivent donc s’armer de patience avant de pouvoir apprécier ces 25 minutes en compagnie du monstre. Le film préfère s’attarder sur les expériences scientifiques et sur le personnage du Baron Frankenstein. Étrangement, la créature n’est pas effrayante, c’est un grand colosse avec un peu de maquillage grossier sur la tête. Elle fait presque peine à voir à obéir aux ordres du Baron, c’est plutôt une victime dans ce récit. Le véritable monstre est le Baron Frankenstein. La musique tente péniblement d’effrayer les spectateurs face aux images peu convaincantes.

Le film ressemble davantage à une comédie horrifique qu’à un véritable film d’épouvante. Les répliques, les situations et la mise en scène renforcent l’humour noir du scénario. The Horrors of Frankenstein a quelques audaces, en faisant par exemple allusion dans une scène à l’avortement en parlant d’une petite opération sur une femme qui attend un enfant non désiré. En Angleterre, l’avortement a été légalisé en 1967 soit 3 ans avant la réalisation du film et il faudra attendre encore 3 ans pour qu’il le soit aux Etats-Unis, pays qui finançait et distribuait Les Horreurs de Frankenstein. La scène la plus importante du film, celle de la naissance du monstre, est parfaitement réalisée, avec des hors-champs intéressants et remplis de suspense. Finalement, la créature est effrayante lorsqu’elle n’est pas visible à l’écran.

Le manque de budget se remarque assez rapidement au vue des décors une fois de plus récupérés des films précédents et peu nombreux. Cela se ressent également sur la photographie avec une baisse flagrante de qualité si l’on compare cet épisode aux films précédents. C’est une période économiquement difficile pour la Hammer et cela est malheureusement visible à l’écran.

Les Horreurs de Frankenstein n’est certainement pas le meilleur long-métrage de la saga cinématographique produite par la Hammer mais reste original pour avoir offert le rôle principal à Ralph Bates et non à Peter Crushing qui l’a interprété pas moins de six fois. La fin, sous forme de farce horrifique, est aussi étrange qu’inattendue.

LE BLU-RAY

Les DVD et Blu-ray du film Les Horreurs de Frankenstein sont disponibles dans un coffret DVD-Blu-ray en édition limitée à 2000 exemplaires chez Tamasa, comprenant également Dr Jekyll et Sister Hyde (1971), Les Démons de l’esprit (1972), Une fille… pour le Diable (1976), Les Cicatrices de Dracula (1970), La Momie sanglante (1971) et Sueur froide dans la nuit (1972). Le visuel de la jaquette est soigné, avec le visage et le regard vide de Frankenstein. Le menu est fixe et musical.

Les bonus comportent une analyse du long-métrage titrée « Un nouveau cycle » (45′) par Nicolas Stanzick. Ce dernier présente la production la Hammer : ses participants, son histoire, ses films majeurs ainsi que ses méthodes de financement. Il revient ensuite sur la naissance du film Les Horreurs de Frankenstein, qui démarre un nouveau cycle dans la saga cinématographique et pour les productions la Hammer. Le genre fantastique est modernisé et filmé en Technicolor. Nicolas Stanzick résume la carrière du réalisateur Jimmy Sangster ainsi que des acteurs principaux et parle du genre fantastique au cinéma. Il analyse le scénario par rapport au livre écrit par Mary Shelley, une adaptation qui se permet certaines libertés. Il livre quelques anecdotes sur le tournage, qui s’est déroulé avec un budget serré, ce qui se ressent d’après lui sur les décors et l’esthétisme. Il rappelle que le film fût un échec au cinéma lors de sa sortie. Malgré les défauts, Nicolas Stanzick énumère les qualités que possède Les Horreurs de Frankenstein, en faisant des parallèles avec les autres films de la saga. Ses analyses de certaines scènes sont comme toujours passionnantes.

Dans « Humour macabre, dans les coulisses du film » (18′), disponible en VOSTFR, des spécialistes anglais du cinéma de la Hammer reviennent en détails sur Les Horreurs de Frankenstein : sa naissance, l’évolution du projet et son financement. Ils analysent des séquences, les thèmes ainsi que le casting, la musique, le maquillage, la mise en scène et les décors. Ils terminent par une critique personnelle du long-métrage. L’intervention de l’actrice Veronica Carlson, qui joue le rôle d’Elizabeth, est très intéressante puisqu’elle livre des anecdotes sur l’ambiance du tournage, tout en indiquant avoir quelques regrets par rapport au film.

Dans « L’horrifique histoire de la Hammer, les années Fox » (10′), Bruno Terrier, responsable de la boutique Metaluna, fait un historique de la Hammer. Il revient sur ses différentes périodes ainsi que sur ses films majeurs avant de se concentrer sur la fin des années 60. Il s’agit d’une période de déclin pour la Hammer puisque la Fox, studio américain, décide d’arrêter de cofinancer leurs films. Il livre quelques anecdotes sur l’exploitation des longs-métrages, le financement et les tournages en studios.

L’interactivité se clôt avec la bande-annonce (3′) en version originale.

L’image et le son

Pour la première fois disponible en Blu-ray en France, Les Horreurs de Frankenstein a eu droit à une belle restauration. Bien que quelques poussières soient encore présentes à l’écran, cela ne gêne nullement le visionnage. Les scènes se déroulant la nuit ont été soigneusement travaillées. Le ton gothique du film a été respecté malgré une photographie peu alléchante, tout comme le format d’origine en 1.66. Tamasa a eu l’intelligence de ne pas choisir une copie en 1.85, format utilisé pour l’exploitation aux Etats-Unis.

Les Horreurs de Frankenstein n’a malheureusement aucune piste audio en français. Il n’a sans doute jamais été doublé en français. Le film est donc disponible dans sa version originale, avec un son très correct au niveau des voix et propose un bon mixage avec la musique. Des sous-titres en français sont disponibles et non-imposés. Cependant, il est regrettable de constater que le caractère choisi pour le texte est petit.

Crédits images : © Tamasa Diffusion / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr / Critique du film et chronique du Blu-ray réalisées par Jérémy Joly

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