Test Blu-ray / The Maniac, réalisé par Michael Carreras

THE MANIAC réalisé par Michael Carreras, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 26 novembre 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Kerwin Mathews, Nadia Gray, Donald Houston,Liliane Brousse, George Pastell, Arnold Diamond, Norman Bird, Justine Lord, Jerold Wells…

Scénario : Jimmy Sangster

Photographie : Wilkie Cooper

Musique : Stanley Black

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Dans le sud de la France, un peintre américain entretient une relation amoureuse avec une tenancière de bar. Cette dernière lui demande de l’aider à faire évader son mari, enfermé dans un asile pour un sordide meurtre au chalumeau, en échange de quoi elle sera sienne pour toujours. Une tâche peu aisée pour un modeste peintre, mais le jeu en vaut la chandelle. Si seulement tout pouvait se passer comme prévu…

Michael Carreras (1927-1994) est le fils d’Enrique Carreras, l’un des deux fondateurs de la mythique Hammer Films avec William Hinds, société de production née en 1934. Ce que l’on sait moins, c’est que la Hammer a fait faillite à la fin des années 1930, avant d’être reprise par Anthony Hinds et Michael Carreras, les fils des créateurs du studio. Devenu un immense producteur touche à tout avec près de 70 titres produits en près de trente ans de carrière, Michael Carreras aura également signé quelques scénarios, Meurtres sans empreintes (1954) de Terence Fisher, le mythique Un million d’années avant J.C. (1966) de Don Chaffey, avec la sculpturale Raquel Welsh, mais il passera également lui-même derrière la caméra dès la fin des années 1950, pour une douzaine de longs-métrages. The Maniac est son quatrième film et l’on doit le scénario au légendaire Jimmy Sangster (1927-2011), l’un des grands noms de la Hammer, capable de passer d’un genre à l’autre en suivant la mode et surtout le goût des spectateurs. L’auteur des films cultes Frankenstein s’est échappé ! (1957), Dracula (1958) et La Revanche de Frankenstein (1958), tous les trois réalisés par l’immense Terence Fisher, s’inspire ici des succès foudroyants des Diaboliques (1954) de Henri-Georges Clouzot et de Psychose d’Alfred Hitchcock (1960), qui démontraient alors l’attrait du public pour les thrillers psychologiques. The Maniac convie le spectateur en France, plus précisément en Camargue, où une petite bourgade va connaître d’étranges évènements et où rôde un fou armé d’un chalumeau.

Un artiste américain en vacances dans le sud de la France, Jeff Farrell – Kerwin Mathews, vu en rôle-titre dans Le Septième voyage de Sinbad et OSS 117 se déchaîne – s’éprend de la tenancière d’un restaurant, prénommée Eve, interprétée par Nadia Gray, immortalisée par Federico Fellini dans La Dolce Vita (1960). Plus âgée que Jeff, cette dernière héberge Annette (Liliane Brousse, une des têtes d’affiche de Paranoiac), jeune fille de 19 ans, qui tombe également sous le charme du peintre. Ce dernier n’est d’ailleurs pas sans succomber à la fraîcheur de cette demoiselle, qui attire bien les convoitises. Annette est la belle-fille d’Eve. Depuis quatre ans, son père Georges est interné dans un asile psychiatrique, accusé d’avoir utilisé un chalumeau pour tuer un homme qui avait violé Annette quand elle était adolescente. Croyant que cela aidera Eve à rompre définitivement avec son passé, Jeff accepte de l’aider à faire sortir Georges de l’asile.

The Maniac, c’est comme qui dirait l’inverse du slogan « Quelques grammes de finesse, dans un monde de brutes ». Dans le décor paisible et lumineux de la Camargue, où Henri-Georges Clouzot avait d’ailleurs tourné Le Salaire de la peur en 1953, un meurtre brutal inaugure le film. L’assassin n’utilise pas d’arme blanche, mais une arme à feu. Enfin, façon de parler puisqu’il s’agit d’un chalumeau oxygène-acétylène ! Nous ne verrons pas le « résultat » à l’écran, mais les cris de la victime sont explicites. Il faudra attendre le dernier acte pour voir à nouveau l’assassin à l’oeuvre, même si entre-temps, le chalumeau est étrangement allumé comme par enchantement. The Maniac prend le temps, un peu trop sans doute, à exposer les personnages. Jimmy Sangster et Michael Carreras font la part belle aux pulsions sexuelles des protagonistes, l’attirance entre Jeff, la trentaine bien entamée, envers la jeune Annette, ou bien encore celle de la belle-mère d’Annette pour Jeff, de quelques années son cadet.

A la fois film d’horreur, thriller psychologique et romance, The Maniac déjoue les attentes des spectateurs. Comme bien souvent dans les productions de la Hammer de l’époque du style Hurler de peurTaste of Fear (1961) de Seth Holt et avant ParanoïaqueParanoiac (1964) de Freddie Francis, on ne sait jamais où le réalisateur veut nous mener, jusqu’à la dernière partie où tous les évènements se précipitent, pour nous conduire à un dénouement inattendu où les personnages dévoilent leur véritable nature. C’est encore le cas pour The Maniac, dont la construction dramatique étonne, ennuie parfois en raison d’un rythme très languissant et d’un ventre mou en plein milieu, où le scénariste semble ne plus trop savoir quoi faire de son trio vedette. Toutefois, le réalisateur parvient à garder une tension sous-jacente et quelques éléments suintants et pervers, qui retiennent l’attention du spectateur, d’autant plus que la mise en scène est soignée de bout en bout avec également une superbe et éclatante photographie de Wilkie Cooper (Le Grand alibi, Jason et les Argonautes).

S’il ne fait sans doute pas partie des meilleurs films produits à la chaîne par la Hammer, The Maniac tient suffisamment ses promesses grâce à une réalisation soignée, une plastique irréprochable, un scénario fourre-tout, mais malin, ainsi qu’un épilogue et un dernier acte franchement réjouissants.

LE BLU-RAY

The Maniac intègre tout naturellement la collection « British Terrors » d’ESC Editions, qui comprend entre autres les titres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum, Les Contes aux limites de la folie, Histoires d’outre-tombe, Les Deux visages du Dr Jekyll, La Maison qui tue, La Revanche de Frankenstein, Hurler de peur… Cette édition Mediabook se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

ESC a confié la présentation de la Hammer à l’éminent Nicolas Stanzick, auteur du livre Dans les griffes de la Hammer : la France livrée au cinéma d’épouvante. Dans un module de 13 minutes, le journaliste nous raconte l’histoire du mythique studio Hammer Film Productions. Comment le studio a-t-il fait sa place dans l’Histoire du cinéma, comment le studio a-t-il réussi l’exploit de susciter un véritable culte sur son seul nom et surtout en produisant de vrais auteurs ? Comment les créateurs du studio ont-ils pu ranimer l’intérêt des spectateurs pour des mythes alors tombés en désuétude ou parfois même devenus objets de comédies ? Nicolas Stanzick, érudit, passionnant, passe en revue les grands noms (Terence Fisher bien évidemment, Christopher Lee, Peter Cushing) qui ont fait le triomphe de la Hammer dans le monde entier, mais aussi les grandes étapes qui ont conduit le studio vers les films d’épouvante qui ont fait sa renommée. Voilà une formidable introduction !

S’ensuit une petite présentation du film par Christophe Foltzer (8’). Réalisateur et scénariste, l’invité d’ESC Distribution replace The Maniac dans l’histoire de la Hammer Films, avant d’analyser un peu plus le fond et la forme du film de Michael Carreras, ainsi que la psychologie des personnages.

L’Image et le son

Franchement, nous ne nous attendions pas à un résultat aussi beau. Malgré quelques très légères imperfections (une rayure verticale constatée lors du baiser sur la plage), ce nouveau master restauré HD (1080p, AVC) s’impose aisément comme l’une des plus belles surprises de cette collection British Terrors. Ce qui frappe d’emblée, mis à part le formidable usage du cadre large (MegaScope), c’est la densité du N&B et la profondeur de champ qui est souvent admirable. La photo est formidablement nuancée avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs profonds. La gestion du grain est fort plaisante. La copie est lumineuse et le rendu des textures est très réaliste.

Le film est disponible en version originale uniquement, en DTS HD Master Audio mono d’origine. La piste anglaise est très dynamique et s’impose sans mal avec une belle homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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