L’ÉVADÉE (The Chase) réalisé par Arthur D. Ripley, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Robert Cummings, Michèle Morgan, Steve Cochran, Jack Holt, Lloyd Corrigan, Don Wilson…
Scénario : Philip Yordan, d’après le roman de Cornell Woolrich
Photographie : Franz Planer
Musique : Michel Michelet
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 1946
LE FILM
Chuck Scott, vétéran de guerre, tombe amoureux de Lorna, la femme d’un gangster. Ils décident de s’enfuir ensemble, provoquant la colère sadique du truand.
Il arrive parfois, souvent même, qu’un film dont on n’attendait pas forcément grand-chose, vous cueille au point de vous laisser une grande et insoupçonnée impression. C’est le cas de L’Évadée – The Chase, réalisé en 1946 par un certain Arthur fD. Ripley, dans lequel Robert Cummings donne la réplique à notre Michèle Morgan nationale. C’est un petit thriller étrange, qui lorgne un peu vers le fantastique, en bifurquant à mi-chemin vers un rêve pour ainsi dire d’opium, le personnage principal, atteint de troubles du stress post-traumatique, se gavant de médicaments l’aidant à aller de l’avant. Mais c’était sans compter sur la propriété des calmants, qui entraînent Chuck Scott dans un cauchemar prémonitoire. Si à l’époque la structure avait pu troubler les spectateurs, au point d’en perdre certains, qui ne comprenaient pas pourquoi le récit prenait une autre dimension à mi-parcours, aujourd’hui les codes sont mieux assimilés par une audience abreuvée d’histoires du même acabit. Toutefois, L’Évadée demeure un film noir particulier et singulier, classique dans sa mise en scène, mais qui reste ponctué par quelques éléments originaux et encore très modernes. Une belle découverte donc.
LE LIVRE NOIR (The Black Book) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Robert Cummings, Richard Basehart, Richard Hart, Arlene Dahl, Arnold Moss, Norman Lloyd…
Scénario : Aeneas MacKenzie & Philip Yordan
Photographie : John Alton
Musique : Sol Kaplan
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1949
LE FILM
A Paris, en 1794, cinq ans après la Révolution française, le règne de la Terreur est instauré. Robespierre use de toutes les ficelles pour éradiquer ses rivaux et conserver les grâces de la Convention. Il consigne, dans un petit livre noir, les noms de ses ennemis, prochaines victimes de la cruauté révolutionnaire. Mais ce livre noir disparaît. Afin de confondre Robespierre et le destituer, Charles d’Aubigny est chargé de le retrouver, par tous les moyens…
Sur Homepopcorn.fr, nous avons déjà longuement parlé d’Anthony Mann, de sa virtuosité, de sa légende, de son éclectisme, deLa Charge des Tuniques Bleues, en passant par Les Affameurs, Je suis un aventurier, Marché de bruteset La Brigade du suicide. Le film que nous évoquerons aujourd’hui s’intitule Le Livre Noir – The Black Book et se situe entreRaw Dealet La Porte du diable – Devil’s Doorway. A la fin des années 1940, le réalisateur se spécialise dans le film noir à petit budget, avec parfois quelques ingrédients issus du documentaire afin de renforcer le réalisme de l’histoire, à l’instar d’Il marchait dans la nuit – He Walked by Night sorti en 1948. Le Livre Noir se démarque, car il s’agit d’un drame historique et d’aventures en costume, mais aussi un thriller d’espionnage, le tout teinté d’humour noir. Deux choses concernant ce film. Premièrement, si vous souhaitez faire connaître la période de la Terreur à l’une de vos connaissances ou à l’un de vos bambins, ne lui montrez surtout pas Le Livre Noir, qui arrange à sa sauce cette période spécifique de la Révolution française, avec moult anachronismes et rencontres improbables de personnages historiques. Deuxièmement, si vous cherchez un super divertissement, magistralement mis en scène, interprété et photographié, ponctué de poursuites en calèche, de bagarres, de faux-semblants, de trahisons, de suspense alors précipitez-vous sur The Black Book, aussi connu sous le titre Reign of Terror, merveilleux spectacle qui en met plein la vue, mené sans aucun temps mort, sans un pet de gras durant 85 minutes, une vraie leçon de cinéma et de montage. Le génie d’Anthony Mann explose à chaque plan pour le plus grand bonheur de ses très nombreux aficionados, qui se laisseront facilement emporter par le souffle de ce méconnu Livre Noir.
LA FEMME DÉSHONORÉE (Dishonored Lady) réalisé par Robert Stevenson, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Hedy Lamarr, Dennis O’Keefe, John Loder, William Lundigan, Morris Carnovsky, Natalie Schafer, Paul Cavanagh, Douglass Dumbrille…
Scénario : Edmund H. North, d’après une pièce de Edward Sheldon et Margaret Ayer Barnes
Photographie : Lucien N. Andriot
Musique : Carmen Dragon
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 1947
LE FILM
Directrice de presse, Madeleine Damien fait une tentative de suicide. Le docteur Caleb la prend en charge et la convainc de changer de vie. Elle emménage alors à Greenwich Village et se met à la peinture. Elle rencontre David, un scientifique, qui va lui redonner peu à peu goût à la vie. Un soir, elle retrouve Félix, un ancien amant.
La dernière fois que nous évoquions Hedy Lamarr, c’était pour parler du Démon de la chair – The Strange Woman (1946) d’Edgar G. Ulmer, thriller viscéral adapté d’un roman de Ben Ames Williams, produit et interprété par la sublimissime Hedy Lamarr (1914-2000), femme fatale, vénéneuse et à se damner dans un rôle taillé sur mesure, dans lequel elle enflammait l’écran et les sens. Si vous désirez en savoir plus sur la comédienne, ainsi que sur sa vie et son parcours atypiques, vous saurez retrouver notre chronique. Nous reprendrons donc où nous en étions, puisque le film qui nous intéresse aujourd’hui, La Femme déshonorée – Dishonored Lady (1947) est le long-métrage tourné dans la continuité par Hedy Lamarr. Également productrice sur cet opus, cette dernière est toujours aussi magnétique et foudroie par la modernité de son jeu, sur lequel le temps semble ne pas avoir d’emprise. Confié au légendaire Robert Stevenson (1905-1986), réalisateur des mythiques productions Disney Un Amour de coccinelle et Un Nouvel amour de coccinelle, L’Apprentie sorcière, Mary Poppins,L’Espion aux pattes de velours, L’Île sur le toit du monde, Le Fantôme de Barbe-Noire et Professeur tête en l’air, La Femme déshonorée est un drame psychologique saupoudré de quelques petites touches de film noir, qui conserve un charme fou. Et c’est encore une fois l’occasion d’admirer l’une des plus belles actrices de l’histoire du cinéma.
A la fin de la guerre de Sécession, deux anciens soldats sudistes, Willi Preston et California, se lient d’amitié. Malheureusement Willie est abattu sur le chemin le ramenant chez lui. California décide alors d’aller chez les parents de son compère pour leur remettre la médaille gagnée par Willie au champ d’honneur. Mais des chasseurs de primes chargés d’éliminer les anciens confédérés ne vont pas tarder à menacer sa vie…
Michele Lupo (1932-1989) est évidemment loin d’être le réalisateur italien le plus célèbre, mais les spectateurs friands de cinéma Bis, de séries B et de comédies populaires connaissent inévitablement ses films. Citons-en quelques-uns, comme je sais que vous aimez bien ça, les péplums Maciste contre les géants – Maciste, il gladiatore più forte del mondo (1962) et Le Retour des Titans – Maciste, l’eroe più grande del mondo (1963) avec Mark Forest, le western Arizona Colt – Il pistolero di Arizona (1966), les films policiers Qui êtes-vous inspecteur Chandler – Troppo per vivere… poco per morire (1967) et Un homme à respecter – Un uomo da rispettare (1972), sans oublier les collaborations du cinéaste avec le grand Bud Spencer, Mon nom est Bulldozer – Lo chiamavano Bulldozer (1978), Le Shérif et les Extra-terrestres – Uno sceriffo extraterrestre – poco extra e molto terrestre (1979), Faut pas pousser – Chissà perché… capitano tutte a me (1980), On m’appelle Malabar – Occhio alla penna (1981) et Capitaine Malabar dit La Bombe – Bomber (1982). Un artisan, un vrai. Mais l’autre association de Michele Lupo demeure celle entamée en 1963 avec Giuliano Gemma (1938-2013). Au total, les deux hommes tourneront à six reprises, Le Retour des Titans – Maciste, l’eroe più grande del mondo (1963), Arizona Colt – Il pistolero di Arizona (1966), Méfie-toi Ben, Charlie veut ta peau – Amico stammi lontano almeno un palmo (1971), Un homme à respecter – Un uomo da rispettare (1972), Africa Express (1976) et le film qui nous intéresse aujourd’hui, California, connu aussi sous le titre Adios California (1977), qui clôt ce partenariat très lucratif. Ce dernier appartient à la période du chant du cygne du western transalpin, dont le plus grand représentant reste bien sûr Mon nom est Personne – Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, que Michele Lupo avait failli réaliser, mais qui suite à des divergences avec Sergio Leone, avait dû laisser les manettes à un autre. California est un magnifique western, un immense opus du genre, un vrai film dramatique, solidement mis en scène et interprété par Giuliano Gemma. Le comédien, culturiste et cascadeur, y est à la fois bouleversant et bad-ass, sensationnel du début à la fin, un monstre de charisme et de talent.
CALIBRE 32 (Killer calibro 32) réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 novembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Peter Lee Lawrence, Agnès Spaak, Lucy Scay, Massimo Righi, Alberto Dell’Acqua, Andrea Bosic, Nello Pazzafini, Valentino Macchi…
Scénario : Lorenzo Gicca Palli
Photographie : Fulvio Testi
Musique : Robby Poitevin
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1967
LE FILM
Silver, un chasseur de primes, chargé d’éliminer sept bandits pilleurs de banque, découvre que ses employeurs ne sont autres que les bandits en question, qui l’utilisent pour régler leurs comptes…
Calibre 32, Killer calibro 32, Justicia calibre 45 ou bien encore 32 Calibre Killer est réalisé par Al Bradley en 1967. Mais qui est Al Bradley ? Derrière ce pseudonyme se cache en fait Alfonso Brescia (1930-2001), dont nous vous avons déjà parlé longuement au cours de nos chroniques consacrées au Gladiateur magnifique et Les Contrebandiers de Santa Lucia. Nul besoin de refaire son portrait donc et vous savez ce qui vous reste à faire si vous désirez en savoir plus. Le western qui nous intéresse aujourd’hui, Calibre 32, est le sixième long-métrage du réalisateur, situé entre le film d’aventure Missione sabbie roventi avec Howard Ross et Furie au Missouri, western classique, mais néanmoins de haute tenue, très bien mis en scène et qui pouvait passer pour un film américain. Après le péplum et avant le fantastique, l’érotique et le polar urbain, Alfonso Brescia continue sur sa lancée et livre sa deuxième incursion dans le monde des cowboys, deux ans après Le Colt c’est ma loi – La Colt è la mia legge. Il y dirige pour la première fois Peter Lee Lawrence dans Calibre 32, formidable opus du genre, forcément très inspiré par les films de Sergio Leone, redoutablement efficace et à l’image de son personnage principal très élégant. Un très bon spectacle.
LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del diavolo) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina, Bernard Seray, Lucio Fulci, Eulàlia Ramo…
Scénario : Jaime Jesús Balcázar, Lucio Fulci, Ludovica Marineo, Sergio Partou, Vincenzo Salvianis Balcázar & Lucio Fulci
Photographie : Alejandro Ulloa
Musique : Claudio Natili
Durée : 1h19
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Carole est une jeune femme séduisante. Elle est tombée amoureuse de Gaetano, un musicien de studio. Un jour, victime d’un accident de moto, Gaetano est hospitalisé et tombe dans les mains de l’incapable docteur Domenici. Mal soigné, Gaetano meurt. Folle de douleur, Carole kidnappe alors le chirurgien et l’enferme dans sa cave.
« Quand tu la verras, ton souffle s’engloutira. Quand tu mourras de désir de la posséder, elle rira. Quand elle foulera ton âme, ton sang bouillira. Mais tu succomberas de bonheur, parce qu’elle est le miel du diable. Et elle te tuera avec l’infinie douceur du feu ». Lucio Fulci, ou l’art de jouer de sexophone. Quand il réalise Le Miel du diable – Il miele del diavolo, le réalisateur n’est pas au mieux de sa forme. Physiquement du moins, car les années 1980 demeurent marqué par Frayeurs –Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir – Il gatto nero, L’Au-delà – …E tu vivrai nel terrore! L’aldilà, L’Éventreur de New York – Lo Squartatore du New York, 2072, les mercenaires du futur – I Guerrieri dell’anno 2072, pour ne citer que ceux-là. Sorti en 1986, Le Miel du diable apparaît entre Murder Rock – Murderock – Uccide a passi di danza et Aenigma. Point d’effets gores ou d’horreur dans ce film, mais des créatures oui, qui répondent au nom de Blanca Marsillach et Corinne Cléry, qui envoûtent les spectateurs par leur présence érotique. S’il est parfois à un doigt (avant le whisky) de tomber dans le nanar, Lucio Fulci parvient à trouver cet équilibre difficile pour contenter à la fois les spectateurs avides de films coquins et ceux plus amateurs de Bis, puisque Le Miel du diable prend dans sa deuxième partie des allures de torture-porn. Mal considéré dans la filmographie du cinéaste, Il miele del diavolo est une œuvre singulière, qui interpelle par sa représentation frontale d’une sexualité débridée, qui établit en parallèle la radiographie d’une passion dévorante et de ses conséquences quand l’un des deux vient à disparaître.
LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (La Dama rossa uccide sette volte) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masé, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco…
Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti
Photographie : Alberto Spagnoli
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Au cours d’une dispute dans le jardin du château familial, Kathy Wildenbrück tue sa soeur Evelyne. Peu après, un étrange personnage vêtu de rouge assassine des proches de Kathy. Des témoins affirment avoir reconnu Evelyne qui est pourtant morte. Ceci serait la continuation de la malédiction qui touche la dynastie des Wildenbrück : tous les cent ans, la « Dame rouge » posséderait le corps d’un membre de la famille, l’obligeant ainsi à tuer sept personnes…
Nous parlions dernièrement d’Emilio Miraglia à travers notre chronique de L’Appel de la chair. Cette étoile filante du cinéma italien n’aura réalisé que six longs-métrages de 1967 à 1972. La Dame rouge tua sept fois – La dama rossa uccide sette volte est l’ultime long-métrage du cinéaste. Après La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, il signe son unique western avec Joe Dakota – Spara Joe… e così sia!, dans lequel il dirige Richard Harrison (Scalps). Puis, comme s’ils n’étaient pas satisfaits de leur première mouture rendue de L’Appel de la chair, Emilio Miraglia et son scénariste Fabio Pittorru reprennent quasiment les mêmes motifs et les éléments du récit précédent, pour repousser les limites. Ce sera La Dame rouge tua sept fois, une référence du giallo, considéré comme l’un des fleurons du genre, dans lequel brille l’un de ses astres emblématiques, la divine Barbara Bouchet. Damnation, héritage, faux-semblants, développement kafkaïen, meurtres sanglants, personnages troubles, ambiguïté à tous les étages, psyché perturbée, crypte secrète, château aux pièces sentant le renfermé, couleurs primaires aveuglantes, on en prend plein la vue et le spectacle est garanti.
L’APPEL DE LA CHAIR (La Notte che Evelyn uscì dalla tomba) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Anthony Steffen, Marina Malfatti, Enzo Tarascio, Giacomo Rossi Stuart, Umberto Raho, Roberto Maldera, Joan C. Davis, Erika Blanc…
Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti
Photographie : Gastone Di Giovanni
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 1971
LE FILM
Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer. Il passe son temps à se livrer à des jeux sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines. Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie parfait d’Evelyn. Il la demande en mariage et la fait venir vivre au château. Peu à peu, il devient alors victime d’hallucinations, hanté par le fantôme de sa première femme.
Il y a de fortes chances que le nom d’Emilio Miraglia (1924-1982, même si son décès reste incertain) ne vous dise rien, à moins d’être calé dans le domaine du giallo, il y en a forcément, mais néanmoins ce cinéaste n’aura réalisé que six longs-métrages en l’espace de cinq années, de 1967 à 1972, L’Appel de la chair – La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, sorti en France en VHS sous le titre Holocauste pour une vierge ou bien encore La Crypte du fou, étant son quatrième film. Dans celui-ci, le metteur en scène reprend quelques motifs apparus dans ses précédents opus, dont une histoire d’héritage qui était déjà au centre de son premier coup d’essai La Peur aux tripes – Assassination avec Henry Silva, qui tenait par ailleurs le rôle titre de Ce salaud d’inspecteur Sterling – Quella carogna dell’ispettore Sterling (1969). L’Appel de la chair est un giallo pour ainsi dire gothique, empreint de fantastique, qui se démarque du tout venant à l’époque où fleurissaient les thrillers transalpins, qui envahissaient les salles du monde entier. Produit par Antonio Sarno (Parlons femmes et Drame de la jalousie d’Ettore Scola), ce film demeure aujourd’hui l’un des parfaits représentants du genre, à la fois psychologique, tendu, rempli de rebondissements, de faux-semblants et de magnifiques poitrines dénudées.
LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA (I contrabbandieri di Santa Lucia)réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Mario Merola, Antonio Sabàto, Gianni Garko, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Sabrina Siani, Lorraine De Selle, Marco Girondino…
Scénario : Ciro Ippolito & Piero Regnoli
Photographie : Silvio Fraschetti
Musique : Eduardo Alfieri
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.
Au cours de nos chroniques, nous avons déjà parlé d’Alfonso Brescia (1930-2001), parfois connu sous son pseudonyme Al Bradley, ancien assistant de Roberto Bianchi Montero, Giuseppe Vari, Mario Amendola, Silvio Amadio, Mario Caiano, grâce auxquels il apprend son boulot de metteur en scène sur leurs comédies, péplums et films d’aventures. En 1964, il passe lui-même derrière la caméra avec La Révolte des prétoriens – La rivolta dei pretoriani, très vite suivi du Gladiateur magnifique – Il magnifico gladiatore (1964), avec Mark Forest. Le réalisateur signera une cinquantaine de longs-métrages, en passant par tous les genres possibles et imaginables, dont les titres demeurent emblématiques du cinéma Bis et reflètent l’évolution des goûts du public, Goldocrack à la conquête de l’Atlantide – Il conquistatore di Atlantide (1965), Furie au Missouri – Il Giorni della violenza (1967). Tête de pont pour huit implacables – Testa di sbarco per otto implacabili (1968), Le Labyrinthe du sexe – Nel labirinto del sesso (1969), Un joli corps qu’il faut tuer – Il tuo dolce corpo da uccidere (1970), Le Manoir aux filles – Ragazza tutta nuda assassinata nel parco (1972), Supermen contre les Amazones – Superuomini, superdonne, superbotte (1975), La Bataille des étoiles – Cosmo 2000 – Battaglie negli spazi stellari (1978) et bien d’autres. A la fin des années 1970, Alfonso Brescia délaisse la science-fiction, il venait d’emballer quatre « space opera » et revient au polar mafieux avec Napoli serenata calibro 9, L’Ultimo guappo, Il mammasantissima et Les Contrebandiers de Santa Lucia – I contrabbandieri di Santa Lucia, les quatre films ayant pour particularité d’avoir été tournés à Naples. S’il retrouvera le polizziotescho et cette ville encore après, le film qui nous intéresse est donc Les Contrebandiers de Santa Lucia, formidable thriller qui propose à la fois une intrigue policière solide doublée d’une dimension documentaire puisqu’Alfonso Brescia y plonge sa caméra dans les rues, dans les us et coutumes de Naples, au milieu de ses habitants, de leur quotidien et de leurs magouilles.
FLICS EN JEANS (Squadra Antiscippo) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Toni Ucci…
Scénario : Mario Amendola & Bruno Corbucci
Photographie : Sebastiano Celeste
Musique : Guido & Maurizio De Angelis
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.
Nous avons déjà longuement parlé du mythe Tomás Milián (1933-2017) à travers nos chroniques sur Les Tueurs de l’Ouest – El precio de un hombre(1966) d’Eugenio Martín, Tire encore si tu peux – Se sei vivo, spara (1967) de Giulio Questi, Liens d’amour et de sang – Beatrice Cenci(1969) et La Longue nuit de l’exorcisme – Non si sevizia un paperino (1972) de Lucio Fulci, Le Conseiller –Il Consigliori (1973) d’Alberto De Martino, Folle à tuer(1975) d’Yves Boisset, Le Cynique, l’Infâme et le Violent –Il Cinico, l’infame, il violento (1977) d’Umberto Lenzi et Les Magnats du pouvoir – Winter Kills(1979) de William Richert. Un phénomène international, l’acteur se prêtant alors à tous les genres et voyageant dans tous les pays du monde. En 1975, alors qu’il est bien installé en Italie, le comédien interprète pour la première fois le rôle le plus emblématique de toute sa carrière, Nico Giraldi, un ancien voleur devenu flic, plus précisément maréchal des logis de la Brigade anti-fauche (il deviendra inspecteur au début des années 1980), officiant à Rome. Fils d’une prostituée, il décide de se ranger après plusieurs arrestations et d’utiliser ses connaissances du milieu romain et du terrain, qu’il explore avec sa bécane. Très largement inspiré par le Serpico de Sidney Lumet, dont l’affiche et les photos d’exploitation ornent d’ailleurs l’habitation du personnage et qui possède un rat baptisé du même nom, Nico Giraldi arbore un vieux bonnet de laine élimé (aux couleurs du drapeau italien), une barbe pouilleuse, les cheveux longs et gras, plusieurs pulls rongés par les mites, des pantalons crasseux et des chaussettes montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cette apparence peut faire rire, mais les résultats sont là, Giraldi est le policier le plus efficace de la capitale transalpine. Au total, Tomás Milián incarnera ce personnage à onze reprises au cours de sa prolifique et éclectique carrière, autrement dit dans Flics en jeans – Squadra antiscippo (1976), Un flic très spécial – Squadra antifurto (1977), Nico l’arnaqueur – Squadra antitruffa (1977), Brigade antimafia – Squadra antimafia (1978), Brigade antigang – Squadra antigangsters (1979), Meurtre sur le Tibre – Assassinio sul Tevere (1979), Crime à Milan – Delitto a Porta Romana (1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 – Delitto in Formula Uno (1984) et Pas folle, le flic – Delitto al Blue Gay (1985). Les épisodes de cette saga de néo-polars sont tous mis en scène par Bruno Corbucci (Tire, Django, tire !) et écrits par le scénariste Mario Amendola (Furie au Missouri, Pair & impair, Salut l’ami, adieu le trésor !). Tout ce beau petit monde a donc trouvé une recette qui marche, qu’ils n’auront de cesse d’épuiser au fil des épisodes et durant une dizaine d’années. Dans Flics en jeans, nous faisons connaissance avec ce fameux Nico Giraldi, auquel l’acteur cubain prête ses traits, tandis que Ferruccio Amendola, qui doublait habituellement Tomás Milián, participe également à la création du personnage avec ce dialecte romain si particulier. Rétrospectivement, Squadra antiscippo (ou The Cop in Blue Jeans pour son exploitation internationale) est un opus bien sage de la franchise, mais vaut assurément pour la folie et l’énergie contagieuses de Tomás Milián, qui mine de rien crée un personnage iconique, ainsi que pour la participation inattendue de Jack Palance.