LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (La Dama rossa uccide sette volte) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masé, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco…
Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti
Photographie : Alberto Spagnoli
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Au cours d’une dispute dans le jardin du château familial, Kathy Wildenbrück tue sa soeur Evelyne. Peu après, un étrange personnage vêtu de rouge assassine des proches de Kathy. Des témoins affirment avoir reconnu Evelyne qui est pourtant morte. Ceci serait la continuation de la malédiction qui touche la dynastie des Wildenbrück : tous les cent ans, la « Dame rouge » posséderait le corps d’un membre de la famille, l’obligeant ainsi à tuer sept personnes…
Nous parlions dernièrement d’Emilio Miraglia à travers notre chronique de L’Appel de la chair. Cette étoile filante du cinéma italien n’aura réalisé que six longs-métrages de 1967 à 1972. La Dame rouge tua sept fois – La dama rossa uccide sette volte est l’ultime long-métrage du cinéaste. Après La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, il signe son unique western avec Joe Dakota – Spara Joe… e così sia!, dans lequel il dirige Richard Harrison (Scalps). Puis, comme s’ils n’étaient pas satisfaits de leur première mouture rendue de L’Appel de la chair, Emilio Miraglia et son scénariste Fabio Pittorru reprennent quasiment les mêmes motifs et les éléments du récit précédent, pour repousser les limites. Ce sera La Dame rouge tua sept fois, une référence du giallo, considéré comme l’un des fleurons du genre, dans lequel brille l’un de ses astres emblématiques, la divine Barbara Bouchet. Damnation, héritage, faux-semblants, développement kafkaïen, meurtres sanglants, personnages troubles, ambiguïté à tous les étages, psyché perturbée, crypte secrète, château aux pièces sentant le renfermé, couleurs primaires aveuglantes, on en prend plein la vue et le spectacle est garanti.
L’APPEL DE LA CHAIR (La Notte che Evelyn uscì dalla tomba) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Anthony Steffen, Marina Malfatti, Enzo Tarascio, Giacomo Rossi Stuart, Umberto Raho, Roberto Maldera, Joan C. Davis, Erika Blanc…
Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti
Photographie : Gastone Di Giovanni
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 1971
LE FILM
Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer. Il passe son temps à se livrer à des jeux sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines. Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie parfait d’Evelyn. Il la demande en mariage et la fait venir vivre au château. Peu à peu, il devient alors victime d’hallucinations, hanté par le fantôme de sa première femme.
Il y a de fortes chances que le nom d’Emilio Miraglia (1924-1982, même si son décès reste incertain) ne vous dise rien, à moins d’être calé dans le domaine du giallo, il y en a forcément, mais néanmoins ce cinéaste n’aura réalisé que six longs-métrages en l’espace de cinq années, de 1967 à 1972, L’Appel de la chair – La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, sorti en France en VHS sous le titre Holocauste pour une vierge ou bien encore La Crypte du fou, étant son quatrième film. Dans celui-ci, le metteur en scène reprend quelques motifs apparus dans ses précédents opus, dont une histoire d’héritage qui était déjà au centre de son premier coup d’essai La Peur aux tripes – Assassination avec Henry Silva, qui tenait par ailleurs le rôle titre de Ce salaud d’inspecteur Sterling – Quella carogna dell’ispettore Sterling (1969). L’Appel de la chair est un giallo pour ainsi dire gothique, empreint de fantastique, qui se démarque du tout venant à l’époque où fleurissaient les thrillers transalpins, qui envahissaient les salles du monde entier. Produit par Antonio Sarno (Parlons femmes et Drame de la jalousie d’Ettore Scola), ce film demeure aujourd’hui l’un des parfaits représentants du genre, à la fois psychologique, tendu, rempli de rebondissements, de faux-semblants et de magnifiques poitrines dénudées.
LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA (I contrabbandieri di Santa Lucia)réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Mario Merola, Antonio Sabàto, Gianni Garko, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Sabrina Siani, Lorraine De Selle, Marco Girondino…
Scénario : Ciro Ippolito & Piero Regnoli
Photographie : Silvio Fraschetti
Musique : Eduardo Alfieri
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.
Au cours de nos chroniques, nous avons déjà parlé d’Alfonso Brescia (1930-2001), parfois connu sous son pseudonyme Al Bradley, ancien assistant de Roberto Bianchi Montero, Giuseppe Vari, Mario Amendola, Silvio Amadio, Mario Caiano, grâce auxquels il apprend son boulot de metteur en scène sur leurs comédies, péplums et films d’aventures. En 1964, il passe lui-même derrière la caméra avec La Révolte des prétoriens – La rivolta dei pretoriani, très vite suivi du Gladiateur magnifique – Il magnifico gladiatore (1964), avec Mark Forest. Le réalisateur signera une cinquantaine de longs-métrages, en passant par tous les genres possibles et imaginables, dont les titres demeurent emblématiques du cinéma Bis et reflètent l’évolution des goûts du public, Goldocrack à la conquête de l’Atlantide – Il conquistatore di Atlantide (1965), Furie au Missouri – Il Giorni della violenza (1967). Tête de pont pour huit implacables – Testa di sbarco per otto implacabili (1968), Le Labyrinthe du sexe – Nel labirinto del sesso (1969), Un joli corps qu’il faut tuer – Il tuo dolce corpo da uccidere (1970), Le Manoir aux filles – Ragazza tutta nuda assassinata nel parco (1972), Supermen contre les Amazones – Superuomini, superdonne, superbotte (1975), La Bataille des étoiles – Cosmo 2000 – Battaglie negli spazi stellari (1978) et bien d’autres. A la fin des années 1970, Alfonso Brescia délaisse la science-fiction, il venait d’emballer quatre « space opera » et revient au polar mafieux avec Napoli serenata calibro 9, L’Ultimo guappo, Il mammasantissima et Les Contrebandiers de Santa Lucia – I contrabbandieri di Santa Lucia, les quatre films ayant pour particularité d’avoir été tournés à Naples. S’il retrouvera le polizziotescho et cette ville encore après, le film qui nous intéresse est donc Les Contrebandiers de Santa Lucia, formidable thriller qui propose à la fois une intrigue policière solide doublée d’une dimension documentaire puisqu’Alfonso Brescia y plonge sa caméra dans les rues, dans les us et coutumes de Naples, au milieu de ses habitants, de leur quotidien et de leurs magouilles.
FLICS EN JEANS (Squadra Antiscippo) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Toni Ucci…
Scénario : Mario Amendola & Bruno Corbucci
Photographie : Sebastiano Celeste
Musique : Guido & Maurizio De Angelis
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.
Nous avons déjà longuement parlé du mythe Tomás Milián (1933-2017) à travers nos chroniques sur Les Tueurs de l’Ouest – El precio de un hombre(1966) d’Eugenio Martín, Tire encore si tu peux – Se sei vivo, spara (1967) de Giulio Questi, Liens d’amour et de sang – Beatrice Cenci(1969) et La Longue nuit de l’exorcisme – Non si sevizia un paperino (1972) de Lucio Fulci, Le Conseiller –Il Consigliori (1973) d’Alberto De Martino, Folle à tuer(1975) d’Yves Boisset, Le Cynique, l’Infâme et le Violent –Il Cinico, l’infame, il violento (1977) d’Umberto Lenzi et Les Magnats du pouvoir – Winter Kills(1979) de William Richert. Un phénomène international, l’acteur se prêtant alors à tous les genres et voyageant dans tous les pays du monde. En 1975, alors qu’il est bien installé en Italie, le comédien interprète pour la première fois le rôle le plus emblématique de toute sa carrière, Nico Giraldi, un ancien voleur devenu flic, plus précisément maréchal des logis de la Brigade anti-fauche (il deviendra inspecteur au début des années 1980), officiant à Rome. Fils d’une prostituée, il décide de se ranger après plusieurs arrestations et d’utiliser ses connaissances du milieu romain et du terrain, qu’il explore avec sa bécane. Très largement inspiré par le Serpico de Sidney Lumet, dont l’affiche et les photos d’exploitation ornent d’ailleurs l’habitation du personnage et qui possède un rat baptisé du même nom, Nico Giraldi arbore un vieux bonnet de laine élimé (aux couleurs du drapeau italien), une barbe pouilleuse, les cheveux longs et gras, plusieurs pulls rongés par les mites, des pantalons crasseux et des chaussettes montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cette apparence peut faire rire, mais les résultats sont là, Giraldi est le policier le plus efficace de la capitale transalpine. Au total, Tomás Milián incarnera ce personnage à onze reprises au cours de sa prolifique et éclectique carrière, autrement dit dans Flics en jeans – Squadra antiscippo (1976), Un flic très spécial – Squadra antifurto (1977), Nico l’arnaqueur – Squadra antitruffa (1977), Brigade antimafia – Squadra antimafia (1978), Brigade antigang – Squadra antigangsters (1979), Meurtre sur le Tibre – Assassinio sul Tevere (1979), Crime à Milan – Delitto a Porta Romana (1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 – Delitto in Formula Uno (1984) et Pas folle, le flic – Delitto al Blue Gay (1985). Les épisodes de cette saga de néo-polars sont tous mis en scène par Bruno Corbucci (Tire, Django, tire !) et écrits par le scénariste Mario Amendola (Furie au Missouri, Pair & impair, Salut l’ami, adieu le trésor !). Tout ce beau petit monde a donc trouvé une recette qui marche, qu’ils n’auront de cesse d’épuiser au fil des épisodes et durant une dizaine d’années. Dans Flics en jeans, nous faisons connaissance avec ce fameux Nico Giraldi, auquel l’acteur cubain prête ses traits, tandis que Ferruccio Amendola, qui doublait habituellement Tomás Milián, participe également à la création du personnage avec ce dialecte romain si particulier. Rétrospectivement, Squadra antiscippo (ou The Cop in Blue Jeans pour son exploitation internationale) est un opus bien sage de la franchise, mais vaut assurément pour la folie et l’énergie contagieuses de Tomás Milián, qui mine de rien crée un personnage iconique, ainsi que pour la participation inattendue de Jack Palance.
LE LION DE SAINT MARC (Il leone di San Marco) réalisé par Luigi Capuano, disponible en DVD le 6 juillet 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Gordon Scott, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Alberto Farnese, Giulio Marchetti, Franca Bettoia, Feodor Chaliapin Jr., Mirko Ellis…
Scénario : Luigi Capuano, Arpad DeRiso & Ottavio Poggi
Photographie : Alvaro Mancori
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1963
LE FILM
Au XVIIe siècle, Venise est la proie des pirates. Le fils du Doge, Manrico, est fiancé à Isabelle et son père veut le lancer dans la carrière diplomatique, mais celui-ci n’a qu’un désir : libérer Venise du joug des pirates. Il réunit secrètement quelques amis dans une taverne et décide de suppléer les mercenaires commandés par le capitaine Ostemberg…
Alors qu’il vient de tourner un cross-over pour le moins inattendu, Zorro et les 3 Mousquetaires – Zorro e i tre moschettieri, le réalisateur Luigi Capuano décide de surfer sur cette mouvance du « Renard rusé qui fait sa loi », même si la série avec Guy Williams n’arrivera pas en Italie avant 1966, et renoue avec le film de pirates en y intégrant un héros justicier épéiste, dont l’identité est dissimulée sous un masque. Pour cela, il engage à nouveau le comédien américain Gordon Scott (1926-2007), qui venait d’interpréter Zorro, et le confronte à la divine Gianna Maria Canale, dans son antépénultième apparition au cinéma et un an avant de mettre fin définitivement à sa carrière à l’âge de 37 ans. Contrairement au Tigre des mers – La Tigre dei sette mari, du même cinéaste et mis en scène un an auparavant, Le Lion de Saint Marc ne se déroule pas sur l’eau et les affrontements ne sont pas maritimes. L’intrigue se passe principalement à Venise, très bien filmée d’ailleurs, sublime décor merveilleusement bien exploité par un Luigi Capuano en pleine forme derrière la caméra, qui compile les séquences d’action, les conspirations et une histoire d’amour, sur un rythme soutenu et sans aucun temps mort durant 1h25.
LE TIGRE DES MERS (La Tigre dei sette mari) réalisé par Luigi Capuano, disponible en DVD le 6 juillet 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Gianna Maria Canale, Anthony Steel, Maria Grazia Spina, Andrea Aureli, Carlo Ninchi, John Kitzmiller, Ernesto Calindri, Carlo Pisacane…
Scénario : Luigi Capuano, Arpad DeRiso & Ottavio Poggi, d’après une histoire originale de Nino Battiferri
Photographie : Alvaro Mancori
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h25
Date de sortie initiale : 1962
LE FILM
Le Tigre, un vieux pirate, organise un combat pour désigner celui qui prendra sa suite. Le lieutenant William sort vainqueur, mais est ensuite défié par Consuelo, qui termine victorieuse. La nuit suivante, le Tigre est retrouvé mort, le poignard de William planté dans le dos…
Laissons momentanément de côté les cowboys, les vampires, les tueurs à l’arme blanche et les flics pourris et concentrons-nous un petit peu aujourd’hui sur les pirates, qui eux aussi ont eu leur heure de gloire durant l’âge d’or du cinéma d’exploitation italien ! Alors que les flibustiers paraissaient déjà dans le cinéma hollywoodien depuis plus de quarante ans, on peut citer en vrac L’Île au trésor – Treasure Island de Maurice Tourneur, Le Pirate noir – The Black Pirate d’Albert Parker, Le Corsaire masqué – The Eagle of the Sea et Les Révoltés du Bounty – Mutiny of The Bounty de Frank Lloyd, L’Île au trésor – Treasure Island de Victor Fleming, L’Aigle des mers – The Sea Hawk de Michael Curtiz, le genre explose véritablement dans les années 1950, durant lesquelles les grosses productions s’enchaînent et remplissent les salles du monde entier. Les films de Raoul Walsh (Capitaine sans peur, Barbe-Noire le pirate), Jacques Tourneur (La Flibustière des Antilles), Robert Siodmak (Le Corsaire Rouge) et Fritz Lang (Les Contrebandiers de Moonfleet) donnent évidemment envie aux investisseurs italiens de réaliser des films mettant en scène des pirates ! Les transalpins s’y attaquent dès 1957 avec des ersatz comme La Belle et le Corsaire – Il Corsaro della mezzaluna de Giuseppe Maria Scotese, Le Pirate de l’épervier noir – Il Pirata dello sparviero nero de Sergio Grieco, Le Fils du corsaire rouge – Il Figlio del corsaro rosso de Primo Zeglio, et consorts. La décennie suivante, les italiens mettent les bouchées doubles et les plus grands représentants du cinéma Bis s’y collent comme Umberto Lenzi (Mary la rousse, femme pirate – Le Avventure di Mary Read, Les Pirates de la Malaisie – I Pirati della Malesia). Méconnu en France, Luigi Capuano (1904-1979) prend lui aussi le train en marche. Le réalisateur de La Terreur du masque rouge – Il terrore della maschera rossa, La Vengeance d’Ursus – La vendetta di Ursus et de Zorro l’intrépide – Zorro alla corte di Spagna se voit confier les manettes du Tigre des mers – La tigre dei sette mari, également connu sous le titre Le Tigre des Caraïbes, film d’aventures et donc de pirates, entièrement tourné dans les Alpes italiennes, sur le lac de Garde. Si à première vue rien ne distingue cet opus du tout-venant, celui-ci n’en demeure pas moins bourré de charme, mené sur un rythme soutenu, joli à regarder et surtout porté par Gianna Maria Canale, divine créature au regard félin, que l’on suivrait aveuglement dans chacun de ses abordages.
AVOIR VINGT ANS (Avere vent’anni) réalisé par Fernando Di Leo, disponible en combo Blu-ray + DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Gloria Guida, Lilli Carati, Ray Lovelock, Vincenzo Crocitti, Giorgio Bracardi, Leopoldo Mastelloni, Carmelo Reale, Serena Bennato…
Scénario : Fernando Di Leo
Photographie : Roberto Gerardi
Musique : Franco Campanino
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu’elles ont beaucoup en commun. Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors elles décident de faire du stop.
Du réalisateur Fernando Di Leo (1932-2003), les cinéphiles et amateurs de cinéma Bis retiennent essentiellement sa très célèbre Trilogie du Milieu, constituée de Milan calibre 9, Passeport pour deux tueurs et Le Boss. Expert du polar, passionné de littérature policière et de film noir, un désenchantement coule dans les veines de l’oeuvre du metteur en scène. Également scénariste, il a par exemple participé à Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques dollars de plus (1965) de Sergio Leone, au Retour de Ringo (1965) de Duccio Tessari, à Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci et au Temps du massacre – Le colt cantarono la morte e fu… tempo di massacro (1966) de Lucio Fulci, Fernando Di Leo a toujours su surfer sur les goûts des spectateurs, tout en évoquant souvent certains problèmes de société. Il passe ainsi lui-même derrière la caméra à la fin des années 1960 avec le film de guerre Roses rouges pour le Führer – Rose rosse per il fuehrer, rapidement suivi par La Jeunesse du massacre – I ragazzi del massacro. Il clôt une décennie placée sous le signe du néo-polar (Salut les pourris – Il poliziotto è marcio, Colère noire, Mister Scarface, Diamants de sang) et du giallo (Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock avec Klaus Kinski) avec un drame teinté d’humour et d’érotisme, mais avant tout un constat implacable sur la fin des idéaux, intitulé Avoir vingt ans – Avere vent’anni. S’il démarre effectivement comme une petite chronique coquine où les deux actrices principales, les divines Gloria Guida et Lilli Carati illuminent le film par leur fraîcheur et leur beauté, le récit bifurque progressivement vers le thriller, avec une once de cinéma-vérité, jusqu’au dénouement aussi inévitable qu’insoutenable. Avoir vingt ans est représentatif du cinéma d’un auteur concerné par les évolutions, les mutations et les dégradations politico-sociales de son pays, mais aussi soucieux de divertir les spectateurs, tout en les incitant à réfléchir sur ce qu’ils sont en train de regarder.
DEVILMAN LE DIABOLIQUE (Devilman Story) réalisé par Paolo Bianchini, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Guy Madison, Luisa Baratto, Diana Lorys, Luciano Pigozzi, Valentino Macchi, Bill Vanders, Giovanni Cianfriglia…
Scénario : Paolo Bianchini & Max Caret
Photographie : Aldo Greci
Musique : Patrick Leguy
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Venus à Rome pour un congrès scientifique, le chirurgien Becker est enlevé sous les yeux de sa fille. Celle-ci, aidée par le journaliste Mike, part à sa recherche. Ils vont arriver en Afrique, au sein d’une forteresse commandée par le terrible Devilman, qui va tenter une substitution de cerveau sur Becker.
Même s’il a énormément tourné auprès de cinéastes de renom tels que Edward Dmytryk (Jusqu’à la fin des temps), John Cromwell (Depuis ton départ), William Castle (L’Archange de Brooklyn), Phil Karlson (On ne joue pas avec le crime), Anthony Mann (La Charge des Tuniques Bleues), Guy Madison (1922-1996) reste avant tout pour les cinéphiles experts en la matière, un acteur lié à la série B. On peut citer par exemple Le Shérif d’El Solito, western dense, complexe, passionnant, au suspense bien mené par George Sherman, Le Rocher du diable, très bon drame de guerre et western réalisé par William Cameron Menzies, ou bien encore The Beast of Hollow Mountain d’Edward Nassour et Ismael Rodríguez, dans lequel le comédien interprète un cowboy qui doit faire face à…un dinosaure ! Guy Madison faisait partie de ces acteurs que l’on aimait retrouver de film en film, qui n’étaient pas forcément les plus célèbres, tel le génial John Payne, mais pour lesquels l’empathie était souvent immédiate, dont le charisme fonctionnait naturellement et dont le talent parvenait à faire accepter les incohérences d’un scénario. C’est encore le cas pour Devilman le diabolique alias Devilman Story en version originale ou bien encore The Devil’s Man, divertissement tout droit sorti de l’imagination du réalisateur italien Paolo Bianchini, sous le nom de Paul Maxwell. A la fois film d’aventures, d’espionnage et de science-fiction, Devilman le diabolique a sans cesse le cul entre deux chaises, mais parvient tout de même à trouver un ton finalement assez unique, puisqu’il fait penser à l’adaptation d’un fumetti qui n’existe pas, tout en surfant allègrement sur le triomphe international des James Bond. Mélange de film BD et d’Eurospy, Devilman le diabolique conserve ce charme rétro qui nous plaît tant.
SUPERSONIC MAN réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, José Luis Ayestarán, Diana Polakov, José María Caffarel, Frank Braña, Javier De Campos, Tito García…
Scénario : Juan Piquer Simón & Sebastian Moi
Photographie : Juan Mariné
Musique : Carlos Attias, Juan Luis Izaguirre & Gino Peguri
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
Depuis le fin fond de l’espace, l’extraterrestre Kronos est envoyé sur la Terre avec pour mission de rétablir l’ordre. Il s’installe à New York et devient un super héros. Il va avoir fort à faire en affrontant le Docteur Gulk, le chef d’une organisation secrète voulant dominer le monde.
Le plus grand des super-héros, c’eeeeeeeeeeeeest ???? Bah c’est pas lui en tout cas ! Et pourtant, Supersonic Man est un immense divertissement qui vous fera rire du début à la fin ! Film (cu)culte réalisé par l’espagnol Juan Piquer Simón (1935-2011), pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío(1978) de Carlos Puerto, Supersonic Man surfe sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Adieu le slip rouge à coquille, place à un joli slip bleu à paillettes qui brille au firmament. De plus, Supersonic Man est affublé d’un masque, qui dissimule en réalité le changement d’acteur au moment de la transformation de Paul (Michael Goby) en Supersonic (Richard Yesteran), qui à l’instar de Bill Bixby et de Lou Ferrigno dans L’Incroyable Hulk, se partagent la double vedette. Toujours est-il que notre cher alien, qui se la coulait douce en biostase et uniquement vêtu de son moule-bite, s’élance vers la caméra et vole (même à l’envers, comme Captain Barbell aux Philippines, il s’en fout Supersonic Man !) vers de belles et fantastiques aventures où grâce à ses pouvoirs il pourra aller voler une bouteille de champagne dans les cuisines d’un grand restaurant, transformer en banane le flingue d’un ennemi, tout en emballant une jolie nana grâce à sa moustache frétillante quand il prend l’apparence humaine. Bref, Supersonic Man, coproduction italo-espagnole qui apparaît très souvent dans les tops des meilleurs nanars, est un spectacle comme on les aime, décontracté, très drôle, généreux et mené sans temps mort !
APOCALYPSE 2024 (A Boy and His Dog) réalisé par L.Q. Jones, disponible en combo Blu-ray + DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston, Charles McGraw, Hal Baylor…
Scénario : L.Q. Jones, d’après le roman d’Harlan Ellison
Photographie : John Arthur Morrill
Musique : Tim McIntire
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1975
LE FILM
Sept ans après la dernière guerre mondiale de 2017, la Terre est ravagée. Les quelques survivants errent dans des déserts, se battant pour les restes de l’ancien monde. Vic tente de survivre en compagnie de son chien, Prof, qui a le don de télépathie avec son maître. Toujours en quête de nourriture, armes, ou carburant, ils vont découvrir le monde souterrain qui abrite encore une civilisation. En fait, une oligarchie richissime qui profite du monde extérieur.
Vous n’aviez jamais entendu parler d’Apocalypse 2024 – A Boy and His Dog ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls dans ce cas et pour tout vous avouer l’auteur de ces mots ne connaissait pas non plus ce film au titre pourtant alléchant. On peut tout d’abord penser se retrouver face à un nanar ou même à un gentil navet, mais il n’en est rien, bien au contraire. Apocalypse 2024 est un petit bijou d’anticipation, le second et dernier long-métrage réalisé par L.Q. Jones, comédien (né en 1927) bien connu des cinéphiles pour être apparu devant la caméra de metteurs en scène de renom, de Raoul Walsh à Don Siegel, en passant par Richard Fleischer, Anthony Mann, Edward Dmytryk, Budd Boetticher, Sam Peckinpah, Henry Hathaway, Ted Post, Peter Yates, et même Martin Scorsese et Martin Campbell. Une tronche reconnaissable entre mille. En 1964, sous le nom de Justus McQueen (son vrai patronyme), il réalise son premier film, un western, The Devil’s Bedroom. Mais il lui faudra attendre dix ans pour se refaire la main derrière la caméra. Ce sera avec Apocalypse 2024, qui rend compte des connaissances de L.Q. Jones en matière de western, avec notamment une excellente utilisation de l’espace et des décors naturels. Mais A Boy and His Dog c’est aussi et avant tout une œuvre de science-fiction dite « adulte », héritée de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick et de La Planète des singes (1968) de Franklin Schaffner, qui alertait les spectateurs sur les problèmes écologiques, démographiques et scientifiques, sur les essais nucléaires, qui s’en remettait à l’intelligence d’une audience pour la questionner sur la place de l’homme dans l’univers, sur la survie des espèces, sur le rapport entre l’homme et les animaux. Il y a tout cela dans Apocalypse 2024, par ailleurs l’un des premiers rôles au cinéma (pour lequel il recevra le Saturn Award du meilleur acteur) de Don Johnson, 25 ans au compteur, qui s’impose sans mal dans le rôle très ambigu de Vic, jeune homme qui ne pense qu’à une chose, trouver une femme pour assouvir ses pulsions sexuelles. Celui-ci passe le désert au peigne fin grâce à son compagnon, son chien, qui lui « parle » et l’aide à débusquer quelques donzelles en échange de nourriture, tout en lui inculquant les grandes phases de l’Histoire qui les ont conduit à vivre dans ce paysage désolé. Un vrai chef d’oeuvre inattendu.