Test 4K Ultra-HD / Rambo, réalisé par Ted Kotcheff

RAMBO (First Blood) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, David Caruso, Jack Starrett, Bill McKinney, Michael Talbott…

Scénario : Michael Kozoll, William Sackheim, Sylvester Stallone d’après le roman Le Premier sang – First Blood de David Morrell

Photographie : Andrew Laszlo

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

John Rambo est un héros de la Guerre du Vietnam errant de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d’armes. Alors qu’il s’apprête à traverser une petite bourgade pour s’y restaurer, le Shérif Will Teasle l’arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s’enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents. Traqué comme une bête, l’ex-soldat est contraint de tuer un policier en légitime défense. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient des moyens considérables pour retrouver le fugitif. Le Colonel Trautman, son mentor, intervient et essaie de dissuader les deux camps de s’entre-tuer pendant que Rambo, acculé et blessé, rentre en guerre contre les autorités.

Welcome to Hope !

Après Rocky, Rambo est bien évidemment le second personnage mythique interprété par Sylvester Stallone. Intitulé First Blood en version originale (ou le premier sang versé causé par celui qui ouvre les hostilités), Rambo dans nos contrées et Rambo : Le Dévastateur chez nos amis du Québec, est un grand classique et même un chef d’oeuvre absolu du cinéma américain des années 1980. Au-delà de son importance historique de par son sujet abordé des anciens soldats revenus du Vietnam et affrontant la haine de leurs concitoyens, Rambo, produit par Mario Kassar et Andrew G. Vajna, est également le film matriciel de tout le cinéma d’action qui allait envahir les salles du monde entier en faisant d’Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme et consorts les plus grandes stars de la décennie. Si la réputation du premier opus a pâti d’un second épisode nawak et parfaite antithèse du premier volet, Rambo est aujourd’hui considéré à l’unanimité comme une référence et n’a pas à rougir d’être cité aux côtés d’oeuvres emblématiques comme Voyage au bout de l’enfer, Taxi Driver, Platoon sans oublier le méconnu et pourtant précurseur Les Visiteurs d’Elia Kazan (1972). Alors en attendant de découvrir cette année le cinquième et dernier combat de John Rambo intitulé Last Blood, il est toujours bon de réviser ses classiques.

John Rambo, un ancien Béret vert et héros de la guerre du Vietnam, erre sans but de ville en ville depuis son retour aux Etats-Unis. En voulant rendre visite au dernier de ses anciens compagnons d’armes encore en vie, il apprend la mort de celui-ci des suites d’un cancer. Reprenant sa route, il arrive dans une petite ville d’une région montagneuse, afin de s’y restaurer. Mais le shérif de la ville, Will Teasle, prétextant ne pas vouloir de vagabonds dans sa ville, le raccompagne à la sortie de l’agglomération. Ulcéré, Rambo tente de faire demi-tour, mais il est alors arrêté sans ménagement par le shérif. Jeté en prison pour vagabondage et refus d’obtempérer, il est maltraité par un des policiers, Galt, qui le prend en grippe dès son arrivée. Rambo se révolte et, après une violente bagarre, s’enfuit du commissariat au guidon d’une motocyclette volée. Après avoir semé le shérif Teasle lors de sa dangereuse course-poursuite en voiture, Rambo se réfugie dans les bois qui garnissent la montagne. Traqué comme un animal par le shérif qui a rameuté ses troupes, Rambo est contraint à la défensive. Usant ensuite de son expérience des ruses de guerre, de la guérilla et des pièges acquise dans la jungle vietnamienne, il neutralise un à un les subordonnés de Teasle lancés à sa poursuite. Ignorant la menace, Teasle, après être revenu en ville, fait appel à la Garde nationale. Des moyens considérables sont alors déployés pour retrouver le fugitif. Le colonel Samuel Trautman, ancien mentor de Rambo, arrive sur les lieux et intervient pour convaincre Teasle d’abandonner un combat perdu d’avance : face au soldat surentraîné, ils n’auraient aucune chance.

Rambo est adapté du roman de David Morrell, Le Premier sang, publié en 1972, l’un des premiers ouvrages consacrés à la difficile réinsertion des vétérans ayant quitté l’Amérique de JFK sûrs de leur bon droit, pour retrouver une Amérique hippie et moralisatrice qui formulait de sévères critiques à leur encontre. Les sujets alors tabous de la dénonciation des horreurs de la guerre et surtout des troubles de stress post-traumatique sont également au centre de l’ouvrage. Projet passé dans les mains de réalisateurs frileux préférant repasser le scénario à un confrère et des acteurs de renom (Dustin Hoffman, Al Pacino, Steve McQueen, Clint Eastwood, Nick Nolte, Jeff Bridges, Robert De Niro, Michael Douglas, Terence Hill) refusant poliment, le script de Rambo est envoyé par Ted Kotcheff, finalement retenu, à Sylvester Stallone.

Révélé au monde entier avec Rocky en 1976, notre ami Sly est tout de suite passé à la mise en scène avec l’attachant La Taverne de l’enferParadise Alley, qui s’est soldé par un échec. Rocky II était déjà sur les rails, ce qui le maintenait à flot au box-office. Les Faucons de la nuitNighthawks de Bruce Malmuth et A nous la victoire de John Huston se ramassent également dans les salles. Pas de problème, Sly nous sort un Rocky III au triomphe international. Et c’est alors que Rambo arrive dans la vie du comédien. Derrière la caméra, le canadien Ted Kotcheff hérite donc du bébé. Essentiellement connu pour le frappadingue Réveil dans la terreurWake in fright (1971), ainsi que les excellentes comédies caustiques Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine (1978), le réalisateur signera ici son film le plus célèbre. Quant à Sylvester Stallone, ce rôle, pour lequel il a réécrit une bonne partie du scénario original (dans lequel Rambo était décrit comme un vrai psychopathe et qui tuait sans aucun recul) afin de mieux se l’approprier, lui permet de livrer l’une de ses plus grandes prestations dramatiques.

John J. Rambo est un personnage éminemment tragique. Un jeune soldat transformé en machine à tuer, un monstre, un chien enragé qui se retrouve abandonné par ses « maîtres » une fois sa mission terminée. Le retour à la vie « normale » est donc difficile, voire impossible malgré les apparences. Les regards furieux dirigés contre lui en disent long sur la frustration des américains quant à leur défaite au Vietnam. Rambo est devenu le punching-ball idéal contre lequel les Etats-Unis vont s’acharner afin de mieux oublier l’issue de cette guerre. Les tortures et humiliations subies par le personnage principal apparaissent sous forme de flashbacks, des réminiscences plutôt, de façon sèche et quasi-subliminale, qui reflètent instantanément la psyché perturbée de Rambo. Stallone a donc réussi à faire passer son personnage du côté des victimes de l’armée, de la politique et de la société, plutôt que d’en faire un monstre décérébré ou un Terminator humain.

Le comédien n’est pas seul en piste dans ce premier volet et se voit solidement épaulé par le grand – au sens propre comme au figuré – Brian Dennehy, véritablement flippant dans le rôle du shérif Teasle, lui-même ancien de la Guerre de Corée, alors quasi-oubliée de la conscience collective et qui voit en Rambo un moyen cathartique de se livrer une violence jusqu’alors contenue. Quant au rôle du célèbre Colonel Trautman, un temps envisagé pour Kirk Douglas, Lee Marvin ou Gene Hackman, c’est finalement Richard Crenna qui l’endosse et qu’il reprendra dans les deux films suivants et pour ainsi dire dans le cultissime Hot Shots 2. Un certain David Caruso (sans ses lunettes de soleil, mais déjà roux) apparaît également dans l’un de ses premiers rôles au cinéma.

Tourné dans les magnifiques paysages sauvages de la province de Colombie-Britannique, Rambo combine à la fois le drame psychologique et le survival, le thriller et le film de guerre. Véritablement investi, Sylvester Stallone, pas encore bodybuildé à l’extrême parvient à rendre extrêmement fragile son personnage, créant immédiatement l’empathie pour cet être ravagé de l’intérieur, qui souhaite trouver le repos ou une main tendue qu’on lui refuse. Dans le premier montage livré aux spectateurs lors d’une projection-test, Rambo parvenait à détourner l’attention de Trautman pour que ce dernier l’assassine. Devant ce rejet unanime, le final est retourné, celui où Rambo est finalement se rend aux autorités (sur la sublime musique de Jerry Goldsmith) après s’être écroulé en pleurs dans les bras de celui qui a fait de lui ce qu’il est devenu.

Contre toute attente, y compris Sylvester Stallone qui ne croyait pas au personnage durant une bonne partie du tournage, Rambo est un succès dans le monde entier. Tourné pour un budget de 15 millions de dollars, le film en rapporte près de 50 millions sur le sol américain, 80 à l’étranger et attire plus de 3 millions de français dans les salles. Mais ce hit ne sera rien comparé à celui de Rambo II – La MissionFirst Blood Part 2…(à suivre)

LE 4K UHD

Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.

Rambo dispose de deux commentaires audio, disponible en version originale sous-titrée en français. Le premier est réalisé par l’auteur David Morrell, déjà disponible auparavant. Un excellent supplément, clair, net, précis, sans aucun temps mort, dans lequel David Morrell revient notamment sur la genèse de son roman, mais aussi sur les différences entre le film et son best-seller. Le tout parsemé d’anecdotes sur le tournage.

Le second commentaire est évidemment indispensable pour tous les fans puisque mister Sylvester Stallone prend le micro durant 1h30 pour évoquer TOUT ce qui concerne Rambo, la genèse (Sly ne voulait pas le faire, trouvant l’idée du film très mauvaise et le personnage repoussant), le tournage, sa préparation pour le rôle, mais aussi ses doutes, la réécriture du scénario, les conditions des prises de vue (marquées par des températures glaciales), la psychologie du personnage, les accessoires, le casting, les scènes coupées au montage, ses nombreuses blessures (« Les urgences en avaient marre de me voir tous les jours ! »), sa condition physique et le phénomène mondial qui allait être amplifié avec la sortie du deuxième épisode. Etrangement, Sylvester Stallone parle très peu de la mise en scène et de sa collaboration avec Ted Kotcheff. Mais le comédien considère Rambo comme le meilleur film d’action de sa carrière, raison pour laquelle il a voulu enregistrer ce commentaire audio assez exceptionnel.

Divisé en trois parties, l’acte I du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (18’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Quelques arguments font écho avec ce qui a déjà pu être entendu dans les deux commentaires audio précédents, mais les propos tenus ici sont souvent passionnants.

Repris des éditions précédentes, le making of Avant que le sang ne coule (22’30) réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, est composé d’interviews des comédiens, de David Morrell et des producteurs qui reprennent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà racontés précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon.

Vous découvrirez ensuite la fameuse fin rejetée par les premiers spectateurs, celle où Rambo parvient à détourner l’attention de Trautman, pour que celui-ci lui tire dessus. « Vous m’avez créé, vous devez me tuer ». Curieux de voir le personnage s’écrouler et mourir à l’écran et surtout de constater que Trautman n’a finalement aucun remords en voyant Rambo décéder à ses pieds (2’).

La séquence inédite suivante (1’) reprend plus ou moins la précédente, mais Trautman refuse cette fois de pointer son arme sur Rambo. Cette séquence se termine par une petite blague de Sylvester Stallone qui fait rire l’équipe et son partenaire.

La scène coupée (2’30) évoquée lors des commentaires audio, se déroule après que Rambo ait tué le sanglier. Prenant un peu de repos à côté de son feu de camp, le personnage se remémore soudain sa rencontre avec une prostituée vietnamienne, une passion éphémère dans un bar, avant de retourner au combat.

L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).

Place à un documentaire déjà vu sur les anciennes éditions, intitulé Le vrai Vietnam par ceux qui l’ont vécu (27′). Une archive qui combine les interviews de militaires (anciens officiers des renseignements de l’armée américaine, soldats) et de militants pour la paix, avec des images et photos hallucinantes du vrai conflit.

Si Rambo vous a donné envie de vous enrôler chez les Bérets verts – Green Berets, ne manquez pas La Formation des héros (10’), autrement dit un spot de propagande sur cette entité faisant partie des forces spéciales de l’United States Army (armée de terre américaine).

On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces.

L’Image et le son

Ça va péter mon colonel ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce transfert UHD tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. Alors certes, le résultat à l’écran n’est pas aussi flagrant que pour Rambo 2 – La Mission et encore moins que pour Rambo III à qui cette promotion 4K sied le plus, mais toujours est-il que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Ted Kotcheff dans ces conditions. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo. Il serait en effet difficile de faire mieux pour cet opus sans en dénaturer les volontés artistiques originales du chef opérateur Andrew Laszlo (Les Guerriers de la nuit, Massacre dans le train fantôme). L’attente a donc été longue, mais ceux qui auront acheté les différentes éditions de Rambo sur tous les supports l’auront constaté, la qualité allait toujours en s’améliorant. Cette édition 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est l’apogée. La palette chromatique n’a jamais été aussi suintante avec ses nuances de verts et de bleus, des teintes froides voire glaciales, tandis que les explosions finales n’ont jamais été aussi luminescentes. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails sur les paysages sauvages avec notamment une profondeur exceptionnelle.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est mieux lotie, même si cette fois encore le spectacle ne peut évidemment pas rivaliser avec les standards actuels. C’est dynamique, puissant même, surtout durant le dernier tiers où Rambo fait tout exploser, mais ne vous attendez pas à un fracas de tous les diables. La spatialisation reste dans la moyenne et profite surtout à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Les Yeux dans les ténèbres, réalisé par Fred Zinnemann

LES YEUX DANS LES TÉNÈBRES (Eyes in the Night) réalisé par Fred Zinnemann, disponible en DVD le 4 décembre 2018 chez Artus Films

Acteurs : Edward Arnold, Ann Harding, Donna Reed, Stephen McNally, Katherine Emery, Allen Jenkins, Stanley Ridges, Reginald Denny…

Scénario : Baynard Kendrick, Guy Trosper, Howard Emmett Rogers d’après le roman Odor of Violets de Baynard Kendrick

Photographie : Charles Lawton Jr., Robert H. Planck

Musique : Lennie Hayton, Daniele Amfitheatrof

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1942

LE FILM

Norma Lowry sollicite l’aide de son ami le détective non voyant Duncan Maclain car elle vient d’apprendre que l’un de ses ex-prétendants courtise sa belle-fille âgée de 17 ans.  Lorsque ce dernier est retrouvé assassiné, Norma devient la principale suspecte de ce crime. Avec l’aide de Friday, son fidèle chien, Duncan va mener une enquête débouchant sur une obscure affaire d’espionnage.

Les Yeux dans les ténèbres Eyes in the Night est l’un des premiers longs métrages de Fred Zinnemann (1907-1997), mais aussi son second à sortir en 1942, la même année que L’Assassin au gant de veloursKid Glove Killer. D’origine autrichienne, le cinéaste né à Vienne, fait ses études de cinéma à Paris. A la fin des années 1920, il décide d’aller tenter sa chance à Hollywood. Il devient assistant costumier, fait quelques apparitions devant la caméra, notamment dans À l’ouest rien de nouveau de Lewis Milestone (1930), puis il devient aide-opérateur. Il gravit petit à petit les échelons. Il passe ensuite assistant-réalisateur auprès de Berthold Viertel et de George Cukor. Sans être crédité, il participe à la mise en scène du film à sketches Les Hommes le dimanche auprès de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer. Il signe alors le scénario des Révoltés d’Alvarado (1936), qu’il coréalise au Mexique aux côtés d’Emilio Gómez Muriel. Suivront de nombreux courts-métrages et des documentaires, sur lesquels Fred Zinnemann se fait la main jusqu’en 1942 où ses deux vrais premiers longs métrages sortent sur les écrans. Celui qui nous intéresse, Les Yeux dans les ténèbres, est un petit polar fort sympathique, certes désuet, mais qui conserve encore un charme fou et qui se distingue par son personnage principal, un détective privé non-voyant, expert en autodéfense (et en lutte), secondé par son incroyable chien (une vraie performance à part entière de la part du berger allemand) et un assistant un peu fou prénommé Marty. L’ombre d’Alfred Hitchcock plane une fois de plus sur ce thriller méconnu, mais qui devrait faire le bonheur des cinéphiles.

En 1942, Duncan « Mac » Maclain, un détective privé aveugle, se fait aider par son assistant Marty et par son chien Friday. Une amie, Norma Lawry, lui demande d’intervenir pour mettre fin à la liaison entre Barbara, sa belle-fille, et un acteur bien plus âgé qu’elle, Paul Gerente, son ancien amant. Lorsque celui-ci est assassiné, l’enquête de « Mac » le mène jusqu’à un réseau d’espionnage nazi.

Deux fois lauréat de l’Oscar du meilleur réalisateur pour Tant qu’il y aura des hommesFrom Here to Eternity (1954) et pour Un homme pour l’éternitéA Man for All Seasons (1967), Fred Zinnemann entre définitivement par la grande porte du cinéma via le film noir. Le metteur en scène du Train sifflera trois foisHigh Noon (1952) s’en sort haut la main avec une réalisation rigoureuse, un vrai sens du cadre, un rythme maîtrisé et tendu, ainsi qu’une solide direction d’acteurs. Film court (77 minutes montre en main), Les Yeux dans les ténèbres vaut surtout pour l’interprétation de son acteur principal, Edward Arnold, vu chez Frank Capra (Vous ne l’emporterez pas avec vous, Monsieur Smith au sénat), William Dieterle (Tous les biens de la terre), Vincente Minnelli (Ziegfeld Follies) et bien d’autres cinéastes de génie. Si son nom reste obscur, sa bonhommie, sa voix grave et son immense talent ne passent jamais inaperçus.

Les Yeux dans les ténèbres est adapté du roman The Odor of Violets de Baynard Kendrick, l’un des opus de la saga consacrée au capitaine Duncan Maclain, un détective privé devenu aveugle à la suite d’une blessure de guerre, déjà incarné au cinéma en 1938 par Ken Taylor dans The Last Express d’Otis Garrett. Suite au succès des Yeux dans les ténèbres, Edward Arnold reprendra son rôle en 1945 dans The Hidden Eye de Richard Whorf. L’autre « Mac » du film est en réalité un MacGuffin, ce prétexte cher à Alfred Hitchcock qui reste mystérieux dans Les Yeux dans les ténèbres, mais qui attire néanmoins la convoitise d’une bande de nazis dissimulés dans la foule (valet, dramaturge) et notamment ici auprès d’une famille aisée. Une invention semble être très prisée par les méchants de l’histoire.

Riche en rebondissements, Eyes in the Night est une très belle découverte, la photo est sombre à souhait et reflète « le royaume » de Duncan Maclain à plusieurs reprises et quelques touches d’humour – avec l’assistant maladroit de Mac – viennent ponctuer cette intrigue d’espionnage bien ficelée, originale et encore très divertissante aujourd’hui.

LE DVD

La collection Classiques s’agrandit chez Artus Films avec l’arrivée dans les bacs des Yeux dans les ténèbres. La jaquette est élégante, le menu principal fixe et musical.

Un aperçu des autres titres disponibles dans la même collection est proposé comme supplément.

L’Image et le son

Pour ceux qui s’en souviennent, le master 1.33 – 4/3 des Yeux dans les ténèbres rappelle un peu le Ciné Vieux de Grolandsat. Si la copie est stable, elle reste très souvent marquée par des griffures, des points, des tâches et des raccords de montage toutes les vingt minutes. La gestion des contrastes est totalement aléatoire, les noirs bouchés et la définition des séquences sombres laisse franchement à désirer. Ajoutez à cela des décrochages sur les fondus enchaînés, un piqué émoussé, un manque flagrant de détails sur les gros plans et un grain étonnamment lissé. Bref, ce DVD n’a rien de miraculeux, mais a au moins le mérite d’exister et nous permet de découvrir ce bon petit film de Fred Zinnemann.

Point de version française sur cette édition, alors que le doublage existe bel et bien. L’écoute est souvent parasitée par quelques menus craquements, des échanges plus sourds et des fluctuations. La piste Dolby Digital Mono 1.0 fait ce qu’elle peut et en dépit d’un bruit de fond persistant se révèle au final suffisante. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Artus Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Flash, saison 4

FLASH – SAISON 4, disponible en DVD et Blu-ray  le 28 novembre 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Grant Gustin, Candice Patton, Danielle Panabaker, Carlos Valdes, Tom Cavanagh, Jesse L. Martin, Keiynan Lonsdale, Neil Sandilands, Hartley Sawyer…

Musique : Blake Neely

Durée : 22 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Arrow et DC’s Legends of Tomorrow)

Date de sortie initiale : 2017-2018

LA SAISON 4

Après avoir été libéré de la prison dans la Vitesse Pure par ses amis, Barry Allen reprend du service en tant que Flash en combattant les méta-humains. Il s’avère rapidement que son retour a été orchestré par son nouvel adversaire, Clifford DeVoe, qui possède une intelligence qui dépasse l’imagination.

Flash, quatrième ! Après trois saisons menées tambour battant et près de 70 épisodes, la série Flash se devait de placer la barre très haute pour sa fournée 2017-2018. Si cette saison 4 déçoit par le manque d’envergure et de charisme de son bad-guy DeVoe – The Thinker (Neil Sandilands), évoqué durant la saison 3 par Savitar, Flash reste incontestablement au-dessus du lot de toutes les séries DC grâce à ses formidables comédiens, des histoires originales, des personnages très attachants, des effets visuels spectaculaires, un rythme trépidant, des scènes d’action souvent dantesques et un humour bien dosé. Grant Gustin est toujours aussi impérial dans le rôle principal et ne tire jamais la couverture à ses camarades de jeu. D’ailleurs, la « famille » s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau personnage, Ralph Dibny alias Elongated Man, ou l’Homme-élastique, génialement interprété par Hartley Sawyer, véritable révélation. Loin d’Arrow qui à ce moment-là entamait péniblement sa sixième saison et qui ne cesse encore aujourd’hui de racler les fonds de tiroir pour subsister, Flash peut compter sur l’intelligence de vrais scénaristes, qui font la part belle à la fantaisie, tout en comblant les téléspectateurs avides de divertissements colorés et débridés.

Six mois après l’emprisonnement de Barry dans la Vitesse Pure, Wally et Cisco ont repris le flambeau. Ce sont les nouveaux défenseurs de Central City. Après avoir mis hors d’état de nuire Peak-a-Boo, le duo est confronté à Samouroïd, un nouveau super vilain qui lance un ultimatum à l’équipe : il veut détruire la ville si Flash ne lui est pas livré. L’équipe Flash doit trouver un moyen de le libérer de sa prison. Malgré le fait qu’Iris ne voit pas d’un très bon œil le fait de le sortir de la Vitesse Pure en mettant en danger la ville entière de Central City, le jeune scientifique poursuit son idée et va retrouver Caitlin qui désormais travaille comme barman dans un pub malfamé. Elle accepte de l’aider. Après avoir informé Wally et Joe, le duo fait une percée dans le ciel avec un canon de leur fabrication et un Flash apparaît. Barry est ramené au poste de police. Tous ses amis le retrouvent mais il a changé, il a vieilli et porte une barbe et a un comportement étrange : il ne cesse de gribouiller des signes et parle comme un dément. Samouroïd refait son apparition. Comme Barry n’est pas en état de se battre, Wally prend sa place dans le costume de Flash mais il est rapidement battu et blessé à la jambe droite. Iris décide de se livrer au robot ce qui a pour réflexe de sortir Barry de sa catatonie. Il reprend confiance et affronte le robot. Il sauve Iris et retrouve l’équipe à Star Labs.

Le mystérieux inventeur du robot fait son apparition dans son repaire high-tech, il s’agit du Penseur secondé par son assistante, The Mechanic. De son côté, Caitlin doit composer avec son double Killer Frost et parvient petit à petit à l’apprivoiser. Iris, qui dans l’équipe devient pour ainsi dire l’équivalent de Felicity dans Arrow, commence les préparations de son mariage avec Barry, tant attendu par les fans. Quant à Cisco, il se retrouve poursuivi pendant un délai de 24h par Breacher (Danny Trejo lui-même!), le père ultra-protecteur de la sexy Gypsy.

Après une troisième saison plus sombre durant laquelle Barry devait affronter son double maléfique Savitar, les showrunners ont décidé de revenir à une veine plus humoristique et les fonctionnalités du nouveau costume de Barry offrent à cette occasion quelques gags pour le moins inattendus et burlesques. Du coup, le début de la saison 4 peut sembler un poil longuet puisque les épisodes se suivent de façon plus ou moins indépendante, sans réelles connexions, même si le personnage du Penseur apparaît progressivement. Il faut véritablement attendre l’incroyable crossover en quatre parties, se déroulant sur Terre-X, avec respectivement les épisodes 8 de Supergirl-Saison 3, Arrow-Saison 6, Flash-Saison 4 et DC’s Legends of Tomorrow-Saison 3 pour que toute la mécanique se mette en marche. En attendant, nous faisons donc la connaissance de nouveaux méta-humains, « créés » par le Penseur, dans le but de s’approprier leurs pouvoirs, nécessaires dans sa quête finale. C’est le cas de Ralph Dibny. En cherchant parmi les passagers du bus touchés par la matière noire, Barry retrouve le nom de cet ancien policier corrompu devenu détective privé. L’homme est menacé mais s’en sort grâce à son corps devenu élastique à souhait. Dibny trouve refuge à Star-Labs. Barry va alors tenter de le former et de lui montrer ce que la vie de héros implique. L’ancien détective prend souvent les missions à la légère, négligeant les victimes pour arrêter une nouvelle méta-humaine, une descendante des Sioux capable d’animer les statues et mannequins humains.

Pour trouver DeVoe, Harry convoque les hologrammes de trois doubles dimensionnels de lui-même mais ils se révèlent vite incapables de s’entendre et de combiner leurs génies. Et ainsi de suite, de rebondissement en rebondissement avec notamment Iris qui se retrouve momentanément avec les pouvoirs de Barry ou bien ce dernier qui doit faire face à une explosion nucléaire et qui pour cela doit quasiment arrêter le temps grâce à un nouveau pouvoir acquis dans la Vitesse Pure. Un épisode 15 exceptionnel. A noter également la nouvelle participation de Kevin Smith qui réalise l’épisode 17, dans lequel il fait également une apparition dans la peau d’un agent de sécurité muet nommé Bob, aux côtés de son ami Jason Mewes, qui incarne son collègue Jay. Les cinéphiles apprécieront également les références explicites à Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, quand Barry se retrouve face à une armée de clones de DeVoe au moment où il doit s’extraire de l’esprit du Penseur dans l’épisode final. Tout cela sans oublier le charme de Candice Patton et Danielle Panabaker, la folie comique de Tom Cavanagh qui s’en donne à coeur joie, l’ambiguïté de Kim Engelbrecht, la frappadingue Katee Sackhoff (Amunet Black) et l’apparition en pointillés de Jessica Parker Kennedy qui installe l’actuelle saison 5. Bref, cette saison 4 est du même acabit que les précédentes, une très grande réussite.

LE BLU-RAY

La quatrième saison de Flash en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments et des acteurs de la série. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 26 épisodes de 42 minutes.

Dispersées au fil des quatre disques, nous trouvons huit séquences coupées (9’) qui présentées ainsi n’ont forcément pas beaucoup d’intérêt. Nous retiendrons quand même une scène plus intimiste que d’habitude entre Barry et Iris, qui prennent le temps de faire un câlin le matin.

Un bêtisier amusant se trouve sur le premier disque (9’).

Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.

Le disque 3 propose un reportage sur la création du personnage Ralph Dibny aka Elongated Man, incarné à l’écran par Hartley Sawyer (10’), qui apparaît dans la saison 4 afin de donner une nouvelle énergie comique après une troisième saison plutôt sombre.

Même chose, la même galette dispose d’un commentaire audio/vidéo de la comédienne Katee Sackhoff, en compagnie du coproducteur exécutif et scénariste Eric Wallace et du scénariste Starling Gates (13’). L’actrice s’amuse derrière le micro et indique comment elle a créé le personnage d’Amuneth Black avec les costumiers et les maquilleurs.

L’éditeur joint également un module consacré au Thinker (16’), composé des propos des showrunners, qui reviennent à tour de rôle sur la psychologie du personnage et la raison pour laquelle Barry l’affronte dans cette saison en particulier.

L’interactivité se clôt sur un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches bleutées. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de cette nouvelle saison de Flash dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / DC Comics / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Emmanuelle et Françoise, réalisé par Joe D’Amato

EMMANUELLE ET FRANÇOISE (Emmanuelle e Françoise – Le Sorelline) réalisé par Joe D’Amato, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  George Eastman, Rosemarie Lindt, Annie Carol Edel, Patrizia Gori, Maria Rosaria Riuzzi, Massimo Vanni, Eolo Capritti, Giorgio Fieri…

Scénario : Joe D’Amato, Bruno Mattei

Photographie : Joe D’Amato

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h37

Année de sortie : 1975

LE FILM

Humiliée jour après jour par son petit ami Carlo, Françoise finit par se suicider. Venue reconnaître le corps de sa sœur, Emmanuelle récupère une lettre dans laquelle Françoise relate toutes les souffrances endurées auprès de l’homme qu’elle aimait. Dès lors, Emmanuelle va tout mettre en œuvre pour retrouver Carlo et se venger de la plus cruelle des façons.

Quel film de cinglé ! Emmanuelle et Françoise aka Le Sorelline en version originale, est réalisé en 1975 par le prolifique Joe D’Amato, l’un des multiples pseudonymes (on lui en prête une bonne cinquantaine) du cinéaste, directeur de la photographie, cadreur et scénariste italien Aristide Massaccesi (1936-1999). Près de deux cent films en 27 ans de carrière (de l’horreur, du porno, du western…), un vrai record. 1975 est une « petite » année pour Joe D’Amato, puisqu’il ne réalise que deux longs métrage, là où il est parfois habitué à en boucler plus de vingt en douze mois ! Bill Cormack le fédéré est le premier et le second est bien évidemment celui qui nous intéresse. Emmanuelle et Françoise est un film d’exploitation, sorte de vigilante movie mâtiné de rape & revenge, d’érotisme et d’une touche de cannibalisme, séquence qu’affectionnait le sous-genre de la nazisploitation. Mais pas de relecture du IIIème Reich ici hein, Le Sorelinne est un film bien contemporain et cette séquence de boustifaille pas très catholique, même si évidemment gratuite, n’est là que pour illustrer la psyché chamboulée par la drogue du prisonnier qui perd alors complètement les pédales. Emmanuelle et Françoise est bien sûr un film réservé à un public savamment averti, devant lequel il n’est pas interdit de prendre son pied devant « l’hénaurmité » de la chose. Joe D’Amato ne recule devant aucune faute de (mauvais) goût pour satisfaire alors une audience venue voir le film pour cette raison.

Emmanuelle est bien décidée à venger sa soeur, qui s’est suicidée après avoir réussi à échapper à Carlo, un admirateur sadique et pervers. Après avoir capturé Carlo, elle l’enferme dans une cave, le drogue, et le force à observer des actes sexuels. Carlo, sous l’emprise des drogues, commence à avoir des hallucinations et à rêver de cannibalisme…

Voilà. Le synopsis permet à Joe D’Amato de s’en donner à coeur joie en nous montrant des viols, des boobs, des fesses rebondies, mais aussi des bites, des torses velus, de la sueur. Non seulement ça, le bougre se permet d’éclairer joliment tout ce bazar avec une photo aussi soignée que le cadre. Si ce qui est montré à l’écran est parfois dégueulasse, on ne peut pas dire que la forme le soit. Chef opérateur avant tout, l’ami Joe s’amuse à nous raconter une fable perverse, dépravée, vicieuse, cynique et malsaine, avec sûrement un grand sourire derrière la caméra. De plus, le récit prend son temps sans ennuyer.

La première partie essentiellement constituée de flashbacks retrace l’existence douloureuse de Françoise (belle et fragile Patrizia Gori) auprès de son amant Carlo (vénéneux et puant George Eastwman), qui ne cesse d’abuser d’elle, de l’humilier, de l’exposer, de la prostituer et de la mettre dans les bras d’autres hommes, en guise de monnaie d’échange ou pour rembourser ses dettes de jeu qui s’accumulent. Jusqu’au jour où Françoise, surprenant Carlo dans les bras d’une nouvelle conquête, arrive au bout du rouleau et décide de se jeter sous un train. Elle laisse alors à sa sœur Emmanuelle (Rosemarie Lindt, vue dans Qui l’a vue mourir ? d’Aldo Lado) une lettre où elle lui explique tout. Emmanuelle prépare alors sa vengeance et décide de séduire Carlo en le menant par le bout de la queue, du nez pardon, jusqu’à son habitation où elle parvient à l’enfermer dans une pièce dissimulée et insonorisée derrière un miroir sans tain. Attaché, drogué, Carlo perd pied, mais arrivera-t-il à s’évader ?

Joe D’Amato installe tranquillement ses personnages, avant de se lâcher dans le deuxième acte qui démarre quand Carlo se retrouve prisonnier. Cette fois, le réalisateur (aidé par son coscénariste Bruno Mattei, d’après un film grec de 1969, The Wild Pussycat) en vient aux choses sérieuses, autrement dit aux nanas qui se mettent à oilp, un trio saphique fait place à une séquence hallucinante (sous hallucinogène pourrait-on dire) où des convives commencent à se masturber mutuellement pendant qu’ils dévorent des organes humains, ainsi que quelques membres comme une main ou un pied, devant un George Eastman qui en fait des caisses, les yeux révulsés, la bave aux lèvres. Osons le dire, Emmanuelle et Françoise, considéré comme l’un des meilleurs films de son auteur, est une bonne série B, parfois limite série Z il est vrai, mais qui remplit aisément le contrat signé avec les spectateurs, qui en ont pour leur argent en ce qui concerne le spectacle peu ragoutant et qui permet en même temps de se rincer l’oeil.

C’est là toute la maestria d’un expert en la matière, qui connaissait son taf, qui le faisait bien, qui savait ce qu’on attendait de lui et qui donnait tout pour ne décevoir personne, afin de passer au projet suivant. Mesdames et messieurs, saluons Joe D’Amato.

LE BLU-RAY

Vous avez entre les mains l’édition limitée à 1000 exemplaires d’Emmanuelle et Françoise, destinée à un « public averti et pervers » comme c’est indiqué sur l’étui cartonné ! Le chat qui fume a de nouveau sorti les griffes avec ce superbe Digipack 3 volets, où sont confortablement logés le Blu-ray et les deux DVDs. Le menu principal est animé sur la scène du repas. Le visuel est quant à lui magnifique.

Plus de 2h45 de suppléments au programme !

On commence par un entretien avec le comédien Luigi Montefiori, véritable nom de George Eastman (24’). Egalement scénariste sur une soixantaine de films et réalisateur, l’intéressé ne mâche pas ses mots sur son complice Joe D’Amato, pour lequel il avait une grande affection, qu’il encense en tant que cadreur et directeur de la photographie, mais dont il regrette l’appât du gain qui a eu raison de sa carrière. George Eastman déclare : «Aristide aurait pu s’élever, mais il a au contraire régressé car il se contentait des miettes et restait finalement toujours en ligue 2. Même en Nationale. Je voyais son potentiel, mais ses projets restaient toujours de bas étage». Leurs multiples associations sont passées au peigne fin, ainsi qu’Emmanuelle et Françoise, film qu’il n’apprécie pas beaucoup en raison de ses scènes trash et pour lequel il a repris une grande partie du scénario. Le casting est aussi abordé.

Place à Maria Rosaria Riuzzi, actrice qui incarne Pamela dans Emmanuelle et Françoise, l’une des trois participantes au threesome. Cette interview (14’30) a peu d’intérêt puisque le personnage est évidemment mineur (au sens propre comme au figuré d’ailleurs), mais l’invitée est sympathique et donne quelques informations sur les conditions de tournage.

Ne manquez pas la géniale intervention de Sébastien Gayraud (49’), auteur de Joe D’Amato : Le réalisateur fantôme (dispo chez Artus Films). C’est ici que vous en apprendrez énormément sur le maître de l’horreur et de l’érotisme à l’italienne. Anthropophagous, Blue holocaust, Horrible, références incontournables du gore, la série des Black Emanuelle, icône des années 70, autant de titres connus dans une filmographie inconnue qui traverse tous les genres : western, péplum, Mondo movie, sous Mad Max, héroïc fantasy et jusqu’au porno hard. Des années 60 aux années 90 (tout le monde ou presque se souvient de ses téléfilms érotiques diffusés en troisième partie de soirée le dimanche sur M6), une œuvre  étrange, excessive, outrancière, traversée de bout en bout par une dose de folie. Sexe, violence, démence macabre sont au rendez-vous de cette présentation exceptionnelle sur l’une des références mondiales, Joe D’Amato. Tout cela ne serait pas complet sans l’analyse d’Emmanuelle et Françoise, où les thèmes récurrents du réalisateur comme la frustration, la castration, le voyeurisme sont analysés.

Last but not least, Le Chat qui fume nous offre 79 minutes en compagnie de monsieur Aristide Massaccesi aka Joe D’Amato ! Dans cette émission ponctuée d’extraits et d’une interview de George Eastman, le réalisateur est visiblement très heureux de revenir sur la partie de son incroyable carrière consacrée aux films d’horreur. Quelques-uns de ses plus grands titres sont abordés, les anecdotes s’enchaînent, tout comme les propos sur les acteurs et ses collaborateurs. Les fans vont être aux anges.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Joe D’Amato était avant tout directeur de la photographie. Et mine de rien, Emmanuelle et Françoise est un film qui adopte de très beaux partis pris. Le Chat qui fume transcende les volontés artistiques originales à travers un superbe master HD. Rien à redire et nous commençons à manquer d’arguments pour louer la qualité des copies proposées par l’éditeur. La propreté est évidemment au rendez-vous, tout comme la stabilité. Le générique est en langue française. L’aspect est parfois sensiblement voilé, l’éclairage luminescent, tandis que certaines scènes paraissent légèrement grisâtres ou moins définies avec des visages blafards. Les plans flous sont d’origine. C’est au final un ravissement pour les mirettes.

En italien (aux sous-titres imposés) comme en français, le confort acoustique est conséquent avec une excellente restitution des dialogues et de la musique de Gianni Marchetti. Pas de souffle constaté, c’est fluide et dynamique.

Crédits images : © LE CHAT QUI FUME / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Mon ket, réalisé par François Damiens

MON KET réalisé par François Damiens, disponible en DVD et Blu-ray le 21 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo, Christian Brahy, Serge Hutry, Nancy Sluse…

Scénario : François Damiens, Benoît Mariage, Thomas Bidegain

Photographie : Virginie Saint-Martin

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Dany Versavel a un souci avec son fils : à 15 ans, Sullivan ne veut plus d’un père qui fait le king derrière les barreaux. Pour Dany, son « ket », c’est sa vie, hors de question de le laisser filer. Il décide donc de s’évader de prison prématurément ! Entre cavales, magouilles et petits bonheurs, il a tant de choses à lui enseigner. Un apprentissage à son image. Au pied de biche, sans pudeur ni retenue. Mais là où l’on pouvait craindre le pire, se cache peut-être le meilleur…

François Damiens revient aux caméras cachées, pour le pire et sûrement pas pour le meilleur. Le comédien qui était expert en la matière au début des années 2000 avec son personnage devenu culte en Belgique puis en France de François l’Embrouille, passe derrière la caméra (toujours dissimulée) avec Mon ket. Pompage éhonté du génial Bad Grandpa de Jeff Tremaine avec Johnny Knoxville, ce premier long métrage, qui n’en est pas vraiment un vu le concept, ennuie du début à la fin et devient même gênant par sa nullité et ses gags supposés être drôles. On aime bien voire beaucoup François Damiens dans OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, Dikkenek, JCVD, L’Arnacoeur, La Délicatesse, Suzanne, La Famille Bélier, mais son premier film en tant que réalisateur tombe complètement à plat et se révèle être un sacré accident de parcours.

Ce qui ne va pas en fait avec Mon ket, expression typiquement bruxelloise qui parle de la fierté d’être père, c’est son format. Si Les Onze Commandements de François Desagnat et Thomas Sorriaux, avec Michaël Youn, grand succès commercial de l’année 2004 avec 3 millions d’entrées et aujourd’hui l’un des champions des rediffusions télévisées, tenait à peu près la route, c’est parce que le film ne cherchait pas réellement à créer une histoire ou se donner des « airs de cinéma ». Tout tenait surtout sur un fil rouge sur lequel Youn et sa clique accrochaient leurs sketches pipi-caca-prout, le tout chapitré, comme sur un DVD où l’on passerait d’une scène à l’autre en appuyant sur la touche Skip, selon les (mauvais) goûts des spectateurs. Même chose pour Connasse, Princesse des coeurs avec Camille Cottin, également construit sur le même principe et dont la réussite tenait cette fois encore sur la personnalité de son excellente comédienne. Dans Mon ket, François Damiens, voulant évoquer les thèmes de la paternité de la filiation, s’évertue à vouloir donner un semblant d’émotions en « incarnant » un prisonnier qui se fait la malle dans le but de retrouver son fils, pour lui prouver qu’il sait être responsable. Grave erreur, mais pas que.

En guise d’introduction, un carton annonce les intentions et les partis pris. Comme si le réalisateur, finalement peu convaincu par le résultat lui-même, avait décidé de rajouter cette note explicative afin de bien informer son audience que les protagonistes du film sont bel et bien des victimes de canulars, si cela n’était pas clair. Mais rien ou presque ne fonctionne, même si l’on retrouve à l’écriture le nom de Benoît Mariage, auteur et metteur en scène des Convoyeurs attendent (1999). Pour ce retour aux sources, François Damiens paraît lui-même peu inspiré et à la qualité déjà médiocre des caméras cachées s’ajoute une pauvreté de « dialogues » due à un manque d’inspiration lors des improvisations. Alors, Mon ket n’est-il qu’un caprice ? On y pense tout du long.

Depuis l’arrêt de ses impostures en raison de sa célébrité croissante, François Damiens est devenu un comédien très prisé et son visage est maintenant très connu en France et en Belgique. Les scènes coupées sur le DVD montrent que les gens le reconnaissaient souvent malgré le maquillage, les prothèses dentaires, les perruques et la fausse bedaine. Du coup, son entreprise tombe à plat et les séquences, on peut parler de saynètes complètement inégales, gardées au montage (sur 600 heures de rushes !) ne sont franchement pas amusantes, ou arrachent seulement quelques sourires amusés, mais imputables surtout à la sympathie que l’on éprouve pour l’acteur. Préférez donc la version originale, Bad Grandpa, qui allait loin, bien plus que ce Ket trop sage, redondant, fatiguant, interminable et même consternant.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mon ket, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

L’interactivité vaut bien plus que le film !

Commencez donc par le segment intitulé Parole au piégés (32’), qui comme son titre l’indique compile les interventions des « victimes » de François Damiens. Certains propos valent leur pesant et le tout est illustré par quelques images inédites.

Les scènes coupées sont également bien plus drôles que celles finalement conservées au montage final (24’). C’est le cas pour un gardien de prison plus virulent envers son détenu ou le repas avec les futurs beaux-parents.

Enfin, nous trouvons également un montage de prises ratées où François Damiens est rapidement reconnu par celles et ceux qu’il souhaitait piéger (4’).

L’Image et le son

Tourné entièrement, ou presque, en caméra cachée, l’apport HD pour Mon ket est évidemment extrêmement limité. Les prises de vue sont parfois effectuées à travers des glaces sans tain, avec des mini-caméras, des caméras de surveillance et autres prismes. La définition est donc aléatoire, quelques flous s’invitent souvent à la partie et le piqué des champs-contrechamps peut varier au cours d’une même séquence. Un petit plus en netteté sur les parties « fictives » à la mise en scène plus traditionnelle, mais le Blu-ray est largement dispensable sur un titre comme Mon ket.

Comme pour l’image, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert pas à grand-chose ici. Peut-être lors de l’évasion en hélicoptère ou pour spatialiser la bande-son (notamment le Felicità d’Al Bano et Romina Power) et la séquence du karaoké où tout le monde entonne Pour le plaisir d’Herbert Léonard. Le reste du temps, l’acoustique se concentre sur les frontales et essentiellement sur la centrale où les dialogues ressortent sans peine. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Enfer mécanique, réalisé par Elliot Silverstein

ENFER MÉCANIQUE (The Car) réalisé par Elliot Silverstein, disponible en DVD et Blu-ray le 12 décembre 2018 chez Eléphant Films

Acteurs : James Brolin, Kathleen Lloyd, John Marley, R.G. Armstrong, John Rubinstein, Elizabeth Thompson…

Scénario : Michael Butler, Dennis Shryack, Lane Slate

Photographie : Gerald Hirschfeld

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Une énorme berline noire roule à tombeau ouvert sur la route du désert. Est-ce un fantôme, un démon ou le diable lui-même? Cette voiture commence à terroriser les habitants d’une petite ville du Nouveau-Mexique. Les policiers du comté, menés par le shérif Everett et le capitaine Wade Parent, commencent l’enquête. Le soir, Everett est à son tour fauché sur la grande rue du village.

Prenez un shaker. Mettez-y une bonne dose de Duel (1971) de Steven Spielberg. Pendant que vous y êtes, incorporez quelques grammes des Dents de la mer (1975). Bon d’accord, un requin ne peut se déplacer sur le bitume, alors par quoi peut-on le remplacer ? Hum. Une voiture fera l’affaire. Secouez tout cela et versez. Voici Enfer mécaniqueThe Car, grand classique de la fin des années 1970 qui surfait de façon opportuniste sur les deux hits de maître Spielberg qui venait de révolutionner le divertissement hollywoodien. Alors oui, la mise en scène du dénommé Elliot Silverstein (Cat Ballou) ne peut être comparée à celle de son confrère, mais Enfer mécanique tient bien la route, c’est le cas de le dire, et reste un excellent moment qui mine de rien annonce le roman Christine de Stephen King et son adaptation par John Carpenter écrit et réalisé 6 ans plus tard. James Brolin et sa moustache contre une voiture démoniaque, action !

L’histoire se déroule à Santa Ynez, communauté située dans les montagnes de l’État de l’Utah. Une voiture noire non-identifiée fonce sur le bitume qui traverse le désert. Elle frappe d’abord deux cyclistes dans les montagnes, puis un auto-stoppeur aux abords de la ville. La brigade du coin dirigée par le shérif Everett et le capitaine Wade Parent est appelée sur les lieux. Alors qu’il se prépare à rentrer chez lui, Everett est percutée par l’inquiétante voiture. Une vieille dame, témoin de l’incident, affirme aux policiers que la voiture était vide : il n’y avait personne à la place du chauffeur. Cette déclaration trouble profondément Parent. Le lendemain matin, la voiture s’attaque à un groupe d’enfants en train de pratiquer une fanfare. Les enfants et leurs professeurs parviennent à se réfugier dans le cimetière de l’endroit où il semble qu’elle n’ose pas pénétrer, malgré les insultes proférées par Lauren, l’une des institutrices et petite amie du capitaine Parent. La voiture repart vers le désert avec toute une escouade de voitures policières derrière elle. Elles sont toutes détruites et Wade est blessé dans l’affrontement. Celui-ci se réveille dans un hôpital et constate avec les policiers survivants qu’il semble s’agir d’une voiture ayant une origine démoniaque.

Quasi-remake de Jaws où James Brolin remplacerait Roy Scheider dans un rôle copier-coller sur le célèbre Chef Brody, Enfer mécanique vaut pour chacune des apparitions de la magnifique voiture infernale conçue par le célèbre George Barris, le créateur de la sublime Batmobile de la série télévisée Batman des années 1960. Cette berline Lincoln Continental Mark III 1971 vole littéralement la vedette aux vraies stars du film et le metteur en scène parvient à lui donner une véritable identité, ainsi qu’une âme méphistophélique en adoptant parfois son point de vue enflammé. Une fois le postulat de départ accepté, The Car embarque les spectateurs dans un néo-western tourné dans d’incroyables paysages sauvages de Glen Canyon et le parc national de Zion qui se prêtent à merveille pour ce rodéo inattendu entre des flics dépassés par les événements et une monture sauvage et déchaînée qu’ils n’arrivent pas à attraper au lasso, ou à l’assaut plutôt.

Les meurtres perpétrés par la berline sont particulièrement brutaux, à l’instar de celui des deux cyclistes qui ouvre le film, ainsi que la séquence surréaliste, mais particulièrement efficace où la bagnole fonce à travers la maison pour happer sa victime qui l’avait alors invectivé quelques heures auparavant, avant de repartir à fond les ballons sur l’asphalte à coups de klaxon dans le vent poussiéreux. La plupart du temps, les acteurs sont réduits au rang de marionnettes, conscients que leur sort importe peu aux spectateurs, qui attendent avec impatience la prochaine apparition de la berline. Toutefois, James Brolin et la clique, Kathleen Lloyd, John Marley, R.G. Armstrong, Ronny Cox, tous habitués à la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent », assurent du début à la fin en apportant suffisamment de crédi-(dé)-bilité à l’entreprise. Les scénaristes Dennis Shryack et Michael Butler, auteurs de L’Epreuve de force et Pale Rider – Le cavalier solitaire de Clint Eastwood, regorgent d’imagination et parviennent à faire de leur prédateur blindé un « monstre » à part entière.

Le final dans le canyon est sans doute en dessous des espérances, mais Enfer mécanique contient son lot de scènes marquantes (celle du garage où la bagnole tente d’étouffer le héros avec ses gaz d’échappement) et son statut culte est mérité car cette série B a bien vieilli et se voit encore aujourd’hui avec plaisir comme un ersatz pas honteux de Jaws.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Enfer mécanique, disponible chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Nous ne sommes pas particulièrement fans du journaliste en culture pop Julien Comelli. Aussi énervant qu’un membre de jury d’un télé-crochet du style Jean-Marc Généreux (c’est dire), l’invité d’Elephant Films fait un sketch jamais drôle tout en donnant quelques informations sur la genèse, la production, le casting, la voiture et la sortie d’Enfer mécanique (23’). Ce supplément est aussi particulièrement mal réalisé et part un peu dans tous les sens.

L’interactivité se clôt sur des liens internet et un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Superbe ! Entièrement restauré, Enfer mécanique est enfin proposé dans une édition digne de ce nom, en Blu-ray au format 1080p. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs, la clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines sur les séquences en extérieur. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un grain plus prononcé, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors abondent, sans oublier la profondeur de champ. Certes, quelques plans peuvent paraître plus doux en matière de définition, mais jamais le film d’Elliot Silverstein n’avait jusqu’alors bénéficié d’un tel traitement de faveur.

Enfer mécanique est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est du même acabit et le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Miss Daisy et son chauffeur, réalisé par Bruce Beresford

MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR (Driving Miss Daisy) réalisé par Bruce Beresford, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 novembre 2018 chez Pathé

Acteurs : Morgan Freeman, Jessica Tandy, Dan Aykroyd, Patti LuPone, Esther Rolle, Jo Ann Havrilla, William Hall Jr., Alvin M. Sugarman…

Scénario : Alfred Uhry d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Peter James

Musique : Hans Zimmer

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

À la fin des années 1940, miss Daisy, une vieille dame juive vivant à Atlanta en Géorgie, institutrice à la retraite, se retrouve dans l’incapacité de conduire sa voiture sans l’endommager. Son fils, Boolie, patron d’une filature de coton, décide d’embaucher un chauffeur, malgré les réticences de sa mère. Son choix se porte sur Hoke, un homme noir chrétien d’une cinquantaine d’années, volontaire et sympathique. Néanmoins, Boolie prévient Hoke qu’il restera sous son autorité afin de lui éviter d’être congédié pour une raison futile par sa mère, une femme au caractère acariâtre. Au fil du temps, le chauffeur parvient à apprivoiser sa patronne, et c’est ainsi que va se tisser une amitié sincère qui durera 25 ans.

A sa sortie aux Etats-Unis en décembre 1989, Miss Daisy et son chauffeur Driving Miss Daisy est LE film phénomène. A l’origine, la MGM devait investir plus de 15 millions de dollars dans ce projet, avant de se retirer devant l’engagement de deux têtes d’affiche méconnues du grand public. Produit finalement pour un petit budget de 7 millions de dollars, le film en rapporte plus de 100 millions rien que sur le sol américain. Très vite, les spectateurs ont le coup de foudre pour les personnages merveilleusement incarnés par Morgan Freeman, Jessica Tandy et Dan Aykroyd. Portée par l’engouement de la presse et des spectateurs, cette production Richard D. Zanuck se permettra même d’aller jusqu’aux Oscars, où le film raflera quatre statuettes dont celles convoitées de la meilleure actrice pour Jessica Tandy, qui à 80 ans devient alors la lauréate la plus âgée de l’histoire, ainsi que celle du meilleur film face au Cercle des poètes disparus de Peter Weir, My Left Foot de Jim Sheridan et Né un 4 juillet d’Oliver Stone.

Morgan Freeman, habitué des deuxièmes voire des troisièmes rôles au cinéma, devient une star du jour au lendemain, même s’il venait juste de se faire remarquer (et récompenser à juste titre) dans La RueStreet Smart de Jerry Schatzberg. Suite à ce triomphe qui lui vaut un Golden Globe, l’Ours d’argent de la meilleure distribution (partagé avec sa partenaire) et une nomination aux Oscars, il est ensuite appelé par Edward Zuick, Brian De Palma, Kevin Reynolds, Clint Eastwood et Frank Darabont. Sa vraie carrière sur grand écran commençait véritablement. Aujourd’hui, Miss Daisy et son chauffeur est ce qu’on appelle vulgairement un feel-good movie. Sa réputation n’est plus à faire, son aura est toujours intacte trente ans après et le film reste très chéri par les spectateurs du monde entier.

Oublions les discours et certaines mauvaises langues qui dénigrent le film de Bruce Beresford en prétextant que le film passe quasiment sous silence la véritable condition des afro-américains aux Etats-Unis de la fin des années 1940 au début des années 1970. Certes, Miss Daisy et son chauffeur ne s’encombre pas réellement de discours politique. Cela étant, le contexte social est bel et bien présent, d’autant plus que le personnage magnifiquement interprété par Jessica Tandy, révélation tardive au cinéma grâce à Cocoon de Ron Howard, se rend à un discours de Martin Luther King dans la dernière partie. Le réalisateur australien Bruce Beresford (Son alibi avec Tom Selleck) et le scénariste Alfred Uhry, également l’auteur de la pièce de théâtre originale qui lui vaudra le prix Pulitzer en 1987, ne sont pas là pour retracer l’histoire de la ségrégation raciale américaine. Les deux hommes en sont évidemment conscients et ce qui leur importe ici est de raconter une histoire d’amitié inattendue entre deux individus d’âge mûr, opposés par leur religion, leur statut social et leur couleur de peau. Un récit étalé sur un quart de siècle, aux ellipses soudaines, avec un vieillissement des personnages assez réussi, sans tomber dans le piège souvent récurrent des maquillages outranciers. La performance des trois comédiens principaux, car il ne faut pas oublier le superbe Dan Aykroyd, prime sur les cheveux blanchis, sur les rides creusées artificiellement, sur les lunettes aux verres grossissants.

Les dialogues sont aussi imparables que justes. On suit allègrement Hoke Colburn (Morgan Freeman donc) essayer de gagner pas à pas la confiance de Daisy Werthan, tout en ayant le soutien et la confiance du fils de cette dernière. Cette dame et son chauffeur doivent affronter tous les deux le regard des antisémites pour la première et celle des racistes pour le second. Ce qui sera un premier pas vers l’entente et le respect. Si le film ne brille pas par sa mise en scène, la photographie de Peter James reste très belle et sensiblement surannée. Ce qui importe ici est réellement le lien des personnages, dont la psychologie se dessine à travers leurs regards, leurs anecdotes qu’ils racontent sur la route, sur leurs gestes esquissés. Le grand succès de Miss Daisy et son chauffeur est dû à la combinaison de talents qui ont cru en ce petit film où même la composition de Hans Zimmer, quand il n’était pas encore occupé à faire du boucan dans les blockbusters hollywoodiens, semble inspirée par l’âme chaleureuse de cette histoire aux beaux et bons sentiments. C’est dire qu’il faut croire à certains miracles hollywoodiens.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Miss Daisy et son chauffeur, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

A l’occasion de cette sortie en Blu-ray, Pathé est allé à la rencontre de Bruce Beresford (22’). Le réalisateur australien revient sur chaque étape difficile de production de son film le plus célèbre. Il évoque notamment l’investissement du producteur Richard D. Zanuck qui s’est battu pendant deux ans pour trouver l’argent nécessaire à la mise en route de Miss Daisy et son chauffeur, après le désistement de la MGM le jour de la signature du contrat. Le cinéaste parle de la pièce de théâtre originale (jouée également par Morgan Freeman), de son adaptation pour le cinéma, avant d’en venir plus précisément au casting du film. Bruce Beresford exagère en disant que Morgan Freeman n’avait fait qu’un seul film avant le sien, tout comme lorsqu’il déclare que Miss Daisy et son chauffeur a récolté cinq Oscars, alors qu’il n’en a reçu « que » quatre. Quelques photos de tournage viennent illustrer cet entretien sympathique.

Afin de replacer Miss Daisy et son chauffeur dans son contexte, Pathé livre deux petits modules d’actualités de 1965 (7’ et 8’) sur « l’Amérique noire », qui abordent le thème du racisme et de la ségrégation aux Etats-Unis. Les commentaires reflètent un esprit « très français » (voir OSS 117 : Le Caire, nid d’espions) et se contentent souvent de donner quelques chiffres.

Le dernier module d’actualité est consacré à la mort de Martin Luther King, le 4 avril 1968 (3’).

L’Image et le son

Le master HD présenté ici est issu de la numérisation et de la restauration 4K réalisées par l’incontournable laboratoire de L’image Retrouvée (Paris/Bologne) à partir des négatifs originaux. On sent que les partis pris du chef opérateur Peter James ont donné pas mal de fil à retordre aux responsables de ce lifting puisque de nombreux plans s’avèrent étonnamment flous lors d’un champ-contrechamp, tandis que la gestion de la patine argentique reste aléatoire sur les séquences sombres notamment. Parfois stable, de temps en temps très appuyé, souvent grumeleux, le grain est là, mais déséquilibré. Même chose, surtout durant la première partie du film, les comédiens semblent entourés d’une aura luminescente, cette fois encore en raison des volontés artistiques du directeur de la photo. La copie est propre, c’est indéniable, aucune pétouille n’a survécu à ce nettoyage en bonne et due forme. Les couleurs sont belles, même si un peu pâles de temps à autre, et le piqué est satisfaisant.

Les mixages DTS-HD Master Audio Stéréo français et anglais instaurent un bon confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec suffisamment d’ardeur et de clarté, sans doute trop sur la VF, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. Les versions 5.1 sont plus anecdotiques étant donné que le film repose avant tout sur les échanges entre les personnages. Une spatialisation musicale certes, mais les pistes Stéréo sont largement suffisantes pour un film de cet acabit. Signalons tout de même une police de sous-titres français vraiment trop petite.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Gungala, la panthère nue, réalisé par Ruggero Deodato

GUNGALA, LA PANTHÈRE NUE (Gungala, la pantera nuda) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en DVD le 4 décembre 2018 chez Artus Films

Acteurs : Kitty Swan, Micaela Pignatelli, Angelo Infanti, Jeff Tangen, Alberto Terrani, Giancarlo Sisti, M. Piero Buzzi, Luigi Scavran…

Scénario : Romano Ferrara, Guido Leoni

Photographie : Claudio Ragona

Musique : Alessandro Brugnolini, Luigi Malatesta

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Une compagnie d’assurance, dirigée par une riche famille anglaise, charge un groupe d’aventuriers de retrouver une jeune héritière, dont l’avion s’est écrasé dans la jungle quelques années auparavant. Laissée pour morte, orpheline et ayant grandi au milieu de la nature, l’enfant abandonné est devenue « Gungala », la déesse blanche, évoluant aux côtés de sa fidèle panthère et devenue reine d’une tribu de guerriers. Avant d’approcher la sauvageonne, les aventuriers vont devoir la défendre contre une tribu d’indigènes africains, dirigés par un prince arabe cruel, voulant dérober le diamant qu’elle porte autour de son cou. L’un des explorateurs, Morton, tombe immédiatement amoureux de la sublime Gungala au grand détriment de sa petite amie, Julie, qui va tout faire pour se débarrasser de cette rivale…

Attention revoilà Gungala !!! Qui ça ? Mais vous suivez ou pas ? Gungala, cette jeune sauvageonne, héroïne de Gungala, la vierge de la jungle ! Sorti en 1967, Gungala, la vergine della giungla aura attiré suffisamment de spectateurs coquinous dans les salles pour que les producteurs décident de prolonger les aventures de cette demoiselle innocente qui court les fesses à l’air dans la savane. Exit le réalisateur Romano Ferrara, qui avait pourtant commencé les prises de vue de ce second chapitre ! Jugé trop incompétent, et sans doute trop pervers puisqu’il voulait filmer sa jungle girl en train de se masturber entourée de ses amis les animaux, un certain Ruggero Deodato (né en 1939) est appelé à la rescousse. Agé de 29 ans, le jeune homme affichait alors un palmarès impressionnant en tant qu’assistant-réalisateur auprès de Roberto Rossellini, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti, Riccardo Freda et Mauro Bolognini. Un impressionnant C.V. qui a permis à Ruggero Deodato de convaincre la production après quelques essais filmés, le tout réalisé devant les yeux de Romano Ferrara qui voyait sa création lui échapper. La différence est notable entre les deux épisodes. Sous le pseudo de Roger Rockfeller, Ruggero Deodato fait preuve d’un réel savoir-faire derrière la caméra. Mieux filmée, Gungala, la panthère nueGungala, la pantera nuda est une suite réussie.

Si l’histoire reste malgré tout complètement anecdotique, au moins, le réalisateur est parti avec son équipe filmer quelques séquences en Afrique avec son actrice Kitty Swan dans un souci d’authenticité. Le générique donne le ton. Dans de magnifiques décors naturels, l’actrice toujours à moitié à oilp, court et batifole avec au loin le Kilimandjaro, le vrai. Certes, pas mal de séquences restent tournées en studio, mais le cinéaste parvient à nous faire ressentir le continent où se déroule le récit, plus rythmé que sur le premier. L’ensemble est aussi moins niais, y compris lorsque Kitty Swan, mieux dirigée ici, se déplace sans l’utilisation du ralenti et d’un solo de harpe.

Gungala, la panthère nue est également bien photographié. Le chef opérateur Claudio Ragona (Confession d’un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani) soigne ses partis pris et le film reste agréable à regarder cinquante ans après. Alors certes, Gungala, la panthère nue est un tout petit film de série B, mais les artisans qui sont à l’oeuvre soignent leur boulot. La musique d’Alessandro Brugnolini et Luigi Malatesta possède ce petit goût suranné et joue avec les codes du cinéma d’aventure d’antan. Dans ce sens, Ruggero Deodato se coule plus dans le moule du divertissement rétro proche des Tarzan avec Johnny Weissmuller. Il filme son héroïne autrement que Romano Ferrara, qui la réduisait la plupart du temps à une playmate dont chacune de ses apparitions était prétexte pour la cadrer à hauteur des seins. Ici, en dépit de séquences complètement barrées comme celle où la sauvageonne devient pour ainsi dire un top-model mitraillé de photos par un aventurier devant une carcasse d’avion, Gungala existe et apparaît beaucoup plus à l’écran, passe de liane en liane, en réalité des cordes de gymnase, mais ce n’est pas bien grave. Elle est également plus rattachée aux animaux, avec un chimpanzé par ci, un éléphant par là, une panthère toujours à proximité.

Ruggero Deodato, futur spécialiste de l’horreur (Cannibal Holocaust) fait ses classes avec tous les moyens techniques et financiers mis à sa disposition, avec le goût du travail bien fait, peu dupe de la copie à rendre et du produit fini. C’est sans doute ce qui fait la bonne tenue, toutes proportions gardées, de Gungala, la panthère nue.

LE DVD

Revoilà donc Gungala chez Artus Films ! Le film de Ruggero Deodato est lui aussi disponible dans une édition slim Digipack au visuel clinquant. Un très bel objet qui intègre la collection Filles de la jungle. Le menu principal est fixe et musical.

Pour en savoir plus sur les jungles girls au cinéma, dans la littérature et dans la bande-dessinée, reportez-vous au DVD de Gungala, la vierge de la jungle et savourez la présentation de Julien Sévéon. Ici, pour ce second opus, Artus est allé à la rencontre du réalisateur Ruggero Deodato lui-même (26’) ! Visiblement heureux de parler de son premier vrai long métrage signé en tant que metteur en scène, alors qu’il était assistant, l’intéressé revient en détails sur son arrivée sur ce projet. Ruggero Deodato explique comment la production a viré Roman Ferrara (« c’était un peu un pervers, pas quelqu’un de bien… ») avant de l’engager définitivement après plusieurs essais grassement payés. Puis, le cinéaste raconte quelques anecdotes de tournage, dont les prises de vue au Kenya, mais aussi la raison pour laquelle il a préféré utiliser un pseudonyme, avant de parler du casting, dont « la très douce » Kitty Swan, dont la carrière fût stoppée quelques années plus tard en raison d’un accident survenu sur un tournage, où elle fut brûlée au troisième degré.

L’interactivité se clôt sur les films annonces des deux Gungala et un diaporama de photographies d’exploitation.

L’Image et le son

La copie de Gungala, la vierge de la jungle était déjà excellente, mais celle de Gungala, la panthère nue se permet de la surpasser. C’est sans doute lié aux partis pris du film, dont la facture technique est nettement plus soignée, mais les couleurs sont encore plus belles que pour le premier épisode. Le piqué est agréable et naturel, le grain original respecté, la stabilité de mise, la propreté irréprochable si ce n’est quelques griffures durant le générique, plus altéré comme c’est souvent le cas. La luminosité est également au programme et les détails sont tels que l’on parvient à distinguer les toiles de fond pour les scènes de campement.

Contrairement à Gungala, la vierge de la jungle, il n’y a pas de version française pour Gungala, la panthère nue. Rien à redire sur le mixage italien aux sous-titres non imposés. La piste est aérée avec un excellent rendu de la musique, des ambiances annexes et des dialogues.

Crédits images : © MOVIETIME SRL – Rome / Artus Films / Captures DVD  : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra-HD / The Big Lebowski, réalisé par Joel Coen

THE BIG LEBOWSKI réalisé par Joel Coen, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray + Digital le 7 novembre  2018 chez Universal Pictures France

Acteurs : Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, David Huddleston, Philip Seymour Hoffman, Tara Reid, John Turturro…

Scénario : Joel Coen, Ethan Coen

Photographie : Roger Deakins

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1998

LE FILM

Jeff Lebowski, prénommé le Dude (le Duc en version française), est un paresseux qui passe son temps à boire des coups avec son copain Walter et à jouer au bowling, jeu dont il est fanatique. Un jour deux malfrats le passent à tabac. Il semblerait qu’un certain Jackie Treehorn veuille récupérer une somme d’argent que lui doit la femme de Jeff. Seulement Lebowski n’est pas marié. C’est une méprise, le Lebowski recherché est un millionnaire de Pasadena. Le Duc part alors en quête d’un dédommagement auprès de son richissime homonyme…

Sometimes there’s a man… I won’t say hero, ’cause what’s a hero? but sometimes there’s a man, and I’m talking about the Dude here, sometimes there’s a man… Well, he’s the man for his time and place. He fits right in there. And that’s the Dude in Los Angeles. And even if he’s a lazy man, and the Dude was most certainly that, quite possibly the laziest in Los Angeles County, which would place him high in the running for laziest worldwide, but sometimes there is a man, sometimes there’s a man… Well… lost my train of thought here.

Franchement, que dire sur The Big Lebowski qui n’a pas déjà été dit ? Depuis vingt ans, le septième long métrage de frères Coen, même si seul Joel est crédité en tant que réalisateur ici, est entré dans le cercle fermé et restreint des films cultes, encensés dans le monde entier et par ailleurs inscrit en 2014 au National Film Registry afin d’être conservé à la Bibliothèque du Congrès. C’est bien simple, tout est mythique dans The Big Lebowski, les personnages (au premier, second et troisième plan), les dialogues, les fringues, les accessoires, les coupes de cheveux, les lieux de tournage, la bande originale composée de Bob Dylan, Kenny Rogers, Elvis Costello, Nina Simone… Ce chef d’oeuvre absolu de l’histoire du cinéma se voit et se revoit plusieurs fois par an, depuis toujours, sans jamais lasser, avec un plaisir toujours intact voire décuplé. Jeff Bridges, immense, trouve probablement ici le rôle de sa vie. L’oubli de sa nomination aux Oscars pour le meilleur acteur reste encore aujourd’hui incompréhensible. Qu’à cela ne tienne, l’amour des spectateurs pour ce film ne s’est jamais démenti.

Nobody calls me Lebowsky. You got the wrong guy. I’m the Dude, man.

Quelle idée de génie tout de même. Plonger le mec le plus improbable et fainéant dans une situation extraordinaire et une histoire aussi opaque qu’un roman de Raymond Chandler. The Big Lebowski c’est comme qui dirait Le Grand sommeil sous acide et marijuana. Un type bedonnant, barbe hirsute, verre de White Russian dans la main gauche et une boule de bowling dans celle de droite. D’ailleurs, pas une seule fois nous verrons le Dude pratiquer son sport favori, sans doute est-il trop occupé à vider son verre. Le bermuda seyant, les sandales en plastique du même acabit, les yeux de cocker, le Dude est aussi iconique qu’un super-héros, d’ailleurs il l’est devenu aux yeux des cinéphiles. Tout le monde rêve encore de prendre un cocktail (ou autre chose) avec le Dude man ! Les frères Coen entourent Jeff Lebowski de personnages complètement allumés, satellites, certains plus proches que d’autres (John Goodman et Steve Buscemi sont aussi magnifiques que Jeff Bridges), mais tout autant déconnectés et paumés que lui dans cette constellation californienne. Seul change le statut social, mais le niveau d’intelligence reste souvent au ras des pâquerettes et c’est ce qui fait le génie de tous les protagonistes, même s’ils n’ont parfois aucun impact sur l’intrigue.

L’histoire, exagérément alambiquée, est évidemment prétexte pour que le Dude se rende d’un point A…au point A. Les mains dans les poches, recevant des coups, se relevant, fumant un pète, le Dude encaisse sans broncher, même quand on lui met la tête dans les chiottes. Le genre à demander au mec qui lui met un coup dans les parties s’il ne s’est pas fait mal au pied. Mais quand un type qui l’a pris pour un autre, pisse sur son tapis (« qui donnait de la cohésion à la pièce »), le Dude voit rouge (d’ailleurs ses yeux le sont souvent) et décide d’aller protester, sans savoir dans quel labyrinthe kafkaïen il s’engouffre. Joel et Ethan Coen filment Los Angeles comme un terrain de jeu de l’oie (blanche), Lebowski (inspiré d’un certain Jeff Dowd, producteur indépendant rencontré par les Coen), nonchalant et glandeur, ne se rendant pas vraiment compte de ce qui se passe autour de lui. Heureusement, il peut compter sur « l’aide » de son ami Walter, vétéran du Vietnam, patriotique, gueulard et assez « impulsif », personnage inspiré par le réalisateur John Milius. Il y a aussi Donny, qui est là, toujours près du Dude et de Walter, mais à qui on dit toujours de la fermer. Il y a bien sûr le reste du casting royal, Julianne Moore, John Turturro, Philip Seymour Hoffman, Sam Elliott, Ben Gazzara, David Thewlis, Peter Stormare…

Ce qu’on oublie parfois de dire sur The Big Lebowski, c’est à quel point le film est également sublime à regarder. A la mise en scène discrètement virtuose, s’ajoute la photographie signée par le grand Roger Deakins, qui combine les couleurs chaudes et vives qui reflètent le regard du Dude sur le monde qui l’entoure, une ville sous substances. The Big Lebowski est une comédie qui emprunte au roman et film noir, mais qui ne cesse de prendre des chemins détournés pour mieux perdre son personnage principal et les spectateurs. Ce que le Dude absorbe lui permettra aussi de s’évader dans quelques rêveries oniriques, où il officie comme danseur dans une comédie musicale américaine des années 1950. C’est aussi l’oeuvre clé des frères Coen, le film somme qui synthétise Sang pour sang, Arizona Junior, Miller’s Crossing, Barton Fink, Le Grand saut et Fargo, avant que les deux frangins se lancent dans la deuxième partie de leur carrière avec O’Brother.

A sa sortie, le film attire près de 750.000 spectateurs en France, un record pour les Frères Coen qui dépassent leur score de Fargo (Oscar du scénario original) deux ans auparavant. Décalé, cartoonesque, noir, hilarant, indémodable, The Big Lebowski est une œuvre majeure et prestigieuse du cinéma américain. Ah oui, en 2019, sort Going Places, un spin-off centré sur le personnage Jesus Quintana, de et avec John Turturro, inspiré par Les Valseuses de Bertrand Blier Tout un programme !

LE 4K UHD

Le test de l’édition 4K Ultra-HD de The Big Lebowski, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Estampillée 20e anniversaire, cette édition comprend le disque 4K et le Blu-ray traditionnel sorti en 2011.

Les suppléments sont uniquement présents sur le Blu-ray 2011.

On trouve tout d’abord une fausse introduction d’un dénommé Mortimer Young (5’) réalisée par les frères Coen. Le président de la Forever Young Film Preservation présente « The Grand Lebowski » comme lors d’une rétrospective consacrée à un réalisateur disparu.

Le making of réalisé à la sortie du film (25’) croise les propos des frères Coen et des comédiens, qui reviennent sur l’histoire tout en présentant les personnages. Joel et Ethan Coen abordent les partis pris et leurs intentions, ainsi que leur collaboration avec le directeur de la photographie Roger Deakins.

Les segments intitulés La Vie de The Dude (10’) et Dix ans après (10’) se rejoignent puisque réalisés à l’occasion du dixième anniversaire de The Big Lebowski. Toute l’équipe témoigne sur la postérité du film, qui a connu une deuxième vie après un accueil modeste dans les salles américaines et de la part de la critique. Quelques images de tournage viennent illustrer l’ensemble.

Le module sur le Festival Lebowski (14’) est plus anecdotique, mais indique comment les spectateurs du monde entier se sont accaparé le film des frères Coen et les personnages. Mention spéciale aux cosplays avec certains fans qui redoublent d’imagination pour trouver le costume le plus inattendu.

Ne manquez pas le supplément consacré au tournage des scènes de rêves du Dude (4’). Les effets visuels sont rapidement évoqués à travers des images du plateau, sans oublier les commentaires de l’équipe. Jeff Bridges raconte notamment la blague que lui ont faite les danseuses sous les jambes desquelles il devait glisser en affichant un regard émerveillé.

L’éditeur joint ensuite une carte de Los Angeles, divisée en 14 points distincts qui indiquent les lieux de tournage. Des images tournées en 2008 montrent comment les différents quartiers se sont transformés. Durée totale du bonus 5’30.

C’est un plaisir de passer un petit moment avec l’immense Jeff Bridges qui présente son album de photographies prises sur le plateau de The Big Lebowski (17’30). Photographe de talent et reconnu, le comédien nous montre ses clichés, tout en racontant des anecdotes de tournage.

Universal compile également les photos de Jeff Bridges à travers une galerie animée, qui permet entre autres de lire les légendes écrites sous les clichés.

Une fonction U-Control est proposée avec un accès à diverses vignettes d’interviews de l’équipe, d’images de tournage, mais aussi de connaître chaque morceau musical entendu dans The Big Lebowski. Enfin, la dernière option comptabilise les « Fuck » (285), les « Man » (162) et les « Lebowski » (89) entendus dans le film !

L’Image et le son

Le Blu-ray édité en 2011 en avait décontenancé plus d’un quant au lissage parfois exagéré du grain argentique original. Chose réparée ici à l’occasion de cette édition 4K UHD puisque l’éditeur avait annoncé un nouveau master restauré à partir d’une source originale 35mm. Et quelle beauté ! Certes, le piqué est peut-être émoussé dans les séquences sombres, mais le bouc du Dude apparaît dans toute sa splendeur, tout comme les partis pris de l’immense chef opérateur Roger Deakins. C’est une explosion de couleurs, des décors aux costumes, en passant par les boules de bowling et même le vernis à ongle vert de Tara Reid ! La propreté est évidemment totale et la luminosité des séquences diurnes impressionne. Le relief est également inédit, sans pour autant donner un aspect artificiel à l’image (le HDR préserve d’ailleurs le naturel des contrastes et consolide les noirs), à l’instar des rayons du supermarché où le Dude fait sa première apparition. En dehors du générique à la définition nettement plus aléatoire, les détails abondent (les traces de doigts sur les boules de bowling, les motifs sur les fringues du Dude) et The Big Lebowski s’offre le plus beau des liftings pour son vingtième anniversaire. La plus belle copie à ce jour du chef d’oeuvre des frères Coen.

Franchement, qui visionne The Big Lebowski en version française hein ? QUI ? Bon, le mixage français DTS 5.1 fait ce qu’il peut. Il fait d’ailleurs beaucoup, trop même avec un report fracassant des voix qui dénature la nature du Dude. Alors non merci. En revanche, les pistes anglaises DTS:X et DTS-HD Master Audio 7.1 créent une alcôve tout à fait respectueuse des volontés artistiques des frères Coen. L’immense bande-son environne les spectateurs sans trop en faire, mais avec rigueur, les effets sont présents et les voix solidement centrées.

Crédits images : © Universal Pictures France / Jeff Bridges /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Maison qui tue, réalisé par Peter Duffell

LA MAISON QUI TUE (The House That Dripped Blood) réalisé par Peter Duffell, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Jon Pertwee, Joanna Lumley, Ingrid Pitt, Denholm Elliott, John Bennett, Tom Adams, Joss Ackland, Nyree Dawn Porter…

Scénario : Robert Bloch

Photographie : Ray Parslow

Musique : Michael Dress

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Un inspecteur de Scotland Yard enquête sur quatre cas de meurtres mystérieux qui se sont passés dans une maison inoccupée. Ce qui donne prétexte à un film à sketchs.

Nous en avons déjà parlé, mais petit rappel sur la Amicus, cette société de production cinématographique britannique née dans les années 1960, spécialisée dans les films d’horreur. Fondée par les américains Milton Subotsky et Max J.Rosenberg, la Amicus a voulu concurrencer la célèbre Hammer sur son propre territoire et dans le reste du monde. Dans cette optique, les pontes décident d’offrir quelque chose de différent aux spectateurs, notamment des histoires d’épouvante contemporaines. Pour La Maison qui tue The House That Dripped Blood (1971), pas de Freddie Francis à la barre cette fois ! Le réalisateur du Train des épouvantesDr. Terror’s House of Horrors, Histoire d’outre-tombeTales from the Crypt, Le Crâne maléfiqueThe Skull, Le Jardin des tortures Torture Garden et bien d’autres réjouissances laisse cette fois la place à un confrère inconnu venu de la télévision, Peter Duffell (1922-2017), qui a officié sur les séries L’Homme à la valise et Strange Report. La Maison qui tue est un film à sketches qui se compose de quatre segments reliés par un fil rouge, tous réalisés par le même metteur en scène. Aujourd’hui, cette House That Dripped Blood vaut surtout pour ses interprètes et son atmosphère toujours plaisante.

Un acteur a mystérieusement disparu sans laisser de trace. L’inspecteur Holloway, mandaté par Scotland Yard, se rend immédiatement sur place pour enquêter. Il rencontre des membres de la police locale, ainsi que l’agent immobilier mister Stoker (évidemment un clin d’oeil à Bram Stoker, auteur de Dracula) et entend de curieuses histoires sur les précédents occupants de la demeure : la première concerne un écrivain confronté à un étrangleur sorti de ses récits. La deuxième histoire met en scène deux hommes en visite dans un musée de cire qui sont obsédés par la statue d’une femme qui leur rappelle une ancienne maîtresse commune. La troisième parle d’un père veuf et de sa fillette mélancolique qui semble s’intéresser de très près à la sorcellerie. La quatrième revient sur le sort de l’acteur disparu (Jon Pertwee, le troisième Doctor Who de l’histoire), qui, vêtu d’une cape à l’occasion du tournage d’un film d’épouvante, a l’impression de se transformer réellement en vampire.

Quatre sketches forcément inégaux comme bien souvent dans ce genre de production, mais qui n’en restent pas moins élégants, souvent jubilatoires, bien rythmés, concis, même si prévisibles. S’ils apparaissent tous les deux au même générique de plus d’une vingtaine de films, les immenses Christopher Lee et Peter Cushing ne se donnent pas la réplique dans La Maison qui tue, chacun étant la vedette d’un segment disparate. Notre préférence se porte sur celui avec Christopher Lee, en prise avec un enfant démoniaque ! Si Peter Cushing est comme d’habitude excellent, son sketch vaut surtout pour ses éclairages baroques qui rappellent cette fois les gialli de Mario Bava et les chefs d’oeuvre de la Hammer quand son personnage se perd dans le musée de cire. Denholm Elliott, très classe, perd pied quand l’un de ses personnages créés sur le papier, semble lui apparaître et s’en prendre à son entourage, ainsi qu’à sa femme (Joanna Dunham). La dernière partie, qui s’inscrit plus dans le genre fantastique, permet d’admirer le charme et les courbes de la mythique Ingrid Pitt. L’épilogue est certes attendu, mais plutôt efficace.

Au-delà de son prestigieux générique, la qualité d’écriture de The House That Dripped Blood est indéniable. On doit ces récits au grand Robert Bloch (1917-1994), l’auteur du roman Psychose, mais aussi d’une quantité phénoménale de nouvelles. A l’adolescence, l’écrivain avait entretenu une correspondance avec Howard Phillips Lovecraft, qui l’encourageait à mettre son imagination débordante au profit de la littérature. L’ombre de Lovecraft plane sur La Maison qui tue, comme d’ailleurs moult écrits de Robert Bloch. Son style, son épure et sa radicalité avaient déjà fait le bonheur des spectateurs pour la série Alfred Hitchcock présente dans les années 1960. Puis, Robert Bloch entamait une collaboration fructueuse avec la Amicus. En plus des comédiens iconiques, le scénariste est comme qui dirait l’autre star de La Maison qui tue.

Même si la mise en scène n’a rien d’exceptionnel et n’a pas l’efficacité des travaux de Freddie Francis (pas de gouttes de sang ici, tout est suggéré), The House That Dripped Blood conserve encore un charme britannique inaltérable, l’humour noir fonctionne bien aussi bien que l’ironie mordante, les retournements de situations et les twists, tandis qu’on se délecte de passer d’un récit à l’autre.

LE BLU-RAY

La Maison qui tue intègre tout naturellement la collection « British Terrors » d’ESC Editions, qui comprend déjà les titres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum, Les Contes aux limites de la folie et Histoires d’outre-tombe. Cette édition Mediabook se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

L’intervention de Laurent Aknin se déroule en deux temps. Dans le premier module, l’historien et critique de cinéma raconte l’histoire de la Amicus (5’). Sa création, les producteurs, les titres les plus célèbres de la firme, ses intentions et ses influences sur les réalisateurs des années 1980-90 sont donc abordés de façon concise et passionnante.

Le deuxième segment se focalise sur La Maison qui tue (17’). De la même manière que pour son exposé précédent, Laurent Aknin est toujours aussi attachant, enjoué et informatif sur la genèse du film de Peter Duffell, sur le casting et le scénariste Robert Bloch.

L’Image et le son

Hormis un générique aux légers fourmillements, le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement froide et fanée. La gestion des contrastes est également très solide. Ce master HD est également présenté dans son format d’origine 1.85. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Peter Duffell bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et les dialogues sont souvent mis trop en avant. La version anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr