Test DVD / Ricordi ?, réalisé par Valerio Mieli

RICORDI ? réalisé par Valerio Mieli, disponible en DVD le 12 novembre 2019 chez Le Pacte

Acteurs : Luca Marinelli, Linda Caridi, Giovanni Anzaldo, Camilla Diana, Anna Manuelli, Eliana Bosi, David Brandon, Benedetta Cimatti, Andrea Pennacchi, Maria Chiara Giannetta…

Scénario : Valerio Mieli

Photographie : Daria D’Antonio

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Ils se sont rencontrés à une fête et se sont aimés tout de suite. C’est une belle et grande histoire d’amour, racontée à travers les souvenirs du jeune couple – des souvenirs altérés par le temps, leurs états d’âme, leurs différents points de vue. Des souvenirs qui finiront par influer sur leur relation.

La plus belle histoire d’amour de 2019, le film de l’année qui résume peut-être le mieux la trentaine déclinante, la peur du temps qui passe, l’envie de bouffer la vie chaque seconde, de profiter de chaque instant, la lutte incessante pour ne pas être envahi de pensées sombres…mais c’est aussi un film solaire illuminé par Linda Caridi, nouvel astre du cinéma italien dont les fossettes et le regard mutin nous font instantanément tombés amoureux d’elle et croire en ce qu’il y a de meilleur. Quasiment dix ans après le délicat et déjà fort recommandable Dix hivers à VeniseDieci inverni, auréolé de près d’une vingtaine de prix dans les festivals du monde entier, Valerio Mieli signe un second long métrage furieusement mélancolique et universel. Le comédien Luca Marinelli retrouve ici un rôle proche de celui qu’il tenait dans son premier film, la sublime Solitude des nombres premiersLa Solitudine dei numeri primi, de Saverio Costanzo, adapté du chef d’oeuvre de Paolo Giordano.

Depuis près de quinze ans, le cinéma italien contemporain tente de survivre à travers des films narrant les heures sombres des Années de plomb ou bien en enchaînant des petites comédies burlesques et romantiques sans prétention. En 2009, sort 10 hivers à Venise (il faudra attendre 2012 en France), un joli film adapté de son propre roman, très bien réalisé et interprété par le couple vedette Isabella Ragonese et Michele Riondino, qui se démarque du tout-venant avec son approche singulière de l’histoire d’amour. Le cinéaste et scénariste Valerio Mieli parvient alors à échapper aux clichés propres à la ville de Venise, soigne sa mise en scène et peut compter sur la belle photo vaporeuse du chef opérateur Marco Onorato, remarqué pour son travail sur Gomorra et Fortapàsc. Dès son premier long métrage, le cinéaste, récompensé par le David di Donatello du meilleur réalisateur débutant et par le Ruban d’argent du meilleur nouveau réalisateur en 2010, faisait preuve d’une sensibilité à fleur de peau. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour découvrir son deuxième film, Ricordi ?.

Né en 1978, Valerio Mieli tire comme qui dirait un premier bilan de sa vie à travers une romance, qui a pour particularité d’être racontée à travers les souvenirs entrecroisés de ses protagonistes. On pense alors au chef d’oeuvre absolu et définitif de Marco Tullio Giordana, Nos meilleures annéesLa Meglio gioventù (2003), où l’on suivait l’itinéraire de deux frères que tout séparait, deux histoires mises en parallèle avec les événements de l’Italie de la seconde partie du XXè siècle, l’inondation de Florence, la lutte contre la mafia, les grands matches de football, les Brigades Rouges. Ici, pas de grande Histoire, mais un récit intimiste de deux êtres, qui n’étaient pas forcément faits pour se rencontrer, mais qui vont néanmoins être unis par le destin. D’une nature fondamentalement opposée, entre « Lui » (nous ne connaîtrons jamais leurs prénoms) le taciturne et le pessimiste, qui n’a aucun bon souvenir de son enfance, et « Lei » (« elle » en italien), jeune femme lumineuse, au teint de porcelaine et au sourire à se damner, qui profite de chaque instant, ce couple atypique va s’aimer, très fort, passionnément, jusqu’à ce que caractère sombre de « Lui » prenne finalement le pas et recouvre le couple d’un voile noir. Convaincu que tout a une fin, ce trentenaire ne sait profiter de la vie et de l’instant présent, puisqu’il s’agit déjà pour lui de souvenirs qui meurtriront le coeur et l’âme.

Ricordi ? est un patchwork, un kaléidoscope hypnotique d’images et de sons qui emporte le spectateur dès les premières secondes dans un typhon d’émotions. Une romance contrariée, une bouleversante et poétique histoire d’amour, sensuelle, merveilleusement interprétée par deux acteurs en état de grâce, à fleur de peau et dirigée de main de maître – gros travail également sur les couleurs et le montage particulièrement virtuose – par Valerio Mieli, un réalisateur rare et précieux.

Véritable chaînon manquant entre Je t’aime, je t’aime (1968) d’Alain Resnais et Eternal Sunshine of a Spottless Mind (2004) de Michel Gondry, Ricordi ? a immédiatement conquis le public et la Mostra de Venise en 2018, où il s’est vu décerner le Prix du public, une Mention spéciale et le Prix de la meilleure nouvelle actrice pour Linda Caridi.

LE DVD

Après son passage dans les salles françaises en juillet dernier, Ricordi ? arrive dans les bacs le 12 novembre 2019 en DVD chez Le Pacte. Visuel très élégant, menu principal animé et musical.

Au programme de cette édition, un petit making of (7’30) composé d’images de tournage et de propos rapides du réalisateur et de ses comédiens. La genèse de Ricordi ?, les thèmes, le casting, les répétitions et les partis pris sont évoqués ici.

L’interactivité se clôt sur une galerie de projets d’affiche et la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master présenté ici ne manque pas de classe. Outre une superbe utilisation du cadre, l’image dispose de contrastes fermes, d’une colorimétrie riche, stylisée, ou au contraire désaturée couplée avec des noirs denses. Quelques légères baisses de la définition sur les mouvements rapides et de sensibles fourmillements sur les arrières plans, mais rien de bien alarmant. La photo à la fois froide (aux teintes bleues) et chaude (gammes brunes, jaunes et brunes), partis pris qui reflètent chacun des personnages principaux, parfois sensiblement ouatée est admirablement restituée.

Seule la version italienne est disponible, en stéréo et Dolby Digital 5.1. Cette dernière n’offre que très peu d’ambiances sur les latérales en dehors de la musique et de la séquence inaugurale. Très bon niveau des dialogues sur la centrale. La Stéréo offre un confort acoustique probant et dynamique, largement suffisante. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © Le Pacte / Sara Petraglia / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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