Test DVD / Déclic et des claques, réalisé par Philippe Clair

DÉCLIC ET DES CLAQUES réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Annie Girardot, Mike Marshall, Philippe Clair, Georges Blaness, André Nader, Robert Gadel, Muriel Baptiste, Carla Marlier, Renée Saint-Cyr, Enrico Macias, Darry Cowl, Pierre Doris, Marthe Villalonga…

Scénario : Philippe Clair & André Nader

Photographie : Jean Malige

Musique : Raymond Lefèvre

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Des jeunes pieds noirs venus d’Alger débarquent à Paris. L’un d’eux fait la connaissance d’une jeune fille riche, qui cherche un sens à sa vie.

C’est donc ici que démarre la carrière cinématographique de Philippe Clair (1930-2020), de son vrai nom Prosper Charles Bensoussan. Comme réalisateur du moins, puisqu’il était déjà apparu dans Des gens sans importance (1956) d’Henri Verneuil, Babette s’en va-t-en guerre (1959) de Christian-Jaque, ainsi que dans une poignée de séries et téléfilms. Né au Maroc, débarquant à Paris dans les années 1950, il intègre le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. De fil en aiguille, il joue dans des classiques du répertoire, mais monte très vite ses propres spectacles et rencontre un grand succès sur scène, notamment avec la parodie du Cid d’Edmond Brua, réalisée en argot pied-noir, d’après la pièce de Corneille écrite en vers, qui sera adaptée en 1979 par Philippe Clair lui-même sous le titre Rodriguez au pays des merguez. Ce triomphe l’amène tout naturellement au cinéma. C’est ainsi qu’en mars 1965 déboule sur les écrans Déclic et des claques, connu aussi sous le titre L’Esbrouffe, coécrit, interprété et réalisé par Philippe Clair donc, qui condense tout l’humour judéo-arabe qui a fait sa renommée au théâtre. Disons-le immédiatement, ce premier long-métrage est une sacrée bonne surprise et découverte. Accompagné de ses amis, Philippe Clair apparaît comme un typhon humain et son énergie dévastatrice est on ne peut plus étonnante dans le septième art hexagonal au mi-temps des années 1960. Considéré aujourd’hui comme étant une grande source d’inspiration pour La Vérité si je mens ! de Thomas Gilou, Déclic et des claques se permet même d’annoncer The Party de Blake Edwards au cours d’une cérémonie de mariage qui tourne à la quasi-orgie. Une longue séquence tout simplement hallucinante, où il se déroule mille choses, où beaucoup nous échappent aussi d’ailleurs, le tout mené par Philippe Clair (sur une musique endiablée du maestro Raymond Lefèvre et avec un certain Claude Zidi à la caméra), qui s’offre le luxe de diriger, de donner la réplique et de courtiser la belle et sexy Annie Girardot (entre Le Mari de la femme à barbe de Marco Ferreri et Trois Chambres à Manhattan de Marcel Carné), visiblement ravie de participer à ce délire hors-norme.

Continuer la lecture de « Test DVD / Déclic et des claques, réalisé par Philippe Clair »

Test DVD / Le Deuxième acte, réalisé par Quentin Dupieux

LE DEUXIEME ACTE réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 1er octobre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard, Manuel Guillot, Françoise Gazio, Valérie Vogt, Thémis Terrier-Thiebaux…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Résumer un film de Quentin Dupieux est relativement impossible, ou tout du moins inutile tant les quelques lignes qui pourraient donner des explications sur le pourquoi du comment d’un de ses opus ne donneraient qu’une vague idée de ce qui se déroule (ou pas d’ailleurs) à l’écran. Tournant sur un rythme effréné, le réalisateur livre son troisième long-métrage en moins d’un an (et déjà son treizième depuis Steak en 2007). Après Yannick et Daaaaaalí !, voilà que débarque Le Deuxième acte, qui accuse une petite baisse de régime et s’avère moins emballant que les deux précédents de leur auteur. Si la désormais mécanique attendue de Dupieux est cette fois encore au rendez-vous, on reste quelque peu sur notre faim et ce en raison d’une première partie, marquée par deux plans-séquences interminables (deux comédiens parlent entre eux sur une route de campagne, avant de laisser la place à deux autres acteurs), qui bouffent déjà presque la moitié du film, d’une durée de 73 minutes (sans le générique de fin). L’ensemble repose sur un formidable quatuor composé de Vincent Lindon, Léa Seydoux, Raphaël Quenard et Louis Garrel, auxquels se joignent divers interprètes satellites et électrons représentatifs de la galaxie Dupieux, le tout saupoudré de bonnes répliques souvent vachardes sur le monde du cinéma. Mais il n’est pas interdit de trouver le temps long, l’ennui – quel dommage – s’installe à plusieurs reprises et s’ennuyer devant un film de QD (cela est déjà arrivé par le passé, comme devant Wrong) est aussi frustrant qu’interminable justement. Le Deuxième acte ne laissera pas un grand souvenir, mais prouve à nouveau la capacité du cinéaste à se renouveler, à offrir au public une expérience à part entière, à prendre ou à laisser, avant de passer à la suivante. C’est pour cela qu’effectuer la critique d’une œuvre de Quentin Dupieux demeure fondamentalement subjective et personnelle. En l’état, Le Deuxième acte contient de bons moments, mais reste complètement anecdotique.

Continuer la lecture de « Test DVD / Le Deuxième acte, réalisé par Quentin Dupieux »

Test DVD / Late Night with the Devil, réalisé par Colin & Cameron Cairnes

LATE NIGHT WITH THE DEVIL réalisé par Colin & Cameron Cairnes, disponible en DVD et Blu-ray le 18 septembre 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : David Dastmalchian, Laura Gordon, Ian Bliss, Fayssal Bazzi, Ingrid Torelli, Rhys Auteri, Georgina Haig, Josh Quong Tart…

Scénario : Colin & Cameron Cairnes

Photographie : Matthew Temple

Musique : Glenn Richards

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

31 octobre 1977. Autrefois étoile montante du petit écran, Jack Delroy est confronté à la chute vertigineuse de l’audience de son émission. Déterminé à retrouver sa gloire perdue et à marquer les esprits, il planifie un show en direct «spécial Halloween». Mais durant cette nuit fatidique, Jack réalisera que le prix du succès peut être bien plus effrayant que ce qu’il avait imaginé…Les images des événements tragiques survenus ce soir-là ont été retrouvées.

Il y a des petits films qui sont précédés d’une réputation flatteuse, qui s’accompagnent d’une rumeur enthousiasmante et d’un bouche-à-oreille dithyrambique. C’était le cas pour Late Night with the devil et cela est amplement justifié. Ce long-métrage co-réalisé par les frères Cairnes, Cameron et Colin, leur troisième après 100 Bloody Acres (2012) et Scare Compaign (2016) s’amuse avec le genre périmé du found-footage et prend l’apparence d’un talk-show américain des années 1970, dont les bobines ont été retrouvées (celles de l’émission diffusée en live, mais aussi celles dévoilant les coulisses durant les publicités), divertissement nocturne qui a dégénéré le soir d’Halloween. Mieux vaut en savoir le moins possible sur Late Night with the Devil, petit bijou inattendu venu d’Australie, bourré d’idées et d’inventions, magistralement interprété par David Dastmalchian, formidable comédien croisé chez Denis Villeneuve (Prisoners, Dune, Blade Runner 2049), David Lynch (Twin Peaks : The Return), James Gunn (The Suicide Squad) et Christopher Nolan (Oppenheimer). Véritablement immersif, cet opus d’épouvante, également comédie-fantastique (l’humour noir fonctionne à plein régime), nous agrippe du début à la fin, joue habilement avec les nerfs, au point que l’on oublie le procédé de la « fausse » émission, tandis que l’étau se resserre à mesure que les événements inquiétants s’enchaînent pour notre plus grand plaisir, jusqu’au final aussi culotté que percutant. Les amateurs de frissons ne manqueront pas de réserver un bel accueil à Late Night with the Devil, parabole pertinente sur la course effrénée à l’audimat, qui n’a malheureusement pas connu d’exploitation dans les salles françaises, mais qui s’avère disponible en DVD et Blu-ray dans nos contrées.

Continuer la lecture de « Test DVD / Late Night with the Devil, réalisé par Colin & Cameron Cairnes »

Test DVD / Le Tableau volé, réalisé par Pascal Bonitzer

LE TABLEAU VOLÉ réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD & Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Arcadi Radeff, Laurence Côte, Alain Chamfort, Céline Karter…

Scénario : Pascal Bonitzer

Photographie : Pierre Milon

Musique : Alexei Aigui

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore…

Quasiment dix ans après Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer aborde un nouvel « univers », celui du marché de l’art, autre monde peuplé de requins, comme celui de la finance. Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste (chez Raoul Ruiz, André Téchiné, Barbet Schroeder, Jacques Rivette, Chantal Akerman, Benoît Jacquot, Jacques Deray, Anne Fontaine et Pascal Thomas), s’il s’était permis une petite parenthèse quasi-inclassable dans sa filmographie avec le superbe Les Envoûtés en 2019, dirige de formidables comédiens et s’inspire cette fois d’une histoire vraie. Celle liée aux Tournesols fanés, oeuvre réalisée par Egon Schiele en 1914 et inspirée des Tournesols de Vincent van Gogh (que le peintre avait découvert en 1906), tableau disparu en 1942, qui a miraculeusement fait sa réapparition en 2003 dans le pavillon d’un jeune ouvrier chimiste de la banlieue de Mulhouse. Celui-ci devait être ensuite vendu en 2005 pour la coquette somme de 17 millions d’euros. Cependant, si le sujet est forcément passionnant, Le Tableau volé n’a pas le même charme que le précédent, et encore moins de Cherchez Hortense (2012) et de Tout de suite maintenant (2015). En éclatant sa distribution, le cinéaste part un peu dans tous les sens et les fils ont parfois du mal à se rejoindre, quand bien même les personnages sont tous bien écrits et dépeints. Mais Pascal Bonitzer n’a cette fois pas bénéficié du concours d’Agnès de Sacy au scénario, contrairement à ses trois derniers longs-métrages, et cela se ressent à plusieurs reprises. Comme en cuisine, il manque à l’ensemble un « appareil » pour consolider le tout, assez lâche, même si les ingrédients sont quand même bon en bouche. Le cinéma de Pascal Bonitzer demeure une valeur sûre.

Continuer la lecture de « Test DVD / Le Tableau volé, réalisé par Pascal Bonitzer »

Test DVD / 14 jours pour aller mieux, réalisé par Édouard Pluvieux

14 JOURS POUR ALLER MIEUX réalisé par Édouard Pluvieux, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez Wild Side Vidéo.

Acteurs : Maxime Gasteuil, Romain Lancry, Lionel Abelanski, Estéban, Michel Boujenah, Nader Boussandel, Zabou Breitman, Chantal Lauby…

Scénario : Édouard Pluvieux, Lionel Dutemple & Maxime Gasteuil, d’après une histoire originale de Maxime Gasteuil & Benjamin Demay

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Olivier Coursier & Audrey Ismaely

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maxime, cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu’à sa carrière et à son futur mariage avec Nadège, la fille de son patron. Au bord du burn-out, seul à ne pas s’en rendre compte, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain au beau milieu de son pire cauchemar… Un stage de bien-être encadré par Clara et Luc, un couple de « clairvoyants », avec des stagiaires plus lunaires les uns que les autres. 14 jours pour aller mieux, au cours desquels ses principes et préjugés vont être soumis au régime zénitude et bienveillance !

L’auteur de ces mots ne connaissait pour ainsi dire pas Maxime Gasteuil, humoriste avoisinant le million de followers sur Instagram et dont il avait eu vent tout de même d’un sketch (réussi) sur les prénoms que les bobos parisiens donnent à leurs enfants. Il accède ici au haut de l’affiche, après avoir fait quelques panouilles au cinéma dans Love Addict de Frank Bellocq, Mon bébé de Lisa Azuelos, Andy de Julien Weill, La Vie pour de vrai de Dany Boon ou bien encore Les SEGPA au ski d’Ali et Hakim Bougheraba. Maxime Gasteuil est un nom qui tourne, dont on entend parler. Après la télévision (La Petite histoire de France, D’argent et de sang), le voilà qu’il débarque sur grand écran, avec un projet monté sur ses épaules, dont il a eu l’idée et pour lequel il a coécrit le scénario avec Lionel Dutemple (Les Cadors, Brillantissime), Olivier Ducray (Et plus si affinités, Jumeaux mais pas trop), sans oublier Edouard Pluvieux, ce dernier signant également la mise en scène de 14 jours pour aller mieux. Complice de Kev Adams, dont il a réalisé Amis publics et la série Super High (ainsi que divers spectacles), Edouard Pluvieux livre un travail honnête derrière la caméra, même s’il se contente de suivre efficacement l’abattage de son épatante troupe de comédiens, menés par le dit Maxime Gasteuil. Si ce dernier manque indéniablement de charisme, il reste amusant, sympathique et attachant dans le rôle principal de 14 jours pour aller mieux, mais se laisse systématiquement voler la vedette par ses camarades de jeu, en premier lieu Zabou Breitman, explosive en clairvoyante à qui on ne le fait pas (et pour cause, puisqu’elle devine tout), et Romain Lancry, visage récurrent aux côtés du Palmashow, vu dans Taxi 5, Demi-sœurs, Les Crevettes pailletées (et sa suite) et 10 jours encore sans maman, hilarant dans le rôle du futur beau-frère de Maxime. Les scénaristes prennent pour cible les stages de bien-être et de développement personnel, cible ô combien facile et qui sont des blagues à part entière. Pourtant, 14 jours pour aller mieux s’inspire de ce que les auteurs ont pu vivre ou connaître en se rendant à ce genre de rencontres. Le film part alors dans tous les sens, enchaîne les petits numéros sans véritable rythme, mais avec un sens du joyeux bordel généralisé où Maxime Gasteuil a cette élégance de ne jamais tirer la couverture. Quelques bons mots, des moments drôles aussi bien sûr, mais typiquement le genre de comédie qui s’autodétruit instantanément après visionnage.

Continuer la lecture de « Test DVD / 14 jours pour aller mieux, réalisé par Édouard Pluvieux »

Test DVD / Et plus si affinités, réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance

ET PLUS SI AFFINITÉS réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance, disponible en DVD le 7 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : Isabelle Carré, Bernard Campan, Pablo Pauly, Julia Faure…

Scénario : Olivier Ducray, Wilfried Méance & Jean-Paul Bathany, d’après le scénario original de Cesc Gay

Photographie : Stéphan Méance

Musique : Alexis Rault

Durée : 1h13

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit ! Au contact de ces voisins aux mœurs débridées, Xavier et Sophie vont devoir se confronter à leur réalité, avant d’être poussés dans leur retranchement par une proposition quelque peu… indécente.

Indiquer sur une affiche de cinéma qu’un film a été « le coup de coeur du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez » n’est certainement pas vendeur auprès du public. Ainsi, après le four monumental rencontré par 38°5 quai des Orfèvres de Benjamin Lehrer, Et plus si affinités d’Olivier Ducray et Wilfried Meance n’a guère traîné les spectateurs dans les salles à sa sortie et ce malgré le double prix d’interprétation remporté au festival en question, sans oublier le Prix du public et le Prix spécial du jury. Il faut dire que cette comédie, par ailleurs remake de Sentimental, film espagnol réalisé par Cesc Gay, ne fonctionne absolument pas, en raison de personnages détestables, méprisants, sectaires et mesquins, nullement sympathiques et qui apparaissent d’emblée antipathiques. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, en premier lieu Isabelle Carré et Bernard Campan, dans leur troisième collaboration après Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman et La Dégustation d’Ivan Calbérac (qu’ils avaient aussi joué sur scène), mais rien n’y fait, on se désintéresse quasiment instantanément du sort de Xavier et de Sophie, petits bourgeois enfermés dans leur petite vie et leur 100m² (au bas mot) dans un beau quartier de la capitale. Mais c’était sans compter sur la rencontre avec un couple de voisins chauds comme la b(r)aise, devant lesquels ils vont enfin se rendre à l’évidence, ils s’ennuient à fond, chacun de leur côté et ils ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Olivier Ducray et Wilfried Méance, en collaboration avec Jean-Paul Bathany présentent un homme et une femme dont l’aigreur a eu raison de leurs rêves, espoirs, fantasmes, qui vivent cloîtrés entre quatre murs, en apnée. Et plus si affinités est un huis clos qui ne laisse justement jamais respirer ses protagonistes et encore moins les spectateurs (un ou deux plans en extérieur, le même d’ailleurs, histoire d’aérer un peu), qui trouvent le temps long malgré la très courte durée du film (73 minutes, générique de fin compris) et qui n’a de cesse de s’enliser au fil d’un récit extrêmement maladroit et surtout mal écrit.

Continuer la lecture de « Test DVD / Et plus si affinités, réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance »

Test DVD / N’avoue jamais, réalisé par Ivan Calbérac

N’AVOUE JAMAIS réalisé par Ivan Calbérac, disponible en DVD le 28 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : André Dussollier, Sabine Azéma, Thierry Lhermitte, Joséphine de Meaux, Sébastien Chassagne, Gaël Giraudeau, Michel Boujenah, Céline Esperin, Frédéric Deleersnyder

Scénario : Ivan Calbérac

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Laurent Aknin

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Après 50 ans de mariage, François Marsault, général à la retraite, est encore fou amoureux d’Annie, sa femme. Lorsqu’il découvre qu’elle l’a trompé 40 ans plus tôt, son sang ne fait qu’un tour. Afin de laver son honneur, une seule solution : la quitter et partir manu militari retrouver Boris, l’ancien amant, pour lui casser la figure. Mais à son âge, l’affaire n’est pas si simple…

Ils forment l’un des couples (ou tandems) les plus connus du cinéma français, à l’écran si cela est nécessaire de le préciser. Au cours de ces quarante dernières années, André Dussollier et Sabine Azéma ont partagé la même affiche plus de dix fois, de Tanguy (et sa suite mal aimée) aux Herbes folles, en passant par La Chambre des Officiers, Coeurs, Aimer, boire et chanter…Avec N’avoue jamais, nous ne sommes sûrement pas chez Alain Resnais, qui les a souvent réunis à l’écran, mais cela n’empêche pas les deux comédiens de s’amuser à fond dans ce vaudeville réalisé par Ivan Calbérac (lauréat du Molière de la meilleure comédie 2019 avec La Dégustation), comédie de boulevard que l’on pourrait très bien imaginer être jouée sur une scène, mais qui bénéficie ici de superbes décors naturels et donc d’une respiration bienvenue. Le duo est évidemment parfait, leur alchimie fait le sel de N’avoue jamais, même s’ils sont excellemment entourés par une distribution aux petits oignons. Tout le monde (y compris le public, heureusement) se délectent de dialogues vachards, finement ciselés à leur attention et quand bien même on pourrait critiquer de grandes et grosses facilités d’écriture, on passe un très bon moment devant ce spectacle très frais, bourré d’énergie (contagieuse), qui a su attirer près de 600.000 spectateurs à sa sortie.

Continuer la lecture de « Test DVD / N’avoue jamais, réalisé par Ivan Calbérac »

Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

Continuer la lecture de « Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine »

Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro

QUELQUES JOURS PAS PLUS réalisé par Julie Navarro, disponible en DVD le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Saadia Bentaïeb, Loula Bartilla Besse, Olivier Charasson, Andranic Manet, Hippolyte Girardot…

Scénario :Julie Navarro et Marc Salbert, d’après le roman de ce dernier, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire

Photographie : Sylvestre Dedise

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Oui bon d’accord, le cinéma français bien-pensant blabla, les bobos de cinquante piges, les écouteurs vissés sur les oreilles en train d’écouter The Kinks ou The Zombies, confortablement installés dans leur 50m² à Barbès (car ils aiment le melting-pot), en train de découvrir le monde (les migrants quoi), qui se découvrent une âme de militant (par hasard, après avoir reçu un coup sur la tronche ici) et qui décident (malgré eux) de recueillir un demandeur d’asile. C’est Quelques jours pas plus, premier long-métrage écrit et réalisé par Julie Navarro, ancienne assistante de Véra Belmont, Jean-François Davy, Jean-Marc Vallée et ancienne directrice de la distribution (sur La Science des rêves, Mariage à Mendoza, Hippocrate, Médecin de campagne…). Cependant, si le pitch peut effectivement faire peur, Quelques jours pas plus est une première œuvre extrêmement attachante et contre toute attente, on suit le cheminement de son protagoniste, critique musical qui commence à avoir de la bouteille et qui semble revenu de tout, qui se retrouve embringué dans le quotidien d’une association caritative, spécialisée dans l’accueil des migrants et réfugiés à Paris. Ce dernier est en outre interprété par Benjamin Biolay, qui mine de rien s’est construit une vraie filmographie depuis une quinzaine d’années. Depuis ses débuts devant la caméra de Vincent Dietschy (dans Didine), l’interprète multi-récompensé de Comment est ta peine ? n’a eu de cesse d’enchaîner les rôles (une bonne cinquantaine désormais), en prenant petit à petit une véritable épaisseur et un charisme qui s’est encore plus sculpté avec les années. Après Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Personal Shopper d’Olivier Assayas, Irréprochable de Sébastien Marnier, Les Apparences de Marc Fitoussi (pour ne citer que ceux-là), Benjamin Biolay trouve incontestablement l’un de ses meilleurs personnages dans Quelques jours pas plus (adaptation du roman de Marc Salbert, compagnon de la metteuse en scène, dénommé De l’Influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire publié en 2015 sous Le Dilettante), dans lequel il est criant de vérité. Un joli film sincère, émouvant, drôle aussi, à la frontière du documentaire, qui ne tombe pas dans le piège du message enfoncé à coups de marteau dans le crâne des spectateurs, mais qui lui expose des faits, sans en rajouter. Une belle découverte.

Continuer la lecture de « Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro »

Test DVD / Cult Killer, réalisé par Jon Keeyes

CULT KILLER réalisé par Jon Keeyes, disponible en DVD le 5 juillet 2024 chez Program Store.

Acteurs : Alice Eve, Antonio Banderas, Shelley Hennig, Olwen Fouéré, Kim DeLonghi, Nick Dunning, Paul Reid, Matthew Tompkins…

Scénario : Charles Burnley

Photographie : Austin F. Schmidt

Musique : Gerry Owen

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une détective privée est contrainte de collaborer avec un tueur afin de blanchir le nom de son mentor, qui est impliqué dans des crimes.

Les amateurs (et mateurs) de jolies comédiennes connaissent plus ou moins Alice Eve, britannique née en 1982. Si son nom ne dira pas grand-chose à la plupart d’entre vous, son physique avantageux a pu laisser des marques dans l’inconscient du cinéphile jouisseur, au détour de quelques scènes de Sex and the City 2, Men in Black 3, Star Trek Into Darkness…Depuis les années 2010, on avait presque oublié cette belle blonde et voilà qu’elle revient en tant que premier rôle dans le thriller Cult Killer, réalisé par Jon Keeyes, auteur essentiellement de produits destinés au marché de la VOD comme Hostage Game et The Survivalist, tous les deux avec un John Malkovich qui paye ses impôts. On se dit, « tiens, il n’a pas fait tourner Bruce Willis durant sa période je suis payé deux millions de dollars pour deux jours de tournage ? », et bien si puisqu’il a également produit Paradise City de Chuck Russell, White Elephant de Jesse V. Johnson et Deadlock de Jared Cohn. Le monde est petit. Car Cult Killer est un film qui reprend le même cahier des charges, prendre une semi-vedette un peu oublié (Alice Eve donc), lui faire donner la réplique à une star qui n’a eu que quelques jours de tournage grassement payés et qui ne fait que diverses apparitions sporadiques au fil du récit, même si l’affiche sera centrée sur elle. Il s’agit en l’occurrence d’Antonio Banderas, qui s’associe pour la troisième fois avec le metteur en scène, après Les Assassins Code Name Banshee et Clean Up Crew. S’il ne faut pas espérer beaucoup de ce genre de spectacle « fabriqué » à la va-vite, Cult Killer possède de bons atouts et s’avère un divertissement plutôt plaisant, grâce notamment à la véritable alchimie d’Alice Eve et Antonio Banderas, dont les scènes sont dispersées ici et là (et pour cause, mais nous ne révélerons pas pourquoi). Avec sa distribution solide, son atmosphère à la Millenium de Stierg Larsson et son intrigue qui se tient, on se retrouve face à un DTV plus qu’acceptable et qui remplit son contrat.

Continuer la lecture de « Test DVD / Cult Killer, réalisé par Jon Keeyes »