Test Blu-ray / Et la fête continue!, réalisé par Robert Guédiguian

ET LA FÊTE CONTINUE! réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 19 mars 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz, Pauline Caupenne, Jacques Boudet…

Scénario : Robert Guédiguian & Serge Valletti

Photographie : Pierre Milon

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À Marseille, Rosa, 60 ans, a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable, d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Ah tiens, revoilà Robert Guédiguian et sa bande, vous savez sa « famille » (comme dans Fast & Furious oui), au sens propre comme au figuré d’ailleurs pour certains. Et la fête continue ! est son 23è long-métrage et à maintenant 70 piges, le réalisateur semble s’obstiner à suivre les mêmes rails qu’il a lui-même poser il y a près de 45 ans. On commence à se fatiguer et cela est d’autant plus dommage que Twist à Bamako, son précédent opus, qui l’éloignait de son univers et de sa troupe habituels, apportait un formidable vent de fraîcheur. Retour à Marseille dans Et la fête continue !, retrouvailles avec son épouse Ariane Ascaride (21 films ensemble et une pièce de théâtre), Jean-Pierre Darroussin (18 collaborations), Gérard Meylan (20 films), Jacques Boudet (14 films), sans oublier la jeune génération, Lola Naymark (5 films), Grégoire Leprince-Ringuet (5 films), Robinson Stévenin (6 films), Adrien Jolivet (6 films)…Ils ont souvent été frères, amants, cousins, on ne sait plus, bref, Robert Guédiguian paraît parfois ne plus savoir comment les unir à l’écran. C’est le cas pour Et la fête continue !, qui s’il n’est pas désagréable, ressemble bougrement à du Lelouch avé l’assent, qui peine à inclure et à emporter le spectateur dans son sillage, qui semble vivre en vase clos, comme s’il n’y avait que ses personnages, peu attachants ici, qui comptaient. Heureusement, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin règnent en maîtres sur la distribution et leurs scènes sont indéniablement les meilleures de cette chronique un rien pépère, tant sur le fond que sur la forme, qui fait penser à un tract établi par un vieux militant syndicaliste qui continue d’agiter son drapeau, mais qui à force d’avoir roulé sa bosse et d’avoir arpenté les mêmes rues lors des manifs, fait du surplace, usé, planté sur son strapontin. Anecdotique donc.

Rosa, infirmière à l’hôpital de la Timone et proche de la retraite, se démène pour regrouper les militants de gauche et écologistes pour les prochaines élections municipales. Son fils Sarkis, qui tient le bar « La Nouvelle Arménie » dans le quartier de Noailles, est amoureux d’Alice, comédienne qui milite avec les personnes du quartier qui ont été touchées par l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne. Alice dirige également un chœur auquel elle fait répéter la chanson de Charles Aznavour Emmenez-moi. Henri, le père d’Alice, qui vient de prendre sa retraite et transmettre sa librairie, s’installe provisoirement à Marseille pour se rapprocher de sa fille. Il fait la connaissance de Rosa et du petit monde qui évolue autour d’elle : Tonio, son frère chauffeur de taxi, Minas, son autre fils médecin, et Paula, sa belle-fille, Laëtitia, jeune infirmière logée chez Tonio. Certains membres de l’alliance électorale rose-verte veulent faire de Rosa leur tête de liste pour les élections municipales, mais celle-ci, qui se sent désabusée et rêve de lever le pied, n’est pas très emballée par cette perspective. Sa toute neuve relation avec Henri devient rapidement une histoire d’amour. Ses deux fils Minas et Sarkis sont profondément attachés à leurs racines arméniennes, et veulent soutenir l’Arménie en guerre contre l’Azerbaïdjan. Sarkis rêve également d’une famille nombreuse, qu’il voit comme une revanche sur le génocide arménien. Cela bouleverse Alice, qui n’ose pas lui avouer sa stérilité.

On est entre du Lelouch et la série Plus belle la vie. Le cinéaste peine à trouver du grain à moudre à donner à la moitié de ses personnages et les divers enjeux sont équivalents à ceux d’une sitcom. D’accord « le collectif est la clé de tout », mais on le sait depuis longtemps et Guédiguian fait penser à un professeur d’éducation civique qui planterait son discours à coups de marteau dans le crâne de ceux qui l’écoutent. Cela fait des bosses, mal à la tête et donc à lasser. Le happening du dernier acte est extrêmement lourd et l’on se sent constamment exclus de tout ce qui se déroule autour de cette rue d’Aubagne, où s’étaient effondrés deux bâtiments de cinq étages en novembre 2018, entraînant la mort de huit locataires. Robert Guédiguian parle encore et toujours de politique, en évoquant les élections municipales de 2020, en s’inspirant notamment de Michèle Rubirola pour le personnage incarné par Ariane Ascaride, alors tête de liste d’une alliance de collectifs de citoyens, de partis et de mouvements de gauche, élue maire de la ville, avant de démissionner cinq mois plus tard, devenant première adjointe.

Une fois de plus, la diaspora arménienne de Marseille est au centre du récit (on y voit même l’affiche du Voyage en Arménie dans l’appartement de Rosa), le tout sur fond d’Aznavour (forcément…), d’engagements (ou non) et de pastis servis à deux heures du mat’. Mais Guédiguian livre un film plan-plan, ne sait plus quoi faire faire à ses pions posés sur son échiquier élimé, Jean-Pierre Darroussin, les mains dans les poches, cherche un endroit où grailler, Robinson Stévenin picole et s’exprime comme s’il avait 60 balais, Lola Naymark ne se déshabille pas à l’écran, Grégoire Leprince-Ringuet est toujours en hyperventilation, Gérard Meylan se fait un bain de pieds, mouais, c’est pas très emballant tout ça. Manquerait plus qu’Ary Abittan et Philippe Lellouche fassent une apparition, mais ouf, le cinéaste n’a pas aussi mauvais goût que Claude dans ses mauvais jours.

Le passage de flambeau ne fonctionne guère, car en voyant des protagonistes qui ont lutté toute leur vie pour on ne sait plus quel combat (eux-mêmes l’ont oublié en cours de route), décident en arrivant à l’automne de leur existence de tout envoyer promener pour profiter de la chance qui leur est offerte (tomber amoureux), c’est comme si Guédiguian leur disait « allez-y, on a essayé, on n’a pas réussi, mais peut-être que vous le pourrez, même si vous devez mettre tout le reste de côté ». On a connu plus encourageant et enthousiasmant.

LE BLU-RAY

C’est sans surprise que le dernier long-métrage de Robert Guédiguian débarque en DVD et Blu-ray chez Diaphana, comme ses précédents titres. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Deux bonus. Le premier est l’habituelle bande-annonce. Le second est conséquent, puisqu’il s’agit d’un vrai making of de 48 minutes, réalisé par Isabelle Danel, journaliste, critique de cinéma, dernièrement commissaire principale de l’exposition Robert Guédiguian – Avec le cœur conscient, présentée à la Friche La Belle de mai de Marseille, d’octobre 2023 à janvier 2024. Autant dire que celle-ci connaît son sujet sur le bout des doigts et cela se ressent quand on découvre cette véritable plongée dans le tournage d’Et la fête continue !. Du premier au dernier jour des prises de vue, au plus près des comédiens et du réalisateur, Isabelle Danel suit la troupe de Robert Guédiguian (devant et derrière la caméra), paumée au milieu des habitants de Marseille, qui entourent l’équipe et participent entre autres à la séquence finale.

L’Image et le son

Nous voici devant un superbe master HD, très propre et clair, avec un cadre fourmillant de détails. La photo chaude de Pierre Milon (habituel chef opérateur de Guédiguian) fait la part belle aux teintes chatoyantes avec de beaux dégradés, des contrastes denses et un piqué joliment acéré. L’encodage est également savamment pris en charge par l’éditeur, bien que les scènes nocturnes soient peut-être moins précises que les séquences diurnes.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger au milieu des rues de Marseille, omniprésentes sur les enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue, la musique est spatialisée de bout en bout. L’éditeur joint également une piste Stéréo, les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / AGAT FILMS – BIBI FILM – France 3 CINEMA / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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