Test DVD / Wire Room, réalisé par Matt Eskandari

WIRE ROOM réalisé par Matt Eskandari, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kevin Dillon, Bruce Willis, Oliver Trevena, Texas Battle, AMbert Townsend, Cameron Douglas, Shelby Cobb, Faith Stowers…

Scénario : Brandon Stiefer

Photographie : Will Barratt

Musique : Rhyan D’Errico & Jared Forman

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

L’agent fédéral Justin Rosav intègre la salle des écoutes du FBI, centre de commandement qui espionne les criminels dangereux grâce à des caméras et des micros planqués dans leurs QG. Sous la supervision de Shane Mueller, il est chargé de surveiller Eddie Flynn, trafiquant d’armes soupçonné d’avoir à sa solde toute une tripotée de policiers corrompus. Pendant son service, Justin voit des hommes armés entrer dans la maison du trafiquant. Tentant vainement d’alerter Shane, l’agent prend la responsabilité d’appeler Eddie pour l’aider à survivre à l’assaut qui se prépare.

L’idée était pourtant bonne : un agent fédéral tentant d’assister à distance un criminel pris pour cible dans sa maison, voilà qui promettait quelques bonnes scènes de suspense, des échanges de tirs savamment bourrins, de la punchline mascu à foison dont Olivier Marchal lui-même n’oserait pas rêver. On se contentera de fantasmer sur le film que n’importe quel réalisateur un peu concerné aurait pu tirer d’un tel postulat. Car en l’état, Wire Room est une pure catastrophe de la première à la dernière minute. Les responsables de ce carnage : absolument tout le monde. Passons d’emblée sur les raisons qui ont poussé Matt Eskandari à commencer son film par un flash forward nous en dévoilant la fin – lui-même ne sait probablement pas pourquoi il a fait ça. La mise en scène anémique, le montage foireux, la photographie épouvantable, l’étalonnage inexistant, l’écriture ridicule, les personnages caractérisés à la truelle… C’est bien simple, rien ne va. Le film, tourné sur deux lieux en une semaine (et qui a manifestement nécessité une heure de post-production), exhibe des effets numériques pitoyables. Les impacts de balles, la fumée s’échappant de la fenêtre, tout est d’une laideur absolue, au même titre que la musique, jouée sur un radio-cassette dont Eskandari a perdu le mode d’emploi. A ce jour, il n’a toujours pas trouvé le bouton « stop ».

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Test DVD / Showing Up, réalisé par Kelly Reichardt

SHOWING UP réalisé par Kelly Reichardt, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2023 chez Diaphana.

Acteurs : Michelle Williams, Hong Chau, André 3000, Todd-o-Phonic Todd, Lauren Lakis, Denzel Rodriguez, Jean-Luc Boucherot, Ted Rooney…

Scénario : Jonathan Raymond & Kelly Reichardt

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Ethan Rose

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À quelques semaines du vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration…

C’est toujours un plaisir de parler de Kelly Reichardt (née en 1964), l’une des réalisatrices les plus singulières et passionnantes du cinéma indépendant américain. Showing Up est son huitième long-métrage mis en scène en près de trente ans de carrière et s’il n’est assurément pas le meilleur et demeure même sans doute mineur dans la filmographie de la cinéaste, cet opus n’en reste pas moins bien au-dessus de la mêlée et mérite qu’on s’y attarde. Merveilleuse directrice d’acteurs, Kelly Reichardt retrouve Michelle Williams, sa comédienne fétiche, pour la quatrième fois et lui offre un nouveau rôle atypique, diamétralement opposé à ceux qu’elle interprétait dans le sublime Wendy et Lucy (2008), La Dernière piste (2011) et Certaines femmes (2016). Dans Showing Up, on reconnaît ce minimalisme propre au cinéma de Kelly Reichardt, que certains pourront trouver cette fois trop épuré ou tout du moins asséché. Car il ne se passe pas grand-chose (en apparence) dans Showing Up, qui tente de percer et de capturer le bouillonnement créatif qui anime une artiste, loin de l’image de l’exubérance qu’on leur prête et associe souvent. Encore et toujours à contre-courant du septième art y compris celui catalogué d’auteur, la réalisatrice signe avec Showing Up l’un de ses films les plus étranges.

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Test DVD / Mon père et moi, réalisé par Laura Terruso

MON PÈRE ET MOI (About My Father) réalisé par Laura Terruso, disponible en DVD le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Robert De Niro, Sebastian Maniscalco, Leslie Bibb, Kim Cattrall, David Rasche, Anders Holm, Brett Dier, Adan James Carrillo…

Scénario : Austen Earl & Sebastian Maniscalco

Photographie : Rogiers Stoffers

Musique : Stephanie Economou

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Encouragé par sa fiancée, Sebastian invite son père Salvo, modeste coiffeur italo-américain, à faire la connaissance de sa très riche et excentrique belle-famille durant un weekend prolongé dans leur somptueuse résidence. Ce véritable choc des cultures se transforme en un concentré édifiant et hilarant de tout ce qu’il faut éviter de faire lors d’une telle rencontre familiale…

Quand il ne tourne pas chez son pote Martin Scorsese ou chez David O. Russell, ce bon vieux Robert De Niro enfile une chemise hawaïenne et un bermuda pour se complaire dans des comédies souvent insignifiantes. Il y a près de 25 ans (oui oui, déjà un quart de siècle), le premier volet de ce qui sera alors une trilogie, Mon beau-père et moi Meet the Parents de Jay Roach, que le comédien produisait également, allait lui faire un nouveau pécule à la banque et confirmait ainsi au public, déjà conquis précédemment par Mafia Blues Analyze This de Harold Ramis, que Bob savait faire rire. Ou comment passer en un clin d’oeil de Casino et Heat à Showtime de Tom Dey et La Loi et l’Ordre Righteous Kill de Jon Avnet, une comédie qui s’ignore certes, mais tout de même. Mon beau-père, mes parents et moiMeet the Fockers (2004) et Mon beau-père et nousLittle Fockers de Paul Weitz (2010) ont laissé de telles traces, y compris chez nous, que certains distributeurs n’ont pas hésité à nous refourguer d’autres exploits du même genre de Bobby, en nous faisant croire à travers leurs titres français qu’il s’agissait d’une pseudo-suite. Ainsi, après Mon grand-père et moi The War with Grandpa de Tim Hill en 2020 (sans parler de Dirty Papy de Dan Mazer), voilà que débarque Mon père et moi About My Father de Laura Terruso. Évidemment, rien à voir encore une fois avec les Fockers, mais il s’agit d’une entourloupe pour nous vendre la nouvelle distribution Lionsgate et production des frères Chris et Paul Weitz. Totalement inconnu en France, Sebastian Maniscalco (né en 1973) est un acteur et humoriste spécialisé dans le stand-up, qui a fait quelques apparitions au cinéma dasns Green Book: Sur les routes du sud de Peter Farrelly et The Irishman de Martin Scorsese. Il y a fort à parier que c’est sur ce dernier que Sebastian Maniscalco a su convaincre Robert De Niro d’incarner son père dans About My Father, inspiré de sa propre vie et donc de son paternel, film qu’il a écrit et dans lequel il s’est octroyé le premier rôle, personnage qui porte d’ailleurs son véritable nom. Mais ce n’est clairement pas avec ce Mon père et moi qu’il se fera justement une renommée dans nos contrées, d’une part parce que le film est sorti dans l’indifférence générale, d’autre part puisqu’il s’agit d’une comédie aux gags pauvres et complètement éculés, qui semble sortir des bas-fonds des années 1990-2000 où elle aurait été oubliée. Rien ou pas grand-chose ne sauve About My Father du tout-venant, si ce n’est l’abattage de De Niro, vêtu aux couleurs du drapeau américain, qui fait la course à l’oeuf et drague une Kim Catrall méconnaissable, tout en faisant sa mimique mythique, l’oeil pincé et le sourire de travers. C’est peu, beaucoup trop peu.

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Test DVD / Normale, réalisé par Olivier Babinet

NORMALE réalisé par Olivier Babinet, disponible en DVD le 23 août 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Justine Lacroix, Joseph Rozé, Steve Tientcheu, Sofian Khammes, Saadia Bentaïeb, Geoffrey Carey, Mayline Dubois…

Scénario : Olivier Babinet, Juliette Sales & Fabien Suarez

Photographie : Jean-François Hensgens & Boris Abaza

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h24

Année de sortie : 2023

LE FILM

Lucie, une adolescente en classe de troisième, vit seule avec son père veuf, addict au haschich et souffrant de la sclérose en plaques. Elle est amoureuse d’un garçon de sa classe, qui victime d’homophobie, lui propose un étrange marché. En parallèle, l’état de son père se dégrade. Une assistante sociale doit venir à la maison pour vérifier que tout se passe bien…

Rebelote pour Olivier Babinet, qui avec son quatrième long-métrage Normale confirme une fois de plus la singularité, mais aussi la préciosité de son cinéma. En adaptant la pièce de théâtre Monster in the Hall de David Greig, co-scénariste de l’ébouriffant Vinynan de Fabrice du Welz, le réalisateur plonge l’immense Benoît Poelvoorde dans une comédie-dramatique qui prend des allures de roman-graphique, impression renforcée par l’utilisation du cadre atypique 1.66. Il y a indéniablement une fraîcheur et un côté inclassable chez Olivier Babinet, même si Normale apparaît plus « classique » que son ambitieux Poissonsexe sorti en 2020. Il s’agit ici, pour reprendre les mots de la jeune Lucie, d’une « histoire de souffrance, de désespoir, de malaise et de honte d’une fille de Chelles, où se mêlent le sexe, la mort, l’humiliation et la catastrophe ». Il faut voir derrière ces mots couchés dans un journal intime, les sentiments complexes, la timidité, l’anxiété d’une adolescente qui a perdu sa mère dans un accident de moto et qui doit s’occuper de son père atteint de la sclérose en plaques. Quel avenir peut-on alors envisager quand on vit cette situation et quand on a juste quinze ans ? La délicatesse d’écriture, sans aucun misérabilisme, dans laquelle on peut retrouver la sensibilité de la scénariste Juliette Sales (le merveilleux Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, le génial Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu, l’envoûtant Dorothy d’Agnès Merlet), foudroie du début à la fin de Normale, drame aux allures de comédie (et/ou le contraire), magnifiquement interprété par le grand Benoît (qui a désormais l’étoffe d’un Depardieu) et Justine Lacroix, révélation de C’est ça l’amour de Claire Burger, qui confirme aussi tous les espoirs placés en en elle. Assurément l’un des petits trésors de l’année 2023.

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Test DVD / Alice, Darling, réalisé par Mary Nighy

ALICE, DARLING réalisé par Mary Nighy, disponible en DVD le 1er septembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Anna Kendrick, Kaniehtiio Horn, Charlie Carrick, Wunmi Mosaku, Mark Winnick, Daniel Stolfi, Carolyn Fe, Gordon Harper…

Scénario : Alanna Francis & Mark Van de Ven

Photographie : Mike McLaughlin

Musique : Owen Pallett

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une femme cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un voyage entre filles, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir.

Elle en a fait du chemin Anna Kendrick depuis la saga Twilight, dans laquelle elle campait Jessica Stanley dans la franchise initiée en 2008 par Catherine Hardwicke. La première étape a été l’excellent In the Air de Jason Reitman, puis le méconnu 50/50 de Jonathan Levine et enfin le succès (voire le triomphe) de la trilogie Pitch Perfect de 2012 à 2017 pour laquelle elle devenait tête d’affiche. Vue par la suite chez Robert Redford, David Ayer, Marjane Satrapi, Rob Marshall et Paul Feig, Anna Kendrick a su passer d’un genre à l’autre avec le même talent. Dans Alice, Darling elle tient le rôle principal du premier long-métrage réalisé par Mary Nighy, fille du grand Bill, comédienne vue dans Marie Antoinette de Sofia Coppola, passée à la mise en scène en 2008. Alice, Darling offre à l’actrice née en 1985, l’occasion de signer l’une de ses plus belles prestations. Drame psychologique, non dépourvu d’humour et qui évite tout pathos, Alice, Darling suit un petit bout de femme qui vit sous l’emprise toxique de son compagnon. Si le film ne révolutionne rien, le propos est intelligent et bien traité, à la fois pudique et frontal, tandis que l’interprétation d’Anna Kendrick mérite tous les éloges. Une jolie découverte.

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Test DVD / Je verrai toujours vos visages, réalisé par Jeanne Herry

JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES réalisé par Jeanne Herry, disponible en DVD et Blu-ray le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Élodie Bouchez, Suliane Brahim, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Jean-Pierre Darroussin, Fred Testot, Denis Podalydès, Birane Ba…

Scénario : Jeanne Herry

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Pascal Sangla

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…

S’il était possible de décerner un César collectif pour l’ensemble du casting d’un long-métrage, on le remettrait immédiatement à celui de Je verrai toujours vos visages, le troisième film de Jeanne Herry, qui avait signé un premier coup d’essai et petit coup de maître avec Elle l’adore en 2014 et qui avait confirmé quatre ans plus tard tous les espoirs basés sur son talent avec Pupille. Suite à ces deux succès au box-office, avec près d’un demi-million d’entrées pour le premier et 850.000 pour le second, on attendait de pied ferme le retour de la réalisatrice. Avec Je verrai toujours vos visages, elle touche au sublime et même au chef d’oeuvre. Rien à redire, tout est absolument parfait, de la prestation des comédiens, en passant par le scénario, les dialogues, la photographie de Nicolas Loir (Le Nouveau de Rudi Rosenberg, Seuls de David Moreau, Novembre de Cédric Jimenez). Ce drame psychologique atteint le coeur, l’âme et même le corps entier. Bien sûr, il est évident que Je verrai toujours vos visages s’adressera personnellement à chaque spectateur, selon son vécu et son expérience, mais au-delà de son sujet passionnant, il s’agit ni plus ni moins d’une vraie leçon de cinéma. On en ressort bouleversés, à bout de souffle, secoués, mais aussi étonnamment gonflés à bloc pour affronter l’adversité, ses démons et son propre futur. Assurément LE film de 2023.

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Test DVD / Pour l’honneur, réalisé par Philippe Guillard

POUR L’HONNEUR réalisé par Philippe Guillard, disponible en DVD le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian, Solène Hébert, Camille Aguilar, Tom Villa, Saabo Balde, Sâm Mirhosseini…

Scénario : Philippe Guillard & Eric Fourniols

Photographie : Denis Rouden

Musique : Gisèle Gérard-Tolini

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages.

Il persiste le bougre ! Depuis le joli succès dans les salles de son premier long-métrage, Le Fils à Jo (2011) qui avait attiré plus d’1,2 millions de spectateurs, Philippe Guillard, ancien joueur de rugby (« un sport de brutes pratiqué par des coeurs tendres ») reconverti dans le cinéma, a signé trois autres films, On voulait tout casser (2015), Papi Sitter (2020) et J’adore ce que vous faites (2022), qui se sont tous méchamment vautrés au box-office. Rebelote avec Pour l’honneur, qui n’aura pas dépassé la barre des 175.000 entrées et pour cause…N’y allons pas par quatre chemins, il s’agit ni plus ni moins d’un des pires films de l’année 2023. Rien, absolument rien ne fonctionne, le casting, l’alchimie entre les « comédiens », la mise en scène, l’humour, le message, tout y est catastrophique. En martelant son discours sur la fraternité et l’entraide avec la délicatesse et l’humilité d’un Jean Messiha qui annonçait son départ de Reconquête après l’annonce des résultats du premier tour en 2022, Pour l’honneur se prend les pieds dans le tapis dès la première scène, celle de la réunion du village où les idéologies s’opposent, autrement dit les deux extrêmes. D’un côté, la tenancière d’un bar-hôtel, qui ouvrira son établissement à une poignée de migrants (avec lesquels ils chanteront Je l’aime à mourir de Francis Cabrel, qui a d’ailleurs signé la chanson de la bande originale) venus de Côte d’Ivoire, du Mali, d’Afghanistan, du Congo, de Syrie…et de l’autre un type d’origine allemande (évidemment) qui voit d’un mauvais œil cette installation forcée. Comment résumer la situation…Dans la France profonde, on n’aime pas les noirs et les arabes, même si on nous dit que « le noir ça déteint pas ». Dans toute la France profonde ? Noooon ! Quelque part près de Brive, une brave hôtelière ouvre ses portes à une dizaine de migrants…et si parmi eux il y avait des possibles recrues pour intégrer leur équipe locale de rugby ??? Hein ??? Mais c’était sans compter le dénommé Gantzer, qui avec son nom nazi déteste ce qui a la peau bronzée ! Ces gens là gênent…surtout que l’usine qui fait vivre la région est spécialisée dans le jambon, ce n’est sûrement pas avec eux que leur chiffre d’affaire va croître ! Non mais alors ma bonne dame ! Je vous remets un gros rouge qui tâche ? Philippe Guillard, c’est un peu un sous-Christophe Barratier, qui a probablement la musique de la publicité pour les saucisses Herta (« ne passons pas à côté des choses simples ») comme sonnerie de téléphone, qui écoute un best-of de Sandrine Rousseau sur YouTube, qui met des pouces en bas sur les vidéos de Charlotte d’Ornellas sur le même réseau, qui a sorti le rouleau de Sopalin devant la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby et qui est venu trop vite quand Jean Dujardin a montré ses miches (de pain). C’était le bon temps aurait chanté Francis Kuntz de Groland. En l’état, Pour l’honneur est une horreur absolue, tant sur le fond que sur la forme, jusqu’à l’affiche où les personnages paraissent, comme le dirait Orson Welles, se foutre de notre gueule. À vos risques et périls…

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Test DVD / Retour à Séoul, réalisé par Davy Chou

RETOUR À SÉOUL réalisé par Davy Chou, disponible en DVD le 4 juillet 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Han Guka Kim, Sun-young, Yoann Zimmer, Louis-Do de Lencquesaing…

Scénario : Davy Chou

Photographie : Thomas Favel

Musique : Jérémie Arcache & Christophe Musset

Durée : 1h55

Année de sortie : 2022

LE FILM

Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues.

Pour son deuxième long-métrage, six ans après Diamond Island, le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou (né en 1983) nous invite en terre coréenne, en offrant le rôle principal à la plasticienne Park Ji-min, parisienne née en Corée du Sud. Elle y interprète Frédérique, à la recherche de ses parents biologiques. C’est simple, la néo-actrice de 34 ans électrise ce film, avec son personnage entier, souvent attachant, parfois antipathique, aspirant à une liberté de mouvement mais pas complètement indépendante, capable de se faire des amis en un instant et de les embarquer dans sa folie douce, que de faire des choix hasardeux et faire souffrir les gens. Freddie est un personnage instinctif et par conséquent, la force de Retour à Séoul est de ne pas faire dans la bienveillance forcée, il bouscule le spectateur grâce à ce personnage insaisissable et des choix esthétiques forts.

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Test DVD / Sage-homme, réalisé par Jennifer Devoldère

SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.

Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…

Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Dim Sum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.

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Test DVD / 10 jours encore sans maman, réalisé par Ludovic Bernard

10 JOURS ENCORE SANS MAMAN réalisé par Ludovic Bernard, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Franck Dubosc, Aure Atika, Alexis Michalik, Annelise Hesme, Héléna Noguerra, Swan Joulin, Violette Guillon, Ilan Debrabant, Evan Paturel, Vincent Martin…

Scénario : Ludovic Bernard & Mathieu Oullion, d’après une histoire originale de Mariano Vera

Photographie : Vincent Richard

Musique : Harry Allouche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Antoine Mercier a été licencié de son poste de directeur des ressources humaines dans une grande enseigne de bricolage. Depuis deux ans, il est devenu père au foyer et s’occupe de ses quatre enfants, souvent seul car sa femme Isabelle est très prise par son activité d’avocate. Depuis deux ans dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi 10 jours de vacances à la montagne s’annoncent comme une aubaine, surtout à Courchevel. Antoine se dit alors qu’il va pouvoir enfin se reposer. Malheureusement pour lui, alors qu’ils sont sur le quai de la gare, le cabinet d’Isabelle la sollicite et elle ne peut plus partir avec les siens. Antoine va alors devoir à nouveau passer 10 jours seul avec ses 4 enfants.

En 2020, Ludovic Bernard (Mission Pays Basque, L’Ascension) connaît un joli succès mérité avec 10 jours sans maman. Porté par Franck Dubosc, ce remake du film argentin Mamá se fue de viaje d’Ariel Winograd, sorti en 2017 et inédit dans l’Hexagone, parvient à attirer 1,2 million de français dans les salles, juste avant l’instauration du confinement et de la fermeture des cinémas. Après deux épisodes emballés pour la série Lupin, le réalisateur qui a fait ses classes dans l’écurie Besson en étant assistant sur Lucy, Taken 2 et 3, 3 Days to Kill, Malavita et autres ignominies, décide de revenir à la famille Mercier, histoire sans doute de surfer sur le hit rencontré par le premier opus, qui aurait pu aller plus loin si nous n’avions pas été « en guerre » (pour citer un humoriste qui s’ignore) contre la Covid 19. Le fait est que cette suite qui ne s’imposait pas reprend certes les personnages, mais n’en fait pas grand-chose et perd la dynamique de groupe qui faisait la réussite du précédent, en se focalisant beaucoup plus sur Franck Dubosc, trop souvent isolé des enfants. L’alchimie entre les comédiens, qui reprennent tous leurs rôles respectifs y compris les quatre rejetons, est évidente et les scènes les plus amusantes sont indéniablement celles où ils sont tous confrontés les uns aux autres, mais elles apparaissent étonnamment peu. On a donc l’impression constante que Ludovic Bernard a dégoté un ancien scénario et l’a quelque peu remanié pour en faire une pseudo-suite à 10 jours sans maman, mais sans jamais parvenir à retrouver cette fraîcheur et le sens du gag qui faisaient mouche il y a trois ans. Au final, 10 jours encore sans maman n’est pas désagréable en soi et Franck Dubosc est entre autres très bien, mais l’ensemble demeure un brin poussif.

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