L’HOMME PRESSÉ réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 25 novembre 2020 chez Studiocanal.
Acteurs : Alain Delon, Mireille Darc, Michel Duchaussoy, Billy Kearns, Philippe Castelli, Marie Déa, Muriel Catala, Monica Guerritore…
Scénario : Maurice Rheims & Christopher Frank, d’après le roman de Paul Morand
Photographie : Jean Charvein & Maurice Fellous
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
Pierre Nioxe est un homme doué d’un appétit illimité pour la vie et pour la beauté sous toutes ses formes. Il veut vivre dix existences en une et bousculer celle des autres pour leur faire partager cette rage d’exister à la puissance 1000. Il achète le domaine de ses rêves, y découvre un cloître roman ainsi que la fille de l’ex-propriétaire dont il tombe amoureux. Mais il n’a pas le temps d’aimer, en tout cas pas comme les autres et Hedwige n’est pas une femme comme les autres.
Le réalisateur Édouard Molinaro (1928-2013) commence sa carrière à la fin des années 50 avec des polars comme Le Dos au mur (1958) ou Un Témoin dans la ville (1959). Par la suite, il change de registre et connaît le succès avec des comédies populaires comme Oscar (1967) et Hibernatus (1969) avec Louis de Funès en tête d’affiche ou encore L’Emmerdeur (1973) avec Lino Ventura et Jacques Brel. En 1977, Édouard Molinaro réalise L’Homme pressé, une adaptation du roman de Paul Morand, mettant en scène le couple Alain Delon/Mireille Darc. Les années 1970 marquent le moment le plus prolifique de la carrière d’Alain Delon, qui n’hésitait pas à se lancer en tant que producteur sur des films abordant des sujets qui lui tenaient à cœur. C’est le cas avec L’Homme pressé, qu’il co-produit avec Raymond Danon.
LA FANTASTIQUE HISTOIRE VRAIE D’EDDIE CHAPMAN (Triple Cross) réalisé par Terence Young, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Crome Films – ESC Editions.
Acteurs : Christopher Plummer, Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Yul Brynner, Harry Meyen, Georges Lycan…
Scénario : René Hardy, d’après le livre de Frank Owen
Photographie : Henri Alekan
Musique : Georges Garvarentz
Durée : 2h12
Année de sortie : 1966
LE FILM
Durant la Deuxième Guerre mondiale, le perceur de coffres Eddy Champan est arrêté par l’armée allemande. Il obtient de cette dernière de se racheter en intégrant leur camp avant d’être envoyé en Angleterre où il s’introduit habilement dans les rangs locaux. Chapman joue alors un double-rôle pour le compte des services secrets britanniques.
Alors qu’il vient de nous quitter à l’âge respectable de 91 ans, le canadien Christopher Plummer semble n’avoir jamais été jeune dans la mémoire des cinéphiles. Et pourtant, le comédien aura démarré sa carrière cinématographique dans les années 1950, en 1958 plus précisément, devant la caméra de Sidney Lumet dans l’excellent et méconnu Les Feux du théâtre – Stage Struck, dans lequel il donne la réplique à Henry Fonda et Susan Strasberg. Parallèlement à ses prolifiques activités théâtrales, il enchaîne les rôles au cinéma chez Nicholas Ray (La Forêt interdite – Wind Across the Everglades), Anthony Mann (La Chute de l’Empire romain – The Fall of the Roman Empire), Robert Wise (La Mélodie du bonheur – The Sound of Music) et Robert Mulligan (Daisy Clover – Inside Daisy Clover). Une belle façon de commencer dans le métier pourrait-on dire. Mais l’un de ses films les plus importants restera sans nul doute celui qu’il porte entièrement sur ses épaules du début à la fin, Triple Cross, réalisé en 1966 par Terence Young, également connu en France sous le titre La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman. Aussi dingue qu’il n’y paraît, Triple Cross s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Edward Arnold Chapman, dit Eddie Chapman (1914-1997) donc, gangster britannique qui devint un espion durant la Seconde Guerre mondiale, à la fois au service de l’Allemagne nazie, puis pour son pays natal. Il faut le voir pour le croire, d’ailleurs certains éléments demeurent tellement invraisemblables qu’on a encore beaucoup de mal à se persuader que ce qui nous est raconté s’est peu ou prou passé ainsi. Cette histoire était évidemment faite pour le cinéma. Christopher Plummer, sourire en coin et la classe incarnée, prend un évident et contagieux plaisir à composer ce personnage totalement ambigu, en lui apportant une délicieuse ironie. Il est aussi parfait que le casting international qui l’entoure, à savoir Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Harry Meyen, Yul Brynner, Jess Hann, Anthony Dawson, Bernard Fresson et Howard Vernon. Mêlant à la fois l’espionnage et le film de guerre, La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman est une grande réussite, le rythme y est un peu lent certes, mais le film n’en reste pas moins extrêmement jubilatoire, ultra-divertissant, passionnant, teinté d’humour et imprégné de l’élégance propre à son metteur en scène.
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE (Antony and Cleopatra) réalisé par Charlton Heston, disponible en DVD et Blu-ray le 16 février 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Charlton Heston, Hildegard Neil, Eric Porter, John Castle, Fernando Rey, Carmen Sevilla, Juan Luis Galiardo, Freddie Jones…
Scénario : Federico De Urrutia & Charlton Heston, d’après l’oeuvre de William Shakespeare
Photographie : Rafael Pacheco
Musique : John Scott
Durée : 2h28
Année de sortie : 1972
LE FILM
Après la mort de Jules César, Marc-Antoine hérite d’une partie de l’empire romain, dont l’Égypte. Las de la guerre, il tombe sous le charme de Cléopâtre. Mais les affaires de l’État le rappellent à Rome. Lorsque Marc-Antoine se marie avec la sœur de son rival Octave, Cléopâtre est furieuse et fait tout pour regagner son cœur.
C’est un film personnel, une œuvre qui lui tenait à coeur depuis très longtemps et qui a enfin pu voir le jour. Toute sa vie, Charlton Heston (1923-2008) a été habité par la pièce de William Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Le rôle de Marc Antoine est d’ailleurs l’un des plus importants de sa carrière de comédien, puisqu’il l’aura interprété à trois reprises au cinéma, dans son premier film Julius Cæsar (1950) de David Bradley, la même année que La Main qui venge – Dark Cityde William Dieterle, personnage qu’il interprétera à nouveau vingt ans plus tard dansJules César – Julius Cæsar(1970) de Stuart Burge, avant de l’incarner une dernière fois dans Antoine et Cléopâtre – Antony and Cleopatra, qu’il réalisera lui-même et dont il signera l’adaptation, en respectant scrupuleusement le texte original, tout en réorganisant les séquences. Mais bien plus loin dans le temps, l’acteur, qui n’était pas encore apparu à l’écran, avait déjà triomphé à Broadway dans la pièce Antoine et Cléopâtre. Autant dire qu’au-delà des monuments qui jalonnent son immense filmographie, à l’instar de Sous le plus grand chapiteau du monde – The Greatest Show on Earth (1952) et Les Dix Commandements – The Ten Commandments (1956) de Cecil B. DeMille, La Soif du mal – Touch of Evil (1958) d’Orson Welles, Ben-Hur (1959) de William Wyler, Le Cid – El Cid (1961) d’Anthony Mann, Les 55 jours de Pékin – 55 Days at Peking (1963) d’Andrew Marton, Khartoum(1966) de Basil Dearden et La Planète des singes – Planet of the Apes (1968) de Franklin J. Schaffner, c’est bel et bien Antoine et Cléopâtre qui est toujours resté l’oeuvre la plus chérie par Charlton Heston. C’est sur le tournage de Jules César en 1970, que l’idée d’un diptyque germe dans la tête de la star hollywoodienne, dont la prestation écrasait celle de ses partenaires dans le film de Stuart Burge, même s’il apparaissait finalement peu à l’écran. En effet, Charlton Heston envisageait de reprendre le rôle de Marc Antoine dans Antoine et Cléopâtre, qu’il mettra en scène l’année suivante. Cette production américano-hispano-suisse est non seulement supérieure à Jules César, mais elle révèle aussi également une actrice étonnante, la britannique (car née à Londres, même si élevée en Afrique du sud) Hildegarde Neil, qui crève l’écran dans le rôle-titre.
RELIC réalisé par Nathalie Erika James, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Blaq Out.
Acteurs : Robyn Nevin, Emily Mortimer, Bella Heathcote, Steve Rodgers, Chris Bunton, Robin Northover, Catherine Glavicic, Christina O’Neill…
Scénario : Natalie Erika James & Christian White
Photographie : Charlie Sarroff
Musique : Brian Reitzell
Durée : 1h30
Année de sortie : 2020
LE FILM
Edna, une octogénaire, disparaît subitement. Sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent chez elle, dans sa grande demeure isolée, afin de mener les recherches et tenter de la retrouver. Quelque chose d’aussi mystérieux que néfaste et inquiétant semble entourer l’endroit…
C’est un premier long-métrage, un coup de maître. Relic n’est pas un film d’épouvante comme les autres, il fait aussi et surtout réfléchir pendant et après son visionnage. Si l’on comprend petit à petit que tout n’est qu’allégorie, la mise en scène prend aux tripes à mi-parcours, au détour d’un plan, pour ne plus lâcher le spectateur jusqu’à la toute dernière séquence, ahurissante et poignante. Lors de ce dénouement, après une demi-heure passée littéralement en apnée (encore plus fort que Tom Cruise donc), certains se diront que la réalisatrice Natalie Erika James ne donne pas d’explications…et en fait si, tout apparaît, s’illumine. Produit par Jake Gyllenhaal et les frères Russo, Relic est une oeuvre incroyablement intelligente, sensitive, philosophique, anxiogène sur la forme (la photo de Charlie Sarroff est sublime), totalement bouleversante et tragique sur le fond car universelle et intime. Assurément l’une des plus belles découvertes de l’année 2020 au cinéma.
JEANNE D’ARC (Das Mädchen Johanna) réalisé par Gustav Ucicky, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 2 février 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Angela Salloker, Gustaf Gründgens, Heinrich George, René Deltgen, Erich Ponto, Willy Birgel, Theodor Loos, Aribert Wäscher…
Scénario : Gerhard Menzel
Photographie : Günther Krampf
Musique : Peter Kreuder
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 1935
LE FILM
A la fin de la Guerre de Cent ans, la France va de défaites en défaites face aux Anglais. Seule la ville d’Orléans résiste, défendue par La Trémoille, Dunois, et d’Alençon. A Domrémy, en Lorraine, une jeune fille de 17 ans, Jeanne, entend la voix de l’archange Michel. Il lui dit d’aller retrouver le dauphin Charles pour le faire couronner à Reims. Après le sacre, lui seul pourra bouter les Anglais hors de France.
Ils sont nombreux les cinéastes à s’être confrontés au mythe Jeanne d’Arc ! On peut citer en vrac, parmi les plus connus bien sûr, Carl Theodor Dreyer avec La Passion de Jeanne d’Arc (1928), Victor Fleming avec Jeanne d’Arc – Joan of Arc (1948), Roberto Rossellini avec Jeanne au bûcher – Giovanna d’Arco al rogo (1954), Jean Delannoy avec son segment dans le film collectif Destinées (1954), Otto Preminger avec Sainte Jeanne – Saint Joan (1957), Robert Bresson dans Le Procès de Jeanne d’Arc (1962), Jacques Rivette avec Jeanne la Pucelle (1994), Luc Besson avec Jeanne d’Arc (1999) et bien d’autres. La Pucelle d’Orléans aura eu comme beaux visages au cinéma, celui de Renée Falconetti, d’Ingrid Bergman (à deux reprises d’ailleurs), de Michèle Morgan, de Jean Seberg, de Florence Delay, de Sandrine Bonnaire ou de Milla Jovovich. Jeanne d’Arc n’aura pas attendu longtemps pour faire sa première apparition au cinéma puisque le premier film recensé sur ce sujet remonte à 1898, un court-métrage muet réalisé par Georges Hatot. Suivront très vite les Frères Lumière (Domrémy, 1899) et Georges Méliès (Jeanne d’Arc, 1899), avant que l’Italie s’empare du personnage dans le premier long-métrage consacré au personnage, Giovanna d’Arco (1913) d’Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia. Le premier film à l’utiliser comme élément de propagande est le grand Cecil B. De Mille avec son Jeanne d’Arc – Joan the Woman (1916), destiné à encourager les troupes américaines auprès des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Mais il y a un autre film consacré à la Pucelle d’Orléans, qui vaut qu’on s’y attarde et ce pour deux raisons. Premièrement, il s’agit du premier film parlant sur Jeanne d’Arc, deuxièmement il s’agit aussi d’une œuvre de propagande, destinée ici faire le parallèle entre la venue providentielle de cette jeune fille d’origine paysanne et celle d’Adolf Hitler. Il s’agit de Jeanne d’Arc – Das Mädchen Johanna, véritable blockbuster de l’époque, mis en scène par Gustav Ucicky, avec Angela Salloker dans le rôle-titre.
UN VAMPIRE À BROOKLYN (A Vampire in Brooklyn) réalisé par Wes Craven, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : Eddie Murphy, Angela Bassett, Allen Payne, Kadeem Hardison, Zakes Mokae, John Witherspoon, Joanna Cassidy, Simbi Kali…
Scénario : Charles Murphy, Michael Lucker, Chris Parker, Eddie Murphy, Vernon Lynch Jr.
Photographie : Mark Irwin
Musique : J. Peter Robinson
Durée : 1h42
Année de sortie : 1995
LE FILM
Le temps est venu pour Maximillian, vampire aristocrate exilé dans les Caraïbes, d’assurer sa descendance. Il se rend donc à New York à la recherche de la femme idéale. Il rencontre Rita Veder, qui travaille dans la police mais qui ignore totalement qu’elle est à moitié vampire. Pour la conquérir sans éveiller ses soupçons, Maximillian doit user de ruse et déployer tout son charme. Il s’adjoint également l’aide de Julius qu’il transforme en zombie pour la circonstance.
S’il a moins rapporté que le premier opus au box-office, Le Flic de Beverly Hills 2 conforte la place d’Eddie Murphy dans le top des acteurs les plus bankables et les plus appréciés par les spectateurs dans le monde. Un an plus tard, Un prince à New York – Coming to America est aussi un triomphe au box-office et l’acteur commence à multiplier les rôles grimés dans le même film, en interprétant ici pas moins de quatre personnages, se donnant même parfois la réplique. Étrangement, c’est juste après le film de John Landis que la machine va commencer à s’enrayer, par petites étapes, doucement, mais sûrement. Son premier coup d’essai derrière la caméra, par ailleurs le seul à ce jour, à savoir Les Nuits de Harlem – Harlem Nights (1989) dans lequel il tient l’affiche avec Richard Pryor, ne rencontre pas le succès espéré (même si le film rentre largement dans ses frais), même chose pour 48 Heures de plus (1990), pour lequel il obtient un salaire record, qui ne parvient pas à retrouver la flamme du premier opus, mais qui rapporte tout de même 150 millions de dollars à l’international. 1992 accélère brutalement la chute d’Eddie Murphy avec deux opus sortis la même année, Boomerang de Reginald Hudlin et Monsieur le député – The Distinguished Gentleman de Jonathan Lynn. Si le premier s’en sort honorablement, le second est réellement le premier revers pour le comédien. Sentant le vent tourner, Eddie Murphy décide de retrouver son personnage fétiche d’Axel Foley pour une troisième aventure du Flic de Beverly Hills, que réalisera John Landis, cinéaste qui lui a déjà porté chance. Mais cette fois, le film ne rentabilise sa mise sur le sol de l’Oncle Sam (42 millions de dollars pour 50 millions de budget). Un échec conséquent pour l’acteur, surtout pour le troisième épisode de la saga qui a fait de lui une star. Cherchant alors à se renouveler, il produit et écrit avec son frère Charlie l’histoire d’Un vampire à Brooklyn – Vampire in Brooklyn, une comédie horrifique sur laquelle Eddie Murphy mise beaucoup, malgré un budget fortement revu à la baisse, 14 millions de dollars. A la barre, nous retrouvons Wes Craven, qui vient d’essayer de redorer le blason de Freddy Krueger dans (le largement surestimé) Freddy sort de la nuit – Wes Craven’s New Nightmare, lui aussi désireux de s’essayer à un nouveau genre et surtout attiré à l’idée de diriger une star internationale. Malheureusement, la sauce n’a pas pris et ne prendra d’ailleurs jamais. S’il est aujourd’hui considéré comme un petit classique, Un vampire à Brooklyn apparaissait déjà has-been en 1995 et ne s’est évidemment pas amélioré plus de 25 ans après sa sortie. La faute à un Eddie Murphy monolithique, qui pense qu’être affublé de longues dents effilées ou croulant sous des tonnes de prothèses fera de lui un vampire charismatique sera suffisant pour contenter à la fois ses fans de la première heure, heureux de le voir interpréter à nouveau plusieurs personnages – le vampire principal, un prédicateur alcoolique et un gangster italien blanc grossier – grâce au talent des maquilleurs, et les aficionados de films d’épouvante. Mais ce cocktail, même si secoué dans tous les sens, ne fonctionne pas et se révèle indigeste.
BERTHA BOXCAR (Boxcar Bertha) réalisé par Martin Scorsese, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 février 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine, Victor Argo, David Osterhout, Grahame Pratt…
Scénario : Joyce Hooper Corrington & John William Corrington, d’après le livre de Ben L. Reitman
Photographie : John M. Stephens
Musique : Gib Guilbeau & Thad Maxwell
Durée : 1h25
Année de sortie : 1972
LE FILM
En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d’un coin à l’autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance d’un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains.
Sorti en 1972, Bertha Boxcar (ou Boxcar Bertha en version originale), est considéré comme étant le premier « vrai » long-métrage de Martin Scorsese. Même s’il n’a pas du tout participé au scénario de ce film de commande produit par l’immense Roger Corman, le « Pape de la série B », qui avait repéré le talent de ce jeune italo-américain âgé d’à peine trente ans, grâce à son premier film Who’s That Knocking at My Door, le réalisateur y aborde beaucoup de thèmes qui lui seront chers par la suite. Nanti d’un budget assez modeste, Martin Scorsese parvient néanmoins à recréer les rivalités sociales, les conditions économiques, les couleurs et même les odeurs des années 1930. Bertha Boxcar est avant tout une histoire d’amour faisant évidemment penser à celle de Bonnie & Clyde, y compris dans son traitement qui rappelle furieusement l’énergie du film d’Arthur Penn qui avait déboulé sur les écrans cinq ans auparavant. Le metteur en scène s’attarde sur les conflits des petites gens face aux grands patrons exploitants, sur le racisme et l’antisémitisme ambiants et omniprésents, sur le rejet des laissés-pour-compte, dans un mélange étonnant et explosif de violence, de sexe et de sang. David Carradine et Barbara Hershey campent deux personnages rebelles, rêveurs, dont la naïveté a laissé place à une révolte intérieure qui se traduira par des actes punis par la loi. Oeuvre sans cesse inventive marquée par un montage rapide, très découpé et toujours fluide, à la musique country entraînante, Bertha Boxcar à défaut d’être un chef-d’oeuvre (mais cela viendra très vite après), témoigne déjà du sens indéniable du cadre, de la direction d’acteurs et du réalisme des situations qui en une seconde peut partir en éclats dans une déferlante d’hémoglobine. Non seulement Bertha Boxcar demeure une très agréable et passionnante curiosité pour les fans de Martin Scorsese, mais le film n’a pour ainsi dire pas vieilli, aussi bien sur le fond que sur la forme.
LA PEINE DU TALION (The Man from Colorado) réalisé par Henry Levin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Glenn Ford, William Holden, Ellen Drew, Ray Collins, Edgar Buchanan, Jerome Courtland, James Millican, Jim Bannon…
Scénario : Robert D. Andrews & Ben Maddow, d’après une histoire originale de Borden Chase
Photographie : William E. Snyder
Musique : George Duning
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1948
LE FILM
De retour à la vie civile, Owen Devereaux, colonel de l’armée nordiste devient juge. Particulièrement sévère, le magistrat se met à dos les administrés de la petite ville où il officie. Son ancien adjoint Del Stewart, devenu shérif, rejoint bientôt les contestataires. Sa propre femme le quitte pour Del. Ivre de fureur, il se lance à leur poursuite.
Henry Levin (1909-1980) n’est pas un réalisateur qui a marqué l’histoire du cinéma, mais assurément l’esprit des spectateurs avec son chef d’oeuvre, Voyage au centre de la terre – Journey to the Center of the Earth (1959), sublime adaptation du roman éponyme de Jules Verne, avec James Mason et Arlene Dahl. Ancien dialoguiste de renom pour le compte de la Columbia, le studio l’embauche comme metteur en scène. Eclectique et prolifique, passant du western au film noir ou aux récits d’aventures, Henry Levin démontrera son savoir-faire technique dans tous les genres, à défaut d’avoir su imposer une vision, un point de vue ou une âme. On peut citer en vrac trois comédies Un mari en laisse (1962) avec Sandra Dee, Come Fly with Me (1963) avec Karlheinz Böhm et Honeymoon Hotel (1964) avec Robert Goulet (sans sa moustache), la co-production américano-anglo-germano-yougoslave d’aventure Genghis Khan (1965) avec Omar Sharif (avec et sans moustache) et Françoise Dorléac, ou deux opus de la franchise Matt Helm avec Dean Martin (Bien joué Matt Helm – Murderers’ Row et Matt Helm traqué – The Ambushers, 1966-1967). Mais c’est dans le western qu’Henry Levin s’illustrera aussi avec Natchez – The Gambler from Natchez (1954), La Haine des desperados – The Desperados (1969) et bien avant cela avec La Peine du talion – The Man from Colorado (1948). Si cette fois encore ce dernier ne brille pas par sa mise en scène, ce western vaut tout de même le coup d’oeil pour l’affrontement de ses deux têtes d’affiche, Glenn Ford (1916-2006) et William Holden (1918-1981), surtout pour le premier qui incarne un personnage froid comme la glace, impitoyable et sadique. William Holden n’a sans doute rien à lui envier certes, mais son rôle demeure classique dans le genre et il se laisse souvent voler la vedette par son partenaire, qui s’impose avec son visage fermé et son regard fiévreux. Par ailleurs, les deux comédiens s’étaient déjà donné la réplique sept ans auparavant dans Texas de George Marshall. Si le rythme est quelque peu poussif et que la première partie est plus réussie que la seconde, La Peine du talion reste un western qui a plus d’un atout dans sa manche pour attirer le spectateur friand du genre.
MAGIC réalisé par Richard Attenborough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 12 février 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph…
Scénario : William Goldman, d’après son roman
Photographie : Victor J. Kemper
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 1h47
Année de sortie : 1978
LE FILM
Corky est magicien et ventriloque. Il devient célèbre en faisant des tours de magie avec « Fats », la marionnette qu’il manipule sur scène et qui est à la fois son complice et un double de lui-même. « Fats » dit tout haut les pensées secrètes de Gorky et fait rire les spectateurs. A un moment critique de sa carrière, Corky fait un break et se retire à la campagne pour retrouver Peggy, l’amour de sa jeunesse. Progressivement, Fats prend l’ascendant sur son maître et lui dicte sa conduite.
Si Anthony Hopkins est devenu une star planétaire pour son rôle d’Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux – The Silence of the Lambs (1991) de Jonathan Demme, il aurait tout aussi bien pu le devenir près de quinze ans auparavant grâce à son extraordinaire prestation dans le désormais culte Magic, réalisé en 1978 par Richard Attenborough. Le thème du lien étroit, voire fusionnel entre un marionnettiste – ventriloque et sa créature avait déjà inspiré le cinéma, à l’instar de The Unholy Three (1925) de Tod Browning, avec Lon Chaney (qui reprendra le même rôle dans un remake éponyme réalisé par Jack Conwey en 1930), The Great Gabbo (1929) avec Erich von Stroheim dans le rôle-titre (ainsi que coréalisateur non mentionné), l’un des sketches – celui mis en scène par Alberto Cavalcanti – du film collectif Au coeur de la nuit – Dead of Night (1945), la comédie Un grain de folie – Knock on Wood (1954) du tandem Melvin Frank et Norman Panama, avec Danny Kaye, sans oublier La Poupée diabolique – Devil Doll (1964) de Lindsay Shonteff. Bien avant Dead Silence de James Wan (2007) et autres poupées meurtrières à la Puppet Master, Magic, reste encore une référence du genre épouvante, une immense réussite, génialement filmé par un Richard Attenborough (1923-2014) pourtant peu emballé au départ et qui a surtout accepté contre la promesse qu’on le laisse faire Ghandi par la suite, et magi(c)stralement interprété par Anthony Hopkins, diablement charismatique. Ce bijou parvient à rendre réaliste son pantin avec une économie de moyens, grâce à une indéniable maîtrise du cadre (gros plans remarquables) et du rythme, tout comme le sérieux avec lequel le cinéaste, qui revenait à un sujet plus intimiste après trois grosses machines (Ah Dieu ! Que la guerre est jolie – Oh ! What A Lovely War, Les Griffes du Lion – Young Winston et Un pont trop loin – A Bridge Too Far, 1969, 1972, 1977) aborde cette histoire.
GOLDEN CHILD : L’ENFANT SACRÉ DU TIBET (The Golden Child) réalisé par Michael Ritchie, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : Eddie Murphy, J.L. Reate, Charlotte Lewis, Charles Dance, Victor Wong, Randall « Tex » Cobb, James Hong, Shakti Chen…
Scénario : Dennis Feldman
Photographie : Donald E. Thorin
Musique : Michel Colombier
Durée : 1h34
Année de sortie : 1986
LE FILM
Détective privé de Los Angeles spécialisé dans le rapt et les disparitions d’enfants, Chandler Farrell est contacté par une secte tibétaine pour retrouver l’Enfant Sacré qui a été enlevé par les sbires sataniques de Sardo Mumpsa. Il a d’abord du mal à croire la jolie Kee Nang, mais il se laisse convaincre et, après avoir été initié par la mystérieuse Kala et l’honorable Docteur Hong, il se lance dans une lutte particulièrement dangereuse.
Quand il tourne Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet – The Golden Child, Eddie Murphy, âgé de 25 ans est devenu l’une des plus grandes stars de la planète suite aux cartons successifs de 48 heures – 48 Hrs. (1982) de Walter Hill, Un fauteuil pour deux – Trading Places (1983) de John Landis et surtout Le Flic de Beverly Hills – Beverly Hills Cop (1984) de Martin Brest. Le comédien a donc l’embarras du choix et jette son dévolu sur un scénario de Dennis Feldman, remarqué avec Just One of the Guys (1985) de Lisa Gottlieb, futur scénariste de La Mutante – Species (1995) de Roger Donaldson et du mal aimé (à juste titre ?) Virus (1999) de John Bruno, avec Jamie Lee Curtis et Donald Sutherland. Cette fantaisie fantastique bourrée d’humour, d’action et d’aventures est surtout prétexte pour Eddie Murphy d’asseoir son statut en enchaînant les vannes et les éclats de rire, tout en jouant les héros. Si le film a pris un sacré coup de vieux au niveau des effets spéciaux, cette comédie fantastique demeure une vraie madeleine pour de très nombreux spectateurs qui l’ont découvert au cinéma ou pour celles et ceux qui ont grandi avec au fil des multiples diffusions à la télévision. Non seulement Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet reste sans nul doute l’un des films les plus funs d’Eddie Murphy, mais les français peuvent également se délecter du doublage sensationnel de Med Hondo, explosif, qui a largement contribué (une fois de plus) à ériger le film de Michael Ritchie au rang des films cultes, à tel point que même le thème principal signé Michel Colombier servira plus tard de musique pour le générique de Téléfoot. Une référence du divertissement emblématique des années 1980, même si l’on est en droit de préférer Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin – Big Trouble in Little China de John Carpenter, par ailleurs sorti la même année, surfant sur des thèmes et des motifs semblables. Mais on peut aussi aimer les deux et c’est même conseillé.