Test Blu-ray / L’Homme pressé, réalisé par Edouard Molinaro

L’HOMME PRESSÉ réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 25 novembre 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Alain Delon, Mireille Darc, Michel Duchaussoy, Billy Kearns, Philippe Castelli, Marie Déa, Muriel Catala, Monica Guerritore…

Scénario : Maurice Rheims & Christopher Frank, d’après le roman de Paul Morand

Photographie : Jean Charvein & Maurice Fellous

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Pierre Nioxe est un homme doué d’un appétit illimité pour la vie et pour la beauté sous toutes ses formes. Il veut vivre dix existences en une et bousculer celle des autres pour leur faire partager cette rage d’exister à la puissance 1000. Il achète le domaine de ses rêves, y découvre un cloître roman ainsi que la fille de l’ex-propriétaire dont il tombe amoureux. Mais il n’a pas le temps d’aimer, en tout cas pas comme les autres et Hedwige n’est pas une femme comme les autres.

Le réalisateur Édouard Molinaro (1928-2013) commence sa carrière à la fin des années 50 avec des polars comme Le Dos au mur (1958) ou Un Témoin dans la ville (1959). Par la suite, il change de registre et connaît le succès avec des comédies populaires comme Oscar (1967) et Hibernatus (1969) avec Louis de Funès en tête d’affiche ou encore L’Emmerdeur (1973) avec Lino Ventura et Jacques Brel. En 1977, Édouard Molinaro réalise L’Homme pressé, une adaptation du roman de Paul Morand, mettant en scène le couple Alain Delon/Mireille Darc. Les années 1970 marquent le moment le plus prolifique de la carrière d’Alain Delon, qui n’hésitait pas à se lancer en tant que producteur sur des films abordant des sujets qui lui tenaient à cœur. C’est le cas avec L’Homme pressé, qu’il co-produit avec Raymond Danon.

Cette fois-ci, Alain Delon n’interprète pas un énième rôle de voyou ou de flic. Il joue Pierre Nioxe, un collectionneur d’art à la tête d’une colossale fortune et qui mène sa vie sur un rythme effréné. Il est toujours en mouvement, prêt à prendre un avion ou un hélicoptère pour passer d’un pays à l’autre. Son agenda est surchargé de rendez-vous. C’est un homme d’affaires redoutable et chanceux qui livre une bataille perpétuelle contre le temps qui file. Il pense que tout a un prix même les femmes qu’il aime également collectionner, un discours désuet qui révolterait plus d’une féministe à notre époque actuelle. Il fait d’ailleurs la rencontre d’Edwige de Bois-Rosé, jouée par Mireille Darc, une femme au tempérament calme, qui est la fille du propriétaire d’une sublime demeure acquise illégalement. Il tombe amoureux et va tout tenter pour la séduire.

Alain Delon et Mireille Darc formaient dans la vie un couple charmant. Cette complicité se retrouve à l’écran dans ces personnages que tout oppose et qui vivent un amour hors du commun, à la limite de l’étrange. C’est un rôle original et riche pour le comédien, qui a sans doute quelques points communs avec son personnage. Ils sont entourés d’excellents seconds rôles comme Michel Duchaussoy en secrétaire fidèle et dévoué. Notons également la présence de Marco Perrin en maire abasourdi par la folie du personnage principal, un rôle qui rappelle celui qu’il aura quelques années plus tard dans La Soupe aux choux. D’autres visages connus du grand écran sont présents : André Falcon, Philippe Brigaud, Christian Barbier sans oublier Dominique Zardi, l’acteur aux 600 films.

Le film a été tourné dans des décors somptueux, une magnifique demeure ou encore un hôtel de luxe à Venise. L’Homme pressé arrive à offrir un mélange réussi entre comédie et tragédie. Les excès du personnage principal ont un côté loufoque. Par exemple, étant pressé d’être père, il ne comprend pas pourquoi il devrait attendre 9 mois alors que le bébé est, selon lui, prêt à sortir à 7 mois. Certains dialogues font mouche, comme celui-ci : « Mais moi, le patrimoine national, je l’emmerde, Monsieur le maire ». Petit à petit, après des péripéties amusantes sur les achats et ventes d’objets d’art, montrant les magouilles de ce milieu, jusqu’au suspense sur l’acquisition d’un vase à la valeur inestimable, le film nous plonge vers la tragédie. La musique de Carlo Rustichelli, connu pour avoir travaillé, entre autres, avec Billy Wilder, Pier Paolo Pasolini et Mario Bava, comporte un thème récurrent magnifique. A l’écran, nous voyons la course du personnage principal, et la bande originale vient accentuer le fait que le temps défile malgré tout et finit par le rattraper. La mise en scène d’Édouard Molinaro peut paraître déconcertante. Pierre Nioxe est toujours en déplacement et le réalisateur propose principalement des plans fixes plutôt que des mouvements afin de créer du rythme. La réalisation va donc à l’opposé de son sujet. Heureusement, Alain Delon accentue son jeu pour donner de la tension au film.

L’Homme pressé est une oeuvre un peu oubliée aujourd’hui et pourtant d’une grande originalité dans la filmographie d’Alain Delon. L’acteur est merveilleux dans ce rôle de grand enfant excité à l’idée de pouvoir posséder tous les jouets du monde mais dont il finit par vite se lasser. Malgré une fin sans doute prévisible mais superbe, celle-ci laisse un sentiment de frustration aux spectateurs. Un mystère pèse sur le passé de Pierre Nioxe qui expliquerait pourquoi il se comporte ainsi. Il aurait été intéressant de se pencher sur cette facette du personnage.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Le Combo DVD/Blu-ray du film L’Homme pressé est disponible chez Studiocanal dans la collection « Make my Day ! », dont il est le 29è titre. Le graphisme de la jaquette, avec Alain Delon entouré d’objets d’art, est soigné et très coloré. Les deux disques reposent dans un Digipack à deux volets, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu, reprenant les dessins de la jaquette, est fixe et muet.

Les bonus comportent une intéressante préface (10′) de Jean-Baptistre Thoret, créateur de la collection « Make my Day ! », disponible avant le lancement du film. Celui-ci commence par la lecture d’un extrait du livre de Paul Morand. Il donne les informations principales en revenant sur l’adaptation du roman. Jean-Baptiste Thoret résume les carrières d’Alain Delon puis du réalisateur Édouard Molinaro en mentionnant les styles de chacun. Ensuite, il analyse le film en résumant l’histoire et en expliquant ses qualités. Enfin, il conclût en abordant les seconds rôles, la musique de Carlo Rustichelli et livre quelques anecdotes.

Des images d’archives télévisuelles (5′) sont visibles. Édouard Molinaro, Mireille Darc et Michel Duchaussoy répondent aux questions d’un journaliste, sur le choix du roman, l’interprétation d’Alain Delon, les thèmes, les personnages, les libertés d’adaptation et le sujet du film.

Le journaliste et animateur Frédéric Taddeï donne sa vision personnelle sur le film L’Homme pressé (43′). Il raconte comment il a découvert le film et son avis sur le roman. Il analyse la filmographie d’Alain Delon ainsi que son personnage, tout en faisant un parallèle passionnant avec la vie de l’acteur. Il propose une critique mitigée du film. Pour lui, les qualités sont l’interprétation d’Alain Delon dans un rôle original et le couple qu’il forme à l’écran comme dans la vie avec Mireille Darc. La faiblesse du long-métrage est la réalisation d’Edouard Molinaro dont le style et la méthode de travail ne correspondaient pas au film. Il reproche aussi l’accumulation de clichés sur les personnages et le casting. Frédéric Taddeï fait une comparaison intéressante avec le film Le Rebelle avec Gary Cooper, avant de revenir en détails sur les thèmes abordés, l’utilisation de la musique, tout en analysant certaines scènes et en livrant quelques anecdotes de tournage. Enfin, il donne son point de vue personnel sur le cinéma français des années 70 et son regard actuel sur L’Homme pressé.

L’image et le son

L’Homme pressé avait déjà été édité en DVD par Studiocanal en 2005 dans la collection « Acteurs et actrices de légende », avant de ressortir en 2009. Devenu depuis presque introuvable, le film d’Edouard Molinaro est disponible pour la première fois en Blu-ray et Haute-Définition. Dès le générique du début, nous pouvons voir des plans fixes ressemblant à des peintures d’une belle demeure et de l’extérieur magnifique, les couleurs sont lumineuses et éclatantes. Cette restauration a éliminé toutes les poussières. Elle remet en valeur le travail de Jean Charvein et de Maurice Fellous, les directeurs de la photographie.

Le son a également été restauré, disponible en 2.0. Les voix sont d’une grande clarté. Le mixage entre les bruits d’ambiance et la musique est soigné. Des sous-titres en français à destination du public sourd et malentendant sont disponibles.

Crédits images : © Studiocanal / Critique du film et chronique du combo réalisées par Jérémy Joly / Captures : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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