Test Blu-ray / Corsage, réalisé par Marie Kreutzer

CORSAGE réalisé par Marie Kreutzer, disponible en DVD et Blu-ray le 18 avril 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Vicky Krieps, Colin Morgan, Tamás Lengyel, Ivana Urban, Finnegan Oldfield, Alma Hasun, Aaron Friesz, Jeanne Werner…

Scénario : Marie Kreutzer

Photographie : Judith Kaufmann

Musique : Camille

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

En 1877, durant la période de Noël, Elisabeth, impératrice d’Autriche, fête son 40e anniversaire. Du fait de ses titres, elle a énormément de devoirs envers la Cour qui limite sa vie par des rituels ancestraux. Consciente qu’elle vieillit, Elisabeth quitte Vienne pour se rendre en Angleterre et en Hongrie afin de retrouver sa jeunesse. Au cours de son voyage, la souveraine rendra visite à d’anciens amants et alliés politiques. Ce faisant, elle élaborera un plan pour protéger son héritage…

Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach (1837-1898) — plus connue sous le surnom de « Sissi » — duchesse en Bavière puis, par son mariage, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie. Quand on évoque ce personnage historique, son visage prend immédiatement les traits de Romy Schneider, qui l’aura interprété à quatre reprises, dans la trilogie d’Ernst Marischka de 1955 à 1957, mais aussi près de vingt ans plus tard dans Ludwig : Le Crépuscule des dieux de Luchino Visconti. Pourtant, d’autres avant (Edwige Feuillère, Marguerite Jamois) et après (Ava Gardner, Sandra Ceccarelli) elle l’auront également incarné, aussi bien pour le petit (on ne compte plus les séries télévisées) que le grand écran. Cela faisait une bonne dizaine d’années qu’une comédienne ne s’était pas frottée à ce rôle disons-le emblématique au cinéma et c’est désormais chose faite pour la talentueuse et magnétique actrice luxembourgeoise Vicky Krieps, dans Corsage de l’autrichienne Marie Kreutzer (née en 1977), très justement récompensée par le Prix de la meilleure performance au Festival de Cannes 2022, où le film faisait partie de la sélection Un Certain Regard. Quasiment de toutes les scènes et même de tous les plans, elle signe une impressionnante prestation et apporte un vent de fraîcheur dans sa composition de la Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, âgée de 40 ans. Pour cet anniversaire particulier, Elisabeth décide de se rebeller contre le protocole, l’image qu’elle doit afficher et colporter. Ainsi, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Mais ces conventions commencent à l’étouffer. Avide de savoir et de vie, Élisabeth veut se prouver qu’elle est encore bel et bien en vie. N’attendez surtout pas un biopic en bonne et due forme, ou d’un respect formel aux événements réels, mais plutôt à une formidable et culottée adaptation de la vie de l’impératrice d’Autriche.

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Test Blu-ray / La Ronde, réalisé par Roger Vadim

LA RONDE réalisé par Roger Vadim, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 9 novembre 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Jean-Claude Brialy, Francine Bergé, Marie Dubois, Jane Fonda, Claude Giraud, Anna Karina, Bernard Noël, Maurice Ronet, Jean Sorel, Catherine Spaak, Valérie Lagrange…

Scénario : Jean Anouilh, d’après la pièce d’Arthur Schnitzler

Photographie : Henri Decaë

Musique : Michel Magne

Durée : 1h50

Date de diffusion initiale : 1964

LE FILM

Une nouvelle version de la ronde de l’amour qui englobe dans son ballet affectif toutes les couches de la société, autrement dit une fille des rues, un soldat, une soubrette, un jeune homme aisé, une femme mariée, un époux, une midinette, un auteur à la mode, une vedette de la scène et un comte.

Après Le Repos du guerrier (1962), son dernier gros succès en date avec Brigitte Bardot, Roger Vadim connaît un certain revers avec Le Vice et la Vertu (1,6 millions d’entrées) et Château en Suède, qui franchit péniblement la barre du million de spectateurs. Un an après, le réalisateur décide de proposer une relecture de La Ronde, pièce écrite par Arthur Schnitzler en 1903, déjà adaptée en 1950 par Max Ophüls avec un casting quatre étoiles composé de Jean-Louis Barrault, Danielle Darrieux, Daniel Gélin, Gérard Philipe, Simone Signoret, Simone Simon, Serge Reggiani…Roger Vadim mise lui aussi sur une imposante distribution où se croisent Marie Dubois, Claude Giraud, Anna Karina, Jean-Claude Brialy, Jane Fonda, Maurice Ronet, Catherine Spaak, Jean Sorel et bien d’autres…mais cette fois encore, le public ne se pressera pas pour aller découvrir cette Ronde pourtant plus que sympathique, mais ce remake intervenant sans doute trop tôt (même pas quinze ans après la mouture Ophüls), le film parviendra là aussi non sans peine à attirer un million de français dans les salles. Peu importe aujourd’hui les comparaisons, car La Ronde de Roger Vadim demeure un beau spectacle, à la mise en scène élégante, aux costumes et aux décors soignés, qui vaut bien entendu pour son parterre de comédiens de renom, qui rivalisent de charme et de malice. S’il est indéniable que le concept traîne un peu en longueur et que la première heure écrase la seconde sur tous les points, La Ronde de 1964 est une œuvre qui mérite d’être reconsidérée.

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Test Blu-ray / La Bride sur le cou, réalisé par Roger Vadim

LA BRIDE SUR LE COU réalisé par Roger Vadim, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 septembre 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Brigitte Bardot, Joséphine James, Mireille Darc, Edith Zetline, Michel Subor, Jacques Riberolles, Claude Brasseur, Yves Barsacq…

Scénario : Roger Vadim, Jean Aurel & Claude Brulé

Photographie : Robert Lefebvre

Durée : 1h29

Date de diffusion initiale : 1961

LE FILM

Jeune et joli top-model, Sophie rêve d’une autre existence, toute extérieure qu’elle mène en compagnie de Philippe, un des photographes en vogue, très mondain et remuant. Cependant elle tient à son amant et lorsqu’elle découvre qu’il s’intéresse à Barbara, une richissime américaine, elle enrage de jalousie au point de songer au crime passionnel, et se venge de l’infidèle en s’affichant avec des garçons de rencontre : Claude et Alain. Un matin, elle dérobe la carabine de Philippe et semble résolue à tirer sur ce dernier et sur Barbara.

Nous sommes en 1961 et voilà déjà cinq ans que le phénomène Brigitte Bardot déferle dans le monde entier, depuis Et Dieu…créa la femme de Roger Vadim. Après cet événement, la comédienne a tourné avec Claude Autant-Lara (En cas de malheur), Julien Duvivier (La Femme et le Pantin), Christian-Jaque (Babette s’en va-t-en guerre), Henri-Georges Clouzot (La Vérité) et a bien sûr retrouvé Roger Vadim pour Les Bijoutiers du clair de lune (1958), qui n’a pas vraiment connu l’engouement escompté, même si la barre des deux millions de spectateurs a été franchie. À la base, La Bride sur le cou ne devait pas être mis en scène par l’ex-compagnon de BB, mais par Jean Aurel, scénariste de Porte des Lilas de René Clair, du Triporteur de Jacques Pinoteau et du Trou de Jacques Becker. D’ailleurs, ce dernier débutera le tournage, mais trois semaines après le début des prises de vue et suite à un différend avec la star, qui obtiendra gain de cause auprès des producteurs, Jean Aurel est renvoyé et remplacé par Roger Vadim. Cette comédie deviendra le troisième plus grand succès du cinéaste, derrière Les Liaisons dangereuses 1960 et Et Dieu…créa la femme. Rétrospectivement, c’est aussi une de ses œuvres les plus attachantes et légères. Brigitte Bardot illumine le film de sa beauté, de son sex-appeal et de sa gouaille naturelle, même si son partenaire Michel Subor s’avère monolithique et l’on se demande constamment comment une jeune femme aussi pleine de vie que Sophie puisse être attirée par un homme sombre et taciturne. Vous l’aurez compris, La Bride sur le cou, également un témoignage sur un Paris disparu, vaut aujourd’hui essentiellement pour BB, resplendissante et dont l’énergie demeure encore dévastatrice.

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Test Blu-ray / Un Colt pour trois salopards – Hannie Caulder, réalisé par Burt Kennedy

UN COLT POUR TROIS SALOPARDS (Hannie Caulder) réalisé par Burt Kennedy, disponible en DVD depuis le 11 janvier 2023 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Raquel Welch, Robert Culp, Ernest Borgnine, Christopher Lee, Jack Elam, Strother Martin, Diana Dors, Paco de Lucía…

Scénario : Burt Kennedy & David Haft, d’après une histoire originale de Peter Cooper, Ian Quicke & Bob Richards

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ken Thorne

Durée : 1h25

Date de diffusion initiale : 1971

LE FILM

Hannie Caulder voit sa vie s’écrouler lorsque les 3 frères Clemens assassinent son mari, la violent et incendient sa maison. Décidée à venger, elle va tout apprendre de Thomas Luther Price, un chasseur de primes qui la recueille.

Quand elle se retrouve en haut de l’affiche du western Un Colt pour trois salopards ou tout simplement Hannie Caulder en version originale, l’ex-mannequin et comédienne Raquel Welch a le vent en poupe depuis cinq ans, grâce aux hits successifs du chef d’oeuvre de Richard Fleischer, Le Voyage fantastiqueFantastic Voyage, Un million d’années avant J.C.One Million Years B.C. de Don Chaffey et Les Cent Fusils100 Rifles de Tom Gries, qui allaient la faire passer à la postérité et faire d’elle un sex-symbol international. Au début des années 1970, elle tient le rôle-titre du western réalisé par Burt Kennedy (1922-2001), habitué du genre, ancien scénariste de Budd Boetticher (Sept hommes à abattre, L’Homme de l’Arizona, L’Aventurier du Texas, La Chevauchée de la vengeance, Comanche Station), qui avait déjà mis en scène Ne tirez pas sur le shérifSupport Your Local Sheriff ! avec James Garner, La Vengeance du shérif Young Billy Young avec Robert Mitchum et Angie Dickinson, La Caravane de feuThe War Wagon avec John Wayne et Kirk Douglas, ainsi que Le Retour des septReturn of the Seven, la suite du film réalisé par John Sturges, Les Sept Mercenaires, sorti en 1960. Il est donc parfaitement à son affaire avec Hannie Caulder, film curieux à plus d’un titre, pas forcément une réussite du début à la fin, mais qui n’en reste pas moins un savoureux divertissement, qui vaut à la fois pour la présence toujours sexy de Raquel Welch, dont le colt sied à sa sublime chute de hanche, un casting solide (sur lequel nous reviendrons) et aussi, et c’est sans doute ce qu’on retient étonnamment plus de ce western, une magnifique bande originale composée par Ken Thorne, digne des plus grands opus.

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Test Blu-ray / Camarade Dracula, réalisé par Márk Bodzsár

CAMARADE DRACULA (Drakulics elvtárs) réalisé par Márk Bodzsár, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 février 2023 chez Extralucid Films.

Acteurs : Lili Walters, Ervin Nagy, Zsolt Nagy, Szabolcs Thuróczy, István Znamenák, Nelli Szücs, Alexandra Borbély, Mónika Balsai…

Scénario : Márk Bodzsár

Photographie : Dániel Reich

Musique : Gábor Keresztes

Durée : 1h37

Année de sortie : 2019

LE FILM

Les années 70. En Hongrie, un ancien révolutionnaire revient au pays. Il est censé avoir 60 ans, en parait 35. Sa boisson préférée est pourpre et épaisse. Les services secrets hongrois sont bien décidés à faire la lumière sur son secret de jeunesse éternelle.

Alors que Léonid Brejnev voit le temps passer et les 70 ans se rapprochant à grands pas, celui-ci pense encore à l’avenir. Pour cela il lui faudrait un peu de sang frais. Et pourquoi pas tirer celui de Fábián, qui semble avoir trouvé la fontaine de jouvence ? En réalité, ce dernier, héros hongrois de la révolution cubaine, est bel et bien un vampire et profite d’un retour au pays pour participer à une collecte de sang pour le Vietnam, la nation sœur communiste de son pays natal. Un self-service on peut dire pour ce suceur de plasma. Mais tout ne va pas être aussi simple. La Hongrie vit sous la paranoïa et même vos voisins sont au courant de vos moindres faits et gestes. Y compris de votre vie sexuelle. La surveillance étant essentielle dans le régime communiste, Fábián devra la jouer fine et échapper à un couple d’agents chargé d’élucider le mystère qui entoure son étrange personne. Camarade Dracula, voilà une relecture bien originale du film de vampire ! Il s’agit du second long-métrage réalisé (en solo) par Márk Bodzsár (né en 1983), un formidable hommage au cinéma d’épouvante lié aux créatures aux canines aiguisées, mais aussi portrait au vitriol d’une époque que les moins de quarante ans, y compris le metteur en scène donc, ne peuvent pas connaître. Alors forcément, comme la plupart des spectateurs français, nous ne sommes pas au fait de tout qui concerne la politique, la vie en société, les clichés on va dire des us et coutumes de la Hongrie, mais cela n’empêche pas de prendre beaucoup de bon temps avec Camarade Dracula Drakulics elvtárs, vrai film de genre, à la fois fantastique et récit d’espionnage, nourri de références cinéphiles, bourré de charme et surtout génialement interprété par un casting de haute volée. C’est très chaudement recommandé.

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Test Blu-ray / Le Seul témoin – Narrow Margin, réalisé par Peter Hyams

LE SEUL TÉMOIN (NARROW MARGIN), réalisé par Peter Hyams, disponible en combo Blu-Ray + DVD le 25 janvier 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gene Hackman, Anne Archer, James B. Sikking, J.T. Walsh, M. Emmet Walsh, Susan Hogan, Harris Yulin…

Scénario : Peter Hyams

Photographie : Peter Hyams

Musique : Bruce Broughton

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Robert Caulfield, un district attorney de Los Angeles, escorte une femme témoin d’un meurtre perpétré par un cador de la mafia. Mais une bande de tueurs va tout faire pour empêcher qu’elle arrive jusqu’au tribunal. A bord d’un train qui traverse le coeur des Rocheuses canadiennes, une poursuite s’engage.

Peter Hyams, au moment de réaliser Narrow Margin en 1990 (sorti en France sous le titre Le Seul témoin), a à son actif une dizaine de longs-métrages témoignant d’une inclination certaine pour le film policier (La Nuit des juges, 1983, Presidio, 1988…), la science-fiction (Outland, loin de la Terre, 1981, avec Sean Connery, ou encore la suite du 2001 de Stanley Kubrick, 2010 : l’année du premier contact, en 1984), voire les deux en même temps (Capricorn one, 1978). Fort de ces expériences l’asseyant comme un artisan solide mais sur une pente descendante au box office avec l’échec de Presidio, Hyams se lance dans l’exercice du remake pour se remettre sur les rails. L’excellent film noir de Richard Fleischer, L’Énigme du Chicago express (The Narrow Margin, 1952), dont l’essentiel de l’action se déroule dans un train, va lui donner l’occasion d’expérimenter le genre du huis-clos ferroviaire, terrain naturellement propice aux audaces formelles, d’autant que Hyams décide d’emballer le tout en cinémascope. La pertinence d’un tel format dans un cadre aussi contraint peut sembler hasardeuse de prime abord, en dehors des scènes où Hyams filme les Rocheuses – le procédé se prêtant à merveille à la mise en lumière des grands espaces. Mais dès la première séquence du film, où Anne Archer assiste au meurtre d’un homme dans une chambre d’hôtel, ce choix se révèle pleinement justifié par les possibilités qu’il offre en termes d’immersion du spectateur et d’isolement du personnage.

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Test Blu-ray / Pacifiction : Tourment sur les Îles, réalisé par Albert Serra

PACIFICTION : TOURMENT SUR LES ÎLES réalisé par Albert Serra, disponible en DVD et Blu-ray le 7 mars 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Magimel, Pahoa Mahagafanau, Marc Susini, Matahi Pambrun, Alexandre Melo, Sergi López, Montse Triola, Michael Vautor…

Scénario : Albert Serra

Photographie : Artur Tort

Durée : 2h45

Année de sortie : 2022

LE FILM

Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment. D’autant plus qu’une rumeur se fait insistante : on aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires français.

Mais pourquoi ? POURQUOI ? Comment ? Et dans quel but ? Voici donc Pacifiction : Tourment sur les Îles, réalisé par le catalan Albert Serra, représentant de la France au Festival de Cannes en 2022, lauréat du prix Louis-Delluc avec Saint Omer d’Alice Diop) et récompensé à deux reprises aux César en 2023 par la compression de la meilleure photographie et celle du meilleur acteur pour Benoît Magimel. Comme dirait Jean-Pierre Bacri dans Didier « Hum…j’sais pas, j’comprends pas… ». Vous aurez sans doute entendu de nombreux avis dithyrambiques à sa sortie, certains le qualifiant même du plus grand film de l’année. C’est bien simple, soit on ressort conquis au-delà toutes espérances de Pacifiction : Tourment sur les Îles, soit on déteste de façon viscérale. Le huitième long-métrage du cinéaste espagnol est une torture de chaque instant. À part quelques secondes où l’on peut admirer certains plans, cet aspect 100 % numérique sans aucune aspérité (trois BlackMagic Pocket de Cannon ont été utilisés) lasse très rapidement, surtout pour illustrer du vide. Car en fait c’est ça Pacifiction : Tourment sur les Îles, le néant, où tout le monde semble être en (très mauvaise) improvisation, où les dialogues paraissent avoir été écrits via une IA (ou un système de répliques aléatoires volé à Luc Besson), les acteurs ne prenant même pas la peine d’y croire ou de s’investir une seule seconde. Cette production germano-franco-luso-espagnole qui s’étale sur 2h45 (!) enchaîne les séquences sans intérêt, dans le but unique de jouer avec la patience du spectateur. Une blague ratée, à fuir de tourte urgence.

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Test Blu-ray / Casino de Paris, réalisé par André Hunebelle

CASINO DE PARIS réalisé par André Hunebelle, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 avril 2023 chez Pathé.

Acteurs : Gilbert Bécaud, Caterina Valente, Vittorio De Sica, Grethe Weiser, Grégoire Aslan, Rudolf Vogel, Fritz Lafontaine, Roland Kaiser, Véra Valmont…

Scénario : Jean Halain, Hans Wilhelm, André Hunebelle & Claude Barma

Photographie : Henri Alekan, Erwin Hillier & Bruno Mondi

Musique : Paul Durand, Gilbert Bécaud, Heinz Gietz & Heinz Kiessling

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Catherine Miller, une vedette du Casino de Paris, est remarquée par Alexandre Gordy, un auteur qui veut la faire jouer dans sa prochaine pièce. Catherine s’installe alors, avec sa famille, chez Gordi sur la Côte d’Azur. Jacques Merval, le secrétaire de Gordi, mais aussi l’auteur véritable des dernières pièces de Gordy, va faire en sorte qu’elle revienne au music-hall.

André Hunebelle (1896-1985) est un cas à part dans le cinéma français. Bien que ses films aient attiré près de 90 millions de spectateurs dans les salles (oui oui), son nom demeure très largement méconnu. Pourtant, la trilogie Fantômas, Le Bossu, Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris, quatre épisodes (sur cinq) de la saga OSS 117, Les Quatre Charlots mousquetaires, Les Charlots en folie : À nous quatre Cardinal ! etc…tout ça, c’est lui ! Hormis Les Trois Mousquetaires et Cadet Rousselle, déjà avec Bourvil, ses deux plus grands succès durant cette décennie, on connaît moins ses opus des années 1950. C’est le cas de Casino de Paris, un autre triomphe commercial (3 millions d’entrées), dont le chanteur, compositeur et pianiste Gilbert Bécaud tient le haut de l’affiche. Rétrospectivement, le film ne vaut que pour cette singularité, car honnêtement Casino de Paris compile tout ce que l’on pouvait parfois reprocher à André Hunebelle, autrement dit une mise en scène complètement impersonnelle, pour ne pas dire inexistante, un rythme poussif et un scénario prétexte. Véhicule de « star », destiné à lancer la carrière au cinéma de son interprète principal, ce dont il rêvait, mais qui ne se fera jamais, Casino de Paris enchaîne les tableaux chantés et musicaux sans aucune imagination, platement filmés (n’est pas Vincente Minnelli qui veut), reliés par une romance peu attachante et des personnages agaçants. Une curiosité sans doute, une réussite sûrement pas.

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Test Blu-ray / Trois jours à vivre, réalisé par Gilles Grangier

TROIS JOURS À VIVRE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 avril 2023 chez Pathé.

Acteurs : Daniel Gélin, Jeanne Moreau, Lino Ventura, Georges Flamant, Albert Augier, Aimé Clariond, Roland Armontel, Joëlle Bernard…

Scénario : Gilles Grangier, Michel Audiard & Guy Bertret, d’après le roman de Peter Vanett

Photographie : Armand Thirard

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Simon Belin est un comédien ambitieux dans une troupe de théâtre itinérante, mais toujours relégué aux seconds rôles. Un soir, il est témoin d’un meurtre. En identifiant le premier suspect qu’on lui présente, Lino Ferrari, il voit là une opportunité pour briller et être sous le feu des projecteurs. Mais ce dernier s’échappe de prison et prévient Simon : il ne lui reste que trois jours à vivre.

Ceux qui me lisent depuis X-années le savent, Gilles Grangier est sans doute l’un des cinéastes qui a le plus bercé l’auteur de ces mots. Sur Homepopcorn.fr (et ailleurs, dans une galaxie lointaine…), j’ai pu revenir sur beaucoup d’opus de ce merveilleux réalisateur, Meurtre à Montmartre, Échec au porteur, Le Sang à la tête, Train d’enfer, Gas-oil, Maigret voit rouge, Archimède le clochard…Une petite partie de l’iceberg flottant sur l’océan que représente sa filmographie conséquente composée de près de 70 longs-métrages, séries télévisées et téléfilms, son plus grand succès étant La Cuisine au beurre, le tandem Bourvil-Fernandel réunissant près de 6,5 millions de spectateurs en 1963. S’il demeure plus connu, tant auprès des cinéphiles que la critique, pour sa douzaine de collaborations avec Jean Gabin, de La Vierge du Rhin en 1953 à Sous le signe du taureau en 1969, Gilles Grangier c’est aussi de petits films qui ont toujours eu l’élégance de la fausse simplicité. Ainsi, juste avant Le Désordre et la nuit, avec le « Vieux », assuré de remporter à nouveau les suffrages du public, sortent deux films coup sur coup, Échec au porteur au mois de janvier (1,2 million d’entrées) et Trois jours à vivre au mois de mars (qui dépasse de justesse la barre du million). Le second, qui nous intéresse aujourd’hui, est l’adaptation d’un roman de Peter Vanett (éditions Fleuve noir, collection Spécial Police 1955), coécrite par Gilles Grangier, Guy Bertret (habituellement compositeur) et surtout Michel Audiard, dont la griffe est immédiatement reconnaissable et qui signe évidemment les dialogues. Trois jours à vivre reste complètement méconnu dans la carrière prolifique et éclectique de Grangier et vaut le coup d’oeil pour plusieurs raisons. La première, pour Jeanne Moreau, qui crève l’écran une fois de plus dans sa troisième association avec le cinéaste, la seconde pour Lino Ventura, alors à ses tous débuts (fracassants), avec lequel Grangier venait de tourner Le Rouge est mis, et qui cette fois encore tire son épingle du jeu malgré son peu de présence à l’écran. Outre son casting, comme d’habitude excellemment dirigé, on retrouve tout ce qui fait le charme inaltérable des films de Gilles Grangier avec son amour pour les scènes tournées en extérieur, de véritables témoignages sur la vie parisienne et provinciale. Une atmosphère que l’on aime ressentir dans chaque film. S’il pâtit d’une tête d’affiche peu enthousiasmante en la personne de Daniel Gélin, nous y reviendrons, Trois jours à vivre est une découverte bien sympathique sur laquelle il n’est pas interdit de se pencher.

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Test Blu-ray / Un Américain bien tranquille, réalisé par Joseph L. Mankiewicz

UN AMÉRICAIN BIEN TRANQUILLE (The Quiet American) réalisé par Joseph L. Mankiewicz, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 avril 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Audie Murphy, Michael Redgrave, Claude Dauphin, Giorgia Moll, Bruce Cabot, Fred Sadoff, Kerima, Richard Loo…

Scénario : Joseph L. Mankiewicz, d’après le roman de Graham Greene

Photographie : Robert Krasker

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Saïgon, en pleine guerre d’Indochine, Pyle, un jeune Américain, fait la connaissance de Fowler, journaliste anglais, et tombe amoureux de sa jeune maîtresse vietnamienne. Fowler découvre peu à peu que Pyle travaille pour la CIA. Et lorsque l’Américain est retrouvé mort, l’inspecteur français chargé de l’affaire sollicite l’aide de Fowler.

Quand on évoque Joseph L. Mankiewicz (1909-1993), l’oeil du cinéphile s’illumine, de nombreux titres et tout autant d’images se bousculent dans les mémoires, L’Aventure de madame MuirThe Ghost and Mrs. Muir (1947), Chaînes conjugalesA Letter to Three Wives (1949), La Maison des étrangers House of Strangers (1949), ÈveAll about Eve (1950), La Comtesse aux pieds nusThe Barefoot Contessa (1954), Soudain l’été dernier Suddenly Last Summer (1959) et CléopâtreCleopatra (1963). Une filmographie conséquente, monumentale et pourtant non exhaustive. En effet, un autre long-métrage du réalisateur aura également fait couler beaucoup d’encre, Un Américain bien tranquille The Quiet American, qui sort sur les écrans en 1958, adapté d’un roman de Graham Greene (Le Troisième homme) jugé anti-américain. Néanmoins, Joseph L. Mankiewicz s’est toujours approprié les livres dont il s’inspirait, à tel point d’ailleurs que l’écrivain fera savoir publiquement qu’il condamne cette transposition. Que reste-t-il d’Un Américain bien tranquille 65 ans après sa sortie ? Un résultat en « demi-teinte », car si on ne peut s’empêcher d’admirer la performance des comédiens et la composition magistrale des plans (magnifique photo de Robert Krasker, La Chute de l’empire romain, Le Cid), la surabondance des dialogues peut rapidement fatiguer et ce dès le premier quart d’heure. C’est ce qui a toujours été difficile chez Mankiewicz, aller au-delà d’un « bavardage » copieux, ce qui demande un véritable investissement de la part des spectateurs, surtout quand le film, comme c’est le cas ici, dure 120 minutes. Deux heures durant lesquelles les échanges entre les personnages ne s’arrêtent pas une seule seconde, participant certes à créer une atmosphère étouffante, mais qui ne laissent aucune soupape pourtant indispensable à un public qui peut facilement décrocher si on ne lui laisse pas une petite chance de reprendre son souffle. On peut donc être fasciné par cette virtuosité de tous les instants, mais aussi resté sur le bas-côté et ne pas se laisser emporter par ce récit tortueux et alambiqué.

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