Test Blu-ray / Le Diable boiteux, réalisé par Sacha Guitry

LE DIABLE BOITEUX réalisé par Sacha Guitry, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 5 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sacha Guitry, Lana Marconi, Émile Drain, Henry Laverne, Maurice Teynac, Philippe Richard, Georges Spanelly, Renée Devillers…

Scénario : Sacha Guitry, d’après sa pièce

Photographie : Nikolai Toporkoff

Musique : Louis Beydts

Durée : 2h05

Année de sortie : 1948

LE FILM

De la fin du XVIIIè au début du XIXè, Talleyrand, homme d’État français et rusé diplomate sert six régimes successifs, parfois opposés… Avec brio, Sacha Guitry dresse le portrait de ce maître de la trahison et du changement d’allégeance, jusqu’à son triomphe final.

Avec Le Diable boiteux (« un film conçu, dialogué, réalisé et interprété par l’auteur »), biographie filmée du prince de Talleyrand, évêque d’Autun, qui servit la France de l’Ancien Régime jusqu’à la Monarchie de Juillet en passant par le Directoire, le Consulat, le Premier Empire et la Restauration (« Vive le roy ! », « Vive la République ! », « Vive l’Empereur ! », « Vive le roi ! » est-il écrit sur le même mur au fil du récit), Sacha Guitry signait son retour au cinéma. Si Le Comédien allait sortir en premier, Le Diable boiteux était initialement prévu avant celui-ci, mais le réalisateur, auteur et comédien allait rencontrer quelques soucis avec la censure. Avant que le tournage soit lancé, la pièce en trois actes et neuf tableaux Talleyrand ou le Diable boiteux attirait les foules au théâtre Édouard VII en 1948. Fasciné par le personnage historique, Sacha Guitry y voyait une opportunité pour faire un parallèle avec ce qu’il venait de vivre, ayant été arrêté puis incarcéré pour son comportement avec l’occupant allemand. Adulé et pourtant détesté par certains, mis au pilori et encensé, Sacha Guitry se met à nu dans la peau de Talleyrand (« le plus grand diplomate qui ait jamais existé […] qui ne s’est jamais soucié de l’opinion d’autrui ») et livre une sublime prestation, probablement l’une de ses meilleures. Si quelques longueurs se font parfois ressentir (le film durant plus de deux heures), notamment lors de la fête organisée pour les infants d’Espagne à Valençay, Le Diable boiteux laisse pantois d’admiration par la beauté incommensurable de ses dialogues et la modernité de sa mise en scène.

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Test Blu-ray / Le Comédien, réalisé par Sacha Guitry

LE COMÉDIEN réalisé par Sacha Guitry, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 5 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sacha Guitry, Lana Marconi, Pauline Carton, Jacques Baumer, Robert Seller, José Noguéro, Maurice Teynac, Léon Belières, Simone Paris…

Scénario : Sacha Guitry, d’après sa pièce

Photographie : Nikolai Toporkoff

Musique : Louis Beydts

Durée : 1h36

Année de sortie : 1948

LE FILM

La vie romancée de Lucien Guitry par son fils Sacha…Lucien se prend de passion pour le théâtre dès l’enfance et fait ses débuts sur scène à dix-sept ans. Il triomphe dans tous les grands rôles du répertoire. Les difficultés commencent lorsqu’il s’éprend d’une jeune fille qui décide de devenir à son tour comédienne.

« Sacha Guitry, pourquoi avez-vous fait Lucien Guitry ? » demandait un journaliste au dramaturge quand son film s’intitulait encore ainsi. Ce à quoi ce dernier aurait répondu « Parce-que Lucien Guitry m’a fait ». À l’origine du Comédien, sorti en 1948, il y a un livre, Lucien Guitry raconté par son fils, puis une pièce Le Comédien, et finalement un film, comme un hommage ultime rendu à Lucien par Sacha, qui pour le coup endosse les deux rôles dans ce long-métrage. S’il commence comme un véritable documentaire centré sur l’enfance du personnage principal, Le Comédien bifurque rapidement vers la reconstitution en narrant les origines de la passion du théâtre de son père, qui préférait apprendre les pièces les plus célèbres, plutôt que ses leçons d’arithmétique. Le Comédien convoque une troupe d’acteurs exceptionnels (dont la fidèle Pauline Carton), qui gravitent tous autour du noyau central représenté par le maître en personne, maniant le sarcasme et l’ironie comme personne d’autre à son époque. Le Comédien est une œuvre irrésistible, marquée constamment par de fabuleuses répliques, le tout doublé d’une déclaration d’amour d’un fils pour son père, qui le ressuscite pour toucher sa main une dernière fois grâce à l’artifice du septième art, pour converser avec lui, pour lui signifier qu’il sera toujours présent chaque seconde. Et c’est superbe.

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Test Blu-ray / Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt

CHERRY 2000 réalisé par Steve De Jarnatt, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Ben Johnson, Pamela Gidley, Melanie Griffith, David Andrews, Laurence Fishburne, Harry Carey Jr., Brion James, Michael C. Gwynne…

Scénario : Michael Almereyda, d’après une histoire originale de Lloyd Fonvielle

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

En l’an 2017, une partie des États-Unis a été ravagée par la guerre atomique. Les zones sinistrées, nouveau terrain de jeu pour les contrebandiers sanguinaires, ne sont pas sûres. Sam Threadwell, cadre dans une station de recyclage des déchets électroniques et métalliques, coule des jours heureux avec sa femme artificielle, une Cherry 2000 d’un autre âge programmée pour répondre à ses moindres caprices et simuler l’amour béat en gardant toujours le sourire. Jusqu’au jour où les circuits de Cherry grillent accidentellement et rendent le robot hors d’usage.

Qui peut dire : « Je n’ai réalisé que deux longs-métrages dans ma vie, mais tous deux sont devenus cultissimes » ?… C’est au beau milieu des années 1980, après un court-métrage (Tarzana, 1978) et un épisode de New Alfred Hitchcock Presents (le remake de Man from the South d’après Roald Dahl) que le scénariste-réalisateur Steve De Jarnatt, avant de ne plus officier que dans le domaine de la série télévisée (X-Files, American Gothic ou Urgences, entre autres), met en scène coup sur coup l’inclassable Cherry 2000 et le sublime Miracle Mile (réédité en 2017 chez Blaq Out et très vite épuisé !). Personnage à part dans l’industrie hollywoodienne, sa carrière sur grand écran fut aussi éphémère que mémorable. Plus étonnant encore, elle pourrait constituer un diptyque à l’envers, la post-apocalypse décrite dans Cherry 2000 prenant potentiellement ses racines dans l’événement déclencheur de Miracle Mile. Peu revus et commentés depuis lors mais vénérés religieusement par un noyau de fervents admirateurs et, de plus en plus, par une partie de la critique, les deux films révèlent une personnalité à part, une véritable vision d’auteur trouvant sa cohérence dans l’insaisissable, à l’intérieur d’un cinéma du samedi soir naïf et assumé comme tel. Côté casting, le pétillant Cherry 2000 offre un rôle d’envergure au second couteau David Andrews, lui aussi homme de télévision avant tout. Aperçu dans A Nightmare on Elm Street, on le reverra dans Graveyard Shift (La Créature du Cimetière – film de vidéoclub entre tous !), puis en frère de Kevin Costner dans Wyatt Earp ou plus tard encore dans Hannibal, mais le gros de sa prolifique carrière s’épanouit sur le petit écran. Quant à Melanie Griffith, redécouverte en 1984 par Abel Ferrara (Fear City) et surtout Brian De Palma (Body Double), Steve De Jarnatt vient alors de la diriger dans Man from the South, face à Steven Bauer et John Huston. Sur la pente ascendante, elle enchaînera l’année suivante avec le Working Girl de Mike Nichols, gagnant définitivement ses galons de star. Autour du couple gravitent gloires du passé (Ben Johnson, Harry Carey Jr.), « gueules » de l’époque (Brion James, Tim Thomerson, Marshall Bell) et vedettes en devenir (Laurence Fishburne) dans un univers de comic book qui doit beaucoup à l’inventivité roublarde du réalisateur et aux compétences de son équipe technique – lesquelles font pas mal d’or avec beaucoup de plomb !

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Test Blu-ray / Hypnotic, réalisé par Robert Rodriguez

HYPNOTIC réalisé par Robert Rodriguez, disponible en DVD et Blu-ray le 21 décembre 2023 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Ben Affleck, William Fichtner, Alice Braga, JD Pardo, Hala Finley, Dayo Okeniyi, Jeff Fahey, Jackie Earle Haley…

Scénario : Robert Rodriguez & Max Borenstein

Photographie : Robert Rodriguez & Pablo Berron

Musique : Rebel Rodriguez

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde…

Il en a fait du chemin depuis ses débuts el Señor Robert Rodriguez ! D’El Mariachi (1993), tourné avec les moyens du bord (on parle de 7000 dollars) à Alita : Battle Angel, produit et coécrit par James Cameron, avec son budget colossal de 200 millions de dollars ! Avec une vingtaine de longs-métrages à son actif, on pouvait penser que le réalisateur bénéficierait enfin d’une tranquillité assurée ou qu’il disposerait désormais d’un confort lui permettant de miser sur de grosses productions à 100-150 millions de dollars. Visiblement, Robert Rodriguez n’a pas décidé de lâcher les films de séries B qui ont fait sa notoriété. C’était dernièrement le cas pour Red 11 (tourné avec un budget encore plus petit qu’El Mariachi) et même C’est nous les héros We Can Be Heroes, succès de la plateforme Netflix et rattaché aux Aventures de Shark Boy et Lava Girl (2005). Alors que se profilait un énième épisode de la saga Spy Kids (Spy Kids: Armageddon), également diffusé sur Netflix, Robert Rodriguez retrouvait le chemin des salles avec Hypnotic, projet qui couvait depuis une vingtaine d’années, pensé comme un hommage au cinéma d’Alfred Hitchcock. Si l’ensemble des spectateurs penseront forcément au lénifiant Inception (qui pompait largement sur l’exceptionnel Le Monde sur le fil de Rainer Werner Fassbinder), Hypnotic, qui n’a ni les mêmes moyens, ni la prétention (certains diront la suffisance suintante) du film boursoufflé de Christopher Nolan, n’en reste pas moins une série B fort honnête. Comme souvent chez le cinéaste, beaucoup d’idées apparaissent ici et là et la plupart ne sont pas suffisamment exploitées, mais le spectacle est garanti et Ben Affleck, à qui cela sied bien de prendre de la bouteille (en gros depuis sa période Batman), porte solidement ce petit divertissement sur ses épaules de déménageur.

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Test Blu-ray / Salon Kitty, réalisé par Tinto Brass

SALON KITTY réalisé par Tinto Brass, disponible en Blu-ray le 16 janvier 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Helmut Berger, Ingrid Thulin, Teresa Ann Savoy, John Steiner, Sara Sperati, John Ireland, Tina Aumont, Stefano Satta Flores, Paola Senatore…

Scénario : Ennio De Concini, Maria Pia Fusco & Tinto Brass, d’après le roman de Peter Norden

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Berlin 1939. L’officier SS Wallenberg est chargé de sélectionner et de former de très jolies jeunes femmes allemandes afin de pourvoir le célèbre Salon de « Madame Kitty ». Ces nymphes nazi sont soumises aux passions et pratiques dégradantes des officiers de hauts rangs du Reich. Wallenberg constitue des dossiers sur chacun d’entre eux. Mais lorsqu’une innocente et jeune prostituée découvre les manoeuvres de Wallenberg, sa vengeance mettra le feu à cet holocauste de dépravation.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que près de cinquante ans après sa sortie, Salon Kitty (ou Les Damnées du Troisième Reich, ou bien encore Les Nuits chaudes de Berlin, voire même aussi Madame Kitty) n’a rien perdu de sa force dévastatrice et que le neuvième long-métrage de Tinto Brass n’a pas fini d’en choquer plus d’un. Tant mieux. Spectacle grandiose déconseillé aux âmes sensibles et à ne pas mettre devant tous les yeux, Salon Kitty est le premier volet d’une trilogie du réalisateur consacrée au pouvoir. Entre Portier de nuit Il portiere di notte de Liliana Cavani (sorti deux ans auparavant), Les Damnés La caduta degli dei de Luchino Visconti (dont il reprend d’ailleurs deux des acteurs principaux, Helmut Berger et Ingrid Thullin) et Salò ou les 120 Journées de Sodome Salò o le centoventi giornate di Sodoma de Pier Paolo Pasolini, Salon Kitty met en lumière la vulgarité, la violence, la connerie, la dégénérescence, la décadence du Troisième Reich, en misant justement sur le jusqu’au-boutisme, sur le fond comme sur la forme. Sommet dans la carrière riche et prolifique de son auteur, Salon Kitty met les nerfs à rude épreuve, joue forcément avec le voyeurisme du spectateur, que le cinéaste ne caresse pas dans le sens du pubis, le place comme témoin volontaire des agissements de personnages psychotiques, débauchés et pervertis. Il s’agit non seulement d’une véritable expérience de cinéma, mais aussi et clairement d’un des plus grands films des années 1970. Ni plus ni moins.

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Test Blu-ray / Malicia 2000, réalisé par Salvatore Samperi

MALICIA 2000 (Malizia 2mila) réalisé par Salvatore Samperi, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 5 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Laura Antonelli, Turi Ferro, Roberto Alpi, Luca Ceccarelli, Barbara Scoppa, Miko Magistro…

Scénario : Ottavio Jemma & Salvatore Samperi

Photographie : Paolo Carnera

Musique : Fred Bongusto

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Le riche Ignazio La Brocca coule des jours heureux avec Angela, son ancienne bonne, dans une splendide villa sicilienne. Le jour où un jeune architecte s’y installe avec son fils Jimmy âgé de quinze ans, l’harmonie du couple se fissure. L’adolescent tombe immédiatement sous le charme de la belle maîtresse des lieux et, pour la séduire, redouble d’imagination. S’il réussit à sortir son mari de sa maison en pleine nuit pour arriver à ses fins, il ne s’attendait pas à que ce soit son père qui profite des faveurs d’Angela. Aussi rusé qu’amoureux, Jimmy n’a pas dit son dernier mot…

Ah oui mais là non quoi…Même en étant indulgent, il est impossible de défendre Malicia 2000, ou Malizia 2mila de l’autre côté des Alpes, ultime apparition à l’écran de Laura Antonelli. Alors que la cinquantaine approche, la carrière de la comédienne bat de l’aile. À cela s’ajoute son arrestation en avril 1991, après que la police ait retrouvé 36 grammes de cocaïne à son domicile suite à une perquisition. Assignée à résidence, Laura Antonelli fait la première page des journaux, les images de l’affaire judiciaire sont diffusées en boucle à la télévision et demeurent dans toutes les mémoires. La même année, elle accepte pourtant un projet inespéré, Malicia 2000, autrement dit la suite de son plus grand succès, réalisé près de vingt ans auparavant. Si toute l’équipe ou presque est réunie, devant comme derrière la caméra, rien, plus rien, absolument rien ne fonctionne dans cet immense navet honteux. Le charisme éteint, les yeux soulignés de cernes qu’elle peine à dissimuler, le corps fatigué, Laura Antonelli n’est plus que l’ombre d’elle-même dans cette séquelle inappropriée, qui ne lui offre rien à jouer et dans laquelle elle déambule comme un spectre qui ne demanderait qu’à se cacher ou à disparaître définitivement. Suite à ce gigantesque échec au box-office et aux critiques unanimement négatives (pléonasme) qui accompagneront le film à sa sortie, l’actrice fera ses adieux au cinéma, avant de connaître d’autres drames. Après avoir accepté des injections de collagène en vue du tournage de Malicia 2000, elle se retrouve avec le visage défiguré par la chirurgie esthétique, ce qui entraînera treize années de procès contre le chirurgien, Salvatore Samperi et le producteur Silvio Clementelli. Elle passera sa vie recluse dans un petit appartement de Ladispoli, dans l’ombre, dans la foi, avant de disparaître en 2015 à l’âge de 73 ans. Mais Laura Antonelli est éternelle, son talent et son incommensurable beauté ont été imprimés à vie sur la pellicule de Mario Bava, Jean-Paul Rappeneau, Philippe Labro, Pasquale festa Campanile, Lucio Fulci, Claude Chabrol, Dino Risi, Luigi Comencini, Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Ettore Scola et bien d’autres, dont Salvatore Samperi, qui, en dépit de cette conclusion pathétique, tant sur le plateau que dans le privé, fera d’elle une déesse du septième art.

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Test Blu-ray / Péché véniel, réalisé par Salvatore Samperi

PÉCHÉ VÉNIEL (Peccato veniale) réalisé par Salvatore Samperi, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 5 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Laura Antonelli, Alessandro Momo, Orazio Orlando, Lilla Brignone, Tino Carraro, Monica Guerritore, Lino Toffolo, Stefano Amato, Lino Banfi…

Scénario : Ottavio Jemma & Alessandro Parenzo

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Fred Bongusto

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Dans la station balnéaire de Versilia où il passe ses vacances, le jeune Sandro passe le plus clair de son temps à feuilleter des revues érotiques et à observer les filles sur la plage. Son frère ainé contraint de s’absenter, il porte toute son attention sur Laura, sa belle-sœur, une femme terriblement attirante dont il est chargé de prendre soin. Et, effectivement, Sandro se montre tout particulièrement attentionné à l’égard de la belle Laura…

Aujourd’hui encore, Malicia (ou Malizia pour les puristes) de Salvatore Samperi, figure dans le top 20 des plus grands succès de l’histoire du cinéma en Italie, avec plus de 11,7 millions de spectateurs, ce qui lui avait valu la même année la troisième marche sur le podium, juste derrière les 21,7 millions d’entrées du Parrain et les 15,6 millions du Dernier Tango à Paris. Ce triomphe international allait faire de son actrice, Laura Antonelli, l’un des sex-symbols les plus célèbres des années 1970. La comédienne, peu avare de ses charmes (et quels charmes!) depuis le bandant (mais pas queue) Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile, enfonce le clou avec le tordant (et turgescent) Sexe fou Sessomatto de Dino Risi. Mais Salvatore Samperi (1944-2009) a de la suite dans les idées, ou presque, autrement dit réunir les deux têtes d’affiche de Malicia, Laura Antonelli et Alessandro Momo, les mêmes auteurs, Ottavio Jemma (La Fille de Trieste, La Proie de l’autostop, Sacco et Vanzetti, L’Amour à cheval) et Alessandro Parenzo (Les Chiens enragés, Qui l’a vue mourir?), y compris le même compositeur, Fred Bongusto (Les Ordres sont les ordres, Venez donc prendre le café chez nous, Exécutions, L’Homme à la Ferrari). Toujours sous la houlette du producteur Silvio Clementelli (Les Adolescentes, Il Bidone), le réalisateur surfe bien sûr sur son hit précédent, prolonge les thèmes qu’il abordait précédemment. Intensément sensuel, Péché véniel est avant tout le récit d’apprentissage, sentimental et sexuel d’un adolescent de seize ans, qui n’est en aucun cas un copier-coller de Malicia, mais à (re)voir plutôt comme une version alternative, par ailleurs nullement redondante. Les deux longs-métrages se complètement parfaitement et Péché véniel repose aussi bien sur l’extraordinaire beauté de son actrice principale, mais aussi et surtout sur son jeu beaucoup plus fin, intelligent et pertinent qu’on avait bien trop souvent tendance à sous-estimer. Une très grande réussite.

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Test Blu-ray / Les Envahisseurs de la planète rouge, réalisé par William Cameron Menzies

LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE (Invaders from Mars) réalisé par William Cameron Menzies, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 21 novembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Helena Carter, Arthur Franz, Jimmy Hunt, Leif Erickson, Hillary Brooke, Morris Ankrum, Max Wagner, William Phipps, Milburn Stone, Janine Perreau…

Scénario : Richard Blake

Photographie : John F. Seitz

Musique : Raoul Kraushaar

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Une nuit, alors qu’il est à la fenêtre de sa chambre, le jeune David McLean, passionné d’astronomie, aperçoit un engin spatial qui se pose près de sa maison. Il prévient son père George McLean, un scientifique, qui part investiguer les lieux. Revenu du site suspect, celui-ci n’est désormais plus tout à fait le même. David soupçonne une emprise extraterrestre. Et, très vite, celle-ci s’étend, transformant les habitants de la localité en marionnettes humaines.

Vous ne le savez peut-être pas, mais on doit au réalisateur William Cameron Menzies (1896-1957) l’un des films de science-fiction les plus importants de l’histoire du cinéma, La Vie future Things To Come (1936), adaptation du roman d’H.G. Wells, produit par Alexander Korda et supervisé par l’écrivain lui-même. Également décorateur et scénariste, William Cameron Menzies signait une fresque méconnue, troublante, ahurissante, prophétique et souvent prodigieuse, une réflexion politique sur la société sous la forme d’un pamphlet virulent ainsi que sur l’avenir de l’homme, étroitement lié au progrès technologique, rendant compte de l’anxiété ambiante à l’idée de voir le monde basculer à nouveau dans un conflit mondial. Formidable cinéaste à réhabiliter d’urgence, connu aussi pour son western Le Rocher du diableDrums in the Deep South (1951), qui se déroulait essentiellement au pied de la Devils Tower, monolithe naturel situé dans le Nord-Est du Wyoming aux Etats-Unis, rendu célèbre par Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, William Cameron Menzies avait plusieurs cordes à son arc et était l’un des artistes les plus respectés à Hollywood. En 1953, il se voit confier les rênes d’un gros film de science-fiction, supposé concurrencer La Guerre des mondes de Byron Haskin, qui marquera alors toute une génération de metteurs en scène en devenir (John Landis, Joe Dante, Steven Spielberg, George Lucas, Don Coscarelli), Les Envahisseurs de la planète rouge Invaders from Mars, qui sera son avant-dernier long-métrage comme réalisateur. Avec ses effets spéciaux soignés qui n’ont rien perdu de leur magie (le film devait même être exploité en 3D, procédé abandonné par manque de moyens), mais aussi ses décors conçus à hauteur d’enfant, cet opus de SF vintage a tout de même pris du plomb dans l’aile et en dépit d’une première partie très réussie, le film finit par s’enliser dès l’arrivée de l’armée qui prend le relais aux côtés de notre jeune héros. Sympathique, amusant, mais nullement indispensable.

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Test Blu-ray / Horror Hotel, réalisé par John Llewellyn Moxey

HORROR HOTEL (The City of the Dead) réalisé par John Llewellyn Moxey, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 21 novembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dennis Lotis, Christopher Lee, Patricia Jessel, Tom Naylor, Betta St. John, Venetia Stevenson, Valentine Dyall, Ann Beach…

Scénario : George Baxt, d’après une hsitoire originale de Milton Subotsky

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : Douglas Gamley

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Chargée pour la fin de ses études d’une thèse sur la sorcellerie, l’étudiante Nan Barlow suit les conseils du professeur Alan Driscoll qui la dirige vers Whitewood, une localité où de nombreux bûchers se sont dressés au 17ème siècle. Bien que son frère et son petit ami la désapprouvent, elle s’y rend seule et découvre que les croyances païennes persistent dans la région, portées par la certitude de certains, que la sorcière Elizabeth Selwyn pourrait surgir du royaume des morts… Et malheur à qui s’y intéresse de trop près !

Solide technicien, John Llewellyn Moxey (1925-2019) sera repéré par l’industrie américaine, qui lui confiera essentiellement les manettes de multiples téléfilms et séries de renom comme Hawaï, police d’état, Mission impossible, Mannix, Magnum et Arabesque. L’une de ses rares incursions au cinéma s’intitule Le Cirque de la peurCircus of fear – Psycho-Circus (1966), petit opus fort sympathique qui oscille entre le film de casse et le cinéma d’horreur, le tout prenant la forme d’un whodunit à la Cluedo, dont la particularité est de voir son récit se dérouler sous le chapiteau d’un cirque. Mais avant cela, le premier long-métrage du réalisateur, The City of the Dead, également connu sous le titre Horror Hotel, ou bien encore La Cité des morts, démontrait déjà le talent de John Llewellyn Moxey. Dans un merveilleux N&B stylisé et gothique concocté par le chef opérateur Desmond Dickinson (L’Enfer des tropiques Fire Down Below de Robert Parrish, Hamlet de Laurence Olivier, L’Homme de Berlin The Man Between de Carol Reed), qui aurait inspiré Christophe Gans pour son adaptation de Silent Hill, le metteur en scène livre un formidable film d’épouvante, remarquablement écrit par George Baxt, futur auteur de classiques du genre comme Le Cirque des vampires Vampire Circus de Robert Young et Le Spectre du chat The Shadow of the Cat de John Gilling (deux produits de la Hammer Films), ainsi que La Tour du diable Tower of Devil de Jim O’Connolly. Avec l’immense Christopher Lee en tête d’affiche, qui retrouvera le metteur en scène six ans plus tard pour Le Cirque de la peur, Horror Hotel conserve non seulement un savoureux parfum vintage, mais s’avère toujours aussi original et furieusement moderne.

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Test Blu-ray / Hôtel de France, réalisé par Patrice Chéreau

HÔTEL DE FRANCE réalisé par Patrice Chéreau, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 18 octobre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Laurent Grévill, Valeria Bruni Tedeschi, Vincent Perez, Laura Benson, Thibault de Montalembert, Marc Citti, Bernard Nissile, Marianne Denicourt, Isabelle Renauld, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui…

Scénario : Patrice Chéreau & Jean-François Goyet, d’après la pièce « Ce fou de Platonov » d’Anton Tchekhov

Photographie : Pascal Marti

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Quand ils avaient vingt ans, Michel et Sonia se sont aimés. Ils faisaient partie d’une bande de copains provinciaux, et Michel en était le leader, celui qui « irait loin ». Mais il s’est arrêté en chemin, et voila qu’ils se retrouvent tous à une réception quelques années plus tard. Sonia ne peut s’empêcher d’être déçue et Michel d’en être blessé.

Vous allez passer les fêtes de fin d’année chez des amis et parmi eux il y en a un en particulier que vous n’aimez pas ? Alors offrez-lui le Blu-ray d’Hôtel de France ! En effet, le quatrième long-métrage réalisé par Patrice Chéreau est une torture de chaque instant, le genre de film qu’on ne souhaite même pas à notre pire ennemi de visionner, alors qu’il est certain qu’il ne s’en remetterait jamais. C’est vous dire. Objet filmé n’importe comment, dont l’intrigue est supposée se dérouler sous un soleil de plomb alors que les arbres sont nus et que de la vapeur s’échappe de la bouche des personnages qui malheureusement ne la ferment jamais, Hôtel de France est l’adaptation de la pièce de Tchekov, Ce fou de Platanov (1878). Pour cette transposition moderne, Patrice Chéreau, directeur de l’école du Théâtre des Amandiers, confie les rôles principaux à ses dix‑neuf élèves, parmi lesquels Vincent Perez, Valeria Bruni‑Tedeschi, Agnès Jaoui, Eva Ionesco, Bruno Todeschini, Thibault de Montalembert, Laurent Grévill, Marc Citti, qu’il filme la plupart du temps ensemble, comme des bêtes sorties de leurs cages et qui n’étaient d’ailleurs pas tous prêts à se retrouver face à la caméra. Car là où le bât blesse constamment, c’est que la troupe étant ainsi jetée en pâture, tous les comédiens ne sont pas bons à l’écran, du moins en même temps. Seules les séquences où deux ou trois (grand maximum) acteurs s’affrontent s’avèrent plus supportables (on cherchait le bon mot), mais l’ensemble demeure franchement irritant, bourré de tics, hystérique (on n’en peut plus au bout de dix minutes), insupportable. En 2022, Valeria Bruni Tedeschi, qui avait donc fréquenté le cours de théâtre à l’école des Amandiers de Nanterre, de Pierre Romans et Patrice Chéreau, devait revenir sur cette période de sa vie et de nous en faire partager le calvaire dans Les Amandiers, autre épreuve cinématographique. Vade Retro !

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