Test Blu-ray / Vivante, réalisé par Sandrine Ray

VIVANTE réalisé par Sandrine Ray, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 25 octobre 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Vahina Giocante, Samuel Jouy, François Berléand, Fanny Cottençon, Pierre Cassignard, Cécile Cassel, Manuel Blanc…

Scénario : Sandrine Ray & Antoine Lacomblez

Photographie : Olivier Cocaul

Musique : Romaric Laurence

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2002

LE FILM

C’est par une nuit d’été que Claire, 19 ans, se fait sauvagement agresser et violer. Elle est anéantie par la violence où les corps sont niés, où le désir est déjà mort, où les mots disent l’inverse de ce qu’ils affirment. Claire n’arrive pas à en parler, elle porte son secret qui la déchire, n’a plus de mots pour dire qui elle est et se dérobe à elle-même comme au monde. Elle tente des expériences pour se prouver qu’elle est encore vivante, plonge dans l’alcool, le sexe, à la recherche d’une étincelle…A force de se heurter aux autres et à elle-même, elle retrouve la force de vivre, de parler, elle redonne un sens au désir. Quoi qu’il arrive, la vie s’impose.

Le viol est un sujet sensible auquel le cinéma français s’est déjà attaqué à plusieurs reprises. Quelques titres comme Les Chatouilles, L’Été meurtrier, Irréversible, Elle, La Traque peuvent venir à l’esprit, mais l’un des plus grands films sur le thème demeure incontestablement Une histoire banale (2013) d’Audrey Estrougo avec une puissante et exceptionnelle Marie Denarnaud. En 2002, la réalisatrice Sandrine Ray, alors assistante de Pierre-William Glenn (23h58) et de François Velle (Comme des rois), décide de franchir un cap et signe son premier long-métrage, Vivante, qu’elle coécrit avec Antoine Lacomblez (Slalom, 3 X Manon, 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi, My Sweet Pepper Land, À la folie), en prenant comme argument principal le viol d’une étudiante. Elle confie le rôle à Vahina Giocante, âgée de 20 ans, remarquée quatre ans plus tôt dans Marie Baie des Anges de Manuel Pradal (à la suite d’un casting sauvage sur une plage de Marseille) et qui avait confirmé depuis son talent précoce chez Yves Angelo (Voleur de vie), Benoît Jacquot (Pas de scandale) et Martine Dugowson (Les Fantômes de Louba). Si la jeune comédienne s’investit corps et âme dans ce rôle très difficile, c’est sur la forme que pèche Vivante, qui sent l’amateurisme du début à la fin. Les années n’ont pas épargné ce film pourtant intéressant, mais qui fait aujourd’hui penser à une production TV fauchée et maladroite.

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Test Blu-ray / Sundown, réalisé par Michel Franco

SUNDOWN réalisé par Michel Franco, disponible en DVD et Blu-ray le 22 novembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Tim Roth, Albertine Kotting McMillan, Samuel Bottomley, Charlotte Gainsbourg, Godriyah Faoziati, Ely Guerra, Mónica Del Carmen, Iazua Larios…

Scénario : Michel Franco

Photographie : Yves Cape

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En rentrant de l’aéroport, il demande à son taxi de le déposer dans une modeste « pension » d’Acapulco…

Du réalisateur mexicain Michel Franco, on connaissait Después de Lucia, son second long-métrage sorti en 2012. Un film choc, récompensé par le Grand prix au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, qui s’interrogeait sur ce qu’il advient quand un individu n’acceptant pas la mort d’un autre, en oublie de faire attention à ceux qui restent. Le récit se concentrait sur un père et sa fille adolescente, rongés de l’intérieur, qui ne parvenaient pas à surmonter leur deuil ni à communiquer, et abordait parallèlement les thèmes de l’humiliation et du harcèlement, de la violence, physique et psychologique, dans le monde des lycéens, jusqu’à un point particulièrement cruel. Depuis, Michel Franco aura signé cinq autres films, parmi lesquels on trouve deux collaborations avec Tim Roth, Chronic (2015) et le dernier en date Sundown. À l’instar de ses œuvres précédentes, le cinéaste crée un climat oppressant, prend le spectateur aux tripes petit à petit jusqu’à la dernière partie qui met les nerfs à fleur de peau, grâce à une mise en scène épurée, faisant la part belle aux plans-séquences fixes qui placent le spectateur dans la position de témoin impuissant, tout en l’emmenant parfois sur de fausses pistes. Les silences, les regards de son antihéros, magistralement interprété par l’un des plus grands et magnétiques comédiens britanniques n’ont pas fini de hanter la mémoire de celles et de ceux qui le suivront durant 80 minutes. Le nouveau tour de force de Michel Franco.

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Test Blu-ray / La Malédiction d’Arkham, réalisé par Roger Corman

LA MALÉDICTION D’ARKHAM (The Haunted Palace) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Debra Paget, Lon Chaney Jr., Frank Maxwell, Leo Gordon, Elisha Cook Jr..…

Scénario : Charles Beaumont, d’après H.P. Lovecraft et Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Ronald Stein

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1963

LE FILM

Avant de succomber dans les flammes, le sorcier Joseph Curwen jette un sort sur la localité d’Arkham en Nouvelle-Angleterre. Cent dix ans plus tard, son arrière-arrière-petit-fils, Charles Dexter Ward, arrive sur les lieux pour prendre possession du château dont il a hérité. En dépit de l’hostilité des villageois et de la peur que lui inspirent certains des habitants, des êtres difformes et menaçants, Ward reste, de plus en plus fréquemment possédé par l’esprit d’un ancêtre qui, muni du Nécronomicon, prépare l’ouverture des portes de l’au-delà aux monstrueux dieux anciens qu’il vénère…

Après les énormes succès critiques et publics rencontrés par La Chute de la Maison Usher, La Chambre des tortures, L’Enterré vivant, L’Empire de la terreur et Le Corbeau, Roger Corman souhaite faire quelques infidélités à Edgar Allan Poe et se pencher sur une nouvelle fantastique de l’écrivain H.P. Lovecraft, L’Affaire Charles Dexter Ward. Cependant, frileux à l’idée que ce projet ne rebute le public, Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson de la société de production American International Pictures décide purement et simplement « d’arnaquer » les spectateurs, non pas en faisant changer le scénario à Roger Corman, mais en intitulant le film – sans l’accord du réalisateur – The Haunted Palace, tiré du poème de Poe, cité à deux reprises durant le long-métrage, histoire d’intégrer ce nouvel opus dans le cycle. La Malédiction d’Arkham n’a rien d’une œuvre hybride, il s’agit bel et bien de la première transposition au cinéma d’une nouvelle d’H.P. Lovecraft, dans laquelle est par ailleurs citée le célèbre Necronomicon. Ce sixième « épisode » apparaît donc quasiment comme un hors-série, dans lequel l’aspect psychanalytique de Poe est forcément mis de côté, pour se concentrer sur une horreur « tangible » et réaliste représentée par un monstre tapis dans le noir. Paradoxalement, La Malédiction d’Arkham est sans aucun doute l’un des meilleurs opus de ce qu’on peut appeler une saga, le film étant merveilleusement mis en scène, photographié et surtout extraordinairement interprété par Vincent Price, dans un savoureux double-rôle.

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Test 4K UHD / Esther 2 : Les Origines, réalisé par William Brent Bell

ESTHER 2 : LES ORIGINES (Orphan : First Kill) réalisé par William Brent Bell, disponible en 4K Ultra HD, Blu-ray et DVD le 17 décembre 2022 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland, Hiro Kanagawa, Matthew Finlan, Samantha Walkes, David Lawrence Brown, Lauren Cochrane…

Scénario : David Coggeshall, d’après une histoire originale de David Leslie Johnson-McGoldrick

Photographie : Karim Hussain

Musique : Brett Detar

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Après avoir orchestré une brillante évasion d’un établissement psychiatrique, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d’une famille aisée. Mais, face à une mère prête à tout pour protéger sa famille, son plan va prendre une tournure inattendue. Il vous reste beaucoup de choses à découvrir sur Esther…

Esther est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’y attendait absolument pas…Treize ans séparent les deux opus, le premier étant sorti en 2009, ayant engrangé près de 80 millions de dollars dans le monde (pour un budget quatre fois moins élevé), avant de devenir un vrai petit film culte. Deux raisons à cela, d’une part pour l’impressionnante interprétation de la jeune Isabelle Fuhrman, onze ans au moment du tournage, d’autre part pour le twist qui révélait (on peut se permettre de le dire après toutes ces années passées) que la petite fille démoniaque s’appelait Leena Klammer, et qu’elle souffrait d’un dérèglement hormonal très rare, le panhypopituitarisme, une forme de nanisme, qui lui donnait l’apparence d’une fillette, alors qu’elle en avait en trente-trois. Un pari pour Isabelle Fuhrman qui devait donc jouer une adulte se faisant passer pour une enfant. Mais kezako Esther 2 : Les Origines ??? Comme son titre l’indique, ou pas d’ailleurs, car on peut être un peu paumés, il ne s’agit pas d’un second épisode à proprement parler, mais d’une préquelle du long-métrage de Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Instinct de survie, Non-Stop). L’action se déroule deux ans avant qu’Esther soit adoptée par Kate et son mari John, du temps où Leena était internée dans un hôpital psychiatrique en Estonie. Esther 2 : Les Origines part de cet argument dévoilé dans Esther premier du nom. Mais l’élément totalement inattendu c’est qu’Isabelle Fuhrman reprend le rôle qui l’a rendu célèbre ! Désormais âgée de 25 ans, elle est supposée interpréter Leena/Esther. L’actrice a évidemment changé et il est difficile aujourd’hui de la « faire passer » pour une enfant. Mais TOUT le film joue sur cette schizophrénie volontaire et assumée. En effet, Esther 2 : Les Origines va certainement décontenancer une bonne partie des spectateurs, qui penseront se retrouver devant un quasi-remake du premier volet. Et ceux-ci auront raison, le réalisateur William Brent Bell l’avouant volontiers. C’était sans compter LE retournement de situation aussi improbable que jubilatoire qui emmène le récit, les protagonistes et donc l’audience dans une autre direction. Ne comptez pas sur nous pour vous en révéler la teneur, mais sachez tout de même que cette idée dramatique frappadingue vaut assurément qu’on s’attarde sur cet Orphan: First Kill. Vous êtes prévenus.

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Test Blu-ray / La Chute de la Maison Usher, réalisé par Roger Corman

LA CHUTE DE LA MAISON USHER (House of Usher) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey, Harry Ellerbe, Eleanor LeFaber.…

Scénario : Richard Matheson, d’après Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Les Baxter

Durée : 1h19

Date de sortie initiale: 1960

LE FILM

Philip Withrop se rend a la maison Usher pour voir sa fiancée Madeline. Il est confronté au frère de la jeune femme, Roderick, qui s’oppose à leur mariage. Ce dernier explique à Withrop que sa famille est maudite, ses membres sombrant tous un jour ou l’autre dans la folie, ce qui les conduit toujours à la mort.

C’est de là que tout est parti. Quand il entreprend La Chute de la Maison Usher, Roger Corman a déjà 25 réalisations à son actif, deux douzaines de séries B-Z aux titres explicites comme L’Attaque des crabes géants, The Undead, The Saga of the Viking Women and Their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent, She Gods of Shark Reef, The Wasp Woman. Après La Petite Boutique des horreursThe Little Shop of Horrors, ce cher Roger propose à Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson un projet plus ambitieux que ses « petits trucs » à 65.000 dollars. Tourner en couleur, utiliser le cadre large et gonfler le budget à 200.000 dollars pour concurrencer l’arrivée de la télévision couleur dans les chaumières US. Banco pour l’American International Pictures, puisque, même si la société devra allonger 100.000$ de plus pour s’offrir Vincent Price, La Chute de la Maison Usher rapporte quatre fois sa mise et prouve à ses détracteurs que le metteur en scène est capable de rigueur, d’ampleur et d’élégance. Si Roger Corman n’a pas mis de côté sa recherche obsessionnelle de l’économie, La Chute de la Maison Usher subjugue par sa beauté plastique, mais aussi par la prestation impériale de Vincent Price au sommet de son art. Un classique inaltérable, un chef d’oeuvre intemporel.

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Test Blu-ray / La Chambre des tortures, réalisé par Roger Corman

LA CHAMBRE DES TORTURES (The Pit and the Pendulum) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, John Kerr, Barbara Steele, Luana Anders, Antony Carbone, Patrick Westwood, Lynette Bernay.…

Scénario : Richard Matheson, d’après Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Les Baxter

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1961

LE FILM

L’Espagne du XVIe siècle. L’anglais Francis Barnard arrive au château de Nicholas Medina, l’époux de sa soeur Elizabeth récemment décédée. Il apprend que la défunte s’était laissée gagner par l’atmosphère morbide de lieux dont le sous-sol cache une vaste salle des tortures dont Medina a hérité de son père, un inquisiteur sanguinaire ; Elizabeth y serait morte de peur… Pas très convaincu par cette explication, Barnard cherche à en savoir plus, de plus en plus troublé par le comportement de son hôte…

La Chambre des torturesThe Pit and the Pendulum est la transposition d’une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, publiée pour la première fois en 1842 dans la revue littéraire annuelle The Gift : A Christmas and New Year’s Present et en France dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires. Une demi-douzaine de moutures verront le jour, dont une emballée par Stuart Gordon en 1991, la première remontant même à 1909 par Henri Desfontaines, sans oublier l’adaptation d’Alexandre Astruc avec Maurice Ronet, moyen métrage de 1964 considérée comme étant la plus respectueuse de l’oeuvre originale, et bien sûr le film qui nous intéresse aujourd’hui, La Chambre des tortures (1961) de Roger Corman, librement inspiré de Poe. La célèbre scène de torture qui donne son titre à la nouvelle et au film en version originale, n’apparaît que dans le dernier quart d’heure. Par conséquent, il fallait broder un scénario autour de cet élément central. Soyons honnêtes, ce qui a été créé par l’auteur Richard Matheson manque souvent d’intérêt et cette seconde relecture d’Edgar Allan Poe par Roger Corman, un an après La Chute de la maison Usher et juste avant L’Enterré vivant n’est assurément pas le meilleur opus des huit. Demeure encore toutefois l’interprétation haute en couleur de Vincent Price, par ailleurs dans un double rôle, celui de Don Nicholas Medina et de son père Sebastian Medina.

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Test Blu-ray / L’Empire de la terreur, réalisé par Roger Corman

L’EMPIRE DE LA TERREUR (Tales of Terror) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone, Debra Paget, Joyce Jameson, Maggie Pierce, David Frankham.…

Scénario : Richard Matheson, d’après Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Les Baxter

Durée : 1h29

Date de sortie initiale: 1962

LE FILM

Un scénario divisé en trois histoires, trois adaptations d’Edgar Poe… Morella : Au terme de longues années d’absence, Lenora Locke rend visite à un père qui refuse de la connaître comme sa fille, la tenant responsable de la mort en couche de sa femme. S’il en vient à des sentiments meilleurs envers elle, le souvenir venimeux de la défunte finit par à nouveau le submerger. Le Chat noir : Montresor, un ivrogne notoire, dilapide l’argent du foyer lors de ses virées nocturnes, au grand dam de sa belle et tendre épouse qui succombe aux avances d’un soupirant, le propre compagnon de beuverie de son conjoint. Furieux, Montresor se venge sur son chat puis s’en prend aux amants… La Vérité sur le cas de M. Valdemar : Aux portes de la mort, Mr Valdemar fait appel au talent d’hypnotiseur du Dr Carmichael, dans l’ignorance que ce dernier le tiendra bientôt en son pouvoir. S’il consent à le laisser paisiblement mourir en le délivrant de mille souffrances, c’est sous condition que sa jeune femme l’épouse. Valdemar physiquement mort, son esprit n’en est pas moins actif, avide de revanche…

L’Empire de la terreur Tales of Terror est déjà la quatrième adaptation pour le cinéma d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe par le producteur et réalisateur Roger Corman, un cycle démarré deux ans auparavant avec La Chute de la maison Usher, La Chambre des tortures, L’Enterré vivant, qui se poursuivra avec Le Corbeau, La Malédiction d’Arkham, Le Masque de la mort rouge et La Tombe de Ligeia. Huit longs-métrages tournés en quatre années seulement, durant lesquelles Roger Corman tente chaque fois de se renouveler, afin de ne pas lasser les spectateurs, tout en leur offrant encore et toujours leur lot d’émotions fortes. C’est le cas avec L’Empire de la terreur, qui a pour particularité d’être en réalité un film à sketches, qui comporte trois segments placés sous le signe de la terreur et qui sont tous interprétés par le fidèle Vincent Price, métamorphosé dans chaque partie. Du point de vue formel, la recette est la même, les décors sont somptueux, tout comme les costumes, la mise en scène élégante dissimule un budget qu’on imagine modeste. Nous sommes en pleine série B, mais de très grande classe et même si le dernier acte est sans doute le plus faible du lot, l’immense réussite des deux premiers demeure aujourd’hui indiscutable.

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Test Blu-ray / Ursus l’invincible, réalisé par Gianfranco Parolini

URSUS L’INVINCIBLE (Gli invincibili tre) réalisé par Gianfranco Parolini, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 8 novembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Sergio Ciani, Mimmo Palmara, Rosalba Neri, Carlo Tamberlani, Gianni Rizzo, Vassili Karis, Nello Pazzafini, Enzo Maggio…

Scénario : Lionello De Felice, Arnaldo Marrosu & Gianfranco Parolini

Photographie : Francesco Izzarelli

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Usurpant l’identité d’Ursus, le tyran Théomaque a pris le trône d’Attra et impose son pouvoir. Le prince Dario, soucieux de rétablir le véritable souverain, fait alors appel à Ursus. Ce dernier, avec deux compagnons, se mettent en route pour Attra. Il faudra toute la musculature et l’ingéniosité du héros pour renverser le despote.

Ursus est un genre de mammifères carnivores de la famille des ursidés, les ours. Un ours, c’est aussi le logo de l’éditeur Artus Films. Et Artus Films nous permet de découvrir Ursus l’invincible, car Ursus est au même titre que Maciste un héros de l’antiquité, inventé dans quelques œuvres modernes et plus précisément dans Quo Vadis ? (1899) du polonais Henryk Sienkiewicz, porté à plusieurs reprises au cinéma et de ce fait transporté dans différentes contrées voire des époques complètement diverses. Certains auront à l’esprit une représentation d’Ursus en prise avec un taureau ou un boeuf sauvage, qu’il affronte naturellement à mains nues, car bien sûr le personnage est doté d’une force surhumaine. Il n’en fallait pas plus pour que le péplum, transalpin évidemment, s’empare d’Ursus pour en faire le héros d’une poignée de films au début des années 1960. Outre La Vengeance d’Ursus La Vendetta di Ursus de Luigi Capuano, La Fille des Tartares Ursus e la ragazza Tartara de Remigio Del Grosso, Ursus dans la terre de feuUrsus nella terra di fuoco de Giorgio Simonelli, Ursus le rebelle Ursus, il gladiatore ribelle de Domenico Paolella et avant Le Grand Défi : Hercule, Maciste, Samson et UrsusErcole, Sansone, Maciste e Ursus Gli invincibili de Giorgio Capitani, Gianfranco Parolini nous gratifiait d’un Ursus l’invincible Gli invincibili tre. Dans le rôle-titre, Sergio Ciani, plus connu sous le pseudonyme d’Alan Steel, apporte à ce demi-Dieu ses muscles saillants (et qui l’empêchent de bouger avec agilité, il faut bien le dire), sa belle tête de vainqueur et son jeu approximatif (euphémisme), ainsi qu’un humour bon enfant. Celui qui a aussi interprété Samson, Hercule et Maciste s’en sort « relativement » bien dans Ursus l’invincible, même s’il se fait voler facilement la vedette par le charismatique et beaucoup plus crédible Mimmo Palmara (Un flic explosif, Les Travaux d’Hercule, Les Derniers jours de Pompéi, Le Colosse de Rhodes), dans le rôle de l’usurpateur. Dans l’ensemble, on passe un bon moment devant ce péplum qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux.

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Test Blu-ray / Seul dans la nuit, réalisé par Christian Stengel

SEUL DANS LA NUIT réalisé par Christian Stengel, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 23 novembre 2022 chez Pathé.

Acteurs : Bernard Blier, Sophie Desmarets, Jacques Pills, Jean Davy, Marcel André, Nathalie Nattier, Ginette Baudin, Annette Poivre, Ariane Murator, Robert Le Fort…

Scénario : Jacqueline Boisyvon, Yves Boisyvon & Marc-Gilbert Sauvajon

Photographie : Christian Matras

Musique : Louiguy & Francis Lopez

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Une série de crimes affecte l’entourage d’un chanteur célèbre. Chaque fois que l’un d’eux est perpétré, la voix de l’artiste se fait entendre fredonnant sa chanson favorite. Les soupçons déterminent une poursuite dans un Paris nocturne qui aboutit à un théâtre désaffecté où l’assassin a attiré sa dernière victime.

Bernard Blier, à peine 30 ans, mince (depuis son retour d’un Stalag où il fut emprisonné en Autriche) dans la gabardine de l’inspecteur Robert Pascal ! C’est dans Seul dans la nuit, sorti sur les écrans français en novembre 1945 et réalisé par Christian Stengel (1902-1986). Si le nom de ce dernier demeure méconnu des cinéphiles, celui-ci obtiendra un beau succès avec Je chante en 1938, avec Charles Trenet en vedette, et La Famille Duraton, interprété par Jules Berry et Noël-Noël. Seul dans la nuit est un polar, forcément influencé par le film noir américain, qui en était alors à ses débuts, mais qui en cinq ans avaient vu se succéder Le Faucon maltais The Maltese Falcon de John Huston, Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle, La Clé de verre The Glass Key de Stuart Heisler, même si la plupart débarqueront dans les salles françaises après la guerre. Cependant, le film policier hexagonal n’est pas en reste avec Les Inconnus dans la maison d’Henri Decoin, sans oublier L’Assassin habite au 21 et Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot. Tandis qu’il remonte progressivement sur les planches avec des pièces de Marcel Achard, de Georges Feydeau et même d’Anton Tchekhov, Bernard Blier réapparaît amaigri et le crane de plus en plus dégarni sur les écrans, un physique qui lui permet d’aborder de nouveaux registres devant la caméra de Christian-Jaque (L’Enfer des anges, L’Assassinat du père Noël, La Symphonie fantastique, Carmen), mais aussi celle de Marcel L’Herbier (La Nuit fantastique), Claude Autant-Lara (Le Mariage de Chiffon) et Marc Allégret (Les Petites du quai aux fleurs). Il est impeccable dans Seul dans la nuit, jeune flic idéaliste qui se voit confier sa première mission et qui va vite déchanter devant les agissements impitoyables d’un tueur qui s’en prend à des jeunes femmes. Le comédien apporte une vraie chaleur humaine à son personnage, ainsi qu’une savoureuse pointe de cynisme et un humour noir plaisant. On suit donc cette enquête « rétro », qui outre la qualité de sa distribution comporte encore quelques éléments qui n’ont pas trop souffert des années passées et qui font toujours leur petit effet. Une belle découverte.

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Test Blu-ray / L’Homme tranquille, réalisé par John Ford

L’HOMME TRANQUILLE (The Quiet Man) réalisé par John Ford, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 23 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, Maureen O’Hara, Barry Fitzgerald, Ward Bond, Victor McLaglen, Mildred Natwick, Francis Ford, Eileen Crowe…

Scénario :  Frank S. Nugent, d’après la nouvelle de Maurice Walsh

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Victor Young

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Sean Thornton, ancien boxeur américain, est de retour dans son Irlande natale. Désireux de racheter la chaumière et le lopin de terre que ses parents possédaient, il entre en conflit avec Red Will Danaher, qui lorgne également sur le bout de terrain. La situation se complique lorsque Sean tombe amoureux de Mary Kate, la propre sœur de Danaher.

TOUT ce qui fait rêver les cinéphiles est dans cet immense chef d’oeuvre absolu de tous les temps, L’Homme tranquilleThe Quiet Man de John Ford. Projet très longuement mûri, au moins durant une bonne quinzaine d’années, mais sans cesse repoussé en raison de producteurs frileux qui ne voulaient pas s’engager dans cette aventure, en dépit d’un tel réalisateur aux commandes, L’Homme tranquille parvient tout de même à sortir sur les écrans en 1952. Et soixante-dix ans plus tard, pas une ride, rien n’a égratigné The Quiet Man, au contraire, le charme agit avec autant de fraîcheur qu’au premier jour, comme un véritable conte de fées pour grandes personnes. D’ailleurs, John Ford avait coutume de dire qu’il s’agissait de sa première tentative d’histoire d’amour entre adultes. De la photographie nimbée du vert irlandais réalisée en Technicolor et concoctée par le chef opérateur Winton C. Hoch (La Charge héroïque, Le Fils du désert, La Prisonnière du désert) à la distribution prestigieuse, en passant par la musique de Victor Young (Les Tigres volants, Les Implacables, Les Yeux de la nuit, Espions sur la Tamise), sans oublier bien sûr un bijou de scénario de Frank S. Nugent (Les 2 cavaliers, La Dernière fanfare, Un si doux visage) inspiré au départ d’une nouvelle de Maurice Walsh, L’Homme tranquille est indéniablement le film le plus personnel John Martin Feeney aka John Ford (1894-1973), qui en avais acquis les droits dès 1936, celui pour lequel il se battra longtemps, envers et contre tous (la MGM, la London Films, la Warner et la Fox se sont débinés, la RKO laissera tomber après le bide de Dieu est mort), certain de tenir ici l’histoire, le décor et l’opportunité pour rendre hommage à ses parents nés en Irlande, avant d’émigrer aux Etats-Unis en 1872. Ce retour sur la terre natale de ses ancêtres est bénéfique pour le cinéaste, obligé avant cela de revenir au western et de livrer Rio Grande avec la même équipe, pour conforter ainsi le producteur de la Republic Pictures, Herbert J. Yates, afin de lui assurer un succès commercial colossal, pour obtenir le budget nécessaire à sa « reproduction idéalisée » de l’Irlande qu’il avait en tête. L’Homme tranquille s’inscrit aisément au Panthéon des plus beaux et enthousiasmants films de toute l’histoire du cinéma.

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