Test Blu-ray / La Brigade du suicide, réalisé par Anthony Mann

LA BRIGADE DU SUICIDE (T-Men) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Dennis O’Keefe, Mary Meade, Alfred Ryder, Wallace Ford, June Lockhart, Charles McGraw, Jane Randolph, Art Smith…

Scénario : John C. Higgins, d’après une histoire originale de Virginia Kellogg

Photographie : John Alton

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1947

LE FILM

Dennis O’Brien et Tony Genaro ne se font guère d’illusions lorsqu’ils acceptent la mission que leur confie le département des Finances. Ils savent que leur vie ne pèse pas lourd face aux intérêts de la puissante bande de faux-monnayeurs, si bien organisée qu’elle inonde le pays de monnaie de singe, si bien dissimulée qu’ils doivent se faire passer pour des gangsters afin d’en retrouver la trace…

Si l’on devait réaliser un classement des meilleurs films noirs de l’histoire du cinéma, La Brigade du suicide T-Men apparaîtrait assurément en très bonne position. Depuis la fin des années 1930, Anthony Mann (1906-1967), de son vrai nom Emil Anton Bundsmann, n’a fait que grimper les échelons. En effet, l’ancien fondateur de la troupe de théâtre Stock Company, dans laquelle allait officiait un certain James Stewart, s’est ensuite vu proposer de superviser les essais d’acteurs pour le compte de la prestigieuse Selznick International Pictures, sur les films comme La Famille sans-souci The Young in Heart de Richard Wallace, Le Lien sacré Made for Each Other de John Cromwell, et surtout Autant en emporte le vent Gone With The Wind de Victor Fleming, ainsi que Rebecca d’Alfred Hitchcock. Après cette expérience, Anthony Mann devient assistant de Preston Sturges chez Paramount Pictures sur Les Voyages de Sullivan Sullivan’s Travels en 1941. A la recherche de nouveaux talents derrière la caméra, le studio lui confie son premier long-métrage dès l’année suivante, Dr. Broadway, adapté d’un roman de Borden Chase. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicideT-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men éponymes donc) avec une précision quasi-documentaire. Immense succès, La Brigade du suicide s’avère la première des six collaborations entre le metteur en scène et le directeur de la photographie John Alton (Elmer Gantry, le charlatan de Richard Brooks, La Femme modèle de Vincente Minnelli, Deux rouquines dans la bagarre d’Alan Dwan). En l’espace de trois années, les deux hommes marqueront le septième art par leur virtuose association, qui prendra son essor dès leur second film en commun, Marché de brutes – Raw Deal, essai définitivement transformé cinq mois plus tard, jusqu’à leur ultime opus, le phénoménal Devil’s Doorway La Porte du diable. Mais pour l’heure, La Brigade du suicide, s’inspire d’une histoire de Virginia Kellogg (L’Enfer est à lui White Heat de Raoul Walsh), adaptée pour le cinéma par John C. Higgins (La Dernière flèche de Joseph M. Newman). T-Men demeure d’une folle modernité près de soixante-quinze après sa sortie, un exemple, un mètre étalon du suspense, autant passionnant sur le fond que sur la forme, qui n’a eu de cesse d’être copié depuis, mais très rarement égalé.

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Test Blu-ray / Crisis, réalisé par Nicholas Jarecki

CRISIS réalisé par Nicholas Jarecki, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez, Luke Evans, Lily-Rose Depp, Guy Nadon…

Scénario : Nicholas Jarecki

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Raphael Reed

Durée : 2h

Année de sortie : 2021

LE FILM

L’arrestation à la frontière canadienne d’un passeur en possession d’une cargaison d’un puissant anti-douleur opioïde déclenche une série d’évènements incontrôlables. L’opération sous couverture d’un agent du FBI désormais compromise se complique encore avec la vendetta d’une ancienne addict alors qu’un éminent chercheur sonne l’alerte sur les dérives d’une industrie pharmaceutique corrompue.

Venu du documentaire avec The Outsider en 2005, dans lequel il suivait son confrère James Toback en pleine création, le réalisateur Nicholas Jarecki se fait surtout connaître des cinéphiles avec Arbitrage, son premier long-métrage sorti en 2012 – une belle et bonne surprise – inspiré par la crise financière internationale. Dans ce film, que l’on pourrait rapprocher de l’excellent Margin Call de J.C. Chandor, le scénariste et metteur en scène, lui-même fils de trader, offrait à Richard Gere l’un de ses meilleurs rôles, qui incarnait un magnat de la finance qui possède tout, mais qui cachait aussi un être sombre, sans scrupules, arrogant, n’hésitant pas à escroquer ses adversaires, sa propre entreprise de plusieurs centaines de millions de dollars, à mentir à sa famille dont sa femme et sa fille (et employée), et au passage à dissimuler sa responsabilité dans l’accident ayant entraîné la mort de sa maîtresse. La grande réussite d’Arbitrage était de parvenir à rendre attachant ce personnage que rien ni personne ne semblait ébranler. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour que Nicholas Jarecki revienne derrière la caméra avec Crisis, thriller qui s’inspire d’un des plus grands scandales sanitaires de tous les temps, une crise de santé publique liée à celle des opioïdes, entraînant une surprescription d’opiacés à fort risque d’accoutumance, à l’instar de l’Oxycodone. Si le réalisateur « invente » un médicament à risque dans son film, le procès en Oklahoma contre Johnson & Johnson (entreprise pharmaceutique américaine), qui avait dissimulé les risques de dépendance liés à la prise d’anti-douleurs à base d’opiacés, l’a évidemment guidé. En prenant en compte que près de 500.000 américains seraient morts par overdose aux États-Unis en deux décennies à cause de ces opiacés, Nicholas Jarecki livre un film dans la mouvance du récent Dark Waters de Todd Haynes, du sublime Erin Brockovich, seule contre tous (2000) de Steven Soderbergh, Révélations (1999) de Michael Mann et The Constant Gardener (2005) de Fernando Meirelles. S’il n’atteint pas les cimes comme ces précédents exemples, Crisis s’en sort remarquablement à travers un récit à plusieurs branches, où les histoires et les personnages sont narrés en parallèle, pour ensuite s’entrecroiser comme dans Traffic (2000) de Steven Soderbergh (tiens, encore lui) et Collision Crash (2004) de Paul Haggis. Certes, la mise en scène ne peut rivaliser avec celle des illustres références mentionnées ci-dessus, mais Nicholas Jarecki est loin d’être un tâcheron ou un simple faiseur. L’élégance de son long-métrage est indéniable, le scénario est passionnant, et le casting composé de Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez et Luke Evans est impeccable.

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Test Blu-ray / Les Feux de l’enfer, réalisé par Andrew V. McLaglen

LES FEUX DE L’ENFER (Hellfighters) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : John Wayne, Katharine Ross, Jim Hutton, Vera Miles, Jay C. Flippen, Bruce Cabot, Edward Faulkner, Barbara Stuart…

Scénario : Clair Huffaker

Photographie : William H. Clothier

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Chance Buckman dirige une entreprise spécialisée dans l’extinction des feux liés aux puits de pétrole. Lors d’une intervention périlleuse il est gravement blessé et finit à l’hôpital. L’un de ses associés appelle alors la fille de Chance, avec laquelle il est brouillé. L’homme blessé va renouer petit à petit avec sa fille et son ex-femme, toujours traumatisée par les années passées…

Les années 1960 prennent fin et à Hollywood tout est bouleversé depuis l’abandon du tristement célèbre Code Hays. Bonnie and Clyde d’Arthur Penn et Le Lauréat – The Graduate de Mike Nichols déboulent sur les écrans. Le fonctionnement des studios est remis en question, ainsi que la crédibilité des stars déjà bien installées, qui apparaissent soudainement anachroniques, pour ne pas dire archaïques. C’est le cas de notre cher John Wayne, qui juste après El Dorado de Howard Hawks, avait enchaîné avec Les Bérets verts The Green Berets, qu’il avait coréalisé avec Ray Kellogg, film foncièrement conservateur mis en œuvre pour justifier l’intervention américaine au Viêt Nam. Alors qu’il s’évertue à illustrer son engagement personnel, patriote jusqu’au bout des ongles et fervent républicain, le comédien est également bien décidé à ne pas se laisser écraser par ce nouveau courant en vogue et par une nouvelle génération prête à remettre en cause les idéaux fondamentaux des Etats-Unis. Il s’investit corps et âme dans Les Feux de l’enfer Hellfighters de son ami Andrew V. McLaglen (1920-2014), avec lequel il avait déjà tourné Le Grand McLintock McLintock! cinq ans auparavant et qu’il retrouvera encore à trois reprises (Les Géants de l’Ouest The Undefeated, Chisum et Les Cordes de la potence Cahill U. S. Marshal). Dans cet apparent film d’action, John Wayne incarne le mâle alpha, le patriarche, comme une réincarnation de l’Oncle Sam. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas prêt à raccrocher les gants (ignifugés) dans Les Feux de l’enfer, dans lequel il interprète le héros US dans toute sa splendeur et qui malgré ses soixante balais, compte bien faire la morale à la jeunesse décadente. Contrairement à ce que l’on pouvait penser après avoir découvert la bande-annonce et vu les photos d’exploitation, Hellfighters n’est pas un film catastrophe, mais une comédie de remariage teinté de romance et de mélo, où John Wayne se confronte à la magnifique Katharine Ross, révélée par Andrew V. McLaglen trois ans auparavant dans le superbe ShenandoahLes Prairies de l’honneur, avant d’exploser aux yeux du monde dans Le Lauréat. Deux écoles s’affrontent dans ce spectacle fort sympathique, même si on se rend compte très vite que ce sont bien les mecs font tout le boulot et que les « bonnes femmes » devraient rester à la maison pour faire le ménage, s’occuper des gamins s’il y en a et préparer un bon petit plat prêt à servir du four quand nos héros reviennent du turbin. C’était le bon temps…on rigole bien sûr, mais à l’écran cela demeure rigolo et divertissant, surtout que les séquences enflammées valent sacrément le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Eclipse, réalisé par Artyom Aksenenko

ECLIPSE (Zatmenie – Мистическая Игра) réalisé par Artyom Aksenenko, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Alexander Petrov, Diana Pozharskaya, Ekaterina Kabak, Sergey Burunov, Svetlana Golovina, Kirill Kozakov, Semyon Lopatin, Andrey Perunov…

Scénario : Oleg Sirotkin

Photographie : Vyacheslav Lisnevskiy

Musique : Aleksandr Maev

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le jour d’une éclipse, Alex rencontre Kristina et le charme commence à opérer entre eux. C’est l’opportunité pour le magicien Rustam de s’emparer de leur essence magique en leur lançant une malédiction.

Certaines grosses productions soviétiques parviennent à se frayer un chemin jusqu’en France grâce au marché de la VOD et du DVD, à l’instar du sympathique Titanium (2014) de Dmitriy Grachev ou l’affreux Guardians (2017) de Sarik Andreasyan, sans oublier Attraction 1 et 2 de Fedor Bondarchuk (2017-2020), Sputnik, espèce inconnue (2020) – rien à voir avec leur vaccin anti-COVID Spoutnik V – d’Egor Abramenko, Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko, ainsi que le diptyque Night Watch Day Watch (2004-2008) de Timur Bekmambetov, qui avait réussi à se frayer un chemin vers les salles hexagonales et permis à son réalisateur d’obtenir son billet d’entrée à Hollywood pour y tourner Wanted : Choisis ton destin avec Angelina Jolie et James McAvoy. Le blockbuster soviétique existe bel et bien et nous sommes chaque fois curieux de découvrir ce qu’ils peuvent bien nous pondre au doux pays de Vladimir. Voici donc Eclipse, titre adopté dans nos contrées, traduit littéralement de Zatmenie en version originale, ou bien encore Mystic Game pour son exportation, qui surfe un peu sur toutes les grandes sagas – avortées ou non – qui ont déferlé sur les écrans depuis dix ou quinze ans, de Harry Potter en passant par Twilight, Divergente, The Mortal Instruments et Sublimes créatures. Tout cela à la sauce vodka, sous un climat rugueux et avec des acteurs à la peau diaphane qui parlent une langue étrange comme s’ils étaient en pleine incantation. Eclipse n’a rien de déshonorant, c’est juste qu’il est extrêmement bordélique et ce du début à la fin en dépit de sa très courte durée (75 minutes, montre en main). Voulant probablement parler de beaucoup de choses dans un temps extrêmement resserré, le réalisateur Artyom Aksenenko (né en 1983) montre ce qu’il a sous le capot, mais le scénario d’Oleg Sirotkin ne l’aide pas des masses. Plein de portes s’ouvrent dans Eclipse, les thèmes intéressants sont présents ou exposés, mais rien n’y est développé, tout va trop vite, on ne comprend rien. Rien à redire sur les acteurs, impeccables et grâce auxquels on arrive finalement au bout de cette 1h15, même si la frustration demeure en fin de projection, celle de s’être fait quelque peu avoir en assistant à l’introduction d’une franchise nouvellement créée. Cela ne semble pas être le cas puisque Eclipse est déjà sorti il y a cinq ans et qu’un deuxième volet n’est pas (ou plus) à l’ordre du jour…

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Test Blu-ray / Cheerful Wind, réalisé par Hou Hsiao-hsien

CHEERFUL WIND (Feng er ti ta cai – 風兒踢踏踩) réalisé par Hou Hsiao-hsien, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Feng Fei Fei, Kenny Bee, Anthony Chan, Ying Shih, Chou Wan-Sheng, Ling Wu, Chen Yin-Hao, Chuang Hui-Fen…

Scénario : Yao Chiung & Hou Hsiao-Hsien

Photographie : Chen Kun-Hou

Musique : Lin Tsan-Ching

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Hsing-hui travaille comme assistante photographe sur le tournage d’une publicité. Elle fait la rencontre de Chin-tai, un aveugle dont elle tombe amoureuse alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Lorsque ce dernier propose à Hsing-hui de l’accompagner avec lui en Europe, la jeune femme doit alors choisir entre l’amour et son rêve le plus cher…

Bien avant Les Fleurs de Shanghai (1998), Millenium Mambo (2001), Café Lumière (2003), Three Times (2005), Le Voyage du ballon rouge (2007) et The Assassin (2015), le réalisateur et chef de file du cinéma d’auteur taïwanais Hou Hsiao-hsien (né en 1947) ou HHH pour les intimes cinéphiles, faisait ses premières armes au cinéma en 1980 avec Cute Girl, dans lequel une jeune fille issue d’une famille riche, amoureuse d’un jeune homme de condition modeste, était forcée de se marier avec le fils d’un industriel. L’année suivante, le cinéaste retrouve les trois interprètes – et par ailleurs artistes de pop-variété – de son film précédent, Feng Fei Fei, Kenny Bee et Anthony Chan, pour une nouvelle comédie-romantico-sentimentale intitulée Cheerful Wind, son second long-métrage. Alors bien sûr, les passionnés du cinéma asiatique essaieront de chercher ce qui fera de Hou Hsiao-hsien l’un des metteurs en scène et auteur chinois les plus importants, mais force est de constater que rien ou très peu d’éléments pourront rapprocher Cheerful Wind des Garçons de Fengkuei (1983), Un été chez grand-père (1984), Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) et Poussières dans le vent (1986), quatre œuvres autobiographiques qui viendront après L’Herbe verte de chez nous (1983), dernier volet de la « trilogie romantique ». Toutefois, ce film de jeunesse, même si HHH avait près de 35 ans, demeure léger comme une bulle de savon, un divertissement drôle, sympathique et on ne peut plus attachant, qui ressemble pour ainsi dire à un manhua live (autrement dit une BD chinoise), très élégant, marqué par la fraîcheur, l’alchimie et la spontanéité de ses comédiens.

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Test Blu-ray / Les Monstres de la mer, réalisé par Barbara Peeters

LES MONSTRES DE LA MER (Humanoids from the Deep) réalisé par Barbara Peeters, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Pena, Denise Galik, Lynn Theel, Meegan King…

Scénario : Frank Arnold, Martin B. Cohen & Frederick James

Photographie : Daniel Lacambre

Musique : James Horner

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Le petit village tranquille de Noyo est victime d’une vague de violence. Les hommes sont assassinés et les femmes sont violées. Il apparaît rapidement qu’une expérience génétique a mal tourné, et une nouvelle race de créatures mi-homme, mi-poisson quitte son monde aquatique… pour s’accoupler avec les femmes !

Au début des années 1980, Roger Corman se consacre uniquement à la production et Dieu sait qu’il a du pain sur la planche. En effet, en l’espace de quelques mois, au moins une dizaine de longs-métrages affichent son nom en lettres dorées et celles de sa société New World Pictures, à l’instar de Destructor de Max Kleven et The Private Eyes de Lang Elliott. Deux de ses films se distinguent. Le premier est Les Mercenaires de l’espace Battle Beyond the Stars de Jimmy T. Murakami, dont Roger Corman reprend le tournage sans être crédité, le second est Les Monstres de la mer Humanoids from the Deep. Cette série B, limite Z avec son budget famélique, ses deux semaines de prises de vue et son casting de quasi-inconnus complètement à côté de la plaque, est symbolique du génie du producteur spécialisé dans le cinéma d’exploitation. Il confie son nouveau bébé à Barbara Peeters, remarquée dès 1970 avec son premier film, Je suis une hard-girl The Dark Side of Tomorrow, puis Les Diablesses de la moto Bury Me an Angel (1971), Summer School Teachers (1975) et Starhops (1978). Roger Corman avait déjà été impressionné par la qualité d’écriture, mais aussi et surtout par l’efficacité de la mise en scène de la réalisatrice, au point de lui avoir produit son troisième opus. Recherchant une nouvelle approche de l’horreur et une sensibilité inédite pour aborder le genre, le nabab lui propose donc Les Monstres de la mer, avant tout destiné aux projos dans les drive-in et devant comporter les ingrédients attendus par les spectateurs avides de ce genre de spectacle, autrement dit du sang, du gore même, et des belles nanas chichement habillées voire carrément nues si cela est possible. Barbara Peeters s’acquitte de sa tâche en grande professionnelle, mais la copie rendue déçoit Roger Corman en raison du manque de sexe. La cinéaste refuse de procéder à des reshoots. Qu’à cela ne tienne, le producteur rappelle son poulain Jimmy T. Murakami pour filmer quelques plans boobs bien gratos et des séquences beaucoup plus explicites de viols de femmes par les humanoids éponymes. Énorme succès en son temps, que reste-t-il des Monstres de la mer quarante ans après ? Un formidable divertissement complètement fou, très bien rythmé, malin, à la photographie soignée, qui fait rire autant pour son côté nawak que pour le mauvais jeu des comédiens. 80 minutes de rires non-stop, cela ne se refuse pas et surtout fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Vous ne verrez plus jamais un pavé de saumon de la même façon !

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Test Blu-ray / La Colonie (Tides), réalisé par Tim Fehlbaum

LA COLONIE (Tides) réalisé par Tim Fehlbaum, disponible en DVD et Bluray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen, Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, Bella Bading, Hong Indira Rieck…

Scénario : Tim Fehlbaum, Mariko Minoguchi, Jo Rogers & Tim Trachte

Photographie : Markus Förderer

Musique : Lorenz Dangel

Durée : 1h44

Année de sortie : 2021

LE FILM

Dans un avenir pas si lointain. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler et doit prendre une décision qui scellera le sort de la population sur les deux planètes.

S’il y a des trous le gruyère en Suisse, il n’y en a pas dans le scénario de La Colonie ou Tides, titre international d’exploitation de cette production germano-helvétique et deuxième long-métrage du réalisateur Tim Fehlbaum, venu tout droit de la confédération. Né en 1982, ce dernier avait été remarqué avec son premier film Hell, primé dans divers festivals (Sitges, Munich…), sorti il y a dix ans, dans lequel il parlait déjà de l’avenir de la planète, en y montrant notamment la surface du globe brûlée par les rayons du soleil, des terres asséchées, et une nourriture devenue rare. Dans Hell, deux types de survivants s’opposaient, les proies et les prédateurs, tandis que trois camarades traversaient des paysages désolés dans l’espoir d’y trouver de l’eau. En 2021, Tim Fehlbaum, toujours sous la houlette de Roland Emmerich, producteur exécutif, s’interroge une fois de plus dans Tides sur les futures conditions de la Terre, mais aussi et surtout sur celled de l’être humain, le responsable des différentes catastrophes écologiques et qui n’a rien fait pour y remédier, celui qui espère que la planète renaîtra, celui qui profite de cette situation pour asservir son prochain, assouvir ses pulsions et devenir le maître de ce nouveau monde post-apocalyptique. Comme dans Hell, les survivants vont devoir s’engager dans un long combat pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui ont décidé de s’emparer du pouvoir pour façonner la planète comme ils l’entendent, au détriment de la liberté d’autrui. Il y a beaucoup d’éléments passionnants dans cette étrange Colonie, film de science-fiction, d’anticipation pour être précis, qui confirme le potentiel d’un metteur en scène et scénariste sur lequel on misait déjà et auquel Hollywood ne devrait pas tarder à faire de l’oeil. Enfin, Tides offre à la française Nora Arnezeder son meilleur rôle à ce jour. De tous les plans, bad-ass, d’une sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dramatiques, l’actrice découverte en 2008 dans Faubourg 36 de Christophe Barratier et dernièrement à l’affiche d’Army of the Dead de Zack Snyder, a pris du galon ainsi que du charisme et signe une très belle performance qui participe grandement à la réussite de Tides.

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Test Blu-ray / The Boxer, réalisé par Jim Sheridan

THE BOXER réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emily Watson, Brian Cox, Ken Stott, Kenneth Cranham, Gerard McSorley…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan

Photographie : Chris Menges

Musique : Gavin Friday & Maurice Seezer

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Belfast. Danny Flynn avait l’étoffe d’un champion de boxe et rêvait d’un avenir heureux avec sa fiancée Maggie. Entré dans les rangs de l’IRA, jeté malgré lui dans l’action violente et condamné à quatorze ans de prison pour un attentat dont il n’était pas coupable, Danny garda le silence. Il ne livra aucun de ses compagnons de lutte, mais prit des distances avec eux comme avec son passé, et rendit sa liberté à Maggie en acceptant qu’elle épouse son meilleur copain. Aujourd’hui Danny est libre. Dans son ancien quartier, dévasté par la guerre, le boxeur remonte la pente…

Troisième et dernière collaboration entre le réalisateur irlandais Jim Sheridan et le comédien britannique (naturalisé irlandais en 1993) Daniel Day-Lewis, The Boxer ne possède pas le même prestige que My Left Foot (1989) et Au nom du père In the Name of the Father (1994), mais n’a eu de cesse d’être réhabilité depuis sa sortie en 1997. S’il a beaucoup moins rapporté que le film précédent (16 millions contre 65 millions de dollars pour Au nom du père), The Boxer clôt pourtant de façon élégante cette « trilogie irlandaise » qui a autant compté dans la carrière du metteur en scène que dans celle de sa tête d’affiche, très largement nommée et récompensée dans le monde entier. Si l’on compare The Boxer aux deux autres, celui-ci s’avère le plus maniéré, le plus sophistiqué, au niveau de sa réalisation, le plus stylisée, en raison de la photographie de Chris Menges (La Déchirure The Killing Fields et Mission The Mission de Roland Joffé, The Pledge de Sean Penn), qui par ses filtres bleutés représente l’atmosphère glacée de Belfast. The Boxer détient un cachet plus « surréaliste » et sans doute moins viscéral, plus « cinématographique », moins brut, plus poseur aussi certainement. Ces partis-pris créent un sensible détachement, mais on ne peut s’empêcher d’admirer l’implication toujours cinglée de Daniel Day-Lewis, dont le côté jusqu’au-boutiste a décontenancé Jim Sheridan, qui avait du mal cette fois à contenir son acteur, qui s’était fixé comme objectif de « devenir » boxeur, au point de prendre de vrais coups et d’oublier les problèmes que cela pouvait engendrer, comme les raccords de maquillage et de continuité. Il n’empêche que rarement un comédien aura atteint cette perfection, à tel point que Barry McGuigan, son coach, mais aussi consultant et par ailleurs ancien boxeur lui-même (champion poids plume dans les années 1980) dont la vie a inspiré une partie du film, aurait déclaré que Daniel Day-Lewis s’était hissé à un niveau égal voire supérieur aux sportifs professionnels. Aux côtés de la star, la bouleversante Emily Watson, tout juste révélée par Breaking the Waves de Lars von Trier, ainsi que Brian Cox, impérial dans la peau de Joe Hamill, tirent leur épingle du jeu. Faux film sportif, mais vrai drame politique et histoire d’amour contrariée, The Boxer demeure un grand film. Dommage toutefois que les deux premiers actes n’aient pas la force viscérale de la dernière partie, qui prend littéralement aux tripes et les malaxent jusqu’à en donner la nausée. C’est entre autres grâce à ce dénouement extraordinaire que The Boxer mérite d’être réévalué.

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Test Blu-ray / À la folie, réalisé par Diane Kurys

À LA FOLIE réalisé par Diane Kurys, disponible en Édition Combo Bluray + DVD le 7 juillet 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Anne Parillaud, Béatrice Dalle, Patrick Aurignac, Bernard Verley, Alain Chabat, Jean-Claude de Goros, Marie Guillard, Robert Benitah…

Scénario : Diane Kurys & Antoine Lacomblez

Photographie : Fabio Conversi

Musique : Michael Nyman

Durée : 1h33

Année de sortie : 1994

LE FILM

Elsa arrive un soir à Paris chez sa soeur Alice après avoir quitté ses deux enfants et son mari, Thomas, qui la trompait avec Betty, la baby-sitter. Alice, artiste-peintre au succès naissant, vient tout juste de s’installer avec Franck, un jeune et séduisant boxeur. Mais l’arrivée de l’envahissante Elsa dans leur petit appartement sous les toits perturbe très vite leur amour et leur tranquillité. Alice, timide et angoissée n’ose pas chasser sa soeur qui adopte bientôt une attitude ambiguë et provocante. Peu à peu, leurs relations se dégradent.

C’est la rencontre au sommet de deux actrices « du moment ». D’un côté, Anne Parillaud, 34 printemps, quatre ans après son explosion dans Nikita, de l’autre, Béatrice Dalle, trente ans, qui depuis sa mise sur orbite sept ans plus tôt dans 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix avait déjà tourné avec Marco Bellocchio (La Sorcière La Visione del Sabba), Jacques Deray (Les Bois noirs), Jim Jarmusch (Night on Earth), Jacques Doillon (La Vengeance d’une femme), Claude Lelouch (La Belle histoire) et Claire Denis (J’ai pas sommeil). La réalisatrice Diane Kurys vient de connaître une petite déception au box-office avec Après l’amour (540.000 entrées), son score le plus bas au box-office depuis Cocktail Molotov, son second long-métrage. Depuis quelques années, elle pense écrire et mettre en scène un film qui s’inspirerait de ses rapports amour/haine avec sa sœur aînée. Si la famille a toujours été un de ses thèmes de prédilection comme pour Coup de foudre (1983), avec Miou-Miou, Isabelle Huppert, Guy Marchand, et Jean-Pierre Bacri. le deuxième plus grand succès de sa carrière, rarement, sans doute pour la seule et unique fois de sa vie professionnelle, Diane Kurys sera allée aussi loin dans l’introspection avec À la folie, dans lequel elle se livre totalement. A travers ce drame psychologique et intense, parcouru d’un humour noir comme qui dirait cathartique, la cinéaste confronte deux sœurs que tout oppose, séparées par la vie, que le destin réunit et fait se percuter, pour le pire et pas forcément (euphémisme) pour le meilleur. Le duo, ou plutôt le duel entre les deux comédiennes principales remplit toutes ses promesses. Elles y sont aussi impliquées que talentueuses, sexy, sensuelles et surtout bouleversantes.

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Test Blu-ray / Un cri dans l’ombre, réalisé par John Guillermin

UN CRI DANS L’OMBRE (House of Cards) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : George Peppard, Inger Stevens, Orson Welles, Keith Michell, Perrette Pradier, Geneviève Cluny, Maxine Audley, Ralph Michael…

Scénario : Harriet Frank Jr. & Irving Ravetch, d’après le roman de Stanley Ellin

Photographie : Piero Portalupi

Musique : Francis Lai

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Reno Davis, un jeune et fringuant américain vivant à Paris, est engagé pour être le tuteur d’un jeune garçon, dont le père général est mort durant la guerre d’Algérie. Il découvre rapidement un clan très étrange, rongé par les secrets. Quand le jeune garçon est enlevé, Davis est immédiatement suspecté. Il va découvrir que dans l’entourage de la famille figurent des personnes peu recommandables…

A la fin des années 1960, John Guillermin (1925-2015) n’est pas encore le réalisateur britannique de grosses machines hollywoodiennes comme La Tour infernale The Towering Inferno (1975) et King Kong (1977), mais compte déjà assurément dans l’industrie cinématographique. En 1966, il entame une collaboration avec le comédien George Peppard (1928-1994), qui va alors s’étendre sur trois longs-métrages, Le Crépuscule des aigles The Blue Max (1966), Syndicat du meurtre P.J. (1968) et le film qui nous intéresse aujourd’hui, Un cri dans l’ombre House of Cards (1968). Ce dernier est un étrange film d’espionnage qui surfe évidemment sur le triomphe rencontré par les aventures de James Bond au cinéma, et qui entraînait moult ersatz dans son sillage, en donnant naissance au genre dit de l’Eurospy. Si le personnage incarné par George Peppard n’est pas un espion au service de sa Majesté ou de l’oncle Sam, il devient malgré lui l’homme à abattre, celui qui en sait trop et qui fera tout pour faire tomber une mystérieuse organisation qui prépare la résurrection d’un régime politique nationaliste et totalitaire, rien que ça. Filmé entre Paris et Rome, Un cri dans l’ombre, ou Duel dans l’ombre, second titre français connu, vaut à la fois pour la qualité de son interprétation, pour celle de son histoire bien brodée et surtout pour celle de la mise en scène de John Guillermin, aussi élégante qu’inspirée. Une vraie petite découverte !

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