Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test DVD / Un silence, réalisé par Joachim Lafosse

UN SILENCE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 21 mai 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Nicolas Buysse, Karim Barras, Larisa Faber…

Scénario : Chloé Duponchelle, Paul Ismael, Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen, Sarah Chiche, Valérie Graeven & Matthieu Reynaert

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Ólafur Arnalds

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

Chaque film du réalisateur belge Joachim Lafosse est pour ainsi dire un événement. Nombreux sont ceux qui sont restés dans la mémoire des cinéphiles à l’instar d’À perdre la raison (2012), L’Économie du couple (2016) et dernièrement Les Intranquilles (2021). Ce ne sera probablement pas le cas pour Un silence, son dernier opus en date, inspiré par un fait divers réel, l’affaire Hissel. En 2007, Victor Hissel, ancien avocat (très présent dans les médias) des familles des victimes de Marc Dutroux, avait été inculpé pour détention de pédopornographie en 2007. Il sera condamné à 10 mois de prison. Deux ans plus tard, Roman, le fils de Hissel, poignarde son père, ancien symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, à plusieurs reprises en 2009, le blessant grièvement. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas cette-fois ci ? Sans doute parce qu’on a furieusement l’impression d’avoir déjà vu ce genre d’histoire et que le récit (pourtant écrit par sept scénaristes, dont le fidèle Thomas Van Zuylen) n’est guère aidé par une mise en scène non seulement redondante (toutes les scènes en voiture…), mais qui manque surtout d’originalité. Nous sommes ici entre L’Adversaire (2002) et le cinéma austère de Michael Haneke, un univers froid comme la glace, tranchant, sec, peu empathique, difficile d’accès pour certains. En fait, le problème d’Un silence est – contre toute attente – la présence de Daniel Auteuil. Si ce dernier est évidemment excellent, le comédien renvoie immédiatement au film de Nicole Garcia susmentionné, dans lequel il donnait déjà la réplique à Emmanuelle Devos, et son rôle n’est pas sans rappeler celui qu’il campait dans Au nom de ma fille (2016) et dans Le Mensonge (2020), tous les deux signés Vincent Garenq. Pas ou peu de surprises dans Un silence, où le spectateur navigue à vue, anticipe le déroulement des scènes (un long flashback, la scène finale en fondu en noir après lequel nous laissons la justice faire son travail), ainsi que les réactions (ou leur absence plutôt) des personnages, pour lesquels nous n’avons aucun attachement. Demeure le boulot de Joachim Lafosse, qui lui aussi paraît peu inspiré sur ce coup-là, joue avec les plans-séquences, le non-dit, le hors-champ et le ressenti, mais en manquant sa cible. Dommage.

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Test DVD / Les SEGPA au ski, réalisé par Ali & Hakim Bougheraba

LES SEGPA AU SKI par Ali & Hakim Bougheraba , disponible en DVD le 1er mai 2024 chez Apollo Films.

Acteurs : Moussa Maaskri, Fauve Hautot, Redouane Bougheraba, Ichem Bougheraba, Maxime Gasteuil, Camille Damour, Issa Doumbia, Emma Smet…

Scénario : Ali Bougheraba, Hakim Boughéraba & Ichem Bougheraba

Photographie : Lubomir Bakchev & Fabrice Sébille

Musique : Maxime Desprez & Michaël Tordjman

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les Segpa se retrouvent pour une nouvelle année scolaire riche en aventures, propulsés directement en Terminale. Deux challenges majeurs les attendent : la réussite de leur bac et leur participation soudaine aux Olympiades d’hiver inter-lycées.

Attendez une minute…c’est quoi une classe SEGPA ? Selon le site Service-Public.fr, « Segpa : Section d’enseignement général et professionnel adapté, qui accueille les jeunes de la 6e à la 3e présentant des difficultés scolaires importantes. Il s’agit de difficultés ne pouvant pas être résolues par des actions d’aide scolaire et de soutien. La classe est intégrée dans un collège. Elle regroupe un petit groupe d’élèves (16 maximum) pour individualiser le parcours de chacun. La Segpa doit permettre à votre enfant d’accéder à une formation professionnelle diplômante ou à la poursuite de ses études après la 3». Pour les autres, encore mieux informés, Les SEGPA est à la base une web-série à succès créée en 2016 par Hakim Bougheraba et Ichem Boogy et disponible sur Youtube. 2022, l’équipe décide de décliner leur univers au cinéma, le tout produit (entre autres) par Cyril Hanouna, qui a eu du pif (et pas que pour sniffer cette fois). Résultat des courses, plus de 700.000 spectateurs (peut-être 699.999 entrées à Marseille et une à Paris, Hanouna sans doute) et un très bon bouche-à-oreille, ce qui forcément donné envie de mettre très vite une suite en chantier après ce succès. Rebelote, non seulement Les SEGPA au ski a connu le même engouement, mais ce second opus a même doublé le score du premier ! Une affaire on ne peut plus lucrative. Disons-le d’emblée, c’est une surprise. Nous sommes loin des deux immondes Déguns, qui avaient connu la même trajectoire (adaptation d’une web-série sur grand écran, un succès, encore plus pour le second), Marseille en toile de fond) et la mise en scène est ici plus soignée. Ensuite, la bande d’acteurs est on ne peut plus sympathique et l’on s’étonne de vouloir les suivre dans leurs aventures qui lorgne plus du côté des Sous-doués de Claude Zidi que des Profs de Pierre-François Martin-Laval. Entre le naturel d’Ichem Bougheraba et la fraîcheur d’Emma Smet (petite-fille de Johnny et fille de David), le bagou de la troupe, les quelques caméos dispersés tout du long et des seconds personnages très amusants, Les SEGPA donnait envie de les retrouver et c’est là qu’apparaît Les SEGPA au ski. Si celui-ci est moins réussi que le précédent, pas mal de gags fonctionnent malgré tout et cette suite directe ne se moque pas des spectateurs en leur offrant tout ce qui leur avait plu dans l’autre chapitre. Et pourquoi pas un troisième volet ?

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Test Blu-ray / Un été en Louisiane, réalisé par Robert Mulligan

UN ÉTÉ EN LOUISIANE (The Man in the Moon) réalisé par Robert Mulligan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 juin 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sam Waterston, Tess Harper, Reese Witherspoon, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland, Bentley Mitchum, Ernie Lively…

Scénario : Jenny Wingfield

Photographie : Freddie Francis

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h39

Année de sortie : 1991

LE FILM

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande soeur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Un été en LousianeThe Man in the Moon est le dernier long-métrage de Robert Mulligan (1925-2008), réalisateur ô combien estimé des cinéphiles, à qui l’on doit les légendaires Du silence et des ombres To Kill a Mockingbird (1962), trois Oscars, d’après le roman d’Harper Lee, Un été 42 Summer of ’42 (1971) et L’Autre The Other (1972). Assurément un cinéaste à réhabiliter, comme l’ont prouvé ses films ressortis ces dernières années, Le Sillage de la violence Baby the Rain Must Fall (1965) avec Steve McQueen, Le Roi des imposteurs The Great Impostor (1960), qui a largement influencé Arrête moi si tu peux Catch me if you can (2002) de Steven Spielberg, Les Rendez-vous de septembre Come Septembre (1961) et L’Homme de BornéoThe Spiral Road (1962), tous les deux avec Rock Hudson. Il clôt sa prestigieuse carrière au début des années 1990 avec un ultime portrait d’une jeune adolescente (âge souvent central dans l’oeuvre du metteur en scène), interprétée par Reese Witherspoon, dans sa première apparition au cinéma, qui obtient le premier rôle alors qu’elle envisageait juste d’apparaître comme figurante. Sur un scénario de Jenny Wingfield, inconnu au bataillon et dont la filmographie demeure obscure, Robert Mulligan signe un bijou intemporel sur les premiers émois amoureux (et les premiers baisers, après s’être exercé avec la main), l’éveil sexuel, la solitude, l’incompréhension des êtres arrivés au premier carrefour de leur existence, celui de l’entrée dans le monde adulte, l’adieu à l’enfance, les responsabilités, les échecs, les désillusions, l’injustice, la jalousie…et la première confrontation à la mort et au deuil. Éminemment solaire, à l’image de sa jeune comédienne âgée de 14 ans et qui reste d’ailleurs aujourd’hui l’une des actrices (et grande productrice) les plus pétillantes du cinéma hollywoodien, Un été en Louisiane, production Mark Rydell (The Rose, La Maison du lac), est un cadeau pour les passionnés de septième art doublé d’un film testament.

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Test Blu-ray / Sois belle et tais-toi!, réalisé par Marc Allégret

SOIS BELLE ET TAIS-TOI! réalisé par Marc Allégret, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Jean-Paul Belmondo, Robert Dalban, Alain Delon, Roger Hanin, Darry Cowl…

Scénario : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux & Jean Marsan Roger Vadim

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.

C’est ce qui s’appelle avoir du pif. Parce-que pour réunir Mylène Demongeot, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un même film alors que ceux-ci n’avaient pas fait grand-chose, on peut dire que Marc Allégret a senti que ces trois jeunes comédiens âgés d’une vingtaine d’années étaient non seulement charismatiques, mais aussi prometteurs. Sois belle et tais-toi ! (ne vous énervez pas, il s’agit du titre) est une charmante comédie-policière qui aurait peut-être disparu des radars, si Bebel et Delon n’avaient pas été associés pour la première fois au cinéma. S’ils n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire, on ne peut s’empêcher d’admirer leur naturel, leur bagou, leur énergie contagieuse. Mais la « star » est ici Mylène Demongeot, que le réalisateur avait déjà fait tourner trois ans plus tôt dans Futures vedettes, dans lequel elle ne faisait d’ailleurs qu’une apparition et était même créditée Marielle Demongeot au générique. Sortant du succès des Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, où elle était parvenue à s’imposer face à Yves Montand et Simone Signoret, l’actrice passe la vitesse supérieure et se retrouve au générique de Bonjour tristesse d’Otto Preminger et en tête d’affiche de Sois belle et tais-toi !. Si elle n’a jamais brillé par son jeu et son phrasé quelque peu monocorde, on ne pourra pas reprocher à Mylène Demongeot de crever l’écran de sa beauté diaphane dans le film de Marc Allégret, où le couple qu’elle forme avec Henri Vidal fonctionne bien, malgré leur différence d’âge. Un spectacle « gentillet », complètement inoffensif et désuet, sympathique et divertissant.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test Blu-ray / Transgression, réalisé par Tinto Brass

TRANSGRESSION (Tra(sgre)dire) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Yuliya Mayarchuk, Jarno Berardi, Francesca Nunzi, Max Parodi, Mauro Lorenz, Leila Carli, Vittorio Attene, Antonio Salines…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani, Nicolaj Pennestri, Silvia Rossi & Massimiliano Zanin

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Carla est une jolie vénitienne de vingt ans, à la recherche d’un appartement à Londres pour s’installer avec Matéo, un étudiant dont elle est amoureuse. Le couple propriétaire de l’agence immobilière, aux moeurs très libre, vont entraîner Carla, dans une course folle dans le Londres érotique… Mais Matéo a décidé de la rejoindre…

Voilà, le scénario de Transgression est pour ainsi dire entièrement résumé en quatre lignes. Mais soyons honnêtes, on ne regarde pas vraiment un film de Tinto Brass pour son intrigue, surtout ceux réalisés après La Clé La Chiave (1983). Après ce merveilleux opus, l’un de ses plus connus et qui fera de Stefania Sandrelli un sex-symbol à près de quarante ans, le cinéaste italien s’adonnera à l’érotisme pur et dur. Suivront donc Miranda, Paprika, Monella…autant de personnages féminins, marquants à défaut d’être inoubliables, interprétés par de quasi-inconnues, Serena Grandi, Debora Caprioglio et Anna Ammirati, se livrant corps (pulpeux) et âme à la caméra intrusive d’un Tinto Brass souvent déchaîné qui ne recule devant rien pour placer ses objectifs dans les angles les plus insolites. Nous voici rendus en 2000 et le cap de ce nouveau siècle ne change en rien celui du metteur en scène hédoniste. Il livre ainsi Transgression, ou Tra(sgre)dire en version originale (jeu de mots combinant les verbes trasgredire et tradire, désobéir et tromper, ou trahir), comédie polissonne qui va à cent à l’heure, qui repose uniquement sur la plastique irréprochable de ses deux comédiennes principales, Yuliya Mayarchuk et Francesca Nunzi, qui passent plus de temps nues que vêtues (un record en la matière), tandis que Tinto Brass brasse (on ne peut pas s’en empêcher) ses thèmes de prédilection, l’amour libre, la mise en pratique des fantasmes, la gent masculine à la traîne et la femme forte. Contre toute attente, Transgression est bandant à souhait, excitant du début à la fin, complètement improbable dans les années 2020…ça fait un bien fou.

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Test DVD / Le Bonheur est pour demain, réalisé par Brigitte Sy

LE BONHEUR EST POUR DEMAIN réalisé par Brigitte Sy, disponible en DVD le 19 juin 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Laetitia Casta, Damien Bonnard, Béatrice Dalle, Guillaume Verdier, Coralie Russier, Sarah Le Picard, Malik Tadj, Félix Verhaverbeke…

Scénario : Christine Dory, Frédéric Serve & Brigitte Sy

Photographie : Frédéric Serve

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Sophie a un enfant, un conjoint, mais son quotidien lui semble désespérément plat, sans plaisir, sans envies. Jusqu’au jour où elle rencontre Claude. Il est drôle, séduisant, intelligent. Elle tombe immédiatement sous le charme. Mais Claude n’est pas un prince charmant. C’est un braqueur. Or, au cours d’une attaque de banque, un homme est tué. Claude est arrêté et condamné à une lourde peine de prison. Ce qui aurait dû être la fin devient alors le début d’une histoire folle, passionnelle et sans limites. Soutenue par Lucie, la mère de Claude, Sophie ne renonce pas à son amour pour Claude. Elle est prête à aller jusqu’au bout. Quelles qu’en soient les conséquences.

En 2010, Brigitte Sy signe Les Mains libres, un magnifique premier long métrage inspiré de sa propre histoire à l’époque où elle dirigeait des ateliers de théâtre en prison avec les détenus. Loin des clichés liés aux films se déroulant en milieu carcéral mais avec une extrême pudeur ainsi qu’une émotion constamment à fleur de peau, la réalisatrice dressait le portrait d’un homme et d’une femme, solitaires et abîmés par la vie, dont la rencontre dans un milieu inattendu allait les ressusciter tous les deux. Avec leurs personnalités faites de force nerveuse et d’une sensibilité fragile comme du cristal, Ronit Elkabetz (sublime) et Carlo Brandt (immense comédien de théâtre) incarnaient ces deux êtres troublants avec une rare intensité qui nous bouleversaient tout du long jusqu’à la poignante séquence finale où brillait également l’indispensable Noémie Lvovsky. Avec sa mise en scène sobre, sans concession et épurée, Brigitte Sy allait droit à l’essentiel, et saisissait directement le spectateur en plein coeur. On en ressortait complètement retourné. Après L’Astragale (2015), adaptation de l’autobiographie éponyme d’Albertine Sarrazin, qui évoquait aussi un couple (Leïla Bekhti et Reda Kateb) autour du thème de la prison, Brigitte Sy revient une fois de plus à ses thèmes de prédilection (pour ne pas dire obsessions) avec Le Bonheur est pour demain, qui aborde encore l’incarcération, l’amour empêché, la cavale, l’évidence entre deux êtres, avec un romanesque assumé. Et l’on se retrouve à nouveau sur les rotules, emportés que nous sommes par le souffle de cette histoire d’amour aussi contrariée que passionnée, magistralement interprétée par Laetitia Casta et Damien Bonnard, l’un des plus beaux couples vus dernièrement au cinéma.

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Test Blu-ray / Une robe noire pour un tueur, réalisé par José Giovanni

UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR réalisé par José Giovanni, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, Jacques Maury, François-Eric Gendron, Arielle Dombasle…

Scénario : José Giovanni & Monique Lange

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Olivier Dassault

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

À l’issue de son procès, Simon Risler est condamné à mort pour le meurtre d’un policier. Le témoignage de l’inspecteur Reynolds a fait pencher la balance en faveur d’un verdict d’autant plus sévère qu’il est parfaitement injustifié. L’inspecteur a, en effet, commis un parjure à travers son faux témoignage. Pour échapper à la peine capitale, Simon Risler prend le procureur en otage. Blessé au cours de son évasion, il parvient toutefois à se rendre au domicile de son avocate, Florence Nat. Un ami de celle-ci, Alain Rivière, accepte de « planquer » le fugitif. Pendant ce temps, Florence essaie de faire la lumière sur l’affaire qui a failli coûter la vie à son client. Comme par hasard, les témoins les plus précieux disparaissent les uns après les autres…

C’est la fin du règne d’Annie Girardot sur le cinéma français. Nous sommes en 1981 et Une robe noire pour un tueur sera l’un de ses derniers « succès » personnels au box-office après vingt ans où la comédienne ne cessait d’enchaîner les triomphes depuis Rocco et ses frères de Luchino Visconti. D’ailleurs, Cause toujours, tu m’intéresses d’Édouard Molinaro n’avait guère brillé deux ans auparavant avec 685.000 entrées. Une robe noire pour un tueur fera encore moins en cette année où cartonnent Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, Pour la peau d’un flic, Diva…les comédies ont la cote aussi avec La Chèvre (qui se placera sur la première place du podium), Le Maître d’école, La Soupe aux choux, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Tais-toi quand tu parles, Les Hommes préfèrent les grosses…les goûts changent, comme les époques….C’est un revers pour José Giovanni dont Les Égouts du paradis avait encore attiré plus de 850.000 spectateurs en 1979, même si Comme un boomerang avait déçu, surtout pour un gros film porté par Alain Delon. S’il se refera avec Le Ruffian deux ans plus tard, le réalisateur, auteur, scénariste (et ancien repris de justice, par ailleurs condamné à mort, avant d’être finalement gracié) signe avec Une robe noire pour un tueur l’un des derniers opus et représentants d’un genre, avant que le polar hexagonal mute et laisse place aux thrillers d’action inspirés de ceux provenant d’outre-Atlantique, ce qui causera aussi la perte de Bebel et Delon peu de temps après également. Ce drame judiciaire patine beaucoup et le scénario peine à maintenir un intérêt du début à la fin, l’ensemble reposant essentiellement sur un casting quatre étoiles et qui à lui seul vaut largement le déplacement.

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Test Blu-ray / Voyage au bout de l’horreur – The Nest, réalisé par Terence H. Winkless

VOYAGE AU BOUT DE L’HORREUR (The Nest) réalisé par Terence H. Winkless, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies, Diana Bellamy, Jack Collins, Nancy Morgan, Jeff Winkless, Steve Tannen, Heidi Helmer…

Scénario : Robert King, d’après le roman d’Eli Cantor

Photographie : Ricardo Jacques Gale

Musique : Rick Conrad

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Dans une petite ville insulaire, le shérif local découvre le cadavre d’un chien dépecé. La doctoresse Hubbard arrive en ville et déclare après examen que le chien a été l’objet d’attaques d’une race d’insectes particulièrement virulents, qui boivent le sang. Ces insectes pourraient provenir d’expériences jadis menées par la mystérieuse société Intec, à laquelle appartient Hubbard.

Vous avez le cafard ? Alors emparez-vous du Blu-ray de The Nest, plus connu dans nos contrées sous le titre Voyage au bout de l’horreur ! Ce film d’épouvante est le premier long-métrage du dénommé Terence H. Winkless, habituellement comédien, vu dans La Grande casse (« remaké » en 2000 avec Nicolas Cage et Angelina Jolie, rebaptisé 60 secondes chrono), écrit, interprété et réalisé par H.B. Halicki, mais avant tout scénariste de HurlementsThe Howling (1981) de Joe Dante. Pour son coup d’essai derrière la caméra, Terence H. Winkless adapte un roman d’Eli Cantor, passé entre les mains du scénariste Robert King, qui connaîtra son heure de gloire dans les années 2010 en devenant le showrunner et le producteur de The Good Wife, puis d’une autre série plus récente, Evil. Nous sommes en pleine série B, mais nullement Z avec The Nest, qui prend place sur une petite île où les habitants doivent affronter une colonie de cafards génétiquement modifiés (sinon ce ne serait pas drôle), avides de chair humaine et dont il est (quasiment) impossible de venir à bout. Solidement interprété et marqué par quelques idées de mise en scène bien sympathique, ainsi que des effets gores bienvenus, Voyage au bout de l’horreur est justement un trip divertissant, qui ne se prend pas la tête ni au sérieux, et qui laisse un bon souvenir après coup.

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