Test Blu-ray / Un été en Louisiane, réalisé par Robert Mulligan

UN ÉTÉ EN LOUISIANE (The Man in the Moon) réalisé par Robert Mulligan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 juin 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sam Waterston, Tess Harper, Reese Witherspoon, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland, Bentley Mitchum, Ernie Lively…

Scénario : Jenny Wingfield

Photographie : Freddie Francis

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h39

Année de sortie : 1991

LE FILM

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande soeur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Un été en LousianeThe Man in the Moon est le dernier long-métrage de Robert Mulligan (1925-2008), réalisateur ô combien estimé des cinéphiles, à qui l’on doit les légendaires Du silence et des ombres To Kill a Mockingbird (1962), trois Oscars, d’après le roman d’Harper Lee, Un été 42 Summer of ’42 (1971) et L’Autre The Other (1972). Assurément un cinéaste à réhabiliter, comme l’ont prouvé ses films ressortis ces dernières années, Le Sillage de la violence Baby the Rain Must Fall (1965) avec Steve McQueen, Le Roi des imposteurs The Great Impostor (1960), qui a largement influencé Arrête moi si tu peux Catch me if you can (2002) de Steven Spielberg, Les Rendez-vous de septembre Come Septembre (1961) et L’Homme de BornéoThe Spiral Road (1962), tous les deux avec Rock Hudson. Il clôt sa prestigieuse carrière au début des années 1990 avec un ultime portrait d’une jeune adolescente (âge souvent central dans l’oeuvre du metteur en scène), interprétée par Reese Witherspoon, dans sa première apparition au cinéma, qui obtient le premier rôle alors qu’elle envisageait juste d’apparaître comme figurante. Sur un scénario de Jenny Wingfield, inconnu au bataillon et dont la filmographie demeure obscure, Robert Mulligan signe un bijou intemporel sur les premiers émois amoureux (et les premiers baisers, après s’être exercé avec la main), l’éveil sexuel, la solitude, l’incompréhension des êtres arrivés au premier carrefour de leur existence, celui de l’entrée dans le monde adulte, l’adieu à l’enfance, les responsabilités, les échecs, les désillusions, l’injustice, la jalousie…et la première confrontation à la mort et au deuil. Éminemment solaire, à l’image de sa jeune comédienne âgée de 14 ans et qui reste d’ailleurs aujourd’hui l’une des actrices (et grande productrice) les plus pétillantes du cinéma hollywoodien, Un été en Louisiane, production Mark Rydell (The Rose, La Maison du lac), est un cadeau pour les passionnés de septième art doublé d’un film testament.

À l’été 1957, Danielle « Dani » Trant vit en Louisiane et selon son père Matthew, est « trop petite pour s’enfuir toute seule ». Dani et sa sœur Maureen, qui part à l’université à l’automne, sont très proches. Maureen aide à prendre soin de leur sœur, Missy, pendant que leur mère Abigail est enceinte. Dani préfère cependant écouter ses disques d’Elvis Presley et s’enfuir dans la crique du voisin pour se baigner. C’est ici qu’elle rencontre son nouveau voisin, Cort Foster. Cort chasse Dani de son ruisseau. Lorsque Dani rentre à la maison, sa mère lui dit qu’une amie vient dîner avec ses enfants. L’amie des Trant s’avère être une veuve, Mme Foster, avec ses trois fils Cort, Dennis et Rob. Lorsque Dani réalise qui est Cort, les deux s’ignorent ou s’envoient des piques. Lorsque le père de Dani, Matthew, dit à Dani d’accompagner Cort en ville pour faire quelques courses, Dani et Cort apprennent à se connaître. Dani a même le béguin pour Cort. Maureen se rend à un rendez-vous avec son petit-ami Billy Sanders, avec lequel elle finit par se fâcher en raison du comportement trop entreprenant du jeune homme. Le lendemain, Dani demande à Maureen des conseils pour embrasser un garçon. Dani et Cort continuent de se baigner pendant les chaudes journées ensoleillées et deviennent des amis très proches…

Reese Witherspoon est parfaite dans la peau de Dani, pré-adolescente qui jusqu’à présent ne pensait qu’à Elvis Presley, dont le visage orne les murs de sa chambre et la voix emplit la pièce. Jusqu’à l’arrivée de Cort dans sa courte existence. Seulement voilà, Dani et Cort ne sont pas dans le même timing et le second va instantanément tomber sous le charme de Maureen (superbe Emily Warfield). Un soir, Cort se présente à la maison Trant où Maureen garde Missy, sa petite sœur, à la maison. Bien qu’initialement réticente à rendre l’affection de Cort parce qu’elle connaît les sentiments de Dani à son égard, Maureen cède et les deux s’embrassent. Un été en Louisiane est comme Le Blé en herbe de Colette, une œuvre sur la perte d’innocence, sujet évidemment universel et éternel. S’il apparaît comme qui dirait anachronique à sa sortie en 1991, année du Silence des agneaux, La Famille Addams, Terminator 2 : le jugement dernier, Danse avec les loups, Robin des Bois : Prince des voleurs, Backdraft, Point Break – Extrême limite, The Man in the Moon (rien à voir avec Andy Kaufman, mais avec une chanson du King aussi appelée The Prisoner’s Song) fait du bien au coeur et à l’âme. Un film qui s’adresse à tous les spectateurs, rappelle des souvenirs aux plus anciens, interpelle les plus jeunes qui se retrouvent sans doute dans le personnage de Dani, celui de Cort ou bien encore Maureen, des protagonistes montrés dans leurs contradictions (y compris les parents interprétés par Sam Waterston et Tess Harper, impeccables), rattrapés par la violence de leurs sentiments et surtout jamais jugés par un réalisateur qui leur confie sa délicatesse, sa pudeur et son hypersensibilité.

La reconstitution des années cinquante est discrète, sobre (superbe photographie de Freddie Francis, immense chef opérateur et lui-même grand réalisateur emblématique de la Hammer et de la Amicus), reflétant l’infinie valse des émotions que traversent tous les êtres humains, peu importe le lieu et l’époque. Un été en Louisiane est un récit initiatique précieux qui s’inscrit dans la droite lignée des opus les plus célèbres de leur auteur.

LE BLU-RAY

Nous l’avons déjà dit, le catalogue de Rimini Éditions est incontestablement l’un des plus beaux et riches en France. C’est avec un immense plaisir que nous (re)découvrons Un été en Louisiane, en Combo Blu-ray + DVD, qui jusqu’à présent n’avait connu qu’une sortie « technique » en DVD en 2003 chez MGM/United Artists, qui avait ensuite été réédité trois ans plus tard chez le même éditeur. Une galette qui se revendait à prix d’or sur la toile, désormais obsolète et remplacée par celle présentée par Rimini Éditions, quatre ans après avoir présenté Le Sillage de la violence en DVD et HD. Les deux disques reposent dans un boîtier HD classique et transparent, glissé dans un fourreau cartonné reprenant le même visuel que la jaquette, mettant en gros plan la jeune, mais déjà reconnaissable Reese Witherspoon. Le menu principal est animé et musical.

Outre la bande-annonce, nous trouvons une belle et très bonne présentation du film par Nicolas Cébile, enseignant en cinéma (31). Le nouvel invité de Rimini revient dans un premier temps sur le parcours de Robert Mulligan, sur ses débuts au cinéma (après un passage par la télévision), son travail avec les comédiens (avec lesquels il était habitué à répéter en amont du tournage), avant de passer en revue ses films les plus célèbres. Puis, Nicolas Cébile explore les thèmes de prédilection du réalisateur (« assez discret, gros bosseur », « toujours en prise avec la société »), Un été en Louisiane apparaissant comme un dernier condensé de ses sujets fétiches. Le casting, la photographie de Freddie Francis, les points communs avec les autres films du cinéaste et l’évolution psychologique des personnages sont enfin abordés.

L’Image et le son

Aux Etats-Unis, Un été en Louisiane est disponible en Blu-ray chez Twilight Time depuis 2017. C’est vraisemblablement la même copie qui arrive en France. Le master présenté est propre, même si des poussières et rayures subsistent. La HD est néanmoins flagrante, surtout sur la luminosité et l’éclat des couleurs (avec parfois un usage de filtres, reflétant les états d’âme du personnage principal), le grain est excellemment géré, le piqué agréable et pointu, les contrastes élégants, les détails appréciables (la nature est très présente), la texture des vêtements, les gros plans et la profondeur de champ indéniable. Blu-ray au format 1080p.

Les versions originale et française bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo 2.0 exemplaire et limpide, restituant les dialogues avec minutie, ainsi que la belle partition de James Newton Howard qui jouit d’un coffre inédit. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré. Le mixage français est certes moins riche mais le doublage est brillant avec les voix légendaires de Richard Darbois, Françoise Cadol, Pierre Hatet et Damien Boisseau.

Crédits images : © MGM / Rimini Éditions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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