BLINK TWICE réalisé par Zoë Kravitz, disponible en DVD & Blu-ray le 21 décembre 2024 chez Warner Bros.
Acteurs : Naomi Ackie, Channing Tatum, Alia Shawkat, Christian Slater, Simon Rex, Adria Arjona, Haley Joel Osment, Liz Caribel, Levon Hawke, Trew Mullen, Geena Davis, Kyle MacLachlan…
Scénario : Zoë Kravitz & E.T. Feigenbaum
Photographie : Adam Newport-Berra
Musique : Chanda Dancy
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Quand le milliardaire Slater King rencontre Frida, c’est le coup de foudre. Invitée sur son île privée, elle y découvre des soirées décadentes où le champagne coule à flots. Mais des événements étranges commencent à se produire et Frida devra découvrir la vérité si elle veut sortir vivante de cette fête.
À la fin de Blink Twice, son premier film comme réalisatrice, on ne peut s’empêcher de penser que Zoë Kravitz en a sérieusement sous le capot. Ce thriller sexy s’avère un chaînon manquant entre Les Chasses du comte Zaroff – The Most Dangerous Game (1932) d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel et Get Out (2017) de Jordan Peele. Autant dire que la surprise est de taille, surtout que Zoë Kravtz signe elle-même le scénario avec E.T. Feigenbaum, qui avait eu la charge d’un des dix épisodes de la série High Fidelity, adaptée du roman culte de Nick Hornby (déjà transposé en 2000 par Stephen Frears), interprétée entre autres par…Zoë Kravitz. Celle-ci démontre tout son talent comme metteuse en scène et directrice d’acteurs, tous exceptionnels dans Blink Twice, qui agit comme un rollercoaster, qui nous emmène vers des chemins insoupçonnés, s’amuse à perdre et à surprendre les spectateurs, tout en conservant avec lui une certaine complicité, puisque le public, de mèche, assiste à un jeu de massacres qui conserve étonnamment une élégance inattendue. On ne s’attendait sûrement pas à être cueillis de la sorte et l’on attend avec une extrême impatience la suite de la magnifique Zoë derrière la caméra.
LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNEréalisé par Robert Bresson,disponible en Édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 18 février 2025 chez Rimini Éditions.
Acteurs : Paul Bernard, María Casares, Élina Labourdette, Lucienne Bogaert, Jean Marchat, Yvette Etiévant…
Scénario : Robert Bresson d’après le roman Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot
Photographie : Philippe Agostini
Musique : Jean-Jacques Grünenwald
Durée : 1h26
Date de sortie initiale: 1945
LE FILM
Hélène a juré de se venger de Jean, son amant qui la délaisse. Elle retrouve une de ses amies qui loue sa jeune fille à de riches fêtards. Hélène s’arrange alors pour que Jean rencontre la jeune Agnès. Mais celui-ci tombe amoureux d’Agnès et décide de l’épouser.
Les Dames du Bois de Boulogne n’est pas un film sur les femmes de petite vertu. Loin de là. Le second long métrage de Robert Bresson (1901-1999) est un drame sombre et impitoyable qui a connu un tournage chaotique à la fin de l’Occupation Allemande, avec de longs arrêts en raison de la Libération de Paris, des prises de vue durant une saison rude, des pannes d’électricité, des alertes aux bombardements, une pellicule limitée, des tensions entre le réalisateur et Maria Casarès. Le film s’inspire librement de l’histoire de Mme de la Pommeraye dans Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, récemment adaptée par Emmanuel Mouret avec Mademoiselle de Joncquières. Sorti en 1945, ce deuxième essai est un coup de maître, qui cependant ne connaîtra pas le succès critique et commercial des Anges du péché (1943). Sur des dialogues signés Jean Cocteau, même si ce dernier aura toujours déclaré n’avoir participé que de façon amicale, Les Dames du Bois de Boulogne permet à son auteur de trouver et d’imposer son style, notamment à travers un immense travail sur le son.
LE TONNERRE DE DIEU réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.
Acteurs : Jean Gabin, Michèle Mercier, Robert Hossein, Lilli Palmer, Georges Géret, Emma Danieli, Ellen Schwiers, Daniel Ceccaldi…
Scénario : Pascal Jardin, d’après le roman de Bernard Clavel
Photographie : Walter Wottitz
Musique : Georges Garvarentz
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Léandre Brassac, vétérinaire, est l’heureux propriétaire d’un manoir dont il a hérité. Homme caractériel et misanthrope, il partage sa vie avec une Allemande répondant au nom de Marie. Un jour, il fait la rencontre d’une jeune prostituée sans repères qu’il décide d’installer chez lui, après s’être débarrassé de son souteneur.
Sorti en 1965, Le Tonnerre de Dieu n’est assurément pas le film le plus connu avec Jean Gabin en vedette. Pourtant, il demeure rétrospectivement le cinquième plus grand hit de toute la carrière du comédien (sans tenir compte de son apparition dans le Napoléon de Sacha Guitry) et le plus gros succès de ses dix collaborations avec le réalisateur Denys de La Patellière avec 4,1 millions d’entrées. Entre L’Âge ingrat de Gilles Grangier et Du rififi à Paname du même Denys de La Patellière, Le Tonnerre de Dieu réunit la star du cinéma français et Michèle Mercier, alors tout juste auréolé du triomphe d’Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie. Souvent qualifié de misogyne depuis sa sortie, cet opus est certes « représentatif » d’une certaine époque, mais ne mérite pas la volée de bois vert qui accompagne quasiment systématiquement Le Tonnerre de Dieu, car ce drame non dénué d’humour, ou comédie de mœurs teinté de tragédie, joue habilement avec les genres, fait perdre ses repères aux spectateurs, déstabilise, à tel point qu’on ne sait plus sur quel pied danser à plusieurs reprises. Toujours est-il que Jean Gabin reste immense, son personnage – « alcoolique, paillard et de plus en plus anarchiste » – retrouve l’ivresse d’Un Singe en hiver et parfois la gouaille d’Archimède le clochard, tout en annonçant le Julien Bouin du Chat. On est sans cesse subjugué par la prestation du « Vieux », qui du haut de ses soixante piges trônait toujours au sommet du box-office, savait donner la réplique à ses jeunes partenaires, tout en conservant une fraîcheur de jeu inégalée.
Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.
Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.
MOTHER LAND (Never Let Go) réalisé par Alexandre Aja, disponible en DVD & Blu-ray le 13 février 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Halle Berry, Anthony B. Jenkins, Stephanie Lavigne, William Catlett, Percy Daggs IV, Matthew Kevin Anderson, Christin Park, Mila Morgan, Georges Gracieuse, Cadence Compton…
Scénario : Kevin Coughlin & Ryan Grassby
Photographie : Maxime Alexandre
Musique : Robin Coudert
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Depuis la fin du monde, June protège ses fils Samuel et Nolan, en les confinant dans une maison isolée. Ils chassent et cherchent de quoi survivre dans la forêt voisine, constamment reliés à leur maison par une corde que leur mère leur demande de ne surtout « jamais lâcher. » Car, si l’on en croit June, la vieille cabane est le seul endroit où la famille est à l’abri du « Mal » qui règne sur la Terre. Mais un jour, la corde est rompue, et ils n’ont d’autre choix que de s’engager dans une lutte terrifiante pour leur propre survie…
Après Oxygène, survival dans l’espace destiné à Netflix, avec l’insupportable Mélanie Laurent (encore plus irritante quand elle s’exprime en anglais, c’est dire la performance), Alexandre Aja (né en 1978) repasse par la case cinéma pour son dixième long-métrage (déjà), Mother Land, titre français de Never Let Go. Il remplace au pied levé son confrère Mark Romanek (Photo Obsession – One Hour Photo), reprend le scénario coécrit par Kevin Coughlin et Ryan Grassby, et livre une fois de plus une belle expérience cinématographique. Coproduit et interprété par Halle Berry, Mother Land, titre explicite une fois qu’on a compris où le réalisateur voulait nous embarquer, vaut étonnamment plus pour sa mise en scène, magistrale, que pour son histoire relativement classique, quand bien même le récit tente de nous faire croire le contraire en essayant de perdre le spectateur sur ce qui est réel ou pas. Car, sans trop révéler l’intrigue, Mother Land n’est pas un opus d’épouvante comme les autres ou du moins comme on essaye de nous le vendre. C’est aussi et avant tout le portrait d’une mère surprotectrice, qui (sur)vit avec ses deux fils au milieu de nulle part, comme s’ils étaient les seuls rescapés de la (récente) fin du monde. Menacés par le Mal (avec un grand M), qui prend l’apparence qu’il veut et apparaît à la mère de famille, les trois protagonistes sont en sécurité tant qu’ils peuvent toucher ou être ceinturés par une corde reliée aux fondations de leur demeure en bois. Difficile d’aller plus en avant dans l’analyse de Mother Land, sans spoiler, ce que nous nous refusons de faire depuis toujours. Nous tenterons donc d’aborder les points essentiels, afin de vous laisser le maximum de surprises, puisque Never Let Go est comme le reste de la filmographie du cinéaste, à découvrir absolument.
THE APPRENTICE réalisé par Ali Abbasi, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 13 février 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Sebastian Stan, Jeremy Strong, Iona Rose MacKay, Maria Bakalova, Martin Donovan, Catherine McNally, Charlie Carrick, Ben Sullivan, Mark Rendall…
Scénario : Gabriel Sherman
Photographie : Kasper Tuxen
Musique : Martin Dirkov, David Holmes & Brian Irvine
Durée : 2h02
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.
Il fallait bien que cela arrive ! Si Donald Trump a fait quelques panouilles à la télévision (Le Prince de Bel-Air, Une nounou d’enfer) et au cinéma, dont la plus célèbre demeure peut-être son apparition Maman, j’ai encore raté l’avion ! – Home Alone 2: Lost in New York de Chris Colombus, sans oublier une apparition chez Woody Allen (Celebrity) et Ben Stiller (Zoolander), il avait jusqu’à présent surtout inspiré plusieurs personnages. Daniel Clamp de Gremlins 2: La nouvelles génération et bien sûr Biff Tannen, devenu milliardaire dans le futur alternatif dans Retour vers le futur 2, ou bien encore dernièrement le Maxwell Lord de Wonder Woman 1984 sont comme qui dirait des ersatz du golden boy, puis du 45è et 47è président des États-Unis. Mais jamais encore Donald Trump n’avait été « incarné » sur le grand écran. C’est désormais chose faite avec The Apprentice, premier long-métrage américain d’Ali Abbasi, ancien étudiant de l’Université Polytechnique de Téhéran et depuis installé en Suède, réalisateur de Border et de l’exceptionnel Les Nuits de Mashhad – Holy Spider, qui avait valu à Zar Amir Ebrahimi d’être récompensée par le Prix d’interprétation féminine à Cannes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cinéaste ne s’est pas facilité la tâche et livre un merveilleux objet de cinéma, aussi passionnant sur le fond que sur la forme. Dans le rôle de Donald Trump, on retrouve Sebastian Stan, jusqu’à présent essentiellement connu pour son rôle de James « Bucky » Barnes dans l’Univers cinématographique Marvel. Celles et ceux qui s’intéressent de près à sa carrière auront noté ses apparitions chez Jonathan Demme (Rachel se marie), Darren Aronofsky (Black Swan), Ridley Scott (Seul sur Mars), Steven Soderbergh (Logan Lucky) ou Craig Gillespie (Moi, Tonya). Alors qu’il vient d’être récompensé par l’Ours d’argent du meilleur acteur à Berlin et par le Golden Globe du Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour A Different Man de Aaron Schimberg, Sebastian Stan vient de recevoir sa première nomination aux Oscars pour son incroyable prestation dans The Apprentice et se place en principal concurrent d’Adrien Brody, favori dans la course à la statuette dorée convoitée. À ses côtés, tout aussi magistral, Jeremy Strong, échappé de la série Succession, interprète l’avocat Roy Cohn, conseiller juridique de Donald Trump et de son père pendant une dizaine d’années, son mentor, celui qui a senti le potentiel de ce jeune arriviste très vert et pas encore orange. The Apprentice, ou quand l’élève dépasse le maître, est une magistrale leçon de cinéma, qui combine à la fois le format 16mm pour représenter les années 1970, et le format VHS pour la décennie suivante (magnifique photographie de Kasper Tuxen, Julie (en 12 chapitres), Riders of Justice, comme si la caméra avait capté sur le vif les étapes qui ont fait de Trump ce qu’il est devenu. On peut y voir une relecture de Frankenstein, où le monstre finit par échapper à son créateur, à tout contrôle, prêt à tout écraser comme un rouleau compresseur. Si l’on pourra reprocher au film d’être un peu bavard (cela n’arrête pas une seconde pendant deux heures), The Apprentice impressionne du début à la fin.
L’APPEL DE L’AVENTURE (Bookworm) réalisé par Ant Timpson, disponible en DVD le 13 février 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Elijah Wood, Michael Smiley, Nell Fisher, Morgana O’Reilly, Millen Baird, Nikki Si’ulepa, Theo Shakes, Vanessa Stacey…
Scénario : Toby Harvard & Ant Timpson
Photographie : Daniel Katz
Musique : Karl Sölve Steven
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Alors que sa mère vient d’être victime d’un grave accident et reste hospitalisée, la jeune Mildred, 11 ans, voit débarquer Strawn Wise, son père qu’elle n’a jamais vu. Bien décidé à s’occuper de sa fi lle, Strawn décide de réaliser l’un de ses rêves : l’emmener camper à la recherche de la panthère de Canterbury.
Difficile de citer deux ou trois films marquants avec Elijah Wood depuis Maniac (2012) de Franck Khalfoun. Les plus pointus pourront évoquer l’excellent Le Casse – The Trust d’Alex et Ben Brewer, dans lequel il donne la réplique à Nicolas Cage. Mais dans l’ensemble, la carrière du comédien demeure obscure ou inattendue. C’est le cas de Bookworm, intitulé en France L’Appel de l’aventure, film d’aventure pour toute la famille, produit par la compagne d’Elijah Wood (Mette-Marie Kongsved), productrice de Come to Daddy, précédent film du réalisateur Ant Timpson, déjà interprété par la star du Seigneur des Anneaux. Bookworm est un divertissement complètement inoffensif, qui fait la part belle à la jeune actrice Nell Fisher, vue dans Evil Dead Rise de Lee Cronin et prochainement dans la cinquième et dernière saison de Stranger Things, qui s’en sort excellemment bien et tient tête (y compris en taille) à son illustre partenaire. Bookworm possède suffisamment d’atouts dans sa manche pour plaire à un large public.
TATAMI réalisé par Zar Amir Ebrahimi & Guy Nattiv, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman, Nadine Marshall, Lir Katz, Ash Goldeh, Valeriu Andriuta, Mehdi Bajestani…
Scénario : Guy Nattiv & Elham Erfani
Photographie : Todd Martin
Musique : Dascha Dauenhauer
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l’implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.
Elle nous avait subjugué dans Les Nuits de Mashhad, thriller d’Ali Abassi, qui lui avait valu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2022, la franco-iranienne Zar Amir Ebrahimi est de retour devant la caméra, mais aussi cette fois derrière, puisqu’elle coréalise Tatami avec l’israélien Guy Nattiv. Drame sportif inspiré d’une histoire vraie, ce long-métrage s’avère aussi tendu qu’un thriller et rappelle le cinéma d’Asghar Farhadi. Tatami possède cette griffe iranienne, sans doute l’un des meilleurs cinémas du monde, et rend compte de la pression d’un gouvernement qui met tout en œuvre afin d’empêcher les Iraniens et les Israéliens de se rencontrer lors d’événements internationaux. Influencé par l’histoire vraie de plusieurs sportifs Iraniens, dont Sadaf Khadem, première femme boxeuse iranienne, réfugiée en France et devenue porte-parole des droits des femmes, Tatami est une œuvre coup de poing, ou O soto gari plutôt, qui nous tient en haleine du début à la fin, prend aux tripes, bouleverse et joue avec les nerfs. Assurément l’un des grands films de 2024, acclamé par près de 200.000 spectateurs dans les salles françaises.
ABSOLUTION réalisé par Hans Petter Moland, disponible en DVD & Blu-ray le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Liam Neeson, Ron Perlman, Frankie Shaw, Daniel Diemer, Yolonda Ross, Ryan Homchick, William Xifaras, Josh Drennen…
Scénario : Tony Gayton
Photographie : Philip Remy Øgaard
Musique : Kaspar Kaae
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Thug est un homme de main de la mafia sur le déclin qui met tout en jeu pour reconquérir sa famille dont il est séparé et pour tenter une dernière fois de se racheter en démantelant les opérations d’une organisation criminelle rivale.
Liam Neeson n’a jamais autant tourné que dans les années 2010 et ce grâce au carton planétaire inattendu rencontré en 2008 par Taken de Pierre Morel. À 55 ans, le comédien, du haut de son mètre 93, est devenu un spécialiste du bourre-pif. Depuis, les cinéastes ne se sont pas gênés pour lui donner l’occasion de parler à son téléphone portable (son partenaire récurrent) et faire des clés de bras, de Louis Leterrier à Joe Carnahan, en passant par Jaume Collet-Serra (à quatre reprises) et Peter Berg. Entre deux productions destinées à vendre du popcorn, Liam Neeson aime bien rappeler qu’il est aussi demandé par les plus grands, en apparaissant chez Martin Scorsese (Silence) et les frères Coen (La Ballade de Buster Scruggs). Mais le bougre est comme Nicolas Cage et enchaîne tellement les films que le spectateur a tendance à les confondre, tout en oubliant à quel point il peut être puissant quand il s’en donne la peine. C’est le cas avec cet Absolution, non pas un énième ersatz de Taken (qui était un produit issu de chez Wish ou AliExpress), mais un drame psychologique sur le crépuscule d’une existence, celle d’un vieux briscard qui a fait sa carrière le flingue vissé à la pogne, en enchaînant les affaires douteuses, tout en mettant de côté sa vie de famille. On pense alors au superbe Knox de et avec Michael Keaton, sorti en 2023, dans lequel le comédien et réalisateur incarnait un tueur à gages, atteint d’une forme de démence à évolution rapide, qui jure de passer ses derniers jours à tenter de se racheter en sauvant la vie de son fils. Absolution est comme qui dirait un film-jumeau, moins réussi sans doute, mais tout aussi attachant. Le hic provient du fait que, à l’instar de son personnage, Liam Neeson paraît avoir oublié qu’il venait d’interpréter un rôle quasi-similaire dans Mémoire meurtrière – Memory de Martin Campbell, où il campait lui aussi un assassin qui commence à montrer des signes de la maladie d’Alzheimer. Tout cela pour dire que si même la star s’emmêle les pinceaux dans ses projets, le spectateur est tout excusé et peut tout de même passer un beau moment devant Absolution.
MOI CHRISTIANE F. 13 ANS, DROGUÉE, PROSTITUÉE… (Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo) réalisé par Uli Edel, disponible en Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Natja Brunckhorst, Thomas Haustein, Christiane Lechle, Jens Kuphal, Bernhard Janson, Christiane Reichelt, Daniela Jaeger, Jan Georg Effler, David Bowie…
Scénario : Hermann Weigel, d’après le livre de Kai Hermann & Horst Rieck
Photographie : Jürgen Jürges & Justus Pankau
Musique : Jürgen Knieper
Durée : 2h05
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Christiane, une jeune berlinoise de treize ans, vit très mal le divorce de ses parents et entretient une relation compliquée avec sa mère. Elle rêve de s’intégrer à une bande d’amis et de s’en approprier les codes. Lorsqu’elle sort en boîte de nuit pour la première fois, la descente aux enfers de Suzanne commence: la drogue puis la prostitution vont venir ternir le reste de sa jeunesse.
C’est un film culte, un vrai, celui de toute une génération et dont l’histoire a su perdurer dans le temps. Mais à la base, c’est aussi un récit biographique, celui de Christiane Felscherinow, écrit par les journalistes Kai Hermann et Horst Rieck. Adapté au cinéma par Uli Edel, ce roman traduit en français et publié en 1981 sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… est une histoire sans doute intemporelle et sa version pour le septième art une étape dans une vie de cinéphile. Magistralement mise en scène, cette descente aux enfers d’une adolescente est une plongée viscérale et anxiogène dans la capitale allemande, peuplée de jeunes zombies défoncés par la dope et qui n’hésitaient pas à vendre leur cul pour quelques Deutsche Marks, nécessaires pour aller acheter plus tard leur prochaine dose. Bercé par la voix de David Bowie, Heroes, Station to Station, TVC 15 et autres tubes/classiques tirés des albums Heroes, Lodger, Stage et Low, la star faisant d’ailleurs une apparition centrale dans son propre rôle, Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… – Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (littéralement « Nous, les enfants de la station Zoo ») est une véritable expérience sensorielle comme seul le septième art est capable d’offrir aux spectateurs. Même plus de quarante ans après sa sortie (triomphale), le public ressort lessivé de ce chef d’oeuvre redoutablement immersif, choquant, frontal, qui malgré les abîmes laisse percevoir l’espoir.