Test Blu-ray / La Ville captive, réalisé par Robert Wise

LA VILLE CAPTIVE (The Captive City) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Forsythe, Joan Camden, Harold J. Kennedy, Marjorie Crossland, Victor Sutherland, Ray Teal, Martin Milner, Geraldine Hall…

Scénario : Karl Kamb & Alvin M. Josephy Jr.

Photographie : Lee Garmes

Musique : Jerome Moross

Durée : 1h28

Année de sortie : 1952

LE FILM

Pourchassés par des gangsters, Jim Austin et sa femme se réfugient dans un commissariat. Jim raconte aux policiers comment lui, simple éditeur d’un journal local, a été amené à enquêter sur une vaste affaire de corruption mêlant la police et la mafia.

Pour le cinéaste Robert Wise, tout va pour le mieux en 1952. Le Jour où la Terre s’arrêta The Day the Earth Stood Still a été un triomphe au box-office mondial et beaucoup pensent déjà – à juste titre – que le film entrera dans l’histoire du cinéma. Désireux de revenir à une production plus modeste, Robert Wise jette son dévolu sur un scénario coécrit par Karl Kamb (Le Kid du Texas de Kurt Neumann, Smith le taciturne de Leslie Fenton) et Alvin M. Josephy Jr., d’après une histoire vraie vécue par le second, alors journaliste au magazine Time, qui s’est retrouvé confronté à la mafia qu’il dénonçait à travers ses articles. À l’instar de La Brigade du suicide et Marché de brutes d’Anthony Mann, Robert Wise apporte sa virtuosité au film policier dit documentaire pour La Ville captive The Captive City, connu aussi sous le titre La Ville enchaînée, sous-genre hérité du grand succès rencontré à la télévision des procès des grands criminels. Les expériences personnelles et donc réelles survenues à Alvin M. Josephy Jr., le tout approuvé par le sénateur Estes Kefauver, président de la commission sénatoriale sur le crime organisé, ajoutés à la mise en scène toujours inspirée de Robert Wise et la beauté de la photographie du chef opérateur Lee Garmes (Scarface de Howard Hawks, L’Homme au fusil de Richard Wilson, Les Carrefours de la ville de Rouben Mamoulian, La Maison des otages de William Wyler) font de La Ville captive un petit trésor caché dans l’imposante et éclectique filmographie du réalisateur.

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Test Blu-ray / La Chute des héros, réalisé par Karl Malden

LA CHUTE DES HÉROS (Time Limit) réalisé par Karl Malden, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Richard Widmark, Richard Basehart, Dolores Michaels, June Lockhart, Carl Benton, Reid Martin, Balsam, Rip Torn, Khigh Dhiegh…

Scénario : Henry Denker, d’après la pièce de Henry Denker & Ralph Berkey

Photographie : Sam Leavitt

Musique : Fred Steiner

Durée : 1h32

Année de sortie : 1957

LE FILM

Au cours de la guerre de Corée, le major Gargill est accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi et traduit devant la cour martiale. Chargé de l’enquête, le colonel Edwards découvre la vérité.

La Chute des hérosTime Limit est un projet très personnel de Richard Widmark. Alors entre La Dernière CaravaneThe Last Wagon de Delmer Daves et Sainte JeanneSaint Joan d’Otto Preminger, dans lequel il allait camper le Dauphin Charles VII, le comédien est immédiatement séduit par la pièce de théâtre Time Limit ! (sortie en parallèle sous la forme de roman) coécrite par Henry Denker et Ralph Berkey. Ne trouvant pas le soutien des studios, Richard Widmark décide de produire cette adaptation cinématographique (il obtient lui-même les droits pour la somme de 100.000$) avec l’aide de William Reynolds, habituellement monteur (Arrêt d’autobus, La Colline de l’adieu, Papa longues jambes, Les Bannis de la Sierra). Pour la mise en scène, il confie les manettes à son ami Karl Malden, avec lequel il avait tourné Sergent la TerreurTake The High Ground de Richard Brooks, désireux de s’essayer à la réalisation. La Chute des héros est un quasi-huis clos (au décor limité donc) et vrai thriller psychologique de guerre, qui s’intéresse au traumatisme des soldats revenus de la guerre de Corée. La même année que Les Ailes de l’espéranceBattle Hymn de Douglas Sirk, inspiré de l’histoire vraie du colonel Dean Hess et Cote 465 Men In War d’Anthony Mann, et après Le Bataillon dans la nuitHold Back The Night d’Allan Dwan et surtout l’exceptionnel Baïonnette au canon Fixed Bayonets !, La Chute des héros confronte des jeunes soldats revenus du front avec un colonel, officier enquêteur et d’État major, dans le cadre de l’éclaircissement sur des accusations de trahison portées sur l’un des leurs. Si Karl Malden ne parvient pas toujours à masquer l’origine théâtrale de son sujet, l’ensemble demeure passionnant du début à la fin et Richard Widmark signe une nouvelle grande performance qui n’est pas sans rappeler le rôle qu’il tiendra dans le phénoménal Jugement à Nuremberg.

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Test Blu-ray / Un murmure dans l’obscurité, réalisé par Marcello Aliprandi

UN MURMURE DANS L’OBSCURITÉ (Un sussurro nel buio) réalisé par Marcello Aliprandi, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : John Phillip Law, Nathalie Delon, Olga Bisera, Alessandro Poggi, Joseph Cotten, Lucretia Love, Zora Velcova, Susanna Melandri…

Scénario : Nicolò Rienzi & Maria Teresa Rienzi

Photographie : Claudio Cirillo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

D’étranges choses se déroulent dans une villa. Une jeune mère est horrifiée lorsqu’elle découvre que l’ami imaginaire de son fils est son deuxième enfant qu’elle a perdu avant la naissance. Elle sombre lentement dans une dépression et consulte un psychiatre qui lui apprend qu’elle est hantée par le fantôme de son cadet.

Ancien assistant de Luchino Visconti sur ses pièces de théâtre et ses opéras, Marcello Aliprandi (1934-1997), démarre sa carrière au cinéma en secondant Alberto Lattuada. Il passe ensuite à la mise en scène au début des années 1970 avec La Ragazza di latta dans lequel il transforme la magnifique Sydne Rome en robot, opus qui sera présenté au Festival d’Avoriaz en 1973. Malgré ce succès, le réalisateur ne revient que cinq ans plus tard derrière la caméra, en prenant le train en route du poliziottesco et signe Le Juge et la mafia, connu aussi sous le titre Corruption, l’Affaire du juge Vanini (Corruption, l’Affaire du juge Vanini), avec Franco Nero face à Fernando Rey. Cette fois, Marcello Aliprandi n’attend pas et enchaîne directement sur son troisième long-métrage, Un murmure dans l’obscuritéUn sussurro nel buio, qu’il n’a pas écrit (ce qui lui permet de s’y coller très rapidement), tâche qu’il a laissé à Nicolò Rienzi et à son épouse Maria Teresa, pour leur quasi-unique incursion dans le monde du cinéma. Un murmure dans l’obscurité est un étrange drame teinté de fantastique qui paraît s’inspirer grandement de L’Autre The Other de Robert Mulligan. Dans ce dernier, un petit garçon prénommé Niles, a perdu son frère jumeau Holland dans un tragique accident. Le jeu permet à Niles de faire comme si son frère Holland était encore avec lui, au point de croire qu’il est encore en vie. Ada, sa grand-mère, croyant bien faire pour que Niles puisse surmonter sa peine, joue le jeu en le confortant dans ce qu’il croit être vrai. Dans Un murmure dans l’obscurité, il s’agit également et avant tout de l’histoire d’un deuil impossible, non pas pour le jeune Martino, mais pour sa mère, solidement campée par la magnifique Nathalie Delon, qui avant la naissance de son fils a perdu un bébé né prématurément à l’âge de 7 mois. Le film part un peu dans tous les sens, sans vraiment trancher et ce jusqu’à la fin qui peut laisser perplexe et/ou décevoir. En l’état, Marcello Aliprandi soigne la forme de sa troisième œuvre et son atmosphère mystérieuse est pour le coup très réussie. Une curiosité.

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Test Blu-ray / Formule pour un meurtre, réalisé par Alberto De Martino

FORMULE POUR UN MEURTRE (7 Hyden Park: la casa maledetta) réalisé par Alberto De Martino, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic, Loris Loddi, Adriana Giuffrè, Daniela De Carolis…

Scénario : Alberto De Martino & Vincenzo Mannino

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Boston, 1985 – Ayant chuté, enfant, voici vingt-cinq ans, dans un escalier pour échapper à l’agression d’un homme travesti en prêtre, trauma qu’elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu’elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d’elle une sportive handisport accomplie. Alors qu’approche la date de signature d’une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l’entraîneur de Joanna, la pousse à l’épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire…

Clap de fin…ou presque pour Alberto De Martino (1929-2015), ici « Martin Herbert », qui avec Formule pour un meurtre 7, Hyden Park : La Casa Maledetta ou bien encore A Formula for a murder et Formula per un delitto, tournait son avant-dernier film, avant de raccrocher les gants la même année dans un ultime baroud d’honneur avec Miami Golem (La Force invisible). Oublions ce dernier, dont il quittera d’ailleurs la post-production en raison de divergences avec la production, pour se focaliser sur Formule pour un meurtre, qui s’il n’est pas un chef d’oeuvre, n’en reste pas moins honnête dans sa mouture. Certes, ce thriller à tendance giallesque est bien tardif (nous sommes en 1985) et tous les effets sont éculés, mais l’ensemble est suffisamment bien fichu pour que le spectateur ne s’ennuie pas durant 90 minutes. Le cinéphile préférera se souvenir de Formule pour un meurtre plutôt que L’Incroyable homme puma comme film dit testament, dans lequel le réalisateur fait preuve comme souvent d’une solide direction d’acteurs, d’ingéniosité du cadre et du sens du rebondissement multiple. Un au revoir louable de la part d’un des plus grands artisans du cinéma Bis transalpin.

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Test Blu-ray / Special Effects, réalisé par Larry Cohen

SPECIAL EFFECTS réalisé par Larry Cohen, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zoë Lund, Eric Bogosian, Brad Rijn, Kevin O’Connor, Bill Oland, H. Richard Greene, Steven Pudenz, Heidi Bassett…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Michael Minard

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Actrice en herbe originaire de Dallas, Mary Jean Waterman part à New York pour faire carrière, abandonnant son mari, Keefe, et son petit garçon. Bien qu’elle ait changé d’identité pour s’appeler désormais Andrea Wilcox, Keefe finit par la retrouver lors d’une séance de shooting de photos de nu qu’il abrège pour la traquer dans les rues de New York. Elle parvient toutefois à se réfugier chez Christopher Neville, metteur en scène mégalomane qui lui a promis un rôle dans son prochain film. En réalité, la jeune femme s’est jetée dans la gueule du loup…

Nous avons déjà pu dire tout le bien que l’on pensait de Larry Cohen (1936-2019) dans nos articles consacrés à Meurtres sous contrôleGod Told Me To (1976) et L’AmbulanceThe Ambulance (1990), à travers lesquels nous avions passé en revue son parcours et une large partie de sa carrière. C’est donc avec un immense plaisir de parler aujourd’hui de Special Effects, que l’auteur de ces mots ne connaissait même pas avant d’avoir entre les mains l’édition Haute-Définition proposée par Le Chat qui fume. Ce onzième long-métrage mis en scène par Larry Cohen transpire d’amour pour le cinéma de Brian De Palma et intrinsèquement pour Alfred Hitchcock, puisque l’ombre de Sueurs froidesVertigo et par conséquent de Body Double (ainsi que de Pulsions et même de Blow Out) plane sur Special Effects, formidable thriller de série B. Cette véritable pépite bénéficie d’un scénario en béton armé, qui joue avec les nerfs des spectateurs, s’adresse aux cinéphiles et s’amuse à déjouer leurs attentes du début à la fin. C’est aussi l’occasion d’admirer la prestation d’un comédien bien trop souvent oublié, Eric Bogosian, pour la première fois en haut de l’affiche, quatre ans avant le phénoménal Conversations nocturnes Talk Radio d’Oliver Stone, adaptation d’une pièce d’une heure, en fait un monologue écrit et interprété par le comédien, dans laquelle il interprète un animateur de radio qui s’entretient avec les noctambules paumés qu’il ne ménage pas. Comme dans ce dernier, on reste bluffé par le jeu hypnotique d’Eric Bogosian qui bouffe littéralement l’écran, qui rend saisissant son personnage, un homme narcissique, haïssable et monstrueux. Une très grande découverte que ce Special Effects !

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Test Blu-ray / The Video Dead, réalisé Robert Scott

THE VIDEO DEAD réalisé par Robert Scott, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael St. Michaels, Thaddeus Golas, Douglass Bell, Al Millan, Roxanna Augesen, Lory-Michael Ringuette, George Kernan, Rocky Duvall…

Scénario : Robert Scott

Photographie : Greg Becker

Musique : Leonard Marcel, Kevin McMahon & Stuart Rabinowitsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Écrivain de profession, Henry Jordan a la surprise, un jour, de se voir livrer un poste de télévision qu’il n’avait pas commandé. Peu après, il découvre que l’appareil est en fait une sorte de portail permettant aux morts de passer dans le monde des vivants, et très vite, des zombies s’introduisent chez lui et le tuent. La maison trouve rapidement de nouveaux propriétaires : la famille Blair. En l’absence des parents, partis en voyage, les enfants, Zoe et Jeff, commencent à mettre de l’ordre dans la demeure. Ils découvrent le téléviseur dans le grenier, ignorant qu’une horde de zombies va bientôt déferler.

The Video Dead. Réalisé par Robert Scott. Écrit par Robert Scott. Produit par Robert Scott. Avec des acteurs choisis par Robert Scott. Bref, le metteur en scène (qui se nomme Robert Scott donc, vous l’aurez compris) a mis son grain de sel partout dans son seul et unique long-métrage, tourné en 1986 et sorti en 1987, exploité en France sous le titre (raccourci) Video Dead. Rien de plus explicite que ce nom de baptême, nous sommes bien en présence de zombies et non pas d’une cassette VHS, mais d’un film de morts-vivants en N&B intitulé Zombie Blood Nightmare qui passe en boucle sur une vieille télévision…tout irait pour le mieux, si les personnages ne s’étaient pas mis en tête de traverser l’écran pour rendre une petite visite de courtoisie à ceux qui étaient en train de les mater en fumant un pétard. Voilà une série B très intelligente, ambitieuse et prometteuse, qui remplit plus que largement son contrat, tout en réservant de bonnes surprises aux spectateurs et en faisant preuve de beaucoup d’humour. C’est le cas de cette poignée de zombies très bien dépeints, qui se marrent au moment où ils trucident les êtres humains, comme s’ils avaient fait un pari entre eux pour savoir lequel sera le plus inventif pour faire passer leurs victimes de vie à trépas. À ce titre, on retiendra celle mise la tête en bas dans le tambour de la machine à laver, avant d’être essorée comme il le faut, devant des zombies goguenards qui par leur comportement rappellent parfois les Gremlins. Ceux-ci s’en sortent mieux que les comédiens non maquillés, dont le surjeu est assez grandiose. Toujours est-il que The Video Dead (de Robert Scott, mais est-il utile de le rappeler ?) demeure un spectacle ô combien réjouissant, bourré de charme y compris dans ses défauts (on se demande encore pourquoi Jeff apparaît en boitant dans des godillots pourris comme un zombie puisqu’il ne claudique plus tout de suite après), bien emballé avec des effets spéciaux et gore qui participent à cette indéniable réussite.

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Test Blu-ray / L’Abîme – The Rift, réalisé par Juan Piquer Simón

L’ABÎME (The Rift) réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise, Deborah Adair, John Toles-Bey, Ely Pouget, Emilio Linder, Tony Isbert…

Scénario : David Coleman & Colin Wilson, d’après une histoire originale de Juan Piquer Simón & Mark Klein

Photographie : Juan Mariné

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Suite à la disparition du sous-marin nucléaire Siren I, en mission secrète dans le Pacifique, une équipe de secours embarque à bord du Siren II afin de le retrouver et d’en récupérer la boîte noire. Plongeant au fond d’une crevasse, puis empruntant un vaste réseau de tunnels, l’équipage, dirigé par le capitaine Phillips, sera bientôt confronté aux dangers causés par de monstrueuses créatures.

Aaaaah revoilà ce cher Juan Piquer Simón (1935-2011), réalisateur espagnol et pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, sans oublier le mythique Supersonic Man qui surfait sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Début des années 1990, alors qu’Abyss de James Cameron a fait des émules et ce parfois même avant la sortie au cinéma de ce chef d’oeuvre, comme le génial Leviathan de George Pan Cosmatos (à quand en Blu-ray chez nous???), MAL : Mutant aquatique en liberté de Sean S. Cunningham (Vendredi 13 Friday the 13th), ce bon vieux Juan se retrouve aux manettes d’une petite production américaine d’un peu plus d’un million de dollars, The Rift, titre original de L’Abîme, ou bien encore La Grieta comme le film était intitulé dans le pays d’origine de son metteur en scène. Thriller horrifique et fantastique, cette série BZ, terme que l’on utilise pour situer l’entre-deux de cette entreprise tout en reflétant son côté somnifère (surtout dans la première partie), vaut essentiellement pour son bestiaire sympathique et ses effets spéciaux qui ne manquent pas de charme. Si l’on devait vous donner un conseil, persévérez trois bons quarts d’heure (c’est bavard, mais vous allez y arriver), car l’autre moitié du métrage vaut son pesant avec quelques effets gore bien sentis et des trucs dégueulasses avec lesquels vous vous régalerez.

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Test Blu-ray / Scarecrows, réalisé par William Wesley

SCARECROWS réalisé par William Wesley, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Ted Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B.J. Turner, Dax Vernon…

Scénario : William Wesley & Richard Jefferies

Photographie : Peter Deming

Musique : Terry Plumeri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En Floride, cinq mercenaires pénètrent dans un camp militaire, dérobent la solde des soldats de la garnison s’élevant à trois millions de dollars, puis s’emparent d’un avion, prenant en otage le pilote et sa fille. Alors que l’équipage se rend au Mexique, Bert, l’un des voleurs, saute en parachute avec le butin. Le groupe part alors à sa recherche, qui les mène à une ferme abandonnée bordée d’un champ de maïs. Ils ignorent que l’endroit est infesté d’épouvantails maléfiques…

Scarecrows est à ce jour le premier des deux longs-métrages réalisés par le cubain Jose Rolando Rodriguez, qui prendra comme nom d’artiste William Wesley, qui signera donc également Route 666 (2001) avec Lou Diamond Phillips, qui sortira en DVD en France. Mais pour l’heure, c’est Scarecrows qui nous intéresse, qui sera d’ailleurs nommé en 1989 au Festival de Fantasporto. En réalité, même si cette série B est souvent très réussie et possède beaucoup de charme, les participants les plus célèbres ne sont pas devant, mais derrière la caméra, en particulier le directeur de la photographie, qui n’est autre que le grand Peter Deming. Ce dernier démarrait son illustre carrière, peu d’années avant Evil Dead 2 de Sam Raimi et ses collaborations avec David Lynch sur Lost Highway, Mulholland Drive et Twin Peaks : The Return (excusez du peu), mais aussi avec Wes Craven sur La Musique de mon coeur, Scream 2, 3 et 4. Ici, le chef opérateur tentait d’éclairer comme il le pouvait une poignée d’acteurs dans des marais paumés en Floride. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Scarecrows doit beaucoup à Peter Deming. L’image a de la gueule et passe bien les décennies, avec ce parfum forcément reconnaissable des années 1980, ce beau grain parfois appuyé, mais qui flatte les rétines des cinéphiles/ages nostalgiques des spectacles fabriqués avec les moyens du bord, efficacité, intelligence et générosité pour emporter l’adhésion encore aujourd’hui. De l’horreur, gore quand il le faut, drôle aussi avec des dialogues limite ringards (« Ce sont des démons démoniaques ! »), du fantastique, tout cela donne un savoureux mélange, qui est un peu long à décanter, mais dont l’arôme satisfera aisément les pupilles gustatives des amateurs du genre.

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Test Blu-ray / Breeders, réalisé par Tim Kincaid

BREEDERS réalisé par Tim Kincaid, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Teresa Farley, Lance Lewman, Frances Raines, Natalie O’Connell, Amy Brentano, LeeAnne Baker, Matt Mitler, Adriane Lee…

Scénario : Tim Kincaid

Photographie : Arthur D. Marks

Musique : Don Great & Thomas Milano

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

À Manhattan, plusieurs femmes sont victimes d’un violeur qui les brûle au visage avec de l’acide. Leur point commun est qu’elles sont toutes vierges. Admises au même hôpital, elles vont être soignées par le docteur Gamble Page, qui sera aidé par le détective Dale Andriotti. Le docteur Page aimerait bien trouver l’origine du produit visqueux trouvé sur les jeunes femmes et qui semble ne pas appartenir au monde terrestre…

C’est vendredi ou samedi soir, vous désirez vous scotcher devant la télé pour oublier une semaine pourrie. La qualité des programmes est forcément nullissime et ce qu’il vous faudrait c’est un petit film, très court, mettons 75 minutes, ça serait parfait, mais ce serait surtout pas mal que celui-ci soit drôle, tout en étant bien emballé, sans prise de tête et si possible avec un peu de cul ici et là. Ne cherchez plus, Breeders est exactement ce qu’il vous faut. Réalisé par Tim Kincaid, cet opus d’épouvante tourné avec trois francs six sous (on vous laisse convertir en dollars, en tenant compte de l’inflation, avant de repasser en euros) est produit par Charles Brand, qui a comme qui dirait suivi la doctrine de Roger Corman, autrement dit investir dans des films au budget microscopique, en faisant de larges économies, tout en espérant que les recettes soient ainsi les plus lucratives. Pas étonnant de constater que ce dernier ait produit plus de 400 longs-métrages en cinquante ans de carrière dont le célèbre Le Piège – Tourist Trap (1979) et Fou à tuer – Crawlspace (1986) de David Schmoeller, Ghoulies (1984) de Luca Bercovici, From Beyond: Aux portes de l’au-delà (1986) et Dolls – Les Poupées (1986) de Stuart Gordon. Autant dire que Charles Brand, lui-même réalisateur à ses heures (et qui continue encore à mettre en scène en 2023) a de la suite dans les idées et engage toute une ribambelle d’artistes désireux de percer au cinéma. Ce sera donc le cas pour Tim Kincaid, venu du monde pornographique gay, pour lequel il a signé – souvent sous le pseudo de Joe Gage – moult métrages aux titres explicites (Le Secret des routiers, Tough Guys). Pour Breeders, qu’il a par ailleurs écrit, il imagine une poignée de jeunes et belles vierges être violées par une entité extraterrestre, dans le but d’envahir le monde. Voilà. Le pitch tient en une phrase et le pire c’est que Tim Kincaid s’en sort derrière la caméra et ce en dépit de moyens faméliques. Breeders fait penser au train fantôme d’une fête foraine minable, où tous les trucs se voient à l’avance et ne font pas peur, mais devant lesquels on ne peut s’empêcher de se marrer, par nervosité, mais aussi par compassion. Un gentil ride bien sympathique où toutes les nanas se foutent à poil et sans aucune raison, à part satisfaire les bas et bons instincts des animaux que nous sommes.

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Test Blu-ray / Miranda, réalisé par Tinto Brass

MIRANDA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Serena Grandi, Andrea Occhipinti, Franco Interlenghi, Andy J. Forest, Franco Branciaroli, Malisa Longo, Laura Sassi, Isabelle Illiers…

Scénario : Tinto Brass, d’après la pièce de théâtre de Carlo Goldoni

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Italie, début des années 1950. La superbe Miranda tient une auberge. Libertine, elle tente d’oublier son mari, supposé mort à la guerre, dans les bras des hommes de passage dans son établissement : un chauffeur, un Américain, un élu local, un ancien fasciste… Lequel d’entre eux la satisfera à la fois en tant qu’amant et comme mari ? L’heure du choix a sonné et son employé, Toni, espère bien qu’il sera l’heureux élu.

Deux ans après La Clé, Tinto Brass, conforté par son précédent succès, continue sur sa lancée et plonge toujours plus profondément dans l’érotisme avec Miranda. En s’inspirant de la pièce La Locandiera (La Belle aubergiste) de Carlo Goldoni, dont la protagoniste s’appelle Mirandoline, le réalisateur de Caligula dresse un nouveau portrait d’une autre femme libre, qui assume son existence et la dirige comme elle le souhaite, surtout sa sexualité. Après avoir renoncé à engager Stefania Sandrelli, devenue trop chère à la suite du triomphe de La Clé, Tinto Brass jette son dévolu sur Serena Grandi, qui jusqu’à présent n’avait rien fait de vraiment mémorable, en dehors d’AnthropophagousAntropophagus (1980) de Joe d’Amato et quelques apparitions en tant que « silhouette » en tant qu’infirmière, caissière, policière et (c’était alors un passage obligé) prostituée. Le cinéaste remarque ses courbes affolantes (105-60-100) et décide de lui confier le premier rôle de Miranda. Disons-le carrément, les amateurs de poils, de postérieurs proéminents et de poitrines généreuses seront aux anges, Tinto Brass ne reculant devant rien pour mettre en valeur ces trois éléments cinégéniques (et ce dès le tout premier plan), quitte à choquer certains, même si rétrospectivement, la sincérité de la démarche prend le pas sur la vulgarité. Miranda, que son auteur a toujours trouvé supérieur à La Clé, n’est certes pas aussi riche sur le plan thématique, mais n’en reste pas moins une réussite et surtout moderne dans son message féministe.

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