Test Blu-ray / Les Bonnes Étoiles, réalisé par Hirokazu Kore-eda

LES BONNES ÉTOILES (Beurokeo – 브로커) réalisé par Hirokazu Kore-eda, disponible en DVD & Blu-ray le 7 avril 2023 chez HK Vidéo

Acteurs : Song Kang-ho, Gang Dong-won, Bae Doona, Lee Ji-eun, Lee Joo-young, Kang Gil-woo, Park Hae-joon, Im Seung-soo…

Scénario : Hirokazu Kore-eda

Photographie : Hong Kyung-pyo

Musique : Jung Jae-il

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.

Le japonais Hirokazu Kore-eda est de retour ! Après son escapade parisienne pour La Vérité, qui réunissait Catherine Deneuve, Juliette Binoche et Ethan Hawke, le réalisateur ne revient pas dans son pays natal, mais bifurque pour la première fois en Corée du Sud. Les Bonnes Étoiles, n’atteint sans doute pas la réussite d’Une affaire de famille (Palme d’or à Cannes en 2018) ou de Tel père, tel fils (Prix du jury à Cannes en 2013), mais touche cette fois encore en plein coeur les spectateurs, grâce à un récit toujours délicat, une mise en scène élégante et surtout un casting exceptionnel, mené par l’immense Song Kang-ho, récompensé sur la Croisette par le Prix d’interprétation masculine. Également Prix du jury œcuménique, on ressort comblés, bouleversés et parcouru d’un sentiment de plénitude de cette comédie-dramatique, oui on rit aussi souvent, dont certaines images (splendides) et séquences reviennent en mémoire bien après la projection. Le maître nippon a encore frappé.

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Test 4K UHD / La Proie du Diable, réalisé par Daniel Stamm

LA PROIE DU DIABLE (Prey for the Devil) réalisé par Daniel Stamm, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 2 mars 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Jacqueline Byers, Virginia Madsen, Colin Salmon, Nicholas Ralph, Ben Cross, Christian Navarro, Debora Zhecheva, Tom Forbes…

Scénario : Robert Zappia

Photographie : Denis Crossan

Musique : Nathan Barr

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Selon les archives du Vatican, les cas de possession démoniaque ont considérablement augmenté ces dernières années. Pour y faire face, l’Église catholique a secrètement rouvert les écoles d’exorcisme. Sur ce champ de bataille spirituel, Sœur Ann, une jeune nonne, se distingue comme une combattante prometteuse. Bien qu’il soit interdit aux religieuses de pratiquer des exorcismes, un professeur détecte chez elle ce don particulier et accepte de l’initier. Mais son âme est en danger car les forces maléfiques qu’elle combat sont mystérieusement liées à son passé traumatique : le diable l’a choisie et il veut entrer…

C’est pas mal ça dites donc ! Pourtant, on ne misait pas sur cet énième film d’exorcisme et de possession…Il faut dire qu’on a eu de quoi faire ces dix dernières années avec la trilogie Annabelle, The Closet, la trilogie Conjuring, The Crucifixion, Délivre-nous du mal, Demonic, Les Dossiers secrets du Vatican, L’Étrange cas Deborah Logan, L’Exorcisme de Hannah Grace, Incarnate, La Nonne. Un film s’est aussi distingué au début des années 2010, Le Dernier ExorcismeThe Last Exorcism, réalisé par l’allemand Daniel Stamm, gros succès dans les salles avec près de 70 millions de dollars de recette, pour une mise de départ d’1,8 million, récompensé à de multiples reprises dans le monde entier, y compris à Sitges et à Toronto. Après un large détour par la télévision pour des séries comme Intruders, Scream, Fear the Walking Dead, Into the Dark et Them, Daniel Stamm revient au cinéma, ainsi qu’au film d’épouvante avec La Proie du DiablePrey for the Devil qui cette fois encore parvient à se démarquer dans le genre, grâce à un scénario original de Robert Zappia (Halloween, 20 ans après de Steve Miner), mais aussi un personnage principal féminin très fort, incarné par une remarquable comédienne, une révélation, la canadienne Jacqueline Byers. Quasiment de tous les plans, celle-ci crève l’écran et sa prestation participe à la réussite de La Proie du Diable auquel franchement on ne croyait pas du tout avant de le visionner.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / Plancha, réalisé par Éric Lavaine

PLANCHA réalisé par Éric Lavaine, disponible en DVD et Blu-Ray le 1er mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec, Jérôme Commandeur, Caroline Anglade, Lionel Abelanski, Lysiane Meis, Sophie Duez, Valérie Crouzet, Alice Llenas…

Scénario : Éric Lavaine & Héctor Cabello Reyes

Photographie : Antoine Roch

Musique : Lucas Lavaine & Grégory Louis

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Huit ans après leur précédente aventure, la bande d’amis se retrouve pour fêter les 50 ans d’Yves. Tous se retrouvent à l’aéroport, masquant les yeux d’Yves pour lui faire la surprise, avant de décoller pour la Grèce ; deux semaines de bonheur, de soleil et de fêtes. Malheureusement pour eux, le voyage est annulé au dernier moment.

Éric Lavaine a de la suite dans les idées. Ou pas. Abonné au succès depuis son premier long-métrage, Poltergay en 2006, le réalisateur qui avait fait ses classes sur la série H, aura très souvent dépassé le million d’entrées comme avec l’excellent Incognito (2009), de loin son meilleur film, Bienvenue à bord (2011), Barbecue (2014), et surtout Retour chez ma mère (2016), son plus gros hit avec 2,2 millions de spectateurs. Après l’échec commercial colossal d’Un tour chez ma fille en 2021 (la suite de Retour chez ma mère donc), Éric Lavaine a eu cette étonnante idée de retrouver les personnages de Barbecue pour Plancha, en « délocalisant » son groupe des Cévennes en Bretagne. Mal lui en a pris, car son dixième long-métrage s’est lui aussi tapé un méchant bide au box-office avec un peu plus d’un demi-million d’entrées, soit trois fois moins que le premier. Est-ce en raison de l’absence de Florence Foresti, qui participait grandement à la sympathie que l’on pouvait éprouver pour Barbecue ? Pas seulement évidemment, car Plancha est comme qui dirait l’exemple type de la comédie montée uniquement sur son casting, sur l’engouement rencontré par l’épisode précédent, qui ne raconte ABSOLUMENT rien ou qui devient au contraire foncièrement antipathique quand elle essaye de le faire. On en vient à se demander si l’enjeu principal de Plancha ne se résume pas à la météo qui fera le jour suivant et il est difficile de s’attacher ne serait-ce qu’un peu à des protagonistes cyniques, pétés de tune, qui se plaignent à longueur de temps. Et puis la question qui se pose aussi en permanence est comment ceux-ci peuvent considérer être amis, tant ces aigris n’ont de cesse de se tirer dans les pattes, de se foutre de la tronche des autres, de jalouser celui ou celle qui est assis(e) à côté. Au secours.

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Test Blu-ray / The Enforcer, réalisé par Richard Hughes

THE ENFORCER réalisé par Richard Hughes, disponible en DVD et Blu-ray le 2 mars 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Antonio Banderas, Mojean Aria, Kate Bosworth, Alexis Ren, Zolee Griggs, 2 Chainz, Mark Rhino Smith, Luke Bouchier…

Scénario : W. Peter Iliff

Photographie : Callan Green

Musique : Giorgio Giampà

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Stray, un combattant adepte de fight clubs illégaux, est recruté pour ses talents martiaux par une cheffe mafieuse de Miami. Il doit faire équipe avec Cuda, un collecteur de cash expérimenté. Les affaires tournent mal lorsque Cuda découvre qu’une jeune fille qu’il a pris sous son aile est menacée par son propre employeur. Il va être prêt à tout pour la sauver quitte à devoir affronter les siens.

Entre deux grosses machines comme Indiana Jones et le Cadran de la DestinéeIndiana Jones and the Dial of Destiny de James Mangold, Uncharted de Ruben Fleischeret Le Voyage du Docteur Dolittle de Stephen Gaghan, Antonio Banderas cachetonne dans quelques obscures séries B voire Z pour payer ses arriérés d’impôts ou tout simplement pour se faire des liasses de billets verts pour sa retraite (un sujet d’actualité). Certaines de ces récréations s’avèrent très sympathiques comme Acts of Vengeance d’Isaac Florentine ou Security d’Alain Desrochers, dans lesquelles il surfe allègrement sur le terrain de Liam Neeson en mode Taken. Sa dernière production Millenium en date s’intitule The Enforcer (oui oui, comme le titre original de L’inspecteur ne renonce jamais), réalisé par un certain Richard Hughes (frère de Patrick, qui avait dirigé Banderas dans le navrant Expendables 3 et l’improbable Hitman and Bodyguard 2), venu d’Australie, du monde de la publicité et de la mode, remarqué en 2015 pour avoir développé, mis en scène et coproduit The Viral Experiment. Cette série expérimentale en 8 épisodes avait réussi à duper la planète (dans 180 pays exactement) en faisant croire que tous les sujets abordés étaient vrais, les informations « divulguées » ayant été relayées partout, commentées un demi-million de fois, fait près de 2 millions de likes, en cumulant au final près de 300 millions de vue sur internet. The Enforcer est son premier long-métrage…et…mouarf, c’est pas bon…Pourtant, on aime ce genre de petit film calibré pour détendre les hormones des mecs qui sentent le musc et la 1664 éventée, mais l’ensemble paraît en pilotage automatique, en premier lieu ce cher Antonio dont le charisme demeure indéniable à plus de 60 balais, peu aidé ici par un scénario (écrit par W. Peter Illif, qui avait pondu celui de Point Break et de Jeux de guerre il y a plus de trente ans) qui compile des clichés en veux-tu en voilà sur un rythme lent et une mise en scène neurasthénique. Attention, cela peut rester divertissant, mais on traverse le film comme si on était anesthésiés, tant on ne ressent rien et que ce qui nous est montré semble inodore, incolore, invisible…

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Test Blu-ray / Monstrous, réalisé par Chris Sivertson

MONSTROUS réalisé par Chris Sivertson, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Christina Ricci, Santino Barnard, Don Durrell, Colleen Camp, Lew Temple, Carol Anne Watts, Jennifer Novak Chun, Peter Hodge…

Scénario : Carol Chrest

Photographie : Senda Bonnet

Musique : Tim Rutili

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dans les années 50, une femme fuit une relation abusive et emménage avec son fils de sept ans dans une charmante maison près d’un lac. Mais, sous les eaux paisibles de leur nouveau sanctuaire, se cache un danger terrifiant.

Quel plaisir de revoir Christina Ricci au cinéma ! Même si Monstrous n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler un bon film, au moins elle y est quasiment de tous les plans, ou tout du moins de toutes les scènes. Remarqué avec All Cheeleaders Die en 2001, qu’il coréalise avec Lucky McKee, dont ils signeront le remake plus de dix ans après, Chris Sivertson a toujours eu un faible pour le cinéma d’horreur et le thriller. The Lost (2005), adaptation du sulfureux roman de Jack Ketchum et I Know Who Killed Me (2007) avec Lindsay Lohan et Julia Ormond seront aussi bien reçus de la part du public que de la critique, au point de devenir cultes avec les années. Si l’on jette un coup d’oeil à sa filmographie, qui contient également des téléfilms, on se rend compte que l’un des sujets de prédilection de Chris Sivertson demeure la psyché perturbée des êtres humains. Du coup, il sera difficile de parler de Monstrous sans spoiler et l’on devine pourquoi le scénario de Carol Chrest a pu attirer le cinéaste. Cependant, soyons honnêtes, il sera aisé pour le cinéphile/age de comprendre où l’histoire veut nous emmener et ce dès les CINQ premières minutes. Vous voyez où on veut en venir ? On en a déjà trop dit en fait, mais Monstrous repose sur les mêmes codes usés jusqu’à la moelle par les auteurs de films fantastico-d’épouvante nappés de drame psychologique. Sans trop vous donner la puce à l’oreille, disons que Monstrous rappelle parfois bougrement Babycall (2011) de Pål Sletaune, avec la géniale Noomi Rapace…on pourrait citer d’autres longs-métrages plus connus, mais ce serait franchement vous mettre sur la voie…Néanmoins, n’y allons pas par quatre chemins, la seule raison d’être de Monstrous et de le visionner reste Christina Ricci.

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Test DVD / Reprise en main, réalisé par Gilles Perret

REPRISE EN MAIN réalisé par Gilles Perret, disponible en DVD le 21 février 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch, Grégory Montel, Finnegan Oldfield, Vincent Deniard, Marie Denarnaud, Samuel Churin, Yannick Choirat…

Scénario : Gilles Perret, Raphaëlle Desplechin, Marion Richoux & Claude Le Pape, d’après une histoire originale de Gilles Perret

Photographie : Eva Sehet

Musique : Léon Rousseau

Durée : 1h43

Année de sortie : 2022

LE FILM

En Haute-Savoie, une usine de décolletage vieillissante est sur le point d’être rachetée par un fonds de pension anglo-saxon. Pour éviter ce rachat, Cédric, employé dans l’usine, propose à deux de ses amis de créer leur propre fonds d’investissement et de racheter l’usine, incognito.

Fils d’ouvrier militant à la CGT, Gilles Perret (né en 1968) est tout d’abord ingénieur en électronique. La vie le fait bifurquer vers le cinéma, le documentaire plus précisément. Concerné par les questions socio-économiques, le réalisateur élargit petit à petit son champ de vision, premièrement centré sur la Haute-Savoie, puis à plus large échelle. De Ma mondialisation (2006) à Walter, retour en résistance (2008), en passant par Les Jours heureux (2013), J’veux du soleil (2019), et bien d’autres, Gilles Perret (parfois en collaboration avec François Ruffin) s’intéresse aux entrepreneurs, à la lutte militante, au mouvement des Gilets jaunes, à la précarité d’auxiliaires de vie sociale, d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, de femmes de ménage…avec la même passion, une rage doublée d’une immense sensibilité. En 2012, il signe De mémoire d’ouvriers, son troisième film sorti en salle, dans lequel il s’interroge sur ce que sont devenus « ceux de l’usine » au fil du vingtième siècle. Dix ans plus tard, il revient à ce monde qu’il connaît par coeur, mais pour la première fois par l’intermédiaire de la fiction. Ce long-métrage, c’est Reprise en main, coécrit avec sa compagne Marion Richoux, Raphaëlle Desplechin (le sublime Nos batailles de Guillaume Senez) et le talentueux Claude Le Pape (la série Hippocrate, Petit paysan, Les Combattants), qui s’inspire d’anecdotes personnelles de Gilles Perret et de témoignages recueillis tout au long de sa vie. La comparaison avec le cinéma de Stéphane Brizé, mais aussi et surtout de Ken Loach pourrait être facile, pourtant elle est inévitable, tant Reprise en main suit comme qui dirait le même cahier des charges, sans pour autant tomber dans la copie carbone. Remarquable film, solidement charpenté, passionnant, même quand les dialogues « techniques » pourraient sembler hermétiques, Reprise en main repose sur un casting exceptionnel auquel on donnerait volontiers une récompense collégiale. Du cinéma de haute qualité, un vrai coup de/au coeur.

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Test DVD / Le Soleil de trop près, réalisé par Brieuc Carnaille

LE SOLEIL DE TROP PRÈS réalisé par Brieuc Carnaille, disponible en DVD le 7 février 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Clément Roussier, Marine Vacth, Diane Rouxel, Hakim Faris, Léon Durieux, Fethi Saidi, Corentin Fila, Omar El Aissaoui…

Scénario :  Brieuc Carnaille & Clément Roussier

Photographie : Georges Lechaptois

Durée : 1h26

Année de sortie : 2022

LE FILM

À sa sortie d’hôpital psychiatrique, Basile se réfugie chez sa sœur Sarah. Elle est sa seule famille et sa plus grande alliée pour se reconstruire. Aussi flamboyant qu’instable, Basile parvient à trouver du travail et rencontre Élodie, une jeune mère célibataire : il se prend à rêver d’une vie « normale »…

Attention, film choc ! Le soleil de trop près, titre magnifique, provient d’une légende anonyme et ancienne centrée sur le roitelet, considéré comme le plus petit oiseau d’Europe : Un jour les oiseaux décidèrent de se choisir un roi à l’instar des mammifères qui avaient choisi le lion. Celui qui volerait le plus près du soleil serait élu roi. Le roitelet se cacha dans les plumes de l’aigle celui-ci cria son triomphe quand tous les autres oiseaux avaient abandonnés d’épuisement. Mais le petit roitelet sortit de sa cachette et vola un peu plus haut. Il avait ainsi gagné le titre de roi. Les autres oiseaux ayant honte d’avoir un roi aussi insignifiant refusèrent de le proclamer. C’est ainsi que l’aigle est devenu le roi des oiseaux et le roitelet est devenu le petit roi. Le premier long-métrage et coup de maître du réalisateur Brieuc Carnaille se focalise sur Basile, un trentenaire à la personnalité hors normes, qui après avoir été interné retourne vivre chez sa sœur Sarah avec qui il entretient une rare complicité face à sa maladie, la schizophrénie. Fantasque, drôle et charismatique, Basile va se soigner puis retrouver du travail et même rencontrer l’amour. En préférant cacher sa maladie à son nouvel entourage. C’est là qu’il se brûlera les ailes. La schizophrénie (paranoïde ici) a déjà inspiré le cinéma. Shutter Island, Black Swan, Fight Club, Shining, Un homme d’exception, Psychose, Donnie Darko, Fou(s) d’Irène, The Voices, Clean, shaven, Magic, Répulsion, Lost Highway, Mulholland Drive, Take Shelter, Persona, Bug, Schizophrenia bien sûr et on en oublie forcément…Il faudra ajouter à celle liste qui ne saurait être exhaustive et qui s’avère déjà composée de titres prestigieux, Le Soleil de trop près, qui foudroie de façon saisissante le coeur du spectateur du début à la fin et qui révèle un immense comédien, Clément Roussier, également coscénariste du film, dont la prestation laisse pantois d’admiration.

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Test DVD / Les Amandiers, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi

LES AMANDIERS réalisé par Valeria Bruni Tedeschi, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bretheau, Noham Edje, Vassili Schneider, Eva Danino…

Scénario : Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky & Agnès de Sacy

Photographie : Julien Poupard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dans les années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

Au moins une fois par trimestre, sort sur les écrans LE film français qui agace en tout point, sur lequel on a soudainement envie de s’acharner. Voici donc Les Amandiers, cinquième long-métrage réalisé par Valeria Bruni Tedeschi et coécrit avec Noémie Lvovsky, ainsi que le quatrième avec Agnès De Sacy. Et à chaque nouvel opus mis en scène par l’intéressée, on se dit qu’on lui va lui donner une nouvelle chance puisqu’on l’aime beaucoup en tant qu’actrice (5×2, Les Opportunistes, Folles de joie)…mais non, c’est au-dessus de nos forces, une hystérie collective a raison de nous au bout d’un quart d’heure et ça ne s’arrêtera jamais. C’est dommage, car son premier film Il est plus facile pour un chameau… (2002) comportait de bonnes choses, notamment une certaine proximité avec le spectateur, qu’elle a perdu dès son second coup d’essai, Actrices (2007), centrée sur une comédienne angoissée (tiens donc) qui ne vit que pour le théâtre, quitte à mettre de côté sa vie privée. Bon courage à qui voudrait tenter l’expérience, surtout que cela ne s’est pas amélioré par la suite avec Un château en Italie (2013) et sa famille bourgeoise, puis Les Estivants (2018) où une cinéaste cherchait à écrire son nouveau film tout en essayant de se remettre d’une rupture sentimentale. Dans Les Amandiers, c’est la première fois que Valeria Bruni Tedeschi ne tient pas le haut de l’affiche d’une de ses réalisations, bien que le film demeure incontestablement son plus personnel, car ouvertement autobiographique, ou presque, pas totalement, avec ce qui faut de fiction mêlée à ses propres souvenirs reconstitués. Mais très franchement, aller au bout de ces 120 minutes (!!!) est un supplice et ce dès le départ. Avec ses personnages antipathiques et jamais intéressants, Les Amandiers dépeint un milieu, un microcosme détestable où tout le monde est à baffer, complètement déconnecté des réalités et irresponsables. Il faut bien que jeunesse se passe, mais à ce point-là…

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Test Blu-ray / Les Tortionnaires du camp d’amour, réalisé par Edoardo Mulargia

LES TORTIONNAIRES DU CAMP D’AMOUR (Orinoco: Prigioniere del sesso) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 avril 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Cristina Lay, Stelio Candelli, Luciano Rossi, Aldo Minandri, Gota Gobert, Zaira Zoccheddu…

Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero & Anthony La Penna

Photographie : Manuel Mateos

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Au cœur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières.

Tiens, revoilà nos prisonnières sexy ! Chose étrange, Les Tortionnaires du camp d’amourOrinoco: Prigioniere del sesso n’est pas du tout une suite aux Évadées du camp d’amour, contrairement à ce que son titre français pourrait nous faire penser. D’ailleurs, pour être précis, le titre d’exploitation hexagonal demeure La Fin des tortionnaires du camp d’amour n. 2. Allez comprendre. Alors oui, où nous en étions…cet opus a effectivement été tourné en même temps que Les Évadées du camp d’amour, coécrit par les mêmes scénaristes, dans les mêmes décors, avec quasiment la même distribution, par le même réalisateur, une équipe technique identique…mais il ne s’agit pas d’une sequel. En l’état, Les Tortionnaires du camp d’amour est moins attrayant que le « précédent », plus longuet, moins sexuel aussi (sans doute pour ça qu’on trouve le temps long), l’histoire reposant non pas sur une évasion cette fois, mais sur une invasion, puisque le camp central va être pris d’assaut par une bande de révolutionnaires armés jusqu’aux dents, autrement dit leur bite et leur couteau. Ces derniers sont menés par Laredo, le grand chef qui aime bien montrer son torse nu imberbe de quinquagénaire et tourné ses yeux bleus vers le soleil pour qu’on puisse les admirer. Cet être modeste et discret fomente une attaque pour s’emparer du magot du camp, les pierres précieuses récoltées par les femmes-esclaves dans des conditions inhumaines, afin d’agrandir sa petite entreprise. De leur côté, les captives aux jambes longues et fuselées, et très souvent aussi à la poitrine dénudée, qui se caressent sous la douche à côté de leurs copines…bref, celles-ci échafaudent un plan d’évasion dans l’espoir d’échapper à l’enfer du camp. Laredo va s’interposer et tout se terminera dans un joyeux bordel rempli d’explosions qui font boum et de fusillades qui font tatatata. Entre le prologue rigolo tourné dans un Center Parc romain et le final généreux en bastos, il n’y a malheureusement rien ou presque à se mettre sous la dent. Reste la curiosité de découvrir ce film après Les Évadées du camp d’amour, comme s’il s’agissait d’une version alternative.

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