Test Blu-ray / Les Ombres persanes, réalisé par Mani Haghighi

LES OMBRES PERSANES (Subtraction) réalisé par Mani Haghigui, disponible en DVD et Blu-ray le 21 novembre 2023 chez Diaphana.

Acteurs : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Ali Bagheri, Vahid Aghapour, Saeed Changizian, Esmail Poor Reza, Farham Azizi, Soheyla Razavi, Gilda Vishki…

Scénario : Mani Haghighi & Amir Reza Koohestani

Photographie : Morteza Najafi

Musique : Ramin Kousha

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension, va naître une histoire d’amour… et de manipulation.

Quand on pense au cinéma iranien, le nom d’Asghar Farhadi, d’Abbas Kiarostami, de Jafar Panahi viennent tout de suite à l’esprit. Mani Haghighi, né en 1969, est réalisateur, scénariste (La Fête du feu) et acteur occasionnel (À propos d’Elly), qui passe derrière la caméra en 2004 avec Abadan. Mais la consécration arrive deux ans plus tard avec Kārgarān mashghul-e kārand (ou Men at Work), écrit par Abbas Kiarostami, comédie absurde considérée comme une étape primordiale dans le cinéma iranien. Depuis, Mani Haghighi a continué son chemin et ses films ont très souvent été sélectionnés dans les festivals du monde entier. Les Ombres persanes est son huitième long-métrage. Comme à son habitude, le cinéaste jongle avec les genres, avec une histoire qui oscille constamment entre le drame social, le film fantastique et même le thriller d’horreur dans son étonnant dernier acte. S’il n’y a rien à redire sur la qualité de l’interprétation, la mise en scène laisse sérieusement à désirer et l’ennui pointe souvent, d’autant plus que Mani Haghighi semble lui-même ne plus savoir quoi faire de ses personnages principaux quand ceux-ci entrent en confrontation avec leurs sosies. Un résultat très mitigé, qui tente de s’extraire du réalisme social « farhadien » en flirtant avec le surnaturel proche d’un David Lynch, mais qui se prend les pieds dans le tapis par trop de maladresses, voire même d’amateurisme.

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Test DVD / The Dive, réalisé par Maximilian Erlenwein

THE DIVE réalisé par Maximilian Erlenwein, disponible en DVD & Blu-ray le 18 octobre 2023 chez Wild Side Video.

Acteurs : Sophie Lowe, Louisa Krause & Chris Cleveland

Scénario : Maximilian Erlenwein & Joachim Hedén, d’après une histoire originale de Joachim Hedén

Photographie : Frank Griebe

Musique : Volker Bertelmann & Raffael Seyfried

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 2023

LE FILM

Deux sœurs, Drew et May, sont des plongeuses expérimentées. Lors d’un entraînement, un glissement de terrain se produit et un rocher tombe sur May. Elle est piégée sous l’eau, et Drew doit trouver un moyen de la sauver avec l’oxygène qui se raréfie pour les deux sœurs…

Sorti en 2023, The Dive est ni plus ni moins le copier-coller du film Breaking Surface, quatrième long-métrage de Joachim Hedén, récompensé à deux reprises aux Guldbagge Awards, l’équivalent suédois des Césars. En toute franchise, l’auteur de ces mots a découvert The Dive sans savoir qu’il s’agissait d’un remake et l’a beaucoup apprécié. Néanmoins, afin de pouvoir comparer les deux versions, le film original a été visionné quelques jours après. En restant le plus objectif possible, disons que The Dive est un survival tout ce qu’il y a de plus honnête, bien mis en scène et surtout porté par deux formidables actrices, l’australienne – née au Royaume-Uni – Sophie Lowe (vue dans Perfect Mothers d’Anne Fontaine et en 2011 dans la mini-série La Gifle) et l’américaine Louisa Krause (Skin, Dog Eat Dog, Dark Waters), sur lesquelles reposent quasiment intégralement le film. Mais au jeu des comparaisons, il n’est pas interdit de préférer Breaking Surface, avec ses magnifiques décors norvégiens, naturels et sauvages, qui apportent un cachet supplémentaire au récit, ainsi qu’un côté sans doute plus brut et resserré que The Dive, dont l’histoire parfois composée de flashbacks, ou de réminiscences plutôt, est plus chaotique. Toutefois, la réalisation de l’allemand Maximilian Erlenwein ne plagie pas obligatoirement celle de son confrère et trouve son propre style, même si pour cela il dispose de moyens plus conséquents avec un budget cinq fois supérieur. De ce fait, mettre en parallèle Breaking Surface et The Dive fait penser à la correction une dissertation, pour voir comment deux cinéastes parviennent à donner leur interprétation personnelle sur un sujet identique. Aimer les deux travaux rendus est donc possible et The Dive est largement recommandable et à placer aux côtés du récent Fall de Scott Mann.

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Test Blu-ray / Casino Royale, réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath

CASINO ROYALE réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 18 octobre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Ursula Andress, David Niven, Orson Welles, Joanna Pettet, Daliah Lavi, Woody Allen, Deborah Kerr, William Holden, Charles Boyer, John Huston, Kurt Kasznar, George Raft, Jean-Paul Belmondo, Terence Cooper, Barbara Bouchet, Jacqueline Bisset…

Scénario : Wolf Mankowitz, John Law & Michael Sayers

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Burt Bacharach

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Sir James Bond se repose dans son château d’Ecosse. C’est alors que les quatre chefs secrets des grandes puissances le supplient d’accomplir une dernière mission. Pour le convaincre, ils font sauter sa demeure. Le grand Bond se décide alors à agir et à démasquer celui qui fait peser une terrible menace sur le monde.

Passer en revue le pourquoi du comment le producteur Charles K. Feldman a pu obtenir les droits d’adaptation de la première aventure de James Bond écrite par Ian Fleming sera non seulement long, voire interminable, pas obligatoirement passionnant. Mais il est important de noter que Casino Royale, édité au Royaume-Uni en 1953 – il faudra attendre 1960 pour la première traduction française, infidèle et incomplète, qui sortira sous le titre Espions, faites vos jeux – avec un succès foudroyant avait connu une première transposition, non pas au cinéma, mais pour le petit écran, dès l’année suivante sur la chaîne CBS. Dans cet épisode de la série intitulée Climax !, filmé et diffusé en direct, l’américain Barry Nelson est donc le premier à incarner James Bond, « américanisé » pour l’occasion, puisqu’il devient ici un agent de la CIA, tandis que Clarence Leiter (et non pas Felix) est lui un agent britannique au service de sa Majesté. Un téléfilm de 50 minutes, divisé en trois actes, permettant ainsi un changement de décor durant les publicités. 1962, hit inattendu de James Bond 007 contre Dr No, 1963, grand succès de Bons baisers de Russie, 1964, triomphe de Goldfinger, 1965, phénomène mondial d’Opération Tonnerre. EON Productions ne disposant pas des droits pour le cinéma de Casino Royale et refusant de s’associer avec Charles K. Feldman, ce dernier décide de faire cavalier seul et lance son projet personnel avec l’aide de Columbia Pictures. Ce sera l’un des tournages de films les plus catastrophiques avec pas moins de cinq metteurs en scène à la barre Val Guest, Kenneth Hughes, John Huston, Joseph McGrath et Robert Parrish, des comédiens qui vont et viennent, quand ils ne se volatilisent pas complètement dans la nature comme Peter Sellers, sans compter le budget qui explose en raison de cette valse de réalisateurs et d’acteurs, les retards accumulés…Cette parodie, pensée finalement ainsi afin de ne pas s’opposer au « vrai » 007 qui disposait alors de moyens pharaoniques et des meilleurs techniciens du cinéma anglais, connaîtra malgré tout un beau succès dans le monde entier durant les fêtes de Noël. Aujourd’hui, Casino Royale se regarde comme un témoignage d’une époque bien révolue, marquée sur le fond et sur la forme par un psychédélisme difficile à supporter, pas déplaisant, mais bourratif, parfois écoeurant à force de faire ingurgiter aux spectateurs tout et n’importe quoi. Casino Royale est et restera une curiosité couchée sur pellicule, dans laquelle de grands noms du cinéma s’entrecroisent avec un air crispé, trouvant visiblement le temps long, à l’exception de Woody Allen, qui comme dans Quoi de neuf, Pussycat ?, imputable au même producteur, vole la vedette à tous ses partenaires. Il est probablement le seul véritable intérêt de ce pastiche, étant pleinement dans son élément. Quant au scénario, découpé, rapiécé, trahi, agrémenté par des improvisations, réécrit, il ne faut pas en attendre beaucoup et renvoie aux innombrables problèmes rencontrés durant la confection de ce vilain petit canard.

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Test Blu-ray / One Ranger, réalisé par Jesse V. Johnson

ONE RANGER réalisé par Jesse V. Johnson, disponible en DVD & Blu-ray le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Thomas Jane, Dean Jagger, Dominique Tipper, Jess Liaudin, Rachel Wilde, Nick Moran, Patrick Bergin, John Malkovich…

Scénario : Jesse V. Johnson

Photographie : Simon Rowling

Musique : Sean Murray

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Alex Tyree, un ranger texan, traque un voleur de banque à travers le désert. Il est rejoint dans sa chasse par un agent britannique qui lui apprend que le criminel est un dangereux terroriste préparant une attaque à Londres. Le Texas Ranger s’envole pour la capitale britannique pour poursuivre la traque avec l’aide du MI6.

Depuis Buffy, tueuse de vampiresBuffy the Vampire Slayer de Fran Rubel Kuzui, il en a fait du chemin Thomas Jane ! Étrange carrière d’ailleurs, puisque sa filmographie mélange John Woo, Albert Pyun, Paul Thomas Anderson, Renny Harlin, Terrence Malick, Amos Gitaï, Frank Darabont, Russell Mulcahy, Lisa Azuelos (oui oui), Gregg Araki et bien d’autres. Mais depuis quelques années, le comédien semble avoir privilégié les productions sans envergure comme Slayers, Vendetta et Anti-Life (avec Bruce Willis), sur lesquels l’auteur de ces mots était revenu et vous invite à vous rendre compte de la catastrophe. Pourtant, chaque fois ou presque, Thomas Jane parvient à tirer son épingle du jeu. Son charisme n’a eu de cesse de s’accentuer avec l’âge et à l’instar d’Arnold Schwarzenegger ou The Rock, il se dégage toujours une décontraction attachante, une légèreté contagieuse, comme si lui-même n’était pas dupe de la qualité du bousin qu’il est en train de tourner. Cependant, One Ranger n’est assurément pas une daube. Il s’agit même d’une série B fort plaisante, inspirée par Un shérif à New YorkCoogan’s Bluff (1969) de Don Siegel, réalisée par Jesse V. Johnson, qui nous avait déjà assez emballé l’année dernière avec White Elephant, une des meilleures « williseries » de fin de parcours, avec un superbe Michael Rooker, John Malkovich et Olga Kurylenko. S’il n’a pas ce qu’on pourrait appeler une « griffe », le réalisateur a tout du moins un certain style, très efficace dans son genre, ce qui lui a permis de diriger des pointures de l’action comme Tony Jaa (Triple Threat), Scott Adkins (The Cash Collector) et Steve Austin (Killers Game). On ne s’ennuie pas une seconde devant One Ranger, thriller d’action marqué par quelques touches d’humour, bien interprété par un Thomas Jane en grande forme et qui a l’air de s’amuser, dont le tandem avec Dominique Tipper, également sa partenaire dans la série à succès The Expanse renvoie aux buddy-movies des années 1980. Un divertissement qui à défaut d’être original demeure éminemment sympathique.

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Test Blu-ray / La Guerre des gangs, réalisé par Umberto Lenzi

LA GUERRE DES GANGS (Milano Rovente) réalisé par Umberto Lenzi, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Antonio Sabàto, Philippe Leroy, Antonio Casagrande, Carla Romanelli, Alessandro Sperli, Franco Fantasia, Tano Cimarosa, Marisa Mell…

Scénario : Franco Enna & Umberto Lenzi, d’après une histoire originale d’Ombretta Lanza

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1973

LE FILM

Salvatore Cangemi gère un réseau de prostitution à Milan tout en se faisant passer pour un marchand de légumes sans histoire. Quand il refuse une proposition d’un trafiquant français nommé Roger Daverty, c’est toutes les affaires de Cangemi qui risquent de s’écrouler…

Après une année 1972 plus que chargée avec pas moins de trois longs-métrages, Le Tueur à l’orchidée Sette orchidee macchiate di rosso, Au pays de l’exorcisme Il paese del sesso selvaggio et Le Couteau de glace Il coltello di ghiaccio, Umberto Lenzi ralentit un peu la cadence, mais continue dans le genre thriller avec La Guerre des gangs Milano rovente (littéralement « Milan à feu et à sang »). Le réalisateur cosigne le scénario avec Franco Enna (Cadavere per signora de Mario Mattoli, La Dernière chance de Maurizio Lucidi) et place son récit dans le chef-lieu de la Lombardie, dans ses rues froides et noires de monde (et éclairées par les néons publicitaires), dans lesquelles s’affrontent des trafiquants de drogue et un gang de proxénètes, qui ne pouvant trouver un terrain d’entente, décident de se livrer à une guerre sans fin. Excellent opus d’el signore Lenzi, La Guerre des gangs, à ne pas confondre avec le film de Lucio Fulci, Luca il contrabbandiere, baptisé de la même façon sept ans plus tard lors de sa sortie en France, bénéficie d’un casting soigné mené par Antonio Sabàto (ne pas oublier l’accent), découvert en 1966 dans Grand Prix de John Frankenheimer. Si son visage dira quelque chose aux amateurs de westerns transalpins (Aujourd’hui ma peau, demain la tienne, Deux fois traître), le comédien venait de trouver l’un de ses rôles les plus célèbres dans Le Tueur à l’orchidée, déjà mis en scène par Umberto Lenzi. Le film repose solidement sur ses épaules, ainsi que sur sa moustache (c’était alors la mode), mais aussi sur un bon antagoniste en la personne de Philippe Leroy, qui avait donné la réplique à son partenaire dans son premier film, Lo Scandalo d’Anna Gobbi, sept ans auparavant. Ils jouent cette fois à égalité et se partagent l’affiche de ce polar bourré de charme, sec, brutal. Un bon spectacle représentatif du cinéma d’exploitation italien.

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Test Blu-ray / Poker Face, réalisé par Russell Crowe

POKER FACE réalisé par Russell Crowe, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2023 chez Wild Side Video.

Acteurs : Russell Crowe, Liam Hemsworth, RZA, Aden Young, Steve Bastoni, Daniel MacPherson, Brooke Satchwell, Paul Tassone, Elsa Pataky…

Scénario : Russell Crowe & Stephen M. Coates

Photographie : Aaron McLisky

Musique : Matteo Zingales & Antony Partos

Durée : 1h34

Date de sortie initiale: 2022

LE FILM

Dans le monde du poker à gros enjeux et de la finance internationale, un milliardaire de la technologie prend de gros risques…

Cela arrive parfois. On se dit, « tiens il devient quoi ce bon vieux Russell Crowe ? ». Le lauréat de l’Oscar du meilleur acteur pour Gladiator (2000) a pourtant toujours été présent, même si moins sur le devant de la scène ou dans des rôles plus étoffés, comme si le comédien néo-zélandais avait été obligé de prendre du ventre pour apporter une épaisseur aux personnages moins ambitieux qu’on lui offrait d’interpréter. S’il a bossé avec Ridley Scott, Paul Haggis, Tom Hooper, Zack Snyder, Darren Aronofsky et Shane Black, Russell Crowe n’a plus cette stature ou cette aura qui l’accompagnaient à la bonne époque de Révélations The Insider de Michael Mann, Master and Commander : De l’autre côté du monde Master and Commander: The Far Side of the World de Peter Weir et Un homme d’exception A Beautiful Mind de Ron Howard. Hormis l’enthousiasmant Enragé Unhinged de Derrick Borte, ce n’est pas sa minable participation au pitoyable Thor: Love and Thunder de Taika Waititi qui redorera son blason. Qu’à cela ne tienne, le sieur Crowe décide de repasser lui-même derrière la caméra, vingt ans après avoir tâté du documentaire (Texas, 60 Odd hours in Italy), avec le drame historique La Promesse d’une vie The Water Diviner (2014), dans lequel il s’octroie le rôle principal aux côtés d’Olga Kurylenko. Le film obtient de bonnes critiques, mais passe complètement inaperçu. Russell Crowe réitère l’expérience avec Poker Face, étrange thriller qu’il a coécrit avec Stephen M. Coates. Pourquoi « étrange », car Poker Face semble constamment avoir le cul entre deux chaises, autrement dit hésiter entre divers genres, sans véritablement trancher et qui paraît survoler plusieurs sujets du début à la fin, sans chercher à approfondir quoi que ce soit. Accompagné d’avis négatifs, Poker Face n’est pourtant pas déshonorant, surtout au niveau de la mise en scène, élégante et même parfois stylisée, mais le fond demeure tellement opaque que beaucoup de spectateurs risquent d’être décontenancés voire découragés d’aller à la fin. À vous de voir.

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Test Blu-ray / L’Enfer de la drogue – El Pico, réalisé par Eloy de la Iglesia

L’ENFER DE LA DROGUE (El Pico) réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en coffret Cinéma Quinqui de Eloy de la Iglesia – Coffret 3 films : Colegas + El Pico + El Pico 2 le 5 septembre 2023 chez Artus Films.

Acteurs : José Luis Manzano, José Manuel Cervino, Luis Iriondo, Enrique San Francisco, Andrea Albani, Queta Ariel, Marta Molins, Pedro Nieva Parola, Alfred Lucchetti, Guillermo Reinlein, Marta Pérez Ferrándiz…

Scénario : Gonzalo Goicoechea & Eloy de la Iglesia

Photographie : Hans Burmann

Musique : Luis Iriondo

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Dans le Bilbao du début des années 80, Paco et Urko, deux adolescents en rupture de ban délaissent leurs études pour les paradis artificiels, partageant tous deux la couche de Betty, une jeune prostituée qui va les initier à l’héroïne. De consommateurs, ils deviennent trafiquants, rapidement emportés dans une spirale criminelle qui va frapper de plein fouet leurs familles respectives.

Reprenons où nous en étions. Suite à l’engouement rencontré par Colegas en 1982, le réalisateur Eloy de la Iglesia continue sur sa lancée et s’apprête à connaître son plus grand succès et probablement l’opus le plus emblématique du cinéma quinqui avec El Pico, exploité en France sous le titre L’Enfer de la drogue ou Dose mortelle. L’accent est mis cette fois sur le fléau représenté par la dope qui circulait alors abondamment en Espagne et plus particulièrement dans les banlieues (mais pas que) où les jeunes étaient déjà livrés à eux-mêmes. Triomphe populaire, à tel point que le film est encore très largement diffusé à la télévision ibérique, El Pico est un drame foudroyant qui comme un panneau en introduction l’indique « est inspiré de faits réels librement transposés par l’imagination des auteurs ». Que faire de la liberté nouvellement acquise après la disparition de Franco ? « Je croyais qu’on était libres maintenant » annonce un personnage dans les premières minutes d’El Pico, qui avec une réalité quasi-documentaire dépeint la chute inexorable de deux fils à la vie diamétralement opposée, l’un étant le fils d’un commandant de gendarmerie et l’autre celui d’un député nationaliste basque, soudés par une amitié indéfectible et qui vont prendre le chemin de la seringue plantée dans le bras. « On sait se contrôler, on n’est pas des débiles » déclarent-ils quand ils veulent juste essayer au début et en prendre de temps en temps quand ils se sentent largués. Inévitablement, Paco et Urko entament sans véritablement se rendre compte, un aller simple pour l’enfer. Remarquable long-métrage d’Eloy de la Iglesia, metteur en scène et auteur à voir comme le chaînon manquant entre Pier Paolo Pasolini et Rainer Werner Fassbinder, El Pico deviendra un tel phénomène de société qu’une suite sera écrite, produite et mise en scène dès l’année suivante. Une immense (re)découverte s’impose dans nos contrées.

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Test Blu-ray / Quoi de neuf, Pussycat ?, réalisé par Clive Donner

QUOI DE NEUF, PUSSYCAT ? (What’s New, Pussycat?) réalisé par Clive Donner, disponible en combo Blu-ray + DVD le 7 novembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, Eddra Gale…

Scénario : Woody Allen

Photographie : Jean Badal

Musique : Burt Bacharach

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Rédacteur en chef d’une grande revue féminine parisienne, Michael James passe ses journées entouré de femmes superbes. Bien qu’il soit amoureux de la jolie Carole Werner, les autres beautés de son entourage ne le laissent pas indifférent. Pour tenter de s’amender, il consulte le psychiatre Fritz Fassenbender. Malheureusement pour James, le docteur est encore plus fou que lui et entraîne ses patients dans une spirale infernale de folie et de romance.

Peter Sellers, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, ils sont tous réunis à la même affiche de Quoi de neuf, Pussycat ?What’s New, Pussycat?, comédie complètement déjantée réalisée par Clive Donner, d’après un scénario de Woody Allen. Le film étant entièrement tourné en France, au fameux Castel Henriette dans les Hauts-de-Seine, au Château de Chaumontel et à Luzarches dans le Val-d’Oise, et bien sûr à Paris (dont La Closerie des Lilas), il n’est donc pas étonnant de voir le casting anglo-saxon donner la réplique à Michel Subor, Jacques Balutin, Robert Rolis, Daniel Emilfork et même à Françoise Hardy dans la dernière scène. Quoi de neuf, Pussycat ? fait penser au buffet à volonté d’un traiteur asiatique. Le choix est vaste, immense, on blinde son assiette sur plusieurs étages, on engouffre le tout sans forcément se rendre compte du mélange hétérogène auquel on s’adonne, avant de lécher son auge et de repartir se servir pour un second service. Si l’on finit enfin par être rassasié, l’estomac en a pris un coup, le souffle est court, la fatigue nous assomme, on se sent barbouillé, mais heureux. C’est ça What’s New, Pussycat?, on en prend plein les mirettes, c’est souvent lourd et pesant, mais les ingrédients foutraques fonctionnent malgré tout et si l’ingestion pointe effectivement en fin de parcours, on ne peut s’empêcher d’aimer cette fantaisie frappadingue, qui marque les débuts au cinéma, comme scénariste et comédien d’Allan Stewart Konigsberg, plus connu sous le nom de Woody Allen.

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Test Blu-ray / Stars at Noon, réalisé par Claire Denis

STARS AT NOON réalisé par Claire Denis, disponible en DVD et Blu-ray le 17 octobre 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Margaret Qualley, Joe Alwyn, Benny Safdie, Danny Ramirez, Nick Romano, Stephan Proaño, Monica Bartholomew, Carlos Bennett…

Scénario : Claire Denis, Andrew Litvack & Léa Mysius, d’après le roman de Denis Johnson « Des étoiles à midi »

Photographie : Éric Gautier

Musique : Tindersticks

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En 2020, Trish, une jeune journaliste américaine en détresse bloquée sans passeport dans un Nicaragua en pleine période électorale rencontre dans un bar d’hôtel Daniel, un voyageur anglais. Il lui semble être l’homme rêvé pour l’aider à fuir le pays. Mais elle réalise trop tard qu’au contraire, elle entre à ses côtés dans un monde plus trouble, plus dangereux.

Depuis les années 1990, Claire Denis poursuit son travail sur le même rythme, à raison de quatre longs-métrages par décennie, même s’il est évident que la réalisatrice a accéléré la cadence après le crépusculaire Les Salauds en 2013, en signant dans un espace de temps limité Un beau soleil intérieur, High Life, Avec amour et acharnement (Ours d’argent de la meilleure réalisation au Festival de Berlin) et Stars at Noon. Le dernier en date, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2022 où le film a remporté le Grand Prix, est l’adaptation du roman – largement autobiographique – Des étoiles à midi (écrit en 1986 et dont l’action était située en pleine révolution sandiniste au Nicaragua) de l’écrivain américain Denis Johnson (décédé en 2017). Cela faisait longtemps que Claire Denis cherchait à transposer l’un de ses livres, ayant rencontré l’auteur, qui ne voulait pas s’impliquer dans ce projet. La mort de Denis Johnson pendant le tournage en Allemagne de High Life aura accéléré la mise en chantier de Stars at Noon. La cinéaste confie le rôle principal à la magnifique Margaret Qualley, fille de l’actrice Andie MacDowell (et ça se voit), révélée dans Palo Alto de Gia Coppola, qui a ensuite confirmé son talent dans l’indispensable série The Leftovers, avant d’enchaîner avec The Nice Guys de Shane Black et Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, dans lequel Claire Denis l’a repérée, en sachant immédiatement qu’elle la voulait pour camper la nébuleuse Trish. Celle-ci s’en remet totalement à la réalisatrice, se met à nu, en sens propre comme au figuré. N’attendez pas de grandes explications sur les motivations des personnages, d’ailleurs en ont-ils vraiment, mais il est important que le spectateur sache qu’il lui sera indispensable de se laisser aller au gré de cette succession de scènes plus ou moins liées entre elles, sans véritable enjeu dramatique. Les 135 minutes pourront paraître interminables à certains, fascinantes pour d’autres, déconcertantes aussi. Stars at Noon ne laisse pas indifférent et l’on peut autant rejeter les protagonistes qu’être envoûté par un montage hypnotique et la beauté de la photographie d’Éric Gautier (Avec amour et acharnement, La Vérité, Le Jour de mon retour, Ceux qui m’aiment prendront le train, Into the Wild), sans oublier la composition du fidèle groupe Tindersticks. En l’état, Stars at Noon peut se voir uniquement pour la subjuguante Margaret et c’est déjà beaucoup.

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Livre / Le Siècle des stars, par Olivier Rajchman (Editions Perrin)

De Charlie Chaplin à Leonardo DiCaprio, nombre d’acteurs ont été non seulement d’immenses vedettes, mais aussi des figures emblématiques dont la vie et les interprétations ont défrayé la chronique et marqué l’imaginaire. La star illumine et attire le public avant de demeurer dans la mémoire collective, astres furtifs ou monuments marquant plusieurs générations de cinéphiles à l’instar de Marlon Brando, John Wayne, Elizabeth Taylor, Jane Fonda ou plus récemment George Clooney et Meryl Streep. Beaucoup ont été en pointe dans les grands combats politiques et sociétaux du  » siècle d’Hollywood  » (1920-2020), de la lutte contre le racisme au féminisme en passant naturellement par le récit critique ou héroïque des guerres (mondiales, Vietnam) et la défense des minorités. Le présent ouvrage raconte avec un rare bonheur d’écriture leurs vies privées et publiques tout en faisant une large part à leur travail d’acteur proprement dit, ce que l’on nomme la persona qui leur confère leur aura singulière. L’ensemble forme une véritable histoire du cinéma racontée à travers des portraits biographiques riches en anecdotes, portés par un journaliste historien d’envergure. Il offre en creux une chronique de la célébrité, voulue et magnifiée par le 7e art, avant que la disparition des  » monstres sacrés  » et le triomphe des superproductions déshumanisées n’interrogent sur sa pérennité.

En 2017, à l’occasion de la sortie de son merveilleux ouvrage Hollywood ne répond plus, tout d’abord publié chez Editions Baker Street, puis réédité dernièrement chez Tempus Perrin, nous avions dit tout le bien que nous pensions du journaliste et historien du cinéma Olivier Rajchman. Celui que les cinéphiles ont pu croiser à travers les bonus de DVD/Blu-ray (La Tulipe noire, Mort d’un pourri, Rocco et ses frères, Deux hommes dans la ville, Borsalino and Co), qui avait déjà signé un autre opus de référence sur la « rivalité » entre Bébel et Delon (Delon/Belmondo: L’Etoffe des héros, Broché, 2010) propose cette fois un livre qui a tout pour venir reposer au pied du sapin de Noël dans quelques semaines. En effet, Le Siècle des stars, sous-titré « 40 portraits d’icônes hollywoodiennes », réunit donc quatre dizaines de biographies de celles et ceux qui ont fait de la Mecque du cinéma ce qu’elle est, ou plutôt ce qu’elle a été, étant donné que le prestige du passage à la postérité n’a aujourd’hui plus la même signification. Dans de cette anthologie, Olivier Rajchman retrace un siècle de cinéma, en invitant le lecteur à (re)faire connaissance avec celles et ceux dont les noms font briller les yeux des cinéphiles. 24 acteurs et 16 actrices, 40 stars, dont la vie et la carrière sont résumées en une dizaine de pages (en moyenne), chaque portrait étant systématiquement accompagné d’une filmographie (très) sélective et même d’une photographie dans un encart placé à mi-livre.

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