Test Blu-ray / Quand vient l’automne, réalisé par François Ozon

QUAND VIENT L’AUTOMNE réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 4 février 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Josiane Balasko, Hélène Vincent, Ludivine Sagnier, Sophie Guillemin, Pierre Lottin, Vincent Colombe, Marie-Laurence Tartas…

Scénario : François Ozon

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.

À force de tourner, avec 23 longs-métrages en l’espace de 26 ans, soit quasiment un film par an, François Ozon est un peu comme l’événement annuel du Beaujolais nouveau. On est heureux de le retrouver et même si la qualité n’est pas là à chaque cuvée, il y a toujours des éléments à analyser, des nouveaux parfums à en tirer. Quand vient l’automne ne fait assurément pas partie des « bons » opus de son auteur, mais il n’est pas non plus à classer parmi les plus mauvais. À ce titre, il sera difficile à François Ozon de faire pire que L’Amant double. On ne pourra pas reprocher au réalisateur de se remettre constamment en question, en danger aussi sans doute, de se réinventer, de se réincarner, car Quand vient l’automne est diamétralement opposé au précédent Mon Crime, comédie barrée et élégante qui avait attiré plus d’un million de spectateurs. Il revient ici à quelque chose de feutré, aux non-dits, à une tension sous-jacente, aux regards, au silence, avec – comme beaucoup l’ont dit – un petit parfum de Simenon et chabrolien. Néanmoins, ce drame psychologique ou thriller dramatique ne convainc pas sur pas mal de points et fait tout d’abord penser à un téléfilm France 3 – Bourgogne, avec une caméra pépère, une mise en scène qui manque singulièrement de souffle, un rythme aux pâquerettes et quelques partis-pris ratés qui font involontairement rire. Pour tout dire, ce n’est pas déplaisant, dans le sens où l’on ne peut qu’admirer deux immenses comédiennes à l’oeuvre, Hélène Vincent et Josiane Balasko, mais il faut vraiment les aimer pour aller (difficilement tout de même) au bout de cette histoire décevante et qui s’oublie rapidement, contrairement à de nombreux autres œuvres du cinéaste.

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Test Blu-ray / Beetlejuice Beetlejuice, réalisé par Tim Burton

BEETLEJUICE BEETLEJUICE réalisé par Tim Burton, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 22 janvier 2025 chez Warner Bros.

Acteurs : Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Monica Bellucci, Willem Dafoe, Justin Theroux, Catherine O’Hara, Danny DeVito…

Scénario : Alfred Gough & Miles Millar

Photographie : Haris Zambarloukos

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

Il est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était sérieusement attendu ! D’autant plus que ce comeback avait été teasé depuis belle lurette. Depuis même le début des années 1990. Il aura donc fallu patienter plus de 35 ans – sans tenir compte de la série animée – pour que Tim Burton livre la suite de Beetlejuice, son premier grand succès (et second long-métrage après Pee Wee’s Big Adventure), qui avait attiré plus de 600.000 spectateurs dans les salles françaises. Beetlejuice Beetlejuice débarque dans les cinémas du monde entier en 2024 et devient le plus grand succès du réalisateur depuis (l’immonde) Alice, qui datait tout de même d’une quinzaine d’années et qui avait franchi la barre convoitée du milliard de dollars. Mais en regardant la filmographie du cinéaste, cette séquelle est sans doute son opus le plus réussi et indéniablement personnel depuis Sleepy Hollow. Un quart de siècle sépare ces deux films, un gouffre temporel durant lequel Tim Burton – et c’est l’avis général de ses admirateurs – s’est perdu dans des longs-métrages plus commerciaux, où son génie s’étiolait au profit d’images de synthèses affreuses, du cabotinage de Johnny Depp, d’émotions artificielles aussi. Pas étonnant que le metteur en scène, désormais âgé de plus de 65 ans, ait voulu revenir à ses premières amours, au système D (même si Beetlejuice Beetlejuice a coûté la coquette somme de cent millions de dollars, contre 40 millions pour le premier, inflation prise en compte), aux effets spéciaux directs, aux maquettes, au trompe-l’oeil, à l’animation en volume, où il est définitivement le plus à l’aise. En reprenant quasiment l’intégralité du casting original, à l’exception du couple Baldwin-Davis (bien que l’on fasse référence aux Maitland) et de Jeffrey Jones (arrêté, condamné et reconnu coupable d’agression sur mineur), ce « Beetlejuice 2 » témoigne du regain d’inspiration de Tim Burton, qui prouve qu’il en a encore sous le capot et quand bien même cette nouvelle aventure est loin d’être parfaite, le spectacle est garanti et l’attente finalement bien récompensée.

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Test Blu-ray / Notre-Dame de Paris, réalisé par Wallace Worsley

NOTRE-DAME DE PARIS (The Hunchback of Notre Dame) réalisé par Wallace Worsley, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 21 janvier 2025 chez Rimini Editions.

Acteurs : Lon Chaney, Patsy Ruth Miller, Norman Kerry, Kate Lester, Winifred Bryson, Nigel De Brulier, Brandon Hurst, Ernest Torrence…

Scénario : Edward T. Lowe Jr & Perley Poore Sheehan, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Robert Newhard

Durée : 1h37

Année de sortie : 1923

LE FILM

Dans le Paris du XVe siècle, la Gitane Esmeralda danse sur le parvis de Notre-Dame. Quasimodo, le sonneur de cloche, est secrètement amoureux d’elle. Lorsque la jeune femme doit être pendue pour meurtre, Quasimodo s’empare d’elle et la met à l’abri dans la cathédrale.

C’est un blockbuster des années 1920. Notre-Dame de Paris ou Le Bossu de Notre-Dame The Hunchback of Notre-Dame, réalisé par Wallace Worsley (1878-1944) est le second long-métrage adapté de l’oeuvre colossale de Victor Hugo, publiée en 1831. Avant cela, on trouve deux courts-métrages français, un de 1905 et un autre de 1911, tandis que les Américains s’emparent de l’histoire de Quasimodo dès 1917, The Darling of Paris, d’une durée d’une heure. La version qui nous intéresse faisait à l’origine pas loin de 120 minutes (un quart d’heure n’a jamais pu être retrouvé) et reste encore aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles de toute l’histoire du cinéma. Avec des moyens colossaux, le mythique roman est transposé dans les studios Universal, où la base de la cathédrale a été reconstituée, ainsi que les habitations parisiennes, le parvis du monument et les rues adjacentes, le tout étalé sur une dizaine d’hectares et nécessitant la présence de 2000 figurants, et donc autant de costumes, sans oublier les accessoires. En 1923, produit par Carl Laemmle (le somptueux 20.000 lieues sous les mers de Stuart Paton) et Irving Thalberg (Freaks de Tod Browning) Notre-Dame de Paris devient ainsi le plus grand succès du cinéma, tandis que le budget colossal d’un million et demi de dollars est largement rentabilisé. Redécouvrir ce chef d’oeuvre plus d’un siècle après sa sortie est aussi bouleversant qu’inespéré, puisque devenu invisible depuis 1947, année où un boss d’Universal avait purement et simplement décidé de détruire les négatifs des films muets. Il faudra attendre soixante ans pour qu’une copie 16 mm soit miraculeusement retrouvée par un restaurateur américain, une version intégrale et teintée que nous avons désormais nos yeux ébahis.

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Test Blu-ray / Monsieur, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

MONSIEUR réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Liselotte Pulver, Mireille Darc, Henri Crémieux, Berthe Grandval, Jean-Paul Moulinot, Jean-Pierre Darras, Peter Vogel…

Scénario : Claude Sautet, Anya Corwin-Böckmann, Georges Darrier & Pascal Jardin, d’après la pièce de Claude Gevel

Photographie : Louis Page

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Veuf inconsolable, un riche banquier s’apprête se jeter dans la Seine mais une femme l’en empêche, c’est son ancienne femme de chambre, Suzanne, tombée dans la galanterie. Elle lui révèle que l’épouse pleurée le trompait éhontément. Le banquier laisse croire à son suicide et décide de disparaître. Changeant d’identité, il se fait embaucher comme maître d’hôtel chez un riche industriel, M. Bernadac où Suzanne, passant pour sa fille, sera la femme de chambre.

Sorti entre deux films de Gilles Grangier, Maigret voit rouge et L’âge ingrat, Monsieur est la troisième collaboration entre Jean Gabin et le réalisateur Jean-Paul Le Chanois, qui avait offert au comédien ce qui restera l’un des plus grands succès de sa carrière, Les Misérables, d’après Victor Hugo. Soyons honnêtes, cette comédie est à juste titre très souvent oubliée, car foncièrement anecdotique pour la star du cinéma français, qui prend tout de même un évident plaisir à donner à la réplique à une ribambelle de merveilleux comédiens, dont Philippe Noiret. Mais Jean-Paul Le Chanois peine à aller au-delà d’un simple vaudeville et Monsieur marque un net recul d’inspiration pour le metteur en scène du Cas du docteur Laurent (1957). Il n’y a pas de tabou à déclarer que Monsieur est un opus tout ce qu’il y a de mineur dans la filmographie conséquente du « Vieux », qui avait lui aussi le droit à une récréation. S’il s’est souvent retrouvé dans la peau d’un bourgeois bien installé ou dans celle d’un prolo, Jean Gabin endosse ici les deux costumes et s’avère impérial, comme à son habitude.

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Test Blu-ray / Une vraie jeune fille, réalisé par Catherine Breillat

UNE VRAIE JEUNE FILLE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Charlotte Alexandra, Hiram Keller, Rita Maiden, Bruno Balp, Georges Guéret, Shirley Stoler…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Le Soupirail

Photographie : Pierre Fattori & Patrick Godaert

Musique : Mort Shuman

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Alice Bonnard vient passer ses vacances chez ses parents dans les Landes. Ils possèdent une scierie ou ils emploient un jeune garcon, Jim. Alice se sent très attirée par le jeune homme.

Nous sommes à la moitié des années 1970 et Catherine Breillat se voit offrir l’opportunité de réaliser l’adaptation de son quatrième roman intitulé Le Soupirail (éditions Guy Authier, 1974). Ce premier long-métrage, intitulé Une vraie jeune fille ne pourra pas sortir sur les écrans comme prévu (classé X, le film perd son distributeur et son producteur fait faillite) et devra pour cela attendre une vingtaine d’années. Quand on découvre Une vraie jeune fille quasiment cinquante ans après sa confection, on se rend compte que TOUT Breillat est déjà dans cette première œuvre coup de poing (certains diront même un fist), redoutablement transgressive, (dé)culottée, qui s’inscrit de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles, trop heureux de pouvoir enfin analyser, vivre, ressentir cette pierre fondatrice, matricielle d’une des filmographies les plus singulières du cinéma hexagonal.

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Test Blu-ray / Lee Miller, réalisé par Ellen Kuras

LEE MILLER réalisé par Ellen Kuras, disponible en DVD & Blu-ray le 12 février 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgård, Marion Cotillard, Andrea Riseborough, Noémie Merlant, Josh O’Connor, James Murray, Arinzé Kene, Vincent Colombe, Patrick Mille…

Scénario : Liz Hannah, Marion Hume & John Collee, d’après le livre d’Antony Penrose

Photographie : Pawel Edelman

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’incroyable vie de Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray, devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.

Et encore un biopic…Voici celui consacré à Elizabeth Miller, alias Lee Miller (1907-1977), reporter et photographe américaine, passée à la postérité pour le célèbre cliché la montrant nue, dans la baignoire d’Adolf Hitler, peu de temps après le suicide de son dernier. Nous sommes ici en plein genre ultra-balisé et donc sans aucune surprise. Le film, premier long-métrage comme réalisatrice d’Ellen Kuras, habituellement directrice de la photographie chez Spike Lee (He Got Game), Jim Jarmusch (Coffee and Cigarettes), Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez), Sam Mendes (Away We Go), ne sort pas des sentiers – archis – battus de l’hagiographie et se contente d’aligner les moments clés de la vie de sa protagoniste, formidablement interprétée par Kate Winslet, toujours extraordinairement investie (elle est également productrice) et dont le charisme, ainsi que le talent, sont aussi impressionnants. Projet nourri pendant de longues années, Lee Miller (ou simplement Lee en version originale), n’est évidemment pas inintéressant, mais pâtit d’un manque de rythme. Heureusement, l’intérêt redouble dans une deuxième partie, celle où Lee Miller se rend compte des horreurs de la guerre, avant de les immortaliser avec son Rolleiflex. Nous ne saurons que trop vous conseiller le documentaire de Sylvain Roumette, Lee Miller ou la traversée du miroir (1995), sans doute plus complet que le film d’Ellen Kuras. Néanmoins, Lee Miller est déjà un bon portrait de la photographe, modèle et égérie de Man Ray, et Kate Winslet était la plus parfaite candidate pour incarner cette femme exceptionnelle, aventurière dans son domaine, qui disait n’avoir jamais perdu une minute de sa vie.

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Test Blu-ray / Blink Twice, réalisé par Zoë Kravitz

BLINK TWICE réalisé par Zoë Kravitz, disponible en DVD & Blu-ray le 21 décembre 2024 chez Warner Bros.

Acteurs : Naomi Ackie, Channing Tatum, Alia Shawkat, Christian Slater, Simon Rex, Adria Arjona, Haley Joel Osment, Liz Caribel, Levon Hawke, Trew Mullen, Geena Davis, Kyle MacLachlan…

Scénario : Zoë Kravitz & E.T. Feigenbaum

Photographie : Adam Newport-Berra

Musique : Chanda Dancy

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Quand le milliardaire Slater King rencontre Frida, c’est le coup de foudre. Invitée sur son île privée, elle y découvre des soirées décadentes où le champagne coule à flots. Mais des événements étranges commencent à se produire et Frida devra découvrir la vérité si elle veut sortir vivante de cette fête.

À la fin de Blink Twice, son premier film comme réalisatrice, on ne peut s’empêcher de penser que Zoë Kravitz en a sérieusement sous le capot. Ce thriller sexy s’avère un chaînon manquant entre Les Chasses du comte Zaroff The Most Dangerous Game (1932) d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel et Get Out (2017) de Jordan Peele. Autant dire que la surprise est de taille, surtout que Zoë Kravtz signe elle-même le scénario avec E.T. Feigenbaum, qui avait eu la charge d’un des dix épisodes de la série High Fidelity, adaptée du roman culte de Nick Hornby (déjà transposé en 2000 par Stephen Frears), interprétée entre autres par…Zoë Kravitz. Celle-ci démontre tout son talent comme metteuse en scène et directrice d’acteurs, tous exceptionnels dans Blink Twice, qui agit comme un rollercoaster, qui nous emmène vers des chemins insoupçonnés, s’amuse à perdre et à surprendre les spectateurs, tout en conservant avec lui une certaine complicité, puisque le public, de mèche, assiste à un jeu de massacres qui conserve étonnamment une élégance inattendue. On ne s’attendait sûrement pas à être cueillis de la sorte et l’on attend avec une extrême impatience la suite de la magnifique Zoë derrière la caméra.

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Test 4K UHD / Les Dames du Bois de Boulogne, réalisé par Robert Bresson

LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNE réalisé par Robert Bresson, disponible en Édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 18 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Paul Bernard, María Casares, Élina Labourdette, Lucienne Bogaert, Jean Marchat, Yvette Etiévant…

Scénario : Robert Bresson d’après le roman Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot

Photographie : Philippe Agostini

Musique : Jean-Jacques Grünenwald

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Hélène a juré de se venger de Jean, son amant qui la délaisse. Elle retrouve une de ses amies qui loue sa jeune fille à de riches fêtards. Hélène s’arrange alors pour que Jean rencontre la jeune Agnès. Mais celui-ci tombe amoureux d’Agnès et décide de l’épouser.

Les Dames du Bois de Boulogne n’est pas un film sur les femmes de petite vertu. Loin de là. Le second long métrage de Robert Bresson (1901-1999) est un drame sombre et impitoyable qui a connu un tournage chaotique à la fin de l’Occupation Allemande, avec de longs arrêts en raison de la Libération de Paris, des prises de vue durant une saison rude, des pannes d’électricité, des alertes aux bombardements, une pellicule limitée, des tensions entre le réalisateur et Maria Casarès. Le film s’inspire librement de l’histoire de Mme de la Pommeraye dans Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, récemment adaptée par Emmanuel Mouret avec Mademoiselle de Joncquières. Sorti en 1945, ce deuxième essai est un coup de maître, qui cependant ne connaîtra pas le succès critique et commercial des Anges du péché (1943). Sur des dialogues signés Jean Cocteau, même si ce dernier aura toujours déclaré n’avoir participé que de façon amicale, Les Dames du Bois de Boulogne permet à son auteur de trouver et d’imposer son style, notamment à travers un immense travail sur le son.

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Test Blu-ray / Le Tonnerre de Dieu, réalisé par Denys de La Patellière

LE TONNERRE DE DIEU réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Michèle Mercier, Robert Hossein, Lilli Palmer, Georges Géret, Emma Danieli, Ellen Schwiers, Daniel Ceccaldi…

Scénario : Pascal Jardin, d’après le roman de Bernard Clavel

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Georges Garvarentz

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Léandre Brassac, vétérinaire, est l’heureux propriétaire d’un manoir dont il a hérité. Homme caractériel et misanthrope, il partage sa vie avec une Allemande répondant au nom de Marie. Un jour, il fait la rencontre d’une jeune prostituée sans repères qu’il décide d’installer chez lui, après s’être débarrassé de son souteneur.

Sorti en 1965, Le Tonnerre de Dieu n’est assurément pas le film le plus connu avec Jean Gabin en vedette. Pourtant, il demeure rétrospectivement le cinquième plus grand hit de toute la carrière du comédien (sans tenir compte de son apparition dans le Napoléon de Sacha Guitry) et le plus gros succès de ses dix collaborations avec le réalisateur Denys de La Patellière avec 4,1 millions d’entrées. Entre L’Âge ingrat de Gilles Grangier et Du rififi à Paname du même Denys de La Patellière, Le Tonnerre de Dieu réunit la star du cinéma français et Michèle Mercier, alors tout juste auréolé du triomphe d’Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie. Souvent qualifié de misogyne depuis sa sortie, cet opus est certes « représentatif » d’une certaine époque, mais ne mérite pas la volée de bois vert qui accompagne quasiment systématiquement Le Tonnerre de Dieu, car ce drame non dénué d’humour, ou comédie de mœurs teinté de tragédie, joue habilement avec les genres, fait perdre ses repères aux spectateurs, déstabilise, à tel point qu’on ne sait plus sur quel pied danser à plusieurs reprises. Toujours est-il que Jean Gabin reste immense, son personnage – « alcoolique, paillard et de plus en plus anarchiste » – retrouve l’ivresse d’Un Singe en hiver et parfois la gouaille d’Archimède le clochard, tout en annonçant le Julien Bouin du Chat. On est sans cesse subjugué par la prestation du « Vieux », qui du haut de ses soixante piges trônait toujours au sommet du box-office, savait donner la réplique à ses jeunes partenaires, tout en conservant une fraîcheur de jeu inégalée.

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Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat

ANATOMIE DE L’ENFER réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin, Manuel Taglang, Jacques Monge, Claudio Carvalho, Carolina Lopes, Diego Rodrigues…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Pornocratie

Photographie : Giorgos Arvanitis & Guillaume Schiffman

Musique : D’Julz

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.

Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.

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