Test Blu-ray / Le Cid, réalisé par Anthony Mann

LE CID (El Cid) réalisé Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 16 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page, John Fraser, Gary Raymond, Hurd Hatfield, Massimo Serato…

Scénario : Philip Yordan, Fredric M. Frank & Ben Barzman

Photographie : Robert Krasker

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 3h

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

L’Espagne est presque entièrement aux mains des Maures du sultan Ben Youssouf. Seuls les petits royaumes d’Aragon et de Léon résistent encore. Don Rodrigue, jeune chevalier castillan, multiplie les exploits, au point que ses ennemis eux-mêmes l’appellent le Cid, le seigneur. Pour avoir fait grâce à des princes arabes vaincus, Rodrigue est accusé de trahison par le père de sa bien-aimée, don Gormaz. Au cours du duel les opposant, Rodrigue blesse à mort don Gormaz, qui fait jurer à sa fille Chimène qu’elle le vengera. Partagée entre son amour pour Rodrigue et sa promesse, Chimène choisit de tenir parole…

En l’espace de dix ans, Charlton Heston aura interprété à l’écran le président Andrew Jackson (Le Général invincible d’Henry Levin), par ailleurs à deux reprises (Les Boucaniers d’Anthony Quinn), Buffalo Bill (Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper), l’explorateur William Clark (Horizons lointains de Rudolph Maté) et Moïse (Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille). Si l’on ajoute à tous ces rôles celui de Judah Ben-Hur, le comédien est devenu le spécialiste des personnages « bigger than life ». Charlton Heston est incontestablement l’une des plus grandes stars du cinéma et débarque dans les années 1960 avec Le Cid El Cid d’Anthony Mann, superproduction internationale dans laquelle il incarne Rodrigo Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador ou simplement El Cid, chevalier mercenaire chrétien, héros de la Reconquista. Si ce dernier est évidemment peu connu en dehors des frontières espagnoles, l’occasion était trop belle pour le producteur Samuel Bronston (John Paul Jones, maître des mers de John Farrow, Le Roi des rois de Nicholas Ray), qui s’empare de ce mythe national pour mettre en route un spectacle cinématographique qui a pour vocation de concurrencer Hollywood, par l’intermédiaire de son studio installé en terre ibérique. Alors qu’il vient de réaliser les scènes du camp d’esclaves en Libye, Anthony Mann est viré du tournage de Spartacus par Kirk Douglas lui-même, producteur en plus de tenir le haut de l’affiche, qui lui reproche son manque de poigne. Samuel Bronston lui confie les rênes du Cid, de son budget conséquent et de son casting quatre étoiles, composé également de Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page et John Fraser. Considéré par maître Scorsese comme étant l’un des plus grands films épiques jamais réalisés, Le Cid est assurément l’un des longs-métrages les plus impressionnants que vous aurez l’opportunité de voir dans votre vie de cinéphile.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Cid, réalisé par Anthony Mann »

Test Blu-ray / Le Président et Miss Wade, réalisé par Rob Reiner

LE PRÉSIDENT ET MISS WADE (The American President) réalisé Rob Reiner, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Douglas, Annette Bening, Martin Sheen, Michael J. Fox, Richard Dreyfuss, Samantha Mathis, Nina Siemaszko, Anna Deavere Smith…

Scénario : Aaron Sorkin

Photographie : John Seale

Musique : Marc Shaiman

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Andrew Shepherd est un président des États-Unis jeune, dynamique, populaire. Veuf, il élève seul sa fille. Candidat à un second mandat, il veut faire voter une loi sur la diminution de la pollution due aux carburants. Lorsqu’il tombe amoureux une avocate représentant une importante organisation écologiste, la presse et l’opposition crient au scandale.

Au milieu des années 1990, en dehors d’une crise de désintoxication, tout va bien pour Michael Douglas au cinéma. Basic Instinct de Paul Verhoeven est devenu l’un des plus gros succès de l’année 1992, Chute libre de Joel Schumacher et surtout Harcèlement de Barry Levinson ont fracassé le box-office, lui permettant d’obtenir le cachet de 20 millions de dollars par film. Alors que The Game de David Fincher se profile à l’horizon, arrivé au sommet de sa carrière, le comédien se voit proposer d’interpréter ni plus ni moins la fonction ultime, le président des Etats-Unis, dans Le Président et Miss Wade The American President. A l’origine, Robert Redford devait camper le rôle-titre, ayant lui-même engagé le scénariste Aaron Sorkin pour écrire le film. Mais suite à l’arrivée de Rob Reiner pour le réaliser, Robert Redford décide de quitter le projet, en raison de « divergences artistiques ». Si ce dernier déclare que Rob Reiner voulait axer Le Président et Miss Wade sur la politique, d’autres témoins déclarent que la mésentente entre les deux hommes serait à l’origine du départ de Robert Redford. Nous ne perdons pas au change, car Michael Douglas s’avère magnifique dans la peau du président Andrew Shepherd, homme veuf, au pouvoir depuis trois ans, père d’une jeune adolescente, tenaillé entre son désir de se représenter (nous sommes à un an des élections) et celui de refaire sa vie, puisqu’il vient de tomber amoureux de Sydney Ellen Wade, incarnée par la lumineuse Annette Bening. Par l’élégance de sa mise en scène, la virtuosité de son scénario et ses dialogues qui fusent à cent à l’heure, Le Président et Miss Wade renvoie forcément au cinéma de Frank Capra, Howard Hawks et George Cukor, références qui ont toujours imprégné le travail d’Aaron Sorkin. Aujourd’hui, The American President est devenu un opus qu’on a beaucoup de plaisir à revoir, ne serait-ce que pour le charme de son couple star et son casting quatre étoiles.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Président et Miss Wade, réalisé par Rob Reiner »

Test Blu-ray / Terreur sur la ville, réalisé par Charles B. Pierce

TERREUR SUR LA VILLE (The Town That Dreaded Sundown) réalisé Charles B. Pierce, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 17 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ben Johnson, Andrew Prine, Dawn Wells, Jimmy Clem, Jim Citty, Charles B. Pierce, Robert Aquino, Cindy Butler…

Scénario : Earl E. Smith

Photographie : Jaime Mendoza-Nava

Musique : James W. Roberson

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville.

Certains ont tendance à l’oublier, mais entre Black Christmas (1974) de Bob Clark et Halloween, la nuit des masques (1978) de John Carpenter, il y a eu Terreur sur la ville The Town That Dreaded Sundown, de Charles B. Pierce, futur scénariste du mythique Sudden Impact – Le retour de l’inspecteur Harry (1983) de Clint Eastwood et donc auteur du légendaire « Go ahead, make my day ! ». Il s’agit d’une histoire vraie qui s’est déroulée huit mois après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans la petite bourgade américaine de Texarkana, 40.000 habitants, coincée entre le Texas et l’Arkansas, dont la tranquillité retrouvée est perturbée par les agissements d’un serial killer masqué d’un sac de jute. Terreur sur la ville est un film quasi-inclassable, à la fois un vrai thriller, un faux documentaire (mais fidèle aux faits réels, tourné sur les lieux des événements avec l’aide des habitants) utilisant à plusieurs reprises une voix-off (celle de Vern Stierman, déjà le narrateur du documenteur The Legend of Boggy Creek), le tout marqué par quelques moments surréalistes avec un humour burlesque et presque nonsensique, avec l’apparition de Charles B. Pierce lui-même, très drôle dans le rôle de l’adjoint « Sparkplug » Benson. Ce mélange pourra encore aujourd’hui en dérouter plus d’un, pourtant le réalisateur trouve ce parfait équilibre, fragile et face auquel moult de ses confrères auraient pu se casser les dents, pour au final livrer un formidable opus du genre épouvante, dont l’originalité n’a d’égale que sa rareté.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Terreur sur la ville, réalisé par Charles B. Pierce »

Test Blu-ray / Nuit d’ivresse, réalisé par Bernard Nauer

NUIT D’IVRESSE réalisé Bernard Nauer, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Gérard Martin, Jean-Claude Dauphin, Jean-Michel Dupuis, Jerome Walke, Guy Laporte, Théo Légitimus…

Scénario : Josiane Balasko & Thierry Lhermitte, d’après la pièce de Josiane Balasko

Photographie : Carlo Varini

Musique : Jacques Delaporte

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Jacques Belin, animateur de l’émission télévisée L’Affaire est dans le sac, est la vedette montante du petit écran. Fred, elle, sort tout juste de prison. Tous deux se retrouvent au comptoir d’un bar près de la gare de l’Est, où Jacques arrose le prix qu’il vient de recevoir, celui de Dandy d’or de la courtoisie française. Si Fred le trouve beau et sexy, il la trouve, en revanche, vulgaire et mal habillée…

Resituons Nuit d’ivresse dans la carrière de Josiane Balasko et de Thierry Lhermitte. La première vient de passer derrière la caméra avec Sac de nœuds, où son duo avec Isabelle Huppert n’a pas vraiment enthousiasmé les foules avec seulement 630.000 entrées. Elle s’apprête à signer son second long-métrage en tant que réalisatrice, Les Keufs, qui pour le coup connaîtra un beau succès dans les salles. Pour Thierry Lhermitte, tout va bien, le triomphe des Ripoux est encore frais, Un été d’enfer, de Michaël Schock, Le Mariage du siècle de Philippe Galland et Les Rois du gag de Claude Zidi tournent tous autour du million et demi d’entrées. Dans les années 1980, les deux complices du Splendid partagent l’affiche dans Clara et les chics types de Jacques Monnet, Les Hommes préfèrent les grosses, Le Père Noël est une ordure et Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré et La Smala de Jean-Loup Hubert. Des films essentiellement collectifs, dans lesquels ils ne font que se croiser, ou même pas du tout. Finalement, l’opus qui les réunira réellement est Nuit d’ivresse de Bernard Nauer, adaptation de la pièce de théâtre créée en 1985 au Théâtre du Splendid Saint-Martin par Josiane Balasko et Michel Blanc. Thierry Lhermitte remplacera ce dernier dans un second temps. S’il n’est pas le film le plus connu des membres du Splendid, Nuit d’ivresse demeure pourtant une comédie hilarante, menée à cent à l’heure, qui enchaîne les scènes cultes comme des perles sur un collier, dans laquelle les deux stars livrent une remarquable prestation. Bref, Nuit d’ivresse est un vrai film culte.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Nuit d’ivresse, réalisé par Bernard Nauer »

Test Blu-ray / Le Cri de guerre des Apaches, réalisé par Jodie Copelan

LE CRI DE GUERRE DES APACHES (Ambush at Cimarron Pass) réalisé Jodie Copelan, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Scott Brady, Margia Dean, Clint Eastwood, Irving Bacon, Frank Gerstle, Ray Boyle, Baynes Barron, William Vaughn…

Scénario : Richard G. Taylor & John K. Butler, d’après une histoire de Robert A. Reeds & Robert W. Woods

Photographie : John M. Nickolaus Jr.

Musique : Paul Sawtell & Bert Shefter

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À la fin de la Guerre de Sécession, le major Matt Blake et ses hommes doivent conduire un prisonnier à Fort Waverly. En route, ils sont attaqués par une bande d’anciens soldats confédérés. Parmi eux, Keith Williams, qui a perdu sa famille durant le conflit. Tous vont devoir s’entraider pour affronter les Apaches qui contrôlent la région.

C’est un petit western tourné en à peine une dizaine de jours, avec peu de moyens, noyé dans la masse en 1958, la même année que Duel dans la Sierra de George Sherman, L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann, Les Bravados de Henry King, L’Or du Hollandais et Cowboy de Delmer Daves, Le Fier rebelle de Michael Curtiz, Les Grands espaces de William Wyler et L’Aventurier du Texas de Budd Boetticher. Rien n’aurait pu le distinguer du tout-venant, surtout face à certains monuments du genre. Il y a pourtant UN élément qui a permis à ce film réalisé par Jodie Copelan de devenir une curiosité à part entière, la présence au générique du jeune Clint Eastwood, alors âgé de 28 ans. Autant le dire d’emblée, nous n’avons évidemment d’yeux que pour ce grand gaillard d’1m93 et au regard perçant, qui crève l’écran à chaque apparition et qui parvient même à voler la vedette à la star Scott Brady. Si Le Cri de guerre des Apaches – connu aussi sous le titre La Marche à la mort – n’est pas déplaisant et conserve un vrai charme rétro, l’ensemble reste anecdotique, mais peut-on réellement qualifier ainsi ce long-métrage quand l’un des plus grands acteurs de l’histoire du cinéma y faisait ses débuts ? Toujours est-il que ce divertissement court et rapide (72 minutes, montre en main) remplit parfaitement son contrat et compile tout ce que le spectateur est en droit d’attendre d’un western. Alors, pourquoi se priver ?

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Cri de guerre des Apaches, réalisé par Jodie Copelan »

Test Blu-ray / Le Pirate des Caraïbes, réalisé par James Goldstone

LE PIRATE DES CARAÏBES (Swashbuckler) réalisé par James Goldstone, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Rimini Editions

Acteurs : Robert Shaw, James Earl Jones, Peter Boyle, Geneviève Bujold, Beau Bridges, Geoffrey Holder, Avery Schreiber, Tom Clancy, Anjelica Huston…

Scénario : Jeffrey Bloom

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : John Addison

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mer des Caraïbes, 18ème siècle. Le boucanier Red Ned Lynch et Jane Barnet, une fougueuse jeune femme issue de la noblesse maniant très bien l’épée, joignent leur force pour protéger la Jamaïque du joug d’un cruel tyran…

Du réalisateur James Goldstone (1931-1999), on connaissait surtout l’excellent Virages Winning (1969) avec Paul Newman, drame sportif qui combinait à la fois la crise d’un couple nouvellement marié et l’effervescence du milieu de la course automobile, ainsi que Le Toboggan de la mort (1977), référence du film catastrophe et thriller atypique, puisque le récit se situait essentiellement dans une fête foraine. Sa filmographie recèle décidément des surprises, puisque nous découvrons aujourd’hui Le Pirate des Caraïbes Swashbukler, sorti en 1976, alors que la mode bifurquait tranquillement, mais sûrement vers le genre fantastique, avec notamment l’imminence de Star Wars. Ce film d’aventure complètement anachronique s’avère pourtant un remarquable divertissement, plein de fougue, de charme et de rebondissements, magistralement interprété par le britannique Robert Shaw, qui allait malheureusement disparaître deux ans plus tard à l’âge de 51 ans, des suites d’une attaque cardiaque. Entre Les Dents de la mer Jaws de Steven Spielberg et La Rose et la FlècheRobin and Marian de Richard Lester, dans lequel il arborera l’étoile du shérif de Nottingham, le comédien, monstre de charisme, crève l’écran en digne successeur du Corsaire rouge, autrefois interprété par Burt Lancaster dans le film du même nom de Robert Siodmak. Près de trente ans avant la saga Pirates of the Caribbean, initiée par Gore Verbinski en 2003, Le Pirate des Caraïbes offrait aux spectateurs un fabuleux voyage au temps des flibustiers au sourire carnassier ! Un vrai coup de coeur.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Pirate des Caraïbes, réalisé par James Goldstone »

Test Blu-ray / Alice’s Restaurant, réalisé par Arthur Penn

ALICE’S RESTAURANT réalisé par Arthur Penn, disponible en édition Blu-ray + DVD + CD le 16 novembre 2021 chez Rimini Editions

Acteurs : Arlo Guthrie, James Broderick, Pat Quinn, Pete Seeger, Lee Hays, Michael McClanathan, Geoff Outlaw, …

Scénario : Arthur Penn & Venable Herndon, d’après la chanson d’Arlo Guthrie

Photographie : Michael Nebbia

Musique : Arlo Guthrie

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Arlo, 22 ans, tente de trouver sa place dans l’existence grâce à la musique. Sa vie, il la partage entre les visites à l’hôpital où son père est mourant, les concerts et ses amis Alice et Ray qui viennent d’ouvrir un restaurant en ville. Mais un incident dans ce restaurant obligera Arlo à faire des choix qui mettront à l’épreuve sa liberté et ses convictions… pour toujours.

Si cela est connu aux États-Unis, on sait moins en revanche en France qu’Alice’s Restaurant, le sixième long-métrage d’Arthur Penn (1922-2010) est inspiré par une chanson, un chant-monologue plutôt, bref un tube devrait-on dire, d’Arlo Guthrie (né en 1947), Alice’s Restaurant Massacree, qui a déferlé sur les ondes en 1967. Arthur Penn est immédiatement séduit par cette ballade de près de vingt minutes, durant laquelle l’interprète et compositeur s’en prend ouvertement, mais avec humour et ironie au service militaire obligatoire qui effrayait les jeunes américains pendant que la guerre du Viêt Nam faisait rage. Né à Brooklyn, fils du chanteur folk Woody Guthrie, Arlo prenait le train en marche, mais parvenait cette fois à s’affranchir de son illustre paternel. Il n’en fallait pas plus pour qu’Arthur Penn s’empare de cette critique satirique pour dresser le portrait d’une Amérique en pleine mutation, alors que la communauté hippie voyait ses utopies fanées comme les fleurs au bout des fusils. Le réalisateur remonte aux origines de la chanson, tirée d’une histoire vraie vécue par Arlo Guthrie en 1965 et invente ce qui a pu se passer avant, durant la première heure de son film, en offrant au chanteur l’opportunité de jouer son propre rôle à l’écran. Un cas rare, pour ne pas dire unique dans l’histoire du cinéma. Cependant, Alice’s Restaurant s’inscrit logiquement dans la filmographie du cinéaste, ici entre Bonnie and Clyde (1967) et Little Big Man (1970). Alors que l’immense succès de la production de Warren Beatty lui permettait de mettre en scène ce qu’il avait envie, Arthur Penn jette son dévolu sur ce récit qui condense les idéaux des acteurs de la contre-culture, ainsi que leurs désillusions et leurs résignations. De l’automne à l’hiver, le Flower Power connaît l’éclosion, puis l’ascension, avant de s’écrouler progressivement et de s’effondrer définitivement, pour laisser place à une décennie sombre et pessimiste. Tandis qu’Easy Rider cartonnait dans les salles, Alice’s Restaurant, moins tape-à-l’oeil, plus feutré, intimiste, délicat, doux, sensoriel sûrement, passera inaperçu. Il est désormais temps de réhabiliter ce chef d’oeuvre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Alice’s Restaurant, réalisé par Arthur Penn »

Test Blu-ray / Le Bazaar de l’épouvante, réalisé par Fraser C. Heston

LE BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (Needful Things) réalisé par Fraser C. Heston, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 22 novembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield…

Scénario : W.D. Richter, d’après le roman de Stephen King

Photographie : Tony Westman

Musique : Patrick Doyle

Durée : 2h + version longue TV 3h

Année de sortie : 1994

LE FILM

Dans l’échoppe de l’aimable Leland Gaunt, chacun peut y trouver ce dont il a toujours rêvé pour un prix dérisoire. Mais ces acquisitions sont empoisonnées et réveillent haines et jalousies. Les conflits insignifiants tournent au meurtre, à l’apocalypse. Seul le shérif Pangborn échappe aux ruses de celui qui pourrait bien être le Diable…

S’il n’est définitivement pas le meilleur film adapté d’une œuvre de Stephen King, Le Bazaar de l’épouvante Needful Things n’en reste pas moins très aimé des fans du maître de l’horreur. Produit par la société Castle Rock Entertainment, créée en 1987 entre autres par Rob Reiner, cet opus tiré du roman du même nom publié en 1991 s’en tire fort honorablement, ce qui n’était pas une mince affaire compte tenu de la densité conséquente de l’ouvrage original. Mais comment transposer près de 700 pages en deux heures de film ? Le scénariste W. D. Richter, réalisateur du légendaire Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension (1984), également l’auteur de Nickelodeon (1976) de Peter Bogdanovich, de L’Invasion des profanateurs (1978) de Philip Kaufman, du Dracula (1979) de John Badham, mais aussi l’un des créateurs des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986) de John Carpenter s’en est admirablement bien tiré et parvient à restituer l’âme du roman, malgré quelques inévitables coupes drastiques. Alors que les adaptations des livres de Stephen King se multipliaient dans les années 1980-1990, Le Bazaar de l’épouvante, situé entre La Part des ténèbres The Dark Half de George A. Romero et Les Évadés The Shawshank Redemption de Frank Darabont parvient à tirer son épingle du jeu. La preuve en est que le premier long-métrage mis en scène Fraser Clarke Heston (fils du grand Charlton) est devenu un petit film culte près de trente ans après sa sortie.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Bazaar de l’épouvante, réalisé par Fraser C. Heston »

Test Blu-ray / Les 55 jours de Pékin, réalisé par Nicholas Ray

LES 55 JOURS DE PÉKIN (55 Days at Peking) réalisé par Nicholas Ray, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 20 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Ava Gardner, David Niven, Flora Robson, John Ireland, Harry Andrews, Leo Genn, Robert Helpmann…

Scénario : Philip Yordan & Bernard Gordon

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h36

Année de sortie : 1963

LE FILM

Pékin, 1900. La révolte des Boxers prend de l’ampleur et les autorités chinoises sont divisées : le général Jung-Lu presse l’impératrice Tzu-Hsi d’arrêter les fanatiques, tandis que le prince Tuan lui conseille de les aider à chasser les étrangers. Face à la menace de conflit, les délégations étrangères regroupées au sein du Quartier des légations organisent leur défense. Le major Matt Lewis arrive à Pékin à la tête d’un détachement chargé de protéger l’ambassade américaine. Il y rencontre la baronne Natacha Ivanoff et l’ambassadeur britannique, Sir Arthur Robertson. Le 20 juin, le siège du quartier des ambassades commence. Il durera 55 jours…

Charlton Heston, Ava Gardner, David Niven, dirigés par Nicholas Ray. Une affiche de rêve. Celle des 55 jours de Pékin55 Days at Peking, superproduction de l’année 1963, intégralement supervisée par le grand manitou Samuel Bronston (1908-1994), déjà aux commandes du Cid d’Anthony Mann et du Roi des rois King of Kings, mis en scène par Nicholas Ray (1911-1979), qui relatait librement des épisodes de la vie de Jésus-Christ dans le contexte de la Judée en révolte sous l’occupation romaine. Entièrement monté dans le but de concurrencer la télévision installée dans tous les foyers et pour attirer à nouveau les spectateurs dans les salles, Les 55 jours de Pékin est un gigantesque spectacle, qui en met plein les yeux avec ses décors, costumes et accessoires foudroyants de beauté, ses milliers de figurants, ses scènes de batailles homériques. 1963 marque la fin d’un genre, la même année que le Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, tout un symbole, qui à l’instar de 55 Days at Peking avait connu un tournage titanesque et rocambolesque, marqué par quelques caprices de stars, de multiples reconstructions de décors, sans parler de la crise cardiaque qui allait immobiliser Nicholas Ray, obligé d’être remplacé par Andrew Marton et Guy Green. Quasiment soixante ans après sa sortie, ce véritable blockbuster demeure un vrai monument cinématographique, qui parvient à passionner les spectateurs avec un sujet pourtant délicat, car pour ainsi dire inconnu en dehors des frontières chinoises, qui emporte son audience dans un tourbillon d’images inoubliables. Une évasion, un voyage, un divertissement cinq étoiles, une fresque merveilleuse, un très grand classique inaltérable.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les 55 jours de Pékin, réalisé par Nicholas Ray »

Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo

QUEIMADA réalisé par Gillo Pontecorvo, disponible en édition 2 DVD ou 2 Blu-ray + Livret le 21 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill…

Scénario : Franco Solinas & Giorgio Arlorio

Photographie : Marcello Gatti & Giuseppe Ruzzolini

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h50 (version courte) et 2h10 (version longue)

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été chargé par le gouvernement britannique de mettre fin au monopole commercial du royaume ibérique. Il manipule habilement un Noir, José Dolores, et un métis, Teddy, qu’il persuade pas à pas d’instaurer un gouvernement libre. Les indigènes croient faire leur révolution. Teddy devient gouverneur de l’île et signe avec l’Angleterre un traité avantageux. Dix ans plus tard, Walker est de retour. Mais sa nouvelle mission est d’un tout autre ordre…

Pour la plupart des cinéphiles, Gillo Pontecorvo (1919-2006) est surtout le réalisateur de La Bataille d’Alger La Battaglia di Algeri (1966), phénoménale reconstitution de l’action policière de l’armée française survenue en 1957, qui avait opposé la 10e division parachutiste de l’Armée française aux indépendantistes algériens du Front de libération nationale. Auréolé du Lion d’or au Festival de Venise, le cinéaste voit sa renommée exploser à travers le monde, même si l’exploitation de son film demeure difficile voire interdite, comme c’est le cas en France jusqu’en 2004. Trois ans plus tard, il revient avec Queimada, interprété par Marlon Brando, qui à l’instar de La Bataille d’Alger, fera grincer quelques dents. Dans ce qui sera son avant-dernier long-métrage, le metteur en scène fustige la colonisation et l’exploitation des peuples, de leurs terres et bien sûr de leurs richesses, par les grandes puissances du monde. Ou comment l’Angleterre va créer un monstre révolutionnaire aux Antilles, afin de renverser le Portugal alors en place, dans le but de s’approprier le marché du sucre, sous couvert de redonner sa liberté à la population locale. Queimada est un chef d’oeuvre absolu, viscéral, intelligent, passionnant et divertissant, qui rappelle souvent le Mandingo de Richard Fleischer, récemment réhabilité. Il est temps aujourd’hui que le cinéma de Gillo Pontecorvo connaisse le même engouement.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo »