Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi

L’ENFANT DE SATAN (La Bimba di Satana) réalisé par Mario Bianchi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Duca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…

Scénario : Piero Regnoli, d’après une histoire originale de Gabriele Crisanti

Photographie : Franco Villa & Angelo Lannu

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Suite à la mort de sa mère, Miria commence à agir bizarrement. Tour à tour, les proches de la famille et les anciens amants de sa mère disparaissent mystérieusement. Serait-ce son fantôme qui revient d’entre les morts pour se venger, ou son mari qui, par jalousie, décide de faire payer tous ceux qui l’ont rendu cocu ?

Mario Bianchi (1939-2022). Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur a su oeuvrer de longues années dans le domaine du cinéma populaire italien, y compris dans le registre pornographique (quelques titres explicites du genre Analità profondaOrgasmi del secondo canale, L’Ultimo tango anale, Francesca: Sinfonia anale). Ce qui nous intéresse aujourd’hui – les plus pervers devront attendre encore un peu pour en savoir plus sur sa collaboration avec Rocco Siffredi, la Cicciolina et Roberto Malone – est donc la « première » partie de sa carrière, autrement dit celle où le cinéaste tâtait du western spaghetti (Au nom du père, du fils et du colt…, Poker d’as pour un gringo), du poliziottesco (Provinzia violenta, Les Cinq de la section spéciale) et – un peu plus tardivement – du giallo (Non aver paura della zia Marta). Le film dont nous allons parler s’intitule L’Enfant de SatanLa Bimba di Satana est se situe juste avant que le signore Bianchi se lance à corps perdu dans le X. Thriller surnaturel et horrifique, cet opus ne manque pas d’attraits, d’une part en raison de ses actrices dénudées (souvent sans raison, mais on ne va pas se plaindre), d’autre part pour ses personnages peu aimables, dont on attend patiemment qu’ils se fassent tous assassiner. C’est le cas de l’acteur espagnol Aldo Sambrell, gueule récurrente du cinéma d’exploitation (Tender Flesh de Jess Franco, Les Cruels et Navajo Joe de Sergio Corbucci), mais vu aussi chez Jackie Chan (l’immense Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Don Chaffey (Charley le Borgne), Tom Gries (Les 100 fusils), Romain Gary (Kill) et même chez Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance). Ce dernier vole la vedette dans la peau du salopard, qui se comporte en seigneur et maître du château, un être impitoyable, omnipotent, prétentieux, prêt à violer une religieuse, sous prétexte que « profaner un temple » a toujours été son rêve. Si le rythme est sans doute un peu lent, la très courte durée du film (73 minutes, génériques compris) fait qu’on ne s’ennuie pas, les meurtres et rebondissements s’enchaînent et l’ambiance est suffisamment immersive pour qu’on se prenne au jeu. Un bon cru.

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Test Blu-ray / Neuf invités pour un crime, réalisé par Ferdinando Baldi

NEUF INVITÉS POUR UN CRIME (Nove ospiti per un delitto) réalisé par Ferdinando Baldi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Arthur Kennedy, John Richardson, Caroline Laurence, Massimo Foschi, Loretta Persichetti, Sofia Dionisio, Dana Ghia, Rita Silva, Venantino Venantini…

Scénario : Fabio Pittorru

Photographie : Sergio Rubini

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Alors qu’ils passent des vacances sur une île méditerranéenne isolée, neuf invités d’une famille bourgeoise sont traqués et tués un par un mystérieux tueur.

Ils étaient dix, pardon, Dix petits Nègres demeure l’un des plus célèbres romans d’Agatha Christie. Depuis 1939, année de sa première publication au Royaume-Uni, ce livre mythique a très tôt intéressé le monde du théâtre et du cinéma. Si la première mouture sur scène, par ailleurs adaptée par l’auteure elle-même, estimant être la mieux placée pour transposer l’une de ses œuvres, date de 1943, il faudra attendre 1945 pour que Dix petits nègres débarque sur le grand écran et ce sous la direction de René Clair. Ainsi le titre devient Dix petits indiensAnd Then There Were None et réunit Walter Huston, Barry Fitzgerald et Louis Hayward. D’autres adaptations officielles verront le jour (y compris à la télévision), dont la plus connue restera probablement celle signée Peter Collinson, production franco-britannico-italo-germano-espagnol sortie en 1974, qui convoque entre autres Charles Aznavour, Oliver Reed, Stéphane Audran, Gert Froebe, Herbert Lom, Adolfo Celi et la voix d’Orson Welles. D’autres longs-métrages s’inspireront (pour ne pas dire pilleront ouvertement) le roman d’Agatha Christie, de Mario Bava (L’Île de l’épouvante 5 bambole per la luna d’agosto) à James Mangold (Identity). Neuf invités pour un crime Nove ospiti per un delitto fait partie du lot. Plus connu pour ses westerns, parmi lesquels le fabuleux Texas adios, Blindman, le justicier aveugle, Pendez-le par les pieds, Le Dernier des salauds, Le Salaire de la haine et autres réjouissances, Ferdinando Baldi et son scénariste Fabio Pittorru (L’Appel de la chair, La Dame rouge tua sept fois) suivent la trame de Dix petits Nègres et emmènent leur équipe de tournage en Sardaigne, près de la ville de Sassari. Ce thriller « estival » s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, porté par des comédiens judicieusement choisis – en gros, pas un personnage n’est attachant, ce qui ajoute au plaisir de les voir se faire trucider l’un après l’autre – qui prennent un malin plaisir à se voler dans les pattes, jusqu’à ce qu’un assassin décide de parasiter leurs vacances. Solidement mis en scène, Neuf invités pour un crime est hautement conseillé.

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Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio

LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS (Curse of the Blind Dead) réalisé par Raffaele Picchio, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White, Jennifer Mischiati, Douglas Dean…

Scénario : Lorenzo Paviano, Raffaele Picchio & Alessandro Testa, d’après les personnages de Gustavo Adolfo Bécquer et Amando de Ossorio

Photographie : Alberto Viavattene

Musique : Andrea C. Pinna

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.

En voilà une bonne découverte ! La Malédiction des morts-vivants Curse of the Blind Dead est une production essentiellement italienne, réalisée par Raffaele Picchio, dont on ne sait pas grand-chose, mise à part sa nationalité et les titres de ses précédents longs-métrages, Morituris : Legions of the Dead (2011, sorti dans les bacs français chez Elephant Films en 2013), Sangue misto (2016, film collectif), The Blind King (2016) et donc cette Malédiction des morts-vivants (2020). Comme les Templiers de son film, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui anime ce jeune cinéaste est le genre, l’horreur, le gore, son cinéma étant irrigué par des codes issus de l’épouvante rétro-vintage. C’est encore une fois le cas pour Curse of the Blind Dead, à voir comme une suite-reboot-remake de la légendaire tétralogie dite « des Templiers » de l’espagnol Amando de Ossorio (1918-2001), constituée de La Révolte des morts-vivants La Noche del terror ciego (1971), Le Retour des morts-vivants El Ataque de los muertos sin ojos (1973), Le Monde des morts-vivants El Buque maldito (1974) et La Chevauchée des morts-vivants La Noche de las gaviotas (1975). S’il n’est pas réussi tout du long, cet opus vaut absolument le coup d’oeil, ne serait-ce que pour son prologue, ébouriffant, sans doute l’une des séquences les plus dingues qu’il nous ait été donnés de voir depuis des lustres, suivi d’un générique chiadé et prometteur. Évidemment, il est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, même si La Malédiction des morts-vivants demeure souvent ponctué par des fulgurances d’hémoglobine. Au final, on est tellement emballé que l’on souhaiterait revoir ces Templiers à l’oeuvre !

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test Blu-ray / Voyage au bout de l’horreur – The Nest, réalisé par Terence H. Winkless

VOYAGE AU BOUT DE L’HORREUR (The Nest) réalisé par Terence H. Winkless, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies, Diana Bellamy, Jack Collins, Nancy Morgan, Jeff Winkless, Steve Tannen, Heidi Helmer…

Scénario : Robert King, d’après le roman d’Eli Cantor

Photographie : Ricardo Jacques Gale

Musique : Rick Conrad

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Dans une petite ville insulaire, le shérif local découvre le cadavre d’un chien dépecé. La doctoresse Hubbard arrive en ville et déclare après examen que le chien a été l’objet d’attaques d’une race d’insectes particulièrement virulents, qui boivent le sang. Ces insectes pourraient provenir d’expériences jadis menées par la mystérieuse société Intec, à laquelle appartient Hubbard.

Vous avez le cafard ? Alors emparez-vous du Blu-ray de The Nest, plus connu dans nos contrées sous le titre Voyage au bout de l’horreur ! Ce film d’épouvante est le premier long-métrage du dénommé Terence H. Winkless, habituellement comédien, vu dans La Grande casse (« remaké » en 2000 avec Nicolas Cage et Angelina Jolie, rebaptisé 60 secondes chrono), écrit, interprété et réalisé par H.B. Halicki, mais avant tout scénariste de HurlementsThe Howling (1981) de Joe Dante. Pour son coup d’essai derrière la caméra, Terence H. Winkless adapte un roman d’Eli Cantor, passé entre les mains du scénariste Robert King, qui connaîtra son heure de gloire dans les années 2010 en devenant le showrunner et le producteur de The Good Wife, puis d’une autre série plus récente, Evil. Nous sommes en pleine série B, mais nullement Z avec The Nest, qui prend place sur une petite île où les habitants doivent affronter une colonie de cafards génétiquement modifiés (sinon ce ne serait pas drôle), avides de chair humaine et dont il est (quasiment) impossible de venir à bout. Solidement interprété et marqué par quelques idées de mise en scène bien sympathique, ainsi que des effets gores bienvenus, Voyage au bout de l’horreur est justement un trip divertissant, qui ne se prend pas la tête ni au sérieux, et qui laisse un bon souvenir après coup.

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Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / Le Coeur battant, réalisé par Jacques Doniol-Valcroze

LE COEUR BATTANT réalisé par Jacques Doniol-Valcroze, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Françoise Brion, Jean-Louis Trintignant, Pénélope Portrait, Marc Eyraud, Suvath Phoeun, Borany Kassano, Raymond Gérôme…

Scénario : Jacques Doniol-Valcroze

Photographie : Christian Matras

Musique : Michel Legrand

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un jeune peintre, François, aime Dominique qui lui préfère Juan, diplomate chilien avec lequel elle a eu une liaison l’année précédente. Elle doit retrouver ce dernier sur une île de la Méditerranée ; elle demande à François de l’accompagner, lequel va s’efforcer de la séduire en attendant l’arrivée de Juan.

On connaît le dénommé Jacques Doniol-Valcroze (1920-1989) comme étant le père fondateur (et le premier rédacteur en chef) de la mythique revue Les Cahiers du cinéma, aux côtés d’André Bazin, Joseph-Marie Lo Duca et Léonide Keigel. Une référence, une légende pourrait-on dire, qui reste célèbre pour ses combats, son élégance, sa passion contagieuse pour le septième art (il était avant tout journaliste et critique), mais aussi pour ses qualités humaines qui ont toujours fait l’unanimité et qui ont laissé des traces indélébiles chez celles et ceux qui l’ont côtoyé. On connaît moins son travail comme metteur en scène, étant passé lui-même derrière la caméra assez tardivement, vers l’âge de 40 ans. Après trois courts-métrages, L’Oeil du maître (1957), Les Surmenés (1958) avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel et Bonjour, Monsieur La Bruyère (1958) avec Michel Bouquet, Jacques Doniol-Valcroze passe le cap du grand format avec L’Eau à la bouche, succès critique et commercial, qui demeure essentiellement connu pour la chanson éponyme de Serge Gainsbourg. Il enchaîne très vite avec Le Coeur battant, qu’il écrit seul et pour lequel il dirige pour la seconde fois son épouse Françoise Brion. Cette comédie dramatico-romantique surfe bien entendu sur le phénomène de la Nouvelle vague, à laquelle il a contribué indirectement pourrait-on dire puisque ses poulains des Cahiers du cinéma comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et consorts s’étaient déjà lancés dans la réalisation, mais s’en écarte et s’avère moins expérimental sur la forme. Néanmoins, cet aspect classique n’entame en rien le plaisir que procure Le Coeur battant, où les personnages solidement campés par Françoise Brion et Jean-Louis Trintignant, marchent tels des funambules entre légèreté et gravité.

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