Pour leur premier anniversaire de mariage, Jackie emmène Jules dans le coin reculé où son père et elle allaient chasser, quand elle était petite. Personne à la ronde, à part la luxueuse demeure de son amie d’enfance de l’autre côté du lac. Toutes les conditions sont réunies pour un week-end idyllique en amoureuses. Pour une plongée dans l’horreur, aussi.
Né en 1985, le canadien Colin Minihan se fait remarquer en 2011 avec Grave Encounters, film d’horreur devenu culte qu’il réalise avec Stuart Ortiz, sous le nom des Vicious Brothers. Une suite sera vite mise en chantier suite au succès du premier épisode, que les deux complices écriront, mais pour laquelle ils confieront les manettes à John Poliquin. De son côté, Colin Minihan écrit et met en scène Extraterrestrial avec Michael Ironside et Brittany Allen, cette dernière, compagne du cinéaste, sera aussi à l’affiche de Bloody Sand en 2016. Avant de le retrouver aux commandes du remake-reboot d’Urban Legend, le réalisateur signe un petit bijou qui s’inscrit dans le registre du survival, What Keeps You Alive, projeté au Paris International Fantastic Film Festival en 2018. Afin de mieux l’apprécier, évitez tout d’abord la bande-annonce qui révèle beaucoup, pour ne pas dire trop d’éléments de l’histoire. Contentez-vous de lire le résumé ci-dessus ou le suivant si vous voulez en savoir un minimum, mais n’allez pas au-delà. Car What Keeps You Alive est une sacrée bonne surprise qui contient son lot d’émotions fortes, qui cueille le spectateur à plusieurs reprises et qui laisse un goût amer dans la bouche après la projection. Un opus très largement conseillé.
LE BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (Needful Things) réalisé par Fraser C. Heston, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 22 novembre 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield…
Scénario : W.D. Richter, d’après le roman de Stephen King
Photographie : Tony Westman
Musique : Patrick Doyle
Durée : 2h + version longue TV 3h
Année de sortie : 1994
LE FILM
Dans l’échoppe de l’aimable Leland Gaunt, chacun peut y trouver ce dont il a toujours rêvé pour un prix dérisoire. Mais ces acquisitions sont empoisonnées et réveillent haines et jalousies. Les conflits insignifiants tournent au meurtre, à l’apocalypse. Seul le shérif Pangborn échappe aux ruses de celui qui pourrait bien être le Diable…
S’il n’est définitivement pas le meilleur film adapté d’une œuvre de Stephen King, Le Bazaar de l’épouvante – Needful Things n’en reste pas moins très aimé des fans du maître de l’horreur. Produit par la société Castle Rock Entertainment, créée en 1987 entre autres par Rob Reiner, cet opus tiré du roman du même nom publié en 1991 s’en tire fort honorablement, ce qui n’était pas une mince affaire compte tenu de la densité conséquente de l’ouvrage original. Mais comment transposer près de 700 pages en deux heures de film ? Le scénariste W. D. Richter, réalisateur du légendaire Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension (1984), également l’auteur de Nickelodeon (1976) de Peter Bogdanovich, de L’Invasion des profanateurs (1978) de Philip Kaufman, du Dracula (1979) de John Badham, mais aussi l’un des créateurs des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986) de John Carpenter s’en est admirablement bien tiré et parvient à restituer l’âme du roman, malgré quelques inévitables coupes drastiques. Alors que les adaptations des livres de Stephen King se multipliaient dans les années 1980-1990, Le Bazaar de l’épouvante, situé entre La Part des ténèbres – The Dark Half de George A. Romero et Les Évadés – The Shawshank Redemption de Frank Darabont parvient à tirer son épingle du jeu. La preuve en est que le premier long-métrage mis en scène Fraser Clarke Heston (fils du grand Charlton) est devenu un petit film culte près de trente ans après sa sortie.
FREAKY réalisé par Christopher Landon disponible en DVD et Blu-ray le 20 octobre 2021 chez Universal Pictures France
Acteurs : Vince Vaughn, Kathryn Newton, Celeste O’Connor, Misha Osherovich, Emily Holder, Nicholas Stargel, Kelly Lamor Wilson, Mitchell Hoog…
Scénario : Michael Kennedy & Christopher Landon
Photographie : Laurie Rose
Musique : Bear McCreary
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Pas très sûre d’elle, Millie Kessler, 17 ans, tente de se faire remarquer le moins possible au lycée et de s’endurcir face aux sarcasmes des élèves les plus populaires. Jusqu’au jour où elle croise la route du Boucher, terrifiant tueur en série de la ville : sous l’effet du mystérieux poignard de l’assassin, Millie et son assaillant se retrouvent chacun dans le corps de l’autre ! La jeune fille ne dispose désormais que de 24 heures pour récupérer son corps – passé ce délai, elle restera coincée dans la peau d’un psychopathe de 50 ans ! Avec ses fidèles amis Nyla et Joshua, elle se lance dans une course contre-la-montre pour inverser le sort. Sauf qu’elle a le physique d’un tueur activement recherché par la police, tandis que le Boucher, lui, s’aperçoit que ressembler à une adolescente au visage angélique est une couverture idéale pour commettre son carnage.
Revoilà Christopher Landon, fils du célèbre Michael (La Petite maison dans la prairie, Les Routes du paradis tout ça…), né en 1975, tout d’abord scénariste chez Larry Clark (Another Day in Paradise, 1998), D.J. Caruso (Paranoïak – Disturbia, 2007), ainsi que sur les opus 2,3 et 4 de la franchise Paranormal Activity. Il passe derrière la caméra au début des années 2010, puis écrit et réalise Paranormal Activity: The Marked Ones, spin off de la saga, en 2014. L’année suivante, il met en scène Manuel de survie à l’apocalypse zombie – Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, inédit en France, dans lequel il mixe l’horreur et la comédie. Jason Blum, grand manitou de Paranormal Activity, lui laisse alors carte blanche pour Happy Birthdead – Happy Death Day, mélange singulier de Scream de Wes Craven et Un jour sans fin – The Groundhog Day d’Harold Ramis. Produit pour cinq millions de dollars, le film en rapporte près de 120 millions à travers le monde et attire même plus d’un demi-million de spectateurs français dans les salles. Une suite est rapidement mise en chantier, qui ne connaîtra pas le même engouement en rapportant la moitié de ce qu’avait rapporté le premier, mais qui sera tout de même très largement rentable. Christopher Landon surfe sur ce qui avait fait le triomphe d’Happy Birthdead, autrement dit combiner le slasher et le fantastique, pour son dernier long-métrage en date, Freaky. Ce que l’on appelle le Body Swap a déjà moult fois inspiré le cinéma. On peut citer en vrac, Échange standard – The Change-Up (2011) de David Dobkin, Femme et Mari – Moglie et Marito (2018) de Simone Godano, Freaky Friday – Dans la peau de ma mère (2003) de Mark Waters (remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue de Gary Nelson), L’un dans l’autre (2017) de Bruno Chiche, Rendez-moi ma peau… (1980) de Patrick Schulmann, La Machine (1994) de François Dupeyron et même dernièrement Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes. Big (1988) de Penny Marshall n’entre pas dans cette catégorie, puisque le personnage principal se réveillait dans son propre corps, plus vieux de vingt ans. Il existe toutefois moult combinaisons possibles. Dans Freaky, l’esprit d’un serial killer quasi-invulnérable se retrouve dans le corps d’une jeune adolescente mal dans sa peau qu’il tentait alors de tuer au moyen d’une dague aztèque envoûtée. Avec son sixième film, Christopher Landon livre un savoureux divertissement, à la fois hilarant grâce à la prestation hors normes de Vince Vaughn, aussi parfait en monstre sanguinaire qu’en jeune femme enfermée dans le corps d’une armoire à glace, que gore avec certaines séquences que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Une réussite de plus pour ce cinéaste qui nous embarque à nouveau pour un ride à la folie contagieuse.
CONJURING 3 : SOUS L’EMPRISE DU DIABLE (The Conjuring: The Devil Made Me Do It) réalisé par Michael Chaves, disponible en DVD et Blu-ray le 13 octobre 2021 chez Warner Bros.
Acteurs : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ruairi O’Connor, Sarah Catherine Hook, Julian Hilliard, John Noble, Eugenie Bondurant, Shannon Kook…
Scénario : David Leslie Johnson-McGoldrick
Photographie : Michael Burgess
Musique : Joseph Bishara
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Dans cette nouvelle affaire terrifiante de meurtre issue de leurs dossiers secrets – l’une des plus spectaculaires – , Ed et Lorraine Warren, les enquêteurs paranormaux, commencent par se battre pour protéger l’âme d’un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. Ce sera la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.
A l’occasion de la sortie en Blu-ray de La Malédiction de la Dame Blanche, nous faisions un point complet sur le Conjuring-Verse. Nous vous invitons donc à vous y reporter afin d’éviter toutes redites. Car aujourd’hui, nous parlerons de Conjuring 3 : Sous l’emprise du diable, troisième volet de la franchise du même nom, deuxième suite du film d’où tout est parti en 2013. Avant cela, rappelons que cet univers s’étoffait dernièrement du troisième épisode d’Annabelle, intitulé Annabelle : La Maison du mal, suite directe au film réalisé par John R. Leonetti (vous suivez ?), mis en scène par Gary Dauberman, dans lequel apparaissaient Vera Farmiga et Patrick Wilson dans le rôle des époux Warren, qui faisaient d’ailleurs aussi un caméo dans La Nonne de Corin Hardy. On reprend notre respiration. Bref, les Warren sont de retour avec leur propre film et si l’on est content de revoir les deux excellentes têtes d’affiche, on déchante assez rapidement. Occupé avec Malignant et surtout Aquaman and the Last Kingdom, James Wan, ne pouvant être sur tous les fronts, décline la réalisation de Conjuring 3 : Sous l’emprise du Diable, mais reste cependant producteur. Comme cela ne sert à rien de perdre du temps, autant prendre un metteur en scène de proximité et donc Michael Chaves, qui venait de livrer La Malédiction de la Dame Blanche, rempile pour ce huitième épisode de la saga horrifique. Malheureusement, ce passage de relai ne se fait pas sans heurts et ce Conjuring 3 ne dépasse jamais ou rarement le stade du tout-venant.
WILLY’S WONDERLAND réalisé par Kevin Lewis, disponible en DVD et Blu-ray le 2 novembre 2021 chez Program Store.
Acteurs : Nicolas Cage, Emily Tosta, Beth Grant, Ric Reitz, Chris Warner, Kai Kadlec, Caylee Cowan, Jonathan Mercedes…
Scénario : G.O. Parsons
Photographie : David Newbert
Musique : Émoi
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Un mystérieux vagabond accepte un travail de concierge dans un parc d’attractions pour enfants abandonné, appelé Willy’s Wonderland. Il va découvrir qu’il est pris au piège et qu’il a été désigné comme sacrifice humain pour d’étranges créatures. Le parc se transforme alors en cauchemar vivant peuplé d’animatroniques possédés par des démons…
Ceux qui nous lisent savent à quel point nous vouons un culte à Nicolas Cage. Ces dernières années, nous avons passé en revue USS Indianapolis de Mario Van Peebles, Dog Eat Dog de Paul Schrader, Vengeancede Johnny Martin, Arsenalde Steven C. Miller, Usurpation de Jonathan Baker, Code 211 de York Alec Shackleton, Grand Isle, piège mortel de Stephen S. Campanelli, Froide vengeance de Shawn Ku, Running with the Devil de Jason Cabell, Kill Chain de Ken Sanzel, Primalde Nick Powell et Jiu Jitsu de Dimitri Logothetis. Il ne chôme pas le Nicky et nous donne toujours de quoi nous sustenter. Et croyez-le ou non, la plupart de ces DTV sont très recommandables, le comédien rappelant qu’on peut encore compter sur lui et qu’il s’investira totalement même dans les productions les plus fauchées ou improbables. C’est ce qu’on appelle le génie. Revoyez Army of One de Larry Charles, Mandy de Panos Cosmatos et Color Out of Space de Richard Stanley, ses prestations y sont complètement hallucinantes. Alors que Pig de Michael Sarnoski, porté par des critiques élogieuses, est actuellement dans les salles et que Prisoners of the Ghostland de Sion Sono se fait attendre en France, Nicolas Cage se retrouve cette fois enfermé dans un parc d’attractions quelque peu délabré et y affronte les mascottes du parc qui ont décidé de prendre vie et la mauvaise idée de s’en prendre à lui. Tenant grâce à des boissons énergétiques Punch Pop qu’il prend à heure fixe, notre héros, que rien ni personne ne semble impressionner, va passer une folle nuit et ce pour notre plus grand plaisir. Willy’s Wonderland est un savoureux divertissement, un poil redondant certes, mais ô combien jouissif, dans lequel notre Nicky Cage est «iconisé » à chaque instant. Cela faisait d’ailleurs bien longtemps que ce dernier n’avait pas été aussi bien filmé et l’on sent constamment l’amour que lui porte le réalisateur Kevin Lewis. Bref, vous cherchez un gros délire assumé, un mélange d’horreur liant le sang et l’huile et d’humour frappadingue ? Alors précipitez-vous sur Willy’s Wonderland, chaînon manquant entreJeu d’enfant – Child’s Play et La Nuit au musée – Night at the Museum !
LE MÉTRO DE LA MORT (Death Line – Raw Meat) réalisé par Gary Sherman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner, Clive Swift, Christopher Lee…
Scénario : Ceri Jones
Photographie : Alex Thomson
Musique : Wil Malone & Jeremy Rose
Durée : 1h24
Année de sortie : 1972
LE FILM
À Londres, deux étudiants découvrent un homme gisant dans une station de métro. Lorsqu’ils reviennent sur les lieux avec un policier, le corps a disparu. D’autres, disparitions du même genre sont intervenues récemment. Que se passe-t-il dans les entrailles du métro ? L’inspecteur Calhoun mène l’enquête…
Donald Pleasence et Christopher Lee, réunis dans un film d’épouvante intitulé Le Métro de la mort – Death Line ??? L’affiche est prometteuse et soyez rassurés, le résultat est à la hauteur des espérances. D’ailleurs, ce premier long-métrage réalisé par l’américain Gary Sherman est devenu culte et reste encore aujourd’hui une véritable référence. Disons-le d’emblée, Christopher Lee ne fait ici qu’une petite apparition de cinq minutes au milieu du film (avec moustache et chapeau melon), mais sa confrontation avec Donald Pleasence (qui sortait de Réveil dans la terreur – Wake in fright de Ted Kotcheff et de THX 1138 de George Lucas) demeure l’une des meilleures séquences. Ne vous attendez surtout pas à des flots d’hémoglobine, mais plutôt à une atmosphère pesante, poisseuse, inquiétante, merveilleusement distillée par une mise en scène soignée et même ambitieuse par moments. Étonnamment moderne, dans le fond comme dans sa forme, Le Métro de la mort est un savoureux mélange d’émotions fortes et d’humour, qui n’a pas trop pris de rides et qui fait toujours son petit effet.
INITIATION réalisé par John Berardo, disponible en DVD le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Isabella Gomez, Lindsay LaVanchy, Froy Gutierrez, James Berardo, Gattlin Griffith, Adin Kolansky, Shireen Lai, Patrick R. Walker…
Scénario : John Berardo, Lindsay LaVanchy & Brian Frager
Photographie : Jonathan Pope
Musique : Alexander Arntzen
Durée : 1h33
Année de sortie : 2020
LE FILM
Les étudiants d’une université américaine lancent sur les réseaux sociaux un jeu cruel mettant en cause certains d’entre eux. À la suite de la mort d’un des meilleurs athlètes du campus, les meurtres sanglants s’enchaînent. Un mystérieux point d’exclamation semble être la signature du tueur…
Tiens, un petit slasher dont nous ne soupçonnions pas l’existence il y a encore une semaine ! Initiation, ou Init!ation si vous souhaitez vous la jouer en respectant le titre original, est le premier film réalisé en solo par John Berardo (né en 1986), après moult courts-métrages et un long-métrage collectif mis en scène avec sept autres cinéastes, The Labyrinth (2017). Homme-orchestre, à la fois scénariste, monteur, créateur de costumes, chef opérateur, décorateur, ingénieur du son, producteur, cantinier peut-être aussi, il adapte son propre court-métrage intitulé Dembanger (2013), inspiré de Scream (1996) de Wes Craven, dans lequel un adolescent était harcelé par un anonyme, qui parvenait à accéder à toutes ses informations depuis sa page Facebook. S’il croule évidemment sous les inévitables références du genre, Initiation tire son épingle du jeu grâce à son excellent casting composé de jeunes comédiens pour ainsi dire inconnus, très solidement dirigés, parmi lesquels se distingue Lindsay LaVanchy, également co-scénariste, assurément la révélation du film, qui était déjà apparue dans la série Scream en 2016 et Dembanger. Après un début difficile car foutraque, durant lequel on a beaucoup de mal à relier les personnages en raison d’un montage chaotique et une caméra trop virevoltante, Initiation trouve ensuite son rythme de croisière, joue habilement avec les codes (éculés) du genre, sans jamais chercher à les renouveler, mais grâce auxquels le réalisateur prouve qu’il en a sous le capot. Délicieusement ironique, ponctué par quelques meurtres bien sanglants, Init!ation contentera largement les adeptes de thrillers horrifiques.
CLASH réalisé par Raphaël Delpard, disponible encombo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.
Acteurs : Catherine Alric, Pierre Clémenti, Bernard Fresson, Vjenceslav Kapural, Christian Forges, Jean-Claude Benhamou, Igor Galo, Iva Potocnik…
Scénario : Raphaël Delpard
Photographie : Sacha Vierny
Musique : Angélique & Jean-Claude Nachon
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
Martine accepte de passer la frontière avec l’argent d’un hold-up dont l’un de ses amis est l’organisateur. Alors qu’elle doit l’attendre dans une sinistre usine désaffectée, la jeune femme se laisse progressivement gagner par une angoisse de plus en plus vive, autant à cause de l’atmosphère de l’endroit que de confuses réminiscences de ses frayeurs enfantines. Surgit par ailleurs, après un ou deux jours, un mystérieux et inquiétant jeune homme, au mutisme infaillible et aux motivations incertaines. Se peut-il qu’il en veuille à la vie de Martine ou n’est-il que le fruit de son imagination torturée ?
Lors de notre chronique de La Nuit de la mort (1980)de Raphaël Delpard (né en 1942), nous n’avions pas été tendres, le taxant de film d’exploitation « franchouillard » qui retenait difficilement l’attention du spectateur et dans lequel rien ou presque ne fonctionnait. Après ce premier coup d’essai dans le genre, qui avait connu un petit succès à sa sortie doublé d’un triomphe en VHS après avoir été rebaptisé Les Griffes de la mort, le réalisateur signait deux comédies aux titres explicites, Les Bidasses aux grandes manœuvres, dans lequel il « dirigeait » Michel Galabru, Paul Préboist, Jacques Legras, Michel Modo et même Jean Reno dans une de ses premières apparitions au cinéma, puis Vive le fric dans lequel il se réservait un des rôles principaux aux côtés de Daniel Prévost et Evelyne Dress. Puis, grisé par l’engouement remporté par La Nuit de la mort, Raphaël Delpard décidait de revenir à l’épouvante avec Clash. Conspué par tous lors de sa présentation au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en janvier 1984, ce sera son dernier long-métrage. Cet accueil glacial (euphémisme) atteindra personnellement le metteur en scène, qui consacrera le reste de sa carrière au documentaire, à la télévision et à la littérature. Pourtant, rétrospectivement, Clash apparaît comme une étape fondamentale dans l’horreur hexagonale. Oeuvre réflective, difficile d’accès, insondable, sombre, violente, baroque, désespérée, on en ressort lessivés, convaincus d’avoir visionné un film à part dans le cinéma français, qui ne cesse de trotter dans la tête longtemps après et vers lequel nous reviendrons souvent pour tenter d’y résoudre tous les mystères.
LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (La Dama rossa uccide sette volte) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masé, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco…
Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti
Photographie : Alberto Spagnoli
Musique : Bruno Nicolai
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Au cours d’une dispute dans le jardin du château familial, Kathy Wildenbrück tue sa soeur Evelyne. Peu après, un étrange personnage vêtu de rouge assassine des proches de Kathy. Des témoins affirment avoir reconnu Evelyne qui est pourtant morte. Ceci serait la continuation de la malédiction qui touche la dynastie des Wildenbrück : tous les cent ans, la « Dame rouge » posséderait le corps d’un membre de la famille, l’obligeant ainsi à tuer sept personnes…
Nous parlions dernièrement d’Emilio Miraglia à travers notre chronique de L’Appel de la chair. Cette étoile filante du cinéma italien n’aura réalisé que six longs-métrages de 1967 à 1972. La Dame rouge tua sept fois – La dama rossa uccide sette volte est l’ultime long-métrage du cinéaste. Après La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, il signe son unique western avec Joe Dakota – Spara Joe… e così sia!, dans lequel il dirige Richard Harrison (Scalps). Puis, comme s’ils n’étaient pas satisfaits de leur première mouture rendue de L’Appel de la chair, Emilio Miraglia et son scénariste Fabio Pittorru reprennent quasiment les mêmes motifs et les éléments du récit précédent, pour repousser les limites. Ce sera La Dame rouge tua sept fois, une référence du giallo, considéré comme l’un des fleurons du genre, dans lequel brille l’un de ses astres emblématiques, la divine Barbara Bouchet. Damnation, héritage, faux-semblants, développement kafkaïen, meurtres sanglants, personnages troubles, ambiguïté à tous les étages, psyché perturbée, crypte secrète, château aux pièces sentant le renfermé, couleurs primaires aveuglantes, on en prend plein la vue et le spectacle est garanti.
DEMONIC réalisé par Neill Blomkamp, disponible en DVD et Blu-ray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Carly Pope, Nathalie Boltt, Terry Chen, Chris William Martin, Michael J Rogers, Andrea Agur…
Scénario : Neill Blomkamp
Photographie : Byron Kopman
Musique : Ola Strandh
Durée : 1h45
Année de sortie : 2021
LE FILM
Grâce à un procédé révolutionnaire, une jeune femme pénètre dans l’esprit de sa mère, condamné pour meurtres et désormais plongée dans le coma. Mais l’exploration de son inconscient tourne à l’affrontement, libérant un démon tapis dans l’ombre.
Vade retro Satana ! Hors d’ici, déguerpis, fous le camp ! Oui oui, c’est bien à Neill Blomkamp que l’on s’adresse après avoir subi son dernier foirage en date, Demonic, tourné en cachette en Colombie-Britannique durant la pandémie de 2020. Rappelez-vous, District 9 c’était pourtant sympa en 2009 et surtout prometteur, Peter Jackson l’avait compris en produisant ce premier long-métrage aussi singulier que puissant, sur le fond comme sur la forme. Malheureusement, on a très vite déchanté en découvrant ses deux opus suivants, Elysium en 2013 (Zzz zzzz) et Chappie en 2015 (reZzz zzzz…), soporifiques, emballés à la va-comme-je-te-pousse et très mal écrits. Devant la médiocrité insondable de Demonic, on en vient maintenant à se demander si Peter Jackson n’était pas lui-même l’auteur et le réalisateur de District 9. Toujours est-il, qu’on est quand même rassuré que les studios lui aient opposé un refus catégorique de lancer son épisode d’Alien ou de RoboCop sur lesquels il avait longtemps planché. De toute façon, ceux-ci étaient déjà occupés avec leurs affreux Alien Covenant et RoboCop (version 2014). Neill Blomkamp n’avait pas sorti de bidule filmé depuis cinq ans. Après ses projets avortés, le cinéaste sud-afro-canadien (né en 1979) s’est mis à écrire un nouveau « film » « original », Demonic donc, qui fait fâcheusement penser à The Cell de Tarsem Singh, une version Wish plutôt. L’ancien spécialiste des effets spéciaux, auteur de clips et de films publicitaires, n’a ici plus rien à dire et tente un coup de bluff en revenant au film de genre. Malgré un départ prometteur, c’est une catastrophe à tout point de vue, ou presque puisque l’on peut néanmoins sauver l’interprétation de la comédienne principale, la canadienne Carly Pope, qui apparaissait dans Elysium, une jolie révélation. Elle est la seule raison pour laquelle nous sommes parvenus à aller au bout de ce marasme qui reflète le manque total d’inspiration de Neill Blomkamp, aussi bien au niveau du scénario que de la mise en scène. Ratage monumental.