Test DVD / Amours irlandaises, réalisé par John Patrick Shanley

AMOURS IRLANDAISES (Wild Mountain Thyme) réalisé par John Patrick Shanley, disponible en DVD le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm, Christopher Walken, Dearbhla Molloy, Danielle Ryan…

Scénario : John Patrick Shanley, d’après sa pièce de théâtre Outside Mulingar

Photographie : Stephen Goldblatt

Musique : Amelia Warner

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Depuis sa plus tendre enfance, Rosemary est amoureuse en secret de son voisin Anthony, un rêveur timide qui vit avec son excentrique père dans la campagne irlandaise. Malgré toutes les attentions, rien à faire, Anthony reste inconscient des sentiments que lui porte sa belle admiratrice. Mais alors que Rosemary se décide à faire enfin le premier pas, arrive Adam, un riche neveu new-yorkais…

Non, il ne s’agit pas d’une adaptation d’un roman de Marc Lévy, de Danielle Steel ou de Barbara Cartland. Amours irlandaises, ou Wild Mountain Thyme, est issu de l’imagination du dramaturge, scénariste, producteur et réalisateur John Patrick Shanley (né en 1950). De son cerveau fécond, sont nés les scénarios d’Éclair de lune – Moonstruck (1987) de Norman Jewison, qui lui vaudra l’Oscar, ainsi que le très connu Les Survivants – Alive (1993) de Frank Marshall. Alors qu’il n’a jamais cessé ses activités pour le théâtre, John Patrick Shanley est également passé à la mise en scène au cinéma et ce dès 1990 avec Joe contre le volcan – Joe Versus the Volcano (1990), qui réunissait pour la première fois le couple Meg Ryan – Tom Hanks. Il aura fallu attendre dix-huit ans pour qu’il fasse son retour derrière la caméra avec l’impeccable Doute – Doubt, transposition de sa pièce de théâtre Doubt : A Parable, auréolée du Prix Pulitzer, qui valait essentiellement pour l’affrontement entre Meryl Streep, Amy Adams et Philip Seymour Hoffman. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, John Patrick Shanley fait son comeback au cinéma avec Amours irlandaises, son troisième long-métrage en trente ans, adapté d’une de ses propres pièces, Outside Mullingar, joué à Broadway en 2014. Cette fois encore, le film – romantique – vaut bien plus pour son casting, Emily Blunt, Jamie Dornan, Jon Hamm et Christopher Walken, que pour son histoire ici quelque peu éculée, qui croule sous les clichés et les bons sentiments à l’eau de rose mal distillée.

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Test Blu-ray / Novices libertines, réalisé par Bruno Mattei

NOVICES LIBERTINES (La Vera storia della monaca di Monza) réalisé par Bruno Mattei, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zora Kerova, Mario Cutini, Paola Corazzi, Tom Felleghy, Franco Garofalo, Annie Carol, Edel Paola Montenero, Mario Novelli, Ornella Picozzi, Leda Simonetti, Franca Stoppi, Giovanni Attanasio…

Scénario : Claudio Fragasso

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Suite à la mort de son père et à la chute dans la démence de la mère supérieure du couvent, soeur Virginia de Leyva devient la nouvelle mère supérieure du couvent de Monza. Voulant corriger les moeurs étranges de la place, la religieuse sème le trouble dans les lieux et devient la cible d’un tueur fou manipulé par un prêtre assassin. De plus, elle devient victime de ses propres rêves qui l’appellent vers la débauche et la luxure…

Étrangement, si l’incroyable histoire vraie racontée dans Novices libertines – La Vera storia della monaca di Monza (1980) est plus connue en France, c’est en raison du dernier long-métrage du grand Paul Verhoeven, Benedetta, qui n’est pas encore sorti (COVID 19 oblige) et qui s’inspire d’un évènement un peu similaire survenu à la même période en Italie. La pré-affiche sulfureuse aperçue au Festival de Cannes bien avant le tournage donnait le (té)ton, puisqu’on y voyait une religieuse, interprétée par Virginie Efira, les lèvres légèrement entrouvertes et vêtue d’un voile transparent qui laissait apparaître son sein droit. Il n’en fallait pas plus pour affoler les cinéphiles et titiller la curiosité de tous pour se pencher un peu plus sur ce fait divers réel survenu au XVIIe siècle en Toscane. Plus de quarante avant Benedetta, le tandem Stefan Oblowsky, alias Bruno Mattei (1931-2007) et son scénariste complice Claudio Fragasso (qui était souvent son coréalisateur) se penchait sur un autre couvent pas très catholique, où les protagonistes sont filmés comme des vampires enfermés dans leur bâtisse, impression renforcée par un maquillage souvent outrancier qui appuie la peau blafarde de ses occupants. Forcément, le sexe est présent dans Novices libertines (par ailleurs tourné en même temps que L’Autre Enfer -L’altro inferno, autre opus de nonnesploitation), mais le film ne se résume sûrement pas à cela. Il s’agit avant tout d’un bel objet de cinéma quoi qu’on en dise, prouvant une fois de plus que Bruno Mattei n’était pas un tâcheron et encore moins l’un des pires cinéastes de tous les temps comme certains ont souvent tendance à le penser.

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Test Blu-ray / Le Pont de Remagen, réalisé par John Guillermin

LE PONT DE REMAGEN (The Bridge at Remagen) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, Bradford Dillman, E.G. Marshall, Peter van Eyck, Hans Christian Blech, Heinz Reincke…

Scénario : Richard Yates & William Roberts

Photographie : Stanley Cortez

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h55

Année de sortie : 1969

LE FILM

1945 : les Alliés font leur dernière avancée dans le territoire allemand. Seul un pont sur le Rhin demeure aux mains des nazis. Les deux camps ont beaucoup à gagner : les Allemands, la vie de 75 000 soldats postés du mauvais côté du pont ; les Alliés, une issue plus rapide à la guerre, et de nombreuses vies épargnées. Mais seule une armée pourra gagner la terrifiante bataille du Pont de Remagen.

Si son nom ne vient pas forcément à l’esprit immédiatement, John Guillermin (1925-2015) est quand même le réalisateur de nombreux films chéris par les cinéphiles, à l’instar de La Plus Grande Aventure de Tarzan – Tarzan’s Greatest Adventure (1959), Le Crépuscule des aigles – The Blue Max (1966), mais aussi et surtout de trois très grands classiques mis en scène à la suite, La Tour infernale – The Towering Inferno (1974), King Kong (1976) et Mort sur le Nil – Death on the Nile (1978), soit trois superproductions qui ont rempli les salles du monde entier et qui demeurent de vraies références. John Guillermin faisait partie de ces artisans touche-à-tout, qui à la manière d’un Richard Fleischer ou Robert Wise, passaient allègrement d’un genre à l’autre, qui se donnaient à fond en acceptant une commande et à travers laquelle ils démontraient toute l’étendue de leur talent, à la fois dramatique et technique. A la fin des années 1960, le cinéaste britannique vient d’enchaîner trois films avec le comédien George Peppard, Le Crépuscule des aigles, Syndicat du meurtre – P.J. et Un cri dans l’ombre – House of Cards, un film de guerre et deux thrillers. Il se voit confier les rênes d’une nouvelle production d’envergure internationale, Le Pont de Remagen – The Bridge at Remagen, adaptée d’un fait réel survenu à la fin de la Seconde Guerre mondiale et d’après un scénario coécrit par Richard Yates (auteur des Noces rebelles), William Roberts (Les 7 mercenaires, Coups de feu dans la Sierra), et du livre Le Pont de Remagen : La Folle histoire du 7 mars 1945 de Ken Hechler, ancien soldat de la 9e division blindée. Comme il le démontrera tout au long de sa carrière, John Guillermin n’avait pas son pareil pour emballer les séquences d’explosions, de fusillades et d’action. Le Pont de Remagen ne déroge pas à la règle. Plus de cinquante après sa sortie, on reste impressionné par cette démonstration pyrotechnique qui peut rapprocher le travail du réalisateur de celui d’un Michael Bay, auquel on pense étrangement devant la virtuosité de certains plans, de diverses « chorégraphies » militaires et l’usage du cadre large. Le Pont de Remagen a très bien vieilli et même si les personnages ne sont guère fouillés, le casting de luxe (George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, E. G. Marshall) assure du début à la fin au milieu des déflagrations. Comme chez Michael Bay on vous dit !

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Test Blu-ray / Black Jack, réalisé par Ken Loach

BLACK JACK réalisé par Ken Loach, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stephen Hirst, Louise Cooper, Jean Franval, Phil Askham, Pat Wallis, John Young, William Moore, Doreen Mantle…

Scénario : Ken Loach, d’après le roman de Leon Garfield

Photographie : Chris Menges

Musique : Bob Pegg

Durée : 1h45

Année de sortie : 1979

LE FILM

Angleterre, 1750. Tolly, un jeune orphelin, fait la connaissance de Black Jack, un bandit de grand chemin qui vient d’échapper à la pendaison. Le brigand enlève Belle, une fillette que ses parents veulent mettre à l’asile, et charge Tolly de la surveiller. Les enfants parviennent à s’échapper et rejoignent une troupe de forains parcourant les routes de la région.

A la fin des années 1970, Kenneth Charles Loach alias Ken Loach (né en 1936) n’est pas vraiment en odeur de sainteté dans son pays et ce en raison de la polémique déclenchée par son quatrième long-métrage, Family Life, qui abordait frontalement les conditions d’internement psychiatriques d’une femme, qui s’enfonçait progressivement dans la schizophrénie et que les médecins soignaient uniquement à l’aide d’électrochocs, la lobotomisant petit à petit. Si Pas de larmes pour Joy – Poor Cow (1967) montrait les conditions misérables de vie dans un sinistre quartier des faubourgs de Londres, et Kes (1969) celles des villes minières et l’horizon bouché du Nord de l’Angleterre, les deux films avaient déjà fait grincer les dents (gâtées) de l’empire britannique. Le cinéaste devait enfoncer le clou en 1971 avec d’un côté Family Life, et de l’autre son documentaire The Save the Children Films, qui fustigeait ouvertement les ONG alors qu’on lui avait au contraire demandé de mettre en valeur les actions humanitaires d’une association. Ces deux films finissent par ostraciser quelque peu Ken Loach du cinéma. Il accepte donc quelques travaux à la télévision et réalise quelques épisodes de séries télévisées diverses (Play for Today), tout en préservant son esprit critique, comme à travers le show dramatico-historique Days of Hope, dont le producteur Tony Garnett, était aussi celui de Kes, Family Life, The Save the Children Fund Film. Ce dernier acquiert les droits du roman Black Jack, écrit par Leon Garfield, spécialiste des livres historiques pour la jeunesse, publié en 1968, dans lequel un jeune apprenti se retrouve, par accident et forcé par sa conscience, à accompagner un criminel meurtrier. Tony Garnett y voit l’opportunité pour Ken Loach de se refaire une santé au cinéma et de continuer l’exploration sociale de son pays, sous couvert d’un film d’aventures destinée aux adolescents. Le réalisateur en prend les manettes et malgré un budget très restreint, ainsi qu’un temps de tournage réduit à six semaines, livre un film souvent remarquable. Au-delà de sa belle reconstitution historique, Black Jack prolonge les œuvres précédentes de Ken Loach, puisque le metteur en scène se focalise sur les marginaux, les laissés-pour-compte, les exclus, les nantis qui préfèrent écarter, rejeter et oublier celles et ceux qui « font tâche » dans leur société bien réglée et bien propre sur elle. Loin d’être un simple « film pour enfants », Black Jack est une très belle découverte.

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Test Blu-ray / Les Grandes Manoeuvres, réalisé par René Clair

LES GRANDES MANOEUVRES réalisé par René Clair, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Michèle Morgan, Jean Desailly, Pierre Dux, Jacques François, Yves Robert, Brigitte Bardot, Lise Delamare, Magali Noël, Simone Valère, Jacques Fabbri, Olivier Hussenot, Raymond Cordy, Dany Carrel, Claude Rich…

Scénario : René Clair, Jérôme Géronimi & Jean Marsan

Photographie : Robert Lefebvre

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Armand de La Verne, jeune et beau lieutenant au 33ème Dragons et Don Juan invétéré, a fait le pari devant tout son régiment de séduire à coup sûr la première femme venue…Il tombe sur Marie-Louise à qui il fait une cour empressée. Mais sa proie a appris le pacte grossier dont elle fait l’objet. Elle ferme sa porte, n’ouvre pas ses lettres, refuse ses fleurs. Pour la première fois de sa carrière, Armand est déconcerté par la résistance d’une femme qui semble voir clair dans son jeu. Il tombe amoureux pour la première fois…

En 1945, le réalisateur René Lucien Chomette alias René Clair (1898-1981) découvre la pièce Caligula d’Albert Camus au théâtre Hébertot. Le jeu et le charisme du comédien Gérard Philipe le laissent pantois. Il faudra cependant attendre cinq ans pour que les deux artistes s’associent. Ce sera pour La Beauté du diable (2,5 millions d’entrées), revisite du mythe de Faust, emblématique du réalisme poétique. Deux ans plus tard, le cinéaste réunit Gérard Philipe et Gina Lollobrigida dans le méconnu et pourtant somptueux Les Belles de nuit (3,5 millions d’entrées), comédie fantastique dans laquelle René Clair annonce rien de moins que Le Monde sur le fil – Welt am Draht (1973) de Rainer Werner Fassbinder, Matrix des Wachowski (1999) et Inception (2010) de Christopher Nolan. 1955 est l’année de leur dernière collaboration au cinéma avec Les Grandes Manoeuvres, premier long-métrage en couleur pour le metteur en scène et surtout un triomphe puisque le film attirera 5,3 millions de français dans les salles, qui s’inscrit sur la cinquième marche du podium en 1955, tout juste derrière le Napoléon de Jean Delannoy, tandis que Disney emporte tout sur son passage avec Vingt mille lieues sous les mers et La Belle et le Clochard. Si Le Comte de Monte Cristo avec Jean Marais lui dame le pion au box-office, Les Grandes Manoeuvres se voit récompenser par le Prix Louis-Delluc. Si ce dernier commence comme une comédie presque vaudevillesque, le récit mute à mesure que le personnage principal, merveilleusement incarné par Gérard Philipe, change, grandit et mûrit, pour bifurquer vers le drame sentimental inattendu. A ses côtés, Michèle Morgan, qui avait déjà donné la réplique à son partenaire dans Les Orgueilleux d’Yves Allégret, est alors au top de sa carrière, la comédienne française la plus populaire et sa prestation est souvent bouleversante. S’il s’inspire du mythe de Don Juan, René Clair emprunte aussi beaucoup à la littérature française du XIXe siècle, on ne peut d’ailleurs s’empêcher se penser à Maupassant ou à Stendhal, mélange les genres, pour au final livrer un superbe objet de cinéma, qui a sans doute un peu vieilli, mais dont le charme demeure inaltérable.

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Test Blu-ray / The Undoing, réalisé par Susanne Bier

THE UNDOING réalisé par Susanne Bier, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Nicole Kidman, Hugh Grant, Edgar Ramírez, Noah Jupe, Lily Rabe, Matilda De Angelis, Edan Alexander, Michael Devine, Donald Sutherland, Noma Dumezweni…

Scénario : David E. Kelley; d’après le roman de Jean Hanff Korelitz

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINISÉRIE

Thérapeute à succès sur le point de publier son premier livre, Grace Sachs a un mari aimant et un fils qui fréquente une école privée de prestige. Mais soudain, avec une mort violente, un mari qui disparaît et de terribles révélations concernant celui qu’elle pensait connaître, sa vie bascule…

Entre Nicole Kidman et David E. Kelley c’est une affaire qui roule. Après l’immense succès rencontré par les deux saisons de la série Big Little Lies, que la comédienne avait produit avec sa partenaire Reese Witherspoon, les deux associés ont très vite décidé de remettre le couvert avec la libre adaptation – car seuls les deux premiers épisodes en sont tirés – du roman You Should Have Known (2014) de Jean Hanff Korelitz, publié en France aux éditions du Cherche-midi sous le titre Les Premiers impressions. Sous la forme d’une mini-série de six épisodes, pour une durée totale de six heures, The Undoing est indiscutablement l’une des meilleures propositions télévisées de l’année 2020, présentée sur HBO aux Etats-Unis et sur OCS City en France, qui a d’ailleurs connu un triomphe doublé d’un engouement critique incontestable. Si l’on parvient à faire fi – même si cela est très difficile c’est vrai, d’autant plus qu’elle est très souvent filmée en gros plan – du visage figé et ravagé par la chirurgie esthétique de Nicole Kidman (qui interprète également la chanson du générique, une reprise de Dream a Little Dream of me), on se laisse facilement happer par cette histoire de couple bien sous tous rapports, un homme et une femme mariés depuis vingt ans, lui étant un médecin de renom et elle une thérapeute très demandée et spécialisée dans les relations conjugales, bourrés de fric, père et mère d’un jeune adolescent inscrit dans une grande école, qui du jour au lendemain voient leur vie volée en éclats après un meurtre atroce dont le principal suspect est le mari. Entièrement réalisé par la cinéaste danoise Susanne Bier (Brothers – le film original, pas l’horrible remake de Jim Sheridan, After the Wedding, le soporifique Bird Box avec une Sandra Bullock également botoxée), The Undoing vaut pour son élégante mise en scène, la beauté de la photographie d’Anthony Dod Mantle (Festen, Dogville, Le Dernier roi d’Ecosse, Antichrist), la force de son casting, dont un Hugh Grant métamorphosé qui s’impose par son charisme, à qui prendre de la bouteille sied bient et qui s’acquitte merveilleusement d’un rôle ambigu à souhait. Une très belle réussite.

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Test 4K UHD / Possession, réalisé par Andrzej Żuławski

POSSESSION réalisé par Andrzej Żuławski, disponible chez Le Chat qui fume en Combo Blu-ray + 4K UHD + CD, ainsi qu’en Box Ultra Collector limitée à 1500 exemplaires qui contient le film Possession en UHD et 2 Blu-ray, le CD de la musique du film, le livre Une histoire orale d’Andrzej Żuławski et la reproduction du dossier de presse d’origine.

Acteurs : Isabelle Adjani, Sam Neill, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Johanna Hofer, Carl Duering, Shaun Lawton, Michael Hogben, Maximilian Rüthlein…

Scénario : Andrzej Żuławski & Frederic Tuten

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Andrzej Korzynski

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après un long et mystérieux voyage, Marc est de retour à Berlin où il retrouve son petit garçon Bob et son épouse Anna. Leur appartement est dans un état pitoyable et Anna est distante, agressive et sur les nerfs. Soupçonnant sa femme d’avoir un amant, Marc l’a fait suivre par un détective privé qui est assassiné dans des conditions particulièrement horribles.

Possession est une œuvre jusqu’au-boutiste. Un film qui pousse à la fois ses comédiens et les spectateurs dans leurs derniers retranchements, qui joue constamment avec les nerfs, mis alors à vif avec une caméra virevoltante, en quasi-lévitation, qui reflète l’hystérie individuelle et collective des protagonistes et qui semble souvent les caresser. Ce rapport amour/haine, se fait ressentir durant les deux longues heures de Possession, qui peuvent passer vite autant qu’elles paraissent parfois interminables. Le réalisateur polonais Andrzej Żuławski (1940-2016) met l’intellect de son audience à rude épreuve, en surfant sur un genre, le fantastique, mais qui le réfute finalement en voulant parler d’un sentiment pourtant bien universel, celui de l’amour et de la séparation. Il épuise également le corps de celui ou celle qui tente, tentera ou retentera l’expérience, celle de se concentrer et de donner toute son attention à ce film hors-normes et inclassable. Possession, c’est une vivisection, celle du coeur d’un artiste, qui observe les dégâts causés par une rupture conjugale, du point de vue anatomique, physique, sur la raison, sur la création, sur l’inspiration. On ressort lessivé, bouleversé, énervé, complètement sonné de Possession, qui emmène les spectateurs au bord du gouffre, qui lui fait voir les plus grandes saloperies. A l’instar de Maurice Pialat, autre tyran perfectionniste du cinéma, Andrzej Żuławski dresse le portrait d’hommes et de femmes en détresse d’amour, qui voient leur vie s’échapper et leurs repères s’écrouler, dans un monde – caractérisé par la présence du mur de Berlin, auprès duquel le tournage s’est déroulé – qui part aussi à vau-l’eau, qui se déchire et fait subir le même sort aux individus. Et c’est aussi magnifique que terrifiant. Enfin, même si Sam Neill n’a absolument rien à envier à sa partenaire, Possession c’est aussi l’une des plus grandes interprétations féminines de tous les temps, celle d’Isabelle Adjani, qui met ses tripes à l’air – autant que le metteur en scène, qui s’inspire très largement de sa situation personnelle – et marque à jamais les esprits.

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Test Blu-ray / Les Granges brûlées, réalisé par Jean Chapot

LES GRANGES BRÛLÉES réalisé par Jean Chapot, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Alain Delon, Simone Signoret, Paul Crauchet, Bernard Le Coq, Renato Salvatori, Jean Bouise, Catherine Allegret, Pierre Rousseau, Fernand Ledoux, Miou-Miou…

Scénario : Jean Chapot, Sébastien Roulet & Frantz-André Burguet

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Jean-Michel Jarre

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Un crime a été commis dans un coin isolé du Haut-Doubs, l’hiver. Le juge d’instruction soupçonne l’un des membres d’une famille habitant une grosse ferme à proximité. La chef de famille, Rose, une femme énergique, se dresse contre lui.

Immédiatement après le grand succès de La Veuve Couderc, Simone Signoret désire retrouver son partenaire Alain Delon dans un autre film, produit cette fois encore par Raymond Danon. La comédienne jette alors son dévolu sur le scénario des Granges brûlées, coécrit par Jean Chapot et Sébastien Roulet, d’après une idée originale de Franz-André Burguet. La force de l’histoire et des personnages convainc les deux stars de confier la mise en scène à Jean Chapot, qui sera malheureusement très vite dépassé par les évènements. Incapable de diriger ses acteurs ou de donner la moindre indication à son équipe, le réalisateur est écarté, surtout que les rapports avec Alain Delon devenaient extrêmement violents. Le film est rapidement repris en main par le monstre du cinéma français, qui finit d’emballer les scènes dans lesquelles le juge doit apparaître, avant de repartir et de laisser Jean Chapot revenir pour terminer le film. Toujours est-il que ces houleuses conditions de tournage ne se ressentent pas une seule seconde durant Les Granges brûlées, polar noir se déroulant sous la neige blanche immaculée, qui vaut évidemment pour la confrontation Delon-Signoret, ainsi que pour ses formidables acteurs secondaires, Paul Crauchet, Bernard Le Coq, Miou-Miou, Jean Bouise, Catherine Allégret et Renato Salvadori, sans oublier le cadre atypique dans lequel se passe l’action. S’il n’a pas connu le même sort que La Veuve Couderc, en attirant deux fois moins de spectateurs, Les Granges brûlées reste un classique du cinéma hexagonal, à l’intrigue classique, mais marquée par la composition étrange (pour ne pas dire déplacée) d’un Jean-Michel Jarre en transe sur ses synthétiseurs (qui rappellent parfois les bruitages de la Dictée Magique), trois ans avant le triomphe planétaire d’Oxygène.

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Test Blu-ray / Souvenirs perdus, réalisé par Christian-Jaque

SOUVENIRS PERDUS réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Bernard Blier, Pierre Brasseur, Suzy Delair, Danièle Delorme, Edwige Feuillère, Yves Montand, François Perier, Gérard Philipe, Armand Bernard, Daniel Lecourtois, Pierre Mondy, Marthe Mercadier…

Scénario : Jacques Companéez, Christian-Jaque, Jacques Prévert, Henri Jeanson, Pierre Véry & Pierre Prévert

Photographie : Christian Matras

Musique : Joseph Kosma

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Nous voici aux objets trouvés de Paris… Comment tant de choses banales ou singulières sont-elles échouées ici ? À la suite de quel drame, de quelle comédie ? Florence, mannequin, se fait photographier dans les salles égyptiennes du musée du Louvre quand elle rencontre Philippe et le début d’un nouvel amour… Jean-Pierre invétéré séducteur, ment avec poésie non pas pour être aimé pour lui-même mais pour ce qu’il n’est pas… Tous les journaux en ont parlé à l’époque, Gérard de Lancey, interné par sa famille pour ses extravagances et sa folle prodigalité s’évadait de l’asile… Raoul, agent de la circulation amoureux de l’épicière du quartier, monte un plan pour la séduire…

Sur Homepopcorn.fr, nous avons déjà longuement parlé du réalisateur Christian-Jaque (1904-1994) à travers nos chroniques consacrées à Si tous les gars du monde…, La Tulipe Noire, Les Bonnes causes, L’Enfer des anges et La Chartreuse de Parme. Pour la quatrième fois, Coin de Mire Cinéma nous permet de redécouvrir l’une de ses œuvres méconnues et ce malgré un casting exceptionnel, Souvenirs perdus (1950). Rendez vous compte, Danièle Delorme, Gérard Philipe, Pierre Brasseur, Edwige Feuillère, Bernard Blier, Yves Montand, Suzy Delair, François Périer, Pierre Mondy et bien d’autres apparaissent au fil des quatre sketches qui composent le film ! Quatre segments indépendants liés par un fil rouge, celui d’une caméra plongée dans les dédales de la section des Objets Trouvés de la Préfecture de Police située au 36 rue des Morillons dans le XVe arrondissement, métro Convention. Une voix-off, celle du chansonnier Robert Rocca, s’adresse aux spectateurs dans ce « temple de l’étourderie », ce « musée de la distraction ». Comment ces objets sont-ils apparus ici ? A la suite de quel drame ou de quel vaudeville ? Souvenirs perdus va se focaliser sur quatre objets en particulier et à travers eux, révéler leur histoire et leur provenance. Ainsi une statue d’Osiris, une couronne mortuaire en perles de verre, une cravate de fourrure et un violon vont dresser le portrait d’hommes et de femmes, résumer un pan de ces vies respectives. C’est ici l’occasion pour Christian-Jaque de se confronter à quatre genres réunis en un seul, puisque comme l’indiquait la promo d’époque, Souvenirs perdus est à la fois « une histoire sentimentale, loufoque, pathétique et souriante », offrant aux comédiens l’opportunité de réaliser de fabuleux numéros.

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Test DVD / Une affaire d’hommes, réalisé par Nicolas Ribowski

UNE AFFAIRE D’HOMMES réalisé par Nicolas Ribowski, disponible en DVD le 17 février 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Claude Brasseur, Jean-Louis Trintignant, Jean-Paul Roussillon, Patrice Kerbrat, Eva Darlan, Béatrice Camurat, Jean-Pierre Bernard, Peter Bonke, Jean Carmet, Serge Sauvion, Roland Giraud, Jacques Boudet…

Scénario : Georges Conchon

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Une histoire policière se déroulant dans un club de cyclistes qui roulent à Longchamp. Un tueur des toits sévit et a tué trois femmes dans Paris. L’épouse de Louis Faguet, riche promoteur et cycliste amateur, est la quatrième victime. L’enquête est confiée au divisionnaire de police Servolle, lui aussi cycliste et ami de peloton de Faguet. Mais ses liens amicaux le poussent à se faire dessaisir au profit de son adjoint Ensor.

Rares sont les films français à prendre le sport, amateur ou professionnel, comme sujet principal ou même comme toile de fond. On peut quand même citer pêle-mêle Soigne ton gauche (1936) de René Clément, Pour le maillot jaune (1939) de Jean Stelli, Coup de tête (1979) de Jean-Jacques Annaud, À mort l’arbitre (1983) de Jean-Pierre Mocky, 3 zéros (2002) de Fabien Onteniente, Michel Vaillant (2003) de Louis-Pascal Couvelaire, Les Seigneurs (2012) d’Olivier Dahan, La Grande boucle (2013) de Laurent Tuel et Une belle équipe (2020) de Mohamed Hamidi. Si le football se distingue nettement dans le septième art, le cyclisme s’est toujours fait un peu plus discret chez nous. Si l’on aurait pu aussi citer Les Cracks (1968) d’Alex Joffé, il existe un polar plutôt méconnu où le vélo tient une place prépondérante dans le récit, même si « ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse ». Il s’agit d’Une affaire d’hommes, le premier long-métrage réalisé par Nicolas Ribowski (né en 1939), qui a fait ses classes comme assistant auprès d’Alain Cavalier (Le Combat dans l’île), de Claude Berri (Le Poulet), de Jean-Paul Rappeneau (La Vie de château), de René Allio (La Vieille Dame indigne, L’une et l’autre) et de Jacques Tati (Playtime). Mais c’est à la télévision qu’il fait réellement ses armes derrière la caméra, aussi bien à travers des téléfilms (il signera d’ailleurs plus tard les adaptations de Marcel Pagnol pour Roger Hanin dans les années 2000), que des séries (Médecins de nuit) ou des émissions (Apostrophes). Alors qu’il couvre le Tour de France, Nicolas Ribowski se rend compte à quel point le cyclisme est cinématographique. Il imagine une trame policière autour de ce sujet, à laquelle se grefferait une histoire d’amitié. Le réalisateur en parle à son ami Georges Conchon (1925-1990), écrivain, journaliste et scénariste, que le cinéma s’arrache, de Luchino Visconti (L’Étranger) à Francis Girod (L’État sauvage, La Banquière), en passant par Jacques Rouffio (Sept morts sur ordonnance, Le Sucre), Jean-Jacques Annaud (La Victoire en chantant) et Patrice Chéreau (Judith Therpauve). Georges Conchon ira plus loin en abordant la trahison d’une amitié. Étrangement, l’affiche d’exploitation d’Une affaire d’hommes reste plus célèbre que le film lui-même, avec ce visuel montrant Jean-Louis Trintignant à gauche et Claude Brasseur (qui sortait du triomphe international de La Boum de Claude Pinoteau, et qui coproduit aussi le film) à droite, en train de s’affronter au bras de fer, en se regardant droit dans les yeux. S’il annonce visiblement une opposition, ce dessin n’évoque pas du tout le cyclisme, passion à l’origine de l’osmose des deux protagonistes. Toujours est-il qu’Une affaire d’hommes vaut bien plus pour le duel de ces monstres du cinéma français et son intrigue originale que pour sa mise en scène fonctionnelle voire paresseuse. A sa sortie en novembre 1981, le film de Nicolas Ribowski peine à attirer 600.000 spectateurs dans les salles. Peu diffusé à la télévision, ce coup d’essai, auréolé en 1982 d’une nomination aux Césars pour la compression de la Meilleure première oeuvre, a su néanmoins marquer l’esprit de quelques cinéphiles et demeure aujourd’hui une curiosité.

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