RÊVES EN ROSE(Ružové sny) réalisé par Dusan Hanak, disponible en DVD depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.
Acteurs : Juraj Nvota, Iva Bittová, Josef Hlinomaz, Marie Motlová, Václav Babka, Míla Beran…
Scénario : Dusan Dusek & Dusan Hanak
Photographie : Dodo Simoncic
Musique : Petr Hapka
Durée : 1h21
Date de sortie initiale: 1977
LE FILM
Jakub, facteur rêveur et magicien en herbes, jongle entre les colis et les services rendus aux villageois. Lors d’une tournée, son regard croise celui de la belle gitane Jolanka. A deux, ils vont rêver d’un premier et grand amour, malgré la pression sociale imposée par leurs communautés respectives, qui les défendent de se fréquenter. Pour vivre pleinement ce doux rêve, il y aurait bien une issue possible…
Dusan Hanak (né en 1938) fait ses études à la FAMU, une grande école de cinéma à Prague. En 1969, il devient le chef de file de la nouvelle vague slovaque avec ses deux premiers longs-métrages : 322, sur un cuisinier privé de son travail parce qu’il est atteint d’un cancer et Images du vieux monde – Obrazy starého sveta, un documentaire sur les personnes âgées qui vivent à l’écart de la société. En 1977, il réalise Rêves en rose – Ružové sny, une histoire d’amour entre un facteur une jeune femme Tsigane.
LE DÉMON DE L’OR (Lust for Gold) réalisé par S. Sylvan Simon, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Ida Lupino, Glenn Ford, Gig Young, William Prince, Edgar Buchanan, Will Geer, Paul Ford…
Scénario : Ted Sherdeman & Richard English, d’après le roman de Barry Storm
Photographie : Archie Stout
Musique : George Duning
Durée : 1h30
Date de sortie initiale: 1949
LE FILM
En 1949, Barry Storm, parti à la recherche de la mine d’or perdue de son grand-père, est témoin du meurtre d’un prospecteur. Le shérif lui rappelle les histoires qui courent sur son grand-père, l’irascible Jacob Walz. En 1870, afin de conserver l’usage de la mine pour lui seul, Jacob n’a pas hésité à assassiner trois autres chercheurs d’or. Mais en ville, sa bonne fortune a fini par attiser la convoitise de la belle Julia et de son mari cupide…
Complètement méconnu en France, S. Sylvan Simon (1910-1951) démarre sa carrière de réalisateur à la fin des années 1930, tournant parfois trois, quatre, voire cinq films par an. Un rythme effréné qui a sans doute eu des répercussions sur sa santé, puisque S. Sylvan Simon sera emporté par une crise cardiaque à l’âge prématuré de 41 ans, juste après avoir produit Comment l’esprit vient aux femmes – Born Yesterday de George Cukor. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on pourra citer Cinq jeunes filles endiablées – Spring Madness (1938) avec Maureen O’Sullivan, Dancing Co-Ed (1939) avec Lana Turner, mais aussi et surtout ses collaborations avec le célèbre tandem Abbott and Costello, Rio Rita (1942) et surtout Abbott et Costello à Hollywood (1945), avec lequel il devient producteur. Les années 1940 voient l’émergence du film noir et S. Sylvan Simon prend le train en marche avec Les Liens du passé – I love Trouble, tout en supervisant la production du Démon de l’or – Lust for Gold dont George Sherman démarre les prises de vues. Cependant, S. Sylvan Simon devient tellement envahissant sur le plateau, que le réalisateur préfère finalement rendre son tablier en lui conseillant de mettre en scène le film lui-même. Ce qu’il finit par faire et ce sera par ailleurs son ultime long-métrage. Le Démon de l’or est au final une œuvre on ne peut plus étrange, hybride, mélange de film noir et de western, qui flirte parfois avec le fantastique ou le mystique, et dont la construction ne cesse d’étonner. Si Glenn Ford et Ida Lupino sont les noms porteurs sur l’affiche, le premier n’apparaît à l’écran qu’au bout de vingt minutes, tandis que le spectateur devra patienter une demi-heure pour voir débarquer la comédienne. Mais l’attente est très largement récompensée, car les deux stars signent une prestation remarquable. Ils sont absolument parfaits dans la peau de salauds cyniques prêts à tout, y compris à tuer bien sûr, pour s’emparer d’un magot. Lust for Gold est une grande découverte.
MONTAGNE ROUGE (Red Mountain) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Alan Ladd, Lizabeth Scott, Arthur Kennedy, John Ireland, Jeff Corey, James Bell, Bert Freed, Walter Sande…
Scénario : George W. George, John Meredyth Lucas & George F. Slavin
Photographie : Charles B. Lang Jr.
Musique : Franz Waxman
Durée : 1h24
Date de sortie initiale: 1951
LE FILM
Colorado, 1865, le prospecteur Lane Waldron est accusé du meurtre d’un négociant en or. En effet plusieurs témoins l’ont vu sortir du bureau de la victime. Alors que les habitants s’apprêtent à le tuer sans procès, Waldron est sauvé par le capitaine Brett Sherwood, un officier sudiste qui a déserté l’armée. Mais Waldron est vite persuadé que son sauveur est le véritable assassin. Les deux hommes se retrouvent en cavale, ils sont bientôt rejoints par Chris, la fiancée de Lane…
Les Mystères d’Angkor (1960) avec Micheline Presle, La Piste des éléphants (1954) avec Elizabeth Taylor, Salome (1953) avec Rita Hayworth, La Main qui venge(1950) avec Charlton Heston, Vulcano (1950) avec Anna Magnani, Le Portrait de Jennie (1948) avec Jennifer Jones, The Devil and Daniel Webster (1941) avec Walter Huston, Quasimodo (1939) avec Charles Laughton, tous ces films ont pour dénominateur commun le réalisateur Wilhelm Dieterle, alias William Dieterle (1893-1972). Le metteur en scène, comédien, producteur et scénariste allemand naturalisé américain (il rejoindra Hollywood suite à la montée du nazisme) aura signé près de 90 longs-métrages et téléfilms de 1923 à 1966, une carrière éclectique et prolifique. Toutefois, s’il y a un genre auquel on ne l’associe pas, c’est le western, même s’il avait été appelé pour remplacer King Vidor, qui avait quitté le plateau du film Duel au soleil (1946), suite à une mésentente avec David O. Selznick. S’il n’est pas crédité au générique, William Dieterle finira bel et bien le long-métrage, avec également la participation de son confrère Josef von Sternberg. Cinq ans plus tard, le cinéaste revient au western, en reprenant une fois de plus un projet débuté par un autre, en l’occurrence John Farrow (Les Yeux de la nuit, Un pacte avec le diable, Californie, terre promise), tout en évinçant le comédien Wendell Corey, au profit de John Ireland. Mais la star de ce film intitulé Montagne rouge – Red Mountain est Alan Ladd, alors au top de sa popularité et ce depuis une dizaine d’années, après le triomphe de Tueur à gages – This Gun for Hire de Frank Tuttle où il donnait la réplique à Veronica Lake. Dans Montagne rouge, il partage l’affiche avec l’une des plus grandes comédiennes des années 1950, la remarquable Lizabeth Scott, qui retrouvait William Dieterle pour la troisième fois de sa carrière après La Rue de traverse – Paid in Full et La Main qui venge – Dark City. Comme un huis clos à ciel ouvert, Red Mountain concentre essentiellement son action dans un décor quasi-unique, excellemment exploité par le réalisateur, qui traite beaucoup de sujets, trop peut-être, un triangle amoureux, un meurtre non élucidé, et surtout le portrait de William Clarke Quantrill (1837-1865), hors-la-loi et ancien chef de l’unité de combat de la guerre de Sécession, soldat fanatique et maître de la guérilla, jugé responsable des plus importantes tueries visant des civils, notamment dans l’épisode tristement célèbre du massacre de Lawrence, au Kansas. Il y a beaucoup d’éléments dans Montagne rouge, western très divertissant, qui se disperse mais qui repose avant tout sur le charisme et le talent de ses sublimes interprètes.
MILAGRO (The Milagro Beanfield War)réalisé par Robert Redford, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mai 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Rubén Blades, Richard Bradford, Sonia Braga, Julie Carmen, James Gammon, Christopher Walken, Melanie Griffith, Daniel Stern, John Heard…
Scénario : David S. Ward, d’après le roman de John Nichols
Photographie : Robbie Greenberg
Musique : Dave Grusin
Durée : 1h57
Année de sortie : 1988
LE FILM
Joe Mondragon, pauvre ouvrier agricole d’un village du Nouveau-Mexique, décide un jour d’irriguer son champ en détournant l’eau d’un chantier immobilier. Son acte va provoquer une véritable révolution à la fois âpre et burlesque, qui ira au-delà de ce village perdu.
La même année que Le Cavalier électrique – The Electric Horseman de Sydney Pollack et Brubaker de Stuart Rosenberg, Robert Redford décide de passer derrière la caméra pour réaliser son premier long métrage, Des gens comme les autres – Ordinary People, adaptation du roman éponyme de Judith Guest publié en 1976. Un immense succès public et critique, récompensé par de nombreux Oscars et Golden Globes, dont ceux du Meilleur réalisateur et du Meilleur film. Un début on ne peut plus encourageant pour le comédien. Néanmoins, Robert Redford attendra huit ans pour réitérer l’expérience, tout en mettant un frein à sa carrière d’acteur. Durant toutes ces années, il n’aura de cesse de travailler sur la transposition du roman de John Nichols, The Milagro Beanfield War, premier volume d’une trilogie consacrée au Nouveau-Mexique avec The Magic Journey et The Nirvana Blues. Au début des années 1980, Robert Redford commencera un long parcours du combattant pour tirer un scénario de ce livre conséquent et riche, qui entremêle l’ethnicité, les traditions séculaires, les droits fonciers et même aquatiques dans la ville fictive de Chamisaville, au Nouveau-Mexique. Pour beaucoup de cinéphiles, Milagro demeure le chef d’oeuvre de Robert Redford en tant que metteur en scène. Véritable western atypique, furieusement moderne, bourré d’humour, de poésie et de tendresse, The Milagro Beanfield War reste pourtant méconnu, même si à sa sortie près de 600.000 français seront venus l’applaudir dans les salles et ce malgré l’absence (ou presque) de stars à l’affiche. Véritable bijou insoupçonné et trésor caché de la filmographie de Robert Redford, Milagro, est comme la signification du titre en espagnol, un vrai petit miracle de cinéma.
L’APPEL DE LA FORÊT (The Call of the Wild) réalisé par Ken Annakin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 mai 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Charlton Heston, Michèle Mercier, Raimund Harmstorf, George Eastman, Maria Rohm, Juan Luis Galiardo, Sancho Gracia, Friedhelm Lehmann…
Scénario : Peter Welbeck, Wyn Wells, Peter Yeldham, Federico De Urrutia & Hubert Frank, d’après le roman de Jack London
Photographie : John Cabrera
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h40
Année de sortie : 1972
LE FILM
A la fin du 19e siècle, au Canada, la ruée vers l’or bat son plein et les centaines de prospecteurs venus chercher fortune ont besoin de chiens de traîneaux pour se rendre sur les sites enneigés du Klondike. L’un de ces chiens est Buck, un animal volé et vendu à John Thornton. Ensemble, l’homme et l’animal vont affronter mille dangers…
De toutes les adaptations de L’Appel de la forêt, roman de Jack London publié en 1903 et dans lequel l’écrivain s’inspirait de sa propre expérience de la ruée vers l’or, celle de Ken Annakin (1914-2009) est sans nul doute la plus fidèle au livre original. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième transposition de l’ouvrage avec lequel Jack London allait connaître son premier véritable succès critique et commercial, après deux films muets éponyme, le premier réalisé par D.W. Griffith en 1908, le second par Fred Jackman et produit par Hal Roach en 1923, puis le long-métrage – également du même nom – de William A. Wellman, mis en scène en 1935, avec Clark Gable. Pour le 70e anniversaire du livre, la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, l’Espagne et la Norvège s’associent pour monter une nouvelle version cinématographique de The Call of the Wild, qui dans le coeur des spectateurs comme dans celui des passionnés du romancier, restera la plus marquante. Quasiment un demi-siècle après sa sortie, L’Appel de la forêt demeure un modèle du film d’aventure pour toute la famille (même si certaines séquences peuvent surprendre par leur brutalité), grâce à l’investissement toujours impressionnant de Charlton Heston, merveilleux dans la peau de John Thornton, à la magnificence des paysages naturels et à l’intense émotion qui se dégage de cette amitié entre un homme et son chien.
ÉCLAIRAGE INTIME (Intimni osvětlení) réalisé par Ivan Passer, disponible en Édition Collector DVD depuis le 26 août 2020 chez Malavida Films.
Acteurs : Karel Blazek, Zdenek Bezusek, Vera Kresadlova, Jaroslava Stedra, Jan Vostcil, Vlastimila Vlkova, Miroslav Cvrk…
Scénario : Ivan Passer, Jaroslav Papousek et Vaclav Sasek.
Photographie : Miroslav Ondricek et Josef Strecha
Musique : Oldrich Korte et Joseph Hart
Durée : 1h11
Date de sortie initiale: 1965
LE FILM
Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Soliste violoncelliste à Prague, Petr vient donner un concert dans la ville où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Il accueille Petr et sa compagne chez lui, où il vit avec femme, enfants et beaux-parents. Les retrouvailles sont cocasses…
Ivan Passer (1933-2020) est une grande figure de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, un courant cinématographique né dans les années 1960, avant le Printemps de Prague. Durant cette période, des réalisateurs comme Milos Forman, Vera Chytilova ou encore Jiri Menzel percent dans le cinéma avec des premiers films. En 1965, Ivan Passer met en scène son premier long-métrage intitulé Eclairage intime – Intimni osvetleni.
AVOIR VINGT ANS (Avere vent’anni) réalisé par Fernando Di Leo, disponible en combo Blu-ray + DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Gloria Guida, Lilli Carati, Ray Lovelock, Vincenzo Crocitti, Giorgio Bracardi, Leopoldo Mastelloni, Carmelo Reale, Serena Bennato…
Scénario : Fernando Di Leo
Photographie : Roberto Gerardi
Musique : Franco Campanino
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu’elles ont beaucoup en commun. Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors elles décident de faire du stop.
Du réalisateur Fernando Di Leo (1932-2003), les cinéphiles et amateurs de cinéma Bis retiennent essentiellement sa très célèbre Trilogie du Milieu, constituée de Milan calibre 9, Passeport pour deux tueurs et Le Boss. Expert du polar, passionné de littérature policière et de film noir, un désenchantement coule dans les veines de l’oeuvre du metteur en scène. Également scénariste, il a par exemple participé à Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques dollars de plus (1965) de Sergio Leone, au Retour de Ringo (1965) de Duccio Tessari, à Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci et au Temps du massacre – Le colt cantarono la morte e fu… tempo di massacro (1966) de Lucio Fulci, Fernando Di Leo a toujours su surfer sur les goûts des spectateurs, tout en évoquant souvent certains problèmes de société. Il passe ainsi lui-même derrière la caméra à la fin des années 1960 avec le film de guerre Roses rouges pour le Führer – Rose rosse per il fuehrer, rapidement suivi par La Jeunesse du massacre – I ragazzi del massacro. Il clôt une décennie placée sous le signe du néo-polar (Salut les pourris – Il poliziotto è marcio, Colère noire, Mister Scarface, Diamants de sang) et du giallo (Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock avec Klaus Kinski) avec un drame teinté d’humour et d’érotisme, mais avant tout un constat implacable sur la fin des idéaux, intitulé Avoir vingt ans – Avere vent’anni. S’il démarre effectivement comme une petite chronique coquine où les deux actrices principales, les divines Gloria Guida et Lilli Carati illuminent le film par leur fraîcheur et leur beauté, le récit bifurque progressivement vers le thriller, avec une once de cinéma-vérité, jusqu’au dénouement aussi inévitable qu’insoutenable. Avoir vingt ans est représentatif du cinéma d’un auteur concerné par les évolutions, les mutations et les dégradations politico-sociales de son pays, mais aussi soucieux de divertir les spectateurs, tout en les incitant à réfléchir sur ce qu’ils sont en train de regarder.
LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET réalisé par Georges Franju, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.
Acteurs : Francis Huster, Gillian Hills, André Lacombe, Margo Lion, Lucien Barjon, Fausto Tozzi, Tino Carraro, Silvie Feit…
Scénario : Georges Franju & Jean Ferry, d’après le roman d’Émile Zola
Photographie : Marcel Fradetal
Musique : Jean Wiener
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1970
LE FILM
L’abbé Mouret, jeune prêtre campagnard est fasciné par la belle Albine qui l’entraîne, comme dans un rêve, dans un immense jardin merveilleux, où ils se perdent. Il y découvre la sensualité.
Francis Huster Begins ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (air connu), car celui qui deviendra Le Faucon (1983) pour Paul Boujenah, qui tournera (à ce jour) à sept reprises chez Claude Lelouch (dont le « merveilleux » Chacun sa vie), deux fois pour Andrzej Żuławski, le « sublime » Parking de Jacques Demy, qui tiendra le rôle mythique de Juste Leblanc dans Le Dîner de cons (1999) de Francis Veber et traquera le Zodiaque à la télévision, arrive au cinéma directement par la grande porte, puisque dirigé par Georges Franju pour son avant-dernier long-métrage, La Faute de l’abbé Mouret, adapté du roman éponyme d’Émile Zola paru en 1875. A ce jour, il s’agit de l’unique adaptation du cinquième volume de la série Les Rougon-Macquart, situé entre La Conquête de Plassans et Son Excellence Eugène Rougon, deuxième roman d’Émile Zola à traiter du catholicisme et ici plus spécifiquement du célibat des prêtres. Georges Franju entre de plain-pied dans les années 1970, mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, le réalisateur mise sur des partis-pris qui renvoient directement au cinéma français « d’autrefois », à celui des années 40-50. Ces volontés détonnent quelque peu en raison du jeu des comédiens, que certains qualifieront d’ampoulé, opposé au naturalisme représenté par Émile Zola, figure marquante de ce mouvement littéraire. Néanmoins, La Faute de l’abbé Mouret, version cinématographique, est parcouru de fulgurances, notamment dans sa première partie et la dernière, qui démontrent la modernité intacte du cinéaste. Dommage que le film soit quand même plombé par un second acte, celui se déroulant au Paradou, difficilement regardable aujourd’hui avec ses deux têtes d’affiche qui batifolent au milieu des rosiers, en courant presque au ralenti. Il n’en reste pas moins que La Faute de l’abbé Mouret est une œuvre souvent passionnante.
LA PASSANTE DU SANS-SOUCI réalisé par Jacques Rouffio, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mai 2021 chez Tamasa Diffusion.
Acteurs : Romy Schneider, Michel Piccoli, Helmut Griem, Dominique Labourier, Gérard Klein, Mathieu Carrière, Jacques Martin, Wendelin Werner……
Scénario : Jacques Rouffio & Jacques Kirsner, d’après le roman de Joseph Kessel
Photographie : Jean Penzer
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h56
Date de sortie initiale : 1982
LE FILM
Paris 1981. Lors d’une audience, Max Baumstein, président respecté d’une organisation humanitaire, abat froidement l’ambassadeur du Paraguay, Federico Logo. Il se constitue prisonnier et commence à expliquer la raison de son geste à sa jeune compagne, Lina, qui ignore tout de son passé.
Dans La Passante du Sans-Souci, son soixantième et ultime film, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre les rapports douloureux que Romy Schneider entretient à l’écran avec le jeune Wendelin Werner et la tragédie que venait de vivre la comédienne, des suites de la mort accidentelle de son fils David en juillet 1981, survenue juste après son divorce avec Daniel Biasini. Très librement adaptée par Jacques Rouffio, l’œuvre de Joseph Kessel publiée en 1936 (et donc ouvertement antifasciste) s’en trouve étonnamment et intelligemment prolongée en projetant le personnage de Max cinquante ans après les évènements narrés dans le livre. La comédienne y apparaît fatiguée, bouleversante et déchirante. Ses larmes et ses regards expriment une douleur incommensurable et non feinte, dont le cinéaste s’empare avec délicatesse au profit de l’histoire « commandée » par la comédienne elle-même, suite à sa découverte du roman qui lui rappelait sa propre enfance placée sous le signe du IIIe Reich et d’une mère alors proche d’Adolf Hitler. Le tournage sera interrompu à plusieurs reprises (Romy Schneider se casse le pied, puis doit se faire retirer un rein en raison d’une tumeur), mais l’actrice retrouve un semblant d’espoir suite à sa rencontre avec Laurent Pétain et s’investit corps et âme dans La Passante du Sans-Souci où elle tient d’ailleurs deux rôles. Dommage que les décors pèchent par manque de réalisme et que le rythme ait une fâcheuse tendance à faiblir dans la deuxième partie en raison d’une scène de procès trop classique, mais l’interprétation exemplaire, avec également Michel Piccoli au générique, secoue sans peine le spectateur.
LES YEUX DE LA NUIT (Night Has a Thousand Eyes) réalisé par John Farrow, disponible en DVD le 25 mai 2021 chez Elephant Films.
Acteurs : Edward G. Robinson, Gail Russell, John Lund, Virginia Bruce, William Demarest, Richard Webb, Jerome Cowan, Onslow Stevens…
Scénario : Barré Lyndon & Jonathan Latimer, d’après le roman de Cornell ‘William Irish’ Woolrich
Photographie : John F. Seitz
Musique : Victor Young
Durée : 1h18
Année de sortie : 1948
LE FILM
John Triton exerce ses talents de voyant dans des spectacles de cabaret, avec ses partenaires Jenny et Whitney Courtland. Mais, un jour, il s’aperçoit que son cerveau est traversé par des visions de mort. En effet, plusieurs de ses prédictions se réalisent. Bientôt, il voit que Jenny, qu’il aime, doit mourir à la suite de son premier accouchement. Il se retire du monde, mais vingt ans plus tard, il revoit la fille de Jenny, orpheline de sa mère dès sa naissance…
Étranges ces Yeux de la nuit – Night has a thousand eyes, film noir, drame psychologique et thriller fantastique, réalisé par l’éclectique et prolifique John Farrow (1904-1963). Le metteur en scène de moult longs-métrages chéris par les cinéphiles, le phénoménal Quels seront les cinq ? -Five came back (1939), Hondo (1953) et Le Renard des océans (1955) avec John Wayne, Vaquero (1953) avec Robert Taylor & Ava Gardner, Voyage sans retour (1950) avec Robert Mitchum, California, terre promise(1947), La Grande horloge (1948) et Un pacte avec le diable(1949) avec Ray Milland, et bien d’autres, est l’un des noms les plus prestigieux d’Hollywood à la fin des années 1940. Il se voit confier l’adaptation d’un roman à succès de Cornell Woolrich, écrivain pour lequel les studios faisaient les yeux doux après les grands succès de L’Homme-léopard (1943) de Jacques Tourneur et Les Mains qui tuent – Phantom Lady (1944) de Robert Siodmak, sans oublier les autres polars inspirés par une de ses œuvres Street of chance (1942), The Mark of the Whistler (1944) de William Castle, L’Ange noir (1946) avec Dan Duryea et L’Évadée (1946) avec Robert Cummings et Michèle Morgan. Sur un scénario coécrit par Barré Lyndon (Crépuscule de Henry Hathaway, le fabuleux Hangover Squarede John Brahm) et Jonathan Latimer (La Clé de verre de Stuart Heisler), John Farrow signe un film complètement atypique, qui joue avec les genres, ce qui a sans doute déstabilisé les spectateurs puisque Les Yeux de la nuit ne rencontrera pas vraiment son public. Pourtant, cette curiosité mérite amplement d’être découverte, d’autant plus que l’immense Edward G. Robinson y est – comme d’habitude – parfait.