Test Blu-ray / Arrête ou ma mère va tirer, réalisé par Roger Spottiswoode

ARRÊTE OU MA MÈRE VA TIRER (Stop ! Or My Mom Will Shoot) réalisé par Roger Spottiswoode, disponible en DVD, Blu-ray et combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Sylvester Stallone, Estelle Getty, JoBeth Williams, Roger Rees, Martin Ferrero, Gailard Sartain, John Wesley, Al Fann…

Scénario : Blake Snyder, William Osborne & William Davies

Photographie : Frank Tidy

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1992

LE FILM

Joe Bomowski est un officier de la police de Los Angeles. Bourru, il n’hésite jamais à faire usage de la force pour arriver à ses fins. Mais tout va se compliquer pour lui : sa supérieure hiérarchique, avec laquelle il entretient une liaison, le quitte et Tutti, sa vieille mère maladroite, débarque pour une visite impromptue. Quand cette dernière est témoin d’un meurtre, Joe va devoir résoudre une affaire tout en ayant sa mère dans les pattes…

C’est marrant comme avec les années on peut devenir indulgent. Il y a une vingtaine d’années, l’auteur de ces mots avait écrit à propos d’Arrête ou ma mère va tirer : « Sylvester Stallone s’essaie à la comédie : non, cela ne lui va pas du tout… Le film est lourd, lent, naze… une tache malheureusement indélébile dans la filmographie de Sly, qu’est-il allé faire dans cette galère ? Et croyait-il vraiment qu’on y embarquerait à ses côtés ? Si oui, il ne doit pas être bien intelligent, le garçon… ». Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui critiquaient ce film le regardent avec plus de tendresse. Pourquoi ce revirement ? Sûrement par nostalgie, ou en raison du niveau foncièrement outrancier de la comédie contemporaine. Évidemment qu’Arrête ou ma mère va tirer n’est pas « bon » en soi, mais il est constamment animé par une bonne humeur finalement contagieuse et l’on régresse volontiers devant ces petites 90 minutes. Pour la petite histoire, si Sylvester Stallone aurait accepté de faire ce film, ce serait en raison de sa rivalité avec Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, trouvant le scénario très mauvais, avait laissé entendre par voie de presse qu’il était très intéressé par ce projet. Demandant exprès une somme d’argent conséquente, le tronc autrichien voit les producteurs le remercier pour aller présenter Stop ! Or My Mom Will Shoot à son concurrent direct, Sylvester Stallone, qui bien sûr avait entendu dire que le Tronc Autrichien était sur le point de s’engager. Cela n’a pas raté, Sly signe pour cette comédie, peut-être même sans lire le script, tandis que Schwarzy devait se marrer entre deux taffes de cigare. Cela n’empêchera pas Sly de faire un clin d’oeil à son adversaire en évoquant Terminator au détour d’une réplique. Toujours est-il qu’Arrête ma mère va tirer est un petit plaisir (ne dites pas « coupable », car il serait temps s’assumer vos goûts et de laisser tomber cette expression qui ne veut rien dire) de cinéphage, devant lequel on ne peut pas s’abstenir de se marrer trente ans après.

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Test Blu-ray / Mare of Easttown, réalisé par Craig Zobel

MARE OF EASTTOWN réalisé par Craig Zobel, disponible en DVD le 15 septembre 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Kate Winslet, Julianne Nicholson, Jean Smart, Angourie Rice, David Denman, Neal Huff, Guy Pearce, Cailee Spaeny, John Douglas Thompson, Joe Tippett, Evan Peters, Sosie Bacon, James McArdle…

Scénario : Brad Ingelsby

Photographie : Ben Richardson

Musique : Lele Marchitelli

Durée : 7 heures (7 épisodes)

Date de sortie initiale : 2021

LA MINI-SÉRIE

Mare Sheehan, héroïne locale et inspectrice de police d’une petite ville de Pennsylvanie enquête sur un mystérieux meurtre, alors que sa propre vie s’effondre autour d’elle. L’exploration du côté sombre d’une petite communauté proche l’amènera à découvrir que les histoires de famille et les tragédies antérieures peuvent définir notre présent.

Si elle a peu tourné dans les années 2010, Kate Winslet prouvait qu’on pouvait encore compter sur elle dans le magnifique Wonder Wheel (2017) de Woody Allen et surtout que cela nous manquait de la voir dans des rôles forts. Mais finalement c’est à la télévision que la comédienne aura le plus brillé, en 2011, dans la somptueuse mini-série Mildred Pierce de Todd Haynes. Dix ans plus tard, Kate Winslet fait son retour sur le petit écran avec Mare of Easttown, une autre mini-série créée par Brad Ingelsby (Les Brasiers de la colère Out of the Furnace (2013) de Scott Cooper et Night Run (2015) de Jaume Collet-Saura), entièrement réalisée par Craig Zobel, remarqué en 2012 avec Compliance, puis avec Les Survivants Z for Zachariah (2015) et dernièrement avec The Hunt (2020). Une solide collaboration qui débouche sur un polar en sept épisodes d’une heure, une future référence du genre comme avait pu l’être la première saison de True Detective en 2014, récompensée à quatre reprises aux Emmy Awards, dont un pour chacun des trois acteurs principaux, Kate Winslet, Julianne Nicholson et Evan Peters. Mare of Easttown est ni plus ni plus l’un des événements de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo

QUEIMADA réalisé par Gillo Pontecorvo, disponible en édition 2 DVD ou 2 Blu-ray + Livret le 21 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill…

Scénario : Franco Solinas & Giorgio Arlorio

Photographie : Marcello Gatti & Giuseppe Ruzzolini

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h50 (version courte) et 2h10 (version longue)

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été chargé par le gouvernement britannique de mettre fin au monopole commercial du royaume ibérique. Il manipule habilement un Noir, José Dolores, et un métis, Teddy, qu’il persuade pas à pas d’instaurer un gouvernement libre. Les indigènes croient faire leur révolution. Teddy devient gouverneur de l’île et signe avec l’Angleterre un traité avantageux. Dix ans plus tard, Walker est de retour. Mais sa nouvelle mission est d’un tout autre ordre…

Pour la plupart des cinéphiles, Gillo Pontecorvo (1919-2006) est surtout le réalisateur de La Bataille d’Alger La Battaglia di Algeri (1966), phénoménale reconstitution de l’action policière de l’armée française survenue en 1957, qui avait opposé la 10e division parachutiste de l’Armée française aux indépendantistes algériens du Front de libération nationale. Auréolé du Lion d’or au Festival de Venise, le cinéaste voit sa renommée exploser à travers le monde, même si l’exploitation de son film demeure difficile voire interdite, comme c’est le cas en France jusqu’en 2004. Trois ans plus tard, il revient avec Queimada, interprété par Marlon Brando, qui à l’instar de La Bataille d’Alger, fera grincer quelques dents. Dans ce qui sera son avant-dernier long-métrage, le metteur en scène fustige la colonisation et l’exploitation des peuples, de leurs terres et bien sûr de leurs richesses, par les grandes puissances du monde. Ou comment l’Angleterre va créer un monstre révolutionnaire aux Antilles, afin de renverser le Portugal alors en place, dans le but de s’approprier le marché du sucre, sous couvert de redonner sa liberté à la population locale. Queimada est un chef d’oeuvre absolu, viscéral, intelligent, passionnant et divertissant, qui rappelle souvent le Mandingo de Richard Fleischer, récemment réhabilité. Il est temps aujourd’hui que le cinéma de Gillo Pontecorvo connaisse le même engouement.

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Test Blu-ray / L’Oeuf du serpent, réalisé par Ingmar Bergman

L’OEUF DU SERPENT (The Serpent’s Egg) réalisé par Ingmar Bergman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Liv Ullmann, David Carradine, Gert Fröbe, Heinz Bennent, Glynn Turman, James Whitmore…

Scénario : Ingmar Bergman

Photographie : Sven Nykvist

Musique : Rolf A. Wilhelm

Durée : 1h55

Année de sortie : 1977

LE FILM

Berlin, 1923, Abel Rosenberg se sent triplement étranger puisqu’il est juif, américain et chômeur. Alors qu’il se perd dans l’alcool, il découvre le corps de son frère Max, suicidé d’une balle dans la bouche. Interrogé par le commissaire, il a l’intuition qu’on le soupçonne de plusieurs meurtres perpétrés dans le quartier. Il se réfugie auprès de Manuela, ancienne compagne de son frère qui joue un numéro dans un cabaret des bas-fonds. Ensemble, ils font une rencontre perfide et s’égarent dans la peur, menacés par un mal innommable qui « tel un œuf de serpent, laisse apparaître à travers sa fine coquille la formation du parfait reptile. »

Avec les années, les admirateurs du réalisateur suédois Ingmar Bergman (1918-2007) n’ont eu de cesse de réévaluer L’Oeuf du serpent The Serpent’s Egg(1977). Classique pourtant méconnu, doté d’un budget colossal servi par son ami Dino De Laurentiis, de décors faramineux et de nombreux figurants, cet opus se situe alors entre Face à face Ansikte mot ansikte et Sonate d’automne Höstsonaten, avant que le cinéaste délaisse petit à petit le cinéma pour la télévision. L’Oeuf du Serpent est une véritable superproduction MGM européenne mettant en scène la muse du cinéaste Liv Ullmann et David Carradine (après la défection de Dustin Hoffman) dans l’un de ses rôles les plus marquants. Si cet opus est inhabituel pour Ingmar Bergman, entre autres son seul film tourné quasi-intégralement en langue anglaise (ce qu’il avait refusé jusqu’à présent), il n’en demeure pas moins passionnant et prenant, ouvertement politique puisque le metteur en scène y évoque une Allemagne troublée et lessivée, avec la montée de l’antisémitisme en filigrane. D’une admirable richesse visuelle et proche de l’univers de Rainer Werner Fassbinder (qui reprendra le décor principal pour son fabuleux Berlin Alexanderplatz), L’Oeuf du Serpent est un film sur la peur, le vide et la psychose, thèmes fondamentaux de l’œuvre « bergmanienne ». Un grand film à redécouvrir et à réhabiliter.

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Test Blu-ray / Les Tigres Volants, réalisé par David Miller

LES TIGRES VOLANTS (Flying Tigers) réalisé par David Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, John Carroll, Anna Lee, Paul Kelly, Gordon Jones, Mae Clarke, Addison Richards, Edmund MacDonald…

Scénario : Kenneth Gamet & Barry Trivers

Photographie : Jack A. Marta

Musique : Victor Young

Durée : 1h41

Année de sortie : 1942

LE FILM

En Chine, au début de la Seconde Guerre mondiale. Une poignée de volontaires américains constitue l’escadrille les Tigres Volants. Ils sont chargés de défendre la population chinoise et affrontent dans les airs l’envahisseur japonais.

Quand il tourne Les Tigres Volants Flying Tigers en 1942, Marion Robert Morrison alias John Wayne a déjà 35 ans et plus de quinze années de cinéma à son actif. S’il n’est évidemment pas le mythe qu’il deviendra par la suite, le comédien est un visage reconnaissable dans le milieu et compte à son actif des collaborations avec King Vidor, John Ford et Michael Curtiz. Sa carrière aurait pu prendre un nouveau tournant en 1930 avec La Piste des géants The Big Trail de Raoul Walsh, mais le film est malheureusement un échec au box-office. Il enchaîne alors les westerns de série B sur un rythme effréné, allant jusqu’à jouer dans dix films par an, même s’il envisage sérieusement de se reconvertir dans la boxe. En 1939, La Chevauchée fantastique Stagecoach de John Ford change la donne, le succès est là et le film est nommé sept fois aux Oscars. John Wayne est désormais l’une des stars les plus en vue à Hollywood. 1941, après l’attaque des Japonais à Pearl Harbor, les États-Unis entrent en guerre. Certains acteurs et réalisateurs sont mobilisés sur le front ou s’engagent volontairement, mais la demande de John Wayne, étant père de quatre enfants et déjà « âgé », est déclinée. Qu’à cela ne tienne, il « combattra » à sa manière, à travers quelques films de propagande, même si en tant que fervent patriote, il regrettera toute sa vie de ne pas avoir pu participer sur le terrain comme il le souhaitait. C’est ainsi qu’il se retrouve à l’affiche de son premier film de guerre, réalisé en l’honneur de l’escadrille des Tigres Volants, tout simplement intitulé…Les Tigres Volants, dont l’action se déroule en 1941, quelques semaines avant Pearl Harbor. Forcément rétro, Flying Tigers reste un témoignage d’époque, une œuvre qui n’hésitait pas à forcer le trait en montrant de vrais grands héros luttant pour leur pays chéri, le tout sur une musique grandiloquente, des regards appuyés, une emphase qui a de quoi faire sourire et des actes chevaleresques où le sacrifice de soi était non seulement inévitable, mais aussi chaudement recommandé. S’il remplit effectivement tous les points cruciaux de cahier des charges, il n’est pas interdit de passer du bon temps devant les aventures de ces Tigres Volants, dans lequel le Duke s’impose sans mal en capitaine bad-ass et charismatique.

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Test Blu-ray / L’Été prochain, réalisé par Nadine Trintignant

L’ÉTÉ PROCHAIN réalisé par Nadine Trintignant, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 juin 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Philippe Noiret, Claudia Cardinale, Fanny Ardant, Jean-Louis Trintignant, Marie Trintignant, Jérôme Anger, Pierre-Loup Rajot, Judith Godrèche…

Scénario : Nadine Trintignant

Photographie : William Lubtchansky

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Jeanne et Édouard Séverin partagent avec leurs six enfants un chalet dans les Alpes du Sud. Dino, une de leurs filles, décoratrice de profession, a pour compagnon un dramaturge, Paul, qui traverse une crise d’inspiration, qu’il ne résiste pas à lui faire partager et dont la jalousie maladive est de surcroît bien difficile à supporter. Quant à Sidonie, le couple qu’elle forme avec Jude, comme elle un brillant jeune pianiste, présente toutes les apparences d’une association harmonieuse et heureuse. Pour sa part, Édouard semble ne pas douter qu’il est un mari idéal et un père irréprochable. Il a pourtant de nombreuses aventures.

Regardez un peu cette affiche : Philippe Noiret, Claudia Cardinale, Jean-Louis Trintignant, Fanny Ardant, Marie Trintignant, ainsi que Christian et Serge Marquand. Ils sont tous réunis pour le septième long-métrage écrit et réalisé par Nadine Trintignant, qui fait donc tourner son époux, sa fille et ses deux frères pour un film forcément très personnel, L’Été prochain. Cinq ans après Premier voyage, la cinéaste faisait son retour au cinéma après avoir signé un documentaire sur le compositeur et homme politique grec Míkis Theodorákis (Z de Costa-Gavras, Zorba le grec de Michael Cacoyannis, Serpico de Sidney Lumet), en s’entourant une fois de plus des siens. L’Été prochain est avec Ça n’arrive qu’aux autres (1971) l’un des plus grands succès de Nadine Trintignant. Certes, cette comédie-dramatique n’a pas cassé la baraque au box-office à sa sortie avec 368.000 spectateurs en janvier 1985, où elle devait faire face à Train d’enfer de Roger Hanin, À nous les garçons de Michel Lang et même le Kaos des frères Taviani, mais a su tirer son épingle du jeu grâce à son fabuleux casting. Aujourd’hui, L’Été prochain demeure complètement méconnu, mais vaut assurément qu’on s’y attarde, rien pour admirer ses fabuleux comédiens, tous visiblement ravis de se donner la réplique.

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Test Blu-ray / Le Métro de la mort, réalisé par Gary Sherman

LE MÉTRO DE LA MORT (Death Line – Raw Meat) réalisé par Gary Sherman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner, Clive Swift, Christopher Lee…

Scénario : Ceri Jones

Photographie : Alex Thomson

Musique : Wil Malone & Jeremy Rose

Durée : 1h24

Année de sortie : 1972

LE FILM

À Londres, deux étudiants découvrent un homme gisant dans une station de métro. Lorsqu’ils reviennent sur les lieux avec un policier, le corps a disparu. D’autres, disparitions du même genre sont intervenues récemment. Que se passe-t-il dans les entrailles du métro ? L’inspecteur Calhoun mène l’enquête…

Donald Pleasence et Christopher Lee, réunis dans un film d’épouvante intitulé Le Métro de la mort Death Line ??? L’affiche est prometteuse et soyez rassurés, le résultat est à la hauteur des espérances. D’ailleurs, ce premier long-métrage réalisé par l’américain Gary Sherman est devenu culte et reste encore aujourd’hui une véritable référence. Disons-le d’emblée, Christopher Lee ne fait ici qu’une petite apparition de cinq minutes au milieu du film (avec moustache et chapeau melon), mais sa confrontation avec Donald Pleasence (qui sortait de Réveil dans la terreur Wake in fright de Ted Kotcheff et de THX 1138 de George Lucas) demeure l’une des meilleures séquences. Ne vous attendez surtout pas à des flots d’hémoglobine, mais plutôt à une atmosphère pesante, poisseuse, inquiétante, merveilleusement distillée par une mise en scène soignée et même ambitieuse par moments. Étonnamment moderne, dans le fond comme dans sa forme, Le Métro de la mort est un savoureux mélange d’émotions fortes et d’humour, qui n’a pas trop pris de rides et qui fait toujours son petit effet.

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Test Blu-ray / Dernier domicile connu, réalisé par José Giovanni

DERNIER DOMICILE CONNU réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Marlène Jobert, Michel Constantin, Jean Sobieski, Philippe March, Bianca Saury, Paul Crauchet, Alain Mottet, Béatrice Arnac, Guy Héron, Monique Melinand, Marcel Peres…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de Joseph Harrington

Photographie : Étienne Becker

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Marceau, policier efficace et rude, ne connaît que son métier. Commissaire adjoint à la brigade criminelle de Paris, il est muté dans un commissariat de quartier suite à l’arrestation d’un chauffard ivre, fils d’un grand avocat. On lui assigne une jeune assistante, Jeanne, qui a résolu de se vouer au social et qui croit dans le but réformateur de la Police. Un jour Marceau et Jeanne sont chargés de retrouver un certain Martin dont le témoignage dans une affaire criminelle est primordial pour détruire l’alibi de l’accusé, un caïd de la place. Marceau a vite compris qu’on leur a confié là une tâche impossible…

Deux ans après Le Rapace, Lino Ventura et José Giovanni remettent le couvert avec Dernier domicile connu. Entre les deux, le comédien a le temps de tourner Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil, auquel José Giovanni se joint d’ailleurs au scénario, puis L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. Dernier domicile connu s’inspire du roman – dit de procédure policière – Last Known Address de Joseph Harrington (1903-1980), publié en France en 1966 dans la collection Série Noire. Comme pour Le Rapace, ne trouvant pas de réalisateur pour mettre en scène ce film, c’est sur les conseils de Lino Ventura que José Giovanni revient derrière la caméra pour son troisième long-métrage. L’un des coups de génie de Dernier domicile connu provient de l’alchimie de son couple star, Lino Ventura et Marlène Jobert. Découverte en 1966 dans Masculin féminin de Jean-Luc Godard, cette dernière venait d’exploser dans le merveilleux Alexandre le Bienheureux (1967) d’Yves Robert, tenait le haut de l’affiche dans Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968) de Michel Audiard et de L’Astragale de Guy Casaril, qui s’étaient distingués au box-office. Le tandem fonctionne à plein régime ici, avec d’un côté le vieil ours bourru et expéditif, et de l’autre la jeune pile électrique d’à peine trente ans qui tente de faire sa place dans un monde de mecs, qui détonne avec sa minijupe et sa petite voix. José Giovanni dissèque le boulot souvent fastidieux des flics, obligés d’avancer pas à pas dans une enquête qui paraît irréalisable. Mais l’obstination et la ténacité de notre duo insolite vont porter leurs fruits. Pour beaucoup de spectateurs, Dernier domicile connu demeure le plus grand film de José Giovanni. Si cela est évidemment discutable, surtout quand on a également en tête La Scoumoune (1972) et Deux hommes dans la ville (1973), cet opus s’inscrit indubitablement dans ce top 3. Auréolé d’un beau succès dans les salles à sa sortie avec plus de 2,2 millions de spectateurs, Dernier domicile connu reste une valeur sûre du film policier hexagonal, âpre, désabusé et furieusement mélancolique.

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Test Blu-ray / Les Arnaud, réalisé par Léo Joannon

LES ARNAUD réalisé par Léo Joannon, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 mai 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Bourvil, Salvatore Adamo, Christine Delaroche, Gérard Croce, Alain Doutey, Xavier Fonty, Gisèle Grandpré, Suzanne Courtal…

Scénario : Léo Joannon & Jacques Robert

Photographie : Willy Faktorovitch

Musique : Franck Pourcel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Henri Arnaud, juge au tribunal pour enfants d’Aix-en-Provence, est connu pour sa clémence envers les jeunes délinquants. Au cours d’un procès, il fait la connaissance d’un étudiant en droit, André Arnaud qui est aussi son homonyme. Ce dernier est orphelin et ne peut poursuivre ses études que grâce à l’aide financière de son oncle, un simple ouvrier. Mais celui-ci meurt dans un accident de travail et André, qui a besoin d’argent, accepte les avances de Josseron, un antiquaire homosexuel…

Quasiment un an après le triomphe de La Grande vadrouille, Bourvil faisait son retour au cinéma avec Les Arnaud, l’ultime long-métrage du réalisateur Léo Joannon (1904-1969). Complètement oublié aujourd’hui, ce dernier, également scénariste et producteur a quand même tourné plus d’une trentaine de films et dirigé les plus grands, Pauline Carton, Simone Simon, Danielle Darrieux, Arletty, Raimu, Pierre Brasseur, Pierre Fresnay, Edwige Feuillère, Jules Berry, Annie Girardot, Fernandel, Jean Rochefort et même Laurel & Hardy ! Réputé pour sa nervosité et même son mauvais caractère, Léo Joannon s’est aussi fait un nom durant l’Occupation allemande, en oeuvrant pour la société de production Continental, créée par Joseph Goebbels, époque durant laquelle il n’hésite pas à menacer son collègue Raymond Bernard, de le dénoncer lui et sa famille juive, s’il n’obtient pas l’obtention de certains scénarios. Un peu plus tard, il se rallie au régime de Vichy, ce qui lui vaudra d’être écarté de la profession à la Libération, pour une durée de cinq ans. Puis, il reprend tranquillement ses activités de cinéaste, où à travers ses films il traitera notamment des thèmes de la rédemption. Natif d’Aix-en-Provence, il y tourne son dernier opus, Les Arnaud, pour lequel il réunit un duo inattendu, Bourvil donc, et surtout Salvatore Adamo, âgé de 23 ans, vedette de la chanson dont le succès a été fulgurant depuis 1963. Étonnant de voir l’interprète de Tombe la neige, Vous permettez, Monsieur ? et Mes mains sur tes hanches jouer un étudiant en droit, qui durant sa quatrième année tue un antiquaire qui voulait abuser de lui. Léo Joannon joue sur ce décalage, un jeune homme bien sous tous rapports, qui du jour au lendemain devient malgré lui un meurtrier. Si Adamo s’en tire bien, on ne peut qu’être admiratif de la prestation de Bourvil, bouleversant dans la peau de ce magistrat vieux garçon, qui se prend d’affection pour cet étudiant destiné à une brillante carrière, dont le destin paraît brutalement interrompu. Tourné un an avant les événements qui allaient fleurir dans toutes les universités du monde, Les Arnaud semble imprégné d’une colère sourde, contenue, qui contraste avec la chaleur humaine, la délicatesse et la tendresse qui émanent du personnage du juge, et donc forcément de Bourvil. Une redécouverte des Arnaud s’impose.

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Test Blu-ray / Des hommes, réalisé par Lucas Belvaux

DES HOMMES réalisé par Lucas Belvaux, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez Ad Vitam.

Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer, Félix Kysyl, Édouard Sulpice, Fleur Fitoussi, Ahmed Hammoud…

Scénario : Lucas Belvaux, d’après le roman de Laurent Mauvignier

Photographie : Guillaume Deffontaines

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux n’a eu de cesse à travers ses films d’explorer les thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur, les souvenirs, la culpabilité, en confrontant souvent deux êtres que tout oppose. Le réalisateur a su trouver plusieurs accroches liées à son cinéma dans le roman de Laurent Mauvignier (publié en 2009), Des hommes, lauréat à sa sortie du prix Virilo et celui des libraires. Des films sur la guerre d’Algérie, il en existe une flopée et ce depuis la fin des années 1950. On peut citer en vrac Le Petit Soldat (1960, mais interdit jusqu’en 1963) de Jean-Luc Godard, Adieu Philippine (1962) de Jacques Rozier, La Belle Vie (1964) de Robert Enrico, Muriel ou le Temps d’un retour (1964) d’Alain Resnais, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo, R.A.S. (1973) d’Yves Boisset, et plus proche de nous La Trahison (2006) de Philippe Faucon, Mon colonel (2006) de Laurent Herbiet, L’Ennemi intime (2007) de Florent-Emilio Siri, Cartouches gauloises (2008) de Mehdi Charef et Loin des hommes (2014) de David Oelhoffen. Donc oui, le sujet n’a jamais été écarté du cinéma, bien au contraire. Pour Des hommes, Lucas Belvaux dévoile ce qui se cache derrière les silences, dissèque le traumatisme d’une poignée de personnages, un en particulier, celui de Bernard alias Feu-de-Bois, magistralement interprété par Gérard Depardieu, qui retrouve de sa superbe ici, comme dernièrement dans Les Confins du monde de Guillaume Nicloux et de Fahim de Pierre-François Martin-Laval. Magnétique, magnifique, imposant (euphémisme) au sens propre comme au figuré, le comédien crève l’écran du haut de ses 71 ans, et livre une fantastique prestation. Face à lui, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin ne sont pas en reste et l’on remarquera aussi la participation du jeune acteur belge Yoann Zimmer, dont nous avions déjà croisé le visage dans Été 85 de François Ozon, La Fille inconnue des frères Dardenne et Les Fauves de Vincent Mariette.

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