Test Blu-ray / Le Métro de la mort, réalisé par Gary Sherman

LE MÉTRO DE LA MORT (Death Line – Raw Meat) réalisé par Gary Sherman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner, Clive Swift, Christopher Lee…

Scénario : Ceri Jones

Photographie : Alex Thomson

Musique : Wil Malone & Jeremy Rose

Durée : 1h24

Année de sortie : 1972

LE FILM

À Londres, deux étudiants découvrent un homme gisant dans une station de métro. Lorsqu’ils reviennent sur les lieux avec un policier, le corps a disparu. D’autres, disparitions du même genre sont intervenues récemment. Que se passe-t-il dans les entrailles du métro ? L’inspecteur Calhoun mène l’enquête…

Donald Pleasence et Christopher Lee, réunis dans un film d’épouvante intitulé Le Métro de la mort Death Line ??? L’affiche est prometteuse et soyez rassurés, le résultat est à la hauteur des espérances. D’ailleurs, ce premier long-métrage réalisé par l’américain Gary Sherman est devenu culte et reste encore aujourd’hui une véritable référence. Disons-le d’emblée, Christopher Lee ne fait ici qu’une petite apparition de cinq minutes au milieu du film (avec moustache et chapeau melon), mais sa confrontation avec Donald Pleasence (qui sortait de Réveil dans la terreur Wake in fright de Ted Kotcheff et de THX 1138 de George Lucas) demeure l’une des meilleures séquences. Ne vous attendez surtout pas à des flots d’hémoglobine, mais plutôt à une atmosphère pesante, poisseuse, inquiétante, merveilleusement distillée par une mise en scène soignée et même ambitieuse par moments. Étonnamment moderne, dans le fond comme dans sa forme, Le Métro de la mort est un savoureux mélange d’émotions fortes et d’humour, qui n’a pas trop pris de rides et qui fait toujours son petit effet.

À Londres, Patricia (Sharon Gurney) et Alex (David Ladd, fils d’Alan Ladd et de Sue Carol), deux étudiants américains, découvrent un homme gisant dans un escalier de la station de métro Russel Square, alors qu’ils rentraient chez eux. Mais le corps s’est volatilisé le temps d’alerter la police. L’inspecteur Calhoun (Donald Pleasence) relie cette disparition à plusieurs autres survenues dans la même station. Cette fois, la victime est James Manfred, un haut fonctionnaire. Les services secrets s’en mêlent et interdisent à Calhoun de continuer son enquête. Les disparus ont en fait été victimes des descendants dégénérés d’ouvriers et d’ouvrières ensevelis au début du XXe siècle, en construisant une station British Museum en 1892, et qui ont survécu en se nourrissant de chair humaine. Ils ne sont plus que deux, un homme et sa compagne, mais à l’agonie. Lorsque celle-ci meurt, le dernier survivant, désespéré, multiplie les meurtres. Trois employés du métro de Londres y passent. Jusqu’au jour où Patricia est enlevée à son tour à la station Holborn, ce qui relance l’enquête.

Le Métro de la mort a beau avoir quasiment cinquante ans, on reste impressionné par sa contemporanéité et son approche réaliste de l’horreur. On peut le dire, il s’agit ici d’un opus matriciel, duquel a ensuite découlé des titres comme Creep (2004) de Christopher Smith et Midnight Meat Train (2008) de Ryûhei Kitamura. Gary Sherman joue sur le rythme, dilate le temps à l’instar de cette longue séquence où le couple décide d’aider un homme à terre, inconscient, la caméra les suivant alors prendre l’ascenseur, trouver un policeman, redescendre avec lui jusqu’au pied de l’escalier où ils avaient laissé la victime, avant de se rendre compte qu’il n’y est plus. Le réalisateur use du plan-séquence avec virtuosité, mais ce n’est rien à côté de LA scène la plus célèbre sophistiquée de Death Line, un autre plan-séquence durant lequel le cinéaste présente l’antre du tueur, à travers un travelling de près de huit minutes. Des partis-pris culottés au cours duquel l’intrigue est complètement suspendue, mais où l’adrénaline du spectateur est bouillonnante puisqu’on y découvre frontalement des corps en décomposition, un « garde-manger » constitué de restes humains, puis le responsable de ces enlèvements, visiblement en compagnie d’une femme, enceinte et en état critique. Aucun bruit, un silence à peine parasité par quelques canalisations environnantes, mais l’on peut constamment ressentir une odeur de moisi, de pourriture, d’air lourd, de pierres suintantes.

Tandis que « The Man » est en train de perdre sa compagne, retour sur la terre ferme où notre cher inspecteur Calhoun essaye de mettre de l’ordre dans ses idées, si seulement on lui apportait une tasse de thé comme il n’a de cesse de le demander. Donald Pleasence se livre à un vrai show dans Le Métro de la mort. Monté sur ressorts, explosif, ironique, cynique, sarcastique, il va profiter de cette affaire pour narguer les services secrets qui lui mettent des bâtons dans les roues, jusqu’à ce fameux face-à-face avec un dénommé Stratton-Villiers, agent du MI5. Christopher Lee lui-même aurait demandé à apparaître dans Death Line pour y donner la réplique à Donald Pleasence qu’il admirait. Afin de trouver un subterfuge pour minimiser leur différence de taille, 1m70 pour Donald Pleasence, 1m96 pour Christopher Lee, Gary Sherman décide de les filmer chacun face caméra, passant de l’un à l’autre, s’envoyant de fabuleuses piques, comme s’ils étaient en train de se regarder droit dans les yeux, à quelques mètres de distance. On appréciera le « Fuck You » dessiné sur les lèvres de Donald Pleasence, durant ce sublime duel et ping-pong verbal. Un régal pour les cinéphiles.

Puis, notre histoire reprend après cet interlude, la dernière partie du film se déroulant dans les profondeurs sordides du métro (le film a d’ailleurs été tourné en décors naturels), où Alex tentera de tirer Patricia des griffes du monstre, qui de son côté tente désespérément d’amadouer la jeune femme avec les seuls mots qu’il connaît « Mind the Door », ou « Attention à la fermeture des portes », provenant de l’avertissement automatique du métro qui a hanté les couloirs labyrinthiques menant à sa tanière. Après le succès de Death Line (ou Raw Meat dans une version US tronquée), Gary Sherman mettra près de dix ans pour revenir derrière la caméra avec les célèbres Réincarnations Dead & Buried (1981) et Vice Squad: Descente aux enfers (1982).

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Rien n’arrêtera Rimini Editions ! A peine un mois après Le Survivant d’un monde parallèle, l’éditeur remet le couvert avec la sortie en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret du Métro de la mort. Comme nous le disions dernièrement, nous ne sommes pas peu fiers d’avoir accompagné cette collection depuis ses débuts, puisque vous pourrez retrouver dans nos colonnes, les chroniques complètes consacrées aux autres opus qui la composent, Magic, Mother’s Day, Incubus, Hell Night, Trauma, Mutations, Le Bal de l’horreur, Happy Birthday To Me, Terror Train – Le Monstre du train, Harlequin, Les Griffes de la peur et Patrick. L’objet prend la forme d’un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet et au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.

A noter un petit incident survenu lors de l’impression du livret de Marc Toullec. En effet, une page sur deux a été imprimée…Rimini Editions a bien sûr prévu de procéder à un échange si vous constatez que c’est le cas pour votre exemplaire.

Trois modules rétrospectifs au programme, uniquement des entretiens repris de l’édition Blue Underground sortie en 2017.

Le premier supplément est une conversation entre le comédien David Ladd (Alex Campbell dans le film) et le producteur Paul Maslansky (12’). Les deux hommes reviennent sur leur rencontre, sur les conditions de tournage du Métro de la mort, le travail avec Gary Sherman, Donald Pleasence et le chef opérateur Alex Thomson, sur les thèmes du film, le casting, les décors, ainsi que sur le statut culte de Death Line, « un des meilleurs films anglais réalisés par un américain ! ».

Place ensuite à Hugh Armstrong, disparu en janvier 2016 à l’âge de 71 ans, qui interprète « The Man » dans Le Métro de la mort (15’). L’occasion pour le comédien de revenir sur ses débuts au cinéma, avant d’évoquer le film qui nous intéresse aujourd’hui. Vous en saurez plus sur sa préparation pour le rôle, pour lequel quatre heures de maquillage étaient nécessaires chaque matin, avant de s’engouffrer dans les méandres du métro londonien. On apprend qu’entre deux prises, Hugh Armstrong affrontait Donald Pleasence aux petits chevaux dans quelques endroits froids et humides du plateau improvisé. Le casting, les conditions des prises de vues, sa fameuse réplique culte, la collaboration avec Gary Sherman et d’autres sujets sont abordés.

Enfin, on termine par les retrouvailles entre le réalisateur Gary Sherman et les producteurs exécutifs Jay Kanter et Alan Ladd Jr. (18’). L’occasion pour ces trois camarades et visiblement amis, de partager leurs souvenirs liés à la production et à la sortie du Métro de la mort.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et quelques spots TV issus de la sortie US « Raw Meat ». .

L’Image et le son

Longtemps attendu par les fans d’épouvante, Le Métro de la mort débarque enfin en Haute Définition dans un master vraisemblablement restauré 2K. La copie affiche une stabilité et une propreté absolues, avec des couleurs riches et bigarrées. La clarté est de mise et le piqué nettement appréciable sur toutes les séquences en extérieur. Les scènes dans le métro restent marquées par un grain plus accentué et de sensibles pertes de la définition, avec un piqué forcément plus émoussé. Cela n’empêche pas la colorimétrie de retrouver une nouvelle jeunesse, tout comme les contrastes dont la gestion se révèle savamment entretenue par un encodage AVC solide. Un Blu-ray – au format 1080p – très élégant.

Le Métro de la mort est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est un peu plus étriquée, mais reste dynamique. Le doublage est aussi particulièrement réussi, avec notamment Philippe Dumat (la voix française d’Alec Guinness dans le rôle d’Obi-Wan Kenobi dans la première trilogie Star Wars, ainsi que celle de Picsou et Gargamel) qui prête sa sublime voix à Donald Pleasence. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Blue Underground / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Une réflexion sur « Test Blu-ray / Le Métro de la mort, réalisé par Gary Sherman »

  1. Si vous avez acheté la version avec le livret mal imprimé, vous pouvez m’envoyer votre adresse en message privé via Facebook. Je vous enverrai le livret corrigé. JP Vasseur

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