Test Blu-ray / Le Fils de Géronimo, réalisé par George Marshall

LE FILS DE GÉRONIMO (The Savage) réalisé par George Marshall, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Susan Morrow, Peter Hansen, Joan Taylor, Richard Rober, Don Porter, Ted de Corsia, Ian MacDonald…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de L.L. Foreman

Photographie : John F. Seitz

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Après l’attaque d’une caravane par les Peaux-Rouges, Jim, un jeune garçon, est le seul survivant. Recueilli par le chef Géronimo, il grandit parmi la tribu et devient Cœur Vaillant. Tiraillé entre sa culture natale et celle qu’il connaît à présent, il doit choisir son camp quand survient la guerre entre les deux peuples.

Rétrospectivement, Le Fils de Géronimo The Savage est le premier western interprété par Charlton Heston, qui sort aux États-Unis quelques mois après le triomphe international de Sous le plus grand chapiteau du mondeThe Greatest Show on Earth de Cecil B. DeMille. La carrière du comédien vient à peine de démarrer au cinéma, que le succès est déjà là, alors qu’il n’a même pas trente ans. On pouvait craindre le « pire » en apprenant que Charlton Heston campait le rôle-titre (français) de ce western, mais c’était sans connaître l’histoire du film. Le Fils de Géronimo est d’ailleurs réalisé par George Marshall (1891-1975), signe de qualité, dont nous avons déjà parlé à maintes reprises (Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance, Texas, Les Piliers du ciel). Metteur en scène spécialisé dans le genre (La Conquête de l’Ouest, Le Tueur qui murmure, La Vallée de la poudre, Le Nettoyeur, Le Sang de la terre), il démarre sa carrière au temps du muet, dont il conservera la science du cadre et du montage, qui devaient souvent exprimer ce que la parole ne pouvait alors faire, soutenant par exemple les gags de Laurel et Hardy, avec lesquels il a collaboré à plusieurs reprises. Le Fils de Géronimo rend compte du savoir-faire technique de George Marshall, qui comme Richard Fleischer ou Robert Wise, passait allègrement d’un genre à l’autre et multipliait les projets avec différents studios, qui se disputaient sa rigueur. The Savage est un western au message pro-indien qui sort en 1952, la même année que La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, deux ans après La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, sachant que la condition des Indiens avait déjà inspiré d’autres opus et ce dès les années 1910. Divertissement élégant, faisant la part belle à l’action, sans jamais oublier l’émotion, notamment à travers le dilemme rencontré par Jim Aher aka Coeur Vaillant, Le Fils de Géronimo demeure un spectacle rondement mené, sans aucun temps mort et très beau à regarder.

Quelques années après la fin de la guerre de Sécession. Jim, un garçon de 11 ans, est le seul survivant d’un convoi qui faisait route vers l’Ouest en traversant le territoire Sioux, anéanti par les Indiens Crows, une tribu de Peaux-Rouges. Il est recueilli et élevé par Géronimo (en fait Aigle Jaune, Miniconjou, ce qui est moins « parlant » et donc moins vendeur pour l’exportation du film), et tente de s’adapter aux coutumes de sa nouvelle famille, qui décide de le rebaptiser Coeur Vaillant. La vie reprend son cours. Coeur Vaillant est maintenant adulte. Mais il éprouve beaucoup de mal à s’adapter à la vie des Indiens, et une partie de sa conscience est restée attachée au monde qu’il a connu dans ses jeunes années. Tiraillé entre les deux univers qu’il a côtoyés, il hésite à franchir définitivement le pas qui fera de lui un véritable Indien. La guerre qui s’annonce contre les Blancs. Lors d’un conseil, Jim dit Cœur vaillant est envoyé au fort pour espionner les soldats. Cœur vaillant va devoir choisir entre son peuple d’origine et son peuple d’adoption.

Non, Géronimo n’était pas Sioux, mais Apache. Bon, tout le monde n’est pas au courant, mais il fallait le souligner. Si l’on ne tient pas compte de cette étonnante et grossière erreur (due à la « traduction » française), cela fonctionne et on se laisse porter par le souffle de ce western, magistralement photographié en Technicolor par le talentueux John F. Seitz, chef opérateur de renom (Boulevard du crépuscule, Les Envahisseurs de la planète rouge, Le Prix du silence, Le Poison, Assurance sur la mort), qui met en valeur les superbes décors naturels dénichés dans le Dakota du Sud et les impressionnants costumes (aux plumes multiples notamment) concoctés par la prolifique, virtuose et mythique Edith Head.

On sent que la dimension « shakespearienne » du scénario (adapté d’un roman de L.L. Foreman), imputable à Sydney Boehhm (Violence à Jericho, Bungalow pour femmes, Les Implacables, Les Inconnus dans la ville), a dû attirer Charlton Heston, avec cet homme pris entre deux cultures, entre deux pères, deux nations, l’acteur rendant parfaitement cette ambiguïté sous un masque pourtant impassible, loin de ses « tics » souvent décriés. Il est aussi formidablement accompagné, notamment par la belle Joan Taylor (À des millions de kilomètres de la Terre, Fort Yuma, Les Soucoupes volantes attaquent), pour ne citer qu’elle.

The Savage enchaîne les rebondissements, les attaques, les retournements de situations, soulignés par une partition endiablée de Paul Sawtell (Le Cri de guerre des Apaches, Dix hommes à abattre, Le Sorcier du Rio Grande). Autant de talents réunis devant comme derrière la caméra pour ce western, qui assurera là encore le succès à Charlton Heston, y compris en France où le film réalisera près d’1,5 millions d’entrées.

LE BLU-RAY

Et un nouveau titre de plus à intégrer la prestigieuse collection Silver de Sidonis Calysta ! Inédit en France en DVD, Le Fils de Géronimo intègre cette anthologie en arrivant en édition Standard, mais aussi en Haute-Définition. Le livret de 36 pages écrit par Jean-François Giré, disponible dans le boîtier, n’a pas été fourni pour ce test. Le menu principal est animé et musical.

Sidonis Calysta reprend le long documentaire consacré à Charlton Heston réalisé en 1995 (50’), déjà présenté sur plusieurs titres. Le comédien revient sur son parcours, les grandes étapes de sa carrière, ses rôles emblématiques (et il y en a un paquet), ainsi que sur ses grandes collaborations, tandis que sa fille, Gregory Peck, Carroll Baker, Janet Leigh, le producteur Walter Seltzer et bien d’autres s’expriment sur l’acteur et l’homme qu’ils ont côtoyé dans la vie privée. De nombreux extraits de films viennent illustrer ces très beaux propos, ainsi que des archives personnelles et des images de tournage.

Point de Patrick Brion à l’horizon, qui paraissait d’ailleurs malheureusement très fatigué depuis quelques mois (on pense fort à lui), mais place à Noël Simsolo (14’). L’historien du cinéma revient sur la carrière de George Marshall et réhabilite « un cinéaste puissant », avant d’analyser le western pro-indien qu’est Le Fils de Géronimo. Noël Simsolo en profite pour donner quelques titres du même acabit, le western pro-indien étant apparu au cinéma après la Première Guerre mondiale. Enfin, l’intervenant replace The Savage dans la filmographie de Charlton Heston.

Jean-François Giré (10’) présente à son tour Le Fils de Géronimo. Une intervention plus complète que celle de son prédécesseur, qui ajoute que cette sortie a été pour lui l’occasion d’une redécouverte et qu’il avait d’ailleurs complètement oublié ce film, « un western pro-indien, mineur, mais intéressant, à l’instar de Tomahawk de George Sherman ». L’expert met en relief les nombreuses et belles idées du Fils de Géronimo, les détails imputables au scénario Sydney Boehm, indiquant aussi que « Charlton Heston rend crédible son personnage, par sa stature et son charisme […] et ce en dépit d’un dernier acte, sans doute la faiblesse du long-métrage, avec une fin édulcorée ».

L’Image et le son

C’est une première mondiale pour Le Fils de Géronimo en Haute-Définition ! Une sortie qui va ravir les fans de Charlton Heston, dont les premiers films sont récemment apparus dans les bacs, grâce au boulot de Sidonis Calysta et sur lesquels nous sommes revenus ces derniers mois (Quand la Marabunta gronde, Le Sorcier du Rio Grande, Le Secret des Incas, Horizons lointains). Le master proposé par l’éditeur apparaît dans son format respecté 1.33 (compatible 16/9) et le Blu-ray est au format 1080p. La restauration est aléatoire (des poussières, tâches et autres scories subsistent), la palette chromatique équilibrée, tirant sur des teintes froides sur les scènes peu éclairées. Le piqué, parfois émoussé, offre tout de même de beaux détails sur les costumes d’Edith Head, ainsi que sur la nature environnante. Belle stabilité du cadre et bonne restitution de la texture argentique, heureusement préservée.

La version originale mise sur l’ardeur de la musique composée par Paul Sawtell, très présente. Aucun souffle constaté et les dialogues sont continuellement énergiques. Le mixage anglais s’avère plus équilibré que la version française également disponible, sur laquelle les voix des personnages prend souvent le pas sur le reste. Ces deux options permettent de visionner le film dans de bonnes conditions, même si la version originale demeure incontournable afin de profiter du timbre et de la diction si particulière de Charlton Heston.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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