Test DVD / Les Piliers du ciel, réalisé par George Marshall

LES PILIERS DU CIEL (Pillars of the Sky) réalisé par George Marshall, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Jeff Chandler, Dorothy Malone, Ward Bond, Keith Andes, Lee Marvin, Sydney Chaplin, Willis Bouchey, Michael Ansara…

Scénario : Sam Rolfe, d’après le roman de Will Henry

Photographie : Harold Lipstein

Musique : William Lava & Heinz Roemheld

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1956

LE FILM

Des Indiens évangélisés vivent en paix avec les autorités. Pourtant, ils viennent à découvrir que l’armée a l’intention de construire un fort et une route en plein cœur de leur territoire. Or, cette décision constitue une véritable violation des traités en vigueur. Aussi les Indiens décident-ils de se révolter…

Les Piliers du cielPillars of the Sky est un western de l’année 1956 réalisé par le vétéran George Marshall. Alors que La Prisonnière du désert de John Ford, La Loi de la prairie de Robert Wise, Bandido Caballero de Richard Fleischer, L’Homme de nulle part de Delmer Daves, Le Roi et quatre reines de Raoul Walsh, La Dernière chasse de Richard Brooks, Sept hommes à abattre de Budd Boetticher, se bousculent sur les écrans, George Marshall se voit confier un gros budget de la part des studios Universal pour Les Piliers du ciel. Ceux qui voudront en savoir plus sur ce réalisateur très prolifique et éclectique pourront se reporter aux articles consacrés à Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance et Texas, largement représentatifs de son talent, un « faiseur » très convoité et formidable artisan dans le sens noble du terme. Le western qui nous intéresse actuellement met en scène l’un des meilleurs comédiens du cinéma américain des années 1950, Jeff Chandler (1918-1961). Le mythique acteur d’À l’assaut du Fort Clark de George Sherman, du Salaire du diable de Jack Arnold, de Violence au Kansas de Melvin Frank, de La Flèche brisée de Delmer Daves aura illuminé le grand écran toute une décennie avant de disparaître prématurément à l’âge de 42 ans après le tournage des Maraudeurs attaquentMerrill’s Marauders de Samuel Fuller. Dans Pillars of the Sky, on ne peut s’empêcher de l’admirer une fois de plus dans la peau du bienveillant sergent Emmett Bell, personnage à qu’il apporte une ambiguïté (le type est porté sur la boisson et s’avère fort en gueule, même face à sa hiérarchie) doublée d’une réelle humanité. C’est là toute la virtuosité de Jeff Chandler, ne jamais forcer le trait et transmettre une impressionnante palette de sentiments rien qu’à travers son regard, son élégance, sa voix toujours bien placée et son charisme hors normes. Sur un sujet très rare (l’évangélisation des amérindiens), Les Piliers du ciel est un très grand spectacle tourné en CinémaScope et Technicolor, remplit d’action, d’affrontements et d’émotion, à redécouvrir absolument.

Dans l’Oregon, en 1868, plusieurs tribus de natifs américains ont été placées dans une réserve au nord de la rivière Snake. Le docteur Holden y a fait construire une église, et de nombreuses tribus qui ont enterré la hache de guerre ont accepté d’être converties au christianisme et d’être rebaptisé par des noms chrétiens. Le Sergent Emmett Bell est chargé d’y maintenir l’ordre. Quand la cavalerie, sous le commandement du Colonel Stedlow arrive, construit un pont sur une rivière et essaie d’ouvrir une route à travers la réserve vers le nord, certains des chefs des tribus sentent que l’on viole leur traité. Alors que la cavalerie fait route vers la réserve, Kamiakin désire mener les tribus à la bataille contre les blancs qui veulent empiéter sur leur territoire.

Nous avons d’un côté un détachement de la cavalerie et de l’autre les Indiens, galvanisés par un jeune chef, Kamiakin, qui amorcent une nouvelle guerre que seul le dénommé Emmett Bell semble en mesure d’enrayer. La paix fragile entre la communauté d’Indiens natifs et les blancs est donc mise à mal et l’action du pasteur Holden n’y pourra pas grand-chose. Le scénariste Sam Rolfe (L’Appât d’Anthony Mann) s’inspire d’un roman de Heck Allen alias Will Henry (Les Implacables de Raoul Walsh) et se penche sur une idée quasi-inédite dans le western, à savoir la question de la conversion au christianisme des Indiens au moment de la conquête de l’Ouest. Si Sam Rolfe ajoute là-dessus un triangle amoureux impliquant les personnages de Jeff Chandler, Dorothy Malone (la même année qu’Écrit sur du ventWritten on the Wind de Douglas Sirk) et Keith Andes (vu dans Les Amants de Salzbourg, Barbe Noire le pirate et Le Démon s’éveille la nuit), le vrai nœud de l’histoire demeure la spoliation des terres Indiennes et l’évangélisation des Améridiens.

George Marshall n’imprime peut-être pas une griffe personnelle, ce qu’il n’a jamais réellement fait, mais emballe tout cela avec professionnalisme, un sens magistral du divertissement, aidé en cela par la remarquable photographie d’Harold Lipstein (Une Balle signée X, Crazy Horse – Le Grand Chef), un montage nerveux du maître Milton Carruth (Confidences sur l’oreiller, Vacances à Paris, Le Fleuve de la dernière chance, Quand les tambours s’arrêteront, Les Amants traqués), de magnifiques décors naturels, des costumes soignés et un casting quatre étoiles. Outre le trio vedette, Ward Bond (Rio Bravo, Johnny Guitare, L’Homme tranquille et bien d’autres films de John Ford), Lee Marvin (juste après AttaqueAttack ! de Robert Aldrich) et Sydney Chaplin complètent parfaitement cette distribution. Ils tirent leur épingle du jeu de ce film à la thématique insolite et par ailleurs fort bien traitée dans Les Piliers du ciel, ce qui en fait l’un des westerns les plus riches, curieux et indéniablement intéressants de la seconde partie des fifties.

LE DVD

Les Piliers du ciel a toujours fait partie du catalogue Sidonis Calysta et ce depuis la première édition française en DVD du film de George Marshall en 2007. Réédité en 2010 dans la collection Western de légende, Pillars of the Sky revient en 2023 dans l’anthologie Silver, en DVD, mais aussi en combo Blu-ray + DVD. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur a tout d’abord proposer à l’excellent Jean-Claude Missiaen (Les Hordes), de réaliser un portrait de Jeff Chandler (13’30), disparu en 1961 à l’âge prématuré de 42 ans. Uniquement constitué de photos personnelles et d’affiches d’exploitation, ainsi que de quelques extraits de films, ce module commenté par Jean-Claude Missiaen lui-même, est merveilleusement écrit, d’une grande sensibilité et donne furieusement envie de se faire une rétrospective des films du comédien. Un fabuleux hommage.

Puis, Jean-François Giré nous présente Les Piliers du ciel (18’). Ce dernier revient successivement sur la carrière du réalisateur George Marshall (« souvent considéré comme un bon artisan, mais qui mérite mieux que ça »), indique qu’il s’agit d’un des rares metteurs en scène à avoir signé un remake d’un de ses propres films, autrement dit Le Nettoyeur Destry (1954), copie mise à jour de Femme ou DémonDestry Rides Again (1939), avant d’en venir plus précisément au film qui nous intéresse aujourd’hui. Jean-François Giré met en relief l’originalité de la thématique, autrement dit l’évangélisation des amérindiens (une réalité historique), passe le casting eu peigne fin, la psychologie des personnages, se dit un peu moins convaincu par l’issue du triangle amoureux (trop moralisatrice selon-lui), tout en mettant en valeur la beauté de la réalisation et celle des paysages.

Enfin, Patrick Brion donne son avis en un peu plus de cinq minutes sur Les Piliers du ciel. Une intervention évidemment moins dense que la précédente, mais qui complète finalement celle de Jean-François Giré, en dehors d’une ou deux redondances. La carrière de George Marshall (« qui a pratiquement dirigé tout le monde à Hollywood ») et les thèmes du film sont aussi les sujets de cette présentation.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Nous disposons de la nouvelle édition Standard des Piliers du ciel. Contrairement à l’ancien DVD, le 16/9 est enfin disponible ici. Le Technicolor est plus qu’acceptable, la propreté est éloquente (il s’agit clairement d’un autre master que le Sidonis précédent), la texture argentique respectée (parfois un peu plus grumeleuse), la définition agréable et les gros plans riches en détails. Quelques décrochages au moment des fondus enchaînés.

La version française 2.0. est plus axée sur les voix, qui prennent parfois le dessus sur la musique, les dialogues et les effets annexes. En revanche, la piste anglaise 2.0. instaure un grand confort acoustique, riche, dynamique et propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Universal Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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