HOLOCAUST 2000 réalisé par Alberto De Martino, disponible en combo Blu-ray + CD-audio bande originale du film chez Le Chat qui fume.
Acteurs : Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Alexander Knox, Virginia McKenna, Spiros Focás, Ivo Garrani…
Scénario : Sergio Donati & Alberto De Martino
Photographie : Erico Menczer
Musique : Ennio Morricone
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
Un riche homme d’affaires se rend sur un site où il décide de créer un réacteur nucléaire assez puissant pour alimenter en énergie électrique toute la planète. Sur le site, il découvre une grotte enfouie sous les sables, sur les murs de laquelle sont inscrits d’étranges dessins…
En 1977, tout va bien pour Alberto De Martino (1929-2015). Le metteur en scène des Sept Gladiateurs, de Persée l’invincible, du Triomphe d’Hercule, du Manoir de la terreur, du Conseiller et de Django tire le premier, vient récemment de signer L’Antéchrist, qui découlait tout naturellement de L’Exorciste de William Friedkin, triomphe international qui allait donner naissance à moult ersatz. Plus qu’une copie carbone transalpine de ce dernier, L’Anticristo, sorti à peine un an après, se permettait souvent d’égaler son modèle. L’intensité de la mise en scène, la beauté de la photographie signée Aristide Massacessi alias Joe d’Amato, l’excellence des comédiens (l’interprétation possédée de Carla Gravina, Anita Strindberg, Alida Valli), sauf Mel Ferrer qui n’avait jamais été concerné par ce qui se passait tout au long de sa carrière, la partition expérimentale et envoûtante d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai et la violence de ses trois séquences d’exorcisme, contribuaient à faire de L’Antéchrist un capolavoro du cinéma Bis. Rares sont finalement ceux qui auront pu rivaliser avec le jusqu’au-boutisme d’un des papes du cinéma populaire italien des années 1960-1970, les films de genre récents n’arrivant d’ailleurs pas à la cheville de ses œuvres. Après L’Antéchrist, Alberto de Martino renoue avec le poliziottesco et livre Spécial Magnum – Una Magnum Special per Tony Saitta, dans lequel se croisent Stuart Whitman, John Saxon, Martin Landau et Carole Laure. Puis, le cinéaste dirige rien de moins que l’immense Kirk Douglas dans Holocaust 2000, fable de science-fiction saupoudrée cette fois de quelques touches de La Malédiction – The Omen, le chef d’oeuvre de Richard Donner étant sorti quelques mois auparavant. S’il est évident que certains partis-pris pourront faire sourire une partie des spectateurs aujourd’hui, Holocaust 2000 n’en demeure pas moins une valeur sûre du film d’exploitation, dont le sujet est pris avec sérieux et qui vaut évidemment le coup d’oeil pour y découvrir la légende hollywoodienne à fossette, toujours autant investie et prête à tout pour montrer ses grandes capacités physiques, quitte pour cela à se mettre à poil devant la caméra. C’est carré, c’est propre, c’est chiadé, bien écrit, divertissant, impeccable donc.
Londres, années 1970 – L’ingénieur américain Robert Caine projette de construire en Cisjordanie une centrale thermonucléaire dont l’énergie produite serait capable de nourrir une grande partie du tiers-monde. Malgré l’aide précieuse de son fils Angel, Caine voit son projet contesté par de nombreuses sommités. Mais, plus grave encore, les opposants les plus farouches à la construction de cette centrale meurent dans d’étranges circonstances. Avec le soutien d’une journaliste, Sara Golan, Caine réalise peu à peu que son invention pourrait conduire à la plus gigantesque catastrophe que le monde ait connu, semblable à l’apocalypse décrite dans le Nouveau Testament !
2√231
Il est comme ça le grand Kirk, il court la kikoute à l’air dans un désert de sel du haut de ses soixante piges, s’il le faut pour donner corps à son personnage. Ou pas, juste pour montrer qu’il est encore sacrément gaulé, ce qui lui vaudra l’occasion quatre ans plus tard d’emballer Farrah Fawcett, de trente ans sa cadette, dans le nanar inter-galactique de Stanley Donen, Saturn 3. Dans Holocaust 2000, alors qu’il amorce doucement, mais sûrement la partie déclinante de son illustre carrière, la star est bien déterminée à montrer ce qu’il a encore sous le capot. Et il s’en tire merveilleusement dans ce film de science-fiction apocalyptique, coécrit par Sergio Donati (Le Dernier Face à face de Sergio Sollima, Il était une fois la révolution de Sergio Leone, Les Enfants de chœur de Duccio Tessari) et Alberto De Martino. Peu importe si le budget, qu’on imagine malgré tout confortable, ne rivalise pas avec les grandes productions auxquelles le comédien était habitué, Holocaust 2000 repose sur un script malin, qui pioche ce qu’il faut sur les autres et trouve l’élément qui le rend finalement original, autrement dit le message écolo pas bête, déclamé bien avant l’heure des illuminées au cerveau déconstruit. Contrairement à L’Antéchrist, qui était un film sexuel, morbide (on se souvient d’une séquence de zoophilie lors d’un rite satanique, sublimement éclairé), tabou (l’inceste était ouvertement abordé), dérangeant, hystérique, stressant, mais aussi parcouru par un humour noir inattendu, Holocaust 2000 demeure sobre. Si la séquence du cauchemar contraste avec l’ensemble, le ton reste très premier degré, Alberto De Martino s’emparant de son histoire avec une rigueur qui rend le film élégant, non seulement très joli à regarder, mais aussi passionnant à suivre.
Aux côtés de l’ami Kirk, qui allait entamer pour ainsi dire la deuxième moitié de sa vie, on retrouve la belle Agostina Belli, astre du cinéma transalpin qui a illuminé tant de films comme Parfum de femme et La Carrière d’une femme de chambre de Dino Risi, Mimi métallo blessé dans son honneur de Lina Wertmüller et La Nuit des diables de Giorgio Ferroni. Comme Farrah Fawcett, trente bougies séparent la comédienne de son partenaire, cela se voit et commence à être quelque peu gênant, tandis que Kirk a l’air d’apprécier et en profite bien. Simon Ward (Dracula et ses femmes vampires de Dan Curtis) campe un fils trouble et au sourire glaçant, Anthony Quayle (Les Mutinés du Téméraire de Lewis Gilbert, Le Désert de la peur de J. Lee Thompson, Lawrence d’Arabie de David Lean) se démarque une fois de plus, ici dans le rôle de Griffith, ainsi que Massimo Foschi (Le Dernier monde cannibale de Ruggero Deodato, Il Medico della mutua de Luigi Zampa, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri), particulièrement inquiétant dans le rôle du tueur enfermé chez les dingues.
Holocaust 2000 n’y va pas par quatre chemins et agit sur les spectateurs comme un uppercut. Le film se démarque du tout-venant avec un ton unique, une atmosphère oppressante (impression renforcée par la musique du maestro Ennio Morricone) qui prend progressivement le spectateur à la gorge, pour l’entraîner finalement aux portes de l’apocalypse.
LE BLU-RAY
Il faut remonter en septembre 2010 pour dénicher une édition DVD d’Holocaust 2000, sortie chez Studiocanal – en version non restaurée bien évidemment – dans la collection rouge Classics, qui se revendait à un prix avoisinant les cent euros…ne cherchez plus, voici l’édition ultime du film d’Alberto de Martino, concoctée par l’équipe du Chat qui fume ! Un magnifique objet couleur feu, conçu par Frédéric Domont, qui à cette occasion reprend l’un des plus célèbres visuels d’exploitation. Le Blu-ray, ainsi que le CD de la musique d’Ennio Morricone (33 titres, 69 minutes) sont solidement harnachés dans un Digipack à trois volets très classe, glissé dans un fourreau cartonné aux teintes explosives. Édition limitée à 1000 exemplaires sur laquelle devraient se ruer en toute logique les très nombreux aficionados d’Holocaust 2000. Le menu principal est animé et musical.
Le premier supplément disponible sur cette édition HD est une rencontre avec Alberto De Martino (17’), « le plus américain des italiens ». Décédé en 2015, le réalisateur était visiblement emballé à l’idée de revenir sur Holocaust 2000, dont il raconte la genèse (« un film né de la mode du genre »), l’écriture du scénario avec Sergio Donati, la collaboration avec Kirk Douglas (« il est encore en forme Kirk, il a quel âge ? 120 ans ? ») et le casting. Alberto De Martino partage ensuite ses souvenirs liés au tournage, évoque sa passion pour la littérature, les décors et les lieux des prises de vue, les effets spéciaux, la photo d’Erico Menczer ainsi que l’accueil du film à sa sortie.
Place au comédien Massimo Foschi (22’), qui dans Holocaust 2000 interprète le tueur mystérieux tentant d’éliminer Kirk Douglas au début du film, qui finit à l’asile psychiatrique. Né en 1938, l’acteur revient sur sa participation marquante au film d’Alberto De Martino, se souvient de ce dernier et surtout de sa rencontre émouvante avec Kirk Douglas, auquel il avait prêté sa voix pour la sortie italienne d’Une fois ne suffit pas – Once Is Not Enough de Guy Green. La star hollywoodienne lui a apparemment appris beaucoup de choses sur le métier, notamment pour les scènes de bagarre. Pour le remercier, Massimo Foschi lui avait offert quelques bouteilles de vin. S’il n’a pas grand-chose d’autre à dire sur les autres comédiens, cet entretien s’avère souvent émouvant et l’on sent qu’il s’agit d’un des grands moments de la vie de l’acteur, avec le fait d’être encore « reconnu » aujourd’hui pour avoir doublé le personnage de Dark Vador de l’autre côté des Alpes.
Le Chat qui fume dévoile enfin la fin alternative du montage américain (6’), qui proposait entre autres un épilogue plus « optimiste », dans le sens où Robert Caine, débarquant en Suisse, parvenait à rattraper son fils, entouré de ses « ouailles », avant de faire exploser le bâtiment où ce beau petit monde préparait purement et simplement la fin du monde.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Merci au Chat qui fume de nous permettre d’ajouter Holocaust 2000 à notre collection de Blu-ray ! Pour son passage en HD, ce film se refait une petite beauté. Excellent travail de restauration puisque les scories et poussières ont été éliminées. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements limités. Le piqué demeure pointu. Certaines séquences tirent agréablement profit de cette élévation HD, notamment toutes celles tournées en extérieur. Les couleurs sont également pimpantes avec des contrastes au top et une luminosité souvent impressionnante. Blu-ray au format 1080p.
Holocaust 2000 est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique d’Ennio Morricone. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi avec l’immense Roger Rudel à la barre, qui doublera Kirk Douglas une bonne quarantaine de fois, jusqu’à L’embrouille est dans le sac en 1991. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la VO.