Test DVD / Général…nous voilà !, réalisé par Jacques Besnard

GÉNÉRAL… NOUS VOILÀ ! réalisé par Jacques Besnard, disponible en DVD depuis le 13 avril 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Darry Cowl, Roger Dumas, Henri Guybet, Philippe Ricci, Pierre Tornade, Jacques Marin, Katia Tchenko, Jean Amadou, Robert Rollis…

Scénario : Richard Balducci, Jean Amadou, Jacques Besnard & Jacques-Henri Marin

Photographie : Michel Grignon

Musique : José Padilla & Darry Cowl

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

En 1940, un déserteur et deux gendarmes se retrouvent par mégarde en zone occupée, puis en Angleterre où le gouvernement du Général de Gaulle leur confie une mission dangereuse : retrouver un général italien dans le désert libyen.

On connaît ce que Pierre Despoges disait sur Marguerite Duras, « elle n’a pas écrit que des conneries… Elle en a aussi filmées ! ». Pour Richard Balducci (oui oui, encore lui), c’est l’inverse. Le bougre n’a pas seulement écrit ses propres comédies, il l’a aussi fait pour les autres. En plus d’être le « papa » du Gendarme de Saint-Tropez, l’intéressé aura également signé l’affreux Charlots Connection (1984) de Jean Couturier, sans doute le pire opus de la troupe, Les Bidasses en vadrouille (1979) de Christian Caza (ou Michel Ardan pour les intimes) et Les Joyeuses Colonies de vacances (1979) de Michel Gérard. L’une de ses collaborations « de choc » restera celle avec Jacques Besnard sur deux films, Le Jour de gloire (1976) et Général…nous voilà ! (1978). Si le premier a rencontré un grand succès dans les salles (2 millions d’entrées, vous vous rendez compte ?) et demeure connu par les amateurs de délires franchouillards, le second est obscur. Jacques Besnard (1929-2013) est loin d’être un tâcheron et aura emballé quelques bons divertissements, dont l’excellent et cultissime Le Grand Restaurant (1966) avec Louis de Funès, alors son plus gros hit au box-office du réalisateur, C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (1974), La Situation est grave…mais pas désespérée (1976, à quand une réédition en DVD ou même un Blu-ray ?) et dans une moindre mesure Le Fou du labo 4 (1967) avec Jean Lefebvre. En fait, la raison pour laquelle Général…nous voilà ! n’a pas eu le même engouement (même si 823.000 entrées ce n’est pas rien) ou la même « postérité », ce sont ses têtes d’affiche. Pas de Fufu, de Bernard Blier, de Jean Lefebvre, de Michel Serrault, de Michel Galabru…non, Général…nous voilà ! repose cette fois sur les épaules de Pierre Tornade, Roger Dumas, Darry Cowl et Henri Guybet, habituels seconds voire troisièmes couteaux du genre. Contre toute attente, il ne s’agit pas d’un nanar et encore moins d’un navet. Évidemment nous sommes loin de La Grande vadrouille et même de La Septième Compagnie, auxquels on pense inévitablement, mais tout de même, Général…nous voilà ! fonctionne, se fonde sur une suite ininterrompue de gags menés sur un rythme soutenu, des personnages attachants et des comédiens en grande forme, ainsi que sur des dialogues amusants (de Jean Amadou) et un côté « aventure » qui passe bien. Une récréation d’un autre temps, mais encore sympathique.

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Test DVD / Le Jour se lève et les conneries commencent, réalisé par Claude Mulot

LE JOUR SE LÈVE ET LES CONNERIES COMMENCENT réalisé par Claude Mulot, disponible en DVD depuis le 8 septembre 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Gérard Surugue, François Domange, Gérard Darier, Eva Harling, Maurice Risch, Jacques Legras, Henri Guybet, Jane Chaplin, Robert Rollis, Philippe Castelli…

Scénario : Claude Mulot & Bruno Trompier

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Jacques Assuérus

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Ils sont trois. Trois inséparables copains liés par l’âge, l’approche de la trentaine, par une même aversion pour le travail, et une constante fringale de plaisirs. Tant bien que mal, ils fuient leurs responsabilités, profitent des autres, vivent en parasite et déploient des trésors d’imagination pour importuner, ennuyer ou provoquer leur prochain…

Entre La Femme-objet avec Marilyn – Patinette – Jess et Richard – Queue de béton – Allen et le très beau Black Venus, Claude Mulot (La Rose écorchée, La Saignée) s’octroyait une récréation dans le registre de la comédie, en rassemblant quelques-uns de ses innombrables copains, avec un film au titre à rallonge (comme cette phrase d’ailleurs), typique des années 1980, Le Jour se lève et les conneries commencent. Un nanar vrai de vrai, mais fait avec le coeur et dans le but vraisemblablement unique de se marrer un bon coup. Résultat des courses, se succèdent à l’écran Henri Guybet, Maurice Risch, Michel Modo, Jacques Legras, Robert Rollis, Philippe Castelli, Jean Cherlian, dans une sorte d’Expendables franchouillard, qui s’apparente à un hymne à la paresse. Nos trois protagonistes principaux, interprétés par François Dommange (3 hommes et un couffin), Gérard Darier (Camille Claudel) et Gérard Surugue (Il y a des jours…et des lunes), dont l’alchimie ne prend pas vraiment, mais on s’en fiche, sont rattrapés par le monde adulte et ses responsabilités, alors qu’ils sont en train de dire adieu à leur troisième décennie passée sur Terre et à rien y glander. Si Le Jour se lève et les conneries commencent vaut bien qu’on lui accorde un petit visionnage, c’est en raison de la présence inattendue – mais pas tant que ça en fait, puisqu’il s’agissait d’un des meilleurs amis de Claude Mulot – de Johnny Hallyday, qui revient à plusieurs reprises dans le film, dans une sorte de running gag amusant. Voici en tout cas un bon candidat pour votre soirée nanar du samedi soir !

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Test Blu-ray / La Belle Américaine, réalisé par Robert Dhéry

LA BELLE AMÉRICAINE réalisé par Robert Dhéry, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 12 janvier 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Louis de Funès, Robert Dhéry, Colette Brosset, Jean Richard, Jean Lefebvre, Michel Serrault, Jean-Marc Thibault, Roger Pierre, Jean Carmet…

Scénario : Pierre Tchernia, Robert Dhéry & Alfred Adam

Photographie : Ghislain Cloquet

Musique : Gérard Calvi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

En achetant pour une somme dérisoire une superbe voiture, un petit ouvrier a fait l’affaire de sa vie. Cette « belle américaine » va néanmoins lui causer de nombreux déboires.

La Belle Américaine est le quatrième long métrage de Robert Fourrey, alias Robert Dhéry (1921-2004) en tant que scénariste et réalisateur. Sorti en 1961, soit dix ans après Bertrand coeur de lion (que Dhéry avait mis en scène) et sept ans après Ah! les belles bacchantes… (réalisé par Jean Loubignac), cette fantaisie se hisse à la neuvième place du box-office cette année-là, dominée entre autres par les dix millions d’entrées des Canons de Navarone, les sept millions des Sept Mercenaires, les cinq millions d’Un Taxi pour Tobrouk ou les 4,3 millions de Don Camillon Monseigneur. 4,1 millions de spectateurs sont venus rire et applaudir ce qui demeure un des meilleurs films de la troupe des Branquignols (fondée en 1948), et encore plus à l’étranger puisque La Belle Américaine aura connu un triomphe international. Robert Dhéry a toujours mis ses amis en avant, sans jamais tirer la couverture. Acteur, metteur en scène, dramaturge et réalisateur, cet homme de théâtre accompagné de Colette Brosset, son épouse, aura fait le bonheur des français aux côtés de Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Micheline Dax, Pierre Olaf, Jacques Legras, Robert Rollis et bien d’autres encore. On en retrouve d’ailleurs une bonne partie dans La Belle Américaine, dont Louis de Funès, déchaîné dans un double-rôle magnifique et qui annonce en grande pompe Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), notamment quand ce dernier, contremaître d’une usine, se retrouve face à un chef comptable dépassé par les évènements incarné par Jean Lefebvre. Ou comment ne pas voir le maréchal des logis-chef Cruchot face à Fougasse. Soixante ans plus tard, La Belle Américaine a vieilli, mais doucement, sagement. Si sa structure que l’on pourrait comparer à celle des œuvres de Jacques Tati sera reprise par Robert Dhéry dans Allez France! en 1964 et dans Vos gueules les mouettes! en 1974, autrement dit une succession de vignettes qui tiennent sur un fil rouge, ou une réaction en chaîne, un effet papillon qui sera la marque de fabrique de son cinéaste, La Belle Américaine est un grand classique de la comédie hexagonale, que l’on a toujours beaucoup de plaisir à revoir.

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Test Blu-ray / L’Enfer des anges, réalisé par Christian-Jaque

L’ENFER DES ANGES réalisé par Christian-Jaque, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Louise Carletti, Jean Claudio, Lucien Gallas, Serge Grave, Marcel Mouloudji, Félix Claude, Berthe Tissen, Robert Rollis, Sylvia Bataille, Bernard Blier…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Laroche, Pierre Ramelot

Photographie : Otto Heller

Musique : Henri Verdun

Durée : 1h34

Année de sortie : 1941

LE FILM

Lucette, une jeune fille évadée d’une maison de redressement, rencontre un jeune garçon battu ayant perdu la mémoire. Elle le prénomme Lucien et s’attache à lui. Tous les deux cherchent à s’intégrer tant bien que mal à la population misérable d’un bidonville de l’est parisien.

Chef d’oeuvre incontournable du cinéma français de la fin des années 1930, Les Disparus de Saint-Agil, réalisé par Christian-Jaque (1904-1994), est adapté du roman éponyme de Pierre Véry publié en 1935. L’oeuvre de l’écrivain demeure l’une de ses plus grandes réussites avec Goupi-Mains rouges et L’Assassinat du Père-Noël, également transposés avec succès au cinéma. Rétrospectivement, Les Disparus de Saint-Agil rend compte de l’état d’esprit de la société française, plus particulièrement du point de vue innocent des enfants, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Après ce succès, le cinéaste enchaîne trois longs métrages, Ernest le rebelle (1938) et Raphaël le tatoué (1938) avec Fernandel, puis Le Grand Elan (1939) avec Charpin. Puis, l’idée lui vient de refaire un film avec des enfants après avoir découvert les enquêtes d’Alexis Danan, journaliste alors en vogue au début des années 1940 dont les écrits sont entre autres publiés dans Paris-Soir. Engagé dans la défense des droits des enfants, Alexis Danan révèle la misère sociale en France, plus particulièrement le sort réservé aux plus jeunes, les victimes innocentes de la société dont il reste l’un des plus fervents défenseurs. Bouleversé par ces découvertes et ces articles, Christian-Jaque y voit là l’occasion de traiter ce sujet qui lui tient également à coeur. Pour cela, il décide de s’entourer de la même équipe que Les Disparus de Saint-Agil à savoir Pierre Véry, chargé ici du scénario, Henri Verdun à la musique, mais surtout en reprenant une partie des enfants qui tenaient la vedette dans le film précédent. Seulement le désir de Christian-Jaque est de s’éloigner de l’ambiance quasi-fantastique, qu’il avait adopté pour aborder le point de vue d’adolescents pensionnaires d’un internat dans Les Disparus de Saint-Agil, pour évoquer frontalement la situation de l’enfance meurtrie. Un carton l’indique en introduction « ce film expose dans sa cruelle vérité la détresse de l’enfance abandonnée, sans guide, sans défense, sans tendresse dans la vie ». En résulte un film d’une noirceur incroyable, pessimiste en diable. L’Enfer des anges est aussi et surtout un chef d’oeuvre bouleversant et désenchanté, magnifiquement photographié et merveilleusement interprété, notamment par la sublime Louise Carletti, déesse qui survit tant bien que mal dans les taudis qui entourent la capitale.

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Test Blu-ray / Les Evadés, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LES ÉVADÉS réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 septembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Pierre Fresnay, François Perier, Michel André, Sylvia Monfort, Jacques Marin, Luc Andrieux, Georgette Anys, Robert Rollis, Alain Bouvette, Albert Michel, Pierre Ferval, Max Tréjean, Jean Clarieux, Bernard Musson…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois & Michel André, d’après l’histoire vécue par Michel André

Photographie : Marc Fossard

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

1943, Michel et François, deux prisonniers de guerre, s’évadent d’un camp allemand. En chemin, ils rencontrent Pierre, un lieutenant français dont le plan d’évasion a échoué. Une amitié naît entre ces trois hommes aux caractères très différents et qui exercent dans la vie des professions très dissemblables. Mais ils ont un objectif commun : gagner la Suède en traversant le nord de l’Allemagne et le Danemark.

Les films se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale et racontant une histoire vraie ne sont pas rares. En revanche, les longs métrages écrits et surtout interprétés par ceux qui ont réellement vécu les événements le sont beaucoup plus. Les Evadés de Jean-Paul Le Chanois est un exemple. Sorti en mai 1955 et récompensé par le Grand Prix du cinéma français, le dixième film du réalisateur demeure étrangement méconnu et dissimulé entre deux des plus gros succès de sa carrière, Papa, maman, la Bonne et moi (1954) et sa suite Papa, maman, ma femme et moi (1955). Pourtant, Les Evadés a été un triomphe avec près de quatre millions d’entrées au cinéma. Il s’agit d’un drame de guerre sensationnel, un quasi-huis clos de près de deux heures dans lequel brillent l’immense Pierre Fresnay, le génial François Périer et Michel André, comédien aujourd’hui oublié et qui interprète ici son propre rôle puisqu’il s’agit ici de ses souvenirs de guerre. Plus célèbre pour avoir offert à Jean Gabin son plus grand succès au cinéma avec Les Misérables (1958), le cinéaste Jean-Paul Dreyfus, plus connu sous le nom de Jean-Paul Le Chanois (1909-1985), qui a fait le bonheur des cinéphiles à l’heure où les chaînes de télévision diffusaient encore ses grands classiques – également avec Gabin – comme Le Cas du docteur Laurent (1957), Monsieur (1964) et Le Jardinier d’Argenteuil (1966), signe l’un de ses plus films avec Les Evadés, qui mérite d’être réhabilité soixante-cinq ans après sa sortie.

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