TROP JOLIES POUR ÊTRE HONNÊTES réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 19 août 2015 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Bernadette Lafont, Elisabeth Wiener, Jane Birkin, Emma Cohen, Carlo Giuffrè, Henri Virlojeux, Serge Gainsbourg, Henri Attal, Dominique Zardi, Hubert Deschamps, Fernand Sardou, Max Montavon…
Scénario : Richard Balducci, Michel Martens, Guy Grosso, Catherine Varlin et Augusto Caminito d’après une histoire de Catherine Carone
Photographie : Tadasu Suzuki
Musique : Serge Gainsbourg
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Frédérique, responsable d’un mouvement féministe, Christine, psychiatre, Martine, leur voisine et Bernadette, soubrette délurée, s’apprêtent à fêter l’anniversaire de Martine lorsqu’elles sont témoins d’un hold-up à la Caisse d’Epargne de Nice… L’évènement relègue au second plan la présence du fiancé de Martine, officier de marine, jusqu’au moment où il fait cadeau à la jeune femme d’une longue-vue. Celle-ci leur permet d’observer leurs nouveaux voisins d’en face en toute discrétion…
En 1972, pas moins de deux longs-métrages réalisés par Richard Balducci débarquent sur les écrans. Le premier est L’Odeur des fauves, étonnant mélodrame centré sur le dilemme moral d’un paparazzi interprété par le grand Maurice Ronet, Vittorio De Sica, Josephine Chaplin et Francis Blanche. Une curiosité dans la filmographie du bonhomme…Quelques mois plus tard, le second, intitulé Trop jolies pour être honnêtes (ou Quatre souris pour un hold-up) est plus représentatif du scénariste-réalisateur, une grosse comédie assez frappadingue dans son genre. L’affiche est alléchante puisqu’elle réunit quatre actrices sexy, Jane Birkin, Bernadette Lafont, Elisabeth Wiener et Emma Cohen, qui ont l’air de passer du bon temps, faut dire que Balducci ne leur demande pas grand-chose, y compris de savoir réellement jouer, mais tout de même leur énergie et leur bonne humeur participent au charme indéniable du film. À partir d’une histoire écrite par Catherine Carone (inconnue au bataillon), ils sont quatre (sans compter Richard Balducci lui-même) à avoir signé à l’adaptation du scénario, Catherine Winter (Le Joli mai de Chris Marker & Pierre Lhomme), Michel Martens (Dupont Lajoie), Augusto Caminito (futur metteur en scène de Nosferatu à Venise et producteur de The King of New York) et surtout Guy Grosso, le légendaire maréchal des logis Tricard s’étant également chargé des dialogues. Quand on voit le résultat, on peine à croire qu’autant de monde ait été convié, mais cela reflète le côté bordélique du film, qui semble ne jamais savoir où aller, en passant d’une séquence à l’autre avec une paresse formelle décomplexée et un je-m’en-foutisme hallucinant. Il n’empêche, on peut cette fois encore y prendre un petit plaisir de cinéphage perverti et sadique…vous voilà prévenus !
GÉNÉRAL… NOUS VOILÀ ! réalisé par Jacques Besnard, disponible en DVD depuis le 13 avril 2016 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Darry Cowl, Roger Dumas, Henri Guybet, Philippe Ricci, Pierre Tornade, Jacques Marin, Katia Tchenko, Jean Amadou, Robert Rollis…
Scénario : Richard Balducci, Jean Amadou, Jacques Besnard & Jacques-Henri Marin
Photographie : Michel Grignon
Musique : José Padilla & Darry Cowl
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
En 1940, un déserteur et deux gendarmes se retrouvent par mégarde en zone occupée, puis en Angleterre où le gouvernement du Général de Gaulle leur confie une mission dangereuse : retrouver un général italien dans le désert libyen.
On connaît ce que Pierre Despoges disait sur Marguerite Duras, « elle n’a pas écrit que des conneries… Elle en a aussi filmées ! ». Pour Richard Balducci (oui oui, encore lui), c’est l’inverse. Le bougre n’a pas seulement écrit ses propres comédies, il l’a aussi fait pour les autres. En plus d’être le « papa » du Gendarme de Saint-Tropez, l’intéressé aura également signé l’affreux Charlots Connection (1984) de Jean Couturier, sans doute le pire opus de la troupe, Les Bidasses en vadrouille (1979) de Christian Caza (ou Michel Ardan pour les intimes) et Les Joyeuses Colonies de vacances (1979) de Michel Gérard. L’une de ses collaborations « de choc » restera celle avec Jacques Besnard sur deux films, Le Jour de gloire (1976) et Général…nous voilà ! (1978). Si le premier a rencontré un grand succès dans les salles (2 millions d’entrées, vous vous rendez compte ?) et demeure connu par les amateurs de délires franchouillards, le second est obscur. Jacques Besnard (1929-2013) est loin d’être un tâcheron et aura emballé quelques bons divertissements, dont l’excellent et cultissime Le Grand Restaurant (1966) avec Louis de Funès, alors son plus gros hit au box-office du réalisateur, C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (1974), La Situation est grave…mais pas désespérée (1976, à quand une réédition en DVD ou même un Blu-ray ?) et dans une moindre mesure Le Fou du labo 4 (1967) avec Jean Lefebvre. En fait, la raison pour laquelle Général…nous voilà ! n’a pas eu le même engouement (même si 823.000 entrées ce n’est pas rien) ou la même « postérité », ce sont ses têtes d’affiche. Pas de Fufu, de Bernard Blier, de Jean Lefebvre, de Michel Serrault, de Michel Galabru…non, Général…nous voilà ! repose cette fois sur les épaules de Pierre Tornade, Roger Dumas, Darry Cowl et Henri Guybet, habituels seconds voire troisièmes couteaux du genre. Contre toute attente, il ne s’agit pas d’un nanar et encore moins d’un navet. Évidemment nous sommes loin de La Grande vadrouille et même de La Septième Compagnie, auxquels on pense inévitablement, mais tout de même, Général…nous voilà ! fonctionne, se fonde sur une suite ininterrompue de gags menés sur un rythme soutenu, des personnages attachants et des comédiens en grande forme, ainsi que sur des dialogues amusants (de Jean Amadou) et un côté « aventure » qui passe bien. Une récréation d’un autre temps, mais encore sympathique.
Y’A PAS LE FEU réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 21 août 2016 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Hubert Deschamps, Henri Génès, Mouss, Philippe Klébert, Pascal Mandoula, Manault Didier, Basile…
Scénario : Richard Balducci & Dominique Sambourg
Photographie : Laurent Dailland
Musique : Gérard Blanchard & Gérar Lévy
Durée : 1h18
Date de sortie initiale : 1985
LE FILM
Dans le Midi de la France. Un pyromane sévissant dans un village, Monsieur le Maire cherche à enrôler des jeunes gens pour lutter contre le feu. Les volontaires se font rares, jusqu’à l’intervention d’une superbe blonde. Autour d’elle la brigade se constitue et les péripéties peuvent commencer.
Après N’oublie pas ton père au vestiaire, On l’appelle Catastrophe etPrends ta Rolls…et va pointer !, nous continuons d’explorer le Richard Balducci Cinematic Universe avec le méconnu Y’a pas le feu, sorti sur les écrans franchouillards le 5 juin 1985. Alors que Terminator de James Cameron explosait le box-office un peu partout et que Francis Huster s’époumonait dans Parking de Jacques Demy (Pourquoi moooooooooiiiiiii ??!!), une comédie tentait de se frayer un chemin jusqu’aux spectateurs qui avaient envie de se mettre autre chose devant les yeux que Mask de Peter Bogdanovich, Birdy d’Alan Parker, La Rose pourpre du Caire de Woody Allen ou Witness de Peter Weir ! C’est vrai quoi, pourquoi aller au cinéma pour réfléchir un peu ??? Heureusement, Richard Balducci était encore présent pour représenter la qualité à la française. D’ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, ce n’est pas un, mais DEUX films que l’intéressé vomira dans les salles cette année-là, Y’a pas le feu donc, et le plus connu Le Facteur de Saint-Tropez, avec Paul Préboist, Michel Galabru et Marion Game, dont certains avaient peut-être imaginé qu’il ferait de l’ombre à Pale Rider, le cavalier solitaire de Clint Eastwood, Parole de flic de José Pinheiro ou Legend de Ridley Scott. Mais pour en revenir à Y’a pas le feu, disons qu’il s’agit sans doute du pire de la crasse du graillon de la comédie bien de chez nous. Avant de raccrocher les gants en 1986 avec Banana’s boulevard (le film avec Les Forbans !), l’ami Balducci s’inspirait ouvertement des Bidasses de Claude Zidi, qui avait déjà dix piges (et Dieu sait que l’humour peut changer en une décennie), mais aussi et surtout de Police Academy de Hugh Wilson qui avait cassé la baraque l’année précédente. Mais il est pas con Ricci, pour éviter d’être accusé de plagiat, celui-ci et son coscénariste Dominique Sambourg (producteur du Fou du roi avec Michel Leeb et du Couteau sous la gorge de Claude Mulot) ont remplacé les flics par des pompiers. Le reste, bah c’est comme qui dirait une transposition des films susmentionnés, mais passés au gros rouge qui tâche. C’est affligeant, mais vraiment, et l’on peut y trouver un certain plaisir totalement régressif. Consternant, mais « c’est pour ça qu’c’est bon ! ».
L’ARBRE DE NOËL réalisé par Terence Young, disponible en DVD depuis le 22 novembre 2017 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : William Holden, Virna Lisi, Bourvil, Madeleine Damien, Mario Feliciani, Friedrich von Ledebur…
Scénario : Terence Young, d’après le roman éponyme de Michel Bataille
Photographie : Henri Alekan
Musique : Georges Auric
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Comme chaque année, depuis qu’il a perdu sa mère, Pascal revient à Paris pour passer les vacances avec son père Laurent. Ils partent en Corse, et au cours d’une promenade en mer, un avion explose au-dessus de leur embarcation et une bombe retenue par un parachute tombe lentement dans l’eau. Laurent décide de ramener Pascal à Paris pour lui faire subir des examens médicaux qui s’avèrent négatifs. Quelques jours plus tard, Pascal revient d’une promenade avec une marque bleuâtre à la tempe.
On l’a vu maintes fois à la télé, certains jeunes spectateurs ont même été traumatisés à vie à cause de ce film, tandis que leurs parents resserraient sur eux leurs étreintes, essayant de dissimuler leurs larmes en prétextant avoir une poussière dans l’oeil. L’Arbre de Noël, librement adapté du roman de Michel Bataille, sort sur les écrans français en octobre 1969, soit près d’un an avant le décès prématuré de Bourvil, qu’un cancer emportera à l’âge de 53 ans. S’il allait trouver son dernier rôle dramatique dans Le Cercle rouge, sa prestation dans L’Arbre de Noël restera son ultime composition bouleversante. Cette coproduction franco-italienne est réalisée par Terence Young, scénariste et metteur en scène britannique, évidemment célèbre pour avoir créé le personnage de James Bond au cinéma avec James Bond 007 contre Dr No – Dr. No (1962) et contribué à élaborer l’une des franchises les plus lucratives de l’histoire du cinéma à travers Bons Baisers de Russie – From Russia with Love (1963) et Opération Tonnerre – Thunderball (1965). Installé dans le Sud de la France, Terence Young enchaîne les tournages et les années 1960 seront d’ailleurs pour lui les plus prolifiques. Après avoir passé le relais à ses confrères pour les futurs opus de 007, il signe la superproduction Opération Opium – The Poppy Is Also a Flower (1966) et réunit un casting ahurissant, de Yul Brynner à Angie Dickinson en passant par Marcello Mastroianni et Trevor Howard, très vite suivi de Peyrol le boucanier – L’Avventuriero avec Anthony Quinn et Rita Hayworth. Eclectique, il se montre tout aussi à l’aise dans le film d’aventure comme La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman – Triple Cross que dans le thriller angoissant (le fantastique Seule dans la nuit – Wait Until Dark avec Audrey Hepburn, Alan Arkin et Richard Crenna) et le drame historique (Mayerling, qui réunit rien de moins que Catherine Deneuve, Omar Sharif, James Mason et Ava Gardner). L’Arbre de Noël est un drame psychologique, sans doute l’un des films les plus connus du réalisateur, qui parvient à éviter le pathos dans lequel il aurait pu aisément se vautrer et qui repose sur le jeu de ses merveilleux comédiens, Bourvil donc, l’immense William Holden et la magnifique Virna Lisi.
TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS(Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en DVD depuis le 7 février 2017 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…
Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet
Photographie : Alejandro Ulloa
Musique : John Cacavas
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 1973
LE FILM
En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…
Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe – From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres – The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable – The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express – Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.
LE JOUR SE LÈVE ET LES CONNERIES COMMENCENT réalisé par Claude Mulot, disponible en DVD depuis le 8 septembre 2016 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Gérard Surugue, François Domange, Gérard Darier, Eva Harling, Maurice Risch, Jacques Legras, Henri Guybet, Jane Chaplin, Robert Rollis, Philippe Castelli…
Scénario : Claude Mulot & Bruno Trompier
Photographie : Carlo Carlini
Musique : Jacques Assuérus
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Ils sont trois. Trois inséparables copains liés par l’âge, l’approche de la trentaine, par une même aversion pour le travail, et une constante fringale de plaisirs. Tant bien que mal, ils fuient leurs responsabilités, profitent des autres, vivent en parasite et déploient des trésors d’imagination pour importuner, ennuyer ou provoquer leur prochain…
Entre La Femme-objetavec Marilyn – Patinette – Jess et Richard – Queue de béton – Allen et le très beau Black Venus, Claude Mulot (La Rose écorchée, La Saignée) s’octroyait une récréation dans le registre de la comédie, en rassemblant quelques-uns de ses innombrables copains, avec un film au titre à rallonge (comme cette phrase d’ailleurs), typique des années 1980, Le Jour se lève et les conneries commencent. Un nanar vrai de vrai, mais fait avec le coeur et dans le but vraisemblablement unique de se marrer un bon coup. Résultat des courses, se succèdent à l’écran Henri Guybet, Maurice Risch, Michel Modo, Jacques Legras, Robert Rollis, Philippe Castelli, Jean Cherlian, dans une sorte d’Expendables franchouillard, qui s’apparente à un hymne à la paresse. Nos trois protagonistes principaux, interprétés par François Dommange (3 hommes et un couffin), Gérard Darier (Camille Claudel) et Gérard Surugue (Il y a des jours…et des lunes), dont l’alchimie ne prend pas vraiment, mais on s’en fiche, sont rattrapés par le monde adulte et ses responsabilités, alors qu’ils sont en train de dire adieu à leur troisième décennie passée sur Terre et à rien y glander. Si Le Jour se lève et les conneries commencent vaut bien qu’on lui accorde un petit visionnage, c’est en raison de la présence inattendue – mais pas tant que ça en fait, puisqu’il s’agissait d’un des meilleurs amis de Claude Mulot – de Johnny Hallyday, qui revient à plusieurs reprises dans le film, dans une sorte de running gag amusant. Voici en tout cas un bon candidat pour votre soirée nanar du samedi soir !
ON L’APPELLE CATASTROPHE réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 21 août 2016 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Michel Leeb, Michel Galabru, Darry Cowl, Carol Lixon, Ibrahim Seck, Pierre Doris, Billy Kearns…
Scénario : Richard Balducci
Photographie : Marcel Combes
Musique : Cécil Maury
Durée : 1h20
Date de sortie initiale : 1983
LE FILM
Alors qu’il pensait passer une soirée paisible en compagnie de sa fiancée, Antoine Malibran se retrouve malgré lui mis en cause dans un hold-up, et atterrit en prison. Sans le vouloir, il parvient à s’évader. Lorsqu’il retourne dans sa cellule de son propre gré, il fait l’étonnement des gardiens et des autres détenus.
Attention nanar ! Et celui-là il est beau hein ! Réalisation, Richard Balducci. Scénario, Richard Balducci. Dialogues, Richard Balducci. Cela devrait déjà suffire pour attirer votre curiosité et si ce n’est pas le cas, relisez la chronique de N’oublie pas ton père au vestiaire. Alors, quand on sait qu’On l’appelle Catastrophe est interprété par un Michel Leeb, 35 ans ici, livré à lui-même, on fonce tête baissée ou on met le nez dedans immédiatement plutôt. Navrant du début à la fin, donc forcément jubilatoire, mais pas comme le metteur en scène l’attendait, On l’appelle Catastrophe est pour ainsi dire un « véhicule de star » pour son acteur principal, dans le sens où celui-ci n’avait pas encore une grande renommée, puisqu’il ne fera son premier Olympia qu’un an après le film de Richard Balducci. Au moment où ce dernier sort sur les écrans, l’humoriste commence à se produire dans quelques émissions de télévision, où son sketch de l’Africain cartonne. 1983 est comme qui dirait une année matricielle dans la carrière de Michel Leeb, qui avait fait sa première apparition au cinéma dans Godefinger ou certaines chattes n’aiment pas le mou de Jean-Pierre Fougéa (ça ne s’invente pas), et revoir cette comédie quarante ans après sa sortie en dit long sur l’évolution de l’humour au fil des décennies, mais aussi et surtout sur celle des mœurs, car il est évident qu’un film comme On l’appelle Catastrophe compile TOUT ce que l’on ne pourrait plus faire aujourd’hui. Quant à savoir si c’est tant mieux ou dommage, cela serait sans doute trop long à étayer. Toujours est-il qu’on ne peut pas s’empêcher de sourire devant ce spectacle absolument consternant, piteusement emballé, mais ô combien rafraîchissant car complètement régressif.
Antoine Malibran, un jeune projectionniste trop influencé par les héros des films qu’il projette, se trouve entraîné, malgré lui, dans une suite d’aventures rocambolesques, à la suite d’une banale confusion de voiture. Il se trouve impliqué dans l’attaque à main armée de la banque de la Seine. Antoine ne faisait qu’attendre sa petite amie Carole, caissière de la banque, mais les apparences sont contre lui et il est mis en prison avant même d’avoir compris pourquoi. Coincé entre les quatre murs de sa cellule, il en sort, sans le vouloir, en s’endormant dans la voiture du directeur. Réintégrant sagement la prison par honnêteté, il en devient « le caïd ». Plus tard, grâce à un coup d’Etat, il se retrouve Conseiller Principal d’un nouveau Président africain, et son ambassadeur en France. Non sans avoir, sur le chemin du retour, maîtrisé un terroriste tentant vainement de détourner son avion.
Ah ça oui il se donne à fond Michel Leeb dans On l’appelle Catastrophe, probablement conscient de la chance qui lui est donnée de laisser libre cours à sa fantaisie, à ses grimaces et à ses imitations ! Tout y passe, Jean-Paul Belmondo, Jean Gabin, Jean-Pierre Marielle et même E.T. ! Mais la cerise sur le gâteau demeure évidemment sa rapide caricature du chinois (attention, grosse blague sur l’efficacité d’un tailleur asiatique) et surtout de l’Africain, puisque le dernier acte, qui se déroule au Gabon, amène le personnage principal aux côtés d’un dictateur frappadingue (pléonasme) génialement interprété par Ibrahim Seck (le domestique de Louis de Funès dans Le Tatoué), auprès duquel Antoine va se laisser imprégner par ce pays, ses couleurs locales et bien sûr son accent. Devenu le conseilleur du dictateur, Antoine va s’adresser aux responsables politiques, tout d’abord sobrement, avant de rouler des yeux, de montrer les dents et de rrrrouler les r. C’est là que la machine s’emballe, on ne sait pas s’il s’agit d’improvisation (mauvaise si c’est le cas) ou d’une scène réellement écrite (et très mauvaise cette fois encore), mais il faut le (re)voir pour le croire.
Des exemples comme celui-ci il y en a à la pelle dans On l’appelle Catastrophe, comme lorsqu’à deux reprises Antoine, essayant de se défendre déclare à ses adversaires « Je suis blanc comme neige ! », un homme noir apparaît derrière un poteau en déclamant (avec l’accent bien sûr) « Comment ? ». On peut ajouter à cela un casting de tronches avec Darry Cowl en juge d’instruction qui bégaye, comme c’est original, Michel Galabru qui vient toucher son chèque en directeur de la banque, Daniel Darnault qui se prend pour Louis de Funès, Pierre Doris en marchand d’armes, Guy Delorme, Ticky Holgado, Dominique Zardi…sans oublier la mignonne Carole Lixon, vue dans Le Cavaleur de Philippe de Broca, ici dans son avant-dernière apparition au cinéma, ainsi que quelques plans boobs bien gratos et les apparitions de Françoise Blanchard (muse de Jean Rollin et Bruno Mattei) et Alexandra Delli Colli (L’Éventreur de New York, Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu).
Bref, un Expendables de la comédie franchouillarde, dans laquelle Michel Leeb écarquille les yeux à outrance, incapable d’aligner une ligne de dialogues sans bafouiller, qui promène son absence de charisme en laissant ses camarades faire les débiles autour de lui quand il n’est pas en train de se prendre pour un personnage de cartoon comme le fera Michel Courtemanche dans La Ballade de Titus de Vincent De Brus. Si l’on ajoute aussi la laideur des décors et de la photographie de Marcel Combes (N’oublie pas ton père au vestiaire, La Nuit de la mort et…Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville), la musique pouet-pouet de Cécil Maury qui nous met les tympans en sang, c’est trop de bonheur.
LE DVD
On l’appelle Catastrophe avait déjà bénéficié d’une édition DVD en 2006 chez Antartic, où le film était couplé avec celui d’Yvan Chiffre, Le Fou du Roi, aussi interprété par Michel Leeb. Première édition « single » donc pour ce grand nanar, désormais disponible chez LCJ Editions. La jaquette reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Sans surprise, On l’appelle Catastrophe est présenté au format 4/3. La copie est stable, mais les couleurs sont ternes, le piqué émoussé, la gestion des contrastes complètement aléatoire. Certaines poussières demeurent, c’est un peu mieux dans la dernière partie africaine aux teintes plus chatoyantes. Dans l’ensemble et d’après nos souvenirs, l’image est conforme à celle que l’on voyait lors des diffusions à la télévision.
Un mixage Stéréo sans esbroufe, propre, aux dialogues nets. Pas de sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.
LES TUEURS DE SAN FRANCISCO (Once a Thief) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD depuis le 29 août 2018 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Alain Delon, Ann-Margret, Van Heflin, Jack Palance, John Davis Chandler, Jeff Corey, Steve Mitchell, Tammy Locke…
Scénario : Zekial Marko, d’après son roman « Scratch A Thief »
Photographie : Robert Burks
Musique : Lalo Schifrin
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Eddie Pedak, un ancien détenu, goûte aux joies d’une vie normale : il a une femme, une fille et un bateau. Un inspecteur de police le persécute, ainsi que son frère, qui a besoin de lui pour un coup.
Pour Alain Delon, tout s’est enchaîné très vite. Trois ans après sa première apparition au cinéma dans Quand la femme s’en mêle (1957) d’Yves Allégret, il devient une star planétaire avec Plein Soleil de René Clément et enchaîne directement avec Rocco et ses frères – Rocco e i suoi fratelli, sa première collaboration avec Luchino Visconti. Il enchaîne alors les succès, séduit à la fois la critique et le public, tout en alternant les films d’auteur et les divertissements populaires. De Michelangelo Antonioni (L’Éclipse – L’Eclisse) à Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol), en passant par Alain Cavalier (L’Insoumis) et Christian-Jaque (La Tulipe Noire), Alain Delon est partout, le mythe vivant est en route. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hollywood lui fasse les yeux doux. Après une première expérience en anglais dans La Rolls-Royce jaune – The Yellow Rolls-Royce, film britannique à sketches réalisé par Anthony Asquith et sorti en 1964, le comédien s’envole pour rejoindre la côte ouest des Etats-Unis pour y tourner Les Tueurs de San Francisco – Once a Thief. Méconnu dans la prolifique et exceptionnelle carrière d’Alain Delon, ce remarquable film noir est un vrai bijou, remarquablement mis en scène par Ralph Nelson (1916-1987). Habitué des séries télévisées dans les années 1950, ce dernier se tourne progressivement et avec réussite vers le cinéma la décennie suivante avec Requiem pour un champion (1962) avec Anthony Quinn et Mickey Rooney, Les Lys des champs (1963) avec Sidney Poitier, La Dernière bagarre (1963) avec Steve McQueen, Le Crash mystérieux (1964) avec Glenn Ford. Les stars font confiance à Ralph Nelson, habile, voire virtuose technicien, avec lequel les acteurs s’entendent bien. Un an après Grand méchant loup appelle – Father Goose, dans lequel Cary Grant donnait la réplique à Leslie Caron, le réalisateur change de registre et passe donc de la comédie d’aventure au film noir pur et dur avec Les Tueurs de San Francisco, sur lequel tous les amateurs du genre devraient se précipiter ne serait-ce que pour voir Alain Delon manier la langue de Shakespeare, ce dont il s’acquitte avec élégance, mais aussi pour le voir donner la réplique à Ann-Margret, Van Heflin et Jack Palance.
LES TROIS LUMIÈRES (Der Müde Tod) réalisé par Fritz Lang, disponible en DVD depuis le 9 septembre 2019 chez Films sans Frontières.
Acteurs : Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke, Hans Sternberg, Eduard von Winterstein, Rudolf Klein-Rogge, Karl Huszar, Paul Biensfeldt, Lewis Brody…
Scénario : Fritz Lang & Thea von Harbou
Photographie : Bruno Mondi, Erich Nitzschmann, Herrmann Saalfrank, Bruno Timm & Fritz Arno Wagner
Musique : Giuseppe Becce, Karl-Eernst Sasse & Peter Schirmann
Durée : 1h36
Date de sortie initiale: 1921
LE FILM
Un jeune couple fait halte dans une auberge. Un mystérieux voyageur, dont on murmure qu’il possède un terrain entouré d’un mur, aux abords d’un cimetière, emmène le jeune homme. Sa compagne désespérée tente de le suivre à l’intérieur de cet étrange enclos, mais ne peut y trouver une ouverture. La Mort lui apparaît alors et lui promet de lui rendre son fiancé si, transportée avec lui dans trois époques différentes, elle parvient à lui sauver la vie une fois. Voilà la jeune femme projetée à Bagdad, puis à Venise sous la Renaissance et enfin en Chine, dans le palais de l’Empereur. Mais la Mort est toujours victorieuse. La Faucheuse propose alors un second marché…
Fritz Lang (1890-1976) est considéré, à juste titre, comme l’un des plus grands cinéastes. De 1919 à 1960, il tourne en Allemagne, en France et aux États-Unis. Sa filmographie s’étend du muet jusqu’au cinéma parlant. Dès ses débuts, il introduit dans ses films un style, des techniques nouvelles et une esthétique particulière qui appartient à l’expressionnisme, courant artistique figuratif très présent en Allemagne. Surnommé le « Maître des ténèbres », il est connu pour avoir réalisé M le maudit – M, Eine Stadt sucht einen Mörder, Metropolis ou encore Le Testament du Dr. Mabuse – Das Testament des Dr. Mabuse. Fritz Lang a trente ans lorsqu’il met en scène son huitième film intitulé Les Trois Lumières – Der Müde Tod qui traite un des thèmes récurrents de sa carrière : la mort. Il s’agit de son premier grand succès critique.
LA FEMME AU GARDÉNIA (The Blue Gardenia), disponible depuis le 12 décembre 2006 en DVD chez Films sans Frontières.
Acteurs : Anne Baxter, Richard Conte, Ann Sothern, Raymond Burr, Nat « King » Cole, Jeff Donnell, Richard Erdman, George Reeves…
Scénario : Charles Hoffman, d’après une histoire originale de Vera Caspary
Photographie : Nicholas Musuraca
Musique : Raoul Kraushaar
Durée : 1h26
Année de sortie : 1953
LE FILM
Après un rendez-vous galant au cabaret le Gardénia Bleu, Norah Larkin suit son séducteur qui tente d’abuser d’elle. La jeune femme, pour se défendre, le frappe avec un tisonnier. Le lendemain, elle apprend dans la presse que son amant est mort. Casey Mayo, un célèbre chroniqueur, lui propose par voie de presse de l’aider à se défendre.
« C’est une vision particulièrement perfide de la vie américaine. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce fut mon premier film de l’après Mc Carthy et que j’ai dû le tourner en vingt jours. C’est sans doute ce qui m’a rendu si venimeux » Fritz Lang à propos de La Femme au gardénia. Pourtant, The Blue Gardenia démarre comme presque comme une comédie légère avec l’exposition des trois protagonistes principaux, Norah Larkin (Anne Baxter), Casey Mayo (Richard Conte) et Harry Prebble (Raymond Burr). Puis Fritz Lang se focalise plus précisément sur la jeune femme, que l’on découvre chez elle en compagnie de deux amies colocataires. Norah se prépare à dîner aux chandelles avec le portrait de son amoureux posé sur la table, qui ne peut être présent physiquement, car mobilisé en Corée. Résolue à l’attendre, elle vit ainsi au jour le jour, en espérant que l’homme qu’elle aime revienne au bercail le plus tôt possible. Mais une lettre lui informe qu’il ne reviendra pas vers elle, car il vient de rencontrer une infirmière, qu’il souhaite épouser. Folle de chagrin, elle décide de passer la soirée avec Prebble, un homme à femmes, avec lequel elle décide de se lâcher. La soirée est très alcoolisée et au moment où Norah se refuse finalement à lui, Prebble devient violent…Le cinéaste fait monter la tension, tout en dressant le portrait de cette standardiste anonyme, qui se retrouve dans une situation extraordinaire, où elle devient la première suspecte dans une affaire de meurtre. Si La Femme au gardénia est et restera un film mineur de Fritz Lang, ce long-métrage réalisé entre Le Démon s’éveille la nuit – Clash by Night et Règlement de comptes – The Big Heat, n’en demeure pas moins excellent, aussi bien sur la forme que sur le fond. Inspirée par une histoire de Vera Caspary (l’autrice de Laura, adapté en 1944 par Otto Preminger), voici une bonne et néanmoins méconnue leçon de mise en scène et de montage, doublée d’une très solide direction d’acteurs, par l’un des plus grands maîtres de l’histoire du cinéma.