Test DVD / A Swedish Love Story, réalisé par Roy Andersson

A SWEDISH LOVE STORY (En kärlekshistoria) réalisé par Roy Andersson, disponible en DVD le 2 novembre 2016 chez Potemkine Films

Acteurs : Ann-Sofie Kylin, Rolf Sohlman, Anita Lindblom, Bertil Norström, Lennart Tellfelt, Margreth Weivers

Scénario : Roy Andersson

Photographie : Jörgen Persson

Musique : Björn Isfält

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

En marge du monde des adultes prisonniers de leurs conventions et de leur mélancolie, Pär et Annica, avec l’ingénuité et la fraîcheur de leurs 15 ans, découvrent simplement l’envie et le bonheur d’aimer. Le temps d’un été à Stockholm…

Film culte et chéri des cinéphiles, A Swedish Love StoryEn kärlekshistoria (1970), inédit en France à sa sortie, est le premier long métrage du réalisateur Roy Andersson, alors âgé de 27 ans. Une œuvre tournée avec peu de moyens durant l’été 1969 sous un soleil de plomb, principalement en son direct, en se focalisant sur les regards de ses jeunes comédiens et en ayant peu recours aux dialogues. Si son cinéma évoluera sur la forme, tout le cinéma de Roy Andersson est déjà présent dans A Swedish Love Story et même depuis ses premiers courts et moyens métrages.

Cette histoire d’amour entre deux adolescents foudroie en plein coeur encore près de cinquante ans après sa sortie et ce grâce à l’immense charisme et au naturel confondant du couple de jeunes comédiens, Ann-Sofie Kylin dans le rôle d’Annica et Rolf Sohlman dans celui de Pär. Annica et Pär découvrent l’envie et le bonheur d’aimer en dépit du triste spectacle des adultes qui les entourent. Joli succès à sa sortie, le film est encensé par la critique et le public, y compris par certains monstres du cinéma, dont Ingmar Bergman lui-même, Roy Andersson étant directement considéré comme un nouveau maître du naturalisme. Touché par la grâce, chef d’oeuvre de délicatesse, réaliste, triste et pourtant solaire, A Swedish Love Story subjugue d’entrée de jeu avec son cadre singulier qui se focalise sur deux jeunes adolescents qui vont se rencontrer par hasard au cours d’un même repas.

Chacun semble s’ennuyer au milieu de tous ces adultes plongés dans des discussions sans fin, pour ne pas dire sans aucun sens. Les regards, nimbés de tristesse et de mélancolie, s’attirent et très vite Pär et Annica ne peuvent plus s’empêcher de s’observer, sans rien dire. Mais ce silence en dit long, ils se reconnaissent l’un dans l’autre et souhaitent tous les deux la même chose, trouver un réconfort, des bras dans lesquels se blottir, sans penser à rien d’autre qu’à l’instant présent et loin du monde absurde des adultes dans lequel ils ne vont pas tarder à entrer.

C’est un véritable coup de foudre. Sans caricature, mais avec une immense sensibilité et un sens quasi-organique de la mise en scène, Roy Andersson capture l’indicible, l’instant où les coeurs s’emballent conjointement, celui où un couple sait qu’il ne pourra pas se passer l’un de l’autre, au moment où les sentiments sont les plus purs et pas encore parasités par l’inconsistance du morne et frustrant quotidien des grandes personnes. L’instant se fige et les deux souhaitent qu’il le reste le plus longtemps possible, même s’ils sont conscients tous les deux que la vie les rattrapera forcément. Contrairement aux futurs longs métrages de Roy Andersson, A Swedish Love Story est un film rempli de vie qui fait chaud au coeur, qui donne envie d’aimer et d’être aimé. Un vrai miracle de film, électron libre dans une des filmographies les plus atypiques du cinéma européen, cette chronique douce-amère n’a pas fini de faire de conquérir de nouveaux adeptes.

LE DVD

Le test du DVD de A Swedish Love Story a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition contient deux courts et un moyen métrage de Roy Anderson, Visite chez le filsBesöka sin son (1967), Chercher un vélo Hämta en cykel (1968) et Samedi 5 octobreLördagen den 5.10 (1969), qui imposent d’emblée le cadre atypique, les thèmes et le rythme que l’on retrouvera dans A Swedish Love Story en 1970 avec ces célèbres gros plans, l’histoire d’amour entre deux jeunes personnes, une mélancolie qui imprègne l’histoire, le désir de s’affranchir de sa famille et de s’échapper du quotidien, les appartements modestes, les repas, les promenades à la campagne. Si le premier film pose les bases et le second expérimente le cadre, le troisième s’avère un vrai petit chef d’oeuvre, au même titre que A Swedish Love Story.

L’Image et le son

Ce DVD est issu de la copie restaurée sortie au cinéma en 2015. L’image est d’une propreté jamais démentie, stable, et certaines séquences sortent du lot avec une très belle luminosité et un piqué ciselé. Le grain original est respecté et bien géré. N’oublions pas les couleurs estivales qui font honneur au support. Le format original est conservé, la profondeur de champ fort appréciable. Notons tout de même quelques plans flous, divers mouvements de caméra qui entraînent de légères pertes de la définition, des séquences sombres moins précises avec des noirs tirant sur le bleu et des visages légèrement rosés ou cireux. Néanmoins, l’encodage demeure solide.

Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible. Le confort acoustique est assuré avec un espace phonique probant, des dialogues clairs, nets, tout comme la musique très bien délivrée. Aucun souffle ne vient parasiter les scènes silencieuses et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Europa Film – Potemkine Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

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