Test DVD / Un pacte avec le diable, réalisé par John Farrow

UN PACTE AVEC LE DIABLE (Alias Nick Beal) réalisé par John Farrow, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ray Milland, Audrey Totter, Thomas Mitchell, George Macready, Fred Clark, Geraldine Wall, Henry O’Neill, Darryl Hickman…

Scénario : Jonathan Latimer

Photographie : Lionel Lindon

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Frankie Faulkner, dont les activités sont liées au jeu, propose au procureur Joseph Foster de l’aider à devenir gouverneur. Foster refuse et, grâce au mystérieux Nick Beal, il obtient les livres de comptes qui lui permettent de faire condamner Hanson, un joueur. Cette condamnation conforte la notoriété de Foster à qui Nick Beal propose de l’argent pour sa campagne. Martha, la femme de Foster, lui demande de refuser, mais Foster rencontre Donna Allen, qui le séduit et le conduit à certaines compromissions…

Bien que méconnu en France, le réalisateur américain d’origine australienne John Farrow (1904-1963), né John Villiers Farrow, également scénariste, producteur et comédien, est l’auteur d’un des plus grands mélodrames issus des studios de la RKO, Quels seront les cinq ?Five came back (1939), co-écrit par Dalton Trumbo. Le cinéaste signera lui-même un remake de son propre film en 1956, Les Echappés du néant Back from Eternity, avec Robert Ryan, Anita Ekberg et Rod Steiger. Eclectique, érudit, John Farrow aura touché à tous les genres, du film policier au western, en passant par le film historique, les récits de guerre, le film d’aventure et le thriller. Californie, terre promise, est son premier western, mais aussi sa première collaboration avec le comédien britannique Ray Milland (1907-1986), avec lequel il fera quatre films, dont La Grande horlogeThe Big Clock (1948), Un pacte avec le diableAlias Nick Beal (1949) et Terre damnée Copper Canyon (1950). Aujourd’hui, c’est leur troisième et plus étrange association qui nous intéresse. A la fois film noir, drame politique et film fantastique, Un pacte avec le diable est ce qu’on pourrait qualifier un film de genre, puisque le scénario de Jonathan Latimer (le créateur du personnage de Bill Crane), collaborateur de John Farrow sur une bonne dizaine de longs-métrages, place le personnage de Lucifer, du Malin, du prince des ténèbres, de Belzébuth, de Satan ou comme vous voudrez l’appeler, au milieu d’hommes politiques, en particulier un, sur lequel il a jeté son dévolu. Un pari pour lui puisque l’individu en question est un modèle d’intégrité, d’impartialité, de vertu et de probité. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance mais c’est l’enjeu du diable et où le jeu de Ray Milland prend toute son ampleur. L’acteur se délecte dans ce rôle suintant et tiré à quatre épingles, manipulant les êtres humains comme des pions sur un échiquier dans un seul but, anéantir les valeurs de l’homme le plus honnête du monde, pour mieux s’approprier son âme. Un pacte avec le diable est une sacrée découverte à situer entre Tous les biens de la terreThe Devil and Daniel Webster (1941) de William Dieterle et Angel Heart : Aux portes de l’enfer (1987) d’Alan Parker.

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Test DVD / Terminal Sud, réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche

TERMINAL SUD réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche, disponible en DVD le 12 mai 2020 chez Potemkine Films.

Acteurs : Ramzy Bédia, Amel Brahim-Djelloul, Slimane Dazi, Salim Ameur-Zaïmeche, Nabil Djedouani, Nacira Guénif-Souilamas, Marie Loustalot, Grégoire Pontécaille…

Scénario : Rabah Ameur-Zaïmeche

Photographie : Camille Clément, Irina Lubtchansky

Musique : Grégoire Pontécaille

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Dans un pays plongé dans un climat d’insécurité et de conflit armé, un médecin tente malgré tout d’accomplir son devoir au sein d’un centre hospitalier, jusqu’au jour où son destin bascule…

Terminal Sud est le sixième long métrage du réalisateur algérien Rabah Ameur-Zaïmeche (né en 1968), découvert en 2001 avec Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ?, auréolé du prix Louis-Delluc du premier film. Très vite, le cinéaste est soutenu par la critique et les festivals du monde entier, à l’instar de son second film, Bled Number One (2006), sélectionné dans la catégorie Un certain regard et qui repart avec le Prix de la jeunesse au Festival de Cannes. Deux ans plus tard, Dernier Maquis est à nouveau sélectionné sur la Croisette dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. En 2011, Les Chants de Mandrin se voit couronner par le prix Jean-Vigo. Son cinquième long métrage, Histoire de Judas, est sélectionné au Forum du nouveau cinéma du Festival de Berlin et reçoit le Prix du Jury œcuménique en 2015. Nous en venons donc à Terminal Sud. C’est la première fois que Rabah Ameur-Zaïmeche n’apparaît pas à l’écran dans un film qu’il met en scène. Il offre à Ramzy Bedia – qui faisait déjà une apparition dans Bled Number One – un rôle qui restera probablement l’un des plus beaux de sa carrière et avec lequel le comédien confirme son talent dramatique deux ans après sa belle prestation dans Une vie ailleurs d’Olivier Peyon, dans lequel il donnait la réplique à Isabelle Carré. En dehors du prologue, tendu et qui instaure d’emblée une atmosphère trouble et ambiguë, Ramzy Bedia est de tous les plans et ne cesse d’épater jusqu’au dénouement optimiste et solaire.

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Test DVD / Les Envoûtés, réalisé par Pascal Bonitzer

LES ENVOÛTÉS réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 5 août 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle, Nicolas Maury, Anabel Lopez, Iliana Lolic, Josiane Balasko, Jérôme Kircher, José Luis Gomez, Laurent Pedebernard…

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy d’après une nouvelle d’Henry James

Photographie : Julien Hirsch, Pierre Milon

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h37

Année de sortie : 2019

LE FILM

Pour le “récit du mois”, Coline, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de la mort de celle-ci… Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine la belle Azar prétend, elle, avoir vu le fantôme de son père ! Simon, au cours de la nuit de leur rencontre, tente de séduire Coline, qui lui résiste mais tombe amoureuse…

A chaque film, ou presque, réalisé par Pascal Bonitzer, il se crée comme une réaction chimique, une empathie immédiate pour les personnages souvent animés par une fureur de vivre dissimulée derrière un masque de mélancolie. Pour son huitième long-métrage en tant que réalisateur, le scénariste de Raoul Ruiz (La Vocation suspendue, Trois vies et une seule mort), d’André Téchiné (Les Soeurs Brontë, Ma saison préférée), de Jacques Rivette (L’Amour par terre, La Belle Noiseuse) et de Chantal Akerman (Golden Eighties) se frotte au genre fantastique à travers une histoire d’amour contrariée par une présence, celle de la mort, qui happe sans crier gare celles et ceux qui nous sont proches, mais dont l’aura demeure omniprésente. Epaulé par sa coscénariste Agnès De Sacy (Il est plus facile pour un chameau…, Je l’aimais), avec laquelle il avait déjà signé ses deux précédents films, Chercher Hortense (2012) et Tout de suite maintenant (2016), Pascal Bonitzer confirme encore et toujours l’originalité de son cinéma, sa solide direction d’acteurs, son sens pour les dialogues et la délicatesse de sa mise en scène.

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Test DVD / La Trahison du capitaine Porter, réalisé par André De Toth

LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER (Thunder Over the Plains) réalisé par André De Toth, disponible en DVD le 9 mars 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Randolph Scott, Lex Barker, Phyllis Kirk, Charles McGraw, Henry Hull, Elisha Cook Jr., Hugh Sanders, Lane Chandler…

Scénario : Russell S. Hughes

Photographie : Bert Glennon

Musique : David Buttolph

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

En 1870 au Texas, le capitaine Porter, Texan mais officier de l’Union, est chargé de rétablir la légalité mise à mal par les exactions des « carpetbaggers » dans les années qui suivirent la guerre de Sécession. Porter éprouve une vive répulsion pour sa tâche, mais, homme de devoir, il ne peut y couper.

D’origine austro-hongroise, André De Toth (1912-2002) est un réalisateur, scénariste et producteur qui demeure encore très chéri par les cinéphiles. Indépendant des grands studios hollywoodiens, pour lesquels il travaillera toutefois volontiers à plusieurs reprises, le cinéaste dirigera les plus grands comme Gary Cooper (La Mission du commandant Lex), Robert Ryan (La Chevauchée des bannis), Kirk Douglas (La Rivière de nos amours), Veronica Lake (Femme de feu), Barbara Stanwyck (L’Orchidée Blanche) et Richard Widmark (La Furie des Tropiques). Mais la plus grande collaboration de sa carrière reste celle entamée en 1951 avec Randolph Scott (1898-1987) pour Le Cavalier de la mortMan in the Saddle. Les deux hommes se retrouveront à cinq autres reprises (et autres westerns), Les Conquérants de Carson CityCarson City (1952), Les Massacreurs du KansasThe Stranger Wore a Gun (1953), La Trahison du capitaine PorterThunder Over the Plains (1953), Le Cavalier traquéRiding Shotgun (1954) et Terreur à l’OuestThe Bounty Hunter (1954). Le western qui nous intéresse aujourd’hui est l’un des meilleurs de l’association De Toth/Scott. Le cinéaste fait certes partie des célèbres « borgnes d’Hollywood » aux côtés de John Ford, Fritz Lang, Raoul Walsh et Nicholas Ray, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de mettre en scène deux films en relief stéréoscopique, L’Homme au masque de cireHouse of Wax (1953) avec Vincent Price, formidable remake de Masques de cireMystery of the Wax Museum de Michael Curtiz (1933), et Les Massacreurs du Kansas, mais André De Toth n’est certainement pas un manchot derrière la caméra. La Trahison du capitaine Porter repose sur un scénario intelligent et bien construit de Russell Hughes, futur auteur de Des monstres attaquent la villeThem ! (1954) de Gordon Douglas, de La charge des tuniques bleues The Last Frontier (1955) d’Anthony Mann et de L’homme de nulle partJubal (1956) de Delmer Daves, de belles et évidentes références. Thunder Over the Plain témoigne non seulement de la belle plume du scénariste, mais reste aussi un western excellemment mis en scène par un maître de la série B, tandis que le charisme de Randolph Scott fait le reste.

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Test DVD / Chaque chose en son temps – The Family Way, réalisé par Roy & John Boulting

CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS (The Family Way) réalisé par Roy & John Boulting, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Hayley Mills, Avril Angers, John Comer, Wilfred Pickles, John Mills, Marjorie Rhodes, Hywel Bennett, Murray Head…

Scénario : Bill Naughton d’après sa pièce de théâtre.

Photographie : Harry Waxman

Musique : Paul McCartney, George Martin

Durée : 1h51

Année de sortie : 1966

LE FILM

Arthur et Jenny, beaux jeunes et innocents, s’aiment et se marient. Par souci d’économie, ils s’installent chez les parents d’Arthur dans une banlieue britannique. Mais à la suite d’une mauvaise plaisanterie, la nuit de noces tant attendue tourne au fiasco. S’ensuivra une terrible réaction en chaîne dans une difficile promiscuité.

Réalisé en 1966 par les célèbres frères jumeaux Boulting, John et Roy de leur prénom, The Family Way, sorti en France sous le titre Chaque chose en son temps, a connu une véritable controverse à sa sortie, en raison de ses divers sujets abordés quelque peu tabou et annonciateurs de l’explosion de la fin des années 1960. Entre l’impuissance d’un jeune homme qui n’arrive pas à faire honneur à son épouse, âgée de 20 ans et dont les hormones s’affolent, les parents trop protecteurs et collants qui n’ont pas aidé au développement personnel de leurs rejetons, sans parler de leurs propres frustrations qui avaient été dissimulées jusqu’à présent, The Family Way est un uppercut dans la comédie britannique. Satirique, frontal, percutant, le film des frères Boulting rejoint leurs grandes réussites aux côtés du Gang des tueursBrighton Rock (1947), Ultimatum Seven Days to Noon (1950), Ce sacré z’hérosPrivate’s Progress (1956), Sept Jours de malheurLucky Jim (1957) et Après moi le délugeI’m All Right Jack (1959). Il serait temps que leurs chefs d’oeuvres soient reconsidérés dans nos contrées. Toujours est-il que The Family Way rappelle parfois Heureux MortelsThis Happy Breed (1944) de David Lean à travers cette chronique familiale grinçante et immersive, dans laquelle les générations s’affrontent, mais ne se comprennent pas.

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Test DVD / Une bombe pas comme les autres – The Green Man, réalisé par Robert Day

UNE BOMBE PAS COMME LES AUTRES (The Green Man) réalisé par Robert Day, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Alastair Sim, George Cole, Terry-Thomas, Jill Adams, Raymond Huntley, Colin Gordon, Avril Angers, Eileen Moore…

Scénario : Sidney Gilliat, Frank Launder d’après leur pièce de théâtre.

Photographie : Gerald Gibbs

Musique : Cedric Thorpe Davie

Durée : 1h17

Année de sortie : 1956

LE FILM

Quand il n’est pas horloger, Hawkins est un assassin professionnel, un maniaque de l’explosif. Mais en ces temps d’après-guerre, le travail ne court pas les rues. Lorsqu’on lui demande d’assassiner le prétentieux homme d’affaires Gregory Upshott, il saute sur l’occasion et profite d’un week-end de ce dernier à la campagne… lorsque surgit un étrange représentant en aspirateurs !

A l’instar du métier d’Hawkins, le récit de The Green Man, sorti en France sous le titre Une bombe pas comme les autres (1956), est d’une précision d’horloger. Il s’agit du premier long métrage réalisé par Robert Day (1922-2017), ancien cameraman d’Edward Dmytryk (L’Obsédé), de Terence Young (Les Bérets rouges), de Carol Reed (L’Homme de Berlin). Un beau C.V. qui lui vaut d’être repéré par le duo Sidney Gilliat-Frank Launder, scénaristes réputés (Une femme disparaîtThe Lady Vanishes d’Alfred Hitchcock, 1938), producteurs et réalisateurs à succès (L’Étrange Aventurière, The Belles of St. Trinian’s, Un mari presque fidèle). Ils décident de confier à Robert Day l’adaptation de leur pièce de théâtre Meet a Body. En résulte une comédie survoltée, menée à cent à l’heure, représentative du savoir-faire anglais en la matière, mêlant habilement humour noir et sophistiqué, flegme et trash, le tout porté par un grand comédien méconnu en France, mais véritable star du cinéma britannique, Alastair Sim (1900-1976).

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Test DVD / L’Affaire Pasolini, réalisé par David Grieco

L’AFFAIRE PASOLINI (La Macchinazione) réalisé par David Grieco, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto, François-Xavier Demaison, Milena Vukotic, Roberto Citran, Alessandro Sardelli, Catrinel Marlon, Paolo Bonacelli, Toni Laudadio…

Scénario : David Grieco, Guido Bulla

Photographie : Fabio Zamarion

Musique : Pink Floyd et Roger Waters

Durée : 1h47

Année de sortie : 2016

LE FILM

Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.

« Le courage intellectuel de la vérité et la pratique politique sont deux choses inconciliables en Italie. » Pier Paolo Pasolini.

L’Italie, pour ne pas dire le monde entier, ne s’est jamais remise du brutal assassinat du cinéaste Pier Paolo Pasolini. Certains réalisateurs se seront penchés sur cet événement tragique, à l’instar de Marco Tullio Giordana avec son film Pasolini, mort d’un poètePasolini, un delitto italiano (1995), dans lequel le procès de Pino Pelosi, accusé du meurtre de Pasolini, était reconstitué. En 2014, le new-yorkais Abel Ferrara livrait sa version des dernières heures du maître italien dans le sobrement intitulé Pasolini, où son complice Willem Dafoe incarnait le réalisateur. L’Affaire Pasolini, sorti deux ans après le film précédent, apparaît tout d’abord comme un outsider. Comment cette œuvre mise en scène par David Grieco allait se démarquer des approches précédentes ? Tout d’abord, son film n’aborde pas le procès contre Pino Pelosi, ce jeune prostitué de 17 ans arrêté la nuit du meurtre au volant de la voiture de Pasolini, qui s’était déclaré – trop vite sans doute – responsable de la mort de Pasolini. David Grieco s’appuie plutôt sur le témoignage de Pelosi datant de 2005, au cours duquel ce dernier affirmait son innocence et que le meurtre avait été réalisé par trois individus à l’identité préservée. Ensuite, si L’Affaire Pasolini retrace bien les dernières heures de la vie du poète et réalisateur, son gros point fort reste d’avoir confié le rôle-titre au comédien-chanteur italien Massimo Ranieri, inoubliable dans les films de Mauro Bolognini (Metello, Bubu de Montparnasse, Chronique d’un homicide), qui retrouve ici un rôle à la mesure de son talent. Entre mimétisme et interprétation personnelle, l’acteur impressionne ici du début à la fin, et restitue admirablement la hargne qui animait Pier Paolo Pasolini, éternel provocateur, dont le tort était probablement d’être communiste et homosexuel dans l’Italie asphyxiée des années 1970.

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Test DVD / La Dernière balle à pile ou face, réalisé par Piero Pierotti

LA DERNIÈRE BALLE À PILE OU FACE (Testa o croce) réalisé par Piero Pierotti, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : John Ericson, Spela Rozin, Franco Lantieri, Daniela Surina, Dada Gallotti, Loris Gizzi, Maria Teresa Piaggio, Pinuccio Ardia…

Scénario : Piero Pierotti

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h35

Année de sortie : 1969

LE FILM

Accusée du meurtre d’un banquier, la chanteuse Shanda manque de se faire lyncher par les membres d’une ligue de vertu. Alors que les autres filles du saloon se font passer à tabac, le shérif fait mettre Shanda à l’abri en dehors de la ville. Mais les deux hommes chargés de la mission la violent et la laisse pour morte dans le désert. Un hors-la-loi va la recueillir.

Aux manettes de La Dernière balle à pile ou faceTesta o croce (1969), on retrouve un certain Piero Pierotti (1912-1970), parfois crédité sous le nom de Peter E. Stanley, ancien journaliste, passé à la mise en scène après avoir suivi les cours du prestigieux Centra Sperimentale du Cinematografia, d’où il sort diplômé à la fin des années 1930. Il se spécialisera dans les films d’aventure et les péplums, genres dans lesquels il évoquera quelques grands noms de l’histoire et de la mythologie comme Marco Polo (1962), Cléopâtre, une reine pour César (1962) et Goliath et le Cavalier masqué (1963). Ancien scénariste de Mario Bava (La ruée des VikingsGli invasori) et de Riccardo Freda (Maciste en enferMaciste all’inferno), Piero Pierotti suivra les modes et les goûts des spectateurs au fil des ans. C’est le cas de ce western, La Dernière balle à pile ou face, qu’il réalise à la fin des années 1960 alors qu’il est déjà diminué par la maladie. Ce sera d’ailleurs son avant-dernier film, son ultime opus La Grande avventura di Scaramouche étant sorti après son décès prématuré à l’âge de 58 ans. Testa o croce est un western atypique, peu aimable, placé sous le signe de la vengeance. Avec sa partition étonnante signée Carlo Savina, le réalisateur livre un film désabusé, noir, pessimiste, qui laisse une belle place aux rôles féminins parmi lesquels se distingue la sublime Edwige Fenech dans l’une de ses premières apparitions au cinéma, avant de devenir une icône du cinéma d’exploitation.

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Test DVD / Tire, Django, tire !, réalisé par Bruno Corbucci

TIRE, DJANGO, TIRE ! (Spara, Gringo, spara) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Brian Kelly, Keenan Wynn, Erika Blanc, Folco Lulli, Fabrizio Moroni, Linda Sini, Rik Battaglia, Giovanni Pallavicino…

Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h31

Année de sortie : 1968

LE FILM

Fraîchement évadé de prison, Django se fait attraper par Guttierez, un riche propriétaire terrien, qui l’oblige à aller chercher son fils, Fidel, parti rejoindre une bande de malfrats. Django se lance sur la piste, dans le désert mexicain, et devra en découdre avec les bandits, avant de se rendre compte que les intentions du père ne sont pas des plus bienveillantes.

Dans la famille Corbucci je voudrais le frère cadet ! Enfin celui qui est moins connu que son aîné Sergio (1927-1990), autrement dit Bruno Corbucci (1931-1996). Aussi passionné par le septième art que le premier, le plus jeune de la fratrie débute sa carrière comme scénariste au début des années 1960, en se spécialisant notamment dans les comédies interprétées par Totò, mais aussi et surtout mises en scènes par Sergio, Chi si ferma è perduto, I due marescialli, Lo smemorato di Collegno et Il monaco di Monza. Il passe derrière la caméra en 1965 avec la comédie musicale Questo pazzo, pazzo mondo della canzone, mais c’est avec les deux opus de James Tont, variations italiennes et comiques des opus de l’agent 007, intitulées James Tont operazione U.N.O. et James Tont operazione D.U.E. que le succès arrive, trois longs métrages sortis la même année. Alors qu’il tourne pas moins de trois films par an, Bruno Corbucci et son frère écrivent en 1966 un western devenu mythique, Django, réalisé par Sergio. Devant le triomphe rencontré par ce dernier, Bruno décide de signer lui aussi un western. Ce sera Spara, Gringo, spara, éhontément retitré Tire, Django, tire ! dans nos contrées, afin de surfer sur la popularité du film avec Franco Nero. Western classique, mais rudement bien mené, excellemment mis en scène et interprété par l’américain Brian Kelly (1931-2005), héros de la série Flipper le dauphin et futur producteur de Blade Runner de Ridley Scott (si si), Tire, Django, tire ! reste un savoureux divertissement et sa bonne réputation n’est pas usurpée.

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Test DVD / Mississippi Blues, réalisé par Bertrand Tavernier et Robert Parrish

MISSISSIPPI BLUES réalisé par Bertrand Tavernier et Robert Parrish, disponible en DVD depuis le 13 janvier 2012 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Bertrand Tavernier, Robert Parrish, William Ferris…

Scénario : Bertrand Tavernier, Robert Parrish

Photographie : Pierre-William Glenn

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

D’un long périple sur les routes du « Vieux Sud » américain, les cinéastes Bertrand Tavernier et Robert Parrish ont ramené une moisson d’images pittoresques, hommage sensible à un pays qui, au-delà de ses propres mythes, est resté fidèle à lui-même. Des lieux qui inspirèrent William Faulkner à ceux qui virent gronder la révolte noire dans les années 60, les deux voyageurs n’ont pas hésité à se mêler aux populations locales, dans les églises, les « bars à blues » ou ailleurs…

Le passé n’est pas mort. Il n’est même pas encore passé.

William Faulkner.

Plus que les Etats-Unis, Bertrand Tavernier a toujours été fasciné par l’histoire du Sud du pays. En 1983, il décide de s’y rendre pour réaliser un de ses rêves, faire un voyage de six semaines à travers l’état du Mississippi, bordé à l’ouest par la Louisiane et l’Arkansas, au nord par le Tennessee, à l’est par l’Alabama et au sud par le golfe du Mexique. Avec une équipe réduite, mais aussi avec l’aide du réalisateur-scénariste Robert Parrish, Bertrand Tavernier traverse les routes et part à la rencontre d’hommes et de femmes, d’étudiants et d’hommes d’église, d’afro-américains et de blancs, de chômeurs et d’hommes de pouvoir. En résulte le fabuleux portrait d’un pays figé dans ses traditions, gangrené par le racisme, la suprématie des WASP, rongée par le manque de travail et la pauvreté. Mississippi Blues est un fabuleux film-documentaire, à travers lequel la musique, omniprésente, prend également une place importante et devient une complainte pour résister et survivre.

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