Test Blu-ray / Chiens perdus sans collier, réalisé par Jean Delannoy

CHIENS PERDUS SANS COLLIER réalisé par Jean Delannoy, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Dora Doll, Robert Dalban, Jane Marken, Anne Doat, Serge Lecointe, Jacky Moulière, Jimmy Urbain, Jean-Jacques Delbo, Claire Olivier, Renée Passeur…

Scénario : Jean Aurenche, François Boyer & Pierre Bost, d’après le roman de Gilbert Cesbron

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Placé chez des fermiers assez rudes, le petit Alain Robert met le feu à la grange en jouant et s’enfuit. Croyant ses parents en vie, il espère les retrouver grâce à la publication de sa photo dans la presse. Arrêté pour vagabondage, Alain est amené à Julien Lamy, juge pour enfants, qui l’envoie au centre de Ternerey. Le garçon fait le voyage en compagnie d’un autre délinquant, Francis Lanoux. Au centre, les deux jeunes se lient d’amitié. Brimés par les surveillants, ils décident de s’évader et mettent au point un plan qui ne peut échouer. Les voilà maintenant de retour sur les routes du pays, en quête de nouvelles aventures…

1955 est définitivement l’année où Jean Gabin reprend sa place sur la première marche du cinéma français, depuis son retour en grâce avec Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, sorti l’année précédente, qui avait attiré plus de 4,7 millions de français dans les salles. En 1955, le comédien est partout avec six films sortis de façon très rapprochée. Il est à la fois le Maréchal Lannes dans le Napoléon de Sacha Guitry, le « Nantais » dans Razzia sur la chnouf de Henri Decoin, le commandant Le Quevic dans Le Port du désir de Edmond T. Gréville, directeur de cabaret dans French Cancan de Jean Renoir, camionneur dans Gas-oil de Gilles Grangier et juge des enfants dans Chiens perdus sans collier de Jean Delannoy. Au total, plus de 21 millions de spectateurs seront réunis sur l’ensemble de ces films, montrant ainsi que le roi du box-office est bel et bien revenu sur son trône. Trois ans après La Minute de vérité, où il partageait l’affiche avec Michèle Morgan et Daniel Gélin, Jean Gabin retrouve Jean Delannoy (1908-2008), avec lequel il tournera six longs-métrages, dont Maigret tend un piège (1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959), Le Baron de l’écluse (1960) et Le Soleil des voyous (1967). Aujourd’hui, Chiens perdus sans collier est un peu oublié dans la filmographie conséquente du « Vieux ». Pourtant, ce dernier y trouve un rôle singulier qui lui permet de faire preuve d’une délicatesse et d’une immense sensibilité que celui-ci préférait souvent calfeutrer, étant un homme d’une grande pudeur. Il se retrouve ici dans la peau d’un magistrat spécialisé dans les problèmes de l’enfance, institution prévue en matière pénale, par l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. Mais les jeunes qu’il rencontre dans l’exercice de ses fonctions sont-ils réellement des délinquants ? Alors que certains y voient de futurs truands et des graines de gangsters, ce juge sait qu’ils sont pour la plupart des enfants sans parents, sans foyer, sans amour. Jean Gabin apporte à son personnage une humanité hors-normes, capable en un regard de montrer une empathie qu’il n’exprimera pas forcément à l’oral, déontologie oblige. Chiens perdus sans collier est un drame non dénué d’humour, mais bourré de tendresse, qui se double d’un témoignage sur un problème social qui n’a fait que s’exacerber. Si une partie de l’audience dira que beaucoup de situations ne sont pas réalistes, les autres se laisseront porter par l’émotion distillée par ces portraits de gamins sauvages, à qui le juge Lamy tente de redonner une chance.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Chiens perdus sans collier, réalisé par Jean Delannoy »

Test Blu-ray / Betty, réalisé par Claude Chabrol

BETTY réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Marie Trintignant, Stéphane Audran, Jean-François Garreaud, Yves Lambrecht, Christiane Minazzoli, Pierre Vernier, Nathalie Kousnetzoff, Pierre Martot…

Scénario : Claude Chabrol, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Matthieu Chabrol

Durée : 1h44

Année de sortie : 1992

LE FILM

Déjà très imbibée, Betty se retrouve dans un bar appelé « Le Trou ». Là, elle est prise sous la protection d’une habituée, Laure, elle aussi alcoolique. Ses discussions avec Laure l’amènent à replonger dans son passé. Comment a-t-elle pu se laisser chasser par son mari et sa famille, si respectables, et leur abandonner ses enfants ? Et maintenant, comment remonter la pente, comment sortir du « trou » ?

Rétrospectivement, Betty est le 45e long-métrage de Claude Chabrol, sa deuxième adaptation d’un roman de Georges Simenon et sa seconde collaboration avec Marie Trintignant. Le film se place entre Madame Bovary (1991) – auquel le film est étrangement lié dans sa thématique – et le documentaire L’Oeil de Vichy (1993). Et c’est aussi l’un des sommets de la carrière prolifique du cinéaste, qui offre ici à sa comédienne, l’un de ses plus grands rôles. Magnétique, quasiment de tous les plans, dans chaque scène, elle électrise, vampirise l’écran du début à la fin, accroche le spectateur dès sa première apparition, qui littéralement hypnotisé par son regard noyé d’alcool, sa voix éraillée par les litres de liquide brun qu’elle ingurgite sans reprendre son souffle, si ce n’est pour prendre une taffe d’une cigarette toujours allumée sur le coin d’une table ou à même le comptoir. Betty est une femme qui a un passé, un avenir on ne sait pas encore et même le présent est incertain tant celui ne se résume qu’à la multiplication des verres de whisky qu’elle s’enfile les uns à la suite des autres. Quand soudain, elle fait la rencontre inattendue d’une femme qui lui renvoie son propre reflet, mais avec quelques années de plus. Ce sera un évènement catalyseur dans la vie de Betty, qui va faire un point sur son existence, en se débarrassant déjà d’un passé encore vivace, qui l’englue dans la bibine qu’on imagine frelatée et qui parvient à peine à l’anesthésier comme elle le souhaiterait. Forcément, on pense à la fin tragique de Marie Trintignant devant Betty, réalisé onze ans avant sa disparition certes, mais où l’on ne peut s’empêcher d’être encore plus bouleversé devant la magistrale prestation de cette actrice singulière, qui n’avait qu’à apparaître à l’écran pour nous bousculer. Difficile de ne pas s’apitoyer sur le sort de Betty, même si l’on découvre petit à petit comment elle en est arrivée là et qu’elle n’est pas innocente dans l’événement qui a précipité son « exil », le rejet de sa famille. Betty est assurément l’un des chefs d’oeuvre de Claude Chabrol, qui s’empare à bras le corps et avec virtuosité du livre de Georges Simenon pour prolonger sa propre réflexion sur ses thèmes de prédilection.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Betty, réalisé par Claude Chabrol »

Test Blu-ray / Les Contrebandiers de Santa Lucia, réalisé par Alfonso Brescia

LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA (I contrabbandieri di Santa Lucia) réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Merola, Antonio Sabàto, Gianni Garko, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Sabrina Siani, Lorraine De Selle, Marco Girondino…

Scénario : Ciro Ippolito & Piero Regnoli

Photographie : Silvio Fraschetti

Musique : Eduardo Alfieri

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.

Au cours de nos chroniques, nous avons déjà parlé d’Alfonso Brescia (1930-2001), parfois connu sous son pseudonyme Al Bradley, ancien assistant de Roberto Bianchi Montero, Giuseppe Vari, Mario Amendola, Silvio Amadio, Mario Caiano, grâce auxquels il apprend son boulot de metteur en scène sur leurs comédies, péplums et films d’aventures. En 1964, il passe lui-même derrière la caméra avec La Révolte des prétoriens La rivolta dei pretoriani, très vite suivi du Gladiateur magnifique Il magnifico gladiatore (1964), avec Mark Forest. Le réalisateur signera une cinquantaine de longs-métrages, en passant par tous les genres possibles et imaginables, dont les titres demeurent emblématiques du cinéma Bis et reflètent l’évolution des goûts du public, Goldocrack à la conquête de l’Atlantide Il conquistatore di Atlantide (1965), Furie au Missouri – Il Giorni della violenza (1967). Tête de pont pour huit implacables Testa di sbarco per otto implacabili (1968), Le Labyrinthe du sexe Nel labirinto del sesso (1969), Un joli corps qu’il faut tuer Il tuo dolce corpo da uccidere (1970), Le Manoir aux filles Ragazza tutta nuda assassinata nel parco (1972), Supermen contre les Amazones Superuomini, superdonne, superbotte (1975), La Bataille des étoiles Cosmo 2000 – Battaglie negli spazi stellari (1978) et bien d’autres. A la fin des années 1970, Alfonso Brescia délaisse la science-fiction, il venait d’emballer quatre « space opera » et revient au polar mafieux avec Napoli serenata calibro 9, L’Ultimo guappo, Il mammasantissima et Les Contrebandiers de Santa Lucia I contrabbandieri di Santa Lucia, les quatre films ayant pour particularité d’avoir été tournés à Naples. S’il retrouvera le polizziotescho et cette ville encore après, le film qui nous intéresse est donc Les Contrebandiers de Santa Lucia, formidable thriller qui propose à la fois une intrigue policière solide doublée d’une dimension documentaire puisqu’Alfonso Brescia y plonge sa caméra dans les rues, dans les us et coutumes de Naples, au milieu de ses habitants, de leur quotidien et de leurs magouilles.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Contrebandiers de Santa Lucia, réalisé par Alfonso Brescia »

Test Blu-ray / Demonic, réalisé par Neill Blomkamp

DEMONIC réalisé par Neill Blomkamp, disponible en DVD et Blu-ray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Carly Pope, Nathalie Boltt, Terry Chen, Chris William Martin, Michael J Rogers, Andrea Agur…

Scénario : Neill Blomkamp

Photographie : Byron Kopman

Musique : Ola Strandh

Durée : 1h45

Année de sortie : 2021

LE FILM

Grâce à un procédé révolutionnaire, une jeune femme pénètre dans l’esprit de sa mère, condamné pour meurtres et désormais plongée dans le coma. Mais l’exploration de son inconscient tourne à l’affrontement, libérant un démon tapis dans l’ombre.

Vade retro Satana ! Hors d’ici, déguerpis, fous le camp ! Oui oui, c’est bien à Neill Blomkamp que l’on s’adresse après avoir subi son dernier foirage en date, Demonic, tourné en cachette en Colombie-Britannique durant la pandémie de 2020. Rappelez-vous, District 9 c’était pourtant sympa en 2009 et surtout prometteur, Peter Jackson l’avait compris en produisant ce premier long-métrage aussi singulier que puissant, sur le fond comme sur la forme. Malheureusement, on a très vite déchanté en découvrant ses deux opus suivants, Elysium en 2013 (Zzz zzzz) et Chappie en 2015 (reZzz zzzz…), soporifiques, emballés à la va-comme-je-te-pousse et très mal écrits. Devant la médiocrité insondable de Demonic, on en vient maintenant à se demander si Peter Jackson n’était pas lui-même l’auteur et le réalisateur de District 9. Toujours est-il, qu’on est quand même rassuré que les studios lui aient opposé un refus catégorique de lancer son épisode d’Alien ou de RoboCop sur lesquels il avait longtemps planché. De toute façon, ceux-ci étaient déjà occupés avec leurs affreux Alien Covenant et RoboCop (version 2014). Neill Blomkamp n’avait pas sorti de bidule filmé depuis cinq ans. Après ses projets avortés, le cinéaste sud-afro-canadien (né en 1979) s’est mis à écrire un nouveau « film » « original », Demonic donc, qui fait fâcheusement penser à The Cell de Tarsem Singh, une version Wish plutôt. L’ancien spécialiste des effets spéciaux, auteur de clips et de films publicitaires, n’a ici plus rien à dire et tente un coup de bluff en revenant au film de genre. Malgré un départ prometteur, c’est une catastrophe à tout point de vue, ou presque puisque l’on peut néanmoins sauver l’interprétation de la comédienne principale, la canadienne Carly Pope, qui apparaissait dans Elysium, une jolie révélation. Elle est la seule raison pour laquelle nous sommes parvenus à aller au bout de ce marasme qui reflète le manque total d’inspiration de Neill Blomkamp, aussi bien au niveau du scénario que de la mise en scène. Ratage monumental.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Demonic, réalisé par Neill Blomkamp »

Test Blu-ray / La Révélation, réalisé par Alain Lavalle

LA RÉVÉLATION réalisé par Alain Lavalle, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Olga Georges-Picot, Juliette Mills, Sady Rebbot, Robert Etcheverry, Jacques Santi, Danièle Vlaminck, Daniel Sarky, France Verdier, Garlonne Errlichman…

Scénario : Giova Selly

Photographie : Claude Beausoleil

Musique : Nachum Heiman

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Claire est seule pendant les vacances, enfants et mari étant partis. Elle connaîtra les joies de l’adultère grâce à une amie.

Avant de réaliser La Révélation, qui restera probablement son seul long-métrage de fiction, Alain Lavalle avait été l’assistant d’Eddy Matalon (Trop petit mon ami). C’est ce dernier qui confie à Alain Lavalle le soin de tourner La Révélation, d’après un scénario de Giova Selly, alias Giova Lavalle, sa compagne. Avant tout ethnologue et psychologue, romancière spécialisée dans les histoires sentimentales (elle a écrit des célèbres romans-photos pour Nous-Deux), historiques et policières, Giova Selly signe ici son unique histoire pour le cinéma. Vu le bagage de l’écrivaine et son talent pour dépeindre les comportements, ainsi que les mœurs de ses personnages, il n’est pas étonnant que La Révélation détonne quelque peu dans le cinéma érotique des années 1970, avec notamment un spleen qui accompagne la protagoniste, Claire, interprétée par la troublante Olga Georges-Picot, dont le regard triste foudroie instantanément et ce durant les 80 minutes de cet étrange long-métrage, à la fois maladroit (de par sa mise en scène), souvent ennuyant en raison de digressions dites « auteuristes », mais aussi généralement fascinant grâce à la présence, l’aura et le charisme de son actrice principale.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Révélation, réalisé par Alain Lavalle »

Test Blu-ray / U Turn – Ici commence l’enfer, réalisé par Oliver Stone

U-TURN (U-Turn : ici commence l’enfer) réalisé par Oliver Stone, disponible en DVD et Blu-ray le 21 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Sean Penn, Jennifer Lopez, Nick Nolte, Powers Boothe, Claire Danes, Billy Bob Thornton, Jon Voight, Joaquin Phoenix…

Scénario : John Ridley, d’après son roman

Photographie : Robert Richardson

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Bobby Cooper casse une durite de sa rutilante Ford Mustang rouge de juin 1964 sur une route isolée dans le désert. Il se rend à la petite ville de Superior en Arizona, où Darrell le seul garagiste local un peu farfelu et surtout malhonnête lui annonce des délais de réparations imprévisibles et importants. Obligé de prendre son mal en patience, Bobby a l’occasion de se frotter à l’hostilité et à la stupidité des locaux mais aussi de s’attirer des ennuis lorsqu’il tente de séduire la captivante Grace qui est mariée à l’irascible Jake.

Après le beau succès de Tueurs-nés Natural Born Killers en 1994 qui l’a remis en selle après l’important échec commercial d’Entre Ciel et Terre Heaven & Earth l’année précédente, Oliver Stone (né en 1946) peut enfin plancher sur un film qui lui tient à coeur, Nixon. Malheureusement, malgré des critiques enthousiastes, ce biopic est un four dans les salles, ne rapportant que 14 millions de dollars aux Etats-Unis et un peu plus de vingt millions dans le reste du monde, pour un budget alors colossal de 50 millions. Profondément atteint par ce rejet en masse, d’autant plus que sa situation personnelle partait également en sucette, le réalisateur connaît l’une des plus mauvaises passes de sa vie. Tout ce mal-être, cette remise en question imposée et cette folie doivent s’extérioriser. La catharsis arrive rapidement. Oliver Stone jette son dévolu sur le roman de John Ridley Ici commence l’enfer Stray Dogs, l’écrivain adaptant lui-même son propre livre, même s’il a été prouvé par la suite que le metteur en scène aura intégralement repris le scénario, qui rappelle d’ailleurs furieusement le génial Red Rock West de John Dahl (1993). Ainsi naquit douloureusement U-Turn : ici commence l’enfer, le plus dingue et le plus jubilatoire des filmsde l’auteur de Platoon, Wall Street, The Doors et JFK. Un quart de siècle après sa sortie, qui était passée complètement inaperçue, cet opus n’a eu de cesse de voir son audience et ses aficionados croître, au point de figurer souvent dans le top 5 des films d’Oliver Stone préférés des cinéphiles. U-Turn n’aura donc pas connu de succès immédiat, mais aura au moins permis au cinéaste de chasser (provisoirement ou définitivement ?) ses démons, de se réinventer, de se purger, de trouver une nouvelle bouffée d’air frais, puisque deux ans plus tard, il connaîtra son plus grand hit après Platoon, L’Enfer du dimanche Any Given Sunday. En l’état, U-Turn : ici commence l’enfer est un…PUTAIN DE CHEF D’OEUVRE.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / U Turn – Ici commence l’enfer, réalisé par Oliver Stone »

Test Blu-ray / Le Trou normand, réalisé par Jean Boyer

LE TROU NORMAND réalisé par Jean Boyer, disponible en Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Gaumont.

Acteurs : Bourvil, Jane Marken, Brigitte Bardot, Jeanne Fusier-Gir, Pierre Larquey, Jean Duvaleix, Noël Roquevert, Georges Baconnet…

Scénario : Arlette de Pitray

Photographie : Charles Suin

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Célestin Lemoine, l’aubergiste d’un village normand, vient de mourir. Il a légué le «Trou normand» à Hippolyte, son neveu. Celui-ci pourra prendre possession de son bien à une condition : décrocher le certificat d’études. Faute de quoi, l’auberge reviendra à la belle-soeur du défunt, la cupide Augustine, et à sa fille Javotte. C’est ainsi qu’à l’âge de 32 ans, Hippolyte se voit obligé de retourner à l’école. Quoiqu’un peu innocent, le jeune homme montre beaucoup de bonne volonté et va même jusqu’à suivre des cours particuliers. Sa tante met tout en oeuvre pour perturber le cours de ses études…

Le Trou normand est pour ainsi dire l’ultime long-métrage dans lequel Bourvil, alors âgé de 35 ans, incarne le normand benêt, naïf et bonne pâte. C’est aussi sa troisième et avant-dernière collaboration avec le réalisateur Jean Boyer (1901-1965), après l’énorme succès du Rosier de madame Husson (1950) et de Garou-Garou, le passe-muraille (1951), et avant une participation dans Cent Francs par seconde (1953) où il joue son propre rôle. Il est impeccable dans la peau de ce dadais lunaire du cru, dont l’innocence et la gentillesse contrastent avec l’arrivisme et la bassesse de sa cousine, interprétée par une jeune actrice de 17 ans, Brigitte Bardot, dans son premier rôle au cinéma. Comédie populaire au sens noble du terme, Le Trou normand conserve un charme inaltérable, qui sent bon la province, le cidre et le grillé aux pommes. Complètement inoffensive, cette facétie repose sur la nature chaleureuse et attachante de son acteur principal, ainsi que sur un casting de formidables seconds couteaux et des dialogues soignés.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Trou normand, réalisé par Jean Boyer »

Test Blu-ray / Junior, réalisé par Ivan Reitman

JUNIOR réalisé par Ivan Reitman, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 17 août 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Emma Thompson, Frank Langella, Pamela Reed, Aida Turturro, James Eckhouse, Megan Cavanagh…

Scénario : Kevin Wade & Chris Conrad

Photographie : Adam Greenberg

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1994

LE FILM

Les recherches du docteur Alex Hesse, un savant autrichien qui travaille aux États-Unis, sont sur le point d’aboutir, son traitement devrait enfin assurer aux femmes des grossesses sans risque. Mais les autorités estiment qu’elles ont assez attendu, et interrompent le financement du projet avant qu’il ait pu être testé sur les humains. Alex songe déjà à rentrer en Europe quand son associé, le gynécologue Larry Arbogast, lui suggère de vérifier les bienfaits de son traitement sur sa propre personne. Alex accepte de placer dans son abdomen un ovule fécondé, volé par Larry dans le stock du docteur Diana Reddin, et prénommé Junior. Désormais «enceint», Alex s’installe chez Larry, dont l’ex-épouse, Angela, attend aussi un enfant…

Sorti dans les salles américaines pour les fêtes de Noël 1990, Un flic à la maternelle Kindergarten Cop engrange plus de 200 millions de dollars en bout de course pour un budget de trente millions, tandis que deux millions de français viennent rire aux aventures de John Kimble. Soit un score similaire à celui de Jumeaux Twins deux ans auparavant. C’est donc une affaire qui roule entre Arnold Shwarzenegger et Ivan Reitman, le premier n’hésitant pas à faire un petit caméo dans le génial Président d’un jour Dave du second en 1993. C’est peut-être à ce moment-là que les deux décident de remettre le couvert, mais en invitant leur complice Danny DeVito à venir les rejoindre pour une nouvelle comédie. Ce sera Junior. Longtemps mal aimé, y compris par l’auteur de ces mots, jugé insipide et incapable d’aller au-delà de son postulat de départ improbable (et cette fois encore lié à une manipulation génétique), cet opus nanti d’un très gros budget de 60 millions de dollars – dont un quart rien que pour la star – n’en rapporte que 35 millions sur le sol de l’Oncle Sam, mais s’en sort heureusement dans le reste du monde, parvenant même à amasser près de 110 millions au final. En l’état, surtout après le carton mondial de True Lies quatre mois auparavant, c’est un nouveau revers au box-office pour le Chêne Autrichien, un an après celui de Last Action Hero de John McTiernan. Si Ivan Reitman a toujours déclaré qu’il s’agissait de sa comédie préférée parmi les trois faites avec Arnold Schwarzenegger, Junior demeure souvent poussif et le duo reformé de Jumeaux ne retrouve pas l’étincelle qui en faisait une réussite. Toutefois, rétrospectivement, nous pouvons sauver la prestation désopilante d’Emma Thompson, dont alchimie avec Schwarzy est inattendue, ce dernier prenant aussi un évident plaisir à être « enceint » à l’écran. Est-ce en raison de la baisse qualitative de la comédie américaine depuis quinze ans, en dépit du sursaut provoqué par Judd Apatow, toujours est-il que nous redécouvrons aujourd’hui Junior, produit hollywoodien qui sentait bon ce parfum d’artisanat qui a quasiment disparu.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Junior, réalisé par Ivan Reitman »

Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica

UMBERTO D. réalisé par Vittorio De Sica, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Lina Gennari, Ileana Simova, Elena Rea, Memmo Carotenuto…

Scénario : Cesare Zavattini

Photographie : G.R. Aldo

Musique : Alessandro Cicognini

Durée : 1h25

Année de sortie : 1952

LE FILM

Fonctionnaire à la retraite, Umberto D. ne parvient plus à subvenir à ses besoins. Ayant pour seul refuge une pension en piteux état, il occupe ses journées à chercher de l’argent, accompagné par son fidèle chien Flike.

Depuis 1946, Vittorio De Sica a enchaîné Sciuscià, Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan. Figure emblématique du néoréalisme, le cinéaste et comédien a conquis le monde entier avec ces trois longs-métrages, qui lui ont valu l’Oscar du meilleur film étranger en 1947 et en 1949 pour les deux premiers, et la Palme d’or au 4e Festival de Cannes (ex-æquo avec Mademoiselle Julie d’Alf Sjöberg) pour le troisième. Cela fait une dizaine d’années que Vittorio de Sica compile les rôles comiques qui l’ont rendu très populaires au cinéma comme au théâtre. Au début des années 40, le comédien s’essaye à la mise en scène avec Madeleine, zéro de conduite – Maddalena, zero in condotta, Roses écarlates – Rose scarlatte et Mademoiselle VendrediTeresa Venerdì qui révèle Anna Magnani. Si ces trois comédies restent anecdotiques, c’est avec Les Enfants nous regardent – I bambini ci guardano, où il n’apparaît pas et par ailleurs son premier film dramatique, que naît le grand metteur en scène et l’un des pères fondateurs du néoréalisme. C’est aussi sur ce film que naît sa collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini. Rétrospectivement, Umberto D. est la fin d’un cycle qui a démarré sur des enfants et se clôt en se concentrant sur la vieillesse d’un homme. Pourtant, on y retrouve une fois de plus les thèmes de prédilection du cinéaste, même si le monde des adultes vu à travers les yeux d’un d’enfant et l’enfance malheureuse sont cette fois remplacés par le point de vue d’un vieillard, comme si rien n’avait changé ou plutôt comme si tout était immuable peu importe l’âge. Les films se rejoignent par les sujets de la fin de l’insouciance, de la difficulté du quotidien, de la solitude et des lendemains incertains. Umberto D. est inspiré en partie par le propre père de Vittorio De Sica, dont le père s’appelait Umberto De Sica (à qui le film est dédié), là où le personnage se prénomme Umberto Domenico Ferrari dans le film. Ce sublime mélodrame, pilier fondamental dans la filmographie conséquente et importante du réalisateur met à nouveau en avant les problèmes de la société italienne, dont la politique n’a de cesse de creuser le fossé entre les classes sociales. Le final « ouvert » qui peut laisser perplexe démontre en réalité que l’homme doit accepter à se résigner. Umberto D. est donc la fin d’un cycle, d’une ère, d’un genre, et surtout un monument du cinéma italien et international.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica »

Test Blu-ray / Méandre, réalisé par Mathieu Turi

MÉANDRE réalisé par Mathieu Turi, disponible en DVD et Blu-ray le 8 septembre 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Gaia Weiss, Peter Franzén, Romane Libert, Frédéric Franchitti, Corneliu Dragomirescu, Eva Niewdanski…

Scénario : Mathieu Turi

Photographie : Alain Duplantier

Musique : Frédéric Poirier

Durée : 1h31

Année de sortie : 2020

LE FILM

Une jeune femme se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…

Le réalisateur et scénariste Mathieu Turi (né en 1987) s’est fait connaître en 2018 avec son premier long-métrage Hostile, film d’horreur post-apocalyptique produit par Xavier Gens, présenté dans multiples festivals à travers le monde et déjà centré sur un personnage féminin. Doté d’un large bagage technique qu’il s’est entre autres forgé en tant qu’assistant auprès de Quentin Tarantino (Inglourious Basterds), Clint Eastwood (Au-delà), Guy Ritchie (Sherlock Holmes : Jeu d’ombres), Fred Cavayé (Mea Culpa) et Luc Besson (Lucy), le jeune metteur en scène peut désormais voler de ses propres ailes, ce qu’il fait avec son deuxième essai et coup de maître, Méandre. Pour ce second film, Mathieu Turi revient une fois de plus à la science-fiction matinée d’horreur en signant un tour de force, puisqu’il y dirige essentiellement une seule comédienne, Gaia Weiss, qui livre une performance exceptionnelle, tout en proposant aux spectateurs de vivre une véritable et anxiogène expérience de cinéma à laquelle on n’arrête pas de penser encore bien après.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Méandre, réalisé par Mathieu Turi »