Test Blu-ray / Les Tueurs de la lune de miel, réalisé par Leonard Kastle

LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL (The Honeymoon Killers) réalisé par Leonard Kastle, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 25 novembre 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Shirley Stoler, Tony Lo Bianco, Dorothy Duckworth, Doris Roberts, Marilyn Chris, Mary Jane Higbee, Kip McArdle, Barbara Cason…

Scénario : Leonard Kastle

Photographie : Oliver Wood

Musique : Gustav Malher

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Martha Beck n’est qu’une inoffensive infirmière aux formes généreuses. Du moins jusqu’au jour où elle répond à l’annonce matrimoniale des « Cœurs solitaires » de Raymond Fernandez, gigolo et arnaqueur au mariage. Désormais inséparables, liés par la même passion subversive, ils écument les États-Unis, piègent veuves et femmes seules pour les voler d’abord. Les assassiner sauvagement ensuite.

Les Tueurs de la lune de miel The Honeymoon Killers est inspiré d’un fait divers, d’une histoire vraie, d’un couple authentique. Raymond Martinez Fernandez et Martha Beck. L’homme d’origine hispanique rencontre Martha Beck par l’intermédiaire d’une petite annonce, auxquelles il prend l’habitude de répondre, écrites par quelques vieilles filles toujours à la recherche du prince charmant. Cela devient un rituel, Raymond démarre une correspondance, puis donne rendez-vous à un « coeur à prendre », puis, l’alcool aidant, parvient à se rendre chez la victime pour ensuite dérober leur argent et leurs biens, mais cela peut même lui arriver d’épouser sa proie et de prendre du bon temps aux frais de la princesse, avant de déguerpir. 1947, Fernandez et Beck entrent en collision. Cette dernière est atteinte d’un dérèglement hormonal depuis son enfance et souffre de ce fait d’un surpoids conséquent, la renfermant sur elle-même. Elle devient infirmière, ne pense qu’à son travail la journée, puis rentre chez elle où elle s’évade en lisant des romans sentimentaux…Un jour, elle publie une annonce…leur rencontre aboutira à l’assassinat d’une vingtaine de femmes entre 1947 et 1949. Ce récit influencera le cinéma et la télévision, Les Tueurs de la lune de miel étant la première adaptation et restera d’ailleurs le seul et unique long-métrage de Leonard Kastle. En effet, dramaturge, chef d’orchestre et compositeur d’opéra avant tout, il se retrouve à la barre des Tueurs de la lune de miel, par accident en fait, étant devenu ami avec le producteur Warren Steibel, qui s’était chargé précédemment de la diffusion d’opéras mis en scène par Leonard Kastle. Ce dernier se voit confier par Streibel de réaliser des recherches sur l’histoire Fernandez-Beck, à partir des archives judiciaires du tribunal du Bronx. Un réalisateur est engagé…il s’agit de Martin Scorsese, remarqué avec Who’s That Knocking at My Door. Le tournage commence, mais trouvant que ce type de 26 ans perd trop de temps sur quelques plans « inutiles » et des inserts, le jeune Scorsese est congédié une semaine seulement après le début des prises de vue pour « divergences artistiques avec la production ». C’est donc là qu’intervient Leonard Kastle, catapulté derrière la caméra du jour au lendemain, heureusement solidement épaulé par le directeur de la photographie Oliver Wood. Échec commercial, mais soutenu par une critique très positive, surtout en Europe où François Truffaut, Marguerite Duras et Michelangelo Antoniono le couvrent d’éloges, Les Tueurs de la lune de miel est devenu une référence du thriller centré sur les tueurs en série. Sa sécheresse de ton, ses partis pris documentaires, sa beauté plastique et l’excellence de ses deux têtes d’affiche Shirley Stoler et Tony Lo Bianco ont ensuite très largement contribué à la pérennité de ce désormais film culte.

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Test Blu-ray / Tu fais pas le poids, shérif !, réalisé par Hal Needham

TU FAIS PAS LE POIDS, SHÉRIF ! (Smokey and the Bandit II) réalisé par Hal Needham, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 17 février 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Burt Reynolds, Sally Field, Jerry Reed, Paul Williams, Pat McCormick, Dom DeLuise, David Huddleston…

Scénario : Jerry Belson & Brock Wates, d’après une histoire originale de Hal Needham, Michael Kane & Robert L. Levy

Photographie : Michael C. Butler

Musique : Snuff Garrett

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1980

LE FILM

Au Texas, Big Enos brigue le poste de gouverneur. Cependant, John Conn, son adversaire, n’a pas l’intention de se laisser distancer. Pour ridiculiser son rival, Big Enos imagine un plan diabolique. Il s’agit de convaincre Bandit de convoyer une femelle éléphant enceinte, jusqu’à la convention républicaine de Miami et ce, pour un salaire de 400.000 dollars.

Quand vous êtes le seul film à avoir su concurrencer Star Wars en 1977, forcément l’idée de faire une suite vous trotte dans la tête ! Un peu plus de trois ans après le premier opus, déboule sur les écrans américains Tu fais pas le poids, shérif !, ou tout simplement Smokey and the Bandit II en version originale. On prend les mêmes et on recommence devant et derrière la caméra, autrement dit Hal Needham à réalisation, Burt Reynolds, Sally Field, Jackie Gleason, Paul Williams, Pat McCormick et Mike Henry au casting. Mais le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, on déchante même très rapidement devant la paresse d’un scénario qui se contente de reprendre des éléments du volet précédent, sans aucune imagination. Là où Cours après moi, shérif ! parvenait à maintenir l’attention durant 90 minutes, pied au plancher, dans une course-poursuite quasi-ininterrompue, Tu fais pas le poids, shérif ! ne cesse de caler, d’avancer par à-coups, sans jamais retrouver la magie du film original. Si tout le monde semble être heureux de se réunir (même si Burt Reynolds avouera qu’Universal l’a poussé à le faire pour des raisons purement lucratives), les spectateurs risquent de trouver le temps long de leur côté, ce qui avait déjà été le cas en 1980, puisque les résultats au box-office n’auront pas été aussi « enthousiasmants », avec 66 millions de dollars de recette, soit près de 230 millions de dollars aujourd’hui. Un énorme succès tout de même, mais celles et ceux qui s’attendaient à découvrir une nouvelle comédie d’action, seront sans doute déçus en se retrouvant plutôt face à Burt Reynolds en prise avec…un éléphant…Quelques bons moments, mais rien de véritablement marquant.

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Test Blu-ray / Cours après moi, shérif !, réalisé par Hal Needham

COURS APRÈS MOI, SHÉRIF ! (Smokey and the Bandit) réalisé par Hal Needham, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 19 janvier 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Burt Reynolds, Sally Field, Jack Reed, Mike Henry, Paul Williams, Pat McCormick, Alfie Wise, George Reynolds…

Scénario : James Lee Barrett, Charles Shyer & Alan Mandel, d’après une histoire originale de Hal Needham & Robert L. Levy

Photographie : Bobby Byrne

Musique : Bill Justis & Jerry Reed

Durée : 1h36

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Surnommé le Bandit, le routier Bo Darville relève le défi que lui fixe le millionnaire Enos Burdette : transporter, sous quarante-huit heures, 400 caisses de bière entre le Texas et la Géorgie. Une activité illégale, considérée comme de la contrebande. Son ami Snowman à la manœuvre dans la cabine du semi-remorque chargé à bloc, Darville ouvre la route au volant de sa Pontiac survitaminée. Le plan se déroule sans incident jusqu’à ce qu’il tombe sur une jeune mariée en fuite qu’il décide d’aider. Une rencontre qui va générer de nombreux problèmes, le shérif Buford T. Justice n’appréciant guère de voir son fils soudainement plaqué par sa fiancée le jour de ses noces.

Quand Cours après moi, shérif ! Smokey and the Bandit est sur le point de débouler au cinéma, la renommée de Burt Reynolds est telle que la Fox décide d’avancer la sortie de Star Wars de deux jours, pensant qu’il ne fera qu’une bouchée de cette aventure intergalactique sur laquelle personne ne mise, encore moins le studio. Découvert dans Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci, le comédien devient une star internationale trois ans plus tard grâce au triomphe de DélivranceDeliverance de John Boorman. Il incarnera désormais le charme macho et velu à l’américaine, la moustache fringante, l’oeil rieur et passera d’un univers à l’autre, chez Woody Allen (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander), Joseph Sargent (Les Bootleggers White Lightning), Richard C. Sarafian (Le Fantôme de Cat Dancing The Man Who Loved Cat Dancing), Robert Aldrich (Plein la gueule The Longest Yard et La Cité des dangers Hustle), Peter Bogdanovich (Enfin l’amourAt Long Last Love et Nickelodeon) et bien d’autres. Tout le monde s’arrache ce bloc de virilité d’1m80. 1977, nous voici rendus à Cours après moi, shérif ! qui est donc le plus grand succès commercial de l’illustre carrière de Burt Reynolds, ayant rapporté près de 130 millions de dollars à sa sortie, soit l’équivalent d’un demi-milliard de dollars d’aujourd’hui (rien que sur le sol américain)…Cela laisse rêveur, surtout quand on sait que le budget global n’était que de quatre millions. Bref, on imagine encore mal le phénomène Burt Reynolds et de cet opus, qui allait engendrer deux suites au cinéma (Tu fais pas le poids, shérif ! et Cours après moi, shérif ! 3) et quatre téléfilms jusqu’en 1994, et inspirer la série Shérif, fais-moi peur The Dukes of Hazzard dès 1979. Culte on vous dit !

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Test Blu-ray / Eugénie Grandet, réalisé par Marc Dugain

EUGÉNIE GRANDET réalisé par Marc Dugain, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, César Domboy, François Marthouret, Nathalie Bécue, Bruno Raffaelli, Jean Chevalier…

Scénario : Marc Dugain, d’après le roman d’Honoré de Balzac

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jérémie Hababou

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille…

Paru pour la première fois en 1834, Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac prend place dans La Comédie humaine, plus précisément entre Ursule Mirouët et Pierrette. Cette histoire issue des Scènes de la vie de province inspirera le cinéma dès les années 1910 en France, sous la direction d’Émile Chautard, qui sera suivie d’une deuxième mouture en 1921 aux États-Unis (The Conquering Power avec Rudolph Valentino), puis d’une troisième, peut-être la plus célèbre, en 1946, en Italie avec Alida Valli dans le rôle-titre, réalisée par Mario Soldati. D’autres transpositions suivront pour la télévision, la dernière en date remontant à 1994, avec Jean Carmet en Félix Grandet, Alexandra London, Claude Jade et Pierre Vernier. Depuis, plus de nouvelles, aussi bien sur le grand écran que sur la petite lucarne. 2021, l’écrivain, scénariste et réalisateur Marc Dugain présente une libre adaptation d’Eugénie Grandet, qui s’inscrit intelligemment dans le courant féministe actuel, sans jamais « trahir » Honoré de Balzac, mais en conversant avec l’auteur du Père Goriot, La Peau de chagrin et du Colonel Chabert. La sève, l’esprit, le rythme sont respectés et se retrouvent dans Eugénie Grandet, interprétée par la divine Joséphine Japy, magnétique et dont on sent (comme nous) le metteur en scène fasciné par le visage gracieux, qu’il n’a de cesse de mettre en valeur, d’observer, de caresser de sa caméra. Face à elle, il fallait un ogre pour incarner Félix Grandet, rôle dont s’empare l’impressionnant Olivier Gourmet, qui campe un monstre humain rongé par l’avarice. Sorti peu de temps avant Illusions perdues, qui allait attirer près d’un million de spectateurs, remporter sept César et faire de l’ombre au troisième long-métrage de Marc Dugain, Eugénie Grandet aura tout de même fait plus de 200.000 entrées et connaîtra assurément une belle seconde vie.

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Test Blu-ray / Riposte armée, réalisé par John Stockwell

RIPOSTE ARMÉE (Armed Response) réalisé par John Stockwell, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 17 février 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Wesley Snipes, Anne Heche, Dave Annable, Colby Lopez, Kyle Clements, Morgan Roberts, Eyas Younis, Mo Gallini…

Scénario : Matt Savelloni

Photographie : Matthew Irving

Musique : Elia Cmiral

Durée : 1h30

Date de sortie initiale: 2017

LE FILM

Aucun signe de vie n’émane du Temple, une prison militaire destinée aux détenus les plus dangereux et contrôlée via un système d’intelligence artificielle. Les militaires chargés de garder les lieux ayant tous disparu, l’état-major envoie sur place une unité d’élite.

Looooooooool !

Ça ne suffit pas comme argument ? Alors je vais essayer de vous en dire un peu plus sur Riposte armée (ptdr…) ou Armed Response (ça fait tout de suite plus sérieux en version originale), réalisé en 2017 par John Stockwell (né en 1961). Vous le connaissez sûrement. En tant qu’acteur tout d’abord. C’est lui qui interprète Dennis Guilder dans Christine de John Carpenter (le meilleur ami d’Arnie, ça vous revient ?), mais aussi Cougar dans Top Gun de Tony Scott (cette fois ça y est, vous l’avez). Mais ce dernier a ensuite bifurqué derrière la caméra au début des années 2000, en devenant l’expert des films situés sous les palmiers, sous lesquels déambulent de belles nanas en bikini, accompagnées de mâles aux tablettes de chocolat saillantes, en direction de la plage azur. Des titres ? Blue Crush (2002) avec Kate Bosworth et Michelle Rodriguez, Bleu d’enfer Into the Blue (2005) avec Jessica Alba et Paul Walker, Dark Tide (2012) avec Halle Berry et Olivier Martinez. Depuis les années 2010, le réalisateur s’est tourné vers les séries B d’action, à l’instar de l’épuisant Out of Control (ou In the Blood en VO, allez comprendre pourquoi) avec une Gina Carano qui s’endort sur son menton carré entre deux scènes de baston, ou du nanardesque Kickboxer : Vengeance (2016) avec Dave Bautista, Alain Moussi et JCVD. Notre chez Johnny s’est fait une spécialité du film à budget (très) limité, filmé dans quelques décors abandonnés légèrement retapés (mais pas trop), chichement éclairés et au casting composé d’anciennes stars ou vedettes sur le retour. C’est exactement le cas pour Riposte armée, qui oscille entre la navet pur et dur, et le nanar fatigué, où Wesley Snipes apparaît tellement transparent qu’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas d’un hologramme, et où Anne Heche (c’est qui ça déjà ?) a constamment l’oeil visé à son flingue et l’autre sur sa feuille d’impôts dont elle venue payer un arriéré. Car Riposte armée est un produit complètement insignifiant, inodore, incolore, invisible, qui vous engourdit le cerveau pendant 90 interminables minutes (un montage aux pâquerettes), durant lesquelles il ne se passe absolument rien et qui en même temps fascine par sa vacuité et sa démonstration pour illustrer un scénario inepte. À vous de voir, si l’envie vous en dit…

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Test Blu-ray / Romeo is Bleeding, réalisé par Peter Medak

ROMEO IS BLEEDING réalisé par Peter Medak, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 19 janvier 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, David Proval, Will Patton, Ron Perlman…

Scénario : Hilary Henkin

Photographie : Dariusz Wolski

Musique : Mark Isham

Durée : 1h49

Date de sortie initiale: 1993

LE FILM

Dans un bar, Jim Daugherty raconte l’histoire d’un agent de police véreux, Jack Grimaldi. Ce policier new-yorkais, lassé de sa vie routinière, a accepté un jour de vendre discrètement des informations à Don Falcone, un parrain local. Mais une de ses transactions avec la pègre a mal tourné…

Dis-donc c’est de la super bonne came ça ! Complètement inconnu au bataillon, du moins en ce qui concerne l’auteur de ces mots, Romeo is Bleeding est un film néo-noir réalisé en 1993 par Peter Medak. Né Medák Péter en 1937 à Budapest, le cinéaste hongrois est connu pour deux opus, le plus célèbre étant L’Enfant du diable The Changeling (1980), dans lequel George C. Scott se retrouvait confronté à une maison hantée, l’autre étant La Grande Zorro Zorro, The Gay Blade (1981), où George Hamilton campait le Renard rusé qui fait sa loi vêtu de pourpre. S’il a très largement oeuvré pour la petite lucarne à travers moult séries (Amicalement vôtre, Cosmos 1999, Le Retour du Saint, Les Enquêtes de Remington Steele, Pour l’amour du risque, Magnum…), son œuvre au cinéma se doit d’être pleinement redécouverte. C’est le cas pour ce Romeo is Bleeding. Dissimulé derrière Miller’s Crossing des frères Coen, Reservoir Dogs et Pulp Fiction de Quentin Tarantino, ce thriller sombre teinté d’humour tire son essence du film noir américain des années 1940-50, dont il reprend les ingrédients, les archétypes, les motifs (voix-off et musique jazzy sont de la partie), en les secouant dans un shaker, en modernisant le tout, notamment la représentation de la femme fatale, magistralement incarnée par Lena Olin. Enfin, Romeo is Bleeding vaut aussi et surtout pour l’interprétation habitée de Gary Oldman, 35 ans, qui venait d’enchaîner Les Anges de la nuit State of Grace de Phil Joanou, JFK d’Oliver Stone, True Romance de Tony Scott et Dracula de Francis Ford Coppola. Juste avant Léon de Luc Besson et Ludwig van B. de Bernard Rose, le comédien britannique signait probablement l’une de ses meilleures prestations ici, ni plus ni moins.

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Test Blu-ray / Doom, réalisé par Andrzej Bartkowiak

DOOM réalisé par Andrzej Bartkowiak, disponible en Blu-ray depuis le 16 février 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Dwayne Johnson, Karl Urban, Rosamund Pike, Deobia Oparei, Ben Daniels, Razaaq Adoti, Richard Brake…

Scénario : Dave Callaham & Wesley Strick, d’après le jeu vidéo Doom

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Clint Mansell

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2005

LE FILM

Une chose terrible est arrivée à la station de recherche scientifique Olduvai, basée sur la planète Mars. Toutes les expériences se sont arrêtées, la communication ne passe plus. Les derniers messages reçus sont pour le moins angoissants. Le niveau 5 de quarantaine est déclaré et les seules personnes auxquelles l’accès est autorisé sont les membres du commando des Rapid Response Tactical Squad (RRTS). Mais sont-ils face à n’importe quel ennemi ? Les scientifiques de cette station de la planète rouge ont malencontreusement ouvert une porte dans laquelle se sont engouffrées toutes les créatures de l’enfer. Une armée de créatures de cauchemars d’origine inconnue est tapie derrière chaque recoin des innombrables pièces et couloirs de la base, tuant les quelques rares humains encore présents…

Autant le dire tout de suite, l’auteur de ces mots ne connaît absolument rien de la série de jeux vidéo Doom, dont il s’agit ici d’une « tentative » d’adaptation, la première d’ailleurs, puisqu’on trouve également un Doom : Annihilation sorti en 2019. À la barre de ce Doom de 2005, on découvre le polonais Andrzej Bartkowiak (né en 1950), essentiellement connu pour son travail comme directeur de la photographie, chez Sidney Lumet (Le Prince de New York, Piège mortel, Le Verdict, À la recherche de Garbo et bien d’autres, excusez du peu…), James L. Brooks (Tendres Passions), John Huston (L’Honneur des Prizzi), Ivan Reitman (Jumeaux), Joel Schumacher (Chute libre), Jan de Bont (Speed)…puis, on ne sait pas pourquoi ni comment, le bougre passe derrière la caméra en 2000. « Et là, c’est le drame » comme on dit. En effet, celui-ci enchaînera quelques films agités improbables, Roméo doit mourir Romeo Must Die, avec Jet Li (qui surfait sur le triomphe de L’Arme fatale 4) et Aaliyah, Hors limites Exit Wounds (2001) avec Steven Seagal (son dernier succès au cinéma), petit polar urbain aux scènes d’action gentiment abracadabrantes, En sursis – Cradle 2 the Grave (2003), où il retrouvait Jet Li et DMX…ce qui nous amène à Doom, pour lequel il se voit confier le budget coquet de 65 millions de dollars. Cette production tchéco-anglo-germano-américaine (avec à sa tête Lorenzo di Bonaventura, Transformers, G.I. Joe : Le Réveil du Cobra, The Ryan Initiative, Deepwater) est aujourd’hui considérée, probablement à juste titre, comme étant l’une des transpositions les plus pitoyables d’un jeu vidéo. Même pas amusant, ou si peu, Doom n’est pas un nanar, mais un navet pur et dur, dans lequel l’ancien étudiant de la prestigieuse de l’École de cinéma de Łódź (oui oui, comme Krzysztof Kieślowski, Roman Polanski, Jerzy Skolimowski et Andrzej Wajda) donne le pire de lui-même avec une mise en scène inexistante, une photo hideuse et une distribution où les acteurs rivalisent de froncements de sourcils. Jamais rigolo, juste léthargique.

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Test Blu-ray / En attendant Bojangles, réalisé par Régis Roinsard

EN ATTENDANT BOJANGLES réalisé par Régis Roinsard, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Virginie Efira, Romain Duris, Solan Machado-Graner, Grégory Gadebois, Orianne Daudin, Juliette Blanche, Rose Harlean, Lucas Bléger…

Scénario : Romain Compingt & Régis Roinsard, d’après le roman d’Olivier Bourdeaut

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Clare & Olivier Manchon

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu’au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l’inéluctable coûte que coûte.

Hmmm….non, ça ne fonctionne pas. Enfin, peut-être un peu dans la dernière partie, et encore…dommage…oui c’est bête car Régis Roinsard est un réalisateur prometteur. Ayant fait ses classes dans le clip musical (pour Jean-Louis Murat, Cali, Jane Birkin, Anaïs…), quelques publicités et deux courts-métrages, Régis Roinsard fait parler de lui en 2012 avec son premier long métrage Populaire, un vrai petit coup de coeur à sa sortie pour l’auteur de ces mots, récompensé par cinq nominations aux César, dont celle du Meilleur premier film et lauréat de quatre prix internationaux. Doté d’un budget impressionnant pour une première œuvre d’environ 15 millions d’euros, Régis Roinsard s’inspirait de réels championnats de vitesse dactylo organisés dans les années 40 jusque dans les années 60 et livrait une comédie pétillante, en reconstituant minutieusement les années 50, ses décors, ses costumes, sa musique, son énergie et son insouciance. Il y dirigeait Romain Duris, qu’il retrouve donc dix ans plus tard dans En attendant Bojangles, l’adaptation du roman éponyme et best seller d’Olivier Bourdeaut. S’il aura mis huit ans pour revenir au cinéma avec Les Traducteurs, Régis Roinsard aura enchaîné immédiatement avec son troisième opus qui reprend divers ingrédients de Populaire…mais le cocktail demeure fade. La faute au couple principal, Romain Duris – Virginie Efira (qu’on nous met décidément à toutes les sauces), qui ne fait aucune étincelle, qui fait faux, alors que l’association Romain Duris – Déborah François dans Populaire était merveilleuse, débordait d’énergie, de fraîcheur, de légèreté et de charisme. Là où ces deux derniers prenaient un plaisir évident à se donner la (savoureuse) réplique, tout est éteint et morne dans En attendant Bojangles, qui paraît surjoué, artificiel et très rapidement épuisant.

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Test 4K UHD / Cat’s Eye, réalisé par Lewis Teague

CAT’S EYE réalisé par Lewis Teague, disponible en Combo Blu-ray+4K UHD le 25 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Drew Barrymore, James Woods, Alan King, Kenneth McMillan, Robert Hays, Candy Clark, James Naughton, Tony Munafo…

Scénario : Stephen King

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Trois histoires dont le point commun est un chat errant qui a des visions d’une petite fille l’appelant au secours :

  • Un homme qui a décidé d’arrêter de fumer et qui s’inscrit pour cela dans une clinique spécialisée, avec des méthodes plutôt… étonnntes.
  • Un joueur de tennis rattrapé par le mari de sa maîtresse, un gangster d’Atlantic City, et contraint, pour sauver sa peau, de faire le tour d’un immeuble en marchant sur la corniche.
  • Une petite fille est terrorisée par un lutin nocturne sanguinaire. Son chat, baptisé General, tente de la protéger du mieux qu’il peut malgré l’incrédulité des parents de la fillette, désireux de se débarrasser de lui à tout prix.

Quand Cat’s Eye sort au cinéma en 1985, les adaptations de Stephen King ne sont pas rares, aussi bien sur le grand que sur le petit écran. En 1985, l’écrivain a déjà publié Carrie, Salem, Shining, Le Fléau, Dead Zone, Charlie, Cujo, Christine, Simetierre…et parmi ces romans sept ont connu une transposition par Brian De Palma, Stanley Kubrick, David Cronenberg, John Carpenter, Mark L. Lester, Tobe Hooper et Lewis Teague, sans oublier George A. Romero et son film à sketches Creepshow. Autant dire que le phénomène King est omniprésent. Emballé par sa version de Cujo (malgré son dénouement optimiste), le producteur italien Dino De Laurentiis (qui venait de financer Dead Zone et Charlie), confie au réalisateur Lewis Teague (né en 1938) les manettes de Cat’s Eye, anthologie comprenant les adaptations des nouvelles Desintox, Inc. et La Corniche, issues du recueil Danse macabre Night Shift, ainsi que d’une histoire inédite créée spécialement à cette occasion par le maître de l’horreur. Rôle-titre de Charlie, Drew Barrymore, propulsée par E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg tient cette fois encore le haut de l’affiche de Cat’s Eye, au même titre que James Woods et Robert Hays, le film ayant été mis en route rien que pour elle par Dino De Laurentiis, raison pour laquelle elle joue d’ailleurs deux rôles différents ici. Il en résulte un savoureux opus du genre, composé de trois sketches très réussis, excellemment mis en scène et interprétés, devenu culte avec les années, après un succès somme toute modeste et en dessous des espérances du nabab transalpin.

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Test Blu-ray / Le Secret de l’Épervier Noir, réalisé par Domenico Paolella

LE SECRET DE L’ÉPERVIER NOIR (Il Segreto dello sparviero nero) réalisé par Domenico Paolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lex Barker, Livio Lorenzon, Nadia Marlowa, Germano Longo, Walter Barnes, Pina Cornel, Loris Gizzi, Dina De Santis…

Scénario : Domenico Paolella & Sergio Solima

Photographie : Carlo Bellero

Musique : Gino Filippini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au début du XVIIIème siècle, le corsaire Carlos de Herrera est missionné par le royaume d’Espagne afin de récupérer des documents commerciaux tombés entre les mains du pirate Calico Jack. Il va être en concurrence avec le sergent Rodriguez, alias l’Épervier noir, qui, lui aussi, veut s’emparer des documents.

Non, il ne s’agit pas d’un super-héros, d’ailleurs l’Épervier noir du titre n’apparaît que sporadiquement et n’est même pas le personnage principal du film qui nous intéresse aujourd’hui. À la barre d’Il segreto dello sparviero nero ? Domenico Paolella (1915-2002), que certains pourraient connaître pour Les Pirates de la côte I Pirati della costa (1960) avec Lex Barker, plusieurs opus centrés sur Maciste (Maciste à la cour du Cheik, Maciste contre les Mongols, Maciste dans l’enfer de Gengis Khan), d’autres péplums à la mode (Hercule contre les tyrans de Babylone, Goliath à la conquête de Bagdad, Hercule défie Spartacus), un Eurospy (003 agent secret), un western (Django prépare ton exécution), bref un réalisateur qui a su suivre les goûts des spectateurs et profiter de l’engouement pour les divertissements au budget modeste et au rendement élevé. Et il s’en tire pas mal du tout derrière la caméra pour ce Secret de l’Épervier Noir, film d’aventures ou de piraterie, généreux en batailles, de retournements de situation, de quiproquos, de mystères, de bagarres sur la plage sur fond de soleil couchant, de scènes étonnamment brutales, qui s’avère en réalité un film d’espionnage en costumes. Aucun ennui durant ces 95 minutes, qui filent comme un éclair grâce à un montage nerveux, parfois même surprenant car sec et marqué par des fondus en noir et de légères ellipses de temps. Un bon cru.

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