Test Blu-ray / Imaginary, réalisé par Jeff Wadlow

IMAGINARY réalisé par Jeff Wadlow, disponible en DVD & Blu-ray le 5 juillet 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : DeWanda Wise, Tom Payne, Taegen Burns, Pyper Braun, Betty Buckley, Veronica Falcón, Samuel Salary, Matthew Sato…

Scénario : Greg Erb, Jason Oremland & Jeff Wadlow

Photographie : James McMillan

Musique : Omer Ben-Zvi, Alex Cote, Kevin Lax & Bear McCreary

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lorsque Jessica retourne dans sa maison d’enfance avec sa famille, sa plus jeune belle-fille Alice développe un attachement étrange pour un ours en peluche qu’elle a trouvé dans le sous-sol et nommé Chauncey. Tout commence par des jeux innocents, mais le comportement d’Alice devient de plus en plus inquiétant. Jessica comprend alors que Chauncey est bien plus qu’un simple jouet…

Jason Blum a de la suite dans les idées, des concepts surtout. Les années 2020 ont vu fleurir chez Blumhouse Invisible Man de Leigh Whannel et Freaky de Christopher Landon, sans doute les meilleurs opus sortis dernièrement de cette société de production, ainsi que deux Halloween réalisés par Davd Gordon Green (sans oublier, même si on aimerait, L’Exorciste : Dévotion), des remakes-séquelles-reboots (The Craft : Les Nouvelles sorcières, Firestarter), tout en remplissant le tiroir-caisse avec les triomphes de Five Nights at Freddy’s, Insidious : The Red Door, M3gan, Black Phone. Autant dire que c’est une affaire qui roule toujours pour le producteur. Celui-ci n’a pas connu le même sort avec Imaginary, mis en scène par Jeff Wadlow, déjà passé par la même écurie avec Action ou vérité Truth or Dare (2018, près de 100 millions de dollars de recette) et Nightmare Island Fantasy Island, relecture horrifique de la série télévisée L’Île fantastique, qui n’avait pas eu le même engouement. Le réalisateur tente de se refaire avec Imaginary, qui s’est malheureusement soldé sur un semi-échec. Pourtant, ce nouveau film fantastique et d’épouvante en a sous le capot et montre le potentiel derrière la caméra de Jeff Wadlow, en dépit d’un scénario somme toute classique centré cette fois sur les amis imaginaires que peuvent se créer les enfants…

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Test Blu-ray / Fallo!, réalisé par Tinto Brass

FALLO! réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Sara Cosmi, Massimiliano Caroletti, Silvia Rossi, Max Parodi, Raffaella Ponzo, Virginia Barrett, Angela Ferlaino, Daniele Ferrari, Maruska Albertazzi, Riccardo Marino, Federica Palmer, Roberto Giulianelli…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin

Photographie : Federico Del Zoppo

Musique : Francesco Santucci

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

MON FILM EST SANS AUCUN DOUTE PHALLOCENTRIQUE, MAIS COMME LE SOULIGNE LE POINT D’EXCLAMATION DU TITRE, BIEN PLUS PHALLOCRITIQUE QUE PHALLOCRATIQUE. » TINTO BRASS

S’il a connu son âge d’or (surtout en Italie) dans les années 1960, le film à sketches s’est certes fait plus rare, mais n’a pour autant jamais disparu. En 1995, avec La Boîte à fantasmes de Tinto BrassFermo posta Tinto Brass, le cinéaste s’amuse avec ce format et se met en scène, recevant des lettres d’admirateurs racontant leurs fantasmes et aventures érotiques, avant de les commenter et de les lire avec sa secrétaire Lucia, aux formes généreuses et sans culotte, à ses côtés. En 2003, rebelote, Tinto Brass reprend le même concept pour Fallo !, jeu de mots puisque le titre peut se traduire par « Fais-le ! », ce qui sera d’ailleurs repris au sens littéral à l’international (Do It!), et faire aussi penser au phallus, mais nullement à phallocrate, puisque contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le cinéma de Tinto Brass a toujours démontré que les femmes étaient supérieures aux hommes. Fallo ! est une succession d’une demi-douzaine de sketches et une fois n’est pas coutume, tous sont plus ou moins égaux et réussis. Durant 90 minutes, le réalisateur s’exprime une fois de plus sur ses thèmes de prédilection, ses obsessions, la relation entre les hommes et les femmes évidemment, sur ce qui fait le sel dans un couple, maintient l’osmose sexuelle, tout en démontrant que la gent masculine, malgré ce qu’elle peut penser, n’égalera jamais l’autre sexe et ne la comprendra jamais. Comme le dit Christophe Bier, « tintophile » et cinéphile érotomane devant l’éternel, Fallo ! est une excellente entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont jamais vu aucun film du maître du cinéma érotique et qui souhaiteraient aborder son cinéma. Alors, que trouve-t-on dans Fallo ! ?

Alibi

Cinzia fête sa lune de miel avec son mari Gianni à Casablanca : il lui offre le prix qu’elle convoite, à savoir un rapport anal avec un beau serveur marocain.

Montaggio alternato

Stefania, la femme d’un présentateur de télévision, se moque de son mari qui la trompe avec Erika ; l’amant est le réalisateur de télévision Bruno.

Due cuori e una capanna

Dans la petite pension du Tyrol du Sud où elle travaille comme serveuse, Katarina, poussée par son petit ami napolitain Ciro, satisfait les avances de Bertha, une cliente allemande sadomasochiste (accompagnée de son mari, lui aussi soumis) : l’argent « supplémentaire » l’aidera à ouvrir son propre restaurant avec Ciro.

Botte d’allegria

Sans aucun remords, Raffaella trompe son mari Ugo, faisant ainsi passer ses nombreuses aventures extraconjugales pour des fantasmes sporadiques destinés à raviver le désir obsessionnel de son conjoint.

Honni soit qui mal y pense

La Bolonaise Anna, enflammée par le climat permissif et libertin du village naturiste du Cap d’Agde, cède sans tabou à Helen et à son satirique mari écossais Noel ce paradis qu’elle a toujours refusé à son présomptueux petit ami.

Dimmi porca che mi piace

La Vénitienne Rosy est en lune de miel à Londres, où elle décide d’oser et de concéder ses propres grâces aux yeux avides et désirants d’un voyeur anglais curieux.

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test Blu-ray / Un été en Louisiane, réalisé par Robert Mulligan

UN ÉTÉ EN LOUISIANE (The Man in the Moon) réalisé par Robert Mulligan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 juin 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sam Waterston, Tess Harper, Reese Witherspoon, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland, Bentley Mitchum, Ernie Lively…

Scénario : Jenny Wingfield

Photographie : Freddie Francis

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h39

Année de sortie : 1991

LE FILM

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande soeur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Un été en LousianeThe Man in the Moon est le dernier long-métrage de Robert Mulligan (1925-2008), réalisateur ô combien estimé des cinéphiles, à qui l’on doit les légendaires Du silence et des ombres To Kill a Mockingbird (1962), trois Oscars, d’après le roman d’Harper Lee, Un été 42 Summer of ’42 (1971) et L’Autre The Other (1972). Assurément un cinéaste à réhabiliter, comme l’ont prouvé ses films ressortis ces dernières années, Le Sillage de la violence Baby the Rain Must Fall (1965) avec Steve McQueen, Le Roi des imposteurs The Great Impostor (1960), qui a largement influencé Arrête moi si tu peux Catch me if you can (2002) de Steven Spielberg, Les Rendez-vous de septembre Come Septembre (1961) et L’Homme de BornéoThe Spiral Road (1962), tous les deux avec Rock Hudson. Il clôt sa prestigieuse carrière au début des années 1990 avec un ultime portrait d’une jeune adolescente (âge souvent central dans l’oeuvre du metteur en scène), interprétée par Reese Witherspoon, dans sa première apparition au cinéma, qui obtient le premier rôle alors qu’elle envisageait juste d’apparaître comme figurante. Sur un scénario de Jenny Wingfield, inconnu au bataillon et dont la filmographie demeure obscure, Robert Mulligan signe un bijou intemporel sur les premiers émois amoureux (et les premiers baisers, après s’être exercé avec la main), l’éveil sexuel, la solitude, l’incompréhension des êtres arrivés au premier carrefour de leur existence, celui de l’entrée dans le monde adulte, l’adieu à l’enfance, les responsabilités, les échecs, les désillusions, l’injustice, la jalousie…et la première confrontation à la mort et au deuil. Éminemment solaire, à l’image de sa jeune comédienne âgée de 14 ans et qui reste d’ailleurs aujourd’hui l’une des actrices (et grande productrice) les plus pétillantes du cinéma hollywoodien, Un été en Louisiane, production Mark Rydell (The Rose, La Maison du lac), est un cadeau pour les passionnés de septième art doublé d’un film testament.

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Test Blu-ray / Sois belle et tais-toi!, réalisé par Marc Allégret

SOIS BELLE ET TAIS-TOI! réalisé par Marc Allégret, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Jean-Paul Belmondo, Robert Dalban, Alain Delon, Roger Hanin, Darry Cowl…

Scénario : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux & Jean Marsan Roger Vadim

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.

C’est ce qui s’appelle avoir du pif. Parce-que pour réunir Mylène Demongeot, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un même film alors que ceux-ci n’avaient pas fait grand-chose, on peut dire que Marc Allégret a senti que ces trois jeunes comédiens âgés d’une vingtaine d’années étaient non seulement charismatiques, mais aussi prometteurs. Sois belle et tais-toi ! (ne vous énervez pas, il s’agit du titre) est une charmante comédie-policière qui aurait peut-être disparu des radars, si Bebel et Delon n’avaient pas été associés pour la première fois au cinéma. S’ils n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire, on ne peut s’empêcher d’admirer leur naturel, leur bagou, leur énergie contagieuse. Mais la « star » est ici Mylène Demongeot, que le réalisateur avait déjà fait tourner trois ans plus tôt dans Futures vedettes, dans lequel elle ne faisait d’ailleurs qu’une apparition et était même créditée Marielle Demongeot au générique. Sortant du succès des Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, où elle était parvenue à s’imposer face à Yves Montand et Simone Signoret, l’actrice passe la vitesse supérieure et se retrouve au générique de Bonjour tristesse d’Otto Preminger et en tête d’affiche de Sois belle et tais-toi !. Si elle n’a jamais brillé par son jeu et son phrasé quelque peu monocorde, on ne pourra pas reprocher à Mylène Demongeot de crever l’écran de sa beauté diaphane dans le film de Marc Allégret, où le couple qu’elle forme avec Henri Vidal fonctionne bien, malgré leur différence d’âge. Un spectacle « gentillet », complètement inoffensif et désuet, sympathique et divertissant.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test Blu-ray / Transgression, réalisé par Tinto Brass

TRANSGRESSION (Tra(sgre)dire) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Yuliya Mayarchuk, Jarno Berardi, Francesca Nunzi, Max Parodi, Mauro Lorenz, Leila Carli, Vittorio Attene, Antonio Salines…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani, Nicolaj Pennestri, Silvia Rossi & Massimiliano Zanin

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Carla est une jolie vénitienne de vingt ans, à la recherche d’un appartement à Londres pour s’installer avec Matéo, un étudiant dont elle est amoureuse. Le couple propriétaire de l’agence immobilière, aux moeurs très libre, vont entraîner Carla, dans une course folle dans le Londres érotique… Mais Matéo a décidé de la rejoindre…

Voilà, le scénario de Transgression est pour ainsi dire entièrement résumé en quatre lignes. Mais soyons honnêtes, on ne regarde pas vraiment un film de Tinto Brass pour son intrigue, surtout ceux réalisés après La Clé La Chiave (1983). Après ce merveilleux opus, l’un de ses plus connus et qui fera de Stefania Sandrelli un sex-symbol à près de quarante ans, le cinéaste italien s’adonnera à l’érotisme pur et dur. Suivront donc Miranda, Paprika, Monella…autant de personnages féminins, marquants à défaut d’être inoubliables, interprétés par de quasi-inconnues, Serena Grandi, Debora Caprioglio et Anna Ammirati, se livrant corps (pulpeux) et âme à la caméra intrusive d’un Tinto Brass souvent déchaîné qui ne recule devant rien pour placer ses objectifs dans les angles les plus insolites. Nous voici rendus en 2000 et le cap de ce nouveau siècle ne change en rien celui du metteur en scène hédoniste. Il livre ainsi Transgression, ou Tra(sgre)dire en version originale (jeu de mots combinant les verbes trasgredire et tradire, désobéir et tromper, ou trahir), comédie polissonne qui va à cent à l’heure, qui repose uniquement sur la plastique irréprochable de ses deux comédiennes principales, Yuliya Mayarchuk et Francesca Nunzi, qui passent plus de temps nues que vêtues (un record en la matière), tandis que Tinto Brass brasse (on ne peut pas s’en empêcher) ses thèmes de prédilection, l’amour libre, la mise en pratique des fantasmes, la gent masculine à la traîne et la femme forte. Contre toute attente, Transgression est bandant à souhait, excitant du début à la fin, complètement improbable dans les années 2020…ça fait un bien fou.

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Test Blu-ray / Iron Claw, réalisé par Sean Durkin

IRON CLAW (The Iron Claw) réalisé par Sean Durkin, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Zac Efron, Harris Dickinson, Jeremy Allen White, Holt McCallany, Maura Tierney, Grady Wilson, Valentine Newcomer, Stanley Simons…

Scénario : Sean Durkin

Photographie : Mátyás Erdély

Musique : Richard Reed Parry

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les inséparables frères Von Erich ont marqué l’histoire du catch professionnel du début des années 80. Entraînés de main de fer par un père tyrannique, ils vont devoir se battre sur le ring et dans leur vie.

En 2011, le canadien Sean Durkin crée l’évènement avec son premier long-métrage, l’exceptionnel Martha Marcy May Marlene, Prix de la mise en scène au Festival du film de Sundance et révélait par la même occasion la sublime Elizabeth Olsen. Depuis, le réalisateur n’a eu de cesse de créer son chemin avec la série Southcliffe et son second film The Nest (2019), thriller dramatique interprété par Jude Law et Carrie Coon. Iron Claw aura demandé plusieurs années de gestation et on peut même dire qu’il s’agit d’un projet mûri depuis toujours, étant donné que Sean Durkin est non seulement un passionné de catch, mais aussi et surtout de la famille Von Erich depuis son enfance. Autant dire que la tentation d’écrire et de mettre en scène un film sur ce sujet le titillait, ce qui est désormais chose faite. Iron Claw, ou The Iron Claw en version originale, est un drame sportif magnifique, soutenu par des acteurs virtuoses et en état de grâce, magistralement dirigés et qui livrent une interprétation aussi viscérale sur le plan physique que dramatique. Sur cette distribution quatre étoiles, l’excellent Zac Efron livre sans doute sa plus grande prestation. Métamorphosé, pour ne pas dire méconnaissable, le comédien se donne corps et âme dans le rôle de Kevin Von Erich, alias Kevin Ross Adkisson, fils du catcheur Fritz Von Erich et frère de David, Kerry, Mike et Chris, tous pratiquant le même sport et soudés aussi bien en dehors que sur le ring. Iron Claw s’inscrit dans la droite lignée de The Wrestler (2008) de Darren Aronofsky et Foxcatcher (2014) de Bennett Miller, mais également du premier Rocky (1976) et de Raging Bull (1980), en démontant le mythe du rêve américain, en montrant le coeur qui bat sous les grosses carcasses, les larmes qui coulent (même si un homme digne de ce nom ne saurait chialer) de ces bestiaux vêtus d’un simple slip et qui montrent que malgré l’adversité, the show must go on. Assurément l’un des grands films de 2024.

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