Test Blu-ray / Profession du père, réalisé par Jean-Pierre Améris

PROFESSION DU PÈRE réalisé par Jean-Pierre Améris, disponible en DVD et Blu-ray le 7 décembre 2021 chez Ad Vitam.

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Audrey Dana, Jules Lefebvre, Tom Lévy, Nicolas Bridet, Martine Schambacher, Jean-Michel Molé, Eric Verdin…

Scénario : Jean-Pierre Améris, d’après le roman de Sorj Chalandon

Photographie : Pierre Milon

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Emile, 12 ans, vit dans une ville de province dans les années 1960, aux côtés de sa mère et de son père. Ce dernier est un héros pour le garçon. Il a été à tour à tour était chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle. Et ce père va lui confier des missions dangereuses pour sauver l’Algérie, comme tuer le général.

Troisième collaboration entre Jean-Pierre Améris et Benoît Poelvoorde après Les Émotifs anonymes (2010) et Une famille à louer (2015), Profession du père est l’adaptation du roman homonyme de Sorj Chalandon, récit inspiré de l’enfance de l’écrivain. L’affiche n’est pas du tout représentative du film. Si vous pensez qu’il s’agit d’une comédie douce et tendre, détrompez-vous. Profession du père est un drame sombre et même parfois violent, où la mythomanie d’un père va bouleverser l’existence de son petit garçon. A travers cette histoire quasi-autobiographique, le réalisateur a su également reconnaître quelques pans de sa propre vie et n’a d’ailleurs pas hésité à tourner son film à Lyon, ville où il est né. On est tout d’abord surpris en découvrant l’atmosphère (faussement) légère de Profession du père, cette famille visiblement équilibrée avec une mère attentionnée (merveilleuse Audrey Dana), un père débordant d’énergie et leur fils Emile tout mignon. Seulement voilà, le paternel, ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale et anti-gaulliste, va se perdre petit à petit dans ses délires ambigus et mensonges récurrents, jusqu’à entraîner Emile dans ses dérives et ses conspirations, dont le but ultime serait d’éliminer le chef de l’état. Profession du père dresse à la fois le portrait d’un homme au bout du rouleau et celui d’un garçon, partagé entre la fascination et le dégoût pour celui qui lui sert alors de modèle. S’il n’a connu aucun succès dans les salles avec 37.500 entrées au compteur, il serait dommage de passer à côté de ce film étonnant.

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Test Blu-ray / Fatman, réalisé par Ian & Eshom Nelms

FATMAN réalisé par Ian & Eshom Nelms, disponible en DVD et Blu-ray le 8 décembre 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Mel Gibson, Walton Goggins, Marianne Jean-Baptiste, Chance Hurstfield, Susanne Sutchy, Robert Bockstael, Michael Dyson, Deborah Grover…

Scénario : Ian & Eshom Nelms

Photographie : Johnny Derango

Musique : Mondo Boys

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Un père Noël tapageur et peu orthodoxe lutte contre le déclin de son commerce. Au même moment, après avoir reçu un morceau de charbon dans sa chaussette de Noël, Billy, un adolescent de douze ans, engage un tueur à gages afin d’éliminer le père Noël.

Alors qu’on l’attend à la fois devant et derrière la caméra pour le cinquième épisode de la saga L’Arme FataleLethal Weapon, Mel Gibson n’en finit plus de promener son charisme bad-ass de film en film (Blood Father, Traîné sur le bitume, Boss Level) et ce pour le plus grand plaisir de ses admirateurs, toujours aussi nombreux et fidèles, même si ses derniers opus seront essentiellement arrivés directement dans les bacs en France. C’est encore le cas pour Fatman, un projet de longue date (qui remonte à 2006) réalisé par les frères Nelms, Eshom et Ian de leur prénom, leur cinquième long-métrage, pour lequel ils donnent l’opportunité à la star déchue d’Hollywood d’incarner rien de moins que…le Père Noël. Ce dernier répond ici au nom de Christopher Cringle, chef d’entreprise, qui a une société à faire marcher, qui manque de subventions, qui participe à la richesse des États-Unis et qui peut compter heureusement sur le soutien de son épouse dévouée et de ses elfes d’employés qui travaillent tous les jours de l’année. Ne vous attendez pas à un film « vénère » comme pourraient le faire croire les photos promotionnelles sur lesquelles Mel Gibson semble prêt à tout exploser, car Fatman (ou gros lard en français) est un thriller atypique, qui prend son temps, qui se veut comme qui dirait « réaliste ». Une fois accepté le postulat de départ, Fatman s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, teinté d’une noirceur bienvenue et d’un humour insolent, dans lequel notre barbu pas si ventripotent, mais bien bourru et qui est un adepte du cigare, est comme d’habitude irrésistible.

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Test 4K UHD / Le Rayon Bleu – Blue Sunshine, réalisé par Jeff Lieberman

LE RAYON BLEU (Blue Sunshine) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en Combo 2 Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard, Robert Walden, Charles Siebert, Ann Cooper, Ray Young, Stefan Gierasch…

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Don Knight

Musique : Charles Gross

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Jerry Zipkin, la trentaine, ancien diplômé de Stanford en 1968, participe à une fête avec d’anciens condisciples. Tout bascule quand Frannie, l’un d’entre eux, après avoir brusquement perdu ses cheveux, tue un à un les participants de la soirée. Jerry parvient à se défendre et tue Frannie avant de s’enfuir. Il est aussitôt soupçonné par la police d’être l’auteur des meurtres. Bien décidé à prouver son innocence, il fait appel à son ami David Blume, chirurgien, pour prouver son innocence. Après enquête, Jerry découvre que les participants de la soirée avaient tous autrefois pris du «rayon bleu», un psychotrope proche du LSD…

Avec son premier long-métrage La Nuit des vers géants Squirm, le réalisateur Jeff Lieberman (1976) se fait un nom et se trouve vite repéré autant par les amateurs de fantastique que d’épouvante. Il passe la vitesse supérieure avec Blue Sunshine, connu en France sous le titre Le Rayon Bleu, qu’il écrit et met en scène dès l’année suivante. Plus ambitieux que son précédent film, cet opus démontre le bagage technique de Jeff Lieberman, ainsi que son talent pour raconter des histoires étranges, à la frontière entre deux genres. Il s’inspire ici des études réalisées par les chercheurs à l’époque où le LSD faisait fureur. Dans Blue Sunshine, il imagine ce que les drogues expérimentales déclencheraient chez des individus dix ans après, en particulier un stupéfiant appelé Rayon Bleu, qu’auraient consommé d’anciens étudiants. Ceux-ci commencent chacun leur tour à percevoir des effets secondaires, perdant leurs cheveux, souffrant de migraine carabinée et entrant dans un état de transe psychotique voire dangereux. Le Rayon Bleu repose sur une mise en scène maîtrisée, sobre, qui contraste avec le (sur)jeu halluciné et le charisme aussi magnétique que singulier – entre Gaspard Proust, Sean Penn et Louis Garrel – de Zalman King (1942-2012), plus connu pour avoir écrit et produit 9 semaines 1/2 Nine 1/2 Weeks (1986) d’Adrian Lyne. Film culte pour de nombreux spectateurs, qui ont été longtemps traumatisés par ces assassins psychopathes avec leurs touffes de cheveux épars sur le crâne, Blue Sunshine a bien mérité son statut aujourd’hui et demeure une valeur sûre.

En cette année 1977, la Cité des Anges est confrontée à une vague de meurtres sauvages et inexplicables, guidés par la folie. La police porte rapidement ses soupçons sur un jeune homme : Jerry Zipkin. Afin de prouver son innocence, ce dernier, aidé par son amie Alicia Sweeney, mène alors son enquête et constate que les divers assassins présentent pour points communs d’être chauves et d’avoir fréquenté dix ans plus tôt l’Université de Stanford. À cette époque, ils ont absorbé une drogue expérimentale baptisée Blue Sunshine, dont les effets dévastateurs se déclenchent à retardement. Face à cette menace, Jerry pourra-t-il se disculper avant qu’il ne soit trop tard ?

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Test DVD / Vanquish, réalisé par George Gallo

VANQUISH réalisé par George Gallo, disponible en DVD le 24 novembre 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Ruby Rose, Morgan Freeman, Patrick Muldoon, Nick Vallalonga, Julie Lott, Hannah Stocking, Miles Doleac…

Scénario : George Gallo & Samuel Bartlett

Photographie : Anastas N. Michos

Musique : Aldo Shllaku

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Victoria, ancienne transporteuse pour un baron de la drogue russe, essaye de mettre sa vie de criminelle de coté et d’élever sa fille convenablement. Malheureusement, un ancien commissaire de police ripou kidnappe sa fille pour la contraindre à l’aider à doubler ses anciens partenaires. Elle a une nuit pour s’exécuter avant qu’il ne soit trop tard…

Tiens, revoilà Ruby Rose dans un film d’action ! Écumant les suites au cinéma, Resident Evil : Chapitre final, xXx: Reactivated, John Wick 2 et Pitch Perfect 3 (cherchez l’erreur), la comédienne n’aura eu de cesse de promener son charisme atypique et bad-ass de film en film, ainsi qu’à la télévision où elle aura entre autres interprété Kate Kane / Batwoman durant une saison dans la série éponyme du ArrowVerse. Cependant, Ruby Rose semble avoir du mal à trouver des rôles « consistants ». Après le ronflant En eaux troubles The Meg de Jon Turteltaub, elle aura tenu le haut de l’affiche pour la première fois dans The Doorman, une toute petite série B réalisée par le japonais Ryûhei Kitamura, metteur en scène des acclamés Heat After Dark (1996), Down to Hell (1997) et The Midnight Meat Train. Si ce Die Hard de chez Wish passait le temps et se montrait efficace dans son genre, c’est une autre paire de manches pour Vanquish, réalisé par George Gallo. Né en 1956, ce dernier demeure connu pour avoir écrit Mafia Salad Wise Guys (1986) de Brian De Palma, Midnight Run (1988) de Matin Brest, Bad Boys (1995) de Michael Bay et emballé une comédie très sympa avec Nicolas Cage, Descente à Paradise Trapped in Paradise (1994). Seulement voilà, George Gallo n’a jamais su évoluer et très vite ses films et scénarios sont devenus has-been et navrants, à l’instar de Mon voisin le tueur 2 The Whole Ten Yards de Howard Deutch (peut-être une des pires suites de tous les temps), Nom de Code : Le Nettoyeur Code Name: The Cleaner de Les Mayfield et Mon espion préféré My Mom’s New Boyfriend. Il y a deux ans, il signait le pathétique The Poison Rose, DTV hideux avec John Tavolta, Brendan Fraser et Morgan Fraser. En 2020, il parvient à réunir un casting de fou pour Arnaque à Hollywood The Comeback Trail, dans lequel il dirige Robert De Niro, Tommy Lee Jones, Zach Braff, Emile Hirsch et cette fois encore Morgan Freeman. Avec ce dernier, c’est une affaire qui marche, car ils se retrouvent pour Vanquish, tourné dans le Mississippi après le premier confinement. On y retrouve les mêmes tares que pour The Poison Rose, un montage aux pâquerettes, des effets de style miteux, une photographie au rabais, une réalisation inexistante et une direction d’acteurs aux fraises. D’ailleurs, Morgan Freeman les sucre dans Vanquish, dans lequel il ne fait absolument rien, à part s’endormir dans son fauteuil roulant, tout en débitant ses dialogues ineptes à sa partenaire. A la fois série B et série Z, un BZ quoi, Vanquish est donc parfait pour faire la sieste.

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Test DVD / La Brune de mes rêves, réalisé par Elliott Nugent

LA BRUNE DE MES RÊVES (My Favorite Brunette) réalisé par Elliott Nugent, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Bob Hope, Dorothy Lamour, Lon Chaney Jr., Peter Lorre, John Hoyte, Charles Dingle, Reginald Denny, Alan Ladd…

Scénario : Edmund Beloin & Jack Rose

Photographie : Lionel Lindon

Musique : Robert Emmett Dolan

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Un photographe pour bambins, Ronnie Jackson, rêve de devenir détective privé comme son voisin de palier. Ce dernier absent, Ronnie prend sa place, et se retrouve engagé sur une affaire d’espionnage concernant une mine d’uranium.

Vous cherchez une comédie vintage hilarante, qui conserve son charme rétro et qui fait toujours son effet (comique) près de 75 ans après sa sortie ? Alors n’hésitez plus et partez à la découverte de La Brune de mes rêves My Favorite Brunette, réalisé par un certain Elliott Nugent. Ce dernier aura commencé sa carrière en tant que comédien à la fin des années 1920, et même s’il continuera de se produire devant la caméra jusqu’à la fin des années 1950, Elliott Nugent (1896-1980) restera surtout connu pour avoir mis en scène une trentaine de longs-métrages de 1932 à 1952, en dirigeant les plus grands comédiens de l’époque, Irene Dunne, Bing Crosby, Cary Grant, Mary Astor, Madeleine Carroll, Harold Lloyd, Paulette Godard, Henry Fonda, Ray Milland et Danny Kaye. Mais l’une de ses plus grandes collaborations demeure celle avec le comédien Bob Hope, avec lequel il s’associera à cinq reprises, Give Me A Sailor (1938), Never Say Die (1939), Le Mystère de la Maison Norman The Cat and the Canary (1939), Rien que la vérité Nothing But the Truth (1941) et enfin La Brune de mes rêves en 1947. Dans cette comédie-policière, merveilleuse parodie de film noir, Bob Hope retrouve sa partenaire Dorothy Lamour, avec laquelle il tournera la saga des « Road to », très célèbre saga outre-Atlantique et qui comptera sept épisodes réalisés entre 1940 et 1962. Les deux complices joueront aussi ensemble dans They Got Me Covered (1943) de David Butler et dans La Brune de mes rêves. Autant dire que la complicité et l’alchimie des deux fonctionnent à plein régime dans My Favorite Brunette, dans lequel Dorothy Lamour s’amuse à incarner la femme fatale pour laquelle notre héros Ronnie prendra tous les risques. Il y a indéniablement du Frank Drebin et du Jacques Clouseau avant l’heure dans la personnalité de Ronnie Jackson, un type bien déjanté et maladroit, formidablement incarné par Bob Hope, au top de sa forme et dont la modernité du jeu laisse encore pantois aujourd’hui.

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Test Blu-ray / Alice’s Restaurant, réalisé par Arthur Penn

ALICE’S RESTAURANT réalisé par Arthur Penn, disponible en édition Blu-ray + DVD + CD le 16 novembre 2021 chez Rimini Editions

Acteurs : Arlo Guthrie, James Broderick, Pat Quinn, Pete Seeger, Lee Hays, Michael McClanathan, Geoff Outlaw, …

Scénario : Arthur Penn & Venable Herndon, d’après la chanson d’Arlo Guthrie

Photographie : Michael Nebbia

Musique : Arlo Guthrie

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Arlo, 22 ans, tente de trouver sa place dans l’existence grâce à la musique. Sa vie, il la partage entre les visites à l’hôpital où son père est mourant, les concerts et ses amis Alice et Ray qui viennent d’ouvrir un restaurant en ville. Mais un incident dans ce restaurant obligera Arlo à faire des choix qui mettront à l’épreuve sa liberté et ses convictions… pour toujours.

Si cela est connu aux États-Unis, on sait moins en revanche en France qu’Alice’s Restaurant, le sixième long-métrage d’Arthur Penn (1922-2010) est inspiré par une chanson, un chant-monologue plutôt, bref un tube devrait-on dire, d’Arlo Guthrie (né en 1947), Alice’s Restaurant Massacree, qui a déferlé sur les ondes en 1967. Arthur Penn est immédiatement séduit par cette ballade de près de vingt minutes, durant laquelle l’interprète et compositeur s’en prend ouvertement, mais avec humour et ironie au service militaire obligatoire qui effrayait les jeunes américains pendant que la guerre du Viêt Nam faisait rage. Né à Brooklyn, fils du chanteur folk Woody Guthrie, Arlo prenait le train en marche, mais parvenait cette fois à s’affranchir de son illustre paternel. Il n’en fallait pas plus pour qu’Arthur Penn s’empare de cette critique satirique pour dresser le portrait d’une Amérique en pleine mutation, alors que la communauté hippie voyait ses utopies fanées comme les fleurs au bout des fusils. Le réalisateur remonte aux origines de la chanson, tirée d’une histoire vraie vécue par Arlo Guthrie en 1965 et invente ce qui a pu se passer avant, durant la première heure de son film, en offrant au chanteur l’opportunité de jouer son propre rôle à l’écran. Un cas rare, pour ne pas dire unique dans l’histoire du cinéma. Cependant, Alice’s Restaurant s’inscrit logiquement dans la filmographie du cinéaste, ici entre Bonnie and Clyde (1967) et Little Big Man (1970). Alors que l’immense succès de la production de Warren Beatty lui permettait de mettre en scène ce qu’il avait envie, Arthur Penn jette son dévolu sur ce récit qui condense les idéaux des acteurs de la contre-culture, ainsi que leurs désillusions et leurs résignations. De l’automne à l’hiver, le Flower Power connaît l’éclosion, puis l’ascension, avant de s’écrouler progressivement et de s’effondrer définitivement, pour laisser place à une décennie sombre et pessimiste. Tandis qu’Easy Rider cartonnait dans les salles, Alice’s Restaurant, moins tape-à-l’oeil, plus feutré, intimiste, délicat, doux, sensoriel sûrement, passera inaperçu. Il est désormais temps de réhabiliter ce chef d’oeuvre.

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Test 4K UHD / Bayan ko, réalisé par Lino Brocka

BAYAN KO (Bayan ko: Kapit sa patalim) réalisé par Lino Brocka, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Phillip Salvador, Gina Alajar, Claudia Zobel, Carmi Martin, Raul Aragon…

Scénario : Jose F. Lacaba

Photographie : Conrado Baltazar

Musique : Jess Santiago

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

La femme de Tuning, ouvrier-imprimeur philippin, est enceinte et ils sont endettés. Dans cette situation, Tuning signe un engagement à ne participer à aucun mouvement social. Lorsque la grève éclate dans son entreprise, il ne s’engage pas aux côtés de ses compagnons. Aussi, le couple se retrouve seul et sans aide. C’est alors que Tuning participe à un cambriolage…

Il n’est jamais trop tard pour découvrir et réhabiliter un grand réalisateur. En France, on ne peut pas dire que Lino Brocka (1939-1991) soit le cinéaste philippin le plus populaire, même auprès des cinéphiles, contrairement à Brillante Mendoza (Serbis, Kinatay, Lola, Captive, John John), d’autant plus que seulement deux de ses films étaient sortis jusqu’à présent en DVD et Blu-ray, Manille (1975) et Insiang (1976). Pourtant, en vingt ans de carrière, Lino Brocka aura réalisé près de 70 longs-métrages et séries télévisées, tournant parfois six films en une seule année. Touchant pour ainsi dire à tous les genres, le metteur en scène n’hésitait pas à s’engouffrer dans le cinéma purement commercial, ce que la critique lui reprochait constamment, dans le but de pouvoir financer des projets beaucoup plus personnels et qui lui tenaient à coeur. C’est le cas de Bayan ko, en français « Ma patrie – Sur le fil du rasoir », réalisé en 1984, sorti en 1985 et écrit par Jose F. Lacaba, pamphlet virulent contre la dictature instaurée par Ferdinand Marcos, président des Philippines de 1965 à 1986 et Premier ministre de 1978 à 1981, qui avait déclaré la loi martiale en 1972. Personnalité publique, Lino Brocka s’est toujours placé en tant que farouche défenseur de la liberté individuelle, intervenant pour dénoncer le régime en place, allant même jusqu’à être emprisonné. On comprend mieux le feu qui anime Bayan ko, formidable drame psychologique teinté de thriller social, que l’on pourrait rapprocher de certains opus de Ken Loach. Si le film met un peu de temps à démarrer, sa dimension quasi-documentaire qui dévoile les conditions de travail des plus miséreux interpelle d’emblée, tandis que le récit prend petit à petit le spectateur à la gorge, pour ne plus le lâcher, jusqu’à l’explosion de violence finale et un regard caméra qui nous serre le bide encore longtemps après la projection.

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Test DVD / L’Évadée, réalisé par Arthur D. Ripley

L’ÉVADÉE (The Chase) réalisé par Arthur D. Ripley, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Robert Cummings, Michèle Morgan, Steve Cochran, Jack Holt, Lloyd Corrigan, Don Wilson…

Scénario : Philip Yordan, d’après le roman de Cornell Woolrich

Photographie : Franz Planer

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Chuck Scott, vétéran de guerre, tombe amoureux de Lorna, la femme d’un gangster. Ils décident de s’enfuir ensemble, provoquant la colère sadique du truand.

Il arrive parfois, souvent même, qu’un film dont on n’attendait pas forcément grand-chose, vous cueille au point de vous laisser une grande et insoupçonnée impression. C’est le cas de L’Évadée The Chase, réalisé en 1946 par un certain Arthur fD. Ripley, dans lequel Robert Cummings donne la réplique à notre Michèle Morgan nationale. C’est un petit thriller étrange, qui lorgne un peu vers le fantastique, en bifurquant à mi-chemin vers un rêve pour ainsi dire d’opium, le personnage principal, atteint de troubles du stress post-traumatique, se gavant de médicaments l’aidant à aller de l’avant. Mais c’était sans compter sur la propriété des calmants, qui entraînent Chuck Scott dans un cauchemar prémonitoire. Si à l’époque la structure avait pu troubler les spectateurs, au point d’en perdre certains, qui ne comprenaient pas pourquoi le récit prenait une autre dimension à mi-parcours, aujourd’hui les codes sont mieux assimilés par une audience abreuvée d’histoires du même acabit. Toutefois, L’Évadée demeure un film noir particulier et singulier, classique dans sa mise en scène, mais qui reste ponctué par quelques éléments originaux et encore très modernes. Une belle découverte donc.

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Test Blu-ray / Faut pas jouer avec les vierges – Zenabel, réalisé par Ruggero Deodato

FAUT PAS JOUER AVEC LES VIERGES (Zenabel) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucretia Love, John Ireland, Lionel Stander, Nicola Mauro Parenti, Fiorenzo Fiorentini, Elisa Mainardi, Luigi Leoni, Ignazio Leone…

Scénario : Gino Capone, Ruggero Deodato & Antonio Racioppi

Photographie : Roberto Reale

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Une jeune femme nommée Zenabel découvre que son père a été un riche Espagnol tué par l’impitoyable don Alonso qui lui a volé son titre de noblesse. Elle décide alors de réunir ses amis pour réclamer son titre et combattre l’imposteur.

Zenabel – Davanti a lei tremavano tutti gli uomini ou plus connu en France sous le titre Faut pas jouer avec les vierges, est le sixième long-métrage réalisé par Ruggero Deodato (né en 1939). Agé de 29 ans, le jeune homme affichait alors un palmarès impressionnant en tant qu’assistant-réalisateur auprès de Roberto Rossellini, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti, Riccardo Freda et Mauro Bolognini. Un C.V. spectaculaire qui a permis à Ruggero Deodato de passer lui-même derrière la caméra pour Gungala, la panthère nue Gungala la pantera nuda, en remplacement de Romano Ferrara. Utilisant à cette époque le pseudo de Roger Rockfeller, Ruggero Deodato fait preuve d’un réel savoir-faire derrière la caméra pour Zenabel, comme il le fera pour ses six longs-métrages mis en scène en l’espace d’à peine deux ans, dont Phénoménal et le trésor de Toutânkhamon Fenomenal e il tesoro di Tutankamen. Si l’on devait résumer Zenabel en un mot, ce serait bordélique. Mais n’y voyez rien de péjoratif, bien au contraire, car l’oeuvre de Ruggero Deodato transpire d’amour pour le cinéma et le divertissement populaire. Si « tous les hommes tremblaient devant elle » comme l’indique le sous-titre original, les spectateurs se laisseront volontiers embarquer aux côtés de cette héroïne aux cheveux flamboyants, interprétée par Lucretia Love (L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati, Les Amazones font l’amour et la guerre d’Alfonson Brescia), bad-ass, sexy et qui en fait voir de toutes les couleurs à la gent masculine.

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Test DVD / Le Livre Noir, réalisé par Anthony Mann

LE LIVRE NOIR (The Black Book) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD le 7 décembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Robert Cummings, Richard Basehart, Richard Hart, Arlene Dahl, Arnold Moss, Norman Lloyd…

Scénario : Aeneas MacKenzie & Philip Yordan

Photographie : John Alton

Musique : Sol Kaplan

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

A Paris, en 1794, cinq ans après la Révolution française, le règne de la Terreur est instauré. Robespierre use de toutes les ficelles pour éradiquer ses rivaux et conserver les grâces de la Convention. Il consigne, dans un petit livre noir, les noms de ses ennemis, prochaines victimes de la cruauté révolutionnaire. Mais ce livre noir disparaît. Afin de confondre Robespierre et le destituer, Charles d’Aubigny est chargé de le retrouver, par tous les moyens…

Sur Homepopcorn.fr, nous avons déjà longuement parlé d’Anthony Mann, de sa virtuosité, de sa légende, de son éclectisme, de La Charge des Tuniques Bleues, en passant par Les Affameurs, Je suis un aventurier, Marché de brutes et La Brigade du suicide. Le film que nous évoquerons aujourd’hui s’intitule Le Livre Noir The Black Book et se situe entre Raw Deal et La Porte du diable Devil’s Doorway. A la fin des années 1940, le réalisateur se spécialise dans le film noir à petit budget, avec parfois quelques ingrédients issus du documentaire afin de renforcer le réalisme de l’histoire, à l’instar d’Il marchait dans la nuit He Walked by Night sorti en 1948. Le Livre Noir se démarque, car il s’agit d’un drame historique et d’aventures en costume, mais aussi un thriller d’espionnage, le tout teinté d’humour noir. Deux choses concernant ce film. Premièrement, si vous souhaitez faire connaître la période de la Terreur à l’une de vos connaissances ou à l’un de vos bambins, ne lui montrez surtout pas Le Livre Noir, qui arrange à sa sauce cette période spécifique de la Révolution française, avec moult anachronismes et rencontres improbables de personnages historiques. Deuxièmement, si vous cherchez un super divertissement, magistralement mis en scène, interprété et photographié, ponctué de poursuites en calèche, de bagarres, de faux-semblants, de trahisons, de suspense alors précipitez-vous sur The Black Book, aussi connu sous le titre Reign of Terror, merveilleux spectacle qui en met plein la vue, mené sans aucun temps mort, sans un pet de gras durant 85 minutes, une vraie leçon de cinéma et de montage. Le génie d’Anthony Mann explose à chaque plan pour le plus grand bonheur de ses très nombreux aficionados, qui se laisseront facilement emporter par le souffle de ce méconnu Livre Noir.

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